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Montmartre secret

Montmartre secret

Pour les Amoureux de Montmartre sans oublier les voyages lointains, l'île d'Oléron, les chats de tous les jours. Pour les amis inconnus et les poètes.

Publié le par chriswac
Publié dans : #POEMES ENFANTS




                                   PETITE SI PETITE

Petite si petite, je t'envoie dans ma poche
Où tu remues comme un grelot
Petite si petite, je te mets dans ma sacoche
Où tu chantes comme un loriot 

Petite si petite, je t'envoie dans mon verre
Où tu bois tout mon armagnac
Petite si petite, je te mets dans le hamac
Où sans boussole tu te perds

Petite si petite, je t'envoie dans ton lit
Où tu remues comme un lapin
Petite si petite, je te mets dans ma main
Où tu suis ma ligne de vie

Petite si petite, je te prends dans mon coeur
Où tu tapes comme un boxeur


Quand j'ai voulu t'en arracher
Mon coeur soudain s'est arrêté.





 

Lien :

 

Liste des poèmes pour les enfants. Liens.

Poème pour un enfant malade.

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Publié le par chriswac
Publié dans : #POEMES. ALZHEIMER PERE


 

 

Il se relève, il est nu
Rien ne lui reste du voyage
Pas un billet, pas un bagage
Un nom de gare, un nom de rue
Il se relève, il est nu

Il veut parler, il est muet
Rien ne lui reste du langage
Pas un seul mot, pas une phrase
Un seul poème, une question
Il veut parler, il est muet

Il me regarde, il est aveugle
Rien ne lui reste des images
Pas un sourire, pas un visage
Pas un seul arbre, un paysage
Il me regarde, il est aveugle

Il veut pleurer, ses yeux sont secs
Rien ne lui reste des douleurs
Pas une plaie, pas une larme
Pas un chagrin, pas un échec
Il veut pleurer, ses yeux sont secs

Il se relève, il est nu
Rien ne lui reste sur la terre
Pas une fleur, pas une pierre
Pas un oiseau du cimetière
Il se relève, il est nu.


Lien :

Liste et liens des poèmes Alzheimer. Mon père.
Un poème. Alzheimer.

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Publié le par chriswac
Publié dans : #WACRENIER

29 mars. Arrivé Gare du Nord, je découvre que le RER pour Robinson est supprimé et qu'il me faut attendre 40 minutes... Je préfère prendre celui de Massy et descendre Parc de Sceaux pour marcher une demi-heure jusqu'à la Faïencerie, de l'autre côté des jardins. Un coup d'oeil sur le château. Ne reste rien de la demeure de la Duchesse du Maine. Certains bâtiments sont aussi fragiles que les hommes. La lourde bâtisse du XIX ème écrase de sa bourgeoise assurance les ombres de ceux qui vécurent ici au temps du Roi-Soleil et au temps des Lumières. Sans elle, les ombres légères pourraient frôler, sans doute, les promeneurs solitaires.Lui, il a senti la trace d'un bichon femelle qui aimait taquiner Marlamin, le chat de la Duchesse.
Les arbres qui n'oublient rien bruissent de confidences. Mais pour entendre leur langage, il faut être un enfant, un animal ou un vieillard.
Il les comprend peut-être, lui qui s'étonne de me voir aujourd'hui. Il me dit que sa journée sera mémorable parce que je lui ai rendu visite. Je réponds qu'il en sera de même pour moi. Mais je suis triste et j'ai du mal à sourire et à chercher des sujets de conversation. Il me paraît si fatigué, si découragé...Il me dit qu'il est très vieux, qu'il a 59 ans. Il me dit que la vie est étrange et qu'il désire écrire tout ce qu'il a connu, les bons et les mauvais souvenirs. Je lui demande de me raconter un bon souvenir. Il sourit faiblement. Il ne dit rien. Je lui demande un mauvais. Il me regarde. "Il ne faut pas raconter les mauvais souvenirs". Il ne dit rien de plus. Le repas qui s'éternise invite le silence. Il ne me gêne pas. il ne le gêne pas. Il mange avec application. 

Quand j'essaye de lui parler d'Oléron, il me confie qu'il regrette de n'avoir pas acheté la maison où il vivait. Je ne le contredis pas. Je lui redis, ce qui est la vérité, que bien des gens se le rappellent et parlent encore de lui. Une petite lueur passe dans ses yeux. "Oui, tout le monde me connaissait. Quand j'allais au marché, les commerçants ne voulaient pas me faire payer." Etrange confidence. Lui qui a toujours été la générosité même et qui payait plutôt deux fois qu'une...

