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Montmartre secret

Montmartre secret

Pour les Amoureux de Montmartre sans oublier les voyages lointains, l'île d'Oléron, les chats de tous les jours. Pour les amis inconnus et les poètes.

     Voisin de l'Auberge du Clou vandalisée légalement en 2021 pour laisser place au Seasons Martyrs, il y eut un autre cabaret flamboyant de Montmartre : l'Âne rouge.

Là ou était l'âne rouge, vous trouverez le "paprika"!

Là ou était l'âne rouge, vous trouverez le "paprika"!

      Il a depuis fort longtemps cessé de braire et au 28 avenue Trudaine il a laissé place au "Paprika" du nom d'une épice de couleur rouge elle aussi, mais il est hors de question de ne pas le "ressusciter" le temps d'un article, tant il fait partie de l'histoire de notre quartier.

Cartouche (illustration de Tessier et Sarrou).

Cartouche (illustration de Tessier et Sarrou).

     Remontons au second Empire, en 1870, avec le père Laplace que certains appellent "le père de Montmartre". En effet, marchand de tableaux avisé, il eut l'idée d'organiser des rencontres d'artistes, poètes et peintres autour d'un verre, dans sa boutique.  Devant le succès, il la transforma en café,  "La Grande Pinte", hommage à un célèbre débit de boissons (créé en 1724) situé à la barrière d'Antin, là où trône aujourd'hui l'église de la Trinité et qui eut pour fidèle client le brigand Cartouche qui appréciait le puits de l'établissement donnant accès à des souterrains précieux en cas d'alerte.

    La Grande Pinte de Laplace peut être considérée comme un des premiers cabarets montmartrois où s'exprimaient et étanchaient leur soif poètes et chanteurs!

CABARET de l'âne rouge Montmartre, avenue Trudaine.

     C'est en 1889 que commence l'histoire de notre cabaret quand la Grande Pinte est rachetée  par Gabriel Salis pour devenir l'Âne Rouge.

Le Chat Noir de Rodolphe Salis, d'abord sur le bd de Rochechouart (ensuite rue de Laval, aujourd'hui Victor Massé)

Le Chat Noir de Rodolphe Salis, d'abord sur le bd de Rochechouart (ensuite rue de Laval, aujourd'hui Victor Massé)

    Le nom de Salis est familier aux oreilles des Montmartrois ! Salis! Le Chat Noir! Le cœur même du Montmartre des artistes et de la Bohême! Mais attention, un Salis peut en cacher un autre! Le Chat Noir appartient à Rodolphe Salis tandis que l'Âne rouge est la propriété de Gabriel Salis, son frère cadet.

Enseigne de Willette pour le Chat Noir, rue de Laval (aujourd'hui Victor Massé)

Enseigne de Willette pour le Chat Noir, rue de Laval (aujourd'hui Victor Massé)

    Les deux frères ne s'entendent pas, ou alors comme chien et chat (à cause d'une rivalité féminine)! C'est pour concurrencer Rodolphe que Gabriel ouvre son cabaret à proximité du Chat Noir.

   

Le nom aurait été trouvé par Willette pour se moquer du mauvais caractère un tantinet buté de Rodolphe et de sa crinière rousse.  

                                                                  Caricatures de Willette :

- Il fut un temps où je portais la farine au moulin...

_ Mais j'en avais plein le dos de Pierrot et de sa farine...

- Et il est mort depuis...

- Là ousqu'est mon mouchoir?

- Mes amis tout ça est à vous... pour de l'argent! Buvez et multipliez!

- C'est pour la réparation de la Butte qui s'écroule sous le poids de ma gloire

- De l'audace, de l'audasse et encore de l'audasssse et toujours de l'audasssssse!      (Willette)

     Gabriel Salis surnommé le léopard ou encore le don Quichotte de Montmartre, moins autoritaire que son frère entraîne avec lui une partie des habitués du Chat Noir, à commencer par Willette qui accroche dans la grande salle son tableau peint après la Commune "la fédérée de la place du Tertre".

Tableau inspiré par un poème de Richepin qui sera plus ou moins copié par Bruant :

"Le drapeau rouge autour du corps

Lui allait mieux qu'un linceul d'or

Elle est tombée la gueule ouverte

A Mont-merte".

