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Mes deux chattes adoptées au refuge des Pachats
Pour les Amoureux de Montmartre sans oublier les voyages lointains, l'île d'Oléron, les chats de tous les jours. Pour les amis inconnus et les poètes.
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Mes deux chattes adoptées au refuge des Pachats
Je suis repassé place St-Georges et j'ai découvert que le monument ravalé depuis peu était entouré de jets d'eau qui s'étaient colorés de rouge. Nous étions le 28 mai, dernier jour de la Semaine sanglante de 1871. J'ai cru qu'il s'agissait d'une commémoration qui rappelait les 30 000 morts de la résistance héroïque du peuple de Paris. Nous verrons qu'il n'en était rien!
Le monument est le principal ornement de cette place où opère le charme indéfinissable de Paris. Il est l'épicentre des immeubles qui l'entourent.... L'hôtel de Thiers, le théâtre où fut tourné "le dernier métro", l'hôtel où vécut en ses débuts parisiens la Païva.....
Ni Thiers, Adolphe de son prénom, ni la Païva ne le connurent puisqu'il ne fut édifié qu'en 1911 à la place d'une fontaine qui servait d'abreuvoir aux chevaux.
L'ancienne fontaine semblable à plusieurs autres installées pendant la Restauration datait de 1821. C'est lorsque fut construite la ligne de métro Nord-Sud et la station Saint-Georges qu'elle fut démontée.
Une pétition accompagnée d'une souscription demanda qu'on érigeât à sa place un monument à la gloire de Gavarni qui avait habité le quartier et illustré la vie parisienne d'alors.
Autoportrait. Gavarni.
Nous avons rencontré Gavarni dans ce blog! Il est plus que beaucoup d'artistes qui se réclament de Montmartre, un véritable amoureux de nos quartiers (et de ses belles passantes)!
La rue des Rosiers (Chevalier de la Barre) où habita Gavarni, aujourd'hui chevet du Sacré-coeur.
Rappelons qu'il est venu à 25 ans habiter au sommet de la Butte, rue des Rosiers, future rue du Chevalier de la Barre avant de choisir la rue Ravignan
Il aime alors croquer le petit peuple parisien avec une prédilection marquée pour les jolies grisettes du genre Mimi Pinson.
Il descend ensuite de la Butte pour s'installer 1 rue fontaine, non loin du monument qui lui rend hommage, puis rue Saint-Georges.
Malgré l'élégance de ses dessins de mode, il est un critique acerbe de la comédie humaine et s'il fréquente les salons, c'est pour mieux en dénoncer les hypocrisies. Il n'est pas surprenant qu'il soit ami des Goncourt qui lui consacreront une biographie.
Comme eux, il est un observateur de la société et consacre des recueils à ses acteurs. Les lorettes ont sa préférence et c'est avec une certaine tendresse qu'il les dessine.
Son monument rappelle aussi qu'il fut le "reporter" du Carnaval de Paris, une coutume ancienne et vivace qui ne disparut qu'en 1950.
Le décor sculpté représente des personnages de la fête : Pierrot, un débardeur, la mort avec sa faucille....
Quelques mots sur le Débardeur....
Il s'agit d'une femme qui pour l'occasion avait le droit de porter un pantalon masculin, ou débardeur (rien à voir avec le marcel actuel!). Il y avait une forte charge érotique dans ce travestissement exceptionnel.
(photos de 2021 et 2017)
On rencontre encore, détériorée par les vents d'ouest, la figure massive d'un personnage en haillons, le regard insistant, semblant apostropher le passant. Il est la face noire du carnaval, le vieillard habillé de haillons, à la fois bonhomme et menaçant. Il tient dans la main droite un bâton et au bout du bras gauche une faucille. Il évoque "la grande faucheuse" la mort grimaçante, toujours présente dans les carnavals.
On peut discerner encore la jeune modiste qui passe avec sa boîte dans un arrière plan qui disparaît peu à peu, grain à grain, avec l'usure de la pierre. Derrière elle se profile l'artiste, un peintre assurément, qui ressemble à Gavarni...
