Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Montmartre secret

Montmartre secret

Pour les Amoureux de Montmartre sans oublier les voyages lointains, l'île d'Oléron, les chats de tous les jours. Pour les amis inconnus et les poètes.

montmartre peintres.artistes.clebrites

Publié le par chriswac
Publié dans : #MONTMARTRE Monuments. Cabarets. Lieux, #MONTMARTRE Peintres.Artistes.Clébrités
Hôpital Bretonneau peinture de Raymond Koenig

Ce n'est par par plaisir que l'on se rend à l'hôpital, tout Bretonneau qu'il soit, malgré les quelques pieds de vigne qu'il abrite fièrement.

Hôpital Bretonneau peinture de Raymond Koenig

Dans ce quartier dans lequel ne se comptaient pas les ateliers d'artistes, l'hôpital a voulu en honorer quelques uns en donnant leur nom aux différents services : Caillebotte, Picasso, Vallotton, Berthe Morisot etc...

C'est en rendant visite à une amie à l'étage Vallotton que j'ai eu l'occasion de découvrir dans la salle qui jouxte la cafétéria une immense toile signée Raymond Koenig

 

Elle porte cette dédicace : "à l'hôpital Bretonneau, service du docteur Pozzi. J.Raymond Koenig.

 

Ne connaissant rien de ce peintre, je me suis empressé d'effectuer quelques pianotages informatiques et j'ai découvert que cet Alsacien d'origine avait vécu de 1872 à 1966 et qu'il avait étudié la peinture dans l'atelier de L.O. Merson, celui là même à qui nous devons la spectaculaire mosaïque du Sacré-Cœur.

 

Il s'illustra (j'adore ce verbe lorsqu'il évoque un peintre) en posant son chevalet dans les paysages qu'il aimait, ceux de la côte bretonne et de la côte normande.

 

Sans oublier le voyage initiatique à Venise qui lui inspira quelques toiles.

 

Il s'essaya aussi à l'art du portrait, privilégiant les enfants comme dans ce portrait de Christiane qui semble inspiré de Renoir

 

S'il fallait le rattacher à un mouvement pictural, ce serait sans doute à l'impressionnisme dont il est un représentant doué mais quelque peu suiveur.

D'où ma surprise en étudiant de plus près son immense toile (5 mètres de long) de Bretonneau qui me semble proche de Puvis de Chavannes et du Symbolisme.

 

Un paysage d'eau et de rochers roses évoque le lent écoulement d'une rivière qui se jette à la mer. Le passage du temps qui fuit,... 

Un oiseau rose s'immobilise au-dessus des jeunes femmes. Il n'est pas sans évoquer la colombe qui plane au-dessus des eaux lors de la création du monde, celle dans laquelle s'incarne l'Esprit Saint.

Il s'agit cependant d'un flamant rose comme ceux qui se regroupent à la droite de la toile dans la partie plus étroite qui permettait des deux côtés l'ouverture de portes.

Une fois encore l'immobile et le mouvement sont là, dans ces oiseaux paisibles paressant dans l'eau qui à cet endroit ressemble à un lac. Ces oiseaux qui le jour venu seront les oiseaux du voyage, du départ, de la migration vers d'autres cieux.

En arrière, plus loin que cette clairière paisible, là où les vagues rompent le silence et l'immobilité, un voilier blanc passe, les voiles déjà gonflées par le vent du voyage.

 

Un autre bateau à la voile rouge comme ceux que Koenig a peints en Bretagne prend la même direction que le voilier blanc

Mais il semble arrêté par le rivage et par les herbes.

Dans ce paysage dont le premier plan est comme figé, sans mouvement, deux jeunes femmes sont étendues. La première est endormie, la main sur le ventre. Rien ne vient troubler son sommeil. Est-elle fatiguée, est-elle morte? Est-elle malade? 

Ses cheveux sont épars, sa robe floue comme un drap. A ses côtés appuyée sur un bras qui est comme suspendu dans l'air, la deuxième jeune femme a le visage sérieux, les yeux bien ouverts, la coiffure impeccable.

Elle veille, elle regarde vers nous comme pour nous tenir à distance.

La toile conservera son mystère.

N'oublions pas qu'elle est peinte pendant le séjour de Koenig à l'hôpital. Cette période de parenthèse entre vie et mort, entre immobilité et mouvement.

Le paysage de lac et rivière avec ses oiseaux évoquerait les jours où la vie et le mouvement sont de l'autre côté, là où les gens vivent normalement, où les vagues frappent les rochers, où le vent fait voyager les voiliers.

Moment de veille, temps suspendu... Comme se figent les heures quand on est à l'écart derrière les murs de l'hôpital. 

Moment de paix et d'espoir comme le suggère le flamant rose qui plane au-dessus du couple! Comme le montre le visage attentif de la compagne qui veille et attend que l'autre se réveille et ouvre les yeux sur la vie en mouvement. Ou bien sur une autre vie paisible, silencieuse dans un paysage de fleurs, d'oiseaux, de lacs que d'aucuns appellent le Paradis. 

Voir les commentaires

Publié le par chriswac
Publié dans : #album, #MONTMARTRE Peintres.Artistes.Clébrités
Rue Cortot sous la neige (Lépine)

Rue Cortot sous la neige (Lépine)

Ils sont peu nombreux les peintres qui avant que Montmartre ne se métamorphosât peu à peu en quartier à la mode, ont vécu dans le vieux village, connu ses rues boueuses, ses maisons modestes.

Stanislas Lépine est l'un de ceux-là.  

                                                          

 

Ce Montmartrois d'adoption est né Normand, à Caen, en 1835. Il commence à dessiner très jeune, attiré par les ports et les rivages de sa province. Toute sa vie il reviendra à ces amours et sera attiré par les lumières de la mer et des rivières.

                                                          Le port d'Ouistreham (Lépine)

Etudier son œuvre et lui rendre la place qu'elle mérite, exigerait beaucoup de temps et d'énergie, voilà pourquoi dans ce modeste article sur un blog dédié à Montmartre, nous ne nous intéresserons qu'à ses toiles peintes sur la Butte.

                                           Rue Cortot (Lépine) faussement nommée par le marchand rue St Vincent

Il a 20 ans quand il arrive à Paris. Il ne possède pas de fortune, venant d'un milieu d'artisans modestes. Il n'est pas envisageable pour lui de payer les cours dans l'atelier d'un maître. Il se forme seul, passe du temps à dessiner au Louvre.

Pour se loger, il recherche un quartier aux loyers abordables. C'est à Montmartre qui ne fait pas encore partie de Paris qu'il s'installe et c'est là qu'il vivra jusqu'à sa mort en 1892. Trente-sept ans de vie montmartroise! 

 

 

Il vécut tout d'abord 20 chaussée Clignancourt (aujourd'hui rue de Clignancourt). Il y resta 19 ans jusqu'en 1874.

(La rue des Rosiers à l'époque de Lépine, avant sa destruction pour le chantier de la basilique. C'est aujourd'hui la rue du Chevalier de La Barre.)

Il monta ensuite jusqu'à la rue des Rosiers (Chevalier de La Barre) puis 40 rue de la Fontenelle jusqu'en 1888.

                                                  La rue de la Fontenelle (Stanislas Lépine)

Il habite une petite maison villageoise de cette rue qui a été renommée Chevalier de La Barre. 

                                          La Fontenelle. Aujourd'hui Chevalier de La Barre)

Nous savons qu'il loua une petite chambre-atelier  plus bas, 38 rue Milton, afin de ne pas occuper trop de place dans son dernier logement, un petit appartement, 18 rue de Clignancourt. C'est là qu'il mourut en 1892. Humble adresse d'un homme modeste capable d'exprimer son admiration tout en trouvant naturel d'en recevoir si peu. 

Peu de temps après son arrivée, il épouse son amie d'enfance Marie Odile Dodin. Ils forment tous les deux un couple aimant. "Nous étions mon mari et moi, bien avant notre mariage, deux vieux amis: j'avais six ans  et lui onze; ma mère était sa marraine; nos deux vies ne furent qu'une seule destinée"

Deux enfants naquirent de leur union, Marie Louise en 1867 et Emile Louis en 1878.

                                           Emile Louis Lépine peint par Stanislas Lépine

Il y eut sans doute un troisième qui mourut en bas âge et dont on ne trouve aucune trace dans les archives dont une partie fut détruite pendant les bombardements de Caen.

Rue des Saules (partie entre rue Féval et rue St Vincent. A droite le cimetière, en haut à gauche l'emplacement du Lapin Agile)

Il menait une vie simple et ne fréquentait pas les lieux à la mode. On ne le voit pas dans les cafés où se réunissaient peintres et poètes, à une exception près. Cette exception c'est "Le Bon Bock" qui existe toujours et qui est resté dans son jus.

