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Montmartre secret

Montmartre secret

Pour les Amoureux de Montmartre sans oublier les voyages lointains, l'île d'Oléron, les chats de tous les jours. Pour les amis inconnus et les poètes.

Publié le par chriswac
Publié dans : #POEMES. AMOUR.


.

 Qu'Apollinaire me pardonne d'avoir "déposé " des dessins au long de ses vers.  Ce n'est pourtant qu'un début, la première partie de ce long poème qui est pour moi le plus beau écrit en notre langue : La Chanson du Mal-aimé

 

 

 

 

 

 

 

    

LA CHANSON DU MAL-AIME

 


























Et je chantais cette romance
En 1903 sans savoir
Que mon amour à la semblance
Du beau Phénix s'il meurt un soir
Le matin voit sa renaissance





























Un soir de demi-brume à Londres
Un voyou qui ressemblait à
Mon amour vint à ma rencontre
Et le regard qu'il me jeta
Me fit baisser les yeux de honte


 

 

 

 

 

 

 




 Je suivis ce mauvais garçon
Qui sifflotait mains dans les poches
Nous semblions entre les maisons
Onde ouverte de la Mer Rouge
Lui les Hébreux moi Pharaon



























Que tombent ces vagues de briques
Si tu ne fus pas bien aimée
Je suis le souverain d'Egypte
Sa soeur-épouse son armée
Si tu n'es pas l'amour unique






 














Au tournant d'une rue brûlant
De tous les feux de ses façades
Plaies du brouillard sanguinolent
Où se lamentaient les façades
Une femme lui ressemblant

C'était son regard d'inhumaine
La cicatrice à son cou nu
Sortit saoule d'une taverne
Au moment où je reconnus
La fausseté de l'amour même




























Lorsqu'il fut de retour enfin
Dans sa patrie le sage Ulysse
Son vieux chien de lui se souvint
Près d'un tapis de haute lisse
Sa femme attendait qu'il revînt



























L'époux royal de Sacontale
Las de vaincre se réjouit
Quand il la retrouva plus pâle
D'attente et d'amour yeux pâlis
Caressant sa gazelle mâle



















J'ai pensé à ces rois heureux
Lorsque le faux amour et celle
Dont je suis encore amoureux
Heurtant leurs ombres infidèles
Me rendirent si malheureux

Regrets sur quoi l'enfer se fonde
Qu'un ciel d'oubli s'ouvre à mes voeux
Pour son baiser les rois du monde
Seraient morts les pauvres fameux
Pour elle eussent vendu leur ombre






















J'ai hiverné dans mon passé
Revienne le soleil de Pâques
Pour chauffer un coeur plus glacé
Que les quarante de Sébaste
Moins que ma vie martyrisée























Mon beau navire ô ma mémoire
Avons-nous assez navigué
Dans une onde mauvaise à boire
Avons-nous assez divagué
De la belle aube au triste soir


























Adieu faux amour confondu
Avec la femme qui s'éloigne
Avec  celle que j'ai perdue
L'année dernière en Allemagne
Et que je ne reverrai plus




















Voie lactée ô soeur lumineuse
Des blancs ruisseaux de Chanaan
Et des corps blancs des amoureuses
Nageurs morts suivrons-nous d'ahan
Ton cours vers d'autres nébuleuses

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Publié le par chriswac
Publié dans : #OLERON EGLISES Cimetières














     En venant du viaduc, un panneau "Monuments historiques" attire votre attention et vous promet la découverte d'une chapelle du dix-huitième siècle. Vous êtes alléché et pensez qu'un minimum de culture entre deux bains de mer ne peut vous faire de mal. Vous tournez donc vers le centre de Grand Village et vous êtes accueilli aussitôt par une minuscule chapelle fermée à double tour, la chapelle Saint Joseph. Vous regardez l'édifice assez banal et qui ne cache pas lui son origine résolument dix-neuvième pour ne pas dire début du vingtième!!!





















