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Montmartre secret

Montmartre secret

Pour les Amoureux de Montmartre sans oublier les voyages lointains, l'île d'Oléron, les chats de tous les jours. Pour les amis inconnus et les poètes.

peintres

Publié le par chriswac
Publié dans : #MONTMARTRE Peintres.Artistes.Clébrités, #Peintres
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C'est un des tableaux les plus célèbres de la Renaissance, emblématique de l'Ecole de Fontainebleau. Il est une source inépuisable de rêverie, de fantasmes, de questions...

Et une fois qu'on en a donné une explication rationnelle, il garde toute son étrangeté. 

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A gauche la duchesse de Villars, Julienne d'Estrées, pince le téton de sa soeur Gabrielle. La "belle Gabrielle" est la favorite du roi Henri IV depuis 1591 (le tableau est peint en 1594) et elle attend un premier enfant de lui. On la voit dans sa baignoire de cuivre recouverte d'un drap comme on le faisait alors pour éviter tout contact du corps avec le métal.

La duchesse prend délicatement entre pouce et index le téton gonflé de sa soeur qui attend un enfant. 

Ces doigts qui enserrent avec tendresse le téton donnent à la scène sa force troublante. Ils évoquent ceux de l'amant, de l'amoureux des femmes qui connaît la douceur et la délicatesse de ce bourgeon de chair.

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Gabrielle tient avec la même délicatesse une bague. Main de la femme, main de l'amante qui elle aussi connaît la sensibilité de son amant dont elle effleure et touche la "bague" du sexe.

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      Henri IV en Mars (Jacob Bunel. 1605). Tableau peint pour la Galerie de Diane à Fontainebleau. Allusion à peine voilée dans la main droite du sexe royal!

Cette bague a une histoire et rappelle la quasi royauté de la favorite. C'est un cadeau du roi qui désirait l'épouser et en était empêché par l'impossible répudiation de la reine officielle, Marguerite de Valois  avec laquelle il ne vivait plus depuis des années.    

En février 1599, cinq ans après ce tableau et comme pour en réaliser la prédiction, le roi, lors d'un bal donné au Louvre annonce son intention de passer outre aux obstacles dressés par la reine et par le pape. Il offre à Gabrielle l'anneau du sacre. Une fois de plus l'art devance la réalité! 

Ce que n'annoncent pas les corps gracieux et clairs, les chairs épanouies, la sérénité des visages, c'est que six semaines après le bal du Louvre, la belle Gabrielle, enceinte d'un quatrième enfant est emportée par une apoplexie foudroyante. Son agonie est épouvantable. Son beau visage convulsé noircit, au point que les rares témoins diront qu'elle a été étranglée par le diable.

Le roi ne se remettra pas de cette mort. Alors qu'il lui était interdit comme à tous les rois de France, de porter le deuil, il s'habille de noir. Il dit  "la racine de mon coeur est morte". Il ajoute qu'elle ne "rejettera pas", c'est à dire qu'elle ne donnera aucun rejet, aucun espoir de renaissance. Ce roi galant et amateur de femmes est aussi un grand amoureux, fidèle à celle qu'il aime passionnément depuis des années.

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Le tableau se présente comme une scène théatrale. Les rideaux rouges s'écartent et les deux stars apparaissent dans le plus simple appareil, avec un naturel étonnant. Elles sont nues et elles sont belles. Peu importe l'avis des grincheux! Elles se savent regardées et n'en éprouvent aucune gêne, leur regard est tourné vers le spectateur qui entre dans la pièce intime. Un instant nous sommes nous-mêmes, devant le tableau, le roi qui regarde, ému, la beauté de ces corps.

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Dans la perspective une couturière est penchée sur son ouvrage, sans doute un vêtement destiné à l'enfant qui va naître. Au-dessus de la cheminée, un tableau nous laisse entrevoir les jambes écartées d'un homme dont le sexe est recouvert d'un tissu rouge. Allusion au royal amant censé cacher sa relation!

Ce qui frappe dans cette scène, c'est la sensualité et l'élégance. Un équilibre entre hiératisme quasi religieux et érotisme. Les deux femmes sont droites, leur port de tête élancé évoque les tableaux de la Vierge.

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La nudité et le gonflement des seins n'est pas sans rappeler l'Agnès Sorel de Fouquet.

La rencontre de la théâtralité de la scène, des échos mystiques et de la nudité charnelle est sans doute la source de la  fascination qu'exerce cette oeuvre.

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Le tableau s'inspire d'une oeuvre de Clouet fort connue, représentant Diane de Poitiers. 

On y voit Diane au premier plan, la main droite posée sur une planche recouverte d'une toile chargée de fruits et de bijoux. Cette habitude de tendre une toile sur la table avant d'y disposer les parfums, les brosses et les bijoux, a donné en français le mot "toilette".

En perspective une solide nourrice donne le sein à un poupon, tandis qu'un enfant la main sur le rebord de la baignoire louche vers la coupe de fruits et tend la main vers une grappe de raisin. Toujours dans la perspective, comme sur la toile qui nous intéresse, on voit une servante devant une cheminée.

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Le tableau de Clouet est quasiment copié en 1596, Diane étant remplacée par Gabrielle.  Le garconnet gourmand et chapardeur serait alors César, l'enfant annoncé dans le premier tableau. Le poupon dans les bras de la nourrice serait Catherine Henriette, soeur de César.

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Le thème est souvent traité par les peintres de Fontainebleau. On en voit ici une autre version. On reconnaît le même geste de la main dont les doigts tiennent une bague. En perspective une servante est penchée sur un coffre. La nudité de la femme est pudiquement recouverte d'un voile transparent comme on le devine sur le tableau précédent. 

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Il existe au musée de Lyon un 3ème tableau de Gabrielle au bain. L'attitude des jeunes femmes est différente. Julienne ne touche plus sa soeur. Il n'est pas nécessaire de vérifier si elle attend un enfant puisque le rejeton est né. On le voit dans les bras de la nourrice. Le sein de sa mère s'est donc gonflé de lait pour rien! A moins que le royal amant n'en ait profité. Le collier de perles rares est sans doute un cadeau du roi reconnaissant à sa maîtresse de lui avoir donné un garçon.