                                                       Le Bon Bock 2 rue Dancourt

C'est là qu'il participa à des réunions informelles avec des peintres-amis parmi lesquels Sisley ou Eugène Boudin.

Emplacement de l'actuel square Louise Michel avant la construction de la basilique.

Emplacement de l'actuel square Louise Michel avant la construction de la basilique.

Stanislas Lépine peintre de Montmartre.

Ainsi sommes nous en présence d'un peintre plus Montmartrois que la plupart des peintres. Un artiste qui aima la Butte, loin des quartiers à la mode, qui apprécia la tranquillité et la vie simple d'alors.

                               Rue des Saules (entre St Vincent et Norvins)

Il ne vécut pas assez longtemps pour assister à la destruction systématique des vieilles rues qu'il aima peindre. C'est en partie grâce à lui que nous en avons la mémoire même si au fil du temps les galeristes ont prêté à ses tableaux des noms fantaisistes. C'est ainsi, par exemple, que de nombreuses toiles portent à tort le nom de "Rue St Vincent" alors qu'elles représentent la rue Cortot. 

Rue des Saules

Rue des Saules

Il aime peindre les rues calmes, souvent désertes.

                                                         Rue de l'Abreuvoir

Dans les dernières années, il représentera quelques rares passants, une lingère, une religieuse, des enfants. Mais comme Corot il préfère les "paysages" urbains sans passants.

                                                    La rue du Mont Cenis la nuit

Autodidacte, il travaille avec obstination, passant une partie de son temps à copier les maîtres.

                                                                 Moulin de la Galette (Corot)

Il éprouve une grande admiration pour Corot qu'il a l'occasion de rencontrer et qui ému par la passion et par l'humilité du peintre lui donne quelques leçons et lui prête quelques unes de ses oeuvres afin qu'il puisse les copier.

                                                Rue Cortot (Stanislas Lépine)

Il n'est pas étonnant de retrouver chez Lépine quelque chose de la douceur et de la transparence de Corot qui lui aurait confié qu'un paysagiste comme lui "pourrait faire des chefs d'œuvre sur les Buttes Montmartre."

Nous connaissons une cinquantaine de ses toiles représentant Montmartre. Elles sont précieuses pour les amoureux de La Butte. Elles ne témoignent pas du Montmartre des fêtes et des bals mais de celui des ruelles, des murs, des cours, du village qui survit alors que Paris s'apprête à l'annexer! 

Parmi les rencontres importantes que fit Stanislas Lépine, outre Corot, il convient de mentionner Fantin-Latour qui devint un ami fidèle et qui à plusieurs reprises, notamment lorsqu'il fallait déménager et trouver un nouveau logement, n'hésita pas à l'aider financièrement.

Une autre rencontre décisive qui lui permit de continuer à peindre sans avoir à s'épuiser dans de petits boulots de survie, fut celle du Comte Doria qui devint son protecteur.

Armand Doria est un de ces mécènes dont on oublie le nom alors qu'il eut une influence décisive par la fortune qu'il consacra à acheter à des peintres méconnus ou raillés des toiles qui les firent connaître.

Il eut une admiration profonde pour Corot en un temps où il était décrié. Il acquit 69 toiles du peintre. Homme de goût qui se réfugia après le décès de sa femme dans la quête du beau et du nouveau, il était attentif et généreux. C'est lui qui tira Jongkind de la misère.

Il aida Lépine en lui achetant ses toiles et en l'hébergeant dans son château d'Orrouy.

                                     

              Acquis par Doria, "Campanie romaine avec aqueduc claudien" de Monet

Mais alors que le compagnonnage de Lépine avec les Impressionnistes fut court, entravé par l'atmosphère de scandale qui les entourait et ne convenait pas à l'homme effacé et modeste qu'il était, Doria n'hésita pas à les soutenir. Il sera de même un des premiers acheteurs de Cézanne.

Il est avec Corot et Fantin-Latour un de ces trois amis qui surent donner un peu de confiance à Stanislas Lépine et lui montrer concrètement  leur amitié.

                                                              Rue Norvins (Lépine)

Certes Lépine reçut quelques prix mais ils furent toujours modestes, comme cette mention honorable au Salon des Artistes Français (il y participe de 1881 à 1889).

 

C'est dans son petit appartement qu'il meurt en 1892.

Ses obsèques ont lieu dans la vieille église de Montmartre. L'enterrement dans une concession provisoire du cimetière de Saint-Ouen, loin de celui de Montmartre où repose son compatriote normand Eugène Boudin.

 

Aujourd'hui le musée de Montmartre expose quelques unes de ses œuvres. Elles sont précieuses pour tous les amoureux de Montmartre. Elles nous donnent des images de ce qu'était le village.

Dans les rues passent quelques religieuses, quelques porteuses de pain, quelques nourrices, quelques lingères.

Un chien parfois les traverse ou bien un chat, ou encore des chevaux de trait. Ces animaux silencieux et fidèles que le peintre aimait dessiner.

 

 

Il est de tous le peintres qui vécurent à Montmartre celui qui l'a le plus peint et le plus aimé. Il est de nos jours bien oublié et pourtant, en partie grâce à lui, le vieux village, lui, ne le sera jamais. 

 

Voir les commentaires

Publié le par chriswac
Publié dans : #MONTMARTRE Peintres.Artistes.Clébrités, #MONTMARTRE. Rues et places.
Autoportrait

Autoportrait

Demetrios Galanis rue Cortot. Montmartre.

Nous devrions connaître son nom pour trois raisons dont chacune suffirait à justifier cette mémoire.

                                                      Portrait de Mlle Schwartz à l'Opéra (1910)

Premièrement il est un peintre de grand talent. Celui dont Malraux écrivait qu'il était "capable de provoquer des émotions semblables à celles de Giotto". Quel rapprochement! quel hommage! Il fut d'ailleurs le premier peintre auquel l'écrivain consacra une étude. L'amitié entre les deux hommes ne se démentit jamais.

                                                                            Rue Cortot

Deuxièmement, dans tout cet essaim d'artistes de talent et parfois de génie qui vécurent à Montmartre,  il est le seul Grec!

Appartement et atelier de Galanis rue Cortot

Appartement et atelier de Galanis rue Cortot

                                                       

Troisièmement il est de tous ceux-là le plus fidèle à Montmartre, le seul qui vécut au cœur de la Butte, 12 rue Cortot pendant plus d'un demi siècle! De 1910 à 1966!

 

Il eut donc l'occasion d'avoir pour co-locataires célèbres Francisque Poulbot pendant une année en 1911 ... 

                                                          Poulbot. Musée de Montmartre.

Emile Bernard de 1910 à 1912 (ce dernier y a vécu de 1906 à 1912....)

 

Et enfin "Le trio infernal" Valadon, Utrillo, Utter de 1911 à 1925.

Après le départ d'Utrillo et de Valadon, Uter restera son voisin et habitera rue Cortot jusqu'en 1948.

Galanis est né dans l'île d'Eubée en 1879. Doué pour le dessin et la peinture il débarque à Paris à 21 ans pour suivre les cours de Fernand Cormon à l'Ecole des Beaux Arts.

  Cormon est très lié à notre Montmartre puisqu'il ouvrit un premier atelier 10 rue Constance et un second 104 boulevard de Clichy où passeront Lautrec et Emile Bernard entre autres. 

Nous connaissons ce bon peintre académique pour ses sujets bibliques ou historiques et notamment la fameuse "fuite de Caïn" (musée d'Orsay)

Galanis en même temps qu'il étudie, collabore à quelques journaux satiriques comme l'Assiette au beurre, le Gil Blas, le Rire...

                                                            L'Assiette au Beurre (Galanis)

                                             Elle : "Trois louis! .... Tu le prends donc pour un mendiant? ...

                                             "Les femmes sont des fleurs mon ami, il faut les arroser."

Dès 1904 il participe à des salons et se lie d'amitié avec des artistes qui l'apprécient (Matisse, Derain, Maillol). Son style s'affirme alors avec son sens des volumes qui ne cherche pas à copier le réel mais le rattache aux peintres primitifs.

                                                                                Cabaret (1910)

En 1912 il s'associe au mouvement cubiste et participe à des expositions. Mais il n'est pas homme à s'enfermer dans un mouvement ou une école. Son cubisme reste empreint de classicisme et de spiritualité.

Il aime peindre des paysages et des natures mortes. Pendant la guerre il s'engage dans la Légion, ce qui lui vaudra sa naturalisation.

                                                                Paysage au rocher (1918)

De retour à Montmartre, Galanis reprend son activité et se consacre surtout à la gravure.