     Renseignement pris, votre impression sera confirmée. Il y eut bien une chapelle en ce lieu mais elle fut détruite complètement et un nouvel édifice vint prendre sa place à la fin du XIXème... Qu'importe, elle a son petit charme et certains villageois m'ont parlé d'une époque pas si éloignée où elle se dressait, solitaire au milieu des champs et des prés envahis de roses trémières. Aujourd'hui, il faut bien cadrer pour que la photo cache son environnement de maisonnettes de vacances qui se sont multipliées comme les pains de la parabole évangélique...

















     Mais ne vous découragez pas et réclamez la clef à Ginette, une adorable dame qui vit tout près de là (la première maison) avec un chien aboyeur qui ne vous mordra pas si vous franchissez la grille vaillamment mais qui attrapera votre main si vous avez l'imprudence de la passer à travers les barreaux.

















     L'intérieur vous réserve une agréable surprise. Murs et voûtes sont peints et vous proposent un voyage naïf dans les campagnes environnantes. Deux anges tendent une banderole enjoignant Dieu de donner son amour au Grand Village. Ce qui est sans nul doute dans ses possibilités étant donnée la modestie de l'endroit  peuplé en hiver de moins de quatre cents âmes...

















    L'artiste Elie Murat  a peint ces fresques qu'il a tenu à offrir à sa petite commune. Sa maison est à quelques pas de là. Vous la reconnaîtrez aux dinosaures composés de cailloux et de coquillages dont les murs du jardin sont ornés. Ainsi sont les artistes, doués ou non, reconnus ou pas, ils ont ce besoin de créer, de saisir les objets et d'en faire des monstres ou des paysages.
    Je l'ai rencontré avant qu'il ne rejoigne ses anges, il y a quelques années. Il était vigoureux, le visage hâlé par les vents d'ouest, le cheveu dru et blanc. Il parcourait les petits chemins et s'arrêtait, émerveillé devant les oiseaux ou les animaux si présents dans la chapelle.


































































































































        Il a souvent peint des ânes. Il devait savoir que ces humbles travailleurs nous précéderont. C'est ce que savait aussi Francis Jammes lorsqu'il écrivait sa prière pour aller au paradis avec les ânes.
    Les oiseaux de toutes plumes habitent le ciel des voûtes. On y reconnaît des habitués de l'île d'Oléron : mouettes, aigrettes, hérons, chouettes chevêches, oies sauvages ou canard patauds.
  Elie Murat a représenté également les hameaux proches de Grand Village : les Allassins, le Chaudron, le Maine, Trillou...


































































    Il n'a pas oublié Grand Village...Il a même représenté la très vilaine mairie dont l'architecture est indigente et les accès à la plage aujourd'hui encombrés de bagnoles, de vélos, de piétons, de bateaux gonflables, de bouées, de poussettes et de quelques malheureux chiens qui risqueront d'être renvoyés dans leur niche. En effet, depuis deux ans les chiens sont interdits de plage. Cette héroïque décision prise après une ou deux plaintes de grincheux qui ne supportaient pas de voir à l'horizon, sur des plages de plusieurs kilomètres nettoyées par les marées, un animal à poils, a sans doute contribué au remplissages des refuges ou à l'abandon pur et simple de compagnons devenus encombrants à l'approche des vacances. Un chien ça pisse et ça chie, voilà le problème.... mais les milliers de baigneurs comme chacun sait ne sont pas pourvus de ces fonctions animales et respectent trop l'océan pour y laisser quelque déchet organique.... Je vous avoue pourtant que j'ai ramassé plusieurs couches garnies aujourd'hui même et qu'elles ne provenaient ni de chiots ni de chiottes....même si elles en avaient l'odeur...
    Si vous avez un chien, je vous conseille la grande plage à St Trojan où familles, naturistes, sportifs
et toutous vivent en parfaite harmonie.

















































































   Au moment de quitter la chapelle, vous faites face au mur nocturne avec ses oiseaux de nuit, le viaduc et ses réverbères allumés comme un passage entre vie et mort.... Le Fort Boyard semble refermé sur lui même dans sa carapace de pierres et au-dessus de l'île, dans un frémissement d'ailes blanches apparait le Christ de la résurrection.



