Alfred Renaudin (1866-1944) n'est ni Montmartrois ni parisien mais il a posé son chevalet dans les rues du vieux village et nous a laissé un témoignage précieux dont quelques toiles sont exposées au Musée de Montmartre, dans la salle du rez-de-chaussée.
Une bonne raison pour lui rendre visite rue Cortot!
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Peintre lorrain, il est toujours resté très attaché aux paysages de sa région. La grande majorité de ses peintures représente des paysages de campagne et d'eau.
Il est venu dans la capitale pour se former dans l'atelier du peintre Henri Harpignies, ami de Corot et proche de l'école de Barbizon dont Anatole France disait qu'il était "Le Michel Ange des arbres"!
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Henri Harpignies
Nous ne étonnons donc pas de trouver une présence si forte de la nature et des arbres chez lui qui n'appréciait pas vraiment les paysages citadins. Pourtant s'il s'est attardé à Paris, c'est qu'il a su voir ici et là malgré la densité urbaine la présence d'une nature qui tentait de jouer avec les pierres et les ciels.
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Renaudin
S'il pose par prédilection son chevalet à Montmartre c'est qu'il est témoin attristé de la métamorphose du village et de sa campagne. Il assiste à la destruction des espaces naturels et à l'urbanisation violente de la Butte, surtout dans l'entre deux guerres qui voit s'élever des barrières d'immeubles là où subsistaient de modestes demeures et où les rues avaient encore un aspect villageois.
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La rue du Mont Cenis (Renaudin)
La rue du Mont Cenis aujourd'hui avec les banderoles des habitants qui s'opposent à la transformation de la Butte
Ainsi fut défigurée la rue Cortot à ses premiers numéros et complètement sacrifiée la vieille rue du Mont Cenis avec ses maisons de Mimi Pinson et de Berlioz.
Alfred Renaudin témoigne, sur le flanc nord de la Butte, de la transformation du maquis de la misère en opulente avenue Junot réservée aux plus fortunés.
Après avoir peint le chantier comme une blessure ouverte, avec pour témoins le moulin de la Galette et, sur la droite la maison de Félix Ziem, il nous montre quelques années plus tard l'avenue terminée avec ses grandes maisons et notamment, au premier plan sur la droite, celle de Tristan Tzara (construite par Adolf Loos).
Il aime contempler Paris de haut, sur les flancs d'une butte encore sauvage. On voit sur cette toile l'espace herbu où sera dessiné le square St Pierre lors de l'édification de la basilique. Square qui aujourd'hui après être passé par Adolphe Willette porte le nom de Louise Michel.
D'autres toiles ressuscitent un Montmartre du passé comme cette vue, toujours au niveau de l'avenue Junot avec pour sémaphore le moulin rescapé.
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Celle de la rue de l'Abreuvoir ensoleillée peinte à partir de l'allée des Brouillards...
Ou bien, toujours reconnaissable parce qu'ayant survécu au lotissement systématique du village, la rue St Rustique, blottie comme un chat qui veut se faire oublier, entre les rues Norvins et Cortot.
Parmi ses toiles de Montmartre, l'une d'elles, contrairement aux autres, oublie la lumière pour nous proposer une rue du Calvaire sinistre, mangée par l'ombre. Rares sont les œuvres de Renaudin aussi sombres.
Par opposition, une autre toile lumineuse et heureuse nous montre la famille du peintre se reposant sur les sommets de la Butte.
Elle semble réconcilier le peintre avec la ville et donner à la nature une place prépondérante. Avec cette toile, Renaudin rend hommage à Montmartre et tient à distance, un bref moment, les destructions auxquelles il assiste.
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Les 4 toiles de lui qui vous attendent rue Cortot sont parmi les plus remarquables témoins de la transformation de notre Montmartre