Je l'ai raccompagné à son studio. Dans l'ascenseur, une dame élégamment âgée le salue : "Bonjour monsieur! vous me reconnaissez? Dites-moi comment je m'appelle?
- Oh oui! je vous reconnais!
- Bien! Comment je m'appelle?
- Mais tout le monde sait comment vous vous appelez! Vous êtes très connue!
Nous arrivons au troisième étage. Comme d'habitude, il se trompe de direction; Il faut dire que les couloirs sont tous semblables, murs jaunâtres et portes bleu marine, pour ne pas dire noires.

Mon père, ton visage est celui de la nudité. Je voudrais le couvrir de mon amour. Mais ce que je vois, c'est le plus profond, le plus souffrant de toi. Comme l'érosion ne laisse debout que les plus dures pierres, l'âge ne laisse voir que l'irréductible, la charpente la plus secrète, celle avec laquelle on meurt un jour. Cet irréductible, c'est la souffrance et la bonté.



Lien : Visite à mon père. Alzheimer.

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Publié le par chriswac
Publié dans : #WACRENIER


26 mars. Improvisation donnée par les élèves de Bruno au Conservatoire de la rue de Pontoise : les deux derniers actes de la Cerisaie. Je suis assis au premier rang pour prendre quelques photos. J'entends Bruno présenter le travail de ses élèves, sa conception du théâtre. Je suis ignare en la matière;  les mots glissent sur mes plumes de canard. Mais ce que je perçois immédiatement, c'est l'atmosphère, la nervosité dans l'air et l'amitié inquiète qui semblent unir les jeunes acteurs. J'ai toujours été frappé dans les spectacles de mon frère, ce grand angoissé, cet insatisfait, par cette présence forte, comme palpable d'une fraternité, d'une communauté serrée pour un moment autour d'un feu dans la nuit. Pour rafraîchir la mémoire des spectateurs, un résumé des premiers actes est présenté avec accompagnement pianistique. La séquence est virtuose et drôle. Mine de rien, avec légèreté, elle nous introduit dans l'univers tchékhovien : le temps inexorable qui bouffe toute jeunesse et tout espoir, le deuil impossible... mais elle le fait avec humour, avec clownerie même. Elle nous prépare à recevoir le spectacle comme une comédie où l'on rit et l'on sourit, une comédie tragique qui ressemble à la vie.
Le 3ème acte fait de nous des voyeurs qui essayent de participer à la fête en jetant un oeil entre les panneaux des paravents. Les panneaux s'entrouvrent et l'on surprend soudain une conversation, une confidence. On s'attache aussitôt à Andreevna revenue de Paris ruinée par son amant et contrainte de vendre la Cerisaie de son enfance. Nul doute que la jeune actrice qui l'incarne fera son chemin si elle le désire. Elle est forte et fragile, rêveuse et réaliste enfin...Elle incarne une Andreevna que je n'oublierai pas.
Il me paraît injuste de mentionner tel ou telle des acteurs et actrices du spectacle, tant chacun d'eux, complétement engagé y apporte sa fougue et sa foi. Tant pis si la transformation de l'acte suivant et les rôles échangés brouillent un peu le spectateur. Je retiens de cette soirée la générosité et le talent.



J'ai aimé ces jeunes acteurs et je les ai trouvés beaux. J'aime Bruno mon frère qui vit dans le théâtre comme dans un monastère où il entraînerait tous les novices dans la même prière et la même joie. A la fin du spectacle, c'est le public qui aurait dû se lever et applaudir la jeune troupe et son professeur pour le pain et le vin qu'ils avaient partagés.

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Publié le par chriswac
Publié dans : #POEMES. AMOUR.


Square louise Michel, samedi 21 mars. Sur la pelouse interdite (parce qu'au "repos") une foule colorée et joyeuse  est venue s'asseoir pour contempler la ville rajeunie par le soleil.

Et voilà que Paris se met à ressembler à Paris : rendez-vous des amoureux du monde entier, invitation à s'arrêter, à se regarder dans les yeux et à dire "je t'aime".
On oublie un moment la lourde locomotive qui nous entraîne et crache sa vapeur sur le ciel. Plus tard ma vieille, plus tard l'inexorable voie de fer et son terminus de pleine terre.
Aujourd'hui on aime. ON AIME. ON S'AIME.