Ce tableau qui ne manque ni d'élégance ni d'étrangeté a cependant moins de mystère, moins de magie que le premier, celui qui est exposé aujourd'hui au Louvre, là où le roi Henri un soir de février eut l'audace d'annoncer son mariage avec son amoureuse peu de temps avant que sa beauté ne fût saccagée par la souffrance et anéantie par la mort.

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Le peintre qui a réalisé cette oeuvre ne l'a pas signée. Il est un des anonymes les plus célèbres de la longue histoire de la peinture!

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Comme la Joconde, comme beaucoup d'oeuvres célèbres, le tableau se prête à la parodie et à la caricature. Il est particuliérement parodié dans le monde gay. On peut s'en amuser avant de revenir à l'original et à sa trouble sensualité.

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                                                                     Eleazar

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                                 A la manière de Gabrielle d'Estrées. Qiu Mei Xian

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                                                                      Harald

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                                                                Robert Combas

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                                                                            Luzier

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                                         Nils and Phil. Polaroïd. Bertrand David.

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                                                           Francesco Marero

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                               François et Jean-François par Large


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Liens tableaux célèbres :


Chagall. Abraham et les Anges. L'hospitalité.

Camille Bombois. La femme. (II)

Séraphine de Senlis

Fontevraud. Fresques de Thomas Pot.

Tombeau d'Agnès Sorel. Loches.


Gustave Moreau. Le christ et les deux larrons.

Gustave Moreau. La Vie de l'Humanité.

Gustave Moreau. Jupiter et Sémélé.

Gustave Moreau. Prométhée foudroyé.


Lautrec. CHA-U-KAO la clownesse.

Lautrec. André Gill. Le Lapin agile.

 

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Publié le par chriswac
Publié dans : #Peintres
Musée Cernuschi. Walasse Ting. Exposition

À quelques encablures de Montmartre, près du Parc Monceau, s'élève un des plus beaux musées parisiens, connu pour ses collections d'art asiatique.

L'affiche qui annonce une exposition de Walasse Ting "Le voleur de fleurs" est si belle qu'elle incite à passer la frontière de la Butte pour descendre dans la plaine et pousser les portes de Cernuschi!

Musée Cernuschi. Walasse Ting. Exposition
Sans titre (Femmes à l'éventail. Couleur et encre sur papier. Vers 1975-1980)

Sans titre (Femmes à l'éventail. Couleur et encre sur papier. Vers 1975-1980)

Walasse Ting (1929-2010) a légué une partie de son œuvre au musée qui lui rend hommage aujourd'hui.

Musée Cernuschi. Walasse Ting. Exposition

Son parcours artistique lui a fait quitter la Chine en 1946, venir à Paris puis s'installer à New-York où il s'est frotté aux courants picturaux américains.

Mais ce qui dans son œuvre est, pour moi, le moins intellectuel, le plus émouvant et le plus beau à la fois, ce sont ses femmes, à l'encre noire ou en couleurs...

Nu allongé (encre sur papier. Vers 1980)

Nu allongé (encre sur papier. Vers 1980)

Femme au perroquet (Encre et couleur sur papier. vers 1980)

Femme au perroquet (Encre et couleur sur papier. vers 1980)

Femmes offertes, femmes précieuses, femmes malicieuses, femmes nobles et belles dont l'éventail effleure la poitrine...

Si l'influence de certains peintres de l'ancienne Chine, ou celle, plus féconde encore de Matisse est manifeste ...

Femme et servantes. (Encre et couleurs sur papier. 1975-1980)

Femme et servantes. (Encre et couleurs sur papier. 1975-1980)

...l'univers crée par le peintre est reconnaissable et personnel..

Il nous invite à entrer dans la confidence et le secret de sa sensualité... 

Spring morning. (pastel sur papier. Vers 1980)

Spring morning. (pastel sur papier. Vers 1980)

Outside snow white ( acrylique et pastel sur papier 1995)

Outside snow white ( acrylique et pastel sur papier 1995)

... et pour connaître un peu mieux Walasse Ting, plutôt que des articles de critiques savants, il vaut mieux lui laisser la parole, lire le poème de sa vie. 

 

 

Raindrops in my eyes (acrylique sur toile. 1974)

Raindrops in my eyes (acrylique sur toile. 1974)

Walasse Ting par Walasse Ting

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À un an, première fois, chante une chanson 

À deux ans, première fois, me mets debout 

À trois ans, première fois, attrape une sauterelle 

À quatre ans, première fois, fais voler un cerf-volant

À cinq ans, première fois, dessine une  libellule 

À six ans, première fois, respire une  fleur 

À sept ans, première fois, pisse sous la pluie 

À huit ans, première fois, vois le feu embraser une maison 

À neuf ans, première fois, mange du miel

À dix ans, première fois, vois une locomotive

À onze ans, première fois, vois un  homme et une femme faire l’amour

À douze ans, première fois, vois grand-père mourir

À treize ans, première fois, me masturbe au lit

À quatorze ans, première fois, danse dans une  salle de bal

À quinze ans, première fois, écris un poème

À seize ans, première fois, deviens amoureux

À dix-sept ans, première fois, fais l'amour dans le noir

À dix-huit ans, première fois, quitte la chine 

À dix-neuf ans, première fois,  ai vendu des aquarelles

À vingt ans, première fois, fais l'amour avec une prostituée

À vingt et un an, première fois, une exposition à moi

À vingt-deux ans, première fois, prends un grand bateau pour paris

Love me Love me. (series-10- acrylique et crayon sur papier. 1975)

Love me Love me. (series-10- acrylique et crayon sur papier. 1975)

