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Montmartre secret

Montmartre secret

Pour les Amoureux de Montmartre sans oublier les voyages lointains, l'île d'Oléron, les chats de tous les jours. Pour les amis inconnus et les poètes.

montmartre. rues et places.

Publié le par chriswac
Publié dans : #MONTMARTRE Saisons. Divers, #MONTMARTRE. Rues et places., #album
14 octobre. Le défilé des Vendanges 2023 à Montmartre.

        Comme chaque année, le défilé des Vendanges est un moment festif qui associe les Montmartrois à cet évènement qui rappelle la sauvegarde par Poulbot et les amoureux de la Butte de l'espace qui devait être bâti et où grâce à eux a été plantée la vigne qui rappelle le grand vignoble montmartrois disparu sous les lotissements.

14 octobre. Le défilé des Vendanges 2023 à Montmartre.

L'été n'a pas jugé bon de persévérer jusqu'à ce 14 octobre.

Il a cédé la place à un automne frisquet et gris. Un temps qui correspond à la tristesse et à la peur que font naître les guerres et, hier, l'assassinat d'un professeur. 

14 octobre. Le défilé des Vendanges 2023 à Montmartre.

Est-ce la conjonction des deux qui explique qu'il n'y ait pas eu grand monde sur le parcours du défilé qui, parti du clos de Montmartre devait arriver à la mairie? 

14 octobre. Le défilé des Vendanges 2023 à Montmartre.
14 octobre. Le défilé des Vendanges 2023 à Montmartre.

       L'Ukraine était présente bien sûr comme l'année dernière. Les drapeaux jaune et bleu étaient les plus nombreux. Certains flottaient dans le ciel à côté des drapeaux français.

L'hymne ukrainien a été chanté à plusieurs reprises. Les spectateurs se sont tus et ont applaudi à la fin. Longuement.

14 octobre. Le défilé des Vendanges 2023 à Montmartre.
14 octobre. Le défilé des Vendanges 2023 à Montmartre.

La Géorgie aussi était présente avec ses jeunes habillés de rouge et de noir qui dansaient et chantaient pour rappeler que leur pays dévoré en partie par les Russes compte sur nous pour les soutenir s'il leur arrivait ce qui est arrivé à l'Ukraine.

 

 

 

    J'aurais dû commencer par le commencement!

Le défilé a été comme toujours ouvert par les poulbots fidèles au poste.

Comme l'on sait leur nom leur vient de Francisque Poulbot qui soucieux d'aider les plus démunis, ouvrit rue Lepic en 1923 un dispensaire "Les p'tits poulbots" transformé plus tard en Association.

 

 

14 octobre. Le défilé des Vendanges 2023 à Montmartre.

Après les poulbots, marchent en tête les membres, déguisés en Aristide Bruant, de la République de Montmartre avec le garde-champêtre, Bernard Beaufrère.

 

Je remarque depuis quelques années l'un d'eux qui vient avec son chien dans un sac à roulettes. Longue vie à tous les deux!

14 octobre. Le défilé des Vendanges 2023 à Montmartre.

    En bonne place avancent comme si elles glissaient sous leur robes à crinoline Miss Montmartre 2023, ses dauphines et Miss 2022...

Bon! Montmartre n'a pas encore revu sa copie féministe! 

14 octobre. Le défilé des Vendanges 2023 à Montmartre.

La Capoeira Viola de la rue Durantin

14 octobre. Le défilé des Vendanges 2023 à Montmartre.

Envie d'un gros dodo

Les autres participants se partagent entre associations viticoles, sportives ou plus fantaisiste, dans l'esprit montmartrois.

14 octobre. Le défilé des Vendanges 2023 à Montmartre.

Bandauê. Percussions samba-reggae.

14 octobre. Le défilé des Vendanges 2023 à Montmartre.

Les Chapeaux Fous.

14 octobre. Le défilé des Vendanges 2023 à Montmartre.
14 octobre. Le défilé des Vendanges 2023 à Montmartre.

Les Déjantés. Je crois que je serais à ma place parmi eux!

14 octobre. Le défilé des Vendanges 2023 à Montmartre.
14 octobre. Le défilé des Vendanges 2023 à Montmartre.

     Il n'y a pas que les viticulteurs qui profitent de la fête pour faire leur publicité.

Une créatrice de santiags Marion Fériel est du défilé avec un petit chien qui n'a pas besoin de santiags ni de talons hauts pour se dresser sur ses pattes!

14 octobre. Le défilé des Vendanges 2023 à Montmartre.

Les Serbes très disciplinés!

14 octobre. Le défilé des Vendanges 2023 à Montmartre.
14 octobre. Le défilé des Vendanges 2023 à Montmartre.
14 octobre. Le défilé des Vendanges 2023 à Montmartre.

     Pour fermer la marche, des invités venus de la Forêt Noire, la Stadtmusik St- Georgen. 

14 octobre. Le défilé des Vendanges 2023 à Montmartre.

      J'ai fait un choix personnel qui oublie pour une fois les confréries des vins de France et celle du célébrissime Clos de Montmartre.

Je penserai à elles l'année prochaine et je termine avec ces ballons rouges et gais devant la maison de Poulbot avenue Junot. 

 

 

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Publié le par chriswac
Publié dans : #MONTMARTRE. Rues et places.
Pissotières écologiques boulevard de Clichy. Laideur et ridicule. Uritrottoirs. Coup de gueule!

    Les pissotières Decaux, laides et toujours occupées, ne suffisent pas puisque Paris sent la pisse des hommes (jamais les femmes) qui soulagent leur vessie gonflée de bière ou autre liquide, contre les murs, dans les squares, entre les voitures.

Pissotières écologiques boulevard de Clichy. Laideur et ridicule. Uritrottoirs. Coup de gueule!

     Un exemple repoussoir est la pissotière de la rue Ronsard, contre la Halle Saint-Pierre, véritable cloaque avec ruissellement d'urine sur le trottoir, stagnation dans les caniveaux et, cerises sur le gâteau, étrons de toute forme entre la pissotière et le mur.

Il vaut mieux avancer en kangourou en faisant des sauts sur le trottoir afin d'éviter de s'éclabousser !

Pissotières écologiques boulevard de Clichy. Laideur et ridicule. Uritrottoirs. Coup de gueule!

    Un autre exemple est la pissotière de la place Valadon, près du funiculaire. Elle est moins sale mais tout à fait insuffisante pour les milliers de touristes qui font "la queue" devant elle, si longtemps que parfois ils n'ont pas d'autre choix que de se soulager à travers les grilles du jardin.

Photo Le Parisien. Eric Le Mitouard.

Photo Le Parisien. Eric Le Mitouard.

   La ville consciente du problème lance de nombreuses opérations pour disposer aux endroits critiques des "uritrottoirs" afin d'inviter les hommes à respecter l'espace public et en même temps de récupérer l'urine qui s'avère être un engrais naturel et écolo.

Photo Le Soir

Photo Le Soir

   Ces nouvelles pissotières (œuvres de Laurent Lebot) sont souvent ridicules et d'une esthétique discutable.

Elles  comportent un bac supérieur avec de maigres géraniums ou fleurs anémiques. Dans la partie inférieure, de la paille permet de recueillir l'urine pour les composts. Situées à des endroits pittoresques du Paris romantique, elles ont suscité indignation et moqueries et d'uritrottoirs sont devenues horritrottoirs. Des fuites nombreuses ayant obligé les passants à marcher dans l'urine. 

Pissotières écologiques boulevard de Clichy. Laideur et ridicule. Uritrottoirs. Coup de gueule!

    

Devant le fiasco de ces uritrottoirs et le gaspillage de dizaines de milliers d'euros (et non d'uros) d'autres modèle sont apparus sur le boulevard de Clichy, non loin de Pigalle et du Moulin Rouge. Pauvre Montmartre!

 Trois mâles peuvent s'y soulager ensemble, la hauteur des colonnes varie et permet aux grands comme aux petits d'opérer sans faire de gymnastique.

Pissotières écologiques boulevard de Clichy. Laideur et ridicule. Uritrottoirs. Coup de gueule!