    





























   Sur cette bonne nouvelle, j'envoie un grand salut à l'artiste qui ne manquera pas de le recevoir et je vous souhaite de belles vacances en Oléron ou ailleurs sous la protection du dragon de cailloux et de coquillages d'Elie Murat.



lien : Roses tremieres















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Publié le par chriswac
Publié dans : #OLERON

          Rappelez-vous Nosferatu de Murnau et le fameux passage de la réalité au fantastique : Passé le pont, les fantômes vinrent à sa rencontre...

          En ce juillet ensoleillé pas question d'errer sur les landes brumeuses;  je vous propose de franchir un autre viaduc qui vous mènera sur une île où les fleurs essayent de rivaliser avec la surpopulation estivale.

                      Passé le pont, les roses trémières viendront à votre rencontre
....


                                                                                                                                




       Dès l'arrivée, avant même d'atteindre la première ville, le Château d'Oléron, vous les verrez sur le bord des routes, devant les cabanes ostréicoles, sur les talus....Roses, mauves, violettes, blanches, jaunes ou presque noires, elles sont chez elles de juin à septembre et semblent ignorer quelque temps encore le piétinement des promoteurs, le martèlement des touristes, le vrombissement des 4x4....




 Les spécialistes vous citeront le véritable nom de cette étrange fleur; ils vous diront qu'on la nomme Alcea Rosa ou Althaea Rosea. Les amoureux des mots vous affirmeront que son véritable nom, altéré au fil des ans n'est autre que Rose d'Outremer. La fleur serait venue dans les cales des croisés avec bien d'autres plantes et bien d'autres trésors.




 Elle a reçu d'autres noms comme passerose, primerose ou bâton de Jacob et parfois les enfants l'appellent rose crémière. Elle fut un certain temps utilisée par les teinturiers qui en tiraient une teinte violine un peu triste mais aujourd'hui elle n'est d'aucune utilité marchande; elle monte vers le ciel pour l'amour du geste et l'éclosion de ses corolles.






 Les poètes aiment cette fleur sauvage dont les racines s'accrochent aux cailloux et dont les pétales se déploient sur le ciel. Gérard de Nerval lui ouvre un de ses poèmes les plus mystérieux des Chimères, poème d'amour et de mort : Artemis :

               Celle que j'aimais seul m'aime encor tendrement (...)

                   La rose qu'elle tient c'est la rose trémière.




 C'est elle encore qui entraîne la métamorphose de la femme étrange d'Aurélia :


                        La dame que je suivais développant sa taille élancée dans un mouvement qui faisait miroiter les plis de sa robe de taffetas changeant, entoura gracieusement de son bras une longue tige de rose trémière puis elle se mit à grandir sous un clair rayon de lumiére...


  
    En ce Juillet un peu frisquet, elles sont plus belles que jamais. Il faut se hâter de les saluer au passage car très vite elles se dessécheront, leurs feuilles appréciées des bestioles de toutes sortes se transformeront en dentelles, leurs fleurs tomberont, leur hampe jaunira et fléchira.... Elles auraient pu inspirer Ronsard qui leur préféra la rose classique pour nous inviter à jouir du moment présent!






  Mais qu'il est beau ce moment fugitif où nous sommes vivants dans le soleil, avec les chats, les oiseaux et les roses trémières....







 

 

 

lien :
Le Grand Village Plage Oléron début mai.

Oléron. Roses trémières. Saint-Trojan. (2)

Oléron. Roses trémières. (1).

