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Montmartre secret

Montmartre secret

Pour les Amoureux de Montmartre sans oublier les voyages lointains, l'île d'Oléron, les chats de tous les jours. Pour les amis inconnus et les poètes.

peintres

Publié le par chriswac
Publié dans : #CHARENTE MARITIME, #Peintres

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Dans l'église Saint Pierre de Marennes, une grande toile d'Omer Charlet mérite votre attention. Elle représente le martyre de Saint André.

"Le Martyre de Saint André" est une œuvre remarquable tant par sa palette que par sa composition. Elle a été peinte en 1840 et installée dans le transept nord de l'église.

Elle donne une interprétation libre du supplice subi par André, officier de l'empereur romain Galère, converti au christianisme après avoir été impressionné par le courage et la foi des chrétiens qu'il était chargé de poursuivre (un point commun avec Saint-Paul). 

Il subit le martyre en compagnie de sa jeune épouse Nathalie (Sainte-Nathalie) à Nicomédie, en 306.

Le groupe principal forme une pyramide avec sur le côté droit les visages du bourreau et des hommes de l'Empereur.

L'un d'eux est penché vers le saint pour l'effrayer en lui détaillant l'horreur du supplice qui l'attend s'il s'entête, l'autre lui désigne de la main la statue d'un dieu auquel il n'aurait qu'à rendre hommage pour être épargné.

Les lignes des bras et des jambes convergent vers la main du bourreau fermée sur le lourd instrument du supplice avec lequel les pieds et les jambes d'Adrien vont être tranchés.

Le côté gauche de la pyramide est formé par le visage du saint et de sa femme.

Elle tient une croix qui paraît fragile comparée au lourd tranchoir saisi par le tortionnaire de l'autre côté de la toile...

Sur le sol, au-dessus du nom du peintre, on voit une coupe renversée, la coupe eucharistique... le vin répandu, sang du christ, est métaphore de celui des martyrs... 

Un autre visage douloureux, tourné vers la victime, symbolise la conversion à l'œuvre parmi les témoins de la mise à mort, impressionnés par la force rayonnante du martyr.

Le regard du saint, ignorant les idoles qu'on lui désigne, regarde le ciel. Le visage est beau et confiant, c'est un visage jeune, presque adolescent...

 

La sensualité du tableau est manifeste. Le drap froissé, les jambes du saint que l'on tient écartées, toute une mise en scène amoureuse et cruelle qui donne à ce tableau sa modernité troublante qui n'est pas sans rappeler la conversion de saint Paul par Caravage

Le saint s'offre tout entier. Son corps athlétique s'abandonne à la violence des hommes et s'ouvre à la tendresse divine.

Au deuxième plan apparaissent, sérieux et indifférents, les hommes de pouvoir. C'est le côté de la toile qui a le plus souffert de l'humidité de l'église. Il s'est dégradé et l'on devine à peine l'empereur dont le visage penché reste dans l'ombre. La restauration récente a réussi à redonner un peu d'éclat à cet arrière-plan.

Sur la droite, bien au-dessus de l'empereur qui reste dans l'ombre, la lumière écarte les nuages, les anges s'apprêtent à accueillir le saint...

 

 

 

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Autres oeuvres d'Omer Charlet : Liens :

Omer Charlet. Orphelines de la mer. Rochefort. Musée Hèbre de saint clément.

Omer Charlet. Saint Barthélémy. La Rochelle.

Omer Charlet. Notre Dame des Tempêtes. Saint-Trojan.

Omer Charlet à Oléron.

Eglise Saint-André. Dolus. Oléron.

 

Marennes : Liens :

 Marennes. L'église.

 Marennes. Le clocher.

 

 

Liens : Charente maritime :

Charente Maritime. Classement alphabétique. Liens.

 

 

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Publié le par chriswac
Publié dans : #MONTMARTRE Peintres.Artistes.Clébrités, #Peintres

  

             Jardin de Paris: Jane Avril, 1893. Lithographie 4 couleurs (124 x 91,5 cm)

 Jane Avril est à part dans le monde nocturne de Montmartre. Elle n'a pas la sensualité débridée de Nini patte en l'air ou de la Goulue. Elle séduit sans se prostituer; elle danse sans se déshabiller. Etrange et mystérieuse, elle traverse la nuit comme un navire traverse un détroit houleux.  

 

         Toulouse Lautrec ne s'y trompe pas... Il la reconnaît comme une soeur douloureuse. Pour elle, il délaisse la Goulue à la sensualité débordante. Il la regarde, il l'aime, il saisit sa solitude, son désarroi, sa dignité. Il la montre telle qu'elle est quand elle danse, avec cette énergie qui stupéfie, avec cette distinction qu'on retrouvera plus tard chez Marlène dietrich...

    Dans la rue, elle marche seule, avec son lourd passé de petite fille mal aimée, d'enfant battue par une mère alcoolique qui n'était préoccupée que d'elle et d'elle seule. Elle se sait fragile, à la merci d'une crise d'épilepsie. Elle a rendu visite à Charcot à la Salpétrière. Elle a espéré qu'il la guérirait de ses angoisses et de cette hystérie qui parfois la submerge et lui vaut des surnoms sans pitié : Jane la folle, Mélinite...

                                              Jane-Avril-008.JPG

      Entre artistes on se comprend. On voit ce que les autres ne voient pas. Cette tristesse, ce refuge du corps dans les étoffes fermées.

     Ce désir inexprimé d'un ailleurs. D'une vie avec un homme aimé, loin des paillettes et des bulles de champagne.

                               Jane-Avril-012.JPG

 

     Comment imaginer que ce visage-là déchaîne l'enthousiasme et la passion?

C'est qu'elle est double Jane Avril. Elle est la danseuse montmartroise, du Divan Japonais, des Folies Bergères... Elle est en même temps l'amie d'écrivains rares comme Huysmans ou Alphonse allais qui rêve de l'épouser...

       Sur l'affiche du Divan Japonais, elle est assise devant la scène où Yvette Guilbert croise ses gants noirs, mais c'est elle la vedette. Elle est la longue dame noire. Elle est l'élégante à l'éventail vers qui se penche Edouard Dujardin, ami de Mallarmé et passionné de Wagner ...

      Elle est l'ambassadrice d'un French-Cancan qui serait dansé par une reine. C'est elle qui à Londres ou à Madrid, en donnera l'image la plus vive et la plus poétique. Une danse violente de sexe et de passion, mais aussi une danse de l' immédiat, du moment réel contre l'éternité abstraite.

                                   Jane-Avril-018.JPG

Jusqu'à la mort du peintre, elle restera son amie. Il y eut entre eux une proximité plus forte que l'union des corps.

 

                       Le peintre l'a vue, l'a peinte comme un voyant sait peindre. Le mouvement, l'ondulation, le jeu, la tragédie...

Le serpent qui frôle le sein sur la robe noire. Le serpent de Cléopâtre. Le serpent du temps qui glisse...

 

      Jane Avril a fini par trouver l'homme de sa vie, le journaliste et dessinateur Maurice Blais qu'elle a suivi à Jouy en Josas pour y vivre 16 années plus paisibles...

                                                        Jane Avril par Maurice Blais

Quand il meurt, il la laisse sans un sou et Jane n'a même pas la ressource de vendre les dessins et les croquis que Toulouse Lautrec lui a offerts. Il y a longtemps déjà qu'elle en a fait cadeau à des amants de passage...