   Elles sont le plus souvent  inutilisées car elles sont exposées bien en évidence et obligent le pisseur à se hisser comme sur une estrade et à devenir un sujet de curiosité et de déclenchement de photos que ne manquent pas de prendre les touristes interloqués ou hilares.

 

Pissotières écologiques boulevard de Clichy. Laideur et ridicule. Uritrottoirs. Coup de gueule!

 Je me demande si des études d'acceptabilité ont été faites avant d'installer ces "machins" qui doivent être surélevés pour recevoir la fameuse paille.  

Pissotières écologiques boulevard de Clichy. Laideur et ridicule. Uritrottoirs. Coup de gueule!

    La majorité des hommes n'aiment pas pisser sous le regard des autres. Pour être acceptées les pissotières doivent séparer par une cloison quelconque les urinoirs. Evidence négligée par les concepteurs ! On voit sur cette photo le regard inquiet jeté sur la piste cyclable, de l'utilisateur.

Le prix de ces ridicules édicules est exorbitant. Nous comprenons pourquoi les Parisiens ont vu leurs impôts fonciers augmenter de plus de 60%!

Et pour les filles????

Et pour les filles????

Pissotières écologiques boulevard de Clichy. Laideur et ridicule. Uritrottoirs. Coup de gueule!

     Ces trucs moches et idiots sont je pense amovibles. Qu'ils disparaissent au plus vite ou bien qu'ils soient offerts aux élus responsables de ces merveilles avec obligation de  les installer dans leurs jardins ou leurs cours!

                                                 Urinoirs aux Halles

       Les très vieux parisiens qui ont connu les anciennes pissotières vous diront que c'était mieux avant.

  Formule rabâchée et contestable qui pour une fois semble juste!!!!! 

 

                                                   Urinoirs (Champs Elysées)

Pissotières écologiques boulevard de Clichy. Laideur et ridicule. Uritrottoirs. Coup de gueule!

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Publié le par chriswac
Publié dans : #MONTMARTRE. Rues et places.
Montmartre. Square Saint pierre. Square Louise Michel.

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    Je republie cet article écrit il y a 13 ans car depuis 4 ans la plus belle partie du square est interdite aux riverains et aux touristes. Cette partie ombragée et pittoresque manque vivement aux Montmartrois. Il paraît que quelques rocailles présentent des dangers et doivent être restaurées. Peut-être mais  depuis 4 ans, aucun début de commencement de travaux n'est entrepris! J'ai contacté la mairie et n'ai reçu pour réponse que de vagues propos. En ces temps où les Parisiens recherchent des refuges d'ombres et fraîcheur cette confiscation du jardin est un scandale.

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Les jardins du square Saint-Pierre (aujourd'hui Louise Michel) sont parmi les plus pittoresques de Paris. Ne croyez pas Wikipédia ou autres sites qui les font naître en 1927! Ils ont été imaginés par Alphand en 1880. Des glissements de terrain en retardèrent l'achèvement qui fut l'oeuvre de Formigé à la fin du XIXème siècle.

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La carte postale de 1904 montre les faucheurs au travail sur la grande pelouse qui accueille de nos jours les promeneurs et les touristes désireux de poser un instant leur derrière à l'ombre des grands arbres.

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      Quelques uns de ces arbres sont remarquables. Citons entre autres un marronnier d'Inde de 153 ans, un ptérocarya du Caucase de 111 ans et d'étonnants orangers des osages plantés en 1922. Nous leur rendrons visite dans un prochain article.

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      Le "pont rustique" franchit une gorge  qui a perdu de son charme depuis que la cascade qui ruisselait sur les rochers et terminait sa course dans la grotte de la rue Ronsard a été asséchée. 

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      Cette carte de 1905 nous en fait regretter l'aspect alpestre ...

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Les allées en escaliers étaient un endroit idéal pour la photo.

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Les arbres ont poussé, la végétation cache aujourd'hui les immeubles de briques et pierres de la rue Utrillo.

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                       Photo de François Gabriel (voir : Montmartre. Rue Utrillo (ancienne rue Muller).

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      Et les chats libres de Montmartre ont remplacé les petits poulbots disparus depuis longtemps de ce quartier où l'on rencontre plutôt des petits bobos!

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      L'entrée du jardin côté rue paul Albert.

 

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Une des allées principales... On pouvait alors voir l'ensemble de la rue Utrillo (Muller) qui dressait comme un décor les immeubles qui attristaient  Aristide Bruant : "Des maisons d'six étages, ascenseur et chauffage, ont r'couvert les anciens talus..." Ce qui n'empêcha pas notre révolté d'acheter un grand appartement dans un opulent immeuble de pierres, rue Christiani!

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      Encore une vue impossible à reproduire à cause de la végétation. Sur l'allée qui surplombe la Halle Saint-Pierre, des Montmartrois prennent le soleil...

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Le vieil immeuble derrière la halle a été remplacé dans les années 30 par le bâtiment aux larges baies vitrées des magasins de tissus Dreyfus, au coeur du Marché Saint-Pierre.   

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Parmi les curiosités du jardin, cette petite fontaine, dite des Innocents (1907) due au sculpteur Emile Derré

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Elle est surmontée d'une citation de Rabelais : "Mieux est de ris que de larmes escrire"... qu'on pourrait remplacer par : "Mieux est de vie que de mort sculpter..."     Ce que réalise Derré en représentant des enfants rieurs, une mère épanouie et charnelle, un gros bébé pisseur!  

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Dans la grotte d'amour, au-dessus du "pont rustique", le même sculpteur a représenté un couple enlacé. Nul doute qu'il y avait dans le choix de ces oeuvres une volonté affirmée de se démarquer des "bondieuseries" du Sacré-Coeur. Emile Derré était proche des anarchistes. C'est lui qui sculpta le buste de la tombe de Louise Michel.

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Après la première guerre, il fit scandale en représentant sous le titre : "Tu ne tueras point" un soldat allemand et un soldat français tombant dans les bras l'un de l'autre. Il était à ce point pacifiste qu'il se suicida à l'annonce de la 2ème guerre.

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La fontaine monumentale avec ses trois vasques est due à Paul Gasq (1932). Elle refuse elle aussi les sujets religieux pour préférer les dieux marins et les tritons.

Aujourd'hui dans la partie Est du square, la plus pittoresque et la plus variée, vous rencontrerez les mères aux chats qui viennent nourrir les petits félins à heures fixes, les tresseurs, immigrés africains, qui tenteront de nouer des fils de laines multicolores à vos poignets, les vendeurs de souvenirs made in China, les mendiants insistants, les touristes photographes, quelques Montmartroises tricoteuses et un raton laveur...comme dirait Prévert... qui habita pendant des années à une encablure de là...

(C'est ce que j'écrivais il y a 13 ans! Rien de tel aujourd'hui. Des barrières, des interdictions, aucune restauration, une confiscation inacceptable.)

(J'ai découvert grâce à un lecteur de l'article le métier de rocailleur et l'art que représente la création des faux rochers comme ceux du square Louise Michel. C'est un patrimoine menacé qu'il convient d'entretenir et non de sacrifier comme c'est le cas au zoo de Vincennes  :le rocailleur)

 

Liens: Montmartre:

Montmartre. Place Saint Pierre.

Montmartre. La tour du philosophe. Impasse Girardon.

Montmartre. Moulin de la Galette. Histoire. peintres.

Montmartre. Rue Muller.

Montmartre: rue Foyatier.

Montmartre. Rue Utrillo (ancienne rue Muller).

Musée de l'érotisme. Pigalle.

Le nom de Montmartre. Origine.

Square Louise Michel Montmartre jour d'hiver

 

...

 

 

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Publié le par chriswac
Publié dans : #MONTMARTRE Peintres.Artistes.Clébrités, #MONTMARTRE. Rues et places.
Rue Biot

Rue Biot

...Bien sûr quand on pense à Gainsbourg on pense à la rue de Verneuil où il a vécu et où il a tiré sa révérence, mais c'est oublier l'importance qu'a eue Montmartre dans sa vie.

A l'occasion de l'ouverture de sa maison-musée, je republie cet article écrit il y a plus d'un an.

Gainsbourg et Montmartre.

     C'est dans la Nouvelle Athènes, 11 bis rue Chaptal qu'il vient vivre en 1932  alors qu'il n'a que 4 ans  avec ses parents Joseph et Olia Ginsburg.