Au sommet de la colonne Gavarni lui-même est représenté, occupé à dessiner et à saisir au vol ses contemporains.
(photo 2017)
Quatre mascarons de bronze laissent couler de leur bouche entrouverte un mince filet d'eau claire les jours trop rares où la fontaine joue son rôle de fontaine.
La lorette y est à l'honneur, tournée vers la rue Notre-Dame de Lorette!
L'artiste bohême avec son chapeau de feutre...
Le mendiant quémandeur et menaçant
La mégère, hommasse et ronchonneuse... à la fois entremetteuse et espionne!
Les sculptures sont l'œuvre de Denys Puech (1854-1942) qui venu de son Aveyron natal où il gardait les moutons, se forma à son art avec tant de talent qu'il obtint prix et commandes officielles. Parmi ses nombreuses réalisations, retenons son monument à Leconte de Lisle dans le jardin du Luxembourg...
Oublions qu'en 1925 il sculpta sans que son ciseau ne fondît de réprobation Benito Mussolini!
Le buste inexpressif et verdâtre lui valut l'inimitié de ses contemporains!
Combien est plus poétique et sympathique le buste de Gavarni, cheveux au vent, belle gueule d'artiste libre, regard à la pointe sèche sur la société de son temps, ses injustices et ses hypocrisies....
Laissons-lui le dernier mot :
"Pourquoi mépriser les prostituées? Ce sont des femmes qui gagnent à être connues."
Mais non, je ne le lui laisse pas le dernier mot! J'ai commencé l'article en parlant des jets de sang qui jaillissaient le 28 mai autour de la colonne....
Nous savons que Montmartre avait été un épicentre de la résistance populaire... On dit que le puits des insurgés dans la rue où j'habite (rue André del Sarte) était rouge du sang des communards...
Je m'apprétais à publier des photos de cette "commémoration" quand j'ai remarqué une affichette qui informait qu'il s'agissait bien de sang mais de celui des règles menstruelles et que le 28 mai était la journée internationale de l'hygiène féminine! Quelle idée! Choisir le dernier jour de la Semaine sanglante et l'écrasement dans le sang de la Commune pour cette journée!
Qu'importe! Gavarni en haut de sa colonne continue de griffonner....
Nous reprenons notre visite de la rue Catherine de la Rochefoucauld avec le 32 où mourut en 1889, dans l'apparttement de sa soeur, Olivier Metra. Il fut l'un des compositeurs les plus populaires de son temps et ses valses étaient jouées dans tous les bals à la mode, notamment la célèbre valse des Roses, évoquée par Proust dans "Du côté de chez Swann".
Olivier Métra dirigea de nombreux bals : le bal Mabille, celui de l'Opéra Comique, des Folies Bergères et enfin de l'Opéra de Paris.
Le 33 est une des nombreuses adresses où Renoir a eu son atelier. L'immeuble fait l'angle avec la rue La Bruyère et c'est au 26 de cette dernière que la plaque commémorative a été apposée
Nombreuses sont les toiles peintes pendant cette période de presque 5 ans. Parmi elles plusieurs représentent son fils Jean....
Le Pierrot blanc
Le 37 est d'une laideur affligeante. Il s'est élevé à l'emplacement d'un vieil immeuble envoyé ad patres par les promoteurs et qui avait abrité dans un hangar sur cour le dernier cabaret créé par Maxime Lisbonne : le Casino des Contributions directes!
Le "colonel" Maxime Lisbonne (1839-1905) est un des personnages flamboyants de la Commune. Blessé sur la barricade de la rue Amelot pendant la Semaine Sanglante, il est amputé d'une jambe. Ce qui n'empêche pas les Versaillais de le torturer et de le condamner à Mort. La peine sera commuée en déportation et c'est à son retour en 1880 que Lisbonne se lance dans une vie active et engagée, dans le théâtre, le journalisme et la création de plusieurs cabarets, parmi lesquels "la Taverne du Bagne", "le Casino des concierges" ou "les Frites Révolutionnaires".
Le Casino des Contributions directes sera son dernier cabaret et il ne lui apportera pas la fortune! Ruiné, Maxime Lisbonne se retirera à la Ferté Allais où il tiendra un débit de tabac.