Poème : Rose trémière. Oléron.

 

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mm

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Publié le par chriswac
Publié dans : #POEMES...Divers
     Ainsi donc on peut haïr avec force, avec passion, avec désespoir. J'ai retrouvé ces encres noires écrites pour quelqu'un qui ne les a jamais lues.  Je les jette à la mer de l'internet qui les engloutira ou qui sait les fera naviguer comme une bouteille d'un mauvais millésime vers une plage où un vieux promeneur se baissera, l'ouvrira, se reconnaîtra, aura envie de pleurer ou de se moucher et utilisera le papier naufragé pour s'essuyer les yeux ou se vider le nez...






                                       I


                  Arracher la haine
                     Herbe mauvaise
                     Vivace avec ses veines noires
                     Et ses racines accrocheuses

                     Arracher la haine
                     Et voir s'éparpiller des milliers de fourmis
                     A la lumière criarde
                     Des oiseaux.
 


                                       II


                  C'est fait
                  Je t'ai perdu avec mon sang
                  Cette nuit d'eau tiède et de rasoir

                  Tu es parti de moi
                  Avec ce qui me restait de jeunesse
                  Avec mon jardin sous le ciel
                  Avec mon chat qui ne veut pas mourir
                  Mais ne peut résister à ta main qui l'entraîne

                  C'est fait
                  Je t'ai perdu avec mon sang
                  Et je m'éveille dans le matin blanc
                  Mort peut-être
               Mais libéré de toi.





                                                 III

             Remise tes mensonges
             Range-les au fond de ta gorge
             Tu devrais bien savoir
             Depuis juillet
             Que je vois sur ta langue
             Chaque fois que tu parles
             Des taches noires
             Comme le cancer de Kaposi.


                                                 IV

                    Tiens, ça vit là-bas dans les cailloux
                    Un rien, une zébrure, un éclat

                    Tiens, ça vit au delà des murets
                    Que tu as détruits
                    Au-delà des jardins
                    Que tu as asséchés

                     Tiens, ça vit, ça vit encore
                     ça bouge encore
                     Sous ton talon.

           
                                              V

                  Crains
                  Le quai désert et plus désert d'être secoué
                  Du grondement qui s'éloigne

                  Crains la méchante nuit et plus méchante
                  d'être imbibée de jour

                   Crains le silence et plus silence
                   De résonner des dernières syllabes

                   Crains la mort et plus mort
                   D'être à côté de la cigarette qui fume

                   Et crains-moi qui n'ai plus rien de moi
                   Que ce ricanement.





                                                    VI

              
                                          Vivre ?


               Il y en avait du sang dans cette bête noire

                Encore et encore et encore
                Cette mise à mort
                Dans une arène blanche
                Où les ombres remuent comme les algues

                Il y en avait du sang dans cette bête noire

                Tu as serré les mains sur ton coeur
                Quand elle a levé les yeux
                Tu as serré ton coeur
                Quand le soleil et l'épée l'ont traversée

                Il y en avait du sang dans cette bête noire

                Encore et encore et encore
                Cette porte qui bat
                Ce fauve aux senteurs d'herbes sèches
                Qui entre en dansant
                Fou de liberté et d'espérance. 


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Publié le par chriswac
Publié dans : #WACRENIER

          Maurice Fombeure écrivit la préface du premier recueil de poèmes de Louis Wacrenier. Bien que fort différents, ces deux hommes se rencontrèrent et s'apprécièrent, même si dans son texte, Fombeure semble minimiser l'aspect tourmenté et sombre des poèmes dont il parle. 
 
            Voici donc cette préface écrite pour un jeune homme aujourd'hui âgé de 89 ans et qui a pris le large sur les eaux noires de l'oubli.....