 

       Il est né près de Notre-Dame, à l'Hôtel-Dieu, de parents qui ont fui Odessa.  Tous deux artistes, elle chanteuse lyrique, lui pianiste, ils courent les cachets aussi modestes fussent-ils pour permettre à leur famille de vivre correctement.

Serge qui s'appelle alors Lucien a une sœur jumelle, Liliane, et une sœur aînée, Jacqueline, de deux ans plus âgée. Le frère aîné, Marcel, n'a pas survécu à une pneumonie.

Gainsbourg et Montmartre.

     La rue Chaptal n'est pas une adresse passagère. C'est là que pendant quinze ans la petite famille va vivre.

   

               Lucien, Jacqueline et Liliane Ginsburg

         C'est dans le petit appartement que Lucien subit avec ses sœurs des leçons de piano. En effet quand on a 6 ou 7 ans, on apprécie moyennement l'heure d'exercice pianistique que vous imposent vos parents, chaque jour à la sortie de l'école. Exercices qui se terminent souvent dans les larmes.

Gainsbourg et Montmartre.

    Il est comme il le dira, un enfant trouillard qui a du mal à s'endormir et dont les rêves sont peuplés d'images inquiétantes venues des contes qu'il dévore (Grimm, Andersen). Sur le petit lit pliant installé dans la salle à manger qui lui sert de chambre, il appelle Jacqueline afin qu'elle le rassure la nuit tombée.

Ecole 15 rue Chaptal.

Ecole 15 rue Chaptal.

    Enfant solitaire, il joue seul le plus souvent avec son meccano ou des voitures miniatures. Il  aime son fusil à air comprimé qui lui est confisqué lorsqu'il casse un carreau de l'école maternelle en face de chez lui.

Gainsbourg et Montmartre.

    Il descend la rue Blanche pour aller au square de la Trinité, devant l'église qu'il n'aime pas " la plus laide église que j'aie jamais vue".

Il joue au ballon ou il fait flotter un bateau sur le petit bassin aux fontaines.

La cité Chaptal où vivait Fréhel.

La cité Chaptal où vivait Fréhel.

    Parmi ses souvenirs liés à la chanson, il y a cette rencontre avec Fréhel qui habitait le même quartier, cité Chaptal et qui était alors très populaire.

 

   Le jeune Lulu venait de recevoir la croix d'honneur dans son école et rentrait fièrement, en l'exhibant.

     Fréhel passait par là et émue par le gamin se pencha sur lui.

 

 

  Voici comment en parle sans ménagement Gainsbourg :

"J'avais neuf-dix ans et voilà que je croise Fréhel qui ressemblait à un tas immonde et qui habitait à deux pas, dans l'impasse Chaptal où il y avait le Grand Guignol. Elle se baladait dans la rue avec un pékinois sous chaque bras, en peignoir, avec un gigolo à distance réglementaire, cinq mètres derrière, comme à l'armée. Je revenais de mon école communale et j'avais la croix d'honneur sur mon tablier. Fréhel m'a arrêté, elle m'a passé la main dans les cheveux, elle m'a dit : T'es un bon petit garçon (elle ne me connaissait pas!). Tu es sage à l'école, je vois que tu as la croix d'honneur, alors je vais te payer un verre. Je revois parfaitement la scène, c'était en terrasse du café qui fait le coin de la rue Chaptal avec la rue Henner. Elle s'est pris un ballon de rouge et m'a payé un diabolo grenadine et une tartelette aux cerises."

Gainsbourg et Montmartre.

Au 15 rue Chaptal, le café et sa terrasse sont toujours là. A nous d'imaginer Fréhel et ses deux pékinois, son gigolo à proximité, assise à côté de Lulu qui arborait sa croix d'honneur, peu de temps avant de la remplacer par l'étoile jaune, son "étoile de shérif".

Gainsbourg et Montmartre.

     "L'étoile de shérif" c'est ainsi que Lulu appelle l'étoile jaune qu'il est contraint de porter, cousue sur son tablier.

Il fréquente l'école de la rue Blanche où son instituteur, monsieur Charlet, plutôt que de prononcer son nom l'appelle "le petit juif".

 

Antoine Doinel. Le vol de la machine à écrire. (Les 400 coups)

Antoine Doinel. Le vol de la machine à écrire. (Les 400 coups)

     Cette période de sa vie fait penser à celle d'un autre enfant, moins aimé cependant, le jeune héros des 400 coups. Rappelons que Truffaut passa son enfance non loin de la rue Chaptal,  33 rue de Navarin dans le 9ème arrondissement où il fera habiter dans son film, sorti en 1959, Antoine Doinel et ses parents.

     Lucien n'aime pas l'école. Il rêve, il fait la classe buissonnière, il chaparde dans les magasins : "Je deviens un petit voleur. Je chaparde des soldats de plomb de grand prix, des petites voitures de course, des pistolets que j'arrachais des panoplies et faisais tomber dans mon cartable."

   

Joseph entouré de Lucien , Liliane et Jacqueline (debout)

      La famille depuis la fin des années 30 passe l'été à Dinard où Josef exerce son art de pianiste dans des établissements comme le Balnéum. L'été 40, la famille envisage de ne pas rentrer à Paris afin d'échapper aux menaces qui se précisent. Lucien ne souffre pas de ce premier exil temporaire à Dinard. Jacqueline parlera de cet été comme un temps de vacances et d'insouciance : "Comme les enfants sont inconscients, la grande attraction c'était d'aller sur la place du Marché regarder l'arrivée des camions et des charrettes de l'exode."

Collège de Saint-Léonard de Noblat

Collège de Saint-Léonard de Noblat

    Mais il faut renoncer au retour à Paris où la chasse aux Juifs est de plus en plus active, avec un peu plus haut à Montmartre, un Céline dont les écrits violemment antisémites sont largement diffusés.

    C'est à Limoges, ville accueillante aux persécutés que se réfugient les Ginsburg. Il est cependant plus prudent de changer de nom et Ginsburg se mue en Guimbard, allusion peut-être à la guimbarde, modeste instrument de musique, appelé aussi "jew's harp" aux Etats-Unis où il accompagne les récits d'humour juif. Pour plus de sécurité, il est interne au collège de Saint Léonard de Noblat.

 

    Par chance le proviseur protège les Juifs et lorsqu'il apprend la visite de la milice, il prévient Lucien.

"Petit Ginsburg, il va y avoir une descente des miliciens pour voir, s'il n'y a pas de sémite ici. Je te donne une hache, tu files dans les bois et si tu croises des SS ou des miliciens, tu dis que tu es fils de bûcheron. J'ai attendu quelques jours et il m'a contacté en disant: tu peux rentrer."

    La guerre finie, Lucien reprend ses études à Condorcet où il s'ennuie. Il provoque la colère de ses parents en refusant d'aller jusqu'au bout de la terminale et de passer le bac (1945).

     Académie de Montmartre (Fernand léger) 104 bd de Clichy

Il continue de fréquenter avec plaisir l'Académie Montmartre devenue Académie Fernand Léger où il apprend le dessin et la peinture.

    C'est là qu'il rencontre en 1947 Elisabeth Levitsky, fille d'immigrés russes et mannequin.

 

      Elle habite près de la place Clichy où il la raccompagne après les cours et où il finit, malgré sa timidité par lui demander s'il peut monter chez elle. C'est Elisabeth qui évoque ce moment : "On se disait vous, il m'expliquait tous les accords de guitare très compliqués. Moi j'étais sur le lit de ma toute petite chambre et je me disais : "Qu'est-ce qu'il attend?" Il était trop tard pour son dernier métro. Alors je me suis poussée et je lui ai dit : "Viens donc!" Il s'est assis à côté de moi, il a posé sa guitare et il a éteint..."

                                            Autoportrait

    C'est le début d'une vie de bohême marquée par "la dèche" et l'amour. Serge continue de peindre sans oser vendre ses toiles. Il dira plus tard que cette période a été malgré la misère une des plus belles de sa vie :

        Enfants au square, tableau offert par Gainsbourg à Greco.