Sacha Guitry interviendra pour la faire entrer dans un hospice où elle passera les dix dernières années de sa vie.

 Elle dansera une ultime fois, à 67 ans, invitée par Max Dearly.

     Elle mourra huit ans plus tard et sera enterrée au Père Lachaise.

            Sans doute eût-elle préféré Montmartre où elle rencontra son  grand ami, Toulouse Lautrec, celui grâce à qui elle est vivante aujourd'hui....

 

 

Liens :

Liste et liens: Peintres et personnages de Montmartre. Classement alphabetique.

Musée de l'érotisme. Pigalle.

Poulbot. Panneaux de Faïence. Rue Damrémont. Montmartre.

 

avril-005.JPG

 

 

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Publié le par chriswac
Publié dans : #MONTMARTRE Peintres.Artistes.Clébrités, #Peintres

 

Louise Weber est devenue une légende montmartroise et c'est grâce à Toulouse Lautrec qu'elle est aujourd'hui connue dans le monde entier.

Elle ne pouvait naître qu'en été (juillet 1866) dans une banlieue populaire (Clichy La Garenne).

Ses parents sont des Juifs alsaciens modestes qui ne se doutaient certes pas que leur fille poserait ainsi, les seins offerts aux regards avides de ses admirateurs.

 

.la goulue nue

     Elle passe à la postérité sous le nom de "La Goulue" que lui aurait valu sa propension à vider tous les verres qui se trouvaient sur son passage. Peut-être se souvint-on également, en la baptisant, qu'elle fut plus ou moins découverte par un dénommé Goulu-Chilapane qui l'accueillit dans son hôtel particulier de l'avenue du Bois.

Son corps sensuel, un peu provocant correspond au goût de l'époque qui appréciait la féminité généreuse.

goulue st vincent 056

                                      La Goulue (à droite) et Casque d'or (à gauche)

    C'est au Moulin Rouge qu'elle rencontre la gloire, après avoir dansé au Moulin de la Galette, à l'Elysée-Montmartre et au Jardin de Paris.

Il est difficile d'imaginer en voyant ces photos, avec quelle vitalité canaille elle danse le cancan. Elle en est le vedette et elle a toutes les audaces, interpellant les mâles quel que fût leur rang.

Elle n'hésite pas à lancer au prince de Galles, futur Edouard VII : "Hé Galles! Tu paies l'champagne! C'est  toi qui régales ou c'est ta mère qui invite?"

     Imaginez la meneuse de revue du Moulin-Rouge, lançant une telle question à notre président ? 

goulue st vincent 053

                         La Goulue et Valentin le Désossé à l'Elysée-Montmartre

Valentin le désossé en fait son élève préférée. C'est avec elle qu'il danse le chahut. Toulouse Lautrec les représente tous les deux sur la célèbre afffiche du Moulin rouge.

 

Etonnante affiche d'une simplicité qui n'est qu'apparente. Valentin apparaît, silhouetté en gris au premier plan tandis qu'à l'arrière des ombres chinoises suggèrent tout un monde de noceurs, chapeaux hauts- de-forme et aigrettes, tournés vers la vedette, celle qui saute comme "une chèvre" et lève la jambe comme aucune autre, faisant tourbillonner ses jupons affolants.

Le regard est attiré vers ses cuisses, vers la corolle blanche qui accroche la lumière. En quelques traits Lautrec suggère le mouvement et l'audace.

                                                       La Goulue et Valentin

                   Le peintre reste l'ami de la Goulue bien après les triomphes.

               Sur cette photo, ils sont côte à côte, comme un couple de bons vivants...

    Elle est représentée sur cette litho, croquée de dos, silhouette nerveuse et coiffure portée comme un emblème, une plume d'apache!

La femme à ses côtés a parfois été prise pour sa soeur car elle l'accompagnait souvent. Il s'agit en réalité de la Môme Fromage, grande amie de la Goulue.

                                                        Au Moulin-Rouge ou la Promenade (La Goulue). 1892. Peinture sur carton

                                                                        La goulue entrant au Moulin-Rouge. 1892. Huile sur carton.

C'est un des portraits les plus célèbres de la Goulue. Lautrec ne l'a pas flattée. Elle arrive en tenue provocante, les seins presque nus, le corps souple et cambré.

  Elle est saisie à son insu, un sourire amer, un sourire qui tourne à la grimace et qui est empreint de lassitude sur un visage fatigué. Le corps joue toujours le jeu mais le visage tombe le masque. Le temps commence à gagner la partie...  

     Bientôt la goulue plaira moins. Elle se mettra à son compte et s'exhibera dans les foires foraines. Son ami peint pour elle les grands panneaux décoratifs exposés en façade de sa baraque.                                

                                          La danse au Moulin rouge 1895

           Pour attirer le passant, il rappelle le prestigieux passé de l'artiste. Il la représente au Moulin-Rouge avec Valentin le Désossé (Jane Avril apparaît à l'arrière-plan, avec son immense chapeau).

                                                              La danse mauresque, les Almées, 1895.

     Le deuxième panneau est une annonce de son nouveau spectacle donné dans la baraque. On reconnaît au premier plan Jane Avril, Lautrec lui-même, blotti contre elle, le critique Félix Fénéon.

Quelques années plus tard, la Goulue endettée devra vendre ces panneaux qui seront découpés par un marchand cupide et stupide. Ce n'est qu'en 1929 qu'ils seront rachetés et restaurés par le Louvre. Ils sont aujourd'hui exposés au musée d'Orsay.

    Les dernières année de La Goulue ressemblent à un roman tragique. Elle apprend à dompter les fauves qui  l'agressent au cours d'un spectacle. Son mari, Joseph Nicolas Droxler, épousé en 1900, magicien de métier,  ne parvient pas à s'escamoter devant les balles prussiennes et meurt à la guerre de 1914.

        Le Petit Journal. La Goulue et son mari agressés par un puma le 24 janvier 1904

            

               Son fils, né de père inconnu mais qu'elle prétend "prince"meurt à 27 ans.

Goulue-et-Simon.JPG

                                                      La Goulue fait la parade à côté de son fils Simon... 

Elle va vivre dans une roulotte à Saint-Ouen. Elle recueille sans rancune des animaux de cirque éclopés, des chiens et des chats qu'elle nourrit en se privant du nécessaire. 

 

Elle retourne au Moulin-Rouge mais sans y entrer, sur le trottoir où elle vend des cacahuètes et des cigarettes.

Elle meurt à l'hôpital Lariboisière en janvier 1929 et elle est enterrée à Pantin. C'est en 1992 que ses restes sont transférés à quelques dizaines de mètres du Moulin-Rouge, au cimetière de Montmartre où sa tombe est toujours fleurie.

 

          A en croire les nuages qui juponnent si souvent dans le ciel de Paris, La Goulue danse toujours le french-cancan avec les anges tandis que Lautrec, un verre d'absinthe (herbe sainte) dans une main et fusain dans l'autre crayonne sur le ciel blanc.

 

 

Liens : Montmartre: Jane Avril, Toulouse Lautrec.

 

Liste et liens: Peintres et personnages de Montmartre. Classement alphabetique

 

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Publié le par chriswac
Publié dans : #MONTMARTRE Peintres.Artistes.Clébrités, #Peintres
Montmartre. CHA-U-KAO la clownesse.