À vingt-trois ans, première fois, fais l'amour avec une femme blanche 

À vingt-quatre ans, première fois, bois du champagne

À vingt-cinq ans, première fois, ressens la mélancolie

À vingt-six ans, première fois, ressens le mal d'amour et le  mal du pays 

À vingt-sept ans, première fois, emprunte de l’argent

À vingt-huit ans, première fois, ne crois  plus en rien

À vingt-neuf ans, première fois, écris un poème 

À trente ans, première fois, arrive en Amérique 

À trente et un ans, première fois, fais l’amour avec une femme noire

À trente-deux ans, première fois, mange un hot dog

À trente-trois ans, première fois  me marie

À trente-quatre ans, première fois, fais pousser ma moustache

À trente-cinq ans, première fois, fais la vaisselle

À trente-six ans, première fois, ai de la peine à payer mon loyer

À trente-sept ans, première fois,  ai une fille

À trente-huit ans, première fois, achète une télé-couleurs

À trente-neuf ans, première fois,  achète une assurance-vie

À quarante ans, première fois, ai un fils

À quarante et un ans, première fois,  me mets nu sous la pluie

À quarante-deux ans, première fois,  me réveille sous la pluie

À quarante-trois ans, première fois,  entends mère tomber  raide morte

À quarante-quatre ans, première fois, vois père dormir dans un cercueil

À quarante-cinq ans, première fois, deviens citoyen des U.S.A

À quarante-six ans, première fois, sens l’odeur de merde de l’argent

À quarante-sept ans, première fois, vois que le soleil est carré

Sans titre (Pastel sur papier. 1957)

Sans titre (Pastel sur papier. 1957)

À quarante-huit ans, première fois, sais que la vie est ronde 

À quarante-neuf ans, première fois, ai acheté une pêche de cristal

À cinquante ans, première fois, mange un serpent vert 

À cinquante et un ans, première fois,  ai acheté une lettre de Gauguin

À cinquante-deux ans, première fois, vais à Tahiti

À cinquante-trois ans, première fois, conduis une Rolls-Royce bleue

À cinquante-quatre ans, première fois, ai un chat

À cinquante-cinq ans, première fois, arc en ciel au petit déjeuner

À cinquante-six ans, première fois me douche avec une symphonie

À cinquante-sept ans, première fois, pleure la mort de ma femme

À cinquante-huit ans, première fois, ressemble à un panda

À cinquante-neuf ans, première fois, achète un flacon de parfum

À soixante ans, première fois,  fais l’amour avec une vierge

À soixante et un ans, première fois, deviens amoureux d’une fille rousse

À soixante-deux ans, première fois,  ai acheté un plein camion de roses

À soixante-trois ans, première fois, ai perdu l’amour

À soixante-quatre ans, première fois,  ressens la mort

À soixante-cinq ans, première fois, vois se lever le soleil

À soixante-six ans, première fois,  respire l’air pur

À soixante-sept ans, première fois, vais pécher en pleine mer

À soixante-huit ans, première fois, peins une  baleine

À soixante-neuf ans, première fois, achète un Bouddha de couleur blanche 

À soixante-dix ans, première fois, achète 2 étoiles filantes

 

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Sans titre. (Pastel sur papier. 1957)

Sans titre. (Pastel sur papier. 1957)

Le poème s'arrête là, à 70 ans, avec l'achat de deux étoiles filantes.

Walasse Ting ne deviendra la 3ème étoile filante que dix ans plus tard.

Il meurt à l'âge de 80 ans.

Musée Cernuschi. Walasse Ting. Exposition

La dernière partie de son poème est envahi par la couleur et le rêve.

Entre sensualité et onirisme.

Elle correspond à sa création la plus gaie, la plus féminine, la plus vibrante..

La naissance de Venus (acrylique sur toile. 1966)

La naissance de Venus (acrylique sur toile. 1966)

Musée Cernuschi. Walasse Ting. Exposition

Je joins à cet article le texte original, si difficile à traduire.

Je suis preneur de toute correction.

J'ai choisi de ne pas le traduire littéralement car l'absence de déterminant dans le texte original donnerait peut-être au français une tonalité exagérément "enfantine". 

Il y a dans "Paterson" le film de Jarmusch, une réplique pertinente : " Traduire un poème c'est comme prendre une douche avec un imperméable".

 

exemple plus littéral :

 À un an, première fois, chanter chanson

 À deux ans, première fois, tenir debout

À trois ans, première fois, attraper sauterelle

À quatre ans, première fois, faire voler cerf volant...... etc

 

 

(Merci à Pénélope qui m'a beaucoup aidé et m'a expliqué que ce texte était écrit avec ironie dans un anglais tel que le pratiquerait un Chinois, ou plutôt tel qu'on s'attendrait à ce qu'il le pratiquât)

 

 

 

Musée Cernuschi. Walasse Ting. Exposition
Musée Cernuschi. Walasse Ting. Exposition
Musée Cernuschi. Walasse Ting. Exposition
Musée Cernuschi. Walasse Ting. Exposition

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Publié le par chriswac
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Les nains esclaves de Marie 1ère du Portugal. La mascarade nuptiale. Musée du Nouveau Monde. La Rochelle.

La Mascarade Nuptiale de José Conrado Roza (1788) est la toile la plus surprenante et la plus étrange du Musée du Nouveau Monde. Elle est aussi la plus révélatrice d'une société aux moeurs arrogantes et racistes.

Les nains esclaves de Marie 1ère du Portugal. La mascarade nuptiale. Musée du Nouveau Monde. La Rochelle.

Du peintre on ne sait pas grand chose, sinon qu'il était fils de peintre et recevait des commandes des souverains portugais et plus particulièrement de Marie 1ère qui fut reine de 1877 à 1816.

Marie 1ère du Portugal. (att. à Giuseppe Troni)

Marie 1ère du Portugal. (att. à Giuseppe Troni)

La reine était connue pour sa grande piété (ce qui nous interpelle sur ses petits arrangements avec la doctrine chrétienne!) à tel point qu'elle fut surnommée "la pieuse".

Les nains esclaves de Marie 1ère du Portugal. La mascarade nuptiale. Musée du Nouveau Monde. La Rochelle.
Tombeau de Marie 1ère.
Tombeau de Marie 1ère.