           
Mon beau navire ô ma mémoire
             Avons-nous assez navigué
             Dans une onde mauvaise à boire
             Avons-nous assez divagué
             De la belle aube au triste soir..
...
     (Apollinaire) 






















     Louis Wacrenier pourrait dire après Racine et quelques autres :

                    Ah Dieu, quelle étrange chose :
                        Je sens deux hommes en moi!

     Le premier de ces deux hommes, l'homme de chair,
 est,  aujourd'hui, un grand gaillard, mince et flexible comme un roseau, beau specimen de grand flandrin issu de cette race hispano-flamande que l'on retrouve encore fréquemment là-bas, dans cette ARRAS qui fut espagnole jusqu'au traité des Pyrénées. C'est seize cent cinquante neuf. Yeux noirs et frisés au velours d'Orient, cheveux ondés - je ne dis pas ondulés -  chaleur, cordialité, enthousiasme et bondissement, comme d'un jeune chien qu'on viendrait de détacher de sa niche. Un gars que j'ai connu tout petit, collégien, rue des Agaches, en le domicile de son père où il écoutait les déclamations de poèmes des Rosati d'Artois sans rien dire ni laisser voir de ses sentiments. Il s'est bien rattrapé depuis, l'animal!

     Son père, grand Chancelier des Rosati d'Artois et qui fut l'un des hommes les plus exquis que j'ai connus, est mort. Le Président, l'excellent Maître Paul Wacrenier, est mort. La maison des WACRENIER est morte, écrasée sous l'un de ces bombardements que l'on dit être nécessaires, pour "la bonne marche" de la guerre. Mais
nos souvenirs, eux, ne sont pas morts. Qu'il a dû s'en envoler, comme des agaches éffarouchées, autour de cette vieille demeure arrageoise si pleine de traditions de bon accueil,  à peine plus grande que le coeur de son maître lorsqu'elle s'est écroulée dans un fracas de fin du monde.






















Mais de cette bonne race, un surgeon a surgi. Louis WACRENIER est là. Et même "un peu là". Bien et bon vivant! Vivant et chantant comme un arbre que visitent les oiseaux. Parce qu'il aime la vie, elle se rend à lui. Et elle l'aime. De même que les oiseaux ne vont que sur les arbres qui leur plaisent, les bons vers ne vont chanter que sur les lèvres de ceux qui méritent de les scander et de les écrire. Auparavant, notre Louis Wacrenier, avant de devenir cette longue tige, flexible mais solide, avait fait "les quatre cents coups", comme on dit. Il a dû être un drôle de collégien et d'étudiant. mais je ne l'ai pas suivi en ces temps-là. Sur le guerrier, je suis mieux renseigné. Il était pilote aviateur, naturellement. Après la défaite, avec un fidèle copain, il tente de passer en Angleterre. Nos deux lascars prennent l'avion de leur colonel - Noblesse oblige - et vont le percuter dans les vignes du Médoc. Parce que cet avion était trop gros pour eux et qu'ils n'ont pas su faire couler l'essence des doubles réservoirs. Qu'à celà ne tienne. Rappelés au sol un peu brusquement, ils jouent les grands blessés dolents pour échapper au Conseil de Guerre; Et ils réussissent à s'en tirer. Mais ils ont eu un peu chaud, les bougres! Les copains de Louis WACRENIER qui ont pu passer en Angleterre sont entrés dans l'escadrille Normandie-Niémen et sont revenus de guerre décorés jusqu'au nombril.






















Depuis? Louis WACRENIER est revenu à la vie civile, comme tout le monde. Il s'est marié. A eu de nombreux enfants. et s'est fixé en vieille Cité des Atrébates, chère à son coeur, malgré ses brumes, son apparente hostilité, ses ruines toutes fraîches. Car en ces malheureux pays, les ruines se renouvellent à chaque guerre. Mais c'est à Arras que notre ami avait passé son enfance et sa jeunesse. Ecouté les vers des Rosati d'Artois qui reçurent "en leur sein" et en leur temps des gens comme Lazare Carnot et Maximilien de Robespierre, que l'histpoire connaît mieux sous le nom de Robespierre. Tout naturellement, mais peut-être aussi un peu grâce à son hérédité "rosatique", louis WACRENIER est devenu le Président des Rosati d'aujourd'hui. Et quel Président! On peut dire qu'ils ont eu la main heureuse, une fois de plus. Celui-ci se remue comme une ruche d'abeilles, comme une nichée de jeunes souris. Il projette sans cesse et organise toujours.