   

Sans Toulouse Lautrec, on aurait sans doute oublié ce personnage hors-normes des nuits montmartroises, à la fois danseuse, contorsionniste et clownesse : Cha-U-Kao.

 

Son nom pourrait faire penser qu'elle est Japonaise en un temps où le pays du Soleil levant inspirait les peintres et les artistes  (à commencer par Lautrec lui-même).

Mais il n'en est rien! Son nom vient d'une danse dérivée du cancan, très en vogue au Moulin Rouge : le chahut, mis à la mode par la Goulue et Valentin le désossé. Quant au chaos, il s'agit de l'agitation et des cris qui s'élevaient de la salle quand les artistes faisaient leur entrée.

 

                                                                           Au Moulin Rouge. Entrée de Cha U Kao. (1896)

Parce qu'elle était spectaculaire l'entrée de la dame!

 Perchée sur une mule, encadrée de gardes, elle déboulait dans le hall du Moulin Rouge et gagnait la salle, sous les ovations! 

Sans Lautrec il n'y aurait presque plus de traces (quelques rares photos) de cette femme à laquelle il a offert une "éternité" dans quelques-uns des plus grands musées...

 

... Mais que savons-nous d'elle? Si peu de choses!

Quel était son véritable nom? D'où venait-elle? Pourquoi n'a t-elle suscité aucune recherche d'un quelconque plumitif soucieux de faire revivre le passé glorieux du Moulin Rouge?

     Elle s'est produite au Nouveau Cirque de la rue Saint-Honoré, établissement très à la mode grâce à son éclairage électrique et à sa piste escamotable et transformable en piscine..

Le Nouveau Cirque qui aimait exhiber nains et lilliputiens, avait aussi l'habitude de ponctuer ses spectacles par des apparitions de clowns, parmi lesquels les célèbres Footit et Chocolat. 

                                     cha-u-kao-006.JPG

Une photo nous montre la danseuse nue au temps de sa splendeur. Elle a sur ce cliché une petite allure de Cambodgienne!

     Quand elle se produit au Moulin Rouge, elle n'est plus la jeune et svelte danseuse de ses débuts. Les années ont empâté son visage et alourdi son corps.

C'est alors que ne pouvant plus séduire par sa nudité, elle se déguise, se campe sur ses jambes, prend une allure canaille et apostrophe les spectateurs... Elle devient pour la postérité :  la clownesse Cha U Kao...

       Sur cette toile de 1895, on la voit arriver, avec son costume de scène, au bras de Gabrielle qui ressemble à une concierge mais qui est en réalité une prostituée et modèle que Lautrec a représentée maintes fois comme sur cette huile sur carton: le sofa...

                                     Le Sofa (1894). Au premier plan, Gabrielle.

 

Sur "l'entrée au Moulin Rouge",Cha U Kao est légèrement tournée vers l'arrière comme si elle retardait le moment de son exhibition alors que Gabrielle avance sans hésitation comme une paroissienne allant à la messe!

La clownesse a le regard triste malgré le maquillage et les rubans jaunes de sa coiffure grotesque.

Lautrec n'essaye pas de l'embellir ni de tricher sur son âge. Pourtant ce portrait loin d'être une caricature comme sait les réaliser brillamment le peintre est empreint d'une douceur et d'une mélancolie qui émeuvent. 

                                                                                     La clownesse assise. British Museum. Londres

Là encore, elle sourit, comme surprise par le regard d'un client, alors qu'elle se repose un instant sur la banquette rouge, lasse peut-être d'avoir une fois de plus fait son numéro d'amuseuse. Il y a dans ce sourire de coin quelque chose de désabusé et d'ironique à la fois, l'air de dire que le véritable clown n'est pas celui qu'on pense!

         Et cette toile... Une des plus belles, par sa composition, ses couleurs...

La clownesse qui a contraint son corps à entrer dans son déguisement, semble ici sortir de son carcan, la poitrine libérée, le soleil de tulle jaune glissant sur ses hanches.

Elle représente pour Lautrec tout ce qui remet en cause un ordre et des conventions qui font souffrir ceux qui ne correspondent pas aux normes (ce qu'était le peintre).

Cha U Kao est une femme qui joue le rôle réservé aux hommes, celui de clown...

                   Cha U kao est aussi une femme qui aime les femmes.

                                                                              Les deux valseuses. Prague.

Lautrec la peint en train de valser avec une compagne :                                        

Moment de paix, intervalle de tendresse. Le monde des plaisirs et des fêtes frelatées s'efface un instant. Aucune caricature dans cet instant volé, dans cette chaude complicité.

Cha U Kao, sobrement habillée, son déguisement au vestiaire, guide son amie dont la main est posée sur son épaule.

                                                              Le baiser. (1892)

                                                                                              Les deux amies. Albi. (1894)

 

Pour nous, Cha U kao garde son mystère et pour toujours émerge de sa collerette de soleil...

Liens: 

Montmartre: Jane Avril, Toulouse Lautrec.

Montmartre. La Goulue et Toulouse Lautrec.

 

Tous les articles sur les peintres et les personnages montmartrois :

Liste et liens: Peintres et personnages de Montmartre. Classement alphabetique.

 

 

 

 

 

 

 

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Publié le par chriswac
Publié dans : #MONTMARTRE Peintres.Artistes.Clébrités, #Peintres
Gustave Moreau. Exposition Le Moyen Âge Retrouvé. Musée-maison rue Catherine de La Rochefoucauld.

Comment le fou de Moreau que je suis a-t-il pu ignorer si longtemps cette exposition qui prendra fin dans moins de trois semaines?

Gustave Moreau. Exposition Le Moyen Âge Retrouvé. Musée-maison rue Catherine de La Rochefoucauld.

    Difficile à expliquer. Peut-être parce que je n'avais pas du tout aimé la dernière sur l'illustration des Fables de la Fontaine avec ses panneaux trop hauts qui cachaient les les toiles du musée.

La maison de Gustave Moreau

La maison de Gustave Moreau

      Cette expo, plus modeste a tenu compte des critiques formulées par les visiteurs. Sa disposition est judicieuse et ne nuit pas à la visite normale. 

Gustave Moreau. Exposition Le Moyen Âge Retrouvé. Musée-maison rue Catherine de La Rochefoucauld.

   Elle est modeste également et c'est une grande qualité devant un tel sujet et un tel peintre.

Gustave Moreau et le Moyen âge!

Comment aborder le thème? Comment avec un peintre si foisonnant, si éclectique faire un tri, choisir une ligne?

                                  

  En abordant tout d'abord le romantisme qui fut le grand "re-découvreur" du Moyen Âge. Moreau qui admire Delacroix ou Chassériau illustre à son tour Dante, l'Arioste ou Shakespeare.

                                                                   Hamlet

     Cet aspect est peu représenté dans l'expo qui évoque ensuite Les sujets mythologiques source privilégiée d'inspiration.

                                                        Orphée

Théophile Gautier parle à propos de son style, d'un "hellénisme gothique" et compare ses héroïnes à des "châtelaines du Moyen Âge."

 

 

                                                                  Héraut porte étendard

      L'expo évoque la guerre de 1870 et ses répercussions chez Gustave Moreau qui, profondément affecté par la défaite, représente des figures médiévales qui font partie du roman national : chevalier partant pour la Croisade, Jeanne d'Arc...

