26ème division...

Le regard est attiré par un visage de Christ dans un médaillon de bronze. On s'approche...

Le beau visage est en réalité celui d'un comédien qui fut célèbre en son temps et qui provoqua l'enthousiasme d'un public subjugué par sa prestance et sa déclamation : Philibert Rouvière (1809-1865).

                                          Défense de la Barricade (Philibert Rouvière)

L'homme fut d'abord un peintre qui fréquenta l'atelier de Gros et qui s'il n'avait répondu à l'appel  de la scène, aurait pu occuper une place honorable dans la peinture de la première moitié du XIXème siècle.

Baudelaire qui lui consacre plusieurs pages de son Art Romantique, évoque ses débuts de peintre et l'une de ses toiles :

"En 1830, il exposa un tableau dont le sujet était emprunté au spectacle émouvant de la révolution de juillet; cet ouvrage était, je crois, intitulé la Barricade, et des artistes, élèves de Gros, m'en ont parlé honorablement".

                                                                Philibert Rouviére. Manet.

Mais c'est au théâtre que Rouvière s'est fait connaître  plus qu'honorablement! 

Baudelaire le décrit comme l'acteur romantique par excellence :

"Talent bizarre jusqu'à l'excès, fait de raisonnement et d'exagération nerveuse, le dernier élément l'emportant généralement".

                                Philibert Rouvière. (Michel Geoffroy 1859)

Rouvière rencontra un de ses plus grands succès en jouant Hamlet. Non pas celui de Shakespeare, mais sa version revue et corrigée (!) par Dumas et Meurice. Pour une fois Paul Meurice signait de son nom sa participation aux écrits de Dumas dont il était un des nègres!

Baudelaire écrit après avoir vu la pièce :

"Ce fut un beau succès auquel assista toute la presse."

"Ce qui caractérise plus particulièrement le talent de Rouvière, c'est une solennité subjuguante.

Une grandeur poétique l'enveloppe."

C'est ce succès que rappelle le bas relief scellé sur la stèle. On y voit l'acteur dans son rôle fétiche. Il s'agit de la scène où le fantôme de son père apparaît soudain aux yeux terrifiés de Hamlet pour lui ordonner de le venger et de tuer son assassin...

                         Fusain d'Auguste Préault pour le bas relief (Louvre)

Le décor est dépouillé : une colonne et un croissant de lune. Le fantôme drapé dans sa toge s'adresse au malheureux, en lui montrant le ciel et le devoir sacré... Il est digne et grandiose comme les fantômes de théâtre, comme le commandeur du Don Juan de Molière... 

Il est le père puissant et implacable qui prend possession de son fils, l'empêche d'être libre et le précipite dans la folie.

Devant lui, comme un enfant terrifié, Hamlet exprime avec de grands gestes sa terreur...

Préault s'inspire des attitudes de l'acteur qui en bon romantique n'hésitait pas à forcer le trait...

Une des curiosités de ce bas relief est la signature que l'on découvre, en bas, à droite : Dalou. Que vient faire ici l'auteur du Triomphe de la République de la place de la Nation? 

Le bas relief original de Préault a été volé sur la tombe de Rouvière en 1966. Il n'a été remplacé qu'en 1991 par un moulage en résine offert par le Metropolitan Museum de New York. L'exemplaire de New york porte cette signature incongrue. La pratique était assez courante chez les marchands peu honnêtes de proposer à leurs clients, américains de préférence,  des oeuvres signées d'artistes mieux cotés...

Le médaillon n'a pas connu un tel affront! Le nom d'Auguste Préault y est gravé sur le bord, à droite. 

Auguste Préault (1809-1879) est un des représentants les plus doués de la sculpture romantique. Ami de Delacroix, de Gautier, de Victor Hugo, il est aussi un passionné de théâtre et il a participé à la fameuse bataille d'Hernani.

                                                    Tuerie (Auguste Préault)

Il s'est heurté à l'Académie des Beaux Arts qui, année après année, s'est acharnée à refuser ses oeuvres qualifiéees de "compositions contorsionnistes".

  Auguste Préault a longuement regardé Rouvière sur son lit de mort pour sculpter ce médaillon.

Bien que mort, l'acteur garde un port de théâtre... On pense en le voyant qu'il est debout et non gisant. Les traits sont nobles et virils; les cheveux font autour de la tête une auréole qui semble s'élargir en cercles concentriques avec les plis circulaires du drap.

Le masque du comédien est tombé sur son épaule. L'acteur ne joue plus. Le rideau est tombé...

                    Le silence. Tombe de Roblès (Auguste Préault)

Reste le silence... et le théâtre glacé du cimetière où sagement alignés, les morts attendent que commence le grand spectacle de la Résurrection...

Nul doute que Rouvière s'y illustrera!

..............................................................................................................  

      Liens : 

Cimetière Montmartre. Classement alphabétique. Calvaire et Saint-Vincent.

Rues de Montmartre. Classement alphabétique.

Peintres et personnages de Montmartre. Classement alphabetique.

...............................................................................................................

                                                                            5ème volet

Attention chef d'oeuvre!