    Parmi les artistes qui participent au "décor" en accrochant quelques unes de leurs œuvres, nous trouvons Steinlen, celui-là même qui a créé pour Salis l'affiche devenue icône de Montmartre.

Nous trouvons encore Georges De Feure peintre symboliste qui avait son atelier à proximité, rue de l'agent Bailly et qui mérite d'être redécouvert.

                                                  Georges de Feure (femme dans la neige)

     L'Âne rouge connaît un grand succès avec la venue de la bande des Hydropathes de Goudeau et avec quelques personnalités marquantes de la bohême montmartroise.  Il suffit de citer Verlaine, Charles Cros, Xavier Privas, Marcel Legay, Gaston Couté, Paul Delmet, Willette, Steinlen, Bottini.... Toutes ces figures montmartroises habituées de l'Âne rouge n'en fréquentent pas moins d'autres cabarets, d'autres lieux mythiques aujourd'hui qui se réclament de leur célébrité.

Gabriel Salis dans son cabaret (caricature de Lepetit)

Gabriel Salis dans son cabaret (caricature de Lepetit)

     Gabriel Salis contribue à l'ambiance joyeuse et impertinente. Il se réjouit de voir s'anémier le Chat Noir de son frère tandis que son Âne est en pleine forme. 

 

    Rodolphe Salis tente de retrouver le succès en organisant des tournées dans toute la France et en innovant avec le théâtre d'ombres dont certaines silhouettes sont conservées au musée de Montmartre. La dernière séance eut lieu en 1896, après quoi Rodolphe pris d'une folie destructrice s'acharna contre le mobilier et la décoration de son établissement, hâtant sa mort définitive.

 

     Il meurt l'année suivante, en 1897. Gabriel Salis eut-il du remords, retrouva -t'il l'affection perdue pour son frère? Toujours est-il qu'il vendit son Âne rouge peu de temps après, en 1898.

Son acquéreur fut André Lesage, dit Andhré Joyeux, compagnon de la première heure et chansonnier apprécié qui n'eut pas le temps de faire ses preuves à la tête de son cabaret car, atteint d'un cancer à l'estomac, il se suicida en septembre 1899.

CABARET de l'âne rouge Montmartre, avenue Trudaine.

      Il ne reste que quelques années de vie à notre Âne rouge qui est racheté en 1900 par Mauricette Renard puis en 1903 par  Léon de Bercy, chansonnier, parolier, membre du Club des Hydropathes et ami de Bruant avec qui il écrit un dictionnaire de l'argot, mais mauvais gestionnaire qui abandonne le pauvre Âne en 1905.

CABARET de l'âne rouge Montmartre, avenue Trudaine.

C'est la fin du cabaret mais pas de son nom. Un certain monsieur Choulot ouvre un restaurant qui garde pour sa publicité l'enseigne devenue célèbre.

 

CABARET de l'âne rouge Montmartre, avenue Trudaine.

     Quelques années plus tard le nom disparaît à son tour. Les fourneaux du restaurant s'éteignent et c'est une boulangerie qui s'installe à sa place. Fin de l'Âne Rouge!

Le Paprika qui aujourd'hui occupe son emplacement n'a pas détruit la céramique originelle au-dessus de la porte avec notre âne rouge gourmand, tenu en laisse par une femme nue virevoltante! Ultime relique du célèbre cabaret!

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L'auberge du clou avenue Trudaine. Un vandalisme de plus.

   L'auberge du clou, 30 avenue Trudaine, fait partie de l'histoire montmartroise. Il était difficile d'imaginer qu'elle serait un jour sacrifiée malgré les protestations des riverains et des amoureux de Montmartre. Voilà! C'est chose faite, elle a été saccagée et remplacée il y a quelques mois par un établissement aseptisé et sans âme qui fait partie d'une chaîne : le Season Martyrs, "restaurant healthy au cœur de Pigalle"!

L'auberge du clou avenue Trudaine. Un vandalisme de plus.

"Season" un nom angliche pour être branché et faire comme si le mot ne venait pas du français "Saison" et "Martyrs" pour rappeler la rue voisine plus "bobo" que l'avenue Trudaine qui est la véritable adresse du restaurant.

