Depuis que le musée de Montmartre a fait peau neuve, il s'est transformé en domaine magique où le temps semble s'être arrêté.
On imagine Renoir en train de peindre "la balançoire" dans les jardins, ou Suzanne Valadon dans son atelier , entourée d'Utrillo et Utter....
Steinlen, le peintre des chats dont le Cat's Cottage s'élevait à deux cents mètre de là, y a évidemment sa place. Une des premières.
Une œuvre rare est exposée dans le musée : Chats et Lunes (1885).
Les panneaux étroits représentent sur fond de nuit dorée, des chats qui jouent avec la lune, l'agressent ou la snobent selon leur humeur du moment.
Le plus long panneau est occupé par 7 chats. De vrais chats sauvages, des "Gouttières" comme il y en avait tant dans le maquis et que Steinlen qui les aimait, a représentés sans mièvrerie.
Le contraste est frappant entre les lunes caricaturales, échappées de chez Méliès et les chats sauvages et naturels.
Le premier, sur la gauche, s'éloigne et laisse les autres à leurs jeux puérils. Il ne trouve aucun intérêt à cette lune ridicule, ce ballon de carnaval.
Le deuxième, juché sur la lune, teste ses réactions d'un coup de patte prudent.
Le troisième a glissé sur l'astre rond et tombe sur le dos, fort mécontent.
Il montre les dents et gronde, humilié de se retrouver dans cette position ridicule.
les deux suivants se hérissent et attendent le moment de riposter à cette trogne mécontente qui ose les houspiller.
Les deux derniers s'apprêtent à jouer avec une lune devenue plus accommodante mais qui lève déjà les yeux au ciel... sa patience a des limites!
Le deuxième panneau met en scène cinq chats.
Le premier, comme celui du panneau précédent se détourne de ce qui se passe à côté de lui.
Il est le chat indépendant, plus préoccupé par son univers personnel que par un monde extérieur dont il a mesuré l'inintérêt.
Les deux suivants vont bientôt devenir agressifs devant cette lune mécontente
Les deux derniers se font plus caressants avec cette lune qui sourit et accepte le jeu...
La lune et les chats font partie du folklore montmartrois...
Si Willette créateur du Pierrot de la Butte leur a rendu hommage, si Bruant a fait de lui l'emblème du Montmartre nocturne, c'est cependant Steinlen qui les a le mieux aimés et peints...
C'est lui qui a été et reste le grand peintre amoureux des chats.
Dans le vieux cimetière Saint-Vincent, sur la pierre brute de sa modeste tombe, il n'est pas rare d'en voir un qui médite et ronronne pour lui...
La butte Montmartre envahie par les chats! Un matou à la place du Sacré-Coeur!