      C'est un de plus beaux paravents que possède le musée Guimet : "Neuf femmes jouant au jeu du renard".

Il date de l'époque Edo (1800-1805); il est de l'école de Hokusai et il enchante quiconque s'en approche.

                                                                         Volets 1 à5

Sur fond d'or qui brille ou s'ombrage selon la lumière, de jeunes femmes, heureuses de se retrouver entre elles, après avoir échangé de petites nouvelles qui pimentent le quotidien, s'amusent à un jeu de mains qui n'est pas un jeu de vilains; un jeu qui fait danser leurs mains et s'éclairer d'un sourire enfantin leur visage.

                                                                     Volets 5 à 7

Mains couvertes, mains découvertes...

Le jeu du renard est une variante de notre "caillou-papier-ciseau"...

La position des doigts signifie "renard-chef de village-chasseur". Le chef de village l'emporte sur le chasseur, le chasseur sur le renard, le renard qui a des pouvoirs magiques sur le chef de village qu'il ensorcèle.

                                                                       volets 2 à 4

Ce divertissement naïf prend sur le paravent une allure de joyeuse conspiration, d'élégant passe-temps. On entre dans un univers où la plus grande simplicité (le jeu, les objets,) va de pair avec un raffinement extraordinaire : les coiffures impeccables et savantes, le visage maquillé de blanc, le trait à peine souligné des sourcils, les lèvres rouges comme un fruit, les kimonos aux étoffes précieuses....

Comment définir le charme de cette atmosphère de conte et de cérémonie?

                                                                       Volets 8 à 10

Regardons le paravent, en partant de la droite.

Le jeu se joue par couple.  Les huitième et neuvième volets nous montrent une femme debout, se drapant dans ses étoffes qui forment un mouvement de vague.  Elle s'apprête à proposer un signe à sa voisine et elle triche un peu en épiant la main dénudée...

...avec un petit air étonné, comme si elle avait été surprise... 

Sa voisine souriante porte la plus savante, la plus extravagante coiffure de fleurs et de rubans autour des cheveux tirés et coiffés en chignon...

Sa main imprudemment dévoilée passe sur le septième volet...

                                                          Volets 5, 6, 7.

Une femme y est assise sur ses talons, les mains sur les cuisses...                                                                      

Sa coiffure est moins élaborée que celle de ses compagnes, son kimono plus terne...

Elle est assise devant le plateau qu'elle vient de poser à terre.  Les deux mains sur les cuisses, elle ne participe pas au jeu. Elle est la neuvième du groupe, la servante.

Son visage interrogatif et souriant est dans l'attente des désirs des joueuses... 

Devant elle, une femme dissimule son sourire sous la manche de son kimono. Main voilée, main dénudée... L'une sous l'étoffe, l'autre posée sur une boîte.

                                                         Volets 3, 4, 5.

Les volets 4 et 5, au centre du paravent, représentent deux joueuses, à la fois tournées l'une vers l'autre et s'écartant chacune dans des directions opposées... 

L'une et l'autre sont au centre de la composition, au centre du groupe de jeunes femmes qui s'amusent, et l'une et l'autre attirent le regard, par leur gestuelle plus marquée comme un mouvement de danse.

Les traits noirs à l'encre soulignent le mouvement des étoffes et leur épaisseur. Le trait léger du visage, la fente à peine marquée des yeux, la délicatesse des sourcils forment un contraste... On ressent la rigueur d'un apparat, d'un appareil, d'un rituel de l'habillement et de la coiffure, qui dans ces moments de grâce où les femmes sont entre elles cesse d'être pesant et n'entrave plus la légèreté des corps qui semblent s'en échapper... 

                                                                  Volets 2 et 3

Sur le deuxième volet, les femmes sont debout (comme sur le 7ème)...

Femmes oiseaux, femmes complices, dans le frémissement des étoffes....

On ne voit pas leurs mains qui, cachées dans les longues manches, ont déjà choisi le signe qu'elles allaient proposer...

Chasseur, chef du village, renard?

Sur le premier volet, une femme assise, attend de participer au jeu. Elle savoure l'instant. Elle est comme nous dans le bonheur léger du moment. 

Et puisque le renard est capable d'ensorceler ceux qui l'approchent, pas étonnant que nous soyons nous-aussi ensorcelés par le jeu qu'il mène de main (de patte) de maître!

.............................................................................................................

Liens Paravents asiatiques :

Paravent japonais. Cheval à la longe. Momoyama. Guimet.

Paravent Japon. Les grues. Edo.

Paravent Corée. Epoque Choson.

Un paravent japonais. Ecole de Kano.Guimet

....................................................................................................................................................................

....

Entre les monuments de pierre et de marbre, s'est glissée une tombe en couleurs, comme un livre d'images, comme une malle magique, comme un banc au bord de la mer...

Sur la façade, un livre est ouvert. Un enfant y a écrit les chiffres qu'il commence à apprendre.. 1-2-3-4...

Le symbole de l'infini apparaît en haut du livre...

L'enfant croit qu'il a tout son temps...

Il ne sait pas encore que les pages sont comptées...