                                                     Deux hérauts

                                                        Jeanne d'Arc armée

Chasseur au faucon

Chasseur au faucon

Mort d'un jeune Croisé

Mort d'un jeune Croisé

Son "jeune Croisé mort" est un des plus beaux tableaux de l'exposition. Tout l'art de Moreau s'y déploie, la précision et le flou, l'androgynie, le réalisme et l'onirisme.

La mort offre des couronnes aux vainqueurs du tournoi

La mort offre des couronnes aux vainqueurs du tournoi

Une autre toile remarquable retient l'attention : "La Mort offre des couronnes au vainqueur du tournoi". Thème médiéval de la vanité de la gloire que l'on retrouve dans les danses macabres qui unissent dans la même farandole les seigneurs, les évêques, les mendiants...

Qui aime Moreau retrouve ici cette liberté qui le caractérise avec précisions et esquisses, avec paysage antique et rêvé. Avec au centre de la toile, la mort bien vivante devant la colonne qui porte une dérisoire victoire ailée.

Les licornes

Les licornes

Autre thème médiéval, celui de la licorne des enluminures et des miniatures.  Cette licorne de la tapisserie présentée à l'exposition de 1878 et confiée au musée de Cluny.

 

Femme et licorne

Femme et licorne

Les quelques œuvres ici proposées sont un résumé de l'art de Moreau capable d'allier l'extrême précision, hommage aux enluminures, à l'évaporation des formes, à l'atmosphère plus qu'à la figuration. La femme au corps blanc, la licorne au symbole phallique, tout concourt à la poésie du trouble et de la sensualité diffuse.

                                                         Poète persan

Fait rarissime, un homme peut être associé à l'animal fabuleux. Ici "le poète persan" chantre de la liberté des amours (on pense à Omar Khayyam) 

L'apparition

L'apparition

   Bien sûr le terme clé pour définir l'art de Moreau est "syncrétisme". La palette de ce peintre est un maelstrom qui mêle Antiquité, Renaissance, Moyen Âge, Romantisme, Symbolisme. Et bien avant leur heure le surréalisme et l'abstraction.

L'Apparition est une œuvre majeure. Outre qu'elle fascine par son sujet : Salomé voit apparaître la tête de Jean Baptiste dont elle a obtenu d'Hérode en dansant et en se dénudant qu'il ordonne sa décapitation. Sur la droite le bourreau comme une tache de sang. Sur la gauche Hérode enfoncé, ténébreux dans son trône près de sa femme instigatrice du supplice. Le décor fantasmé mêle les époques. La forte charge érotique de l'épisode se concentre sur le corps presque nu de Salomé.

 

 

Dessin d'un tympan de St-Pierre de Moissac (XIIème) et détail de l'Apparition.
Dessin d'un tympan de St-Pierre de Moissac (XIIème) et détail de l'Apparition.

Dessin d'un tympan de St-Pierre de Moissac (XIIème) et détail de l'Apparition.

Les colonnes sont gravées de figures empruntées à l'art roman. Le tympan de Moissac, ou les colonnes ornées de griffons de Brive

Détail du tableau et étude d'un chapiteau roman (St Martin à Brive, XIIème)
Détail du tableau et étude d'un chapiteau roman (St Martin à Brive, XIIème)

Détail du tableau et étude d'un chapiteau roman (St Martin à Brive, XIIème)

Une dernière partie de l'exposition évoque l'importance de la religion catholique sans laquelle il est impossible de comprendre le Moyen Âge. Chez Moreau, elle est présente, on pourrait dire omniprésente avec l'image de la femme tentatrice, une Eve susceptible de s'incarner dans les mythes qui la précèdent. Mais plus directement elle s'illustre avec les Saints les plus emblématiques comme Ste Cécile, St Martin ou Ste Elisabeth de Hongrie :

 

Si contrairement aux enluminures, les éléments architecturaux intérieurs gothiques sont rares chez Moreau il n'en est pas de même pour l'extérieur avec les anges voyageurs qui font halte sur les cathédrales. 

Moreau s'inspire de croquis de Violet le Duc pour Notre-Dame.

Et cette année qui va voir se rouvrir les portes de Notre-Dame qui faillit disparaître dans les flammes, j'aime terminer cette balade avec ces anges posés avec légèreté sur les tours, gardiens de la cathédrale et de la ville.

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Publié le par chriswac
Publié dans : #MONTMARTRE Peintres.Artistes.Clébrités, #Peintres
Steinlen. Exposition au musée de Montmartre.

     Enfin une exposition consacrée au plus montmartrois des Montmartrois, bien que suisse!

Il y a chez cet artiste considérable tout ce qui caractérise un homme généreux et engagé. Il est constamment du côté des pauvres gens du maquis et d'ailleurs, il est de toutes les luttes pour la justice et pour la paix, il est sensible à la condition animale et recueille les chats abandonnés. Il a créé l'icône la plus universellement connue de Montmartre, le fameux chat noir!

 

    L'expo commence, dans la première salle, par rappeler sa fascination pour le chat, animal libre, sauvage, et beau comme un danseur qui ne se lasserait jamais de danser et dans son sommeil rêverait qu'il danse.

 

Ses peintures de chat sont parmi les plus belles qui aient jamais été créées.

 

Parce que ce peintre doué aimait les chats, les observait, les admirait et recueillait dans sa maison qu'il avait appelée Cat's Cottage ceux qui avaient besoin d'être soignés et nourris.

 

 

      Il savait restituer sa douceur comme sa sauvagerie, son besoin de confort comme de liberté. L'exposition permet de découvrir quelques sculptures et des dessins qui viennent des collections permanentes.

 

Steinlen. Exposition au musée de Montmartre. Steinlen. Exposition au musée de Montmartre.
Steinlen. Exposition au musée de Montmartre.
Steinlen. Exposition au musée de Montmartre.
Steinlen. Exposition au musée de Montmartre.

     Les chats auraient pu être l'objet unique d'une belle exposition. Espérons qu'elle sera organisée un jour! En attendant, Steinlen repose sous des rochers dans le cimetière Saint-Vincent, à 300 mètres du musée. Quand je lui rends visite pour peu qu'il y ait un rayon de soleil, un chat dort sur sa tombe, en attendant que vienne leur "apothéose" et qu'un chat plus décidé que les autres les entraîne sur la Butte, là où s'élève le Sacré-Coeur et où commença la Commune.

 

Steinlen. Exposition au musée de Montmartre.
Steinlen. Exposition au musée de Montmartre.

    L'expo se poursuit comme elle peut dans des salles souvent trop exigües. On y rencontre le caricaturiste ou l'illustrateur de livres et de chanson.

Steinlen participa à de nombreux journaux comme sur cette couverture de La Feuille où il montre Zola à terre, lynché par les anti-dreyfusards.

Il est un des principaux illustrateurs du Mirliton, journal du Chat Noir d'Aristide Bruant.

les deux salles suivantes n'en font qu'une pour l'homme engagé.

Dans la première ses engagements politiques, sa révolte contre les injustices, sa fraternité avec la Commune. 

                                                   La Commune                                     

                                   Le cri des opprimés. La Libératrice.

     Dans ce tableau inspiré par la Liberté guidant le peuple de Delacroix, Steinlen représente le Révolution qui avec son flambeau désigne la forteresse à abattre. Cette forteresse évoque sans doute le Sacré-Cœur que Steinlen représente dans son  "Apothéose" submergé par les chats!

