L’agneau de Pâques
Tu te rappelles ce jour de Pâques où nous étions en Grèce
Tu avais acheté des œufs rouges
De ces œufs promesses de vie
Peints le vendredi Saint de la couleur du sang
Les gens dans les rues se saluaient comme au retour d’un long voyage
Les uns disaient « Christos Anesti »
Les autres répondaient « Aleithos Anesti »
Leurs mots passaient de bouche en bouche
Montaient et descendaient les collines
Ricochaient sur les cloches des églises
Glissaient sur les coupoles bleues
Je ne sais quoi de clair et de léger
Faisait danser nos pas et planer les oiseaux
Nous sommes entrés dans la ronde
Nous avons dit les mêmes mots
Nous avons souri des mêmes sourires
Le soleil se roulait devant nous comme un jeune chien
Dans le jardin près de l’église
Sous un grand olivier un homme en robe noire
Disait une prière en retroussant ses manches
Il se penchait vers l’agneau couché sur une pierre
L’agneau aux yeux d’enfance
L’agneau tête levée vers le couteau
Qui s’argentait dans la lumière