Le soleil fait tourner ses bras dans un ciel de petits carreaux bleus...

Un poème est écrit, lettre à lettre... 

Il fait si bon vivre !

Jette au feu les livres

Cherche la raison

Loin de ta maison

Au soleil limpide

Marche les mains vides

Tout au bout du monde

Si la terre est ronde

Tu trouveras la trace de tes pas

Cherche cherche encore

Ton moi qui s'ignore

Mais n'espère rien

Du mal ou du bien

La trace est légère

Des pas sur la terre

Le nom de Jacqueline est écrit sous le texte qui malgré les couleurs et le soleil est sans illusion sur la durée des choses...

C'est que le temps s'est écoulé si vite depuis l'enfance...

Le poème naïf le constate sans peser, sans poser, sans grandes phrases éternelles comme on en lit tant dans les cimetières.

Jacqueline est morte avant l'homme qui a posé carreau après carreau, éclat après éclat cette mosaïque. 

Le 20 février 2002

Joseph Ezri

Rejoint sa Jacqueline chérie qu'il aimait tant

Malgré les feuilles et la terre qui se déposent sur la céramique, le coeur continue de battre...

Le cerf-volant de danser au-dessus des notes de musique...

Et le voilier de naviguer, la proue lancée vers le ciel...

... Vers le signe de l'infini, l'étoile qui a guidé ces deux-là qui aujourd'hui sommeillent sous sa lumière bleue...

Amour, Liberté, Tolérance, Vérité...

...

............................................................................................................

Liens cimetière de Montmartre :

Tombe de Michel Berger. Cimetière Montmartre.

Balade sensuelle au cimetière de Montmartre (photos)

Cimetière Montmartre. Juifs. Auschwitz.

Cimetière Montmartre. Classement alphabétique. Calvaire et Saint-Vincent. 

.............................................................................................................

..

La rue de l'Abbé Patureau rappelle le curé de Saint-Pierre qui obtint que l'église qui venait d'être sauvée de la destruction par Clémenceau, maire de Montmartre, fût rendue au culte et non transformée en musée comme le désirait la Société du Vieux Montmartre...

                     Un premier escalier entre la rue Caulaincourt et la rue Lamarck...

François Patureau fut donc, en 1908, le premier curé de l'église ressuscitée.

                                                   Un deuxième escalier entre Lamarck et Paul Féval.

La rue, percée en 1891 s'appela d'abord Passage Lamarck. Elle fit ensuite partie de la rue Paul Féval avant que cette dernière ne se prolongeât jusqu'à la rue des Saules.

                                                                            Escalier Gaston Couté

Rue Gaston Couté, l'escalier conduit à la rue Paul Féval...entre des immeubles lourds et cossus typiques des lotissements juteux qui écrasèrent le Maquis... S'il n'y avait le relief de la Butte et les escaliers, le quartier serait triste et uniforme, riche et ennuyeux...

                                                      Rue des Saules entre Lamarck et Marcadet

Il y a deux escaliers rue des Saules. Celui qui va de Lamarck à Francoeur.... non loin du petit immeuble où furent raflées des familles juives en juin 1944 pour être exterminées à Auschwitz . Que ne s'est-il transformé en échelle de Jacob pour les sauver!

                                         Rue des Saules, le long du cimetière Saint-vincent

Un autre escalier longe le cimetière Saint-Vincent où quelques uns des plus illustres Montmartrois se reposent : Utrillo, Steinlen, Emile Goudeau, Marcel Legay, Gen Paul, Inghelbrecht, Paulo le fils de Frédé du Lapin Agile... et tant d'autres...

                                            Rue des Saules. Le mur du cimetière St-vincent.

La course des Cousettes autour de la Butte passait par cet escalier...

De quoi donner un coup de jeune aux locataires du cimetière!     

                                                 Rue Pierre Dac, la station de métro lamarck-Caulaincourt

Entre la rue Lamarck et Caulaincourt l'entrée du métro s'ouvre dans les escaliers de la rue Pierre Dac. Cette portion de rue n'a pris ce nom qu'en 1995 pour rendre hommage au célèbre chansonnier résistant et montmartrois.

Auparavant, elle faisait partie de la rue de la Fontaine du But, dont une partie déjà avait été confisquée pour faire partie de la place Constantin Pecqueur.

                                Rue de la Fontaine du but vers la rue Lamarck...

De l'autre côté de la rue Lamarck, la rue de la Fontaine du But retrouve son nom de baptême!

                                La Fontaine du But (estampe XVIIIème, bibliothèque nationale)

Elle évoque la vieille source montmartroise qui jaillissait dans les argiles vertes du flanc nord de la Butte et qui fut comblée à la fin du XVIIIème siècle.

La source s'était d'abord nommée Fontaine du Buc. Certains discutent encore pour savoir si l'origine en est le mot latin "bucca", la bouche ou bien l'animal souvent offert aux divinités romaines, le bouc. Ce qui nous ramènerait aux temps bucoliques où Montmartre abritait sur ses hauteurs les temples de Mars et de Mercure. Rien n'est rop beau ni trop fantaisiste pour embellir la grande légende de Montmartre!   