On devine la statue du Veau d'or, symbole des pouvoirs de l'argent. Autour de la Libératrice, les mains dont les chaînes sont brisées se lèvent comme autant de cris. 

 

 

 

Steinlen n'adhère à aucune chapelle, à aucun parti, mais il est de toutes les luttes qu'il estime justes et de tous les combats pour le peuple opprimé.

Il aime représenter ce peuple de travailleurs dont il se sent proche. Il va à Courrières après la catastrophe et peint les mineurs et les trieuses de charbon, dans une palette sombre et douloureuse.

                                                          Les Charretiers

Il porte grande attention aux femmes. Celles des petits métiers....

 

                                                      La porteuse de pain

                                                         La fille du faubourg

Celles qui sont contraintes pour survivre de se prostituer et celles qui malgré un statut social plus privilégié subissent les lois de l'homme. On dirait aujourd'hui du patriarcat.

 

L'expo se poursuit à l'étage supérieur prés de l'appartement et l'atelier de Suzanne Valadon. Le Christ est bien sûr dans le camp des pauvres et des petits, devant une hiérarchie trop nourrie et  enrichie...

                                                         L'Intrus

"J'ai tenu à faire comprendre d'un coup d'œil la discordance absolue qui existe entre l'Eglise actuelle et l'évangélisme initial."

                                                                L'Apôtre

Bien sûr il est horrifié par la Grande Guerre. Il se rend dans les tranchées et dessine sans répit pour témoigner... Il montre également la conséquence du carnage sur les plus humbles, contraints à l'exode là où leurs villages ont été détruits.

 

                                                               L'exode

                                                             La Gloire

Un couloir étroit et sans recul expose quelques dessins et rares toiles de nu. Outre qu'il est très malcommode de les regarder, j'avoue qu'ils ne m'ont pas emballé.

La dernière salle est consacrée à Masseïda, gouvernante d'origine Bambara que Steinlen engagea en 1910 après la mort de sa femme.

                                                                     Détente

Il prend plaisir à s'inspirer de Manet ou de Gauguin mais les portraits qu'il peint ou qu'il dessine de Masseïda montrent combien il la respectait. Il lui léguera d'ailleurs de nombreuses toiles.

 

C'est avec Masseïda que se termine l'exposition qui réussit à donner l'envie de mieux connaître Steinlen dans sa force, sa diversité et sa sensibilité.

Mais je choisis pour finir cet aperçu de ma visite un tableau qui est accroché devant "l'Intrus". Il s'agit de "la famille" on pourrait presque dire "La Sainte Famille" tant il s'inspire de la Renaissance. Ici le père n'est pas charpentier mais mineur de fond (le pic à son côté) et l'enfant n'est pas blotti contre ses parents mais il se dirige vers les autres, vers l'avenir. Allégorie de la confiance que voulait avoir Steinlen dans un monde meilleur et plus juste.

    Que peindrait-il aujourd'hui?

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Rue d'un village oléronais (Christian Couillaud vers 1940)

Rue d'un village oléronais (Christian Couillaud vers 1940)

    Une belle exposition au musée de l'île d'Oléron à Saint-Pierre permet de voyager avec les peintres qui ont, de la fin du XIXème siècle au milieu du XXème aimé notre île dont ils ont voulu fixer sur la toile les lumières. 

Entrée du hameau de Sauzelle. (Gaston Boucart - 1910)

Entrée du hameau de Sauzelle. (Gaston Boucart - 1910)

    Si Oléron n'a pas en ce domaine les lettres de noblesse de la Normandie ou de la Provence, toutes deux immortalisées par les plus grands peintres, c'est qu'elle n'était pas à la mode et n'avait pas aux yeux des parisiens les qualités des régions susnommées (proximité de Paris pour l'une, charme dépaysant de la Méditerranée pour l'autre).

Sur la plage de La Cotinière. Louis Lessieux (1919)

Sur la plage de La Cotinière. Louis Lessieux (1919)

    L'île a néanmoins inspiré des artistes, comme elle continue de le faire aujourd'hui, et la richesse de l'exposition en est une preuve éclatante.

Port de La Cotinière vu des tamarins. (Louis Lessieux -1920)

Port de La Cotinière vu des tamarins. (Louis Lessieux -1920)

    Je n'ai pas voulu suivre le parcours proposé organisé par thèmes : Les ports, la côte, les moulins etc... mais j'ai sélectionné quelques unes des toiles qui m'ont particulièrement plu. Un choix subjectif bien sûr que je qualifierais d'amoureux. Je suis en effet amoureux d'Oléron et je pourrai chanter, un collier de langoustines autour des reins : "J'ai deux amours, Oléron et Montmartre..."

                                      Départ des pêcheurs du Château d'Oléron (1938)

 

    L'exposition s'ouvre avec une toile remarquable de Balande qui représente les pêcheurs quittant le port du Château. Le ciel tourmenté est de ceux que j'aime, comme j'aime ce paysage d'avant le pont, avec le fort Louvois et au loin le clocher de Marennes.

  Balande qui est un enfant de Charente (Saujon) s'est formé à Paris, notamment dans l'atelier de Cormon à Montmartre. Quand il habite près de La Rochelle il se noue d'amitié avec Marquet dont l'influence est sensible dans son travail.

Le Phare de Chassiron (Balande. 1950)

Le Phare de Chassiron (Balande. 1950)

   Une autre de ses toiles représente dans un style à la fois vigoureux et coloré le phare de Chassiron, le point extrême de l'île.

Anse et prieuré de La Perroche (Louis Alphonse Combe-Velluet 1880)

Anse et prieuré de La Perroche (Louis Alphonse Combe-Velluet 1880)

     Beau paysage qui traduit bien la lumière précise de l'île surnommée "la lumineuse". Si l'influence de Corot y est manifeste c'est qu'Alphonse Velluet le connut et sur ses conseils décida de se consacrer aux paysages. Un petit détail amusant sur le nom du peintre qui se transforma en Combe-Velluet, s'inspirant du nom de sa femme Lucie lacombe. Cette modification visait à figurer dans les premières lettres afin d'être exposé dans les salons dans les premières salles qui avaient l'habitude de classer les peintres par ordre alphabétique. 

Rue de village (Louis Suire - 1950)

Rue de village (Louis Suire - 1950)

    Plus moderne dans son épure la rue de village de Louis Suire va à l'essentiel par sa composition entre lumière sur les murs blancs et ombre. Deux oléronaises coiffées de leur quichenotte animent sans prendre la vedette cette scène ensoleillée.

Louis Suire (1899-1987) est un peintre charentais qui avait connu à Paris le fauve Albert Marquet. Il avait une maison dans l'île de Ré mais explora à plusieurs reprises Oléron, notamment pour illustrer le livre d'Yvan Delteil paru en 1935 : "L'île d'Oléron, la dernière escale de Pierre Loti".

Moulin des Anglais à La Brée-Les-Bains. (Mario Pinetti - vers 1950)

Moulin des Anglais à La Brée-Les-Bains. (Mario Pinetti - vers 1950)

                                            Sortie du chenal de Boyardville (Mario Pinetti)

    Loin des scènes ensoleillées dont on a l'habitude, Pinetti privilégie les ciels gris et les nuances vertes des chenaux.