Martyrs, c'est bien choisi au fond pour un lieu historique saccagé

L'auberge du clou avenue Trudaine. Un vandalisme de plus.

    Il faut rappeler ce qu'était ce lieu et l'importance qu'il a eue dans la vie mouvementée et créatrice du quartier.

L'auberge du clou avenue Trudaine. Un vandalisme de plus.

     Il est créé en 1881 par Jules Mousseau, acteur qui jouit d'un certain renom pour avoir joué avec succès dans l'Assommoir, pièce tirée du roman de Zola. Mousseau  a pour associé Paul Tomaschet dont la femme (la mère Tomas) figure dans l'encadrement de la porte sur le cliché ci-dessus.

                                                   Jules Mousseau (à gauche) dans l'Assommoir).

     Le succès de l'auberge est immédiat. Il est dû en bonne partie à Depaquit. Ce dernier s'est brouillé avec Rodolphe Salis et pour marquer son irritation décide de ne plus fréquenter le Chat Noir. Il quitte ce cabaret avec toute sa bande des hydropathes et trouve refuge à l'auberge du clou!

Depaquit, maire de la Commune libre de Montmartre.

Depaquit, maire de la Commune libre de Montmartre.

    Une précision sur le nom de l'établissement. Il est dû à une habitude que l'on trouve dans d'autres cabarets, celle de planter sur le mur des clous qui permettent aux artistes fauchés d'accrocher un tableau afin de payer leur écot.

 

L'auberge du clou avenue Trudaine. Un vandalisme de plus.

     Les murs sont vite surchargés et il faut entreposer les oeuvres dans la cave! D'autant plus que neuf grandes toiles de Willette occupent une bonne partie des surfaces disponibles! Malheureusement ces toiles ont disparu comme beaucoup d'autres qui ornaient les cabarets de Montmartre.

 

   Un autre artiste de Montmartre, et non des moindres, participe au décor. Il s'agit de Steinlen, le peintre des chats, l'humaniste du Cat's cottage.

 

    Dans la cohorte qui suit Depaquit on trouve Alphonse Allais, Jehan-Rictus, Léon Paul fargue, Alfred Jarrry... Que du beau monde, des artistes marginaux qui mettent de l'ambiance dans les cabarets montmartrois qu'ils fréquentent.

   

 Dans la grande pièce du rez de chaussée trône un vieux piano qui malgré ses notes déficientes permet à Erik Satie d'improviser de courts récitals qui servent à régler ses additions fortement alcoolisées par l'absinthe.

Satie (Valadon)

Satie (Valadon)

         C'est à l'auberge du clou que Satie rencontre Valadon pour qui il éprouve illico une passion dévorante. La liaison durera cinq mois, ce qui n'est pas mal à Montmartre. Il n'est pas sûr que Suzanne ait éprouvé la même attirance pour le musicien mais ce qui est sûr c'est que ce dernier eut l'imprudence de lui présenter un de ses bons amis, Paul Moussis, qui séduira la jeune femme et l'épousera.

L'auberge du clou avenue Trudaine. Un vandalisme de plus.

   Un autre musicien aime se mettre au piano, c'est Achille de Bussy, le futur Claude Debussy! Il vient sans doute mettre en pratique les leçons qu'il a reçues d'Antoinette Mauté, sa prof qui le reçoit non loin de là, rue Nicolet où sa fille Mathilde élève son fils George, fruit de son mariage avec Paul Verlaine qui s'est enfui loin du logis familial avec Rimbaud.

Courteline (Charles Léandre)

Courteline (Charles Léandre)

    Un des habitués les plus fidèles n'est pas musicien mais écrivain. Courteline a sa table située à un endroit stratégique d'où il peut observer et entendre. Il note dans ses carnets les réparties les plus savoureuses susceptibles d'être réutilisées dans ses pièces. Il est au fond l'inventeur des "brèves de comptoir".

"Le chalet" du 5 rue d'Orchampt où habita Courteline.

"Le chalet" du 5 rue d'Orchampt où habita Courteline.