                                           Rue de la Fontaine du But, coin Marcadet.

On peut voir sur cette carte de 1904 les deux anciens escaliers de la rue tels qu'ils étaient avant d'être remaniés. 

                                                             Place Constantin Pecqueur

L'escalier de la Place Pecqueur permet d'accéder à la Place Dalida et au carrefour des rues de l'Abreuvoir et Girardon. 

Qui, à part quelques Montmartrois perspicaces et observateurs reconnaîtra sur cette photo de Brassaï l'escalier tel qu'il était lorsqu'il faisait encore partie de la rue de la Fontaine du But, avant la création de la place Constantin Pecqueur?

                      Sur la Place Constantin Pecqueur (Anciennement Fontaine du But)

...Place qui porte le nom d'un des pères du socialisme français (1801-1887) dont les écrits ont influencé un certain Karl Marx! 

L'escalier a été construit à l'emplacement de l'ancien abreuvoir alimenté par la fontaine du But où les villageois menaient leurs bêtes. Nerval a décrit les brumes qui en hiver entouraient l'endroit d'un halo de mystère. L'allée des Brouillards, au-dessus en aurait reçu son nom...

                                                                 Rue Juste Métivier

          L'escalier de la rue Juste Métivier relie la rue Caulaincourt à l'avenue Junot. On a du mal à imaginer le Montmartre populaire des cabanes et des terrains vagues dans ce quartier opulent. La mendiante assise au bas des marches espère recueillir quelques miettes ou quelques pièces... 

Ce que le nom de la rue lui laisse espérer sans doute.

Juste!

Mais qui est ce Juste Métivier au prénom de bon augure?

                                                                Rue Juste métivier

Hélas! Une fois de plus, il n'est ni poète, ni musicien, ni utopiste.... il est ou plutôt il était le pro-pri-é-taire des terrains lotis...

                                                                     Square Caulaincourt

Nous arrivons maintenant devant un des plus vertigineux escaliers de la Butte, celui du square Caulaincourt qui va de la rue Caulaincourt à la rue Lamarck.

Il faut être jeune ou très pressé pour l'emprunter...

Arrivé en bas, je n'ai pas eu le courage de l'escalader dans l'autre sens !

A suivre...

..............................................................................................................

Liens : autres escaliers de la Butte :

les escaliers de Montmartre côté est. (1)

Escaliers de Montmartre (2) côté sud.

Les escaliers de Montmartre. Cartes et photos anciennes. (1)

Les escaliers de Montmartre (2). Cartes postales. Passage Cottin. Rue Chevalier de la Barre. Rue de la Fontaine du But. Girardon.

Escaliers de Montmartre (3) cartes postales, photos anciennes. Rue du Calvaire, rue Drevet, rue Antoine.

Escaliers de Montmartre (4) Cartes postales, photos anciennes. Rue Chappe. Rue de la Bonne. Saules. etc...

Escalier rue Muller (rue Utrillo) Photos de François Gabriel. Le réverbère.

Rues de Montmartre. Classement alphabétique.

...................................................................................................................................................................

                                    La rue des Saules jusqu'à la rue Caulaincourt

Passés le lapin Agile et le cimetière Saint-Vincent, la rue des Saules n'intéresse plus personne...  elle descend aussi vite que possible, histoire de se faire oublier...

                                    Le 24 avec ses volets bleus et ses coeurs 

Pourtant, elle ne manque pas de charme et avant le croisement avec la rue Caulaincourt, elle garde ici ou là un aspect campagnard (de luxe)

                                                        Le 26 avec ses volets verts

La rue Paul Féval se rétrécit en boyau avant d'atteindre la rue des Saules. Le malheureux réverbère "pittoresque" est écrasé par la muraille de briques d'un gros immeuble sans grâce, typique des constructions bourgeoises des années trente.

Les premiers escaliers de la rue nous conduisent tout droit vers le croisement avec la rue Caulaincourt

                                                  Angle rue des Saules-rue Caulaincourt

Il y avait au coin de la rue quelques cabanes, dernières survivantes du Maquis...

Après le croisement, un deuxième escalier...

Au 42, nous trouvons le Merkaz de Montmartre. Il y avait à cette adresse un musée d'art et d'histoire du judaïsme, créé en 1948 pour sauvegarder quelques traces d'un monde que les Nazis avaient voulu anéantir. On y trouvait des moulages de tombes du cimetière juif de Prague, des maquettes des synagogues détruites de Pologne, des objets rituels, des oeuvres d'artistes juifs comme Chagall ou Pascin. La majeure partie du fonds a été transféré rue du Temple, en 1998, lors de la création du nouveau musée dans l'hôtel de Saint-Aignan. 

                                                                 Marc Chagall (musée d'art juif)

Au 45, une palette de stuc, posée sur des lauriers  rappelle le passé pictural prestigieux de Montmartre... un passé de plus en plus lointain... 

Au 49, non loin du Merkaz, un petit immeuble a vu se dérouler un épisode sinistre de notre histoire : la rafle de Juifs arrêtés par la police française. Parents et enfants furent déportés à Auschwitz par le convoi n°76, le 30 juin 1944.