Italien d'origine Pinetti (1895-1964) remporta de nombreux prix dont une médaille d'or au Salon des Artistes Français. Grand voyageur, c'est à Oléron qu'il choisit de se fixer avec sa famille et d'installer son chevet dans les marais dont il aimait les nuances de gris soudain pailletés de soleil.

Moulin de La Cotinière (Louis Lessieux 1920)

Moulin de La Cotinière (Louis Lessieux 1920)

    Les deux peintres oléronissimes sont le père et le fils Lessieux. Il y a souvent confusion entre les deux car l'un se prénomme Ernest Louis (1848-1925) et l'autre Louis Ernest (1874-1938)! Nous sommes allés à la rencontre de Louis Lessieux dans un article que nous lui avons consacré.

                                    Plage nord de La Cotinière (Louis Lessieux. 1921)

Après les deux tableaux du fils, voici deux tableaux du père

                            Rue du Colombier à La Cotinière (Ernest Lessieux 1910)

Ce dernier tableau je le préfère aux innombrables aquarelles qui donnent parfois dans le cliché!

Anse de Maumusson (Ernest Lessieux vers 1910)

Anse de Maumusson (Ernest Lessieux vers 1910)

Vers le pertuis de Maumuson (Jean-Baptiste Castaignet - 1910)

Vers le pertuis de Maumuson (Jean-Baptiste Castaignet - 1910)

     Peu de tableaux de tempêtes ou d'océan dans cette exposition. Parfois comme ici le jeu de la lumière sur l'eau qui ressemble à une rivière dans le pertuis. Tous les amoureux des rivages aiment ces moments où le soleil dessine à la surface de la mer ces grands chemins qui brillent comme des miroirs.

                       Anse de Saint-Trojan vue de Marennes (Castaignet - 1919)

Jean-Baptiste Castaignet (1852-1934) est clerc de notaire à Bordeaux et peintre une fois hors de son étude. Il aime les contrastes et les teintes sombres à la Courbet.

Bien que l'île d'aujourd'hui se prêtât aux représentations naîves avec ses petites maisons, ses cabanes de couleurs, ses bateaux bariolés et ses roses trémières, nous trouvons peu de représentants de cette école, comme celui, resté anonyme de cette rue de Saint-Pierre :

 

Ou comme cette vue de la plage du Château due à Willy, peintre sur lequel je n'ai rien trouvé. 

Paysages d'Oléron par les peintres de la première moitié du XXème siècle. Exposition du musée de l'île d'Oléron.

Peut-être est-ce lui qui représenta ces navires de pêche sur l'océan à St Jean de Monts.

 

    Toujours dans cette sensibilité nous découvrons une belle toile de Camille Laroche peinte en 1910 au nord de l'île. La plupart des oeuvres représentées sont peintes au sud de l'île, si on excepte Chassiron et Saint-Pierre, partie plus touristique et plus proche....

                                             Place de l'église à Saint-Denis

      Parmi les toiles qui m'ont intéressé figurent celles d'Yvon Massé :

Plage du port du Château ('Massé - 1944)

Quai et cabanes du port de St-Trojan (Yvon Massé - 1942)

Quai et cabanes du port de St-Trojan (Yvon Massé - 1942)

    Les paysages sont peints avec légèreté et en ce qui concerne le quai de St-Trojan quelque chose de naïf là encore. Notons que le quai n'a pas beaucoup changé même si quelques cabanes se sont métamorphosées en restaurants (dont le très bobo "Poissons Rouges) et en galeries d'art. 

Le port aujourd'hui

Le port aujourd'hui

    On retrouve le quai aux cabanes de Saint-Trojan dans la toile d'Ernest chevalier. Le port modeste aux cabanes de planches a plu aux peintres, comme il plaît aujourd'hui aux photographes amateurs dont je suis.

                  Ernest Chevalier. Port et cabanes de Saint-Trojan (1900)

Ernest Chevalier (1862-1917) est un artiste très lié aux peintres de son temps, que ce soit Puvis de Chavannes ou, à Montmartre, Toulouse Lautrec et Satie.

Café l'Océan à Saint-Georges (Auguste Heiligenstein -1930)

Café l'Océan à Saint-Georges (Auguste Heiligenstein -1930)

  Une toile nocturne et onirique d'Auguste Heiligenstein (1891-1976) qui vient de Saint-Denis, non pas celui d'Oléron mais celui de la Seine-Saint-Denis! Il est céramiste, émailleur, maître vitrier et peintre. 

Sortie du port de Saint-Trojan (P. Bonnin, 1884)

Sortie du port de Saint-Trojan (P. Bonnin, 1884)

    Deux toiles me paraissent fort belles, signées de P. Bonnin sur qui je n'ai rien trouvé et dont l'exposition ne nous dit pas un mot.

Port de Saint-Trojan (P. Bonnin - 1884)

Port de Saint-Trojan (P. Bonnin - 1884)

    Je voudrais terminer par une aquarelle sans grand intérêt sinon celui de nous montrer deux moulins dans la ville du Château :

           Le moulin de la quille de chien, au Château. (François Desnoyers - 1920)

Desnoyers (1894-1972) fut élève de Bourdelle avant de découvrir à Paris le fauvisme dont il sera un représentant.

     L'intérêt de cette aquarelle est de nous montrer deux moulins parmi les nombreux moulins que comptait l'île (une parenté avec ma butte favorite). Celui qui est au 2ème plan a été sacrifié aux appétits des promoteurs, le second qui faillit être détruit a été sauvé ainsi que la maison du meunier. Il est aujourd'hui au milieu d'un  parking de supermarché!

 

Je préfère terminer sur ce paysage incertain, animé par les pêcheuses à pied coiffées de leur quichenotte qui accrochent la lumière.

                              Départ de pêche à pied au Château d'Oléron (1914)

     Un coup de chapeau aux organisateurs de l'exposition qui propose des fiches sur la plupart des peintres exposés et qui a sélectionné des œuvres de grand intérêt, déclarations d'amour à cette île changeante, miroitante, entre vents et marées. Une île qui supporte mal le pont qui l'enchaîne et semble ruer les jours de tempête pour se libérer et prendre le large!

                                   Plage de Vert-Bois (Ernest Lessieux. 1910)

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Publié le par chriswac
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Giorgione. La tempête. Accademia. Philippe Sollers.

    Après la mort de Sollers, j'ai voulu relire son Dictionnaire amoureux de Venise. Comme il y des années, alors que je ne connaissais qu'à peine la Cité des Doges, j'ai relu avec la même curiosité, voire étonnement, son attachement passionnel pour le tableau de Giorgione "La Tempête", exposé à l'Accademia.

   Sollers en parle comme d'une amoureuse que l'on voudrait n'avoir que pour soi seul. 

"Je voudrais le voler, le garder pour moi, dormir près de lui, être le seul à le voir matin et soir. Je ,voudrais survivre en lui, me dissoudre en lui, haute magie, alchimie."

Nous pouvons parler sans jeu de mots d'un "coup de foudre"!

Le tableau peint vers 1506 a provoqué beaucoup d'hypothèses et a fasciné plus d'un amoureux de la grande peinture occidentale. Il a fait l'objet de multiples interprétations avant celle de Sollers.

Voici quelques unes parmi les plus répandues.