Il possède dans son atelier rue Cortot une presse qui lui permet de travailler comme au XIXème siècle avec son "vélo", burin à 2 ou 6 tranchants capable de tracer des lignes parallèles

 

 

 

Avec sa femme Fanny, il reçoit régulièrement la visite de Malraux et de Clara qui raconte cette relation :

«Parfois nous montions jusqu'à la rue Cortot où habitait Galanis, graveur et peintre, mais surtout graveur. L'atelier donnait sur un jardin; je crois qu'Utrillo, Utter et Valadon habitèrent un temps ce même immeuble. J'aimais la netteté du trait gravé de Galanis et la sensualité sans vulgarité dont il marquait ses sujets, instruments de musique, fruits ou paysages, mais je m'étonnai quand j'entendis mon compagnon affirmer – en 1922 ou 1923 – que l'année suivante serait l'année Galanis. Plus juste me sembla cette constatation : «Il est un des rares peintres intelligents.» «Cultivé aussi. Liseur et musicien.»

C'est par Galanis que Malraux entre dans le monde des peintres.

C'est pour parler de lui qu'il trouve sa vocation de critique. Il aime parler de sa simplicité et du dépouillement de ses compositions que certains ont taxée d'art archaïque. Il n'hésite pas à rapprocher la maîtrise de la gravure de son ami de celle des artistes italiens de la Renaissance.

 

Il aime se rappeler leurs balades à Montmartre, les rencontres avec les peintres de la Butte et le jour où  après un long périple il l'écoute dans son atelier jouer du Bach au piano. 

Nul doute que cette amitié, les fréquentes visites rue Cortot, les rencontres avec les artistes à Montmartre, pousseront plus tard Malraux, ministre de la Culture, à jouer un rôle décisif dans la sauvegarde des hôtels de la rue Cortot et de leur transformation en musée.

                                                              Le peintre, sa femme et son  fils

                                                                            Portrait de son épouse

Admirateur de Bach, Galanis avait appelé son fils Jean Sébastien.

                                                                        

Ce fils pour lequel Malraux écrivit un "Tombeau" après que son navire Le Lisieux eut fait naufrage en 1940 au large de Terre Neuve.

(Parmi les rescapés figurait Sébastien Daragnès, fils de Jean-Gabriel Daragnès dont l'atelier était situé avenue Junot et qui figure parmi les plus grands illustrateurs du XXème siècle.)

                                                            Rue Saint Vincent. (Daragnès 1946)

Malraux écrit en hommage à Jean Sébastien :

«Comme le visage de L'Enfant au cheval mécanique, si souvent dessiné par Galanis, était devenu pour nous tous inséparable de son art, Jean Sébastien est maintenant inséparable de tous ceux dont le murmure fraternellement mêlé de tués et de survivants maintient, sous l'épouvantable silence, l'accent de ce que fut la voix de la France – de ceux qui permettront à la France d'avoir encore une voix.»

 

Galanis est reconnu par ses pairs et il est nommé professeur à l'Ecole des Beaux Arts avant de devenir en 1945 membre de l'Académie des Beaux Arts.

Cette reconnaissance vient nous interpeler en un temps où son nom est presque oublié et où le Musée de Montmartre lui accorde si peu de place.

 

Les amateurs de beaux livres, eux,  ne l'ont pas oublié et s'arrachent les ouvrages qu'il a illustrés (Jammes, Nerval, Gide, Arland etc...)

 

Souhaitons qu'une prochaine exposition au Musée de Montmartre permette de redécouvrir ce beau peintre qui fut la majeure partie de sa vie Montmartrois! Et terminons avec les mots de Malraux sur l'art de son ami :

«Si la peinture qu'expose aujourd'hui Galanis doit être rapprochée de quelque autre, c'est de celle des primitifs italiens de la première Renaissance. Non qu'elle procède d'un même idéal artistique ; mais grâce à la susceptibilité qu'elle possède de faire ressentir à un artiste moderne des émotions du même ordre que celles que lui pourrait faire éprouver un Giotto. Il y a chez les deux peintres une simplicité, une suppression d'artifices capable d'émouvoir, et qui créent une sentiment d'une extrême distinction».

 

Annexe. Quelques rares dessins et toiles représentent Montmartre. Je n'ai pu trouver celle qu'il peignit sous la neige et fait partie d'une collection privée.

                                                       Affiche pour le bimillénaire de Paris

                                                                 Paris vu de Montmartre

                                                                     Rue des Abbesses

En faisant quelques recherches sur Galanis, j'ai reçu des témoignages de gens qui l'avaient connu.  Ils me décrivirent un homme chaleureux, facétieux et disponible. Quand le Musée fut créé et les jardins redessinés, il y avait au pied de l'atelier un tertre recouvert de végétation sauvage qui avait été formé, jour après jour, par les cendres du poêle que le peintre descendait et qui au fil des années avaient formé ce terril. Le terril fut arasé, le jardin aplani. Au grand regret du Montmartrois qui me raconta cette anecdote. Elle me touche. On imagine 56 ans de cendres qui restaient vivantes avec les herbes qui la recouvraient. 

Voir les commentaires

Publié le par chriswac
Publié dans : #MONTMARTRE. Rues et places., #MONTMARTRE Peintres.Artistes.Clébrités

Il  a été donné à Montéhus un petit espace ridiculement réduit, une "placette" comme l'indique la plaque de la ville de Paris.

 

Il est vrai que nous voyons depuis quelques années une multiplication spectaculaire de ces trottoirs baptisés place ou placette, de ces modestes espaces entre deux rues, parés de noms nouveaux! Comme juste en face, la place Suzanne Denglos-Fau.

 

Une mode qui a aussi de bons côtés puisqu'à Montmartre de nombreuses femmes ont pu, grâce à elle, attirer notre attention et réparer l'injustice d'une surreprésentation mâle des plaques indicatrices!

Gaston Montéhus. La Placette. Le Chansonnier.
Placette côté Lamarck et Couté

Placette côté Lamarck et Couté

Montéhus a donc fait son apparition sur un court terre-plain situé entre les rues des Saules, Caulaincourt  et Lamarck, quelques mètres carrés sans grand intérêt sur lequel ne donnent que deux immeubles, celui qui fait l'angle avec la rue des Saules et celui qui fait l'angle avec la rue Gaston Couté.

 

Placette côté Caulaincourt et rue des Saules

49 rue Lamarck (placette Montéhus)

49 rue Lamarck (placette Montéhus)

Un seul immeuble possède une entrée sur la place. Apparemment il a gardé son ancienne numérotation rue Lamarck. Donc aucun Parisien n'a le nom de Montéhus pour adresse. Le Cocci Market lui même préfère le 49 rue Lamarck!

L'immeuble porte le nom de son architecte et sa date de construction : A. Coudert 1913.

Nous retrouvons cet architecte sur la façade de quelques immeubles parisiens, notamment rue Beaubourg, aux 82 et 84.

 

Rien à dire des deux autres immeubles dont l'adresse n'est pas sur la placette!

Quelques mots maintenant sur l'homme qui a l'honneur de lui donner son nom : Gaston Mardochée Brunswick, futur Montéhus qui vit le jour le 9 juillet 1872 non loin de Montmartre, dans le Xème arrondissement de Paris dans une famille qui comptera 22 enfants.

Les bonnes fées ne se sont pas penchées sur son berceau en faisant de lui un Juif allemand (tiens, souvenir de 1968 et de Cohn Bendit, "Nous sommes tous des Juifs allemands")!

                                        (Dreyfus, parodie du tableau de Gill (1875) pour le Lapin Agile.)

Entre la haine de la Prusse qui a écrasé la France un peu avant sa naissance et l'antisémitisme qui va se déchaîner en 1894 avec l'Affaire Dreyfus, Gaston Mardochée préfèrera troquer son patronyme pour celui de Montéhus.

Un nom rare qui concerne peu de familles en France mais qui s'accompagne dans une dizaine de cas du prénom Gaston. 

                                                                Gaston Montéhus 1918

Si notre Gaston aime se balader sur la Butte et  péleriner sur les lieux des massacres versaillais, ce n'est pas à Montmartre qu'il commence à chanter. Son premier texte qui le fait vraiment connaître, c'est "La Grève des Mères" en 1905.

Il provoque une vive réaction du gouvernement qui le fait condamner pour "incitation à l'avortement" alors que le pays a besoin plus que jamais de chair à canon.


Refuse de peupler la terre,
Arrête ta fécondité.
Déclare la grève des mères
Aux bourreaux crie ta volonté !
Défends ta chair, Défends ton sang,
À bas la guerre et les tyrans !

C'est en 1907 qu'il connaît une vraie popularité avec sa chanson toujours célèbre : "Gloire au 17ème" qui rend hommage au régiment qui refusa de tirer sur les manifestants pendant la révolte des vignerons à Béziers.

                        Les mutins du 17ème refusant de tirer sur les révoltés

Salut, salut à vous,
Braves soldats du 17e !
Salut, braves pioupious,
Chacun vous admire et vous aime !
Salut, salut à vous,
A votre geste magnifique !
Vous auriez, en tirant sur nous,
Assassiné la République.