Une plaque apposée, comme tant d'autres, sur des maisons et des écoles de Paris, rappelle ce crime.

Montmartre, marqué par ses luttes et son goût le la liberté et de la justice, aurait-il pu organiser la résistance et protéger ses habitants menacés? On se prend à rêver d'un Montmartre aussi courageux qu'un Chambon sur Lignon! 

Au n°53, un petit théâtre marche sur un fil : Le Funambule... Une centaine de places, un bar, des pièces modernes ou des spectacles pour enfants, c'est un endroit créatif et chaleureux...

A l'angle avec la rue Francoeur, un immeuble montre son profil. On a l'impression que ses habitants sont des limandes !

                                        Croisement avec Francoeur, escalier vers Caulaincourt

La rue des Saules arrive dans la rue Marcadet, un peu tristounette.  

Heureusement les couleurs reviennent, grâce aux ateliers Francoeur et ses écoles d'art... Une palette prête à faire naître des vocations dans ce bas Montmartre qui regarde avec envie, vers le sud et les hauteurs riantes de la butte.

....................................................................................................................................................................   

 Liens : rue des Saules :

Rue des Saules. Montmartre. 1ère partie (jusqu'à la maison rose).

Rue des Saules (2). Montmartre. Lapin Agile. Vignes. Bruant. Cimetière.

toutes les rues de Montmartre

Rues de Montmartre. Classement alphabétique.

.............................................................................................................

..

29ème division... entre les monuments de pierre, une maison de verre s'élève depuis peu... Est-ce une serre? Est-ce une cabine téléphonique pour famille nombreuse?  Est-ce un arrêt de bus, un abri où l'on peut attendre le prochain convoi?

Surpris, on s'approche, 

Les lames de verre entourent le sol de marbre. Elles forment un rideau transparent où le soleil quand il visite le cimetière joue de l'arc en ciel... 

On se penche, on lit les lettes gravées, blanc sur gris... Deux noms apparaissent. On est presque gênés de les déranger...

Pauline Hamburger 1978-1997... Michel Berger 1947-1992...

Le père et la fille dans leur refuge de verre...

Une vie est souvent jalonnée de mystères, de coïncidences, de hasards... Celle de Michel Berger en est tissée.

                                     Tombe de Jean Hamburger (à 20 mètres de celle de son fils)

Le père de Michel, le professeur Hamburge est mort six mois avant son fils. Il s'en était éloigné bien avant, à la suite d'une opération dont il s'était réveillé sans mémoire de sa famille. Il ne revint jamais parmi les siens. Etait-ce la mémoire ou le coeur qui avait été atteint?

C'est le coeur de Michel Berger qui lâcha un jour du mois d'août, sous le ciel transparent de Ramatuelle.

                                             La tombe-jardin, avant la cabine de verre

Certains ont un signe astrologique. Le signe de Michel Berger c'est le coeur. 

C'est la générosité. Celle du chanteur, celle du musicien, celle de l'homme qui s'engage dans des luttes humanitaires, parce que pour lui ça va de soi : Restos du coeur, Musiciens sans frontières, Action Ecoles...

C'est l'amour...

Pour Véronique Sanson qui un matin descendit acheter des cigarettes pour ne plus revenir. Plus tard, les anciens amoureux continueront de communiquer en s'écrivant des messages en chanson. Michel berger chante "Seras-tu là?" et Véronique Sanson répond "Je serai là."

                                                      France Gall, Raphaël et Pauline.    

L'amour pour France Gall, pour Raphaël leur fils, pour Pauline leur fille atteinte de mucovicidose et qui mourra cinq ans après son père...

Un peu gênés de se remémorer ces éléments d'une vie qui n'appartiennent qu'à ceux qui les ont vécus, même si cette intrusion est la rançon de la gloire, on s'éloigne de la cabine de cristal avec dans la tête une chanson de Michel Berger... 

De mon village cent à l'heure

Où les docteurs greffent les coeurs

Où les millions de gens se connaissent si mal

Je t'envoie comme un papillon à une étoile

Quelques mots d'amour

                                 Le rayon d'arc en ciel sur la pierre tombale, le 12/12/2012.

................................................................................................................................................................... 

.............................................................................................................

      Liens : cimetière Montmartre, chanteurs...

Monique Morelli.

Fred Chichin.

 Dalida.

Cimetière Montmartre. Classement alphabétique. Calvaire et Saint-Vincent.

.............................................................................................................

Aujourd'hui 30 novembre 2017 je suis retourné au cimetière. J'ai été surpris de voir qu'une lettre était posée dans la cabine de verre. Je me suis approché et j'ai lu l'adresse :

Elle était bien envoyée à Michel Berger. Elle avait été lue puisqu'elle était ouverte. Il y avait le nom et l'adresse de l'expéditrice, avec ces mots en post-scriptum : "Ceci est la dernière lettre".

     Janvier 2018. Elle était prémonitoire cette dernière lettre. Comme si l'admiratrice fidèle avait pressenti qu'il fallait laisser la place, toute la place à celle qui a rejoint ses amours,  le 12 janvier dans le refuge de verre sous les étoiles.