Je t'aime
Ma si fragile, mon invincible
Ma femme
Qui dans la nuit
Remplit de sable le sablier

Je t'aime
Ma si fragile, ma funambule
Ma mère
Qui sur le fil et le vertige
N'a pour seul balancier que les mots que nous disons

Je t'aime
Mon si fragile, mon rescapé
Mon père
Qui n'a su préserver des pillards
Que la bonté sans souvenirs

Je t'aime
Ma si fragile, mon épineuse
Ma soeur
Qui n'ouvre son coeur de chardon
Qu'au passant qui se penche

 

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Lien : Liens : poèmes d'amour de Christian Wacrenier.

 

 

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Publié le par chriswac
Publié dans : #ASIE

  
                                                                                                                             Le Pura Kehen où habitent les âmes divinisées des rois défunts. La troisième cour abrite un méru de onze toits dédié au Dieu du feu. et dans la partie la plus sacrée (angle nord est) un autel à trois trônes consacré à la trilogie hindouiste : Brahma le Créateur, Vichnou le Mainteneur, Shiva le Destructeur. Ces trois Dieux seraient comme les trois faces d'un même Dieu dont la puissance serait symbolisée par ces trois aspects essentiels : donner la vie, la préserver, la reprendre. Avant d'accéder à cette partie la plus sacrée vous découvrirez un banian dont les branches et les racines touffues abritent le kulkul qui renferme le tambour d'appel à la prière.



 Ce temple peu visité est une version réduite du célèbre
Pura Besakih dont la visite s'avère souvent une épreuve redoutable tant y sont nombreux ceux que les balinais appellent les moustiques, vendeurs de toutes sortes et guides insistants jusqu'à l'énervement et la  grossiéreté pourtant si peu balinaise. Le harcèlement est tel : marchands, guides, scooters...qu'il vaut mieux s'abstenir de visiter ce temple et profiter de ceux qui comme le Pura Kehen restent paisibles et invitent à la méditation.  De plus vous pourrez accéder aux différentes enceintes, ce qui est impossible dans de nombreux autres temples.



A propos des offrandes  déposées continuellement devant les autels, il y a toute une symbolique qui peut échapper au visiteur. Elles sont souvent couronnées de bétel qui représente la Trinité Hindouiste et comportent des éléments de couleurs différentes: rouge pour Brahma, noir ou vert pour Vichnou, blanc pour Shiva. Elles sont la plupart du temps composées d'aliments déposés sur une feuille.

 

  Ci-dessus, la base sculptée d'un autel dans cette pierre grise, volcanique si caractéristique de l'île. Un petit chien blanc nous a accompagnés dans notre balade entre les autels. Nous n'avions rien à lui donner sinon quelques caresses. Les chiens à Bali sont omniprésents. On les voit partout, trottinant sur les routes, couchés sur les bas côtés, filant dans les campagnes. Ils sont ignorés des habitants; on ne rencontre aucune agressivité à leur égard mais ils traînent pour la plupart une vie misérable, constamment en quête de nourriture. Beaucoup sont des squelettes de chiens. Sur la plage de Jimbaran ils se rassemblent le soir, espérant profiter des déchets des restaurants. Il suffit de prendre le ferry et de mettre le pied sur Java pour ne plus en voir un seul. Il y est animal impur tandis qu'à Bali, il est laissé à lui même. 



Quelques fois, un chien se fait adopter et coule une existence heureuse, comme celui dont on aperçoit la queue chez un prêtre hindouiste. A gauche, un chat nous regarde depuis son observatoire dans le temple de
Rambut Siwi.





Depuis la terrasse du 
Pura Rambut Siwi, on découvre la côte et la magnifique plage de sable noir où l'industrie touristique n'a pas encore mis les pattes.
    Le temple est établi au milieu des frangipaniers. Il a été créé au XVIème siècle par le prêtre
Nirartha que nous avons déja rencontré au Pura Ulu Watu. Quand Nirartha est venu ici pour la première fois, une épidémie ravageait la région et notamment le proche village de Gading Wani. Il la fit disparaître et les villageois lui demandèrent de s'établir chez eux où il serait vénéré.Mais Nirartha qui se sentait appelé ailleurs refusa et laissa une mèche de sa chevelure aux villageois en gage de protection. Ils la conservèrent précieusement  dans un coffret, l'enterrèrent sous le temple. Elle est aujourd'hui veillée par ce chat noir et blanc. Le nom du temple rappelle cette origine, il signifie adoration des cheveux.



