Nous avons eu l'occasion d'admirer la fresque de Nicolas Greshny dans l'église de Saint-Pierre et de lui consacrer un article...
Trois ans plus tard, force est de constater qu'elle ne fait l'objet d'aucune mesure de conservation et que, insidieusement, l'humidité ronge la partie basse de l'oeuvre, celle qui représente l'île, ses habitants, ses moulins, ses bateaux, sa côte et ses arbres...
Si rien n'est entrepris pour arrêter la lèpre murale, toute la partie oléronaise de la fresque s'effacera avec le temps...
...et Oléron dont le patrimoine religieux est si pauvre (les guerres de religion sont passées par là) perdra une de ses richesses picturales.
C'est en 1962 que Nicolas Greshny est venu dans l'île pour réaliser, à la demande du curé de Saint-Pierre la fresque de la chapelle de la Vierge...
Il réalise son œuvre comme le font les peintre d'icônes, en respectant des canons précis qui se rattachent à la grande tradition byzantine, celle-là même qui en imposant des règles strictes donne aux artistes l'occasion d'exprimer leur foi et leur amour de la vie comme dans une prière.
Les mots sont codifiés mais l'intensité, la sensibilité du peintre lui donnent une force et une sensualité personnelles.
Nicolas Greschny après avoir vécu des arrachements et des exils reste un homme de la vie, de l'attention à ses "frères humains".
Pas étonnant donc que la fresque de Saint-Pierre, représente les habitants de l'île, pêcheurs, cultivatrices, dans leur tenue familière.
Les enfants regardent la mer et les bateaux, comme des jouets.
Aujourd'hui, ils attendraient avec leur planche la meilleure vague pour se laisser emporter en équilibre sur son dos de tarasque...
On reconnaît l'île avec sa lanterne des morts, ses maison à escalier extérieur si typiques des vieux villages, ses moulins...
Le ciel est rose ce qui annonce le vent qui est aussi le souffle de l'esprit...
Les hommes, les femmes et les enfants sont représentés par groupes de trois. Ils sont douze comme les douze tribus d'Israël. Ils sont l'humanité...
Nicolas Greshny s'est resprésenté les pinceaux à la main à côté du bâtisseur...
Dans le ciel la vierge en majesté porte son fils
Le regard à la fois immense et précis, un regard qui embrasse le monde et s'adresse à chacun...
Les yeux des icônes sont le passage entre deux mondes, celui des hommes et celui de la divinité.
Par lui, chacun peut traverser la frontière entre réalité et spiritualité.
Autour de la mère et de l'enfant, neuf anges montent la garde.
Au sommet, l'archange Gabriel dit les paroles de l'annonciation...
Ses huit compagnons tournent les yeux vers la Vierge et l'enfant.
Ils portent une lance bleue et légère...
Rien de belliqueux, rien d'agressif en eux
Leur arme est symbolique.
L'arme des anges ne peut empêcher les larmes
Ni retenir la lance d'acier qui transperce le cœur
Les anges ne sont pas des hommes
Ils ignorent la violence
Dieu si l'on croit en son existence est un Dieu d'amour
Il ne peut demander que l'on tue en son nom
Cette représentation de la mère du Christ est le miroir de Dieu
Un Dieu maternel
Un "Dieu compatissant" dit la bible
Un "Dieu matriciel" traduit Elie Chouraqui
La mandorle dans laquelle apparaît la Vierge évoque "l'origine du monde"...
La féminité de Dieu...
L'arme bleue des anges est celle de la douceur et non de la force...
"Heureux les doux car ils posséderont la terre"!
Et maintenant ... après avoir navigué et divagué dans la fresque de Nicolas Greshny, allumons une veilleuse et posons-là sur l'autel...
En demandant aux anges de toucher avec leur lance bleue la cervelle et le cœur des élus pour qu'ils débloquent les crédits nécessaires à la sauvegarde de ce trésor oléronais, plus fragile et menacé que le pineau ou les huîtres!
Liste des articles (sauf les plages) sur Oléron :
http://http://www.montmartre-secret.com/oleron-liste-des-articles-hors-plages-.html