"J'avais trouvé là un art majeur qui m'équilibrait... La chanson et la gloire m'ont déséquilibré. J'ai tellement aimé la peinture..."

Rue Royer Collard

Rue Royer Collard

    Bientôt les amoureux vont quitter Montmartre pour changer de rive et  habiter notamment à l'hôtel Royer Collard (aujourd'hui disparu) près de la Sorbonne,  dans la chambre où avaient vécu un temps Verlaine et Rimbaud et à côté d'un autre couple, Léo Ferré et Madeleine.

L'histoire de Gainsbourg et Montmartre s'arrête là. Ses rêves d'être un grand peintre cesseront un peu plus tard.

        Il a épousé Elisabeth en 1951 et a divorcé six ans plus tard. Elle ne supportait pas les nombreuses conquêtes de son mari qui avouera: "Parce que je suis con... Parce que je suis polygame."

Gainsbourg et Montmartre.

   Nous pouvons encore citer quelques attaches avec Montmartre comme le cabaret "chez Madame Arthur" où il remplace son père au piano, ou les Trois Baudets où il rencontre Canetti qui le pousse à se lancer sur scène.

      C'en est fini du Gainsbourg de la Butte. On prétend que l'homme est l'enfant ce celui qu'il a été avant son adolescence... Serge Gainsbourg est donc l'enfant du montmartrois Lucien Ginsburg de la rue Chaptal et du boulevard de Clichy!

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Ellen Andrée fut une actrice d'un certain renom, interprète de Courteline, de Guitry, et choisie par André Antoine pour jouer dans Poil de Carotte de Jules Renard ou La Terre de Zola.

Pourtant, si son nom reste connu aujourd'hui c'est parce qu'elle a servi de modèle à quelques uns des plus grands peintres de son temps.

Ellen Andrée par Nadar

Ellen Andrée par Nadar

Ellen Andrée (1857-1925) commence tôt sa carrière d'actrice. Elle a 17 ans quand elle débute au théâtre du Palais Royal.

Elle jouera par la suite aux Variétés, à la Renaissance, aux Folies Bergères...ng>

Elle est vite remarquée par les artistes qui sont attirés par sa "présence", sa sensualité et sa bonne humeur.

Parmi les premiers à lui demander de poser, Manet n'est pas le moindre !

Manet. La parisienne (Ellen Andrée) 1874

Manet. La parisienne (Ellen Andrée) 1874

Dans la Parisienne (1874) elle est une femme élégante et digne, vêtue de noir. Etonnant tableau qui prend le contrepied de ce que son titre peut suggérer. La Parisienne n'est pas la coquette, piquante et accueillante qui fait fantasmer l'Europe mais une femme endeuillée, figure austère et hiératique, un portrait qui évoque Goya (la Marquise de la Solana).g>

Elle semble sortir du poème "A une passante" de Baudelaire:

(...) Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse,

Une femme passa, d'une main fastueuse

Soulevant, balançant le feston et l'ourlet.

(...)

Car j'ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais,

Ô toi que j'eusse aimée, ô toi qui le savais.

Manet. La Prune. (Ellen Andrée) 1878

Manet. La Prune. (Ellen Andrée) 1878

Peint quatre ans plus tard, le tableau "La Prune" donne une autre image de la femme. Ellen Andrée en bonne comédienne, peut jouer tous les rôles!

Elle est attablée dans un café, le verre avec le fruit et l'eau de vie devant elle. Le décor est celui de la Nouvelle Athènes que fréquentait Manet, place Pigalle. Les lignes du cadre à l'arrière-plan mettent en valeur le visage de la femme, une femme du peuple, soeur de celles que décrit Zola. Fatiguée, dans une attitude de laisser-aller, elle s'abandonne un moment, la cigarette éteinte, au plaisir d'un moment de solitude et de rêverie.

Manet. Chez le père Lathuille (1879)

Manet. Chez le père Lathuille (1879)

Dans le célèbre tableau peint chez Lathuille en 1879, on la retrouve avec à ses côtés Louis Gauthier-Lathuille, le fils du cabaretier.

Elle est de nouveau vêtue en bourgeoise, un peu raide, à la fois intéressée et sur la réserve devant un jeune homme sensuel et dragueur. A l'arrière plan, un garçon de café observe la scène. Il est l'image même du peintre ou de l'écrivain naturaliste (Zola, Manet) qui observent la société!

Ellen Andrée. Modèle à Montmartre. (Manet, Degas, Renoir...)

Quittons Manet et revenons en arrière, en 1874, quand Gervex (un authentique Montmartrois, né en 1852 dans le village que Paris n'avait pas encore annexé) peint Rolla en s'inspirant du poème de Musset. C'est Ellen Andrée qui pose pour lui mais exige que son visage ne soit pas reconnaissable!

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"Henri Gervex répandit mon anatomie sur le lit de son "Rolla". Je ne tenais pas à être reconnue en cette Manon d'une tenue si abandonnée. Je recommandai à Gervex : surtout ne lui donnez pas ma figure!

Bref, pour le visage, c'est une brune qui posa...." ng>Ellen Andrée.

Ellen Andrée. Modèle à Montmartre. (Manet, Degas, Renoir...)

Elle n'a que 21 ans quand elle pose pour ce tableau et elle ne tient pas à compromettre sa jeune carrière.

De plus, elle subit encore l'influence du milieu familial et d'un père officier qui ne badine pas avec la morale!

Ellen Andrée. Modèle à Montmartre. (Manet, Degas, Renoir...)

Le tableau fait scandale et il est exclu du salon, ce qui assure sa célébrité! Les curieux émoustillés défilent en rangs serrés dans l'atelier de Gervex pour l'y voir!

Le poème de Musset nous présente un jeune débauché qui, écoeuré par sa vie sans idéal, décide de se suicider alors que Marie, la prostituée avec qui il a une liaison est étendue, abandonnée sur le lit.

J.K. Huysmans remarque surtout la figure masculine dans le tableau de Gervex. Il écrit :

"Le jeune homme regarde, regrettant et dégoûté, la fille inerte, avachie dans un long somme. Cette figure ravagée et sombre, détachée dans un flux de lumière blanche est vraiment belle. Dans ce dépoitraillé de costume, dans cette chemise au plastron et aux manches froissées, cet homme a grande allure et je vois dans cette fille éboulée, après des intimités haletantes, sur un lit, un coin de parisianisme et de modernité qui évoque en moi des souvenirs du grand et divin poète Charles Baudelaire."

Gervex. Avant l'opération. 1887.

Gervex. Avant l'opération. 1887.

Ellen Andrée pose pour un autre tableau de Gervex quelques années plus tard. Le tableau "Avant l'opération" s'intitulait en réalité "Le docteur Péan enseignant à ses élèves à l'hôpital Saint-Louis, sa découverte du pincement des vaisseaux"!g>

C'est un hommage à Rembrandt et à sa Leçon d'anatomie.

La fin du déjeuner; Renoir.

La fin du déjeuner; Renoir.

Renoir ne manque pas de la remarquer chez ses amis et il la fait poser pour plusieurs de ses toiles comme "la fin du déjeuner"....ong>

Ellen andrée. Renoir

Ellen andrée. Renoir

Le déjeuner des canotiers. Renoir.(1881)

Le déjeuner des canotiers. Renoir.(1881)

Dans le célèbre déjeuner des canotiers, elle est présente parmi les 4 personnages du groupe principal, autour de la table. A droite, assis à califourchon sur sa chaise, le peintre Caillebotte semble plus intéressé par la femme en face de lui que par sa voisine (Ellen Andrée) vers laquelle se penche le journaliste italien, Maggiolo.

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Renoir privilégie sa sensualité et sa grâce. Ell sera satisfaite du résultat et considérera que c'est lui qui aura été le plus fidèle à sa nature de femme libre et vivante.

L'Absinthe. Degas. 1873

L'Absinthe. Degas. 1873

Elle ne pense pas la même chose de Degas qui la fait poser pour son tableau "l'Absinthe".

Elle est assise à côté de Marcellin Desboutin dans le café de la Nouvelle Athènes, place Pigalle, où Manet avait déjà peint "la Prune".>

Degas donne à voir l'isolement des buveurs enfermés dans leur monde. Zola apprécie l'oeuvre et il dira à Degas, à propos de "l'Assommoir" : "J'ai tout bonnement décrit quelques uns de vos tableaux."