     Il ne fait défection qu'en 1903 lorsqu'il quitte Montmartre, le cœur brisé, pour s'installer dans un quartier en pleine expansion du côté de Picpus. Il a 45 ans et il vit cet exil comme un adieu à sa jeunesse excentrique et bohême. Il cesse d'écrire neuf ans plus tard, loin de son "cabinet de travail" de l'auberge du clou.

L'auberge du clou avenue Trudaine. Un vandalisme de plus.

Pour le plaisir, quelques phrases qu'il a peut-être écrites à l'auberge du clou :

"On change plus facilement de religion que de café".

"L'alcool tue lentement. On s'en fout. On n'est pas pressés."

"Les pianos devraient être frappés de deux impôts. Le premier au profit de l'Etat, le second au profit des voisins." (j'imagine qu'il ne parlait ni pour Debussy ni pour Satie!)

"Je ne vais pas à la messe car c'est à l'heure de l'apéritif."

 

Maurice Chevalier et Mistinguett.

Maurice Chevalier et Mistinguett.

    Parmi les derniers clients célèbres  on peut citer Raimu qui peut-être venait jouer aux cartes à se fendre le cœur, Maurice Chevalier et Mistinguett...

Le clou peu avant sa "transformation"

Le clou peu avant sa "transformation"

le Seasons Martyrs!

le Seasons Martyrs!

     Et de nos jours, il y a quelques mois, à l'abri du silence covidien, en l'an de grâce 2021, l'auberge du clou a rendu son âme qui faisait partie de la grande âme de Montmartre. Rien ne rappelle son existence 30 avenue Trudaine, pas une plaque, pas une décoration....  

     Un habitant révolté rapporte ce qui lui a dit un ami américain : "C'est comme si on transformait le Lapin agile en Mc Do".

In memoriam!

In memoriam!

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Utrillo et la maison de Berlioz à Montmartre.
Utrillo et la maison de Berlioz à Montmartre.

   S'il est un endroit qu'aimait Utrillo c'est bien ce croisement entre les rues Saint-Vincent et du Mont-Cenis. Montmartre y tentait de survivre et résistait tant mal que bien aux assauts de la spéculation immobilière.  

Utrillo et la maison de Berlioz à Montmartre.
Utrillo et la maison de Berlioz à Montmartre.
Utrillo et la maison de Berlioz à Montmartre.

   Il fallait se hâter de sauver ne serait-ce qu'en images le vieux village qui sur ce versant nord voyait disparaître une à une ses vieilles maisons. Utrillo qui ne peignait pas toujours en s'inspirant de cartes postales venait de la rue Cortot voisine où il vivait avec sa mère Suzanne Valadon et Utter depuis 1912. Il n'avait à parcourir que deux cents mètres à peine! 

Le triste carrefour aujourd'hui! Sur la droite l'école reconstruite, au 2ème plan l'immeuble qui a écrasé la maison de Berlioz et en face l'autre immeuble qui l'a devancé.

Le triste carrefour aujourd'hui! Sur la droite l'école reconstruite, au 2ème plan l'immeuble qui a écrasé la maison de Berlioz et en face l'autre immeuble qui l'a devancé.

Le même carrefour en 1912...

Le même carrefour en 1912...

Au 1er plan la maison de Berlioz, en face l'autre maison villageoise. Les deux maisons ont été remplacées par les grands immeubles ingrats. et écrasants!

Au 1er plan la maison de Berlioz, en face l'autre maison villageoise. Les deux maisons ont été remplacées par les grands immeubles ingrats. et écrasants!

Utrillo et la maison de Berlioz à Montmartre.
Triste spectacle! Le même endroit aujourd'hui

Triste spectacle! Le même endroit aujourd'hui

     Songez qu'il y avait là la grande ombre de Louise Michel qui avait été directrice de l'école 26 rue du Mont-Cenis, celle de Berlioz qui avait vécu trois ans dans la maison d'en face, et un peu plus bas le vieux cimetière du village où quelques Montmartrois devenus célèbres reposaient.

Utrillo et la maison de Berlioz à Montmartre.

     Berlioz avait "choisi" Montmartre pour des raisons financières, les loyers sur la Butte incommode d'accès étant bien inférieurs à ceux pratiqués dans Paris et notamment dans le quartier à la mode de la Nouvelle Athènes pourtant construit sur les terrains de la vieille commune de Montmartre

   

                                             Angle actuel Saint-Vincent, Mont-Cenis.