 Le temple est construit en briques rouges et en pierre volcanique. Il est richement sculpté de scènes tirées du Mahabharata. Les statues y sont comme partout dans l'île habillées de sarongs noir et blanc (le bien et le mal) et portent à l'oreille des fleurs d'hibiscus ou de frangipanier.     



La rampe est un dragon qui domine la mer et la falaise creusée de nombreuses grottes transformées en sanctuaires. Dans l'une d'elles un tigre aurait élu domicile et coulerait des jours heureux ! Le dragon ou Barong est omniprésent à Bali. Il symbolise la santé et il est opposé à la sorcière Rangda dont la statue vous accueille à l'entrée du temple.  Tous deux sont régulièrement représentés dans les danses rituelles. Ils luttent mais aucun ne domine vraiment. Bien et mal s'affrontent mais aucun ne triomphe.  




Pour terminer la visite, un petit baiser au dragon souriant et à ceux qui lisent cette page.  

Lien : Le kawah Ijen depuis Banyuwangui                

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Publié le par chriswac
Publié dans : #ASIE

   Pas de voyage à Bali sans une visite aux temples qui sont comme une carte postale de cette île touristique mais encore authentique et fascinante. Beaucoup de temples de village ne se visitent pas et les grands temples ne se parcourent souvent que de l'extérieur, la partie sacrée étant interdite aux touristes. Parmi les plus photographiés, le temple du lac Bratan. Les photos ne vous montreront pas la grosse mosquée de béton qui s'est bâtie sur les rives  et enlaidit ce site célèbre. Tournez lui le dos et vous ne verrez plus que ces toits légers (les merus) et ces enclos de pierre élevés sur de petites îles. Le temple est dédié à Dewi Danu, la déesse des eaux. Les cérémonies y sont fréquentes pour assurer aux paysans une alimentation régulière en eau.
 




Nous y étions il y a quelques jours et n'avons pas échappé aux brumes qui souvent s'accrochent aux montagnes. Pourtant si vous voulez connaître Bali sans être importunés par les foules cosmopolites, février-mars semble être une période idéale. Vous aurez droit à quelques bonnes pluies tropicales, à un ciel plutôt gris mais vous serez seuls sur les sites les plus connus et votre méditation n'en sera que plus profonde !

 

Le meru de ce temple est un des plus hauts. Il compte onze toits de fibres de palmiers. Ce qui indique le haut statut de la déesse ici vénérée. Ces merus sont réservés aux divinités ancestrales ou à celles de la nature et de la vie. On ne les trouve jamais dans les temples dédiés aux divinités liées à la mort.
   

La péninsule de Bukit au sud de Bali était jadis une réserve de chasse (hélas) réservée aux rois avant de devenir un lieu de relégation pour les condamnés et les parias. Il était difficile de s'en échapper à cause de ses falaises abruptes battues par les vagues. Il n'y eut longtemps qu'une seule construction, le temple de la mer : Pura Luhur Ulu Watu.



Vous apercevez le meru du temple au sommet de la falaise à la pointe occidentale de la péninsule. C'est un des santuaires les plus sacrés de Bali. Il daterait du XIème siècle et sa reconstruction du XVIème serait due à Dang Hyang Nirartha grand réformateur hindou qui fut déifié après sa mort. Espérons qu'il ne voit pas ce que devient peu à peu cette péninsule où se sont installés une cimenterie fumeuse, un campus universitaire et un grand complexe touristique vers Nusa Dua.
  Il y a même après Jimbaran, au début de la péninsule un grand centre commercial qui concocte l'édification de la plus haute statue du monde, un Vichnou de 160 mètres  dont la tête a déja été réalisée...


  Le Pura Taman Ayun à Mengwi.C'est un immense temple d'Etat construit au XVIIème siècle. On ne peut photographier que de l'extérieur l'enceinte sacrée. Il est érigé au centre d'un bassin et symbolise le monde hindouiste de Bali. En effet les autels et les merus de l'enceinte symbolisent les montagnes de Bali et les temples principaux, si bien que le fidèle peut y prier comme s'il était en présence des originaux. Le meru de onze étage, le plus haut du temple symbolise le Gunung Batukau, la deuxième montagne de l'île (après le Gunung Agung  qui est un volcan toujours actif, d'une hauteur de plus de 3000 mètres, demeure pour les Balinais des dieux et des esprits des ancêtres)), d'autres merus symbolisent ce dernier et le Gunung Batur. Le Batur est le seul à posséder une caldeira :



On la découvre sous une brume envahissante, le 5 mars, quelques minutes avant d'être plongés dans un brouillard à couper au couteau ! Le Batur a connu de nombreuses éruptions. L'une d'elle, en 1917 provoqua la mort de plusieurs centaines d'habitants et réduisit en cendres plusieurs centaines de temples.