Ellen Andrée s'inquiète d'être assimilée à la femme alcoolique que le peintre a représentée. Elle insiste pour qu'il précise qu'elle était une femme tout à fait sobre et qu'il lui avait fait jouer un rôle de composition!

Ellen Andrée. Modèle à Montmartre. (Manet, Degas, Renoir...)

A force de fréquenter les peintres, Ellen Andrée finit par en épouser un!

En 1887, elle devient la femme de Henri Drumont, un vrai Montmartrois puisqu'il est né en 1859 dans la commune libre (comme Gervex), un an avant qu'elle ne soit rattachée à la capitale!

Près de la barque; Henri Drumont.

Près de la barque; Henri Drumont.

Laissons les derniers mots à Ellen Andrée qui évoque son existence d'artiste et de modèle :

"J'ai toujours été fourrée dans les peintres : Degas, Renoir, Manet... Ils m'ont tous fait mon portrait plus ou moins, souvent plutôt deux fois qu'une, mais j'ai perdu tout cela en des ventes, je partais pour l'Amérique, j'étais amoureuse..."

(Ellen Andrée par Jean d'Arc. Le Courrier Français 1891

Un coin d'atelier (1887) Edouard Joseph Dantan (Ellen Andrée)

Un coin d'atelier (1887) Edouard Joseph Dantan (Ellen Andrée)

Ellen Andrée. Degas (1876)

Ellen Andrée. Degas (1876)

Femme dans la rue. Degas. 1879. (Ellen Andrée)M

Femme dans la rue. Degas. 1879. (Ellen Andrée)M

Au café. Manet (1878) (Ellen Andrée)

Au café. Manet (1878) (Ellen Andrée)

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Publié le par chriswac
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La Tour Montmartre.  Rue de l'Empereur. Rue Lepic. Tour Solférino.

  Avant que le Sacré-Cœur ne dominât la Butte de toute sa blancheur, le plus beau panorama sur Paris s'offrait aux visiteurs depuis une tour de 43 mètres de haut où il était possible d'accéder par un escalier afin de profiter moyennant un modeste droit du "point de vue" exceptionnel.

La Tour Montmartre.  Rue de l'Empereur. Rue Lepic. Tour Solférino.

      Adolphe Joanne évoque l’établissement dans son ouvrage Paris illustré : Nouveau Guide de l’étranger et du Parisien : « Aux coins des rues de l’Empereur et du Vieux-Chemin [actuelle rue Ravignan], en face d’un petit réservoir octogone des eaux de Paris, sur les bâtiments du café de la Tour Montmartre, dont l’enseigne porte cette inscription prétentieuse : Au plus beau point de vue du monde, s’élève une tour-belvédère à deux étages, avec balcons, et du haut de laquelle on découvre absolument la même vue que de la terrasse des Moulins. D’autres belvédères ont été construits, dans ces dernières années, sur différents points du versant méridional de la butte » (

La Tour Montmartre.  Rue de l'Empereur. Rue Lepic. Tour Solférino.

     Nous connaissons donc l'emplacement précis de cette guinguette et de sa tour, sur ce triangle qui fait aujourd'hui partie de la place Jean Baptiste Clément, devant le vieux réservoir que l'on aperçoit sur la droite. 

 

    Et que savons-nous d'autre? Rien! ou presque! Sinon qu'elle était située 114 rue de l'Empereur, ce qui nous permet de la dater entre 1852 et 1864. C'est en effet pendant ces années que l'actuelle rue Lepic s'appelait rue de l'Empereur.

La Tour Montmartre.  Rue de l'Empereur. Rue Lepic. Tour Solférino.

     La tour Montmartre pouvait se vanter d'être la seule à offrir un panorama impressionnant sur la ville car sa rivale, La tour Solférino, ne rivalisa avec elle qu'à partir de 1859, date de son érection.

La Tour Montmartre.  Rue de l'Empereur. Rue Lepic. Tour Solférino.

Les deux tours offraient bien  des ressemblances. La tour Solférino élevée à côté d'une guinguette qui portait son nom, reliée à elle par une passerelle, était située à l'emplacement de la crèche israélite actuelle, rue Lamarck, sur le versant est de la Butte. 

La Tour Montmartre.  Rue de l'Empereur. Rue Lepic. Tour Solférino.

Elle sera en partie détruite en 1870 car elle risquait de servir de repère aux tirs prussiens.

                                       1ère décapitation de la tour en 1870

 

           Elle sera entièrement rasée quatre ans plus tard.

 

     Mais si nous avons de nombreuses informations sur la Tour Solférino, il n'est est pas de même pour notre Tour Montmartre dont il ne subsiste pour l'évoquer qu'un bas relief de stuc au-dessus de la porte d'entrée d'un petit immeuble bien plus jeune qu'elle, 10 place Jean Baptiste Clément.

 

La Tour Montmartre.  Rue de l'Empereur. Rue Lepic. Tour Solférino.

Nous nous contenterons donc de ce modeste hommage dont Montmartre a le secret ( stucs sur l'horrible immeuble qui écrasa la maison de Mimi Pinson. Stucs sur le non moins hideux immeuble qui fit disparaître la maison de Berlioz).

    Par chance aucune immeuble locatif de briques grises n'est venue prendre la place de notre Tour. Un jardin ouvert sur le ciel et sur le paysage urbain, permet à notre imagination de l'ériger à nouveau et d'entendre les flonflons de la guinguette.

 

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Publié le par chriswac
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Tama river in the Musashi province

Tama river in the Musashi province

    Taï Taï, magasin-galerie du 15 rue André Del Sarte dédié à l'art et artisanat d'Asie est bien connu des amateurs qui apprécient l'harmonie du lieu, l'accueil qui leur est réservé et la diversité, l'originalité des objets et des œuvres proposés .

Depuis le 15 juin et pour quelques semaines, une exposition des 36 vues du Mont Fuji par Hokusaï attend les curieux et les amateurs.

 

Hokusaï est peut-être l'artiste japonais le plus connu en Occident.

                             (Red Fuji. Southern wind. Clear Morning)

Il y eut entre lui et les peintres français des influences manifestes. Ce que l'on a appelé le japonisme chez nous est fortement marqué par sa personnalité alors que son art était considéré comme "léger" dans son pays. Sait-on que les Européens connurent pour la première fois la"Manga d'Hokusaï par le le papier d'emballage des porcelaines!

                                      (The Fuji from Kanaya on the Tokaido)

Les célèbres 36 vues du Mont Fuji (qui sont 46 comme chacun sait!) ont été éditées pour la 1ère fois entre 1831 et 1833.

                                      (Shore of Tago Bay, Ejiri at Tokaido)

Depuis, elles n'ont cessé de fasciner par leur poésie, leur apparente simplicité qui est le tremplin idéal du rêve.

     Evidemment la "Joconde" d'Hokusaï est la célèbre "vague". Une vague immense, vivante, se dresse au-dessus des frêles embarcations. Elle dit la puissance de la nature et la fragilité des humains. Etonnante composition qui unit dans le même paysage la force mouvante des flots et celle, immuable du Fuji.

La vague sera féconde puisqu'elle inspirera l'Art Nouveau et fera l'admiration de Klimt. Comment ne pas citer un des plus beaux vitraux de Paris, place Gabriel-Kaspereit dans le 9ème arrondissement, près de l'avenue Frochot. Sur toute la façade, la fameuse vague change de couleurs avec la lumière et devient féérique lorsqu'elle est éclairée, la nuit, de l'intérieur.

                                   (Tsukada Island in the Musashi province)

Si la première édition des vues est aujourd'hui dans les musées, la qualité des différentes éditions qui se sont succédé depuis la création assurent à la série une renaissance qui ressemble à celle du phénix et permet grâce à la précision des gravures et des couleurs de distinguer les plus belles et les plus rares. 

Ainsi en est-il pour Yūyūdō 悠々洞 - Takamizawa Tadao, l'éditeur des "vues" présentées chez Taï Taï.