      Mais - et nous en arrivons au deuxième homme qu'il porte en lui - Louis WACRENIER est aussi, et avant tout, poète. Et un poète qui ne ressemble guère au garçon que nous pouvons voir, à l'être apparent et pétulant, joyeux drille, disert, rabelaisien et "humeur de piots". Non. Un poète fin, tendre, nostalgique au timbre mélancolique, au coeur fêlé d'une blessure secrète. A la sensibilité frémissante et blessée de peu. Un frère cadet de Laforgue. S'il "rit en pleurs", les pleurs n'en perlent pas moins. Si en chantant, il enchante son mal, son mal le point, cependant.  et il ne souffre pas toujours seul, mais souvent avec ceux de ses compagnons qui sont restés sur les champs de bataille, avec ceux qui rôdent sans espoir dans les vieilles rue du Vieil Arras, au bas du beffroi qui tremble de toutes ses ondes sonores en se raillant sr l'air de 

                                                                  Mon père m'a donné un mari
                                       Mon Dieu quel homme, quel petit homme....


     Il en était ainsi, du moins, au temps où j'habitais Arras!

      Louis WACRENIER aime à errer au bord de cette Scarpe qui ressemble davantage à la Bièvre qu'à la Loire et n'a rien, certes, d'un fleuve royal. Pluôt un ruisseau qui sent et reflète la misère humaine. Une eau noire et froide.



    

















     Mais le poète fait aussi claquer les drapeaux de l'espoir. Après tout, le bonheur et la joie sont peut-être ailleurs :

                       Partons! Nous trouverons de nouvelles natures
                           Déjà le vent se lève et nous mouille les yeux
.

    Pour fuir :

                      Les rêves d'autrefois
                          Qui reviennent au coeur parfois
                          Tournoyant dans la nuit sereine
                          Comme au gré des fêtes foraines
                          Les entêtés chevaux de bois.

     Un autre poème dit : "Espoir quand même"! Et lorsqu'on a la joie de connaître leur au
teur, on sait bien qu'il ne se laissera pas aller à sombrer dans ses détresses intimes.Mais qu'il luttera jusqu'au bout. Car il a, pour le soutenir, comme il l'exprime en une image digne des temps maudits et batailleurs que nous vivons :

                       Je sens ce soir
                           Que mon rêve ne peut s'effacer
                           Et qu'il me restera toujours
                           L'espoir
                           Parachute  mes pensées.

     Il est de ceux pour qui le soleil demain se lévera. et il le dit. et il le clame en des sursauts mélodieux. Le recueil, toutefois, ne se termine pas sur cette note altière, mais sur une espèce de découragement auquel je ne veux pas tout à fait croire :

                       Courbe le front et bas redis
                           Ton Kyrie Eleison
                           Pauvre pantin crevé qui t'es vidé de son.

     Je sais que cet abandon aux forces mauvaises n'est que passager. Je sais que ce poète est l'un de ceux qui nous rassurent sur les temps à venir. L'un de ceux à qui je fais confiance. Un poète des horizons lointains et des pays nouveaux, un prospecteur aussi de nos paysages intérieurs, l'un de ceux qui, comme le préconisait Apollinaire, nous aidera à :

               Explorer la bonté
               Contrée énorme où tout se tait.


                                                                         Maurice Fombeure.




Louis Wacrenier un poète à Montmartre

                            

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