"Le citoyen Maxime Lisbonne, directeur du Casino des concierges, se rend dare-dare à l'Elysée pour se faire conférer par le Président, le Grand-Cordon-S'il-Vous-Plaît." (Caricature de Léandre)
Le 49, le café Matisse, bien tristounet en cette période de confinement, fut le café Laroche, abréviation de La Rochefoucauld, fréquenté par de nombreux peintres académiques prompts à dénigrer les nouvelles écoles. Henner ou Cormon en faisaient partie, comme d'autres de l'école de Barbizon (Harpignies).
Parfois quelques écrivains comme les Goncourt ou Maupassant s'y trouvaient à d'autres tables.
C'est encore en cet endroit que les peintres rencontraient leurs modèles parmi lesquels Ellen André tant appréciée de Manet ou Renoir.
Les Goncourt bien qu'ils n'aient pas dédaigné y passer quelques moments en observateurs, se moquèrent de ce "petit mauvais lieu fort bête fréquenté par des gens qui sont aux Lettres ce que sont les courtiers d'un journal au journal." Parmi ces courtiers il n'y avait pas moins que Baudelaire, Henri Murger ou Aurélien Scholl!
Au 58, le photographe Robert Jefferson Bingham (1824-1870) ouvrit son studio à son arrivée à Paris. Il fit de nombreuses photos des expositions universelles de 1851 et 1855 ainsi que des artistes de son temps.
Gérôme
Cabanel
Au 62 nous rencontrons un homme dont le nom, oralement peut prêter à confusion : Louis L'épine. Il ne s'agit pas du fameux préfet de police qui créa la Brigade Criminelle et le fameux concours Lépine....
Non, notre homme est Louis L'Epine (n'en déplaise à certains sites comme Paris Révolutionnaire), sculpteur de son état. Il est mentionné pour avoir produit des portraits en médaillon mais il n'a pas laissé d'oeuvres qui seraient suceptibles de lui assurer une miette d'éternité artistique. Même ces fameux médaillons sont quasi impossibles à dénicher. Pourtant celui qu'il fit d'Alfred Meyer, vétéran de la 1ère guerre et futur dignitaire du Parti Nazi devrait bien subsister quelque part entre Mein Kampf et les films de Lenny Riefenstahl! Je n'ai trouvé qu'une statuette de Joseph Osbach qui fut son maître...
Je mentionne le 64 parce qu'il est cité parfois (Paris révolutionnaire) pour avoir abrité, comme son collègue du 33, un des nombreux ateliers d'Auguste Renoir sans doute avant 1875. Il y serait resté peu de temps, si peu qu'aucune plaque commémorative ne viendra signaler son passage à cette adresse.
Pas de doute en revanche pour le 66, dernier immeuble de la rue La Rochefoucauld.
Un géant y a vécu à son retour d'exil : Victor Hugo. Nous sommes en 1871. Le poète va être frappé d'une terrible épreuve. Alors qu'il attend son fils Charles dans un café de Bordeaux, il voit arriver le fiacre et, à l'intérieur son fils mort. Charles avait été frappé d'apoplexie foudroyante.
C'est peu après cet événement terrible que Victor Hugo vient habiter rue La Rochefoucauld. Il loue le premier étage de l'hôtel Rousseau, idéalement situé dans ce quartier où il connaît de nombreux peintres et écrivains.
L'hôtel a été édifié par l'architecte Pierre Rousseau (1751-1829) pour lui-même. Habitant Paris, il désirait pouvoir se réfugier à la campagne, sur les pentes verdoyantes de Montmartre qui ne sera annexé à Paris que bien des années après sa mort.
L'architecte est connu pour quelques réalisations remarquables dont la moindre n'est certes pas l'hôtel de Salm, Palais de la légion d'honneur, chef d'oeuvre d'architecture de la fin du XVIIIème.
Plusieurs peintres auront leur atelier dans l'hôtel Rousseau. François Edouard Picot (1786-1868), peintre néo classique y vécut et y travailla. Il décora de fresques quelques églises et palais (Saint-Vincent de Paul, Saint Denys du Saint Sacrement, Versailles, le Louvre, le Luxembourg).