 

Les passionnés s'amusent à relever les légères différences d'une édition à l'autre. L'essentiel étant l'intensité des couleurs et des contrastes. Ici la fameux bleu de Prusse qu'utilisa Hokusaï pour la première fois au Japon donne à l'ensemble une cohérence, une atmosphère rares.

                                          (Sunset across the Ryogoku bridge)

Chacun aura ses préférences et je n'hésite pas à présenter mes "vues" préférées mais l'ensemble forme un tout cohérent.

                                                     (Shore of Tago Bay)

 Le Fuji éternel, témoin des agitations humaines, domine le paysage. Il rappelle l'éphémère de l'existence dans une nature qu'il importe de respecter. 

                                          (Inume pass in the Kai province)

C'est un beau moment que celui que l'on peut passer, à l'écart du bruit, devant cette édition remarquable des "vues" d'Hokusaï.

                             (Village of Sekiya at Samida river)

L'exposition vient de commencer et le Fuji a pris ses quartiers d'été 15 rue André Del Sarte! Vous avez le temps de ne pas le manquer!

 

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Publié le par chriswac
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 La place Ravignan.  La rue Feuchère. Enquête sur une place mystérieuse et une rue disparue.

Apparemment il aurait existé une place Ravignan à Montmartre si l'on en croit les clichés et cartes postales que l'on retrouve en abondance.

 La place Ravignan.  La rue Feuchère. Enquête sur une place mystérieuse et une rue disparue.

Et, mystère montmartrois, il en aurait existé non pas UNE mais DEUX! 

 La place Ravignan.  La rue Feuchère. Enquête sur une place mystérieuse et une rue disparue.

      La première aurait été la continuation de la rue Ravignan qui après quelques marches s'élargit devant le Bateau-Lavoir avant de reprendre son cours jusqu'à sa jonction avec la rue Gabrielle.

 La place Ravignan.  La rue Feuchère. Enquête sur une place mystérieuse et une rue disparue.
 La place Ravignan.  La rue Feuchère. Enquête sur une place mystérieuse et une rue disparue.

Elle faisait partie en réalité de la RUE Ravignan qui s'élargit sur une quarantaine de mètres après les quelques marches. Elle n'a jamais porté officiellement le nom de place, n'en déplaise aux nombreux clichés qui la présentent sous ce nom. Utrillo qui comme l'on sait, peignait souvent en reproduisant des cartes postales, a lui aussi appelé "place Ravignan" certaines de ses œuvres.

                                                        Place Ravignan (Utrillo)

    Ce qui est certain c'est que dès 1911, elle est détachée de la rue Ravignan pour devenir la place Emile Goudeau. Il n'empêche que de nombreux Montmartrois ont continué de lui donner un nom qu'elle n'avait jamais porté.

 

La rue Ravignan dépossédée de cet espace arboré continue son chemin vers les hauteurs comme une rivière qui disparaît soudain en s'enfonçant sous terre pour rejaillir, plus vigoureuse encore un peu plus loin. 

Rue Ravignan après la place Emile Goudeau (à droite rue Berthe, à gauche rue d'Orchampt)

 

          C'est au niveau de la rue Berthe que s'accomplit cette résurgence.

    Mais elle ignore notre chère rue Ravignan qu'elle va de nouveau être amputée, un peu plus loin, un peu plus haut. Cette nouvelle spoliation se fera à sa rencontre avec la rue Gabrielle.

C'est en effet à cet endroit qu'elle finit aujourd'hui sa course, rencontrant le petit immeuble où Picasso eut un atelier et où mourut son ami Casagemas.

 

   Naguère, la rue Ravignan ne s'arrêtait pas en si bon chemin, elle tournait quasiment à angle droit et poursuivait plein nord jusqu'à la rue Norvins. Seul son côté pair était bâti, du numéro 22bis au numéro 34. L'autre côté donnant sur un terrain devenu vague et inconstructible depuis que la guinguette "La Tour de Montmartre" avait été engloutie par un fontis.

Ancienne rue Ravignan devenue un des côtés de la place Clément.

Ancienne rue Ravignan devenue un des côtés de la place Clément.

La rue Ravignan arrivant rue Norvins. La boulangerie devenue bazar.

La rue Ravignan arrivant rue Norvins. La boulangerie devenue bazar.

Quelques vieilles maisons qui ont connu le temps où elles étaient rue Ravignan!

Quelques vieilles maisons qui ont connu le temps où elles étaient rue Ravignan!

Avant la création de la place Clément. On voit que l'endroit était appelé "Place Ravignan" et parfois "rue Ravignan".

Avant la création de la place Clément. On voit que l'endroit était appelé "Place Ravignan" et parfois "rue Ravignan".

  Exit la rue Ravignan et ses derniers numéros (transformés en numéros 2 à 12) lorsque fut créée par un décret de décembre 1905 (effectif en 1906) la place Jean Baptiste Clément.

sur la droite la rue Ravignan, sur la gauche la rue Feuchère et au fond la rue Lepic.

sur la droite la rue Ravignan, sur la gauche la rue Feuchère et au fond la rue Lepic.

Cette place est un triangle dont le côté nord est la partie extrême de la rue Lepic dont les numéros 97 à 101 sont devenus les numéros 7 à 11 de la place

                                     Arrière plan, la rue Lepic et le Réservoir.

 Le côté ouest était formé par une vieille rue, trop courte pour subsister, qui allait de la rue Ravignan à la rue Lepic. 

Il s'agit de la rue Feuchère dont les numéros 1 à 3 subsistèrent, augmentés d'un 5, sur la nouvelle place. 

Ancienne rue Feuchère (aujourd'hui place J.B. Clément)

Souvenons-nous un instant de cette modeste rue du haut Montmartre qui honorait le sculpteur Jean-Jacques Feuchère (1807-1852).

                    La rue Feuchère à gauche (un des rares clichés où elle est mentionnée)

Beaucoup de rues de Montmartre rendent hommage à des sculpteurs ou des graveurs, à commencer par Pigalle en passant par Pilon, Houdon, Coustou, Androuet, Girardon etc...

Jean-Jacques Feuchère malgré sa courte vie fut très sollicité et nous passons souvent à Paris devant ses sculptures ou bas reliefs en ignorant leur auteur...

Le cavalie arabe au pont d'Iéna (Feuchère)

Le cavalie arabe au pont d'Iéna (Feuchère)

   

Le passage du pont d'Iéna sur l'Arc de Triomphe (Feuchère)

 La liste serait trop longue mais contentons nous de mentionner son Bossuet de la Fontaine Saint-Sulpice, son cavalier arabe du pont d'Iéna, sa prise du pont d'Iéna de l'Arc de Triomphe, sa "Loi" place du Palais Bourbon, ses statues de la fontaine nord de la place de la Concorde...

 

Et voilà! Cette place Ravignan, comme celle située plus bas, N'A DONC JAMAIS EU D'EXISTENCE OFFICIELLE sinon dans la langue montmartroise qui donnait à ce terrain vierge le nom de la rue qui le bordait, le vieux chemin qui depuis des temps anciens montait, en courbes capricieuses jusqu'au cœur du village

 La place Ravignan.  La rue Feuchère. Enquête sur une place mystérieuse et une rue disparue.

Notre enquête s'achève sur ce constat qui évitera peut-être des recherches aux collectionneurs de cartes anciennes, dont certains sont des amis. 

                           Place Jean Baptiste Clément (Utrillo)

Nous quittons ce lieu haut perché avec notre Jean Baptiste (sans trait d'union, comme il le voulait pour se différencier de son père Jean-Baptiste Clément), communard, homme au grand cœur, Montmartrois d'âme et de corps puisqu'il eut non moins que 12 adresses sur la Butte, poète bien sûr. Une place où les merles moqueurs s'en donnent à bec joie et où nous revient sur les lèvres la chanson si souvent chantée par nos anciens, chanson qui évoque le printemps éphémère et la couleur des cerises, couleur de la  vie et du sang

Place Jean Baptiste Clément (Utrillo)

Place Jean Baptiste Clément (Utrillo)

 

J’aimerai toujours le temps des cerises:
C’est de ce temps-là que je garde au cœur
Une plaie ouverte!
Et dame Fortune, en m’étant offerte,
Ne pourra jamais fermer ma douleur…
J’aimerai toujours le temps des cerises
Et le souvenir que je garde au cœur!

