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Montmartre secret

Montmartre secret

Pour les Amoureux de Montmartre sans oublier les voyages lointains, l'île d'Oléron, les chats de tous les jours. Pour les amis inconnus et les poètes.

peintres

Publié le par chriswac
Publié dans : #MONTMARTRE Peintres.Artistes.Clébrités, #Peintres

2009 1205Moreau0068

      Dans la maison de Gustave Moreau, il vous faudra des heures et des heures pour découvrir les milliers de dessins, esquisses et tableaux du peintre et voyager de l'orient fabuleux surchargé de bijoux et d'effluves, au dépouillement quasi abstrait de certaines de ses oeuvres.
   Voyager aussi de la sensualité à l'inquiétude et au questionnement.


    Le Christ entre les deux larrons fait partie de cette interrogation et de cette recherche.
 
    La grande toile nous donne à voir  les trois suppliciés sur un fond de ciel menaçant.
    Les ténèbres vont bientôt recouvrir la terre. Les nuées s'accumulent déjà, à droite, du côté du "mauvais larron".

2009 1205Moreau0069

    Ce qui frappe tout d'abord, c'est la composition qui décentre le Christ pour le rapprocher du "bon larron" sur la gauche du tableau, et qui isole l'autre supplicié dont le visage se détourne.
   Le Christ, aérien, ne montre aucun signe de souffrance, malgré la plaie ouverte sur son flanc.
   Ses bras étendus comme des ailes, le portent comme s'ils n'étaient pas cloués sur le bois qui s'efface.
Il penche la tête et regarde celui qui lui parle et se tend vers lui...



christ et larrons

    Un dessin préparatoire montre à quel point le peintre voulait projeter en avant l'homme, qui au dernier moment de sa vie, au plus douloureux, se détachait de lui-même pour avoir compassion devant l'innocent :
"Pour nous c'est justice, mais lui n'a rien fait d'injuste.
Jésus, souviens-toi de moi lorsque tu seras dans ton règne".

2009 1205Moreau0074

     L'homme semble en mouvement, comme décollé du bois du supplice. Tout son visage est tendu, le regard intense, la bouche ouverte pour la dernière supplique avant de mourir.

     Il va recevoir en réponse, les paroles de la vie :

"Crois-moi, aujourd'hui tu seras avec moi dans le paradis."


2009 1205Moreau0070


    L'autre supplicié consacre ses dernières forces à se détourner, le corps noueux et douloureux.
   Ce n'est pas son refus de croire en la divinité du Christ qui l'isole mais son manque de compassion pour l'innocent, son manque de "fraternité" dans l'épreuve partagée.
   Il n'est préoccupé que de lui même et s'il s'adresse au Christ c'est pour le provoquer et l'insulter :
"C'est toi le messie!
Viens à ta rescousse et à la nôtre!"

   C'est sur cet homme que les couleurs sont les plus vives. C'est lui dont le corps est le plus sensuel, bassin en avant, sexe à peine caché par un linge qui glisse...
Il ne croit pas à un après. Il se réfugie dans la chaleur vivante de ses bras, comme s'il cherchait une caresse humaine.

Le linge vole autour de lui comme des flammes blanches.
Son visage semble recevoir les derniers feux d'un astre qui disparaît. 

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    Au pied des arbres du supplice dont le tronc est parcouru de filets sanglants, se presse une foule indistincte et confuse. N'en émergent que les têtes des chevaux blancs.

   Les condamnés sont élevés très au-dessus... Ils sont déjà dans le ciel ou contre le ciel, pour celui qui refuse un au-delà mais qui, par l'expérience terrible qu'il est en train de vivre, s'est dégagé du magma humain. 


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    Cette élévation est encore plus manifeste dans un autre tableau qui projette les croix dans le ciel comme des fusées. Dali s'en souviendra peut-être quand il représentera le Christ penché, depuis sa croix sur la planète entière...