Cette chanson vite devenue un étendard des pacifistes n'empêchera pas Montéhus de changer radicalement pendant la première guerre pour écrire des textes patriotiques et militaristes (la Voix des mourants, Debout les morts).

Lui qui ne fut pas mobilisé, qui ne connut rien des horreurs et des souffrances des tranchées, n'hésita pas à monter sur scène, la tête entourée de pansements. 

 

Après la guerre, nombreux sont ceux qui lui reprocheront cette mise en scène.

Il essaie de la faire oublier en écrivant une chanson qui se répandra plus tard dans les milieux pacifistes : "La Butte Rouge". Il n'y est pas question de Montmartre et de la Commune mais d'une bataille terrible sur la Somme, pour conquérir la butte de Bapaume. Cette chanson est celle de Montéhus qui a été le plus souvent reprise (Montand, Ogeret, Renaud, Escudero...)

(...)

La butte rouge, c'est son nom, l'baptème s'fit un matin
Où tous ceux qui grimpèrent, roulèrent dans le ravin
Aujourd'hui y a des vignes il y pousse du raisin
Qui boira d'ce vin là boira l'sang des copains

Sur cette butte là, on n'y f'sait pas la noce,
Comme à Montmartre où l'champagne coule à flots
Mais les pauvr' gars qu'avaient laissé des gosses
Y f'saient entendre de terribles sanglots

(...)

   

 Avec le Front Populaire dont il est un ardent défenseur, il retrouve la scène et obtient du succès avec ses chansons engagées.

Il en compose une pour Léon Blum qu'il admire (peut-être pense t-il en écrivant les paroles aux moulins de la Butte!)

 

Vas-y Léon, défends ton ministère

Vas-y Léon, Faut qu'Marianne ait raison

Car Marianne est une meunière

Et les ailes de son moulin

Doivent tourner pour les prolétaires

Pour qu'le peuple ne manque pas de pain

 

Pendant l'occupation, malgré le port de l'étoile jaune, il parvient à se cacher et à échapper à la déportation. Il écrit en 1944 une pièce "Le chant des gaullistes" en hommage aux résistants. Mais il est déjà oublié et ne survit pendant ses dernières années (il meurt en 1952) que grâce à sa famille. N'oublions pas qu'il est d'une fratrie de 22 frères et soeurs!

Rues Lamarck et Gaston Couté (à droite)

Rues Lamarck et Gaston Couté (à droite)

La placette qui porte son nom rend justice à cet idéaliste toujours engagé du côté des plus humbles, un homme au grand cœur dont le nom à Montmartre voisine celui de Gaston Couté.

Les deux Gaston doivent bien s'entendre c'est certain! 

 

Gaston Montéhus. La Placette. Le Chansonnier.Gaston Montéhus. La Placette. Le Chansonnier.

Je n'ai rien dit de sa voix claire et précise, à la diction parfaite, de l'intensité de ses interprétations généreuses. Cet homme-là aimait l'humanité et se sentait proche des plus humbles. Une autre époque!

 

Voir les commentaires

Publié le par chriswac
Publié dans : #MONTMARTRE. Rues et places., #MONTMARTRE Peintres.Artistes.Clébrités
Place Jeanne Bohec. Place des hirondelles.
La Place en 1901, appelée par les riverains Place des Hirondelles.

La Place en 1901, appelée par les riverains Place des Hirondelles.

La place Jeanne Bohec a été baptisée ainsi par la Mairie en octobre 2014 et inaugurée en 2016. Il lui a été donné le nom d'une résistante de la première heure, Française libre qui rejoignit De Gaulle en 1940.

 

Elle fut parachutée en Normandie en 1944 et après quelques actions héroïques reçut le surnom de "Plastiqueuse à bicyclette". Titre qu'elle donna au livre qu'elle écrivit plus tard pour retracer ces années sombres.

Après guerre elle fut prof de maths au collège Dorgelès voisin et maire adjointe à la mairie du XVIIIème de 1975 à 1983.

Elle aimait Montmartre où elle a vécu jusqu'à sa mort en 2010 dans une cité d'artistes de l'avenue Junot.

 

Place Jeanne Bohec. Place des hirondelles.

La place qui n'en est pas vraiment une mais plutôt un carrefour entre 4 rues, sans terre-plein central n'avait pas de nom officiel avant ce baptême.

Pourtant les Montmartrois lui en avaient donné un, fort poétique : Place des Hirondelles. 

 Ce nom venait de la compagnie d'omnibus (les Hirondelles) qui s'appelait ainsi avant d'être intégrée avec d'autres, sur la demande du baron Haussmann dans la CGO, Compagnie Générale des Omnibus.

Les omnibus de la ligne 25  avaient leur terminus et tête de ligne à ce confluent de 4 rues auquel les Montmartrois donnèrent le nom de place.

 

La place actuelle n'invite pas à la flânerie, n'offrant qu'un seul trottoir élargi entre la rue de Clignancourt et la rue Christiani devant le plus bel immeuble de l'endroit.

Place Jeanne Bohec. Place des hirondelles.

Ce somptueux immeuble (1856) est  intégré dans le quadrilatère des Galeries Dufayel.

Il est dû à l'architecte Lebègue et offre une belle décoration de pilastres corinthiens, têtes de Mercure (pour honorer le commerce), caducées, balcons ouvragés.

 

Dans cet immeuble, au 17 de la rue Christiani a vécu et est décédé l'un des plus célèbres Montmartrois . Aristide Bruant.

Ayant cherché fortune autour du Chat Noir comme il l'écrit dans une de ses chansons reprises ad nauseam par les noctambules de la Butte : "Je cherche fortune, autour du Chat Noir, au clair de la lune, à Montmartre le soir", il a fini par la trouver cette sacrée fortune! Au point d'acheter un château et un grand appartement dans cet immeuble bourgeois du bas Montmartre où il rendit l'âme en 1925:

 

La rue Christiani est la première sur la droite à venir terminer sa course sur la "place".

Elle a été en 1981 et pour plusieurs années le siège du journal "Libération". 

Son  nom rend hommage au général de la Révolution et de l'Empire dont le nom est gravé sur l'Arc de Triomphe, Charles-Joseph Christiani.

Place Jeanne Bohec. Place des hirondelles.

Après la rue Christiani, c'est la rue Myrha qui donne sur la place. Elle reçoit en 1868 le nom d'une des filles de l'ancien maire (de 1843 à 1847) de Montmartre Alexandre Biron, après s'être appelée rue Frédéric et rue de Constantine. Le nom de la rue est attaché à un épisode héroïque de la Commune et à la résistance désespérée d'une barricade en mai 1871 où mourut Jaroslaw Dombrowski.

 

L'immeuble le plus original de la rue ouvre sur la place, comme une proue de navire entre les rues Myrha et Poulet.

C'est un vaisseau de verre dont l'harmonie et la clarté attirent le regard. J'ai longtemps pensé qu'il était post Art Déco avec sa géométrie et ses verrières, mais en réalité il a été construit en 1952 pour abriter une imprimerie-papeterie.

Aujourd'hui un restaurant spécialisé dans la cuisine méditerranéenne offre à ses clients un espace étonnant par sa lumière et son architecture : le Double Vie. Une boutique permet d'acheter des T-shirts qui arborent quelques uns des cocktails maison!

 

 

Un clin d'œil en passant à une peintre remarquable, Michèle Lemercier, qui a entre autres, décoré de fresques le hall d'entrée de son immeuble 7 rue Poulet.

 

L'angle de la rue Poulet avec la rue de Clignancourt est occupé par un bistro restaurant dont une vieille enseigne subsiste : Le Diplomate.

La photo est intéressante car elle montre à la fois un omnibus, le café restaurant et le petit immeuble de village qui a été remplacé par le bel édifice de l'ancienne imprimerie.

Voilà donc une rapide visite de la place et des rues qui y convergent. Peut-être serait-il judicieux d'ajouter sur la plaque actuelle "anciennement place des Hirondelles" afin de garder la mémoire du vieux Montmartre.

Ou bien cet "oubli" est-il volontaire afin de ne pas évoquer d'autres hirondelles (disparues en 1984) qui parcouraient la ville à bicyclettes, pélerine au vent et laissaient sur les pare-brises de petits mots qui n'étaient pas d'amour! 

 

Voir les commentaires

Publié le par chriswac
Publié dans : #MONTMARTRE Peintres.Artistes.Clébrités
Jacques Prévert à Montmartre. Exposition au Musée de Montmartre.
Jacques Prévert à Montmartre. Exposition au Musée de Montmartre.

Alors que Beaubourg consacre une passionnante exposition au Surréalisme, le petit musée de Montmartre ouvre ses portes à un poète qui participa à ce mouvement et fut ami de quelques uns des plus grands peintres de sa génération.

                                                         Prévert et Picasso

L'exposition est riche de documents et de photos qui retracent la vie de Prévert. Comme souvent dans les expos ambitieuses, la dispersion, le picorage font partie de la balade proposée. 