 La place Ravignan.  La rue Feuchère. Enquête sur une place mystérieuse et une rue disparue.

Un grand merci à Pierre, ancien poulbot de la rue Lepic, d'avoir aiguillonné ma curiosité et de m'avoir transformé en enquêteur occasionnel!

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Publié le par chriswac
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Exposition Françoise Pétrovitch. Musée de la Vie romantique.

   Une belle rencontre avec une peintre rare, Françoise Pétrovitch, au musée de la Vie Romantique.

Le musée lui a donné carte blanche pour présenter ses œuvres...  

Le visiteur a ainsi l'impression d'être accueilli dans l'univers de l'artiste, comme dans sa maison. 

La première toile "dans mes mains" représente une adolescente, tenant tendrement un chien.  "C'est rose et ce n'est pas mièvre, c'est une adolescente d'aujourdhui, c'est une jeune fille vive et attentionnée."

Nous descendons dans la grande salle en sous-sol sous l'atelier d'Ary Scheffer. Ce qui frappe immédiatement c'est la paix, l'harmonie...

Nous  sommes invités à entrer dans les paysages mouillés, entre rêve et réalité. Ils sont des îles étranges, à la fois inquiétantes et en apesanteur. 

 

Exposition Françoise Pétrovitch. Musée de la Vie romantique.

Les plus beaux panneaux reprennent le thème du corps porté, soutenu par les bras de celui ou celle dont on ne voit pas le visage.

Les yeux sont fermés. Evanouissement ou mort? Corps sauvé ou cadavre déjà? C'est nous qui décidons, qui interprétons ces scènes puissantes. 

Le lavis laisse des traces sur les corps, comme des blessures, comme du sang. Mais ces mains qui se referment sur la lourdeur du corps sont le lien puissant qui unit les êtres. Ce lien qui porte secours et qui tente de remettre debout ceux qui sont tombés.

 

Exposition Françoise Pétrovitch. Musée de la Vie romantique.

Nous retrouvons ce thème dans la vaste salle qui servait d'atelier à Ary Scheffer. Cette fois les mains sont comme éclairées, vivantes, sur le cœur de celui qui est tenu, comme si la vie se réfugiait là et continuait de battre.

Exposition Françoise Pétrovitch. Musée de la Vie romantique.

Trois toiles formant triptyque représentent des adolescents. Les jeunes apparaissent souvent dans l'œuvre de Françoise Pétrovitch.

C'est l'âge des possibles, la période où l'on est pris entre le désir de rencontre et celui de solitude et de repli.

 Sur la gauche, deux jeune avancent les yeux ouverts contrairement à ceux qui figurent sur la plupart des autres toiles. L'une semble regarder vers le sol, l'autre regarder vers l'avant. Ils sont ensemble et seuls. Ce qu'ils ont en commun c'est la cigarette qui se consume.

Au centre, une des plus belles compositions de l'exposition, les jeunes sont deux encore, yeux clos. La fille semble parler. Le garçon tête baissée, les mains repliées dans les poches de son blouson reste silencieux. Rupture? Explication? Deux mondes séparés.

Sur la droite le garçon est seul. Sa cigarette est éteinte. Il est perdu dans ses pensées. Il est l'écho d'une autre solitude rencontrée dans la salle en sous-sol. Une jeune fille dans un monde qui se liquéfie autour d'elle.

 

Des toiles de plus petit format couvrent le mur sous les verrières. Les mains de la jeune fille entourent comme un nid l'oiseau fragile . Lèvres et ongles rouges ont les couleurs de la vie autour de l'animal fragile, couvert de bleus.

 

Les mains encore, toujours présentes, mains ouvertes pour donner ou recevoir... 

Mains qui se détachent, mains blessées, mains qui cherchent à se rejoindre encore...

Rare scène de tendresse. Mais les visages qui s'abandonnent expriment une grande tristesse. Une douleur, une douceur. Un deuil peut-être. Mère et fille, amie et amie, bleu et rouge et vert... mains que l'on devine réunies, serrées.

Main qui reçoit un oursin d'étoile bleue. Une blessure? Une promesse? 

Un des rares tableaux où les yeux ne sont pas fermés mais à la fois ouverts et aveugles. Les paupières ont-elles été inconscientes, en se levant, du danger d'abolir la frontière entre l'intérieur et le monde. Ne reste que le masque bleu, lèvres closes.

 

Il faut lever les yeux pour voir cette toile. C'est la seule de toute l'expo qui nous demande de regarder vers le haut. Vers l'espoirI

 

Il s'agit d'une jeune fille aux ongles jaunes, abritant la flamme de son briquet. Elle a été peinte le jour de l'invasion de l'Ukraine. Le visage frappé par la lumière est celui de la jeunesse, de l'avenir.

Exposition Françoise Pétrovitch. Musée de la Vie romantique.

Il faut quitter l'atelier pour rejoindre la maison d'Ary Scheffer qui abrite le musée de la Vie Romantique dans ce quartier de la Nouvelle Athènes où vécurent tant d'artistes du XIXème siècle.

 

Et tout d'abord George Sand qui vivait non loin de là avec Chopin. Hommage lui est rendu avec cette femme moderne qui fait penser à Jeanne Moreau et qui fume comme on revendique sa liberté, comme Sand fumait le cigare et portait le pantalon.

 

 

L'expo se termine avec cette rencontre d'une femme peintre et d'une écrivaine, libres toutes deux, engagées dans leur art et dans le partage.

 

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Publié le par chriswac
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Rue de Dunkerque (partie centrale)

Rue de Dunkerque (partie centrale)

     Elle descend en ligne droite entre le boulevard Marguerite de Rochechouart au niveau de la place d'Anvers et la Gare du Nord où elle cède la place à Napoléon III (ancienne place de Roubaix) avant de reprendre son chemin sur une cinquantaine de mètres jusqu'à la rue d'Alsace. 

Rue de Dunkerque à partir du Magenta, vers la Gare du Nord.

Rue de Dunkerque à partir du Magenta, vers la Gare du Nord.

La numérotation voudrait qu'on dise plutôt qu'elle monte de la rue d'Alsace jusqu'au boulevard de Rochechouart mais comme nous avons Montmartre pour épicentre, nous la parcourrons en commençant par les derniers numéros, près du square d'Anvers.

Rue de Dunkerque. Montmartre. 1) Entre le boulevard de Rochechouart et la rue du Faubourg Poissonnière.. Ancienne rue Neuve du Delta. IXème arrondissement.

Nous pouvons la diviser en trois parties pour raconter sa création.

La plus ancienne partie court sur plus de 500 mètres entre la Gare du Nord (faubourg Saint-Denis) et le faubourg Poissonnière.

Son plan de lotissement est tracé en 1827 sur les terrains de l'Enclos Saint-Lazare.

Il faudrait des centaines de pages pour retracer l'histoire de ce clos qui remonte au XIIème siècle quand il fallut isoler les lépreux dans des bâtiments entourés de murs (sous la protection de Saint Lazare).  Au XVIIème siècle c'est là que St Vincent de Paul créa les Filles de la Mission et recueillit les orphelins. C'est un des lieux les plus chargés d'histoire de Paris.

 

 La rue nouvellement créée prend le nom des Abattoirs de Montmartre situés plus haut pour remplacer les nombreuses "tueries" insalubres. Elle gardera ce nom jusqu'en 1847 pour prendre celui de Dunkerque. Plusieurs rues du quartier rendront hommage à des villes du nord de même que sur la façade de la gare, des statues de pierre les représenteront telles des déesses antiques.

 

 La rue était prolongée à l'est par une impasse "le cul de sac Saint-Lazare" qui devint "impasse des Abattoirs" puisqu'elle prolongeait la rue du même nom.

Enfin quand Dunkerque remplaça 'les Abattoirs", l'impasse transformée en rue, fit partie de la nouvelle rue.

Rue de Dunkerque au boulevard de Rochechouart (en arrière plan l'Elysée Montmartre)

Rue de Dunkerque au boulevard de Rochechouart (en arrière plan l'Elysée Montmartre)

    La dernière partie va de la rue du Faubourg Poissonnière au boulevard Marguerite de Rochechouart. 