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Lien : Gustave Moreau. Les rois mages.

 

Liste et liens: Peintres et personnages de Montmartre. Classement alphabetique.

Musée Gustave Moreau
14 rue de La Rochefoucauld
75009 Paris
Tel : 01 48 74 38 50
Lundi et mercredi de 11 h à 17 h 15
Autres jours de 10 h à 12 h 45 et de 14 h à 17 h 15


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Publié le par chriswac
Publié dans : #MONTMARTRE Peintres.Artistes.Clébrités, #Peintres






     Pour quelques jours à Paris, j'ai voulu revoir certaines toiles du musée d'art naïf de Montmartre dans la Halle Saint-Pierre. Les toiles étaient parties en vacances sans doute! Le musée tout entier offrait son espace à deux peintres : Macréau et Boix-Vives. Je me suis laissé aspirer par l'univers de ce dernier.



     J'ignorais tout de lui, je dois l'avouer, alors que les amateurs d'art brut le connaissent depuis longtemps. J'ai  appris qu'un jeune berger catalan avait quitté, à 17 ans, son pays pour chercher en France du travail. Après des années difficiles, il avait ouvert un commerce en Haute-Savoie, à Moutiers. Il fit prospérer son affaire et n'aurait sans doute attiré l'attention de personne, si en 1962, la mort de sa femme, ne l'avait soudain foudroyé. Il se retira des affaires et commença à peindre... Il peignit pendant 7 ans jusqu'à son rendez-vous, dans un hôpital de Grenoble avec la mort toujours exacte.
     7 ans et plus de 2000 oeuvres!



                                               Pêcheurs dans un lac de montagne

     Le feuillet qu'on vous donne à l'entrée de l'expo n'y va pas de main morte! On vous parle de Fra Angelico, de Van Gogh... On évoque l'art roman catalan et le baroque savoyard!
Serions-nous passés à côté du plus grand peintre de tous les temps?



                                                             Religieuse lunaire

     Sans doute le jeune berger catalan a-t-il été frappé par la simplicité et la force des fresques romanes. Sans doute a-t-il été sensible, plus tard, à l'exubérance des chapelles savoyardes...
     Mais ce qui est frappant dans ses toiles et ses cartons peints dans l'hiver de sa vie, alors que sa respiration était entravée par un asthme chronique, c'est le remplissage de l'espace.   Un remplissage étonnant que nous avons déjà rencontré chez Séraphine de Senlis.

 
                                                               Fleurs et arbres

    Lui qui vit sous le ciel de Savoie, ne montre jamais l'horizon. Ses toiles ne sont pas des fenêtres, mais des peintures sur des murs, sur des falaises. Ses personnages sont des animaux déguisés, des singes jouant la comédie humaine.

 
                                                     Princesse africaine

 
                                                                  Dame noble

 
                                                    Famille respectable


                                                     Fumeur d'Albertville

     Curieusement,  le cousinage auquel on pourrait penser, n'est pas mentionné. Il serait du côté de l'Afrique peut-être ou des aborigènes. Une manière directe et magique de projeter les formes et les couleurs comme un geste vital, la libération nécessaire d'un trop plein de vie, trop plein d'angoisses, trop plein de peurs.

 
                                                          Esprits inconnus

 
                                                         Projet tapisserie

      Cette présence grouillante de la nature, des hommes, des animaux et des esprits est parfois si oppressante que le peintre les écarte pour aller vers l'abstraction.


                                                            Drapeaux


                                                           Drapeau au chien

 
                                                          Grand animal noir

    Dans les grottes, dans la nuit, à la lueur des torches, les hommes des cavernes jetaient des animaux sur les parois. Des animaux qui s'éveillaient la nuit quand la terre dormait.

     les oiseaux de Boix-Vives chantent sur ses toiles alors que leur créateur dort depuis 40 ans sous la terre.
Ils attendent, immobiles, que se couche le soleil.
Ils attendent, immobiles, que ce monde finisse.