Entre deux douches tièdes, nous avons aperçu un prêtre en prière devant un autel.  D'autres temples nous attendent que nous découvrirons bientôt mais les amoureux de Bali savent bien qu'il est impossible de les découvrir tous, tant ils sont nombreux et parfois difficiles d'accès. En fait, si l'on excepte les temples du commerce sur les côtes touristiques, tout Bali est un seul Temple Sacré.  

 

Lien : Temples à Bali (2) Pura Kehen, Pura Rambut Siwi.                   

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Publié le par chriswac
Publié dans : #MONTMARTRE. Rues et places.


 18 mars.Avant de parvenir place des Abbesses, je découvre une des voitures du funiculaire sur le pavé ! Elle est donc revenue avec le printemps cette sacrée voiture presque toujours en réparation! Depuis des années, je vous assure que l'on peut compter sur les doigts de la main les jours où les deux voitures ont monté et descendu normalement les pentes de la Butte. Est-ce un tel exploit que de funiculairer sur quelques dizaines de mètres? L'ancêtre doit bien rire, lui qui au début du siècle assurait sans problème sa petite bonne femme d'ascension! Et il le faisait de façon naturelle et écolo... Une cuve de 5m3 d'eau était installée sous le plancher de chaque cabine. Elle était remplie à la station haute, ce qui faisait descendre la cabine lestée et par contrepoids remonter l'autre... C'était lent mais il n'y avait jamais de panne!
Place des Abbesses, la station de Guimard s'est enracinée comme une plante carnivore qui avalerait et recracherait les voyageurs du métro. Les touristes aiment la photographier et ils ont bien raison. Mais ils ignorent qu'elle n'est pas née en cet endroit. C'est une exilée. Elle coulait des jours heureux Place de l'Hôtel de Ville. Elle se rappelle avoir vu passer les amoureux de Doisneau et elle n'a jamais dit qu'ils n'étaient pas de vrais amoureux, mais des figurants choisis par le photographe. Qui a trahi ce secret? En tout cas, elle fut chassée par la construction d'un parking dans les années catastrophiques pour Paris du règne pompidolien. Elle eut cependant plus de chance que les extraordinaires Pavillons des Halles de Baltard, envoyés à la casse pour de sordides raison de fric.
Mais ce qu'ignore peut-être la vedette de la Place des Abbesses, c'est qu'elle-même a pris la place d'un animal disparu. Un fauve qui n'a pas impressionné les fondeurs de statues et fut arraché de cette place où il tendait la patte vers les passants. Ne reste de lui qu'une carte postale et les jours d'orage un rugissement lointain...

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Publié le par chriswac
Publié dans : #WACRENIER


Je ne veux pas tenir un journal de ce voyage vers la nuit. Je veux dire seulement les choses et les partager peut-être avec un ami, une amie qui vit de tels moments...



Aujourd'hui il faisait beau sur le parc de Sceaux, sur le petit Château et sur les bassins. J'ai voulu passer par là pour respirer la nature, les fleurs que mon père aimait. J'ai regardé le Petit Château où la Duchesse du Maine (une sacrée bonne femme, je vous jure) élevait ses enfants et ses animaux favoris. J'ai découvert cette statue sur le bassin.


Drôle de petit personnage dont la tête est à moitié mangée par le ciel. serait-ce une allégorie du Mal d'Alzheimer, de cette destruction de la mémoire et de ce voyage à rebours vers l'innocence?



De l'autre côté de la rue, subsiste le bâtiment de la Manufacture que créa la fameuse Duchesse. C'est aujourd'hui un immeuble résidentiel à l'image BCBG de la ville. Mais à quelques pas de là, c'est la maison de retraite qui en a pris le nom : La Faïencerie. Est-ce parce qu'avec le temps on devient fragile et menacé comme ces objets du passé et que l'on perd peu à peu son décor et ses couleurs?

Le studio de mon père est grand ouvert. Chacun peut y entrer et fouiller dans ses tiroirs. Je trouve mon père à côté, dans le studio de sa vieille amie, ou plutôt de son amie vieille. Vieille comme lui à quelques mois près...