C'était à l'origine la rue Neuve du Delta qui portait ce nom à cause du jardin d'attractions sur lequel elle avait été lotie en 1839.

Ce grand jardin attirait de nombreux parisiens émerveillés par les spectacles de feux d'artifice de Ruggieri. Il avait remplacé les "Promenades Egyptiennes" ou avaient été inaugurées les ancêtres des montagnes russes. C'est à la suite de nombreux accidents que les Promenades Egyptiennes avaient cédé la place au jardin du Delta.

                          La Place du Delta, la rue de Rochechouart

La rue du Delta voisine et la place du même nom en perpétuent la mémoire.

 

La rue Neuve du Delta fut réunie en 1854 à la rue de Dunkerque et prit son nom. Et voilà! Nous avons notre rue en son entier sur 1km 100. 

Nous commençons notre balade par la fin de la rue, comme nous l'avons dit, là où elle est montmartroise. Elle débouche sur la place d'Anvers, devant le boulevard Marguerite de Rochechouart, à deux pas du square d'Anvers.

Débouché de la rue sur le boulevard, vers l'Elysée Montmartre et le métro Anvers

Débouché de la rue sur le boulevard, vers l'Elysée Montmartre et le métro Anvers

Rue de Dunkerque. Montmartre. 1) Entre le boulevard de Rochechouart et la rue du Faubourg Poissonnière.. Ancienne rue Neuve du Delta. IXème arrondissement.

Le Café des Oiseaux côté impair nous invite à prendre un peu de hauteur afin d'éviter les ordures qui s'entassent depuis près de trois semaines. Mes photos éviteront donc les rez-de-chaussée nauséabonds et grouillants de rats! Un seul exemple suffira (suffi- rat)

            84 rue de Dunkerque. Entrée de l'espace de réunions de l'hôtel "Le Régent"

     Le café des Oiseaux est cité dans l'Amour Fou  de Breton.

Le boulevard, le square d'Anvers et à gauche la rue de Dunkerque et le café des oiseaux.

C'est là que l'artiste rare, peintre de talent, Jacqueline Lamba, lui donne rendez-vous, pour, après deux heures de conversation, déambuler dans les rues d'un Paris nocturne et magique.

                                      Le cirque (Jacqueline lamba)

                                        Jacqueline Lamba et Breton

Cette femme "scandaleusement belle" sera la 2ème femme de Breton et la mère de leur fille Aube. Elle est à peine mentionnée hélas dans l'exposition que le musée de Montmartre consacre jusqu'en septembre 2023 aux femmes surréalistes.

 

Rue de Dunkerque. Montmartre. 1) Entre le boulevard de Rochechouart et la rue du Faubourg Poissonnière.. Ancienne rue Neuve du Delta. IXème arrondissement.

La partie de rue qui va jusqu'au croisement avec l'avenue Trudaine possède de beaux immeubles haussmanniens construits en même temps que l'avenue. Ils sont comme il se doit, de même hauteur (6 étages) avec décoration de moulures et de corniches avec balcon à l'étage noble (2ème) et balcon filant au 6ème.

                                                                 Le 85

                                                Le 81

Le 81

                                       Le 83

Le 83

Nous pouvons voir sur la façade du 83 le nom de l'architecte et la date de construction : De Lalande. 1870.

Cet architecte est très en vogue sous le 2nd Empire et on lui doit plusieurs théâtres, notamment le théâtre de la Renaissance qui a survécu au vandalisme des années Pompidou.

C'est à lui que l'on doit le beaux immeubles du début (côté pair) de l'avenue Trudaine.

Une ancienne photo rappelle qu'il y eut au 83, un restaurant depuis longtemps disparu.

 

Le 87

Le 87

Rue de Dunkerque. Montmartre. 1) Entre le boulevard de Rochechouart et la rue du Faubourg Poissonnière.. Ancienne rue Neuve du Delta. IXème arrondissement.

Il y eut au 87 un hôtel du nom de Reina. Sans les cartes anciennes nous n'en saurions plus rien.

Le 76 et le 9

Le 76 et le 9

Une curiosité sur l'immeuble à pan coupé du 76, c'est qu'il affiche deux numéros, l'un sur la rue de Dunkerque (76) et l'autre sur la rue Gérando (9).

La rue, hélas, n'a pas abrité beaucoup de peintres dans un quartier qu'ils avaient pourtant investi. Revenons donc vite au 91 où vécut et mourut Alexis Kalaeff.

 

Ce peintre né en 1902 en Russie se réfugie à Paris en 1926 où il suit les cours d'Othon Friesz. Il est classé parmi les Expressionnistes bien que son oeuvre présentât bien des facettes.

                                           Préparation pour le bal masqué

Il peignit des paysages, des scènes de cirque (il fréquentait en voisin le Médrano)... des scènes religieuses. Ce dernier aspect révèle son âme torturée qui fait de la passion du Christ l'image même de la condition humaine.

                                                                L'accusé

Après la mort de son grand amour, sa femme Claudine, il se suicide dans cet immeuble du 91. Il a 79 ans. J'aurais aimé le connaître.

Nous aurions bu un verre au Café des Oiseaux et j'aurais pu lui dire que je l'admirais.

                                     Femme au flambeau

Nous arrivons au croisement avec la rue Marguerite de Rochechouart. La rue descend en droite ligne plein est.

 

Rue de Dunkerque. Montmartre. 1) Entre le boulevard de Rochechouart et la rue du Faubourg Poissonnière.. Ancienne rue Neuve du Delta. IXème arrondissement.

Le 57 est un des rares immeubles à porter, gravé dans la pierre, le nom de son architecte : F. Ratier 1872.

Je n'ai rien trouvé sur cet architecte qui serait le bienvenu pendant ces grèves, pour contrer la gent des muridés qui prolifère dans nos poubelles!

Cette section qui va jusqu'à la rue du Faubourg Poissonnière (38 côté pair et 51 côté impair) n'a pas grand chose à nous raconter. Nous y rencontrerons quelques immeubles haussmanniens..

                                                                     Le 54

      Nous trouverons cependant un intérêt historique à un groupe d'immeubles semblables , les 46-48-50 qui ont été construits par la Compagnie d'Assurances "La Confiance" en 1880.

Les Assurances en effet investissaient dans l'immobilier et le bon rapport financier des locations. Nos immeubles de la rue de Dunkerque font partie d'un vaste ensemble qui donne en partie sur la rue du Faubourg Poissonnière. Adieu au style haussmannien... les façades de pierres sont simples et sans décors.

          Ce qui n'est pas le cas du bel immeuble fin de siècle du 44

Jetons un œil sur le 43.

                                                              43

     Sa belle façade de 1930 développe ses baies vitrées derrière lesquelles il y eut le siège des Editions des frères Offenstadt. Les quatre frères s'étaient spécialisés dans la presse enfantine et leurs journaux connaissaient une grande diffusion. Parmi leurs valeurs les plus sûres et les plus impertinentes figuraient le Pieds Nickelés qui amusaient petits et grands.

                                   

 

     Sous le régime de Vichy, ils subirent les lois antijuives et furent spoliés. Maurice mourut en 1943 à Nice où il s'était réfugié, Nathan mourut au camp de Drancy. Les frères rescapés ne retrouvèrent leurs biens qu'en 1946 mais ne parvinrent pas à reconquérir le marché de la presse pour jeunes où régnaient Spirou, Tintin et autre Mickey.

 

Aujourd'hui se trouve dans cet immeuble le siège de La France Insoumise. Peut-être les Pieds Nickelés inspirent-ils leurs membres ?

Croisement avec le Faubourg Poissonnière (vers square d'Anvers)

Croisement avec le Faubourg Poissonnière (vers square d'Anvers)

Cette partie montmartroise de la rue de Dunkerque, s'arrête avec le 9ème arrondissement au croisement avec le Faubourg Poissonnière (n°51 et n°38). De l'autre côté, nous serons dans le 10ème arrondissement. Nous arpenterons une prochaine fois la deuxième partie, la plus ancienne, qui va vers la Gare du Nord, ce palais des voyages voulu par Napoléon III. 

                   Croisement avec le Faubourg Poissonnière vers Gare du Nord.

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