Ce jour triste d'hiver il y eut un rayon de soleil sur les parois de verre. C'est fou comme le sourire des gens qu'on a admirés et aimés continue de nous faire signe à travers les nuages! 

                                                          Le 13 rue des Saules contre la maison rose

Cette carte postale permet de voir à quel endroit s'est glissée dans les années 30 la maison-atelier de style art-déco du 13. Elle a contourné la maison rose contre laquelle elle s'est collée, elle en a détruit une partie sur la rue des Saules.

Le 15 contre lequel elle est venue s'appuyer a subsisté à peu près tel qu'il était...

                                                                  Le 17

Un immeuble original s'élève au 17, construit comme la maison-Atelier du 13 dans les années 30...

                                                                      Le 23

                                                                   Le 21 et le 23

A l'angle avec la rue Saint Vincent, le 23 est semblable à de nombreux immeubles qui s'élevèrent sur la Butte dans les années 30 sans se soucier de respecter son aspect villageois.  Son architecture ne manque pas d'élégance mais a le tort de s'imposer brutalement entre la maison rose et le lapin agile....

On peut voir sur cette photo de 1920 l'immeuble d'angle devant lequel stationne un jeune Montmartrois. C'est à son emplacement que s'est construit le 23...

De l'autre côté, le long de la rue des Saules et de la rue Saint Vincent, exposée au nord, s'étage la célèbre vigne de Montmartre.

Il y avait à cet endroit un des derniers terrains vagues de la Butte. 

Transformé en Butta-Parc, il accueillait au début du siècle les danseurs qui venaient s'y dégourdir les jambes après avoir siroté dans les guinguettes.

                               Rue des Saules. Immeubles côté impair. (Eugène Veder)

Ce dessin de la rue prise à partir du jardin ne laisse pas d'intriguer. Il y aurait eu en contrebas, des escaliers, parallèles à la rue des Saules et se dirigeant vers la rue Saint-Vincent.

Impossible de trouver trace de ces escaliers mystérieux. Peut être s'agit-il d'une composition du dessinateur soucieux de pittoresque montmartrois! 

En revanche, on peut reconnaître les immeubles originaux, plus ou moins remaniés : le 15 (en haut entre la maison-atelier et l'immeuble art-déco) le 19 (surélevé) et le 21. 

                                 Le terrain vague (1920) avant le square de la Liberté

Des menaces de lotissement pesaient sur ce terrain libre, un des derniers de Montmartre.                                    

Par chance, Poulbot veillait aux grains et avec ses acolytes, il transforma l'endroit en square de la Liberté, ouvert aux gosses du quartier et aux amoureux (1929).

Ce n'est que 4 ans plus tard que cédant aux pressions continues et tenaces de la Commune Libre et des Amis du vieux Montmartre que la ville planta le square de pieds de vigne. Le square de la Liberté devint alors le "Clos Montmartre."

On ne pouvait rêver endroit moins propice! Exigu, orienté au nord!

Les vendanges ne peuvent se faire que tardivement, à la mi-octobre.

                                                            La vigne en hiver

Elles donnent lieu à des fêtes avec défilés de délégations de pinardiers des provinces de France et congrégations d'adeptes de la dive bouteille.

Folklo et désuet. "Vintage" comme on dit aujourd'hui en bon français!

La piquette montmartroise ne mérite pas mieux. Sa seule qualité est d'arroser une association caritative de la Butte. Si l'on en croit la vertu diurétique de cette bibine l'arrosage doit être abondant. En effet un vieux dicton l'affirme : "Le vin de Montmartre, qui en boit pinte en pisse quarte".

Ce qu'on peut traduire approximativement : "Le vin de Montmartre, qui en boit un litre en pisse 67 !"

A proximité des vignes, subsiste le plus célèbre cabaret montmartrois : Le Lapin agile où l'on s'attend à rencontrer Frédé et son âne Lolo.                                        

Le lieu garde mystère et charme malgré le tourisme massif...

                                                                     Pissaro.

      Il a été peint et repeint par les artistes qui passaient par la Butte ou qui y habitaient...

Utrillo a maintes fois cuisiné à l'huile sur sa toile le fameux Lapin...

                                                                        Utrillo

                                                                          Utrillo

De nombreux peintres ont suivi son exemple...

                                                                         Elisée Maclet

...à commencer par Elisée Maclet, autre peintre emblématique de Montmartre...

                                                                          Elisée Maclet

                                                                    Bernard  Buffet

...et tant d'autres...

                                                                   Jean Pierre Sahuc

                                                                       Geoffroy Fletcher

                                                                  Andrew G Forrest 

En face du cabaret, court le mur du cimetière Saint Vincent...

                                              La tombe d'Utrillo. A l'arrière, le toit du Lapin.

De l'autre côté du mur, reposent deux artistes montmartrissimes : Utrillo et Steinlen...

                                                                   Tombe de Steinlen

                                        Le Lapin à droite et le mur du cimetière à gauche

                                          Le Lapin à gauche et le cimetière à droite!

A suivre: dernière partie de la rue des Saules, jusqu'à la rue Marcadet.