       La maison avait alors pour adresse 10-12 rue Saint-Denis (aujourd'hui 22-24 rue du Mont-Cenis). La rue ne changera de nom qu'après le rattachement de Montmartre à Paris, par un décret de juillet 1868, un an avant la mort du compositeur.

Harriet Smithson par Dubufe.

Harriet Smithson par Dubufe.

     Berlioz y emménagea en 1834 et y resta jusque fin1836. C'est là que naquit son fils Louis, fruit de l'amour du compositeur et de l'actrice irlandaise Harriet Smithson.

Maison côté jardin

Maison côté jardin

Utrillo et la maison de Berlioz à Montmartre.
Utrillo et la maison de Berlioz à Montmartre.

    Pendant cette période paisible, le jeune garçon vécut librement : "Nous avons une vue superbe sur la plaine Saint-Denis et un grand jardin où notre garçon court, crie et rit de toutes ses forces".

Le jardin et le puits.

Le jardin et le puits.

   

                                La maison à gauche et la montée de la rue du Mont-Cenis.

                                                  La maison et l'escalier en 1905

      Berlioz composa pendant ces années intenses Harold en Italie, Sara la baigneuse sur un poème de Victor Hugo (1834), la cantate "le cinq mai" (1835), l'opéra Benvenuto Cellini (1836), tout en appréciant la beauté de la campagne montmartroise : "Notre jardin est magnifique, on ne se lasse pas du coup d'oeil de la plaine Saint-Denis..."

 

Maison côté rue Saint-Vincent.

Maison côté rue Saint-Vincent.

Maison angle St-Vincent et Mont-Cenis

Maison angle St-Vincent et Mont-Cenis

     Mais la solitude en couple avec enfant finit par peser et les charmes campagnards par lasser. 

"Il n'y a que les rossignols ici qui, tout le jour et toute la nuit, chantent sous nos fenêtres et commencent à me fatiguer."

Les hivers sont longs loin d'un Paris qu'il est difficile de gagner quand les chemins boueux entravent la circulation des calèches : "Nous sommes seuls ici, dans une maison isolée. Dans l'été nos amis viennent bien nous voir, mais l'hiver les abords sont si rudes qu'ils s'abstiennent volontiers d'encourir embourbage."

      En 1836, après un hiver particulièrement rude, la famille Berlioz revient vivre à paris, rue de Londres.

                      Rue Saint-Vincent. Sur la gauche le mur du vieux cimetière.

     En 1844, c'est la séparation, sans divorce, et Harriet comme si elle voulait se rapprocher de l'endroit où elle avait été heureuse s'installe rue Blanche, puis rue Saint-Vincent. Elle mourra dix ans plus tard et sera enterrée dans le vieux cimetière du village. Berlioz n'aura cessé de prendre soin d'elle, d'assurer tous ses frais, d'être présent pendant sa maladie. 

Cimetière Saint-Vincent. Tombe d'utrillo.

Cimetière Saint-Vincent. Tombe d'utrillo.

   C'est dans le petit cimetière Saint-Vincent  (où sera inhumé Utrillo) qu'elle est enterrée, non loin de la maison qui donnait côté nord sur cette rue Saint-Vincent. En 1864, ses restes seront transférés au cimetière de Montmartre où deux ans plus tôt avait été enterrée Marie Recio, la 2ème femme de Berlioz.

 

 

    Louis Berlioz, l'enfant qui aima Montmartre et y vécut ses années insouciantes, meurt en 1867 de la fièvre jaune à La Havane. Deux ans plus tard, son père meurt à son tour et rejoint dans la même tombes ses deux épouses.

Il reste donc montmartrois et passe avec les femmes qu'il a aimées son éternité temporaire.

Utrillo et la maison de Berlioz à Montmartre.
Utrillo et la maison de Berlioz à Montmartre.

    Utrillo s'attacha à la maison de Berlioz, comme à un lieu hanté. Les murs se fissuraient et parfois devaient être étayés. De l'autre côté de la rue un massif immeuble de briques grises avait mangé le ciel, mais le jardin subsistait, les ombres du couple romantique se devinaient à travers les fenêtres.