 


Lien : Camille Bombois peintre à Montmartre

Liste et liens: Peintres et personnages de Montmartre. Classement alphabetique.

 





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Publié le par chriswac
Publié dans : #MONTMARTRE Peintres.Artistes.Clébrités, #Peintres



     Par un jour très gris, nous sommes allés, Nicole et moi, au musée Maillol voir l'exposition consacrée à Séraphine de Senlis mise à la mode par Yolande moreau dans le beau film consacré à cette artiste au coeur simple et à l'esprit visité par les anges et les démons. (voir : Séraphine de Senlis )
Nous sommes restés longtemps devant le grouillement inquiétant des fleurs carnivores et des feuilles griffues, le regard emprisonné dans la toile sans horizon, sans sortie sinon vers le haut et le ciel..  
   Notre surprise fut grande, en quittant les salles de l'exposition de découvrir un artiste naïf, plein de vie et d'optimisme qui nous a aussitôt ensoleillés.


 
    Camille Bombois dont le nom même fleure la nature et la vie simple est un solide bourguignon qui après avoir été valet de ferme, lutteur de cirque, marin, ouvrier de tunnel dans le métro parisien et travailleur de nuit dans une imprimerie, parvint enfin à vivre de sa passion, la peinture vers 1940. Après la première guerre et son retour du front il fut étonné de voir que sa femme, Eugénie Christophe qu'il avait épousée à la mairie du XVIIIème et qu'il aima au point de ne pouvoir peindre qu'elle, avait réussi à vendre plusieurs de ses toiles. Ce qui l'encouragea à exposer dans les rue de Montmartre comme le faisaient alors de nombreux peintres de talent (ce qui a hélas a bien changé!) Plus tard il sera remarqué par Mathot, un marchand de la rue des Martyrs qui vendra avec succès de nombreuses toiles. Ainsi, Camille put-il installer son atelier rue Caulaincourt où il eut tout le loisir de peindre encore et toujours son grand amour.



 
   Il aimait ses formes généreuses et la douceur de son visage. Il  regardait Emilie accomplir les gestes du quotidien avec infiniment de reconnaissance et de désir.
  Son regard écarte les cuisses, fait remonter la robe, caresse la chaleur et le mystère de la femme.



 
   Pour lui, le sexe est bien l'origine du monde comme le nomme Courbet, mais c'est aussi sa vérité, sa permanence, le lieu où l'homme devient homme. Il s'y réfugie sans cesse, lui le bourguignon massif et nul doute qu'il se laisse féconder, qu'il laisse son esprit accueillir les délicatesses et les teintes qui sont femmes.





  De nombreuses toiles montrent des femmes qui soulèvent leur tablier ou leur robe, très simplement, pour recueillir des cerises par exemple, ou des fleurs.


 
   Sur celle-ci, nous voyons à droite une de ces femmes jambes entrouvertes. Au centre, sur le pavé une autre se penche vers un minuscule chaton noir devant un petit garçon. On peut rêver longtemps devant cette peinture. La rue comme un chemin entre deux rangées de maisons qui sont comme des jambes, avec en ligne de fuite ce trou d'ombre qui attire et ce chat au beau milieu qui quête les caresses. tout cela sous le regard d'un petit mâle impressionné
 



 Un jeune mâle qui guettera plus tard entre les joncs ces baigneuses allongées dans la douceur de l'eau, les jeunes seins durcis, les jambes qui s'écartent
...






   Nous rentrons à Montmartre avec le sentiment d'avoir rendu visite à deux artistes étonnants et étrangement opposés : Séraphine qui ne peut retenir l'éclatement des cellules, des cancers, des obsessions dévoreuses de lumière et Camille qui ramasse le monde et ses questions à l'intérieur des forme les plus douces et les plus voluptueuses.

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Liens : Liste et liens: Peintres et personnages de Montmartre. Classement alphabetique.

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