Missou dan un jardin de
l'Ardèche.
Je n'ai d'elle que quelques mauvaises photos. Elle est venue dans ma vie comme un ange. Elle m'a redonné le goût d'exister et je l'aimerai jusqu'au Paradis.
Un jour de printemps, un jour gris sur paris, je me sentais si las, survivant d'un amour catastrophe qui me laissait sur le trottoir, comme un mendiant sans espérance...
j'avais été spolié, humilié, rejeté et mon vieux chat, mon compagnon, en était mort après quelques jours de terribles souffrances.
Je ne sais ce qui, ce jour-là m'a guidé vers le refuge de Gennevilliers.
Missou à Montmartre. On voit déjà son ventre déformé par le
cancer.
Je l'ai vue, à l'écart, dans la grande pièce où sont réunis les chats en attente d'adoption. Elle était allongée sur une bûche et faisait semblant de ne rien voir. Un bout de
langue rose sortait de sa bouche. C'est ce bout de langue qui m'a attiré. C'était drôle et touchant. Abandonné et pas sérieux.
J'ai caressé la tête bigarrée. Aussitôt, un ronronnement incroyable s'est mis en route. Un de ces ronronnements à vous taper dans les oreilles comme des milliers de cigales.
Tout geste de tendresse, tout regard bienveillant, je m'en rendrais compte un peu plus tard, déclencherait chez cette chatte ce ronronnement extravagant. Cet hymne au bonheur.
Missou comme chez elle dans les rues de Montguers dans la Drôme.
Je lai adoptée. elle avait une fiche d'abandon. elle s'appelait alors Pirouette. Je l'ai baptisée Missou.Je l'ai ramenée dans mon petit deux pièces sous les toits. Elle en a pris
possession sans hésiter. Elle en a fait sa demeure. Elle y a mis sa joie de vivre et son indolence.
Spectatrice de tous les repas. Ici en Bretagne.
Mais elle était de santé précaire. Je m'en rendrais vite compte. Sa mauvaise haleine m'a fait comprendre pourquoi elle laissait dépasser sa langue. Ses dents étaient
pourries. Le vétérinaire consulté m'a conseillé de la piquer. Il m'a dit qu'elle était en si mauvais état que je risquais de me ruiner pour rien. Je ne l'ai pas écouté. Elle a vécu huit ans.
Elle a été débarrassée de ses vieilles dents. Elle n'en a pas gardé une seule! Mais ça ne l'a jamais empêché de dévorer. Elle avait un appétit étonnant. Evidemment, je
m'arrangeais pour lui préparer des mets onctueux qui ne nécessitaient aucun masticage... Elle adorait les asperges. Les olives dénoyautées la rendaient folle.
Sur sa chaise préférée dans la cuisine, près du
frigo.
Je n'ai cessé de la soigner. Après les dents, un coryza et des problèmes respiratoires. Il fallait tenir sa cage d'osier au-dessus d'une eau bouillante où mijotaient des
herbes... Jamais elle ne s'est plainte. Elle acceptait tout. Les pilules, les suppositoires, les traitements.
Quelle leçon! Moi qui avais un tel dégoût de vivre, moi qui ressassais sans cesse mes malheurs, je la voyais, amoureuse de la vie malgré souffrances et abandons.
Elle aimait tout le monde. Elle aimait tous les animaux. Quand elle a vu la chienne de ma mère, une rescapée des horreurs libanaises, elle l'a léchée. elle s'est pelotonnée
contre elle. La chienne qui poursuivait tous les chats est devenue son amie. Elle chassait tout intrus qui la menaçait.
Photo-montage devant un mur
peint à Oléron.
Quelques anecdotes.
Mon père n'aime pas les chats. Un jour dans sa maison d'Oléron, il pleurait, assis dans le canapé. Je suis resté immobile en surprenant Missou qui sautait sur ses genoux, se dressait
sur ses pattes et lui léchait les yeux. Il s'est laissé faire. il a cessé de pleurer, il a refermé les bras sur elle. Elle a blotti sa petite tête sur son cou, en la remuant doucement.
j'entendais de loin le fameux ronronnement. Je suis parti sur la pointe des pieds quand j'ai vu sourire mon père.
Un été, nous avions loué une maison au nord d'Oléron. Missou qui ne craignait personne sortait à l'aventure. Le voisin, vers la fin des vacances, m'a dit que tous les jours,
elle entrait dans sa villa, montait les escaliers, entrait dans la salle de bains qu'il laissait ouverte et le regardait prendre sa douche. Elle a bon goût car le voisin en question était très
beau garçon!
Photo-montage dans la Baie
d'Along.
Quand je l'emmenais en voiture, elle se couchait sur ma jambe gauche et n'en bougeait plus de tout le voyage. Elle pouvait ronronner pendant des heures. Quand nous arrivions, elle se
dressait sur ses pattes pour me mordiller l'oreille, comme pour me féliciter de ma bonne conduite.
Je l'ai peinte sur les genoux de
Nicole....
Quand, quelques années plus tard, j'ai ramené à la maison Titiche, la petite chatte des terrains vagues qui s'était attachée à moi au point de s'installer dans la cour de mon collège
de Saint-Denis et de m'attendre devant la vitre de la salle des profs, Missou lui a fait fête.
Elle l'a accueillie beaucoup mieux qu'elle n'a accueilli ma femme. Le jour de mon mariage, elle a commencé à pisser sur le lit, là où l'intruse venait dormir. Il m'a fallu
beaucoup de patience et de pédagogie pour l'en guérir.
Toujours
avec Nicole, sur la plage...
Et puis Missou a eu un cancer de la chaîne mammaire. Elle a été opérée. Elle n'a cessé d'être douceur et joie malgré ses bandages et l'entrave qu'ils représentaient.
Elle était apparemment guérie quand le cancer est revenu, plus vorace et foudroyant. Il a fallu l'euthanasier.
Le jour de sa mort, je l'ai peinte au-dessus d'une poutre, accueillie par les anges-chats...
Je pense à elle très souvent. Quand je me décourage ou que l'envie de me plaindre me reprend. Je pense à son simple courage de vivre, à son bonheur de rencontrer d'autres animaux, à
l'accueil qu'elle faisait à chacun...
Elle dort dans un beau jardin et je suis sûr qu'elle ronronne quand s'approchent d'elles les chats recueillis par mon frère Bruno.
Elle est ici sur son fauteuil et dans le ciel, ronronnent Tio Tio et Cali qui l'ont
précédée...
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