Elle eut le cerveau quelque peu détraqué à l'approche de la soixantaine. Elle fut paraît-il très choquée par les événements de France, cette Révolution qui coupait les têtes royales et abolissait l'esclavage.

Au Brésil, possession portugaise où elle se réfugia après l'annexion de son pays en 1807 par le libérateur de l'humanité Napoléon Bonaparte, elle fut surnommée "la Folle". C'est dire qu'à sa manière, elle perdit elle aussi la tête!

Elle mourut en 1816 et son corps fut rapatrié à Lisbonne dans un imposant tombeau érigé dans la basilique d'Estrela qu'elle avait fait construire.

Les nains esclaves de Marie 1ère du Portugal. La mascarade nuptiale. Musée du Nouveau Monde. La Rochelle.

En 1788, elle passa commande à son peintre favori s'une toile mettant en scène ses esclaves préférés, des nains chargés de la divertir. Elle ne faisait que suivre la mode initiée notamment par la cour espagnole et Philippe IV. Velasquez a représenté quelques uns des nains de cette cour.

Le titre de la toile fait penser à une parodie de mariage, une mise en scène ridiculisant les petits personnages sommés de poser avec sérieux.

Les nains esclaves de Marie 1ère du Portugal. La mascarade nuptiale. Musée du Nouveau Monde. La Rochelle.

Mais ce titre "Mascarade nuptiale" lui a été attribué bien des années après son exécution. La thèse qui prévaut aujourd'hui sans convaincre, plaide pour la représentation d'un vrai mariage.

Quoi qu'il en soit l'oeuvre revêt une poésie étrange et douce, faite de mystère et de silence. On pense à l'atmosphère qui plus tard habitera certaines oeuvres du Douanier Rousseau avec ses personnages qui flottent dans l'air.

Les nains esclaves de Marie 1ère du Portugal. La mascarade nuptiale. Musée du Nouveau Monde. La Rochelle.
Les nains esclaves de Marie 1ère du Portugal. La mascarade nuptiale. Musée du Nouveau Monde. La Rochelle.

La petite mariée est Dona Roza, la naine favorite de la reine qui la couvre de cadeaux et ne se déplace qu'avec elle.

Les détails sur l'âge et l'origine des nains sont écrits sur leurs vêtements.

Dona Roza est âgée de 18 ans, originaire d'Angola. Son esprit enjoué, sa bonne humeur et sa spontanéité plaisent à la reine qui l'habille de vêtements somptueux comme elle le ferait de sa poupée préférée.

Les nains esclaves de Marie 1ère du Portugal. La mascarade nuptiale. Musée du Nouveau Monde. La Rochelle.

L'heureux marié est Don Pedro, originaire du Luanda. Son âge est incertain, entre 30 et 40 ans...

Les nains esclaves de Marie 1ère du Portugal. La mascarade nuptiale. Musée du Nouveau Monde. La Rochelle.

Au-dessus des deux mariés qui sont debout sur une calèche, au sommet de la composition pyramidale de la toile, se tient Martino de Mello e Castro venu de Bahia. Il est âgé de 14 ans.

Il est coiffé d'une mitre d'évêque. Les défenseurs de la thèse du vrai mariage auront du mal à expliquer cet accoutrement. Si vrai mariage il y avait eu, un vrai responsable religieux aurait officié.

Ce déguisement est forcément dérisoire. La scène ressemble plus à un carnaval qu'à une cérémonie religieuse à laquelle la reine et la cour auraient assisté!

Les nains esclaves de Marie 1ère du Portugal. La mascarade nuptiale. Musée du Nouveau Monde. La Rochelle.

Devant les mariés, on voit à droite, prêt à jouer de la flûte pour accompagner la noce, Sebastiao, originaire du Mozambique, âgé de 31 ans.

A sa droite un garçon de 12 ans, le seul à n'être pas nain. Il est là comme "curiosité" susceptible de surprendre la cour et ajouter au prestige de la collection royale.

Les nains esclaves de Marie 1ère du Portugal. La mascarade nuptiale. Musée du Nouveau Monde. La Rochelle.
Les nains esclaves de Marie 1ère du Portugal. La mascarade nuptiale. Musée du Nouveau Monde. La Rochelle.

Il s'appelle Sicario et il est originaire de Cotingiba au nord-est du Brésil. Sa dépigmentation partielle est un albinisme incomplet qui lui confère sa valeur de pièce rare. Imaginons l'existence de cet enfant, exhibé comme un phénomène de foire par la très pieuse reine du Portugal.

Les nains esclaves de Marie 1ère du Portugal. La mascarade nuptiale. Musée du Nouveau Monde. La Rochelle.
Les nains esclaves de Marie 1ère du Portugal. La mascarade nuptiale. Musée du Nouveau Monde. La Rochelle.

A la droite de Sicario on trouve encore Dom José âgé de 30 ans, originaire du Brésil et Dona Anna, âgée de 17 ans, originaires du Mozambique.

Le dernier nain représenté est Marcelino, 26 ans, de Mariua en Amazonie. Il est habillé pour satisfaire la curiosité des courtisans de sa tenue d'Indien. Il brandit un arc bandé dont la flèche est dirigée vers une colombe perchée sur une branche.

Les nains esclaves de Marie 1ère du Portugal. La mascarade nuptiale. Musée du Nouveau Monde. La Rochelle.

Là encore les tenants de la thèse du mariage sérieux auront du mal à justifier cette pesante allégorie. La blanche colombe symbolise la virginité de la jeune Noire Dona Roza, la flèche le membre viril de son nouvel époux!

Au-dessus la toile peinte pour Marie 1ère. Au-dessous la toile peinte par sa soeur cadette Bénedicte.
Au-dessus la toile peinte pour Marie 1ère. Au-dessous la toile peinte par sa soeur cadette Bénedicte.

Au-dessus la toile peinte pour Marie 1ère. Au-dessous la toile peinte par sa soeur cadette Bénedicte.

Les nains esclaves de Marie 1ère du Portugal. La mascarade nuptiale. Musée du Nouveau Monde. La Rochelle.