De nombreuses toiles représentent la petite maison proche de l'immeuble qui lui fait face rue du Mont-Cenis.

 

Utrillo et la maison de Berlioz à Montmartre.

    Maurice Utrillo pouvait s'imaginer enfant, jouant près du puits, aimé par sa mère artiste et par un père qui l'aurait reconnu. 

 

     Le peintre connaissait les menaces qui pesaient sur la maison qui se délabrait. Des amis et admirateurs avaient bien tenté de la sauver en créant la Fondation Berlioz. 

 Un pélerinage fut même organisé le 13 décembre (anniversaire de Berlioz) 1908 au cours duquel fut apposée la plaque qu'Utrillo ne manqua de représenter sur la façade de la rue du Mont-Cenis.

Utrillo et la maison de Berlioz à Montmartre.

    Pendant quelques années le pèlerinage fut maintenu. Une souscription fut proposée pour racheter la maison et en faire un musée. Mais ce fut un échec et la dernière propriétaire, Mademoiselle Barbier ne put lutter contre l'expropriation et la destruction. Un gros immeuble gris et disgracieux enlaidit définitivement la Butte...

Utrillo et la maison de Berlioz à Montmartre.
Utrillo et la maison de Berlioz à Montmartre.

   Sur la façade, bien piètre hommage à la demeure disparue, des moulages grossiers représentent la maison et le puits. Une nouvelle plaque fut aposée en 1984.

 

   Si la maison disparue de Berlioz reste vivante malgré le vandalisme immobilier, ce n'est pas grâce à cette plaque mais à Utrillo qui fut aussi, à sa façon, un romantique, c'est à dire un homme de tourments habité par des forces contraires et qui avec des couleurs comme Berlioz avec des notes de musique contribua à embellir le monde.

 

Utrillo et la maison de Berlioz à Montmartre.Utrillo et la maison de Berlioz à Montmartre.

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Publié le par chriswac
Publié dans : #MONTMARTRE Peintres.Artistes.Clébrités, #MONTMARTRE. Rues et places.
Fin de la rue d'Athènes (rue d'Amsterdam)

Fin de la rue d'Athènes (rue d'Amsterdam)

    Il serait logique que la rue d'Athènes fût rattachée au quartier de l'Europe, or il n'en est rien puisqu'elle fait partie du quartier Saint-Georges, un quartier dont une partie a été édifiée sur les terrains communaux de Montmartre.

Rue d'Athènes vers la rue de Clichy

Rue d'Athènes vers la rue de Clichy

    Mais.. en réalité il n'est pas si étonnant que cette rue fît partie d'un quartier qu'on appelait, par sa richesse créatrice et le nombre d'artistes qui l'habitaient "la Nouvelle Athènes"!

Jardins de Tivoli

Jardins de Tivoli

     En 1826, à sa création, la rue s'appelle rue de Tivoli, ce qui est naturel puisque comme plusieurs rues du quartier elle est édifiée sur l'ancien parc de Tivoli.

Elle ne devient rue d'Athènes qu'en 1881.

Début de la rue d'Athènes à partir de la rue de Clichy

Début de la rue d'Athènes à partir de la rue de Clichy

     Longue de 211mètres et large de 12, elle commence rue de Clichy (19) et se termine aux 38 rue de Londres et d'Amsterdam.

Début de la rue côté impair

Début de la rue côté impair

Premier numéro

Premier numéro

Le 1, abrite un café "le Hollywood" qui était déjà là au début du XXème siècle.

                                            Intérieur du Hollywood

Le 1 bis (1840) est classé et mérite de l'être.

Non seulement il est digne d'intérêt architecturalement parlant, de style  Louis-Philippe avec son décor composite.

 il fut l'adresse quelques années de celle qui allait devenir la plus grande star de son temps, Sarah Bernhardt.

Rue d'Athènes. Paris.

     Immeuble modeste comparé aux hôtels particuliers qu'elle habitera et notamment à celui de la rue Fortuny qu'elle se fera construire et qui a pour propriétaire actuel un certain Dominique de Villepin!