Après 1830, c'est Isabey qui occupa les lieux. Eugène Isabey (1803-1886) est le fils du célèbre miniaturiste Jean-Baptiste Isabey très apprécié sous l'Empire. On peut le classer parmi les romantiques tant il est attiré par les scènes de tempêtes, de ciels tourmentés, de naufrages dans une touche influencée par Delacroix.
Ce n'est pas un hasard s'il a pour élèves Boudin ou Jongkind et si dans ses dernières années, ayant abandonné l'huile pour l'aquarelle, il est avant-coureur de l'impressionnisme. On considère qu'il "découvrit" le site d'Etretat qui allait devenir un lieu chéri de l'Impressionnisme.
Revenons à Victor Hugo qui habita de 1871 à 1874 dans cet hôtel et qui s'y attela à l'écriture de deux de ses romans les plus impressionnants : "l'Année terrible" et "Quatrevingt-treize".
Evidemment la fidèle Juliette Drouet l'avait suivi toujours amoureuse et toujours aimée contre vents et marées...
Elle habitait presque en face, 55 rue Pigalle.
La rue La Rochefoucauld s'arrête là, non loin de la place Pigalle qui connut les barricades de la Commune, à proximité de la Butte où Louise Michel enseigna. Victor Hugo admirait cette Louise Michel qu'il appelait "ma chère fille" et avec laquelle il entreprit une correspondance suivie.
J'aime que ces deux-là soient liés à notre quartier.
Voilà une rue chargée d'histoire et d'histoires construite sur les terrains qui faisaient partie du quartier des Porcherons et qui porte le nom, non pas du célèbre auteur des maximes mais de Catherine de La Rochefoucauld, abbesse de Montmartre de 1737 à 1760.
Il y a peu, la mairie a décidé de compléter le nom de la rue avec le prénom afin que chacun sache que les rues de Rochechouart, de la Tour d'Auvergne et La Rochefoucauld évoquaient toutes trois des femmes...
Il y avait à son emplacement, comme le montre le plan Turgot, un sentier qualifié de ruelle et qui portait le nom de "ruelle de la Tour des Dames" (un des moulins de l'abbaye étant situé à cet endroit, à l'emplacement de l'hôtel de Lestapis). C'est en 1790 qu'elle reçoit son nom actuel.
Catherine de La Rochefoucauld fut nommée abbesse de Montmartre, titre prestigieux, par le roi Louis XV. Sa pierre tombale qui à l'origine était sur le sol a été disposée avec celles d'autres abbesses dans une chapelle de l'église Saint-Pierre, scellée contre le mur de pierres. Celle qui lui succèdera, Marie-Louise de Montmorency Laval sera la dernière abbesse, condamnée à mort par Fouquier-Tinville et bien que paralysée, sourde et aveugle, décapitée en 1794. La rue de Laval qui portait son nom sera à son tour décapitée puisqu'elle changera de nom pour devenir la rue Victor Massé en 1897.
Si l'on excepte les verrues modernes qui rompent l'harmonie de la rue, la plupart des immeubles sont beaux, construits en partie dans la première moitié du XIXème siècle et en partie dans la seconde et autour de 1900.
Au 5 un bel hôtel particulier abrita un temps Jean Richepin (1849-1926). En 1871-1872, il fait partie de la bohême parisienne et il est l'un des rares à avoir compris l'importance de Rimbaud. C'est lui qui sépare le poète et le photographe Carjat lors d'une rixe qui aurait pu mal tourner. Sa renommée de poète révolté et exalté date de 1876 avec la parution de son recueil le plus célèbre : La Chanson des Gueux. Avec le temps il s'assagira au point d'être élu en 1908 à l'Académie Française!
S'il est moins lu aujourd'hui, Georges Brassens lui a redonné un peu d'éclat en mettant en musique son poème (qu'il coupa en rondelles de saucisson) Les oiseaux de passage. Et c'est encore un de ses poèmes "L'épitaphe du lièvre" que récite le jeune Antoine Doisnel des 400 coups de Truffaut.