Il existe une première version de cette œuvre, répertoriée sous le nom de "Les nains de la reine Marie de Portugal"

On peut remarquer quelques légère différences comme le phylactère que tient la colombe dans le bec et qui porte le nom de la commanditaire : Bénédicte, sœur de la reine. Il y est précisé que ce tableau contient "les vrais portraits des personnes pour lesquelles toutes les mesures furent exactement prises."

Les nains esclaves de Marie 1ère du Portugal. La mascarade nuptiale. Musée du Nouveau Monde. La Rochelle.

Que le tableau porte un titre ou un autre ne change rien à notre appréhension de l'œuvre qui attire et repousse...

Elle attire parce qu'elle est belle et poétique, à la fois naïve et maitrisée...

Elle repousse parce qu'elle fait de nous, malgré nous, des voyeurs, curieux des particularités d'êtres humains qui furent traités comme des objets au même titre que les animaux exotiques qui composaient la collection de la reine.

Les nains esclaves de Marie 1ère du Portugal. La mascarade nuptiale. Musée du Nouveau Monde. La Rochelle.

Il existe étude passionnante et complète de cette oeuvre sans laquelle je n'aurais pas pu écrire cet article et dont l'érudition est remarquable (même si je ne partage pas du tout l'interprétation du mariage authentique).

La brochure "Mascarade Nuptiale" est en vente au Musée du Nouveau Monde. Elle a été rédigée par Violetta Giraldos et Evelyne Fazilleau.

Le Musée du Nouveau Monde, rue Fleuriau.

Le Musée du Nouveau Monde, rue Fleuriau.

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Publié le par chriswac
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Portraits indiens. Antoine Tzapoff. La Rochelle. Musée du Nouveau Monde.

Au musée du Nouveau Monde, une exposition d'Antoine Tzapoff nous propose une galerie de portraits d'hommes et de femmes, de résistants, indiens pour la plupart, victimes d'un génocide qui permit au Canada et aux Etats Unis de s'édifier.

Portraits indiens. Antoine Tzapoff. La Rochelle. Musée du Nouveau Monde.

Ce qui frappe dès la première approche de ces toiles assez classiques dans leur facture c'est la dignité des visages en même temps que leur profonde tristesse, la conscience d'une tragédie inéluctable.

Portraits indiens. Antoine Tzapoff. La Rochelle. Musée du Nouveau Monde.

"Cavalier des plaines"

Un guerrier Lakota se prépare au combat comme on le voit à son habillement : la chemise de guerre aux bandes perlées.

En 2007, des survivants de ce peuple sioux ont proclamé l'indépendance de leur territoire (essentiellement le Dakota) et rompu les traités que les blancs n'avaient jamais respectés.

Portraits indiens. Antoine Tzapoff. La Rochelle. Musée du Nouveau Monde.
Portraits indiens. Antoine Tzapoff. La Rochelle. Musée du Nouveau Monde.
Portraits indiens. Antoine Tzapoff. La Rochelle. Musée du Nouveau Monde.

"Ioway avec parure"

​"L'avant-veille des Illusions perdues"

Malgré son regard décidé, sa coiffure Roach et son collier de griffes d'ours, cet indien qui a donné son nom à la rivière et à l'état de l'Iowa, ne pourra empêcher la disparition de son peuple dont ne subsiste aujourd'hui qu'un millier d'individus.

Le Roach est composé d'une frange extérieure en longs poils de porc épic et en poils plus courts de daim. Elle est maintenue à l'arrière par une tresse de cheveux qu'on appelle "la mèche de scalp" car c'est elle qui est coupée par l'ennemi en cas de victoire.

Portraits indiens. Antoine Tzapoff. La Rochelle. Musée du Nouveau Monde.
Portraits indiens. Antoine Tzapoff. La Rochelle. Musée du Nouveau Monde.

"Kwoxot"

Visage moins tragique pour cet indien Yuma (Colorado) qui est un homme de dialogue et de paix, un Kwoxot, diplomate chargé des relations avec les envahisseurs. S'il est homme de parole, il n'en est pas de même des Européens qui n'ont qu'une idée en tête : s'emparer des terres indiennes et signer des traités bidons!

Portraits indiens. Antoine Tzapoff. La Rochelle. Musée du Nouveau Monde.
Portraits indiens. Antoine Tzapoff. La Rochelle. Musée du Nouveau Monde.

"La lune du trépas"

Un chef Tlingit (sud-est de l'Alaska et Colombie Britannique) porte le cimier qui représente la lune entourée de fanons de baleine. Son peuple croit en la réincarnation et au retour des parents décédés. Cette croyance qui lui évite la peur de la mort n'a pas suffi à le réincarner en nombre puisqu'il n'y a plus aujourd'hui que quelques centaines de ses hommes dont la culture et la langue sont près de mourir tout à fait.

Portraits indiens. Antoine Tzapoff. La Rochelle. Musée du Nouveau Monde.
Portraits indiens. Antoine Tzapoff. La Rochelle. Musée du Nouveau Monde.

"Armoiries de la baleine tueuse"

C'est encore un Tlingit qui est paré de symboles totémiques. La "baleine tueuse" est l'autre nom donné à l'orque.

Portraits indiens. Antoine Tzapoff. La Rochelle. Musée du Nouveau Monde.
Portraits indiens. Antoine Tzapoff. La Rochelle. Musée du Nouveau Monde.

"Pharaon"

Tel est le nom donné à une des tribus des Apaches Mescaleros (Nouveau Mexique). On peut comprendre à la noblesse de ces hommes ce nom qui pourtant fut choisi par moquerie. Ils vivent de nos jours dans une réserve où ils sont mitraillés par les touristes, comme des animaux dans un zoo.

Portraits indiens. Antoine Tzapoff. La Rochelle. Musée du Nouveau Monde.
Portraits indiens. Antoine Tzapoff. La Rochelle. Musée du Nouveau Monde.

"Camp d'automne"

C'est une des premières toiles d'antoine Tzapoff qui replace l'indien Cree dans son environnement sévère dont il semble faire partie. Les Crees forment aujourd'hui le plus grand groupe des premiers peuples d'Amérique. Ils sont plus de 200 000. Ils étaient ouverts aux échanges et aux unions intertribales. Ils ont formé un peuple métissé, notamment avec les Français du Canada.