 

Je ne m'attacherai dans ce résumé de ma visite qu'à la période montmartroise qui fut féconde. 

                                                Prévert au Marché Saint-Pierre

Prévert ne s'était jamais vraiment fixé dans une rue de Paris, dans un quartier. Il a l'âme et l'esprit voyageurs. Il survole, il se pose, profite du soleil ou de la pluie puis repart se poser sur une autre branche.

 

Et voilà qu'en 1953, il lui est proposé de se poser à Montmartre.

Dans une impasse qui jouxte le Moulin Rouge et qui a conservé ses jardins, ses oiseaux et ses chats :  La Cité Véron.

 

Pour la première fois, il  a l'occasion de "s'installer", lui qui a vécu comme un bohême d'hôtel en meublés occasionnels. Le lieu est exceptionnel, lumineux, ouvert sur une large terrasse qui donne sur le Moulin Rouge.

 

Il fait appel à un ami architecte Jacques Couëlle qui restructure l'espace sur les conseils d'Alexandre Trauner (génial décorateur des "Enfants du Paradis" dont Prévert est le dialoguiste).. 

 

L'espace blanc joue avec la lumière en ménageant des endroits plus secrets. Prévert se sent enfin "chez lui" dans ce Montmartre vivant de nuit comme de jour. 

 

Il a pour voisin, dans l'appartement qui donne comme le sien sur la fameuse terrasse dite "des Trois Satrapes", Boris Vian. Le lieu devient convivial et festif à l'ombre des ailes rouges.

 

L'exposition permet de voir le bureau et son univers qui mériterait un inventaire à la Prévert!

 

Des portraits, des livres, des jouets, des crayons, des pastels, des ciseaux et tout ce qui est utile pour les collages surréalistes.

                                              Portraits de Prévert et Michelle

 

 

En effet, c'est là, dans son refuge montmartrois que Prévert réalise la plupart de ses collages.

 

 

 

 

 

 

Un des collages qui représente la cité Véron est dédicacé à son voisin Boris Vian

 

 

L'expo, comme d'habitude, pâtit du manque d'espace. Elle propose un grand nombre de photos, documents, lithographies qui retracent l'activité de Prévert et ses liens avec quelques uns des plus grands artistes de son temps : Calder, Miro, Picasso, Max Ernst, Braque, Chagall...  

Avec Calder, Prévert illustre un recueil de lithos : "Fêtes". Il y insiste sur l'aspect joyeux et optimiste.

Avec Max Ernst, il s'amuse autant que le peintre en faisant parler les oiseaux

"La dépouille mortelle de l'homme est moins belle que celle de l'oiseau"

Il se sent proche de Miro par le côté enfantin et joueur. Pour une fois c'est le peintre qui dans l'ouvrage "Adonides" illustre les textes du poète alors que dans les autres recueils, les mots de Prévert accompagnent les dessins.

"Les secrets les mieux gardés sont ceux qui jamais n'ont été demandés".

"C'est quand il n'y a pas grand-monde qu'il y a grand-chose."

"Quand la vie a fini de jouer, la mort remet tout en place."

Dans l'avant dernière salle, disons plutôt dans le couloir étroit qui mène à la dernière salle, sont exposées quelques feuilles de l'agenda de Prévert.

Des feuilles format 21x27 sur lesquelles étaient inscrits les rendez-vous du jour (on y trouve Arletty ou Piaf) accompagnés de dessins de fleurs.

 

Je vous conseille de visiter l'expo aux heures creuses afin de ne pas être gêné par l'exigüité du musée et afin d'avoir envie de redécouvrir les poèmes de Prévert et, qui sait, de les relire avec les yeux de ce jeune visiteur devant le chat-serpent de Calder!

 

 

 

Liens: 

Les artistes, les personnalités de Montmartre

Prévert au Marché Saint Pierre devant le magasin Merode!

Voir les commentaires

Publié le par chriswac
Publié dans : #MONTMARTRE Peintres.Artistes.Clébrités
Dieux et ancêtres. Exposition Taï Taï rue André Del Sarte.

Les amateurs d'art asiatique et d'artisanat de qualité connaissent bien Taï Taï, 15 rue André Del Sarte. 

Le magasin présente aujourd'hui "Des estampes et des Dieux" une exposition de pièces rares qui mérite une visite:

Dieux et ancêtres. Exposition Taï Taï rue André Del Sarte.

Hiroshige est à l'honneur avec un tirage limité de vues de Kyoto "Kyoto Meisho Toto Meisho".

Il s'agit d'un tirage limité sur parchemin d'une rare précision.

Plus rare encore est l'exposition de statuettes de bois sculpté, des XVIIIème et XIXème siècles qui représentent des divinités ou des ancêtres.

Le culte des ancêtres est vivant en Chine, inspiré par la pensée confucéenne, il cohabite avec toutes les religions, qu'elles soient taoïste, bouddhiste, musulmane, chrétienne ou.... marxiste!

Dans les maisons, est honorée en bonne place une statuette de bois censée représenter un ancêtre qui marqua particulièrement la longue lignée familiale.

Dans une trappe à l'arrière de la statuette un parchemin plié ou roulé porte le nom des membres de la famille. Il peut y en avoir des centaines.

 

Sous cette liste un petit sachets mystérieux renferme quelques reliques comme des graines recueillies au pied d'un arbre vénérable qu'aurait pu connaître l'ancêtre, ou de petits cailloux du chemin sur lequel il marchait. 

Les plus anciennes statuettes sont pourvues de deux trappes.

 La peinture originelle a pali avec le temps.

Dieux et ancêtres. Exposition Taï Taï rue André Del Sarte.

    Quelques unes de ces sculptures ont gardé des traces de couleurs, le rouge sombre, le bleu profond, l'or.

Ces traces de polychromie ajoutent à la poésie et au mystère. Souvent les statuettes vénérées ont été détruites pendant la Révolution Culturelles. Certaines, afin d'échapper au feu, ont été enterrées par leurs propriétaires, gardiens du culte familial. La peinture en été dégradée et curieusement l'oxydation en a coloré d'orangé certaines parties. 

 

Dieux et ancêtres. Exposition Taï Taï rue André Del Sarte.

Figurent également dans l'exposition des gardiens en armure...

Des divinités protectrices qui assurent notamment la fécondité symbolisée par une mère et son enfant.

 

Xiao Hua et Pierre Claude qui vous accueilleront, sauront mieux que moi vous renseigner sur les légendes ou les croyances liées à telle ou telle statuette!

Comme celle de ce garnement qui jouait des tours pendables à son voisinage et que son père enferma dans une pagode.

Voilà qui valait peut-être mieux qu'une prison pour mineurs!

 

Sans connaître les traditions et légendes qui entourent ces personnages sculptés, nous ne pouvons qu'être touchés par la grâce et le mystères qui les habitent... et qui ne demandent qu'à vous émouvoir jusqu'en septembre, 15 rue André Del Sarte, à Montmartre.

 

Voir les commentaires

Publié le par chriswac
Publié dans : #MONTMARTRE. Rues et places., #MONTMARTRE Peintres.Artistes.Clébrités
Street art. 13 bis. Impasse Marie Blanche.
La vague.

La vague.

L'Art des Rues peut être agressif, provocateur, insolent et inventif. Il peut être aussi rêveur, poète, mystérieux. C'est à cette catégorie qu'appartient une artiste qui signe pourtant d'un nom peu romantique : "13 bis".

                                                     Eglise Saint Merry (juin 2016)

Street art. 13 bis. Impasse Marie Blanche.

Voilà qu'elle a choisi pour s'exprimer une impasse de Montmartre, parmi les plus paisibles, les plus provinciales.

Il s'agit de l'impasse Marie blanche qui donne dans la rue Constance et la rue Cauchois. Un endroit habité par bien des fantômes qui ne se résolvent pas à disparaître. Copi, Koltès, Souplex, Mac Orlan, Morelli, Cormon...

Street art. 13 bis. Impasse Marie Blanche.

Quand on avance dans la ruelle, ce qui attire tout d'abord c'est la douceur, le velouté mauve des teintes, la transparence, avant même de découvrir ce qui émerge de cette douceur.

Street art. 13 bis. Impasse Marie Blanche.

Il s'agit d'une femme mélancolique telle que les peintres aimaient les représenter au début du XIXème siècle. On pense à Ingres sans être sûr de reconnaître le modèle repris pas l'artiste. 

 

Beauté, tristesse, rêverie autour de laquelle se posent des fleurs, des papillons, des oiseaux.

Fidèle à son art, 13bis utilise ces éléments comme des collages surréalistes qui nous laissent libre interprétation.

 

 

Street art. 13 bis. Impasse Marie Blanche.

Autour de la porte d'entrée, la flore devient luxuriante, presque étouffante.

Une porte est invitation à l'aventure, à ce qui se cache derrière elle, rassurant ou inquiétant. 