Je n'ai pas le courage de raconter en détail cette rencontre et le repas que nous avons partagé. J'en retiens deux interventions. Celle du Directeur d'abord, un homme toujours pressé et peu disponible qui pendant deux mois ne répondit jamais à mes questions répétées de savoir pourquoi il n'y avait plus de serrure à la porte de mon père. Aujourd'hui, il a le temps de venir à notre table. C'est à moi qu'il s'adresse comme si les vieux pensionnaires n'existaient pas. "Il faut que vous enleviez l'halogène qui est dans la chambre de votre père. C'est dangereux. Il le laisse allumé et ça peut mettre le feu à la maison. Il y a un magasin pas loin d'ici. Vous pouvez y aller pour acheter un lampadaire avec une ampoule normale ou même à basse consommation. Je compte sur vous." Voilà ! Il veut faire de mon père un écolo malgré lui. Mais ce n'est plus à lui qu'il parle, ce n'est plus lui qu'il regarde dans les yeux.


Pendant le repas, Mauricette me dit que les gens de la Résidence sont méchants. Ils racontent qu'ils ont vu mon père se promener nu dans les couloirs. Elle me dit qu'en fait, la veille, comme il faisait beau, ils avaient voulu s'installer tous les deux dans le jardin et que mon père avait enfilé un short.

Après le repas alors que nous attendions l'ascenseur, une petite femme énergique est venue vers nous. "Ce Monsieur prend le courrier qui ne lui est pas destiné. Quelqu'un l'a vu. Je monte avec vous pour vérifier. Elle s'impose dans l'ascenseur et se dirige droit vers le studio de mon père. Je la rattrape et lui dis qu'il n'est pas question qu'elle y entre.   Je vérifierai moi-même. Mauricette de son côté va dans son studio ramasser les enveloppes que mon père y aurait déposées le matin. Effectivement plusieurs sont adressées à d'autres résidents. La petite femme énergique triomphe. "Vous voyez? J'avais bien raison!" Je suis décontenancé et maladroit. Je lui demande d'être compréhensive et surtout de traiter mon père avec gentillesse. "Mais je suis gentille, demandez-lui, vous verrez"; Mon père est là, souriant. Il confirme. elle est gentille et même très gentille. elle s'éloigne satisfaite dans le couloir, comme remontée par une clef mécanique.


Moi je trouve que mon père est comme un enfant. Un enfant qui n'aurait rien d'agressif, rien de méchant en lui. Il ne joue plus le jeu de la représentation. Il est perdu, étonné et son regard quête l'amour. Il est vulnérable car il ne réplique plus aux attaques et aux calomnies. Quand il parle, c'est pour dire des choses douces, qu'il nous aime, qu'il a de la chance d'avoir de tels enfants, qu'il désire nous inviter à la Tour d'Argent!...

Quelle tendresse, quel dévouement, quelle patience sont aujourd'hui capables d'élever un rempart d'amour autour de lui et de le protéger des regards méprisants?

Lien : Mon père, la visite hebdomadaire  

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Publié le par chriswac
Publié dans : #MONTMARTRE. Rues et places.

Dimanche 15 mars, place des Abbesses, dans le petit square...  c'est l'anniversaire de notre mariage (16 ans déjà !) et nous nous promenons en amoureux dans ce Montmartre où un jour de mars très doux nous sommes allés à la mairie...

Le mur de l'amour dit "Je t'aime" dans toutes les langues... Comme si les mots étaient utiles entre ceux qui n'ont qu'à se regarder pour lire Le Cantique des Cantiques...

Le café sur la place. Les chaises au soleil sont chères... On y baille, on y écrit, on y parle, on regarde passer le monde entier...
Les amoureux..
Les enfants qui tournent avec la terre sur leur manège...

Les touristes qui s'asseoient sur un banc pour respirer Paris.
Nous rentrons par la rue d'Orsel où Nicole habita (au 49) et où je me suis réfugié quelques mois. Je ne résiste pas au plaisir photographier quelques boutiques dont les noms forment un poème surréaliste :





A l'angle de la rue d'Orsel et Dancourt la boutique de mode masculine a gardé le vieux décor peint du XIXème
Et l'agence immobilière expose des oeuvres fortes et angoissantes de Tessa Zerbib

Et comme aujourd'hui est un jour de soleil et de fête, nous passons par le square Louise Michel et envoyons des primevères à tous ceux que nous aimons, à tous ceux qui nous oublient, à tous ceux que nous oublions...

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