(Merci à Hélène, Montmartroise d'enfance et de coeur, pour les documents qui m'ont permis d'illuster en partie cet article.)

...................................................................................................................................................................

Liens:

Rue des Saules (1) (jusqu'à la maison rose).

Rue des Saules (3) Montmartre. 3ème partie.

Rues de Montmartre du blog. Classement alphabétique.

Peintres et personnages de Montmartre. Classement alphabetique.

                                               Annie girardot devant le Lapin agile.

....................................................................................................................................................................

Résidence de Massy Vilmorin

La Roseraie 

Les rosiers rouges

Les rosiers blancs

Les rosiers roses

Dans tous les jardins de sa vie

Il a planté des rosiers       

Et quand sa fille est née à la fin de l'été

Il lui a donné le nom des fleurs qu'il aimait

Un nom de caresse et d'épine

Un jour il a perdu mémoire

On l'a enfermé dans la maison de Massy Vilmorin 

La demeure au sol de béton et de nuages

Où passent en silence

Les fauteuils roulants et les funambules

Il a suivi dans le couloir

Un autre qui marchait 

En regardant ses pieds

Et qui malgré l'abîme et le vertige

Semblait savoir où il allait

Il est tombé soudain

Ses os se sont brisés

Ses os plus légers que ceux des oiseaux

Qui volent sur le vent

Et qui  décrochent sous le plomb 

La Résidence a reflué

La vague de ciment a emporté 

Le long couloir

Et les frayeurs

La vieille roseraie qu'on avait arrachée

Pour implanter la banlieue sans racines

La vieille roseraie

A refleuri

Les rosiers rouges

Les rosiers blancs

Les rosiers roses

Il a respiré la terre et le soleil

Il a touché les fleurs

En retrouvant leur nom

Il a porté la main à ses lèvres

Au bout de son doigt

Une goutte de sang

Brillait

Comme une coccinelle

.............................................................................................................

      Liens. Poèmes pour mon père.

Liste et liens des poèmes Alzheimer. Mon père.

Mon père est mort.

Alzheimer. Dernier lien.

Mon père, mon disparu.

Dans la maison de retraite.

Un an après la mort.

Cimetière.

etc..

.............................................................................................................

.............................................................................................................

.............................................................................................................

.. 

                                                          

Sans avoir jamais visité Montmartre, on connaît le nom de cette rue qui descend de la Butte en direction du nord et passe devant les vignes, la maison rose, le fantôme de la maison de Bruant, le Lapin Agile et le cimetière Saint Vincent, 

La rue longue de 468 mètres et large de 10 n'a pris ce nom qu'en 1863. Un nom qui s'imposait car elle était bordée de saules et c'est ainsi que les villageois la nommaient. Elle avait pourtant porté d'autres noms. Dans sa partie haute, entre Saint Rustique et Saint Vincent, c'était en 1843 la rue des Fontaines. L'autre partie était la rue de la Saussaye, synonyme disgracieux de saulaie...

                                  Renoux. Rue des Saules et rue Norvins

            1   Ière partie ... jusqu'au carrefour avec les rues Cortot et de l'Abreuvoir.

La rue commence rue Norvins côté impair (à droite sur la photo) et rue Saint Rustique côté pair. Nous sommes au coeur du Montmartre historique, du vieux village qui a tenté de subsister en préservant quelques unes de ses vieilles maisons.                                  

                                           Cézanne (rue des Saules)

La première maison côté pair, le n°2, est occupée par le restaurant "A la Bonne Franquette" dernier avatar de la guinguette montmartroise et du jardin où les peintres aimaient se rafraîchir!

                                                            La guinguette. Van Gogh

Sisley, Pissaro, Renoir (qui venait en voisin du château des Brouillards), Van Gogh qui habitait chez Théo rue Lepic... apprécièrent ses tonnelles et son vin clairet...

                    Les Billards en Bois d'après un fusain de Mme H. Kosmann-Sichel

Au début du XIXème siècle, la guinguette avait pour enseigne "les Billards en Bois".  Poulbot y créa la célèbre Association du même nom.

Les membres s'engageaient à se mesurer dans un tournoi qui consistait à pousser avec une queue de billard un palet qui devait renverser un bouchon sur lequel étaient empilées des pièces de monnaie. L'exploit accompli, il fallait encore précipiter le palet dans un trou qu'on appelait "la chaudière". L'heureux vainqueur n'avait plus qu'à recevoir son prix : payer la tournée à tous les participants!

Les billards disparurent pour laisser place au Franc Buveur, puis à l'Ange, puis au Ranch et enfin à notre Bonne Franquette actuelle. Restaurant trop touristique pour avoir le temps de satisfaire les palais exigeants.

La pente est forte vers le nord... vers le carrefour avec les rues Cortot et de l'Abreuvoir...

De part et d'autre, des murs bordent la voie. Côté pair un talus et sa végétation qui évoque le maquis, côté impair une haute muraille et ses contreforts.

                              Rue des Saules. A gauche rue Cortot, à droite rue de l'Abreuvoir.

                                                         Le même endroit en 1903

                                                  La rue des Saules vers le nord.