Street art. 13 bis. Impasse Marie Blanche.

Des sphinx protégeaient les temples d'Egypte. Ici ce sont des chats, divinités sensuelles et vigilantes.

Ils font corps avec la femme que l'on devine sur un divan dans un monde de luxe, calme et volupté.

Street art. 13 bis. Impasse Marie Blanche.

Et puis notre œil est attiré par un objet mis en valeur, protégé de la profusion de fleurs et de feuillage. C'est une serrure ouvragée, comme celles des secrétaires précieux où se cachaient les lettres secrètes et interdites. Non pas la bonne serrure utilitaire de la porte verte qu'un cambrioleur avisé saurait forcer mais celle qui ne s'ouvre qu'aux rêveurs audacieux

Street art. 13 bis. Impasse Marie Blanche.

La femme aux chats peut nous aider.

 

Il faut savoir l'approcher, l'apprivoiser peut-être afin qu'elle accepte que notre main se tende vers son oreille et saisisse le sésame, la clé qui nous permettra d'entrer dans son jardin!

 

Et je vous avoue que je suis entré dans ce jardin mélancolique où devisaient à l'ombre des grands arbres, Koltès et Copi, Mac Orlan et Morelli...

Montmartre corps et âmes.

 

Montmartre secret. Nombreux articles sur le street art. Quelques exemples :

Rue Véron. Levalet

Gregos

Miss.Tic

 

Voir les commentaires

Publié le par chriswac
Publié dans : #MONTMARTRE. Rues et places., #MONTMARTRE Peintres.Artistes.Clébrités
Rue de l'agent Bailly Paris 9ème.

     N'oublions pas que Montmartre avant la construction du mur des Fermiers Généraux s'étendait sur une partie du IXème arrondissement actuel et que ce quartier en faisait partie.

Quelle animation en 1906! C'est la seule carte postale à ma connaissance de cette rue.

Quelle animation en 1906! C'est la seule carte postale à ma connaissance de cette rue.

     La rue de l'agent Bailly est une des plus étroites et des plus courtes de Paris. Il y eut tout d'abord à cet endroit l'impasse de l'école. En 1877 elle fut prolongée et porta le nom, dans sa partie qui commençait rue Rodier, d'impasse Rodier puis passage Rodier. 

Rue de l'agent Bailly Paris 9ème.

     En 1899 l'impasse Rodier fut prolongée jusqu'à la rue Milton et devint une rue, laissant l'impasse de l'école vivre sa vie et se protéger derrière une grille digicodée interdite aux curieux.

   

C'est en 1904 que fut donné à cette modeste artère le nom de l'agent Bailly dont peu de gens à vrai dire sauraient dire qui il fut.

    Charles Gaston Bailly (1871-1901) était gardien de la paix de la brigade fluviale. Le 2 novembre 1901, Il tenta de secourir une femme, Emilie Vallée, 38 ans, concierge. On ne sait si elle s'était jetée dans la Seine volontairement ou si elle y était tombée. Ce que l'on sait, c'est que l'agent Bailly n'hésita pas une seule seconde et se jeta dans le fleuve pour la secourir.

Rue de l'agent Bailly Paris 9ème.

    C'était au niveau du pont Marie entre l'île Saint-Louis et les quais où de nombreuses barges étaient amarrées. L'homme rejoignit la femme qu'il saisit mais le courant était si fort ce jour-là qu'il les entraîna vers le fond, sous les barges. Le fait divers eut un grand retentissement et l'héroïsme du jeune gardien de la paix impressionna les parisiens. Il fut donc décidé de donner son nom à une rue de la capitale et ce fut cette modeste rue du IXème arrondissement qui fut choisie.

Rue de l'agent Bailly Paris 9ème.

Les 1 et 2, petits immeubles modestes en début de rue. 

Le 3

Le 3

  Le 3 : Un harmonieux porche de pierre ferme la cour Saint-Hilaire. Un endroit secret de Paris, accessible aux seuls habitants.

Rue de l'agent Bailly Paris 9ème.
Rue de l'agent Bailly Paris 9ème.

     Il ouvre sur une cour pavée ombragée par des arbres, aujourd'hui très recherchée mais qui fut en son temps une cité ouvrière. Les immeubles appartinrent à la famille des Bérard, gros négociants en vins. Dans la première moitié du XIXème siècle, c'était le commerce le plus lucratif, le gros rouge étant l'opium du peuple!

Rue de l'agent Bailly Paris 9ème.

     L'ensemble fut construit en 1830 afin d'abriter les ouvriers qui construisaient le quartier à la mode de la Nouvelle Athènes. Quelques ateliers ainsi que des boxes pour les chevaux occupaient le rez de chaussée. 

Rue de l'agent Bailly Paris 9ème.

     Un clocheton et une horloge ont traversé le temps. Le mécanisme n'a été électrifié qu'en 2001. La cloche est historique puisqu'elle fut fondue par Osmond Dubois, le fondeur de Charles X.

Georges de Feure

Georges de Feure

     Un tel endroit ne pouvait manquer de plaire aux artistes. Certains dont le nom a été avalé par le temps y ont créé sans jamais trouver la renommée, d'autres, ou plutôt UN autre qui a sa place aujourd'hui dans les musées comme représentant majeur de l'art symboliste y a eu son atelier. 

Rue de l'agent Bailly Paris 9ème.

     Il s'agit de Georges de Feure. Il est avec Mucha un des peintres de la femme, femme-fleur, femme-poison, femme-poésie...

Admirateur de Baudelaire il est comme lui attiré et effrayé par la beauté féminine.  

Rue de l'agent Bailly Paris 9ème.

     Il a été choisi, pour décorer la façade du pavillon Art Nouveau de l'exposition universelle de 1900.

   

 

  Il a créé de nombreuses affiches qui sont parmi les plus belles de son temps. 

 Enfin certaines de ses toiles démontrent s'il en était besoin qu'il fut un vrai peintre, influencé par les courants les plus forts de la fin de siècle, dans la mouvance d'un Toulouse Lautrec.

Rue de l'agent Bailly Paris 9ème.
Rue de l'agent Bailly Paris 9ème.

     Le 4 est précédé d'un corps de bâtiment sur rue d'un étage. Des "maisons" y remplacent un ancien bistro. Je me rappelle avoir visité l'endroit quand je cherchais à me loger dans le quartier. Beaucoup de charme et même une cave voûtée de pierres... mais évidemment la lumière y est chiche et les barreaux du rez-de-chaussée ne sont pas franchement gais!

Rue de l'agent Bailly Paris 9ème.

Le 5 protégé par une grille est l'impasse de l'école (qui doit son nom, ô surprise à la présence d'une école dans sa continuité). Elle fut ouverte en 1829 et prit, en 1877 le nom d'impasse Rodier avant de récupérer son nom originel en 1904. 

Rue de l'agent Bailly Paris 9ème.

      Tout un côté est occupé par l'imposant immeuble (construit en 1905) qui fait quelques efforts décoratifs et possède dans sa cour un édicule charmant.

 

L'impasse réserve une surprise, avec le 5bis.

En poussant la porte, on découvre une autre courette avec d'anciens ateliers. On y jouit d'un calme absolu dans ce quartier vibrant.

 

 

Nous quittons cette impasse pour retrouver la rue de l'agent Bailly.

 

Le 8

Le 8

Nous n'avons plus qu'un numéro à découvrir avant la rue Milton...

Rue de l'agent Bailly Paris 9ème.

     C'est le 8 bien connu des amateurs d'art qui font le détour pour le découvrir. Il y avait là une vieille menuiserie qui après le départ de son menuisier fut occupée pendant 40 ans par un peintre étonnant et messager de vie, Yvon Taillandier.

Rue de l'agent Bailly Paris 9ème.

     Né à Paris en 1926, il mourut en Avignon en 2010 après avoir créé son univers, son pays, le Taillandier-Land où nous sommes invités à entrer sans visa!

Rue de l'agent Bailly Paris 9ème.

     Son monde est foisonnant. Les habitants y sont en mouvement, unis les uns aux autres par des tubes en mouvement. Ils pilotent des machines amusantes et vivantes qui participent à leur voyage intérieur. Rien de dur, de cassant, de mécanique mais une fête des voisins autour de totems sympathiques.

Yvon Taillandier a décoré son atelier, donnant à son quartier l'ouverture sur son univers.

Rue de l'agent Bailly Paris 9ème.

     Les fresques ont été restaurées et aucun taggeur jusqu'à présent ne les a recouvertes. C'est sur cette fête de l'imaginaire et de la vie que nous quittons cette rue qui porte le nom d'un homme qui n'hésita pas à donner sa vie pour tenter d'en sauver une autre, avec ce peintre qui n'hésita pas à donner son temps et son talent pour permettre à la ville de sortir de sa monotonie et de sa déprime hivernale. 

Rue de l'agent Bailly Paris 9ème.