 Le "berger" et la femme seraient Adam et Eve après avoir été chassés du Paradis protégé par ses murailles. Eve nourrirait son premier fils Caïn. L'éclair dans le ciel figurerait la colère divine. Il s'agirait alors d'une interprétation peu fréquente dont on peut trouver quelques exemples comme avec cette gravure de Nuremberg de 1493. Sur la droite Eve et ses deux enfants, Abel et Caïn, sur la gauche Adam.

      Une autre interprétation ferait du tableau une illustration d'un roman vénitien (de Colonna) qui connaissait un grand succès : "Le songe de Poliphile".

Le jeune homme est à la recherche de sa bien aimée. Il s'endort, son rêve l'entraîne à travers ruines et villes antiques à la découverte de sa bien aimée avec laquelle il part pour Cythère, l'île de Cupidon.

 Iasion et Demeter

 

  Une autre encore se réfère à l'Odyssée. Iasion tombe amoureux de Demeter avec qui il a un enfant, Ploutos. Zeus se venge de ce mortel qui a osé séduire une déesse en le foudroyant.

     N'oublions pas d'autres explications comme celle de figures allégoriques de la Force (l'homme et son bâton symbole de virilité) et la Charité (la femme donnant généreusement son lait). Cette représentation de la Charité était courante.

                                                  La Charité (Andrea Del Sarto)

    Aucune de ces interprétations n'a satisfait Sollers qui nous donne un conseil judicieux : nous asseoir devant le tableau, nous laisser envahir par lui avant d'émettre quelque hypothèse que ce soit.

"Restez simplement là, devant, taisez-vous, oubliez tout. Le tableau a lieu maintenant pour vous, pour vous seul. Il vous parle du temps par-dessus le temps. C'est sa vocation, sa grandeur, son calme."

"Sur la droite une femme aux trois quarts nue allaite un enfant, attentive, protectrice, un peu inquiète."

     "Sur la gauche, séparé de la femme par une rivière en ravin, un homme désinvolte, jeune, veste rouge, tenant un bâton plus grand que lui (...) Est-ce un père? Un fils? Un passant?

Ce bébé c'était lui dans une autre vie. Naissance d'un côté, virilité de l'autre. La culotte du jeune homme ne dissimule pas une proéminence lovée. Le bâton la souligne."

Sollers note la présence derrière le jeune homme de colonnes brisées qui seraient des tombes. Il fait du tableau une allégorie du temps et du cycle mort-renaissance.  L'homme a été le bébé. Il est passé par la mort. Il renaît, semblable et différent. "Il meurt et devient."

Giorgione. La tempête. Accademia. Philippe Sollers.

En arrière plan s'élève une ville sous l'orage. L'écrivain nous invite à regarder de plus près, à remarquer une touche blanche sur une terrasse, à nous approcher et reconnaître un héron tourné vers l'éclair, vers la tempête annoncée.

"Le musicien et libertin Giorgione s'amuse, puisque c'est là un symbole ancien de l'activité sexuelle frénétique."

Donc en arrière plan, la ville et la luxure et au premier plan, comme protégés de la tempête annoncée, une femme, un bébé et un homme, passés, présents, futurs.

Giorgione. La tempête. Accademia. Philippe Sollers.Giorgione. La tempête. Accademia. Philippe Sollers.

"On est encore en été. Le temps, ensuite, fait son oeuvre de destruction, comme le prouve, du même pinceau, le tableau d'avertissement solennel qui se trouve juste à côté de la tempête : La Vecchia, "La Vieille". C'est la même femme, cinquante ou soixante ans plus tard. Même regard, même intensité traversant les siècles, mais lisez l'étiquette qui remplace l'enfant au sein : COL TEMPO, "avec le temps". Une autre femme, la même, jeune et tranquille est déjà en train de reprendre le rôle dans les bosquets. Et ainsi de suite."

"L'homme, lui, le peintre, s'est éclipsé, mais il va revenir, toujours au même âge."

J'aime cette affirmation parce qu'elle dit au fond à quel point l'art permet de conjurer la mort. En effet Giorgione se serait représenté lui-même dans ce beau jeune homme en habit vénitien. Nous savons qu'il est mort en 1510, à 32 ans lors d'une épidémie de peste.

Nous le voyons aujourd'hui, toujours jeune, beau, énigmatique à gauche de cette "tempête". Orage des passions, violence du temps qui passe sans pitié. Eternité temporaire des créations humaines. Il est là devant nous, il est passé par la peste, par la mort, il est vivant.

Giorgione. La tempête. Accademia. Philippe Sollers.

Pour Sollers ce mystérieux tableau n'est rien moins qu'une image de la condition humaine. "Il est d'un temps nouveau : le plus que présent permanent."

Libre à nous d'adhérer ou non à son analyse. Libre à nous de nous asseoir devant La Tempête et de nous laisser happer par ce paysage, par sa poésie, par son mystère.

Liste des liens

Peintres et étude précise de certains tableaux

Peintres artistes célébrités de Montmartre

                                                      Garçon à la flèche (Giorgione)

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Le martyre de Saint Sébastien de Mantegna à la Ca d'Oro

La Ca d'oro, la "maison d'or" est un des plus beaux hôtels particuliers de Venise.

Sa façade gothique de marbre blanc se contemple dans les eaux vertes du Grand Canal. Certains de ses éléments décoratifs étaient recouverts de feuilles d'or, aujourd'hui disparues.

Le martyre de Saint Sébastien de Mantegna à la Ca d'Oro

    Elle abrite quelques oeuvres immenses que l'on a le temps de regarder sans être gêné par les visiteurs.

C'est une particularité de Venise : une foule bruyante, accompagnée d'enfants aux voix aigües, des groupes serrés derrière un guide qui brandit un petit drapeau, des dévoreurs de crèmes glacées, des touristes quoi, dont nous faisons partie, et puis, passée la porte des musées et des églises, fraîcheur, silence, recueillement...

Le martyre de Saint Sébastien de Mantegna à la Ca d'Oro

La Ca d'Oro en ce printemps 2023 poursuit d'importants travaux qui interdisent l'accès au 1er étage, mais peu importe, c'est au 2ème que Saint Sébastien nous attend.

Le martyre de Saint Sébastien de Mantegna à la Ca d'Oro

    Après la mort de Sollers, j'ai voulu revoir Venise avec son "dictionnaire amoureux".

Il m'a souvent irrité, notamment quand il se mêle de donner son avis péremptoire sur les peintres exposés à la Fondation Guggenheim et quand il juge "pathétique ou à mourir de rire" ce coin de jardin où Peggy Guggenheim a voulu être enterrée avec tous les chiens de sa vie.

Mais quand il parle de Tintoret, de Carpaccio ou de Mantegna, il capte de toute ses cellules la vibration de leur génie. Aussi je ne peux m'empêcher de citer ce qu'il écrit de ce Saint Sébastien.

"C'est un énorme chef d'oeuvre. Le corps torsadé du saint, les mains liées derrière le dos, s'enlève, criblé de flèches venant de tous les côtés. Il y en a au moins dix-sept, on les entend vibrer et entrer dans les chairs, elles construisent le tableau comme une cage ouverte.

 

L'oeuvre est puisamment autobiographiqe et fantasmatique. Impossible de ne pas être atteint par son intensité masochistement érotique.

Ce tableau est tellement déplacé dans l'atmosphère peu sanglante de Venise qu'il rafle la mise pendant un instant d'abîme. Un instant qui dure, puisque le martyre à l'arc est sans arrêt relancé. Supplice dans une maison d'or : un comble.