Une strophe et quelques citations de Richepin :
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"Amants, enlacez-vous d'une étreinte farouche!
Serrez à les broyer vos seins contre vos seins!
Comme un couple noué de serpents abyssins,
Collez-vous peau à peau, mordez-vous bouche à bouche!"
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"La vraie misère est celle des gens qu'on croit riches parce qu'ils n'ont pas le courage d'être pauvres."
"On est bien forcé de croire au doigt de Dieu quand on voit comme il se le met dans l'oeil"
"Si j'étais immortel j'inventerais la mort pour avoir du plaisir à vivre."
L'hôtel particulier du 6 fut pendant des années occupé par une des dames d'honneur de l'impératrice Eugénie, la baronne Charlotte de Sancy (1815-1877). On les appelait alors les Dames du Palais.
L'impératrice entourée de ses dames d'honneur. (Winterhalter)
L'hôtel de Madame de Sancy est racheté à la fin du siècle par un des principaux marchands d'art d'Europe, Charles Sedelmeyer (1834-1925). Il y annexe une somptueuse galerie où il expose les oeuvres qu'il propose à la vente. On lui doit la redécouverte de Rembrandt et la promotion d'artistes comme Turner.
Il n'a jamais quitté le quartier puisqu'il a été inhumé en 1925 dans le cimetière de Montmartre.
Le 7 est une entrée sur jardin de l'hôtel de Mlle Mars (1779-1847) qui donne rue de la Tour des Dames. On imagine mal la notoriété de cette actrice qui resta 40 ans à la Comédie Française et fut à ses débuts l'artiste préférée de Napoléon.
Surnommée "le Diamant" pour sa diction impeccable et nette, elle eut de célèbres admirateurs, comme Stendhal qui la trouvait "divine" et fermait les yeux au théâtre quand l'émotion se faisait trop forte et qu'il avait "peur de tomber amoureux".
Il y eut à l'emplacement du 12 un petit hôtel particulier dans lequel vécut Jean-Baptiste Pigalle pendant les trois dernières années de sa vie, de 1782 en 1785.
Il vivait non loin de là, dans la rue qui porte aujourd'hui son nom, à l'emplacement de l'immeuble du n° 1.
Son grand succès lui fut assuré par la protection de Mme de Pompadour qui lui procura de nombreuses commandes d'aristocrates voulant,dans le marbre, garantir leur éternité. Voltaire n'avait pas besoin de ce passeport mais il fut pourtant sculpté lui aussi par Pigalle.
Il est enterré dans le vieux cimetière du Calvaire de l'église Saint-Pierre de Montmartre (qui possède un Christ en croix du sculpteur). Il en est l'habitant le plus célèbre.
Le 14 est l'immeuble le plus connu de la rue et le plus intéressant. Il s'agit de la maison de Gustave Moreau (1826-1898).
Gustave moreau est un immense peintre, considéré comme l'initiateur du symbolisme pictural. Sa maison qui est restée telle qu'elle était quand il mourut d'un cancer de l'estomac à 72 ans est un des lieux les plus "habités" du quartier et un enchantement assuré.
On y rencontre quelques uns des chefs d'oeuvre du peintre. Son univers sensuel et pervers à la fois dans lequel la femme est le plus souvent maléfique, ses décors à la fois esquisses et détails...
Gustave Moreau est enterré au cimetière de Montmartre mais c'est ici, 14 rue de La Rochefoucauld que vous le rencontrerez, vivant et créateur.
Le 17 dont la façade ne paie pas de mine mais qui donnait sur une cour et un hôtel particulier a vu passer dans ses murs quelques gloires du XIXème siècle.
Commençons par Jacques Halévy (1799-1862) qui écrivit de nombreux opéras parmi lesquels son grand succès : La Juive.
Toujours sensible à la situation difficile des minorités, il aime mettre en scène dans ses opéras ces êtres poursuivis pour leur origine ou leur foi (Juifs, Protestants). Son librettiste est souvent Scribe.
On imagine mal l'aura de ce compositeur qui eut pour élève Gounod, Bizet, Saint-Saens...