Voir les commentaires

Publié le par chriswac
Publié dans : #MONTMARTRE Peintres.Artistes.Clébrités
Louise Michel. Oppozit.fr

Louise Michel. Oppozit.fr

Louise Michel, la Vierge Rouge, la révoltée au cœur immense...

Il faudrait des volumes et des volumes pour lui rendre justice...

 

Je suis allé au cimetière de Levallois déposer des œillets rouges sur sa tombe.

Mais Louise Michel n'y était pas!

Elle n'aime pas les cimetières où elle a vu porter en terre tant et tant de ses compagnons et compagnes de lutte.

 

Louise Michel à Montmartre.

 

Elle est toujours présente sur la Butte où ses admirateurs et ses amoureux vont à sa recherche.

J'ai essayé d'aller à sa rencontre là où elle a vécu, lutté, écrit... dans ce Montmartre qu'elle a aimé et qui a été en partie détruit...

Louise Michel à Montmartre.

 

Ce n'est qu'un survol (incomplet à coup sûr) de sa grande vie, limitée à notre quartier ... aux lieux qu'elle y a fréquentés...

D'autant plus incomplet que bien des maisons et des immeubles où elle est passée ont disparu....

Louise Michel à Montmartre.

C'est en 1856 qu'elle arrive à Paris laissant avec peine sa mère tant aimée, Marianne (déjà la République!) Michel

Elle a 26 ans et est habitée par la passion d'écrire. Elle admire le grand homme de la littérature, Victor Hugo avec qui elle échangera quelques lettres et qu'elle rencontrera plusieurs fois après son retour d'exil.

La Commune vue par Tardi

La Commune vue par Tardi

Victor Hugo lui dédia des vers incandescents quand au cours de son procès, après la Commune, désespérée d'avoir vu mourir tant de ses compagnons, elle réclama la mort aux juges en s'accusant à tort d'être criminelle :

.

Ayant vu le massacre immense, le combat,

Le peuple sur sa croix, Paris sur son grabat

La pitié formidable était dans tes paroles.

Tu faisais ce que font les grandes âmes folles

Et, lasse de lutter, de rêver de souffrir,

Tu disais : "J'ai tué!" car tu voulais mourir.

 

 

Louise Michel à Montmartre.

Les "grandes âmes folles"

La plus belle description de ce qu'était Louise Michel!

Elle ne croyait pas en Dieu, elle revendiquait la liberté de penser et de ne pas croire... et pourtant Hugo emploie ce mot "âme" car il sait qu'il y a une âme là où il y a le sens du sacré. Le sacré pour Louise Michel, c'est la vie, la plus infime, la plus misérable, la plus menacée...

La vie des rejetés, des exploités, la vie des femmes réduites à un rôle subalterne...

La vie des bêtes aussi...

Louise Michel à Montmartre.

Des mots d'une troublante actualité pour notre temps où les images volées dans les abattoirs font honte à notre humanité qui pour le profit est capable d'une cruauté inouïe.

"Plus l'homme est féroce avec les bêtes, plus il est rampant devant les hommes qui le dominent"

Boulevard des Batignolles

Boulevard des Batignolles

Rue du Château d'eau...

Rue du Château d'eau...

Sa première adresse n'est pas montmartroise mais proche de la Butte ... boulevard des Batignolles, au 88.

Son premier poste d'institutrice (on dit alors sous-maîtresse) est dans la pension de Madame Vollier, en 1857, 14 rue du Château d'eau...

Rue des Cloÿs, à droite.

Rue des Cloÿs, à droite.

 

Sa mère vend quelques champs qui lui restent pour acheter à sa fille en 1865 un externat rue des Cloÿs, au 5.

Ici commence la vie vraiment montmartroise de Louise Michel!

5 rue des Cloÿs...

5 rue des Cloÿs...

Il ne reste rien du petit immeuble crayeux où elle enseigna... Un complexe de bureaux d'expertise comptable et une association créée par des avocats pour des avocats... qui n'auraient pas défendu les communards vite jugés, car ce sont des fiscalistes!

Rue Championnet

Rue Championnet

Au 24 rue Championnet, (anciennement rue Oudot) elle ouvre ensuite un cours pour 60 élèves. Elle est une passionnée de l'enseignement, de la transmission du savoir... elle croit, comme Victor Hugo qu'ouvrir une école c'est fermer une prison...

Emplacement du 24 rue Championnet

Emplacement du 24 rue Championnet

L'immeuble lui aussi a disparu, remplacé par un centre médical réservé aux agents de la RATP!

Louise Michel à Montmartre.

Elle sait qu'il est urgent de changer la condition des femmes. Aux jeunes filles qu'elle éduque, elle donne les armes de la révolte pour l'égalité...

"Les Anglais font des races d'animaux pour la boucherie; les gens civilisés préparent les jeunes filles pour être trompées, ensuite ils leur en font un crime et un presque honneur au séducteur."

Statue de Derré.

Statue de Derré.

"Partout l'homme souffre dans la société maudite; mais nulle douleur n'est comparable à celle de la femme. Dans la rue elle est une marchandise. Dans les couvents elle se cache comme dans une tombe. (...) Dans son ménage le fardeau l'écrase; l'homme tient à ce qu'elle reste ainsi pour être sûr qu'elle n'empiètera pas sur ses fonctions, ni sur ses titres.

(...) Ce que nous voulons c'est la science et la liberté."

Immeuble à l'emplacement du 24 où aurait été l'école de Louise Michel

Immeuble à l'emplacement du 24 où aurait été l'école de Louise Michel

Pendant les interrogatoires que subira Louise Michel en 1871,  une erreur typographique entraînera la confusion entre le 24 rue Oudot et le 24 rue Houdon.

Bien des biographies ont retransmis cette erreur. Des lecteurs attentifs m'ont averti et j'ai pu corriger cette erreur que j'avais moi-même commise. Il n'y eut pas d'école dirigée par Louise Michel rue Houdon. (voir les commentaires )

 

Louise Michel à Montmartre.

Quand survient la chute du Second Empire, l'espoir d'en finir avec un gouvernement honni habite corps et âme Louise Michel. C'est pendant ces années 1870-1871 qu'on peut le mieux suivre ses pas sur la Butte!

Louise Michel à Montmartre.

Au 82-90 boulevard de Clichy, à l'emplacement de l'actuel Moulin Rouge, au Bal de la Reine Blanche, on la voit au Club du même nom, avec Clémenceau tenir une réunion publique. Le "club rouge de la Reine Blanche" était un des plus actifs des clubs révolutionnaires. On s'y réunissait tous les soirs à 20 heures.

 

 

41 rue de Clignancourt

41 rue de Clignancourt

Quand elle fait partie du Comité de Vigilance du 18ème, elle se rend  41 rue de Clignancourt. C'est là qu'habite Théo Ferré, un compagnon de lutte et d'idéal.

"Les comités de vigilance de Montmartre ne laissaient personne sans asile, personne sans pain"

42-54 rue de Clignancourt. Emplacement du Château Rouge.

42-54 rue de Clignancourt. Emplacement du Château Rouge.

En 1871, le Comité de vigilance se réunit un peu plus haut, au Château Rouge, célèbre bal depuis 1847. Le parc et le château ont disparu, avalés par les promoteurs. Des immeubles uniformes et sans grâce les ont remplacés.

 

Les canons de Montmartre.

Les canons de Montmartre.

Quand survient l'épisode fameux des canons de Montmartre, elle est aux avant-postes. Nous sommes le 18 mars 1871. Jour historique du début de la Commune. Thiers qui craint une insurrection du peuple a donné ordre à la troupe de récupérer les canons, payés par souscription populaire pendant le siège.

Louise Michel à Montmartre.
Louise Michel à Montmartre.

Les 171 canons de Montmartre sont disposés, prêts à faire face à l'ennemi prussien sur le flanc de la Butte à l'emplacement actuel de la rue St Eleuthère, du square Nadar, d'une partie des aménagements pour l'accès au Sacré Coeur. Ils sont à peine gardés mais quand les soldats dirigés par le général Lecomte arrivent sur la Butte, le peuple de Montmartre fait face et bientôt de nombreux soldats fraternisent avec lui. Le général Lecomte qui donne l'ordre de tirer sur la foule est arrêté par ses soldats.

 

Exécution des généraux.... (reconstitution)

Exécution des généraux.... (reconstitution)

Emplacement des exécutions.

Emplacement des exécutions.

Dans la soirée, après un jugement sommaire, il sera conduit au 36 rue du Chevalier de la Barre (alors rue des Rosiers, aux 6- 8) et fusillé par ses hommes malgré l'opposition de Clémenceau, avec le général Thomas responsable d'une sauvage répression sanglante en juin 1848.