Mantegna, toujours en plein dans la cible, a peint une des plus belles Résurrections qui soient."

  Sollers a ressenti le mystère sacré de ce martyr,  cet homme torturé qui ne meurt pas. On ne représente jamais Saint Sébastien mort. Il vit par son martyre. Il reste debout, tourné dans un mouvement puissant vers le ciel. Phénix renaissant de ses cendres, il renaît de ses flèches.

     Regardons son visage. un oeil est presque fermé, presque mort, l'autre est grand ouvert et regarde vers la lumière. La bouche à moitié ouverte se crispe mais une esquisse une prière.

La chevelure est parcourue par le vent qui vient de la droite, du côté de l'oeil ouvert. Côté de la vie, de l'Esprit.

Mishima photographié en Saint Sebastien

Mishima photographié en Saint Sebastien

    Sollers évoque Mishima qui fut fasciné par l'image de Saint Sébastien dont l'érotisme a fait une icône gay. Mais c'est le Sébastien de Guido Reni qui attirait l'écrivain. Un Sébastien moins violent, presque féminin, le visage apaisé, le corps touché plus que traversé par quelques flèche, le pagne se défaisant sur le pubis.

 

Rien de tel chez Mantegna. Sébastien criblé de flèches est puissant comme un atlante. Son visage qui n'a rien de "joli" est travaillé par la souffrance et par l'aspiration vers la libération et l'envol.

 

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La vachalcade de Montmartre (Pelez)

La vachalcade de Montmartre (Pelez)

   Fernand Pelez (1848-1913) est contemporain de Toulouse Lautrec et de Degas. Comme eux il s'est intéressé aux artistes mais plus qu'eux son regard a été marqué par la fraternité et la compassion. Pas étonnant qu'il ait eu peu de succès, ses toiles ne montrent pas les lumières des théâtres, ni les belles passantes des rues. Elles disent la misère et le rude labeur de survivre.

 

   Celui qui dans le Montmartre du XXème siècle lui ressemblera le plus, non par le style, non par la palette mais par la générosité du regard, c'est Poulbot, le peintre des gosses.

 

 

   Parce que les gosses, il les connait Fernand Pelez. Il voit sur le boulevard de Clichy où il a son atelier les mendiants qui espèrent attendrir les noctambules et les amateurs de jolies danseuses.

le martyr. Le marchand de violettes.

le martyr. Le marchand de violettes.

... Et quand il peint le petit vendeur de violettes, épuisé, affamé, presque mort, il appelle sa toile : le martyr. Quand il y a martyr, il y a bourreau. On ne peut s'empêcher de le rechercher ce bourreau, devant ces victimes dont la tristesse détruit la joie et la vitalité.

 

                                              Le petit marchand de citrons

   Certes Fernand Pelez a dû regarder Murillo et ses mendiants exposés au Louvre, mais le choix qu'il a fait après des études académiques avec pour maître un grand peintre, Cabanel, c'est un engagement, un renoncement au succès, à la fortune, alors que ses toiles avaient été remarquées et honorées au salon.

Adam et Eve. Première période de Fernand Pelez, encore académique.

Adam et Eve. Première période de Fernand Pelez, encore académique.

    Il y a au Petit Palais une toile exceptionnelle qu'il faut voir à tout prix pour mesurer le génie de Fernand Pelez "Grimaces et misère" de 1888.

Fernand Pelez. Un grand peintre de Montmartre à la Belle époque. Le peintre des pauvres.

     Et quelle toile!

 Sept mètres de largeur! (2 mètres 61 de hauteur). Présentée au salon de 1888, elle fit sensation. Elle resta dans l'atelier du peintre jusqu'à sa mort. Elle entra alors au musée où elle continue d'impressionner les visiteurs.

La toile dans l'atelier du peintre, 62 boulevard de Clichy.

La toile dans l'atelier du peintre, 62 boulevard de Clichy.

      Elle représente une troupe foraine telle qu'on en voyait sur les boulevards. Les dix forains sur une estrade font face aux spectateurs et sont censés leur donner envie d'entrer sous le petit chapiteau pour assister au spectacle. 

Fernand Pelez. Un grand peintre de Montmartre à la Belle époque. Le peintre des pauvres.

    À gauche, un garçon qui tient un tambour pleure tandis que des adolescentes en maillot, attendent le début du spectacle qui commencera comme l'indique le panneau tenu par la plus âgée, dans trente secondes.

 

    Les visages sont las, comme ailleurs. Ils ne regardent pas les curieux qui les fixent. Les animaux font partie du spectacle, perroquets et singes. Privés de liberté, enchaînés, ils connaissent le même sort que les enfants. 

Fernand Pelez. Un grand peintre de Montmartre à la Belle époque. Le peintre des pauvres.

      Au centre, un nain réduit à son rôle de "curiosité", de petit monstre amusant, a le visage fermé, seule façon de résister à l'humiliation.

Un clown blanc au costume coloré déclame sans baisser la tête vers les spectateurs. 

Un "bonimenteur" plus âgé prend un air exagérément réjoui.

Fernand Pelez. Un grand peintre de Montmartre à la Belle époque. Le peintre des pauvres.

     À droite sous la banderole "orchestre français" (sur laquelle un singe enchaîné, compagnon de misère, tourne le dos), trois vieillards amaigris sont assis. Ils sont accablés. Deux semblent dormir, le 3ème fixe le vide. leurs instruments sont la clarinette, le trombone et l'ophicléide (ancêtre du tuba).

Le petit berger endormi (Jules Bastien-Lepage)

Le petit berger endormi (Jules Bastien-Lepage)

    Dans cette attention aux humbles, à ceux que la société ne veut pas voir, le peintre a été proche d'un artiste qui l'influença et qui comme lui fréquenta l'atelier de Cabanel : Jules Bastien-Lepage.

                                             Jules Bastien-Lepage

    Mais si Jules Bastien-Lepage reste fidèle à ses origines paysannes et représente des campagnards dans leur rude condition, Fernand Pelez est citadin et c'est la misère des villes qu'il veut peindre.

Fernand Pelez. Un grand peintre de Montmartre à la Belle époque. Le peintre des pauvres.

    Comme dans cette toile : "sans asile - les expulsés". Une œuvre toujours actuelle qu'appréciera un autre montmartrois connu pour son amour des chats, Steinlen, qui fut aussi un homme engagé dans la défense des pauvres du maquis.

 

     Parmi les autres toiles de Pelez comment ne pas citer "la victime ou l'asphyxie" qui représente une femme que les émanations d'oxyde de carbone d'un mauvais poêle ont tuée.

Pelez ne pouvait savoir que quelques années après cette représentation, un écrivain qu'il admire, Zola, mourrait de la même manière. Il s'agirait alors d'un crime.

Un nid de misère. (Pelez)

Un nid de misère. (Pelez)

     Une exposition de 2009 au Petit Palais a remis dans la lumière ce grand peintre.

    Patrick Cauvin écrivait alors : "Montmartrois, foncez au petit Palais! Courez voir Pelez, ne serait-ce que pour le temps d'un regard, faire revivre, par un peintre oublié, le carnaval des traîne-savates".

 

Liste des liens:

Artistes, peintres célébrités de Montmartre

Etude de toiles de grands peintres

                                                    Les lingères. (Pelez 1880)

 

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