Rappelons que sa fille Geneviève épousera Bizet et vivra avec lui un peu plus haut, dans le bel hôtel que son oncle Léon halévy avait fait construire.
Le peintre Millet habita également le 17 en 1864 comme Cabanel et plus tard (1867) Gounod.
Le 18 a été construit en 1930, dans le style art-déco, par les architectes Julien et Duhayon qui étaient alors très recherchés par une clientèle aisée et "moderne". On leur doit de nombreux immeubles dans les beaux quartiers (avenue Montaigne, Champs-Elysées, boulevard Haussmann, quartier Monceau...)
Le Royal Monceau (Julien-Duhayon)
Arrêtons-nous devant le 25 et saluons celui qui y mourut après avoir écrit des poèmes et surtout après avoir trouvé pour ce quartier le nom qui allait lui rester et sous lequel nous le connaissons encore aujourd'hui : La Nouvelle Athènes.
Il s'agit d'Adolphe Dureau de la Malle (1777-1807), poète et géographe érudit, traducteur de Dante, dont le père Jean-Baptiste était lui aussi érudit et poète, traducteur des poètes latin. On le connaît aujourd'hui surtout pour cette métaphore du nouveau quartier, apprécié des artistes et où nous continuons de nous émerveiller de rencontrer tant de gloires du XIXème siècle, dont la moindre ne fut pas Victor Hugo de retour d'exil.
Nous nous arrêtons devant cette pelle Stark qui rappelle au passant l'origine de "la Nouvelle Athènes". Nous reprendrons demain la balade dans cette rue où nous attendent Renoir, Olivier Métra, Victor Hugo! Terminons par quelques vers d'Adolphe Dureau de la Malle, un peu fastidieux et convenus mais soucieux de la rime et des règles de versification!
Il s'adresse aux glaciers des Pyrénées en partie disparus aujourd'hui :
"C'est vous qui nourrissez ces cascades fameuses
Où le torrent se courbe en voûtes écumeuses,
Roule en flocons de neige ou s'élance par bonds,
Court jaillit rejaillit sur la pente des monts,
Et s'ouvrant dans les airs des routes inconnues,
En des gouffres sans fond tombe du haut des nues."
Impossible de la manquer cette fresque à l'angle des rues Germain Pilon ( où vécurent Bernard Dimey, Pierre Etex) et Véron (Henry Murger) dans ce Montmartre créatif et insolent.
Elle nous saute à la figure avec ses trois couleurs qui sont celles d'un sinistre drapeau noir, rouge et blanc. Mais ce n'est pas la croix gammée qui l'orne, c'est un virus qui remplace la "race" par l'âge et qui veut exterminer les plus vulnérables!
Elle est signée d'un seul nom qui en réunit deux : Titomulk.
Les deux artistes créent de concert des fresques qui nous parlent de notre temps. Leur style apparemment brouillon, touffu, excessif, tropical est en réalité parfaitement ordonné. Leur création se donne (même si comparaison ne saurait être raison) comme certaines fresques de la Renaissance où tout d'abord s'imposent quelques figures et où lorsqu'on y prête une plus grande attention se révèlent une richesse de détails, de figurants, de décors qui se coordonnent et se complètent.
Le mur de Montmartre est bien dans leur style entre bédé et profusion psychédélique. Mais ne nous y trompons pas il y a dans le propos et la composition apparemment brouillonne une grande rigueur et de la suite dans les idées!
La figure qui domine est celle de l'anti-héros qui terrifie le monde, Super Covid, musculeux et écrasant avec sa tête de virus et son corps armé de tentacules.
Le héros est une héroïne, une infirmière super warrior prête au combat. Elle est lourdement armée de lance-seringues, la seule arme capable de vaincre le monstre!
Le combat se déroule sur un fond qui raconte l'histoire....
Le pauvre pangolin injustement accusé de tous les maux et coupable d'être bouffé par les Chinois...
Raoult qui aurait aimé être le sauveur de l'humanité grâce à sa potion magique et qui est rappelé à plus d'humilité. Cool Raoult!
L'OMS Tournesol qui mène l'enquête à Wuhan avec la liberté que l'on sait!