Portraits indiens. Antoine Tzapoff. La Rochelle. Musée du Nouveau Monde.
Portraits indiens. Antoine Tzapoff. La Rochelle. Musée du Nouveau Monde.

"Agnier"

C'est le nom donné par les colons français dès le XVIIIème siècle aux Indiens Iroquois Mohawk (Mohawk signifie "mangeurs d'hommes")

Leur langue a quasiment disparu. Une petite communauté de plus de 1000 indiens la parle encore dans le village de Kahnawake près de Montréal.

Portraits indiens. Antoine Tzapoff. La Rochelle. Musée du Nouveau Monde.
Portraits indiens. Antoine Tzapoff. La Rochelle. Musée du Nouveau Monde.

"La vallée des mélèzes"

Un guerrier Fox en alerte s'apprête à entrer dans la vallée dangereuse. Le peuple Fox a rencontré les Français au cours de guerres qui furent dévastatrices et à la suite desquelles ne survécurent que 500 des leurs.

Portraits indiens. Antoine Tzapoff. La Rochelle. Musée du Nouveau Monde.
Portraits indiens. Antoine Tzapoff. La Rochelle. Musée du Nouveau Monde.

"Le cauchemar de Cumberland"

Les colons craignaient particulièrement les Shawnees, guerriers farouches dont le nom français était "chaouanons" ou "chavanons".

Portraits indiens. Antoine Tzapoff. La Rochelle. Musée du Nouveau Monde.
Portraits indiens. Antoine Tzapoff. La Rochelle. Musée du Nouveau Monde.

"La Feuillée à l'aube dorée"

La feuillée est la toilette matinale des femmes. L'une d'elle, Chippewa est de face, l'autre Winnebago de dos. Les broches d'argent dont elles se parent sont l'œuvre des orfèvres de Montréal qui les fabriquaient pour les échanges commerciaux entre colons et autochtones.

Une fois encore, malgré la douceur du matin, le visage féminin est grave.

Portraits indiens. Antoine Tzapoff. La Rochelle. Musée du Nouveau Monde.
Portraits indiens. Antoine Tzapoff. La Rochelle. Musée du Nouveau Monde.
Chef Joseph (Nes percé)
Chef Joseph (Nes percé)

"Nez percé" ou 1877.

Les Nez Percés qui sont spoliés de 90% de leur réserve attribuée par décret se défendent en 1877 contre les soldats américains menés par le général Olivier O. Howard. A leur tête se trouve Chef Joseph qui après plusieurs succès est vaincu. La plupart des Nez Percés sont massacrés et une poignée d'entre eux parvient à se réfugier au Canada.

Portraits indiens. Antoine Tzapoff. La Rochelle. Musée du Nouveau Monde.
Portraits indiens. Antoine Tzapoff. La Rochelle. Musée du Nouveau Monde.

"Les Ages de la guerre ou la stratégie et le combat"

Le jeune Indien se détourne de son aîné qui a choisi la diplomatie et les tractations avec l'armée américaine. Il est décidé à se jeter sans attendre dans la bataille même s'il est conscient de la disproportion des forces en présence. L'aîné tente de sauver un peu de sa terre et de sa culture. Il sous évalue l'hypocrisie de ses adversaires.

Portraits indiens. Antoine Tzapoff. La Rochelle. Musée du Nouveau Monde.
Portraits indiens. Antoine Tzapoff. La Rochelle. Musée du Nouveau Monde.

"Le charme de guerre"

Le monde magique des Indiens comportait de nombreuses superstitions. Ainsi pensaient-ils être protégés par une simple bandelette qu'ils portaient en bandoulière.

Une cordelette pour lutter contre l'avidité des envahisseurs!

Portraits indiens. Antoine Tzapoff. La Rochelle. Musée du Nouveau Monde.
Portraits indiens. Antoine Tzapoff. La Rochelle. Musée du Nouveau Monde.
Portraits indiens. Antoine Tzapoff. La Rochelle. Musée du Nouveau Monde.

"Tatouages Osages"

Un dignitaire porte les marques des gardiens des "ballots sacrés" (où étaient conservés les objets rituels). Le fer de sa lance comme les bracelets qu'il porte prouvent qu'il entretenait des rapports amicaux en Louisiane et en Nouvelle France avec les Français qui les fabriquaient.

Le nom des Osages reste lié à un arbre, "l'oranger des Osages" dont ils se servaient pour leurs peintures et leurs arcs. Voilà qui me ramène à Montmartre, au square Louise Michel près duquel je vis et où s'élèvent plusieurs de ces arbres!

Portraits indiens. Antoine Tzapoff. La Rochelle. Musée du Nouveau Monde.
Portraits indiens. Antoine Tzapoff. La Rochelle. Musée du Nouveau Monde.

"Symboles sacrés"

Cette Osage est une officiante de rites religieux comme l'indiquent les symboles peints sur les rochers : cercle solaire et araignée.

Le cercle est symbole même de la vie. Moitié soleil et moitié lune il unit le jour et la nuit. Il a la forme de la vie, des nids, des tentes, du vent qui tourbillonne...

L'araignée a huit pattes comme les huit points cardinaux indiens. Elle appartient à la nuit mais a un rôle positif dans la mythologie indienne puisque c'est elle qui donne le feu aux hommes. Dans les attrape-rêves, c'est elle encore qui permet au jour et à la lumière de renaître après la nuit.

Portraits indiens. Antoine Tzapoff. La Rochelle. Musée du Nouveau Monde.
Portraits indiens. Antoine Tzapoff. La Rochelle. Musée du Nouveau Monde.

"Chamane Caribou"

Portraits indiens. Antoine Tzapoff. La Rochelle. Musée du Nouveau Monde.
Portraits indiens. Antoine Tzapoff. La Rochelle. Musée du Nouveau Monde.

"Chamane Toungouse"

Le chamane qui est en relation avec les esprits de l'univers portent les objets rituels dans les "ballots sacrés".

