C'est le dernier dimanche avant le confinement que je suis allé au musée Cernushi, récemment réouvert.
Il faisait beau, les promeneurs passaient insouciants dans les allées du parc Monceau...
Deux figures d'éternité sont exposées dans une vitrine doucement éclairées sur un fond de nuit.
Deux masques funéraires dont l'or brille encore après neuf siècles de sommeil...
Ils appartenaient tous deux à la dynastie Khitan de Liao (907-1125) qui régnait sur la Mongolie et une partie de la Russie orientale. Ils étaient posés sur le visage du défunt momifié.
Le 1er masque de femme nous rappelle que chez les Khitan, le rôle de la femme était beaucoup plus important que chez les Chinois Han.
Il est fait d'une plaque de bronze martelé doré à l'or fin. On peut remarquer des perforations sur les rebords. Elles permettaient de l'accrocher aux mailles métalliques du linceul.
Les oreilles portaient des boucles dont il ne reste que celle de l'oreille gauche. Elle représente un félin, symbole de force, de beauté et d'éternité!
La coiffe est un des éléments originaux de la culture Liao. Elle était, pense t-on un élément du costume des hauts fonctionnaires. La plupart du temps en tissu, elles ont disparu. Celle-ci est en bronze doré avec, de part et d'autre, des ailes verticales. La base est un rinceau décoré de phénix et de nuages, deux éléments habituels.
Le 2ème masque est celui d'un homme. Il est difficile d'attribuer un genre incontestable à bon nombre de ces visages funéraires.
Homme et femme se ressemblent, comme si la mort effaçait leurs différences. Parfois une fine moustache permet de discerner s'il s'agit d'un homme, mais ce n'est pas la règle.
La coiffe est en argent doré. Elle est formée de 24 panneaux ajourés assemblés par groupe de 3 sur une armature. Chaque panneau est orné d'un canard mandarin ou d'un phénix. Huit oiseaux se balançaient au bout de fils métalliques.
Une grande ceinture pouvait faire partie de la tenue funéraire. Typiques des populations de la steppe asiatique, elles étaient utilisées par les vivants avant de faire partie de la tenue funéraire.
Celle qui est exposée est ornée de plaques de bronze doré fixées sur le cuir.
La tête de la momie était posée sur un "oreiller" le plus souvent en bois qui pouvait être peint ou recouvert de tissu. Dans les plus riches sépultures il était recouvert de métal précieux et ciselé.
Ces masques Liao du musée Cernuschi sont aussi beaux que les beaux visages de Bouddha qui les entourent. Leurs paupières baissées, leur léger sourire sont une méditation.
Ils sont présents, entre deux mondes, entre le jour et la nuit, entre la vie et la mort.