Oyez bonnes gens, tous les conseils vous sont donnés pour faire barrage au monstre pustuleux!
Le gel hydro alcoolique....
Les gestes barrières et le lavage des mains...
Les apéros par écran interposé (tristounet)
Et l'espoir qui, prend la forme d'un projectile vigoureux et décidé à exterminer l'exterminateur! Sans risque d'effets collatéraux!
Titomulk remercient les Montmartrois de leur accueil et du respect de leur travail effectué le 4 février.
Hélas il y a des travaux dans le quartier pour renouveler des canalisations et un camion qui n'était pas conduit par un super héros a défoncé une partie du mur, détruisant un côté de la fresque (côté rue Germain Pilon) un mois après sa création.
Dommage car elle est un bel exemple de pédagogie engagée et imaginative plus efficace sans doute que les lénifiants et contradictoires propos officiels.
On se consolera en regardant une autre création de Titomulk dans la rue Pilon, à 50 mètres du mur agressé!
Le 3 mai je suis repassé par là et miracle! les dégâts avaient été réparés et Titomulk en avaient profité pour apporter quelques nouveautés à leur fresque!
Les variants qui avaient fait leur apparition après l'inauguration de la fresque, y ont trouvé leur place. : l'anglais, le sud-africain, le brésilien.... (espérons qu'il n'y aura pas besoin d'attendre une nouvelle dégradation du mur pour voir débouler le variant indien!)
Un nouvel "évènement" est évoqué avec Pierre-Jean Chalençon et ses privés auxquels "auraient participé des ministres". Vite revenu sur ses allégations, le mondain ridicule mérite bien cette caricature!
Le jeune Simpson est heureux de ne pas être enfermé entre quatre murs scolaire
Et la fresque continue d'égayer, d'amuser, d'intéresser, d'interroger.... dans un Montmartre qui jadis aimait plaisanter et provoquer. Il faut croire que ce Montmartre n'est pas mort...
1er avril. Marches du Sacré-Coeur. Ce n'est pas un poisson mais un chat d'avril. Il est à poil. C'est un sphynx. Je me suis inquiété de le voir en plein soleil mais son maître m'a dit qu'il l'avait enduit de crème solaire.
2 avril. Méditation. (Square louise Michel)
3 avril, le peintre rentre chez lui après avoir posé son chevalet rue Norvins à l'entrée de la place du Tertre qui prend avec cette esquisse un petit air maritime!
4 avril. Jour de Pâques. Un oeuf de Pâques rue Caulaincourt!
5 avril. Jouer au foot avec le passe-muraille pour gardien. Place Marcel Aymé.
Le 6 avril. Dans Montmartre désert on n'entend plus que le pas des chevaux.
Le 7 avril. Jouer, danser, place Emile Goudeau.
8 avril. Un cliché bleu blanc rose!
9 avril. Montmartre déserté un vendredi soir! La rue de l'abreuvoir.
10 avril. Le seul rayon de soleil de la journée!
11 avril. Le masque qui gratte!
12 avril. La femme de Zorro lit un bouquin square Nadar.
13 avril. C'est que ça grandit vite à cet âge!
14 avril. Passage Briare. Juste assez large pour grand-mère, deux enfants et un chien!
15 avril. La leçon de musique. Place Blanche.
16 avril. Amour en noir et blanc square louise Michel.
17 avril. Chats perchés place du Calvaire.
18 avril. Une peluche?
19 avril. L'offrande au soleil!
20 avril. la dernière plage à la mode. (square Bleustein-Blanchet, dit de la Turlure, rue de la Bonne.)
21 avril. La horde sauvage rue Paul Albert.
22 avril. Il neige des pétales de fleurs. (place Marcel Aymé)
24 avril. Le trottoir où l'on bronze. (Haut rue Paul Albert)
25 avril. Les escaliers où l'on s'aime.
26 avril. Flower power. (Square Louise Michel).
27 avril. Les marronniers du square d'Anvers.
28 avril. L'Elysée Montmartre.
29 avril. La sortie du chat.
30 avril. Avant le couvre-feu. Square Nadar.