                                                 Utrillo. Carrefour rue des Saules

On voit au croisement, à droite la maison qu'habita Aristide Bruant et à gauche la fameuse maison rose maintes fois peinte par Utrillo

                             Mai et jui 1906. Pompiers au croisement avec la rue de l'Abreuvoir.

                                                    La rue des Saules vers le Sud.

Vue du bas de la rue, La maison de Bruant s'élève à gauche avec ses murs aveugles...

                                     La rue Cortot rejoignant la rue des Saules. 

 la grosse villa qui a écrasé la modeste maison de Bruant...

A gauche, le mur de la maison ancienne. On voit qu'un panneau la propose à la vente.     

En face, à l'angle avec la rue de l'Abreuvoir,  la maison de village a survécu... Sa chance est d'avoir servi de modèle à Utrillo qui la croqua une dizaine de fois...

La banale maisonnette est connue dans le monde entier sous le nom de  "petite maison rose" et elle ne risque plus rien aujourd'hui sinon d'être mitraillée par des milliers d'appareils numériques.... 

                                                  La maison rose aujourd'hui

                                                                         La même en 1902

                                                                      Utrillo

                                                      Utrillo. La petite maison Rose.

D'autres peintres ont posé leur chevalet devant la star de la rue des Saules .... Seul le Lapin agile un peu plus bas est susceptible de la concurrencer...

                                                                   Elisée Maclet

                                                                    Jacques Ruiz

                                                                      Sarikovsky

                                                                   E. Moinyhan Lisle

...à suivre...

Rue des Saules (2). Montmartre. Lapin Agile. Vignes. Bruant. Cimetière.

Rue des Saules (3) Montmartre. 3ème partie.

.............................................................................................................

Liens : rues de Montmartre:

Rue Norvins.

Rue de l'Abreuvoir.

Rue Cortot.

Rue Saint Rustique.

Rues de Montmartre. Classement alphabétique.

Liens : Artistes cités dans l'article:

Poulbot. Petits Poulbots. (3)

Frédé, le Lapin Agile et l'Âne Lolo.

Liste et liens: Peintres et personnages de Montmartre.

.............................................................................................................

Quand il est mort le poète... 

Jean Marc Debenedetti (1952-2009) avait à peine 57 ans quand il fut emporté par une pneumonie.

La mort a fauché, en frappant cet homme, un poète, un peintre, un sculpteur...

La mort n'est pas écolo et ne se préoccupe pas des espèces en voie de disparition!

Certains Montmartrois l'ont connu alors qu'il était élève à jacques Decour. Il avait 16 ans en mai 1968 et cet adepte du surréalisme ne pouvait que se jeter à âme perdue dans la bataille. 

Sur sa tombe, une statue dort debout.

Les pieds solidement plantés sur le sol...

... les mains ouvertes

Mains qui donnent

Mains qui reçoivent

Mains qui prient

Le sexe parcouru de désir et de sève.

Une large pierre au-dessus du cou...

Là où devrait être le visage de l'homme, la pierre est close sur elle-même. Le temps a pétrifié la mémoire. On la retrouverait peut-être, en découpant la pierre, comme on trouve parfois des animaux entiers au coeur des roches.

 Décalé sur le côté, sur l'épaule de l'homme debout, un autre visage s'éveille.

Un visage comme un astre dans le ciel. Comme un Bouddha aux paupières tendues entre le monde extérieur et le monde intérieur.

...Visage de celui qui a traversé la mort et s'éveille de l'autre côté de la frontière.

Visage de l'ange que chacun de nous héberge...

Ses lèvres s'entrouvrent  comme pour recevoir un baiser... comme pour donner un baiser...

Recevez ce baiser et passez doucement votre chemin...

L'homme debout est entré dans le rêve

Il écrit des poèmes

Il peint

Il donne vie à la pierre qu'il sculpte

La mort n'a pas prise sur son rêve

Sans doute...

..............................................................................................................

Quelques oeuvres de Jean Marc Debenedetti:

Les Elégies d'Afrique. Cheyne ed; 1998 --La grande Serre. Cherche-midi. 1989 -- L'Equation du feu. Cherche-midi 1995. Dans la nef du passeur. Cherche-midi. 2006 -- Les Mangeurs d'horizon. Punctum ed. 2008 --

Ouvrages illustrés : Courtot : Ah vous dirai-je maman! Elebore 1982 -- Michel Butor: Pavane. Manière Noire 1993 -- Jean Bazin : Figures de Proie. Le grand tamanoir. 2008.

.............................................................................................................

Liens :

Balade sensuelle au cimetière de Montmartre (photos)

Cimetière Montmartre. Classement alphabétique. Calvaire et Saint-Vincent.

..............................................................................................................

Un poème de Jean Marc Debenedetti :

Elle s'abandonne

Elle s'abandonne

Dans les banlieues du corps

Où règne le mensonge

Tout est lourd et tout glisse

Son corps ondule dans la terreur

Elle n'a plus de visage

Ni de sexe visibles

Elle est seule en son voyage

Sans autre guide que sa béance

(La Nef du Passeur)

.............................................................................................................