Il est ici revêtu de symboles de la création, les oiseaux de fer et les visages.

(Les Toungouses sont un peuple de Sibérie.)

Portraits indiens. Antoine Tzapoff. La Rochelle. Musée du Nouveau Monde.
Portraits indiens. Antoine Tzapoff. La Rochelle. Musée du Nouveau Monde.

"Chasseur ou le concept de la transformation"

Cet Inuk porte un masque de carcajou (glouton) dont il acquiert ainsi les qualités supposées : la ruse, l'agressivité...

Musée Fleuriau. La chambre à coucher de Mme Fleuriau. La toile de Tzapoff acquise par le Musée.

Musée Fleuriau. La chambre à coucher de Mme Fleuriau. La toile de Tzapoff acquise par le Musée.

Portraits indiens. Antoine Tzapoff. La Rochelle. Musée du Nouveau Monde.

"La chute de l'Amérique française"

La statue jetée à terre symbolise la défaite française et la fin de la Nouvelle France.

Portraits indiens. Antoine Tzapoff. La Rochelle. Musée du Nouveau Monde.

Un indien Ottawa (Outaouais pour les Français) reste debout, prêt à combattre encore. Sa tribu a choisi de lutter aux côtés des Français et elle leur reste fidèle. Nous sommes en 1760, date de la chute de la dernière place forte française : Montréal.

Portraits indiens. Antoine Tzapoff. La Rochelle. Musée du Nouveau Monde.

Le guerrier regarde au loin, espérant le retour des Français. Il a mal choisi. Entre les deux rapaces anglais et français, il valait mieux choisir le plus cynique et le plus rusé, celui dont l'Empire était si étendu que jamais le soleil ne s'y couchait!

Portraits indiens. Antoine Tzapoff. La Rochelle. Musée du Nouveau Monde.
Portraits indiens. Antoine Tzapoff. La Rochelle. Musée du Nouveau Monde.

"La Nouvelle France"

Le Canada français tel qu'il est idéalisé par le peintre!

L'indienne au visage grave se drape dans un tissu bleu. Elle porte entre les seins un poignard.

Une remarque s'impose au cours de cette exposition sur la façon qu'a le peintre de représenter les femmes. S'il leur donne comme aux hommes ce visage tendu et inquiet, il refuse de le marquer de rides. Ce respect qu'il a de la femme forcément jeune et belle confère à ses tableaux féminins quelque chose de plus stéréotypé.

Il y a dans les codes utilisés par l'artiste quelque chose qui me fait penser aux icônes : le sens du sacré, la dignité des visages, l'espoir d'un renouveau malgré l'apparente victoire de la violence et de la mort...

Ngati Maru. Maori de Nouvelle Zélande armé de son casse-tête.

Ngati Maru. Maori de Nouvelle Zélande armé de son casse-tête.

Maria Felix. Mécène d'Antoine Tzapoff.

Maria Felix. Mécène d'Antoine Tzapoff.

Portraits indiens. Antoine Tzapoff. La Rochelle. Musée du Nouveau Monde.

Quelques mots sur Antoine Tzapoff, l'auteur de ces portraits à la fois réalistes et spirituels.

Il est né en 1945 à Paris. Sa mère est française et son père russe (est-ce de ce dernier que lui vient cette proximité avec l'art sacré des icônes?)

Il a longtemps collaboré avec Vasarely avant de trouver sa voie qui allait de pair avec sa fascination pour les peuples premiers. En 1981 il rencontre Maria Felix, la sublime star mexicaine qui, séduite par son œuvre aidera à sa promotion dans tout le Mexique.

Tzapoff poursuit son euvre et cette exposition de La Rochelle rend justice à son grand talent et à sa sensibilité douloureuse et respectueuse pour ces peuples spoliés de leur terre et dont la culture et la spiritualités sont aujourd'hui menacées de complète disparition, ce qui parachèverait le génocide dont ils furent victimes.

Portraits indiens. Antoine Tzapoff. La Rochelle. Musée du Nouveau Monde.

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Publié le par chriswac
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Steinlen. Chats et lunes.

Steinlen. Chats et lunes.

Steinlen. Musée de Montmartre. Chats et lunes.

Depuis que le musée de Montmartre a fait peau neuve, il s'est transformé en domaine magique où le temps semble s'être arrêté.

On imagine Renoir en train de peindre "la balançoire" dans les jardins, ou Suzanne Valadon dans son atelier , entourée d'Utrillo et Utter....

Steinlen. Musée de Montmartre. Chats et lunes.
L'atelier de Suzanne Valadon.

L'atelier de Suzanne Valadon.

Steinlen. Musée de Montmartre. Chats et lunes.
Le Cat's Cottage aujourd'hui. (photo JPD)
Le Cat's Cottage aujourd'hui. (photo JPD)

Steinlen, le peintre des chats dont le Cat's Cottage s'élevait à deux cents mètre de là, y a évidemment sa place. Une des premières.

Steinlen. Musée de Montmartre. Chats et lunes.

Une œuvre rare est exposée dans le musée : Chats et Lunes (1885).

Steinlen. Musée de Montmartre. Chats et lunes.
Steinlen. Musée de Montmartre. Chats et lunes.

Les panneaux étroits représentent sur fond de nuit dorée, des chats qui jouent avec la lune, l'agressent ou la snobent selon leur humeur du moment.

Steinlen. Musée de Montmartre. Chats et lunes.

Le plus long panneau est occupé par 7 chats. De vrais chats sauvages, des "Gouttières" comme il y en avait tant dans le maquis et que Steinlen qui les aimait, a représentés sans mièvrerie.

Steinlen. Musée de Montmartre. Chats et lunes.

Le contraste est frappant entre les lunes caricaturales, échappées de chez Méliès et les chats sauvages et naturels.

Steinlen. Musée de Montmartre. Chats et lunes.

Le premier, sur la gauche, s'éloigne et laisse les autres à leurs jeux puérils. Il ne trouve aucun intérêt à cette lune ridicule, ce ballon de carnaval.