Le 3

Le 3

   Les 2 et 3 n'ont pas grand chose à nous raconter sinon qu'ils ont été touchés en janvier 1918 par les bombardements allemands. Le 3, immeuble de rapport, date de 1830 et présente une décoration plus riche que celle que l'on trouve habituellement sous la Restauration.

Le 3bis

Le 3bis

     Le 3 bis est classé. Il date de 1857 et a pour architectes "Roze Henri et fils". Malgré mes recherches je n'ai trouvé  que peu de renseignements  sur ces architectes sinon, conservé aux Archives un "Nouveau projet de Halles" pour Paris accompagné du plan d'un nouveau quartier d'habitation "les Innocents".  On sait que la commission chargée d'étudier les projets préféra celui de Baltard (en 1845).  Un ensemble remarquable détruit pendant les années vandales de Pompidou. 

Rue d'Athènes. Paris.

     4 et 6 sont un même immeuble élégant du début du XXème siècle. Il y eut à  l'emplacement du 6 un hôtel particulier qui appartint à Jules Jaluzot, fondateur des magasins "Au Printemps".

De son époque subsiste au Printemps Haussmann les belles façades fin de siècle et les rotondes (façades enlaidies par la surélévation commise dans les années 60)

Le 5.

Le 5.

Le 7.

Le 7.

Le 8

Le 8

    Le 8  d'une indigence architecturale consternante a détruit pour créer des bureaux et salles de réunion un bel immeuble appartenant à la famille Montblanc, acquis en 1892 par la Société des Agriculteurs de France.

 

Rue d'Athènes. Paris.

    Une salle de théâtre à l'italienne y fut alors construite, remarquable par son architecture et sa décoration. Pendant des années elle accueillit, outre les réunions des agriculteurs, des concerts et récitals (de 1894 à 1925).

                                             Congrès de la Société en 1913

       Il n'en reste rien aujourd'hui sinon le souvenir photographique! Les agriculteurs sans utiliser de pesticides ou autres produits calamiteux ont fait disparaître ce bel ensemble pour nous offrir une de ces constructions qui enlaidissent la ville.

10-12-14-16

10-12-14-16

    Les quatre immeubles pairs suivants quasi identiques sont représentatifs des immeubles de rapport de la période de la Restauration.

Le 21

Le 21

    Le 21 est un hôtel qui a changé de nom et qui d'hôtel d'Athènes est devenu hôtel ATN!

Il est connu pour avoir été celui où pendant des années, de 1921 à 1932, Maurice Ravel occupait une chambre chaque fois qu'il rendait visite à ses amis qui habitaient en face, au 22.

Le 22

Le 22

    Ses amis étaient les Godebski.

                                                La famille Godebski par Bonnard

Cipa Godebski et sa femme Ida recevaient dans leur salon leurs amis les peintres Vuillard et Bonnard, le poète Valéry et Maurice Ravel. Pour Ida, Ravel écrivit sa sonatine et pour les deux enfants du couple, Jean et Mimi, "Ma mère l'oye".

Réunion musicale  chez Cipa Godebski (assis à gauche) avec son fils jean... Accoudé au piano Maurice Ravel. (D'Espagnat).

Le 23

Le 23

     Encore un hôtel, le Villathéna, au 23. Il compte trois étoiles dans son ciel de lit mais sa principale étoile est son architecte, Edmond Navarre (1828-1937) qui venait superviser les travaux en voisin car il était un véritable enfant du IXème arrondissement où il naquit et mourut!

                                                        Villa Louis

Il a conçu plusieurs immeubles et hôtels particuliers dans Paris mais s'est rendu célèbre surtout pour la villa Louis de Lion sur mer dont les céramiques Art-nouveau sont dues à Alexandre Bigot (celui de l'église Saint-Jean aux Abbesses, du Castel Béranger de Guimard, du Céramic Hôtel avenue Rapp et  de tant d'autres chefs d'oeuvre dont l'immeuble fantastique de la rue d'Abbeville.... 

                                           Rue d'Abbeville, grès de Bigot

                              Edmond Navarre 53 rue Nollet (grès de Bigot)

Notons qu'il collabora avec Edmond Navarre pour l'hôtel particulier de la rue Nollet dans le XVIIème.