 L'espoir ce jour-là, malgré l'injuste exécution des généraux, montra le bout de son nez. La troupe et le peuple avaient fraternisé, tenant tête à ceux qui avaient accepté la défaite. Thiers et les Versaillais se montreront d'autant plus cruels qu'ils auront senti ce jour-là que le peuple en révolte pouvait les vaincre...

Le matin du 18 mars Louise Michel est présente et c'est elle qui soigne Turpin, rue des Rosiers, blessé après avoir défendu les canons. L'institutrice se transforme en infirmière...

Eglise Saint-Bernard

Eglise Saint-Bernard

La résistance s'organise et Louise Michel est de toutes les luttes. Elle participe avec Théo Ferré au club de la Révolution, club blanquiste de 3000 membres, église St-Bernard, rue Affre. Cette même église qui plus d'un siècle plus tard  (1996) ouvrira ses portes aux familles de réfugiés.

 

Louise Michel à Montmartre.

Elle fréquente un autre club, celui de la Boule Noire, 120 bd Rochechouart. Elle y milite pour la création d'écoles professionnelles pour les filles.

L'endroit a bien changé; c'est le music-hall "La Cigale" qui l'occupe aujourd'hui. Une petite salle en sous-sol garde la mémoire du vieux bal de la Boule Noire .

 

Parmi les décisions du Conseil de la Commune, on peut citer entre autres : les repas populaires, les pensions accordées aux blessés, aux veuves, aux orphelins, les expériences d'autogestion dans les entreprises, l'union libre, la séparation bien avant 1905 de l'Eglise et de l'Etat!

Louise Michel était partie prenante de toutes ces avancées ...

 

Elle est alors directrice de l'école communale, 26 rue du Mont-Cenis...

Encore un bâtiment disparu... remplacé par l'école actuelle bâtie plusieurs années après la Commune...

Louise Michel à Montmartre.
Tardi

Tardi

Si le 18 mars est le jour de naissance de la Commune, le 23 mai est celui de sa fin.

Le mois de mai, le temps des cerises...

L'armée de Thiers est forte de 130 000 hommes et progresse grâce à l'aide prussienne. Les barricades s'élèvent dans le Paris populaire et Louise Michel est présente sur plusieurs d'entre elles.

Louise Michel à Montmartre.
La place Blanche

La place Blanche

La barricade de la place Blanche

La barricade de la place Blanche

Une des plus héroïques est celle de la place Blanche, connue pour avoir été défendue par les femmes.

"Si la réaction eût autant d'ennemis parmi les femmes qu'elle en avait parmi les hommes, Versailles eût éprouvé plus de peine. La femme, cette prétendue faible de cœur, sait plus que l'homme  dire : Il le faut! Elle se sent déchirée jusqu'aux entrailles, mais elle reste impassible. Sans haine, sans colère, sans pitié pour elle même ni pour les autres, il le faut, que le cœur saigne ou non.

Ainsi furent les femmes de la Commune..."

 

Début de la rue de Clignancourt

Début de la rue de Clignancourt

Non loin de là, Louise Michel apporte son aide aux blessés de la barricade de la Chaussée de Clignancourt ( 1-2 rue de Clignancourt). Elle y est blessée et laissée pour morte.

Louise Michel à Montmartre.

En réalité elle n'est qu'évanouie après avoir été blessée. Alors que les Versaillais pourchassent les résistants, elle se réfugie dans le cimetière Montmartre, avenue Rachel. Elle se cache près de la tombe d'Henri Murger, l'auteur de la Vie de Bohême.

Rien ne reste du village où eurent lieu les événements tragiques

Rien ne reste du village où eurent lieu les événements tragiques

Plus tard, elle retourne sur la Butte, là où se trouve un poste de la Garde Nationale, au 36 rue du Chevalier de la Barre, là où les généraux avaient été fusillés et où seront exécutés de nombreux communards.

 C'est un des endroits où le sang de la Commune ne sèchera jamais, un lieu de fusillades et de massacres.

Aujourd'hui, il ne reste rien du cadre d'alors, des jardins, des petites maisons villageoises. la rue est sans grâce et comme hantée par les souvenirs qu'elle a effacés avec acharnement. Les hauts murs du Carmel, le chevet de la Basilique écrasent ce lieu de mémoire et en font un des endroits sinistres de la Butte.

 

Louise se livre aux Versaillais qui ont arrêté sa mère afin de la contraindre à la reddition. 

Prison des femmes à Versailles (Louise Michel y "séjourne" en août 1871 avant la déportation

Prison des femmes à Versailles (Louise Michel y "séjourne" en août 1871 avant la déportation

Malgré la mauvaise qualité du document, il est possible de reconnaître Louise Michel, dans la prison des Chantiers à Versailles. Elle est debout, bras croisés, sur la droite.

Après un procès où elle impressionnera les juges par sa détermination et son désir de mourir, elle est condamnée à la déportation en Nouvelle Calédonie.

Elle y sera fidèle à elle-même, elle y enseignera, s'intéressera au peuple Kanak dont elle prendra la défense contre les spoliations coloniales. Elle  apprendra leur langue, recueillera les légendes et les poèmes épiques qu'elle publiera plus tard...

Elle hébergera également des chats errants... Elle est de celles qui sentent que toutes les créatures sont unies dans le même mystère de la vie et de la souffrance...

45 boulevard d'Ornano

45 boulevard d'Ornano

Nous la retrouverons en 1880, de retour d'exil.

Elle habite 45 boulevard d'Ornano.

Elle est alors réclamée pour de nombreuses conférences. Elle prend le temps de publier son roman "La Misère" et de prononcer un vibrant plaidoyer contre la peine de mort.

Henri Rochefort caricaturé en Don Quichotte par Gill

Henri Rochefort caricaturé en Don Quichotte par Gill

Nobody is perfect et on regrettera son peu d'engagement dans l'affaire Dreyfus. Il est vrai que son ami Rochefort est violemment antisémite. C'est une ombre jetée sur la grande figure de la Vierge Rouge qui fut pourtant comparée par Victor Hugo à l'héroïne qui tua le monstrueux Holopherne, "Judith, la sombre Juive".

Louise Michel à Montmartre.

Après des années à Londres où elle dirige une école libertaire (elle a fait choix du  drapeau noir, celui du deuil de ses amis et des innocents massacrés) elle revient en 1895 quelques mois avant la mort de sa mère.

"Pauvre mère! Elle eut avec moi bien peu de jours paisibles. Quand elle vint à Montmartre, toute brisée de la mort de ma grand-mère, la Révolution arrivait, je la laissais seule de longues soirées; après ce furent des jours, puis des mois, puis des années. Pauvre mère! Pourtant je l'aimais tant que je ne serai heureuse qu'en allant la retrouver dans la terre où l'on dort."

15 rue d'Orsel.

15 rue d'Orsel.

En 1895 toujours, elle participe au Libertaire, journal fondé par Sébastien Faure, dont le siège est 15 rue d'Orsel.  Le siège est un grand mot pour une cabane de bois dans le cour du petit immeuble...

Les dernières années de sa vie sont consacrées aux conférences et à l'écriture... 

La Commune a été sa vie et sa mort... Elle survit à ces mois d'espoir et de souffrances, avec les fantômes de ses compagnons...

Louise Michel à Montmartre.
Obsèques de Louise Michel

Obsèques de Louise Michel

Ce n'est pas à Montmartre mais à Marseille qu'elle meurt en janvier 1905. Lors de son enterrement  des milliers de Parisiens suivront son convoi de la gare de Lyon au cimetière de Levallois.

Le square Louise Michel

Le square Louise Michel

Aujourd'hui le square qui couvre la Butte au sud, devant le Sacré Cœur de la revanche versaillaise, porte son nom. Des chats y vivent en liberté, nourris par de belles personnes, de vieilles dames que certains traitent de folles...

 

... et que Louise Michel aurait aimées...

Louise Michel..."Grande âme folle" comme l'appela Victor Hugo

"Folle'...... il fallait l'être pour engager la lutte avec les armes du savoir et du rêve contre les forces aveugles du pouvoir et de l'argent...

Louise Michel à Montmartre.

Elle fait partie désormais de notre éternité temporaire, celle des hommes et des femmes qui restent debout, celle de "ceux qui vivent", comme l'écrit Victor Hugo :

"Ceux qui vivent, ce sont ceux qui luttent; ce sont

Ceux dont un dessein ferme emplit l'âme et le front.

Ceux qui d'un grand destin gravissent l'âpre cime.

Ceux qui marchent pensifs, épris d'un but sublime."

 

 

Photo montage de Féline Harfang

Photo montage de Féline Harfang

"Un jour pourtant un jour viendra couleur d'orange

Un jour de palme un jour de feuillages au front

Un jour d'épaule nue où les gens s'aimeront

Un jour comme un oiseau sur la plus haute branche"

 

 

(Aragon)

Louise Michel à Montmartre.

Voir les commentaires

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 20 30 > >>

Archives

Articles récents

Hébergé par Overblog