Rue d'Athènes. Paris.

   Le 26, dernier numéro de la rue est une belle maison d'angle construite en 1830, la première sur les terrains de la Folie Tivoli.

Notre Dame de Bonne Nouvelle

Notre Dame de Bonne Nouvelle

     Elle est due à l'architecte Hippolyte Godde (1781-1869) très en vogue dans la première moitié du XIXème siècle, représentatif de l'architecture néo classique. À Paris, il a participé à la reconstruction de l'Hôtel de Ville incendié sous la Commune, il a construit plusieurs églises (Notre Dame de Bonne-Nouvelle, Saint-Pierre du Gros Caillou, Saint-Denys du Saint-Sacrement....)

Rue d'Athènes. Paris.

    Nous sommes maintenant au coeur du quartier de l'Europe et sortons des limites de l'ancien Montmartre. Nous remontons donc vers la Butte sans imiter le pas de ma mère l'oye qui rappellerait une trop sinistre époque!

Rue d'Athènes. Paris.

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Publié le par chriswac
Publié dans : #album
album photos Montmartre décembre 2021

1er décembre. Travail de force. Les escaliers de la Butte sont durs aux éboueurs. (rue Utrillo)

album photos Montmartre décembre 2021

2 décembre. Tendresse.

album photos Montmartre décembre 2021

3 décembre. Le photographe surpris. (square Louise Michel)

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4 décembre. La robe rouge. 'rue du cardinal Dubois)

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5 décembre. Apparition des pères Noël avec quelques semaines d'avance!

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Le 6 décembre. Le peintre et son reflet sous la pluie, place du Tertre.

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Le 7 décembre. Le ginkgo met des couleurs dans la brume. (de la rue Ronsard)

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8 décembre. La Tour Eiffel vue depuis Montmartre, le soir. (square Nadar)

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9 décembre. Une photo pour que le petit chien n'oublie pas sa visite à Montmartre.

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10 décembre. Photo de famille. (escaliers du Sacré-Coeur)

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11 décembre . Le Cadet de Gascogne en tenue de Noël. (place du Tertre)

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12 décembre.  Rue Chappe. 

L'autrice de ce collage est Marianne Mazel. Je me suis dépêché de photographier une autre de ses œuvres, très montmartroise, place Emile Goudeau :

 

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13 décembre. Tenue assortie pour la Maison rose. (rue de l'abreuvoir)

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14 décembre. Entraînement à la lutte (rue Foyatier).

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15 décembre. Un sourire d'Asie qui nous manquait sur la Butte. (square louise Michel)

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16 décembre. La tête engazonnée! (square Louise Michel)

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17 décembre.  Le penseur. (fontaine de Gasq)

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18 décembre... "Je cherche fortune tout autour du Chat Noir, et au clair de la lune à Montmartre le soir."

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19 décembre. La musicienne à la cithare chinoise (guzheng) ressemble à la mère Noël!

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20 décembre. Les escaliers avec le ciel de Paris le 1er décembre et le 1er juillet par Henri Alekan, directeur de la photo chez Cocteau, Carné, Wenders...

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21 décembre. Les sœurs guitaristes....

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22 décembre. La statue rentre chez elle. (rue St Eleuthère)

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23 décembre. Le moulin de la Galette dans le ciel et les nuages.

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24 décembre. Distribution de colis alimentaires.

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25 décembre. Coiffure-pompons dans le ciel de Noël. 

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26 décembre. Rue du Calvaire, lendemain de fête.

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27 décembre. Un éveil? Une danse? Un envol?

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28 décembre. Comme sur un balcon pour regarder les lumières du dernier mardi de l'année sur Paris.

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29 décembre. Le petit prince a des oreilles.

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29 décembre. Moment de tendresse volé, square Nadar.

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30 décembre. Couple en couleurs, l'avant-dernier jour de l'année sqare Nadar

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31 décembre. Dernier jour de l'année. Des mariés dans la foule. Le soleil au rendez-vous!

Belle année à tous!

 

Lien pour les albums photos de Montmartre mois après mois, année après année.

C'est la dernière photo que j'aie prise en 2021. C'était hier sur le bassin de la Villette. Des mouettes autour d'un éclat de soleil.

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