Steinlen. Musée de Montmartre. Chats et lunes.

Le deuxième, juché sur la lune, teste ses réactions d'un coup de patte prudent.

Steinlen. Musée de Montmartre. Chats et lunes.

Le troisième a glissé sur l'astre rond et tombe sur le dos, fort mécontent.

Il montre les dents et gronde, humilié de se retrouver dans cette position ridicule.

Steinlen. Musée de Montmartre. Chats et lunes.

les deux suivants se hérissent et attendent le moment de riposter à cette trogne mécontente qui ose les houspiller.

Steinlen. Musée de Montmartre. Chats et lunes.

Les deux derniers s'apprêtent à jouer avec une lune devenue plus accommodante mais qui lève déjà les yeux au ciel... sa patience a des limites!

Steinlen. Musée de Montmartre. Chats et lunes.

Le deuxième panneau met en scène cinq chats.

Steinlen. Musée de Montmartre. Chats et lunes.

Le premier, comme celui du panneau précédent se détourne de ce qui se passe à côté de lui.

Il est le chat indépendant, plus préoccupé par son univers personnel que par un monde extérieur dont il a mesuré l'inintérêt.

Steinlen. Musée de Montmartre. Chats et lunes.

Les deux suivants vont bientôt devenir agressifs devant cette lune mécontente

Steinlen. Musée de Montmartre. Chats et lunes.

Les deux derniers se font plus caressants avec cette lune qui sourit et accepte le jeu...

Steinlen. Musée de Montmartre. Chats et lunes.
Steinlen. Musée de Montmartre. Chats et lunes.

La lune et les chats font partie du folklore montmartrois...

Si Willette créateur du Pierrot de la Butte leur a rendu hommage, si Bruant a fait de lui l'emblème du Montmartre nocturne, c'est cependant Steinlen qui les a le mieux aimés et peints...

C'est lui qui a été et reste le grand peintre amoureux des chats.

Dans le vieux cimetière Saint-Vincent, sur la pierre brute de sa modeste tombe, il n'est pas rare d'en voir un qui médite et ronronne pour lui...

Steinlen. Musée de Montmartre. Chats et lunes.

La butte Montmartre envahie par les chats! Un matou à la place du Sacré-Coeur!

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Publié le par chriswac
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Portrait. L'enfant aux cerises. Musée de Rochefort. Brossard de Beaulieu.

Pas possible de passer l'été dans l'île d'Oléron sans visiter à quelques encablures le lumineux musée Hèbre de Saint-Clément à Rochefort.

Le musée ressemble à la ville ordonnée et rêveuse, la ville des Demoiselles et de l'Hermione.

Portrait. L'enfant aux cerises. Musée de Rochefort. Brossard de Beaulieu.
Pierre Loti par le douanier Rousseau
Pierre Loti par le douanier Rousseau

Une exposition propose d'y "voir" en 3D la maison de Pierre Loti, ce palais d'un poète extravagant obsédé par le passage du temps.

Elle tente de faire patienter les curieux qui ne pourront la visiter qu'après sa restauration qui devrait s'achever à la fin de l'année.

La maison de Pierre Loti en restauration. Une façade austère cache un palais des rêves entre Chine et Turquie!

La maison de Pierre Loti en restauration. Une façade austère cache un palais des rêves entre Chine et Turquie!

Portrait. L'enfant aux cerises. Musée de Rochefort. Brossard de Beaulieu.

C'est un petit portrait qui aujourd'hui retient mon attention.

La douceur inquiète, le sourire tendre et triste d'un petit garçon assis devant un panier de cerises...

Il a été peint en 1778 par Brossard de Beaulieu (1727-1810) un peintre et sculpteur qui vécut à La Rochelle avant de s'installer à Paris. Il reste mystérieux et l'on ne connaît de lui qu'une petite trentaine de portraits ou tableaux de genre.

Portrait. L'enfant aux cerises. Musée de Rochefort. Brossard de Beaulieu.

Comme cette toile moralisante qui fait penser à Greuze (dont Brossard de Beaulieu fit le portrait).

Un prêtre "directeur de conscience" sermonne un jeune garçon.

L'enfant baisse la tête.

Il reçoit la remontrance (c'est le titre du tableau) sans tenter de plaider sa cause. Nous sommes dans un monde où les adultes ont raison et où les enfants n'ont pas d'autre choix que de se soumettre.

Portrait. L'enfant aux cerises. Musée de Rochefort. Brossard de Beaulieu.

Le garçon n'est pas sans rappeler celui du portrait aux cerises, en plus grave.

On lui a appris ce qu'était une "faute" et il se courbe sous la culpabilité.

Le prêtre est à la fois sévère et avenant. Il est persuadé d'agir pour le bien de l'enfant et en bon pédagogue, il mêle douceur et rigueur à sa leçon

Portrait. L'enfant aux cerises. Musée de Rochefort. Brossard de Beaulieu.

Notre petit bonhomme, comme son aîné, est un enfant poli, habitué à bien se tenir...

Nulle négligence dans sa tenue qui ressemble à celle des adultes, veste près du corps et col en dentelles...

Il ne regarde pas le peintre, cet homme étrange qui le fixe pour capturer au vol son image et la déposer sur la toile avec des gestes délicats comme ceux d'un chasseur de papillons qui épingle sa proie sur un bouchon..

Portrait. L'enfant aux cerises. Musée de Rochefort. Brossard de Beaulieu.

Il regarde sur le côté, peut-être vers sa mère assise non loin de lui pour assister à la séance...

Il n'ose prendre à pleines mains les fruits rouges et brillants.

Il sait que c'est interdit et s'il approche la main en regardant ailleurs, c'est pour toucher du bout des doigts deux cerises, de celles que dans la campagne, les cueilleuses accrochent à leur oreilles.

Portrait. L'enfant aux cerises. Musée de Rochefort. Brossard de Beaulieu.

Il sourit mais une interrogation soulève ses sourcils

Pourquoi l'oblige t-on à rester immobile devant le panier de cerises?

Aura t-il en récompense le droit de les manger?

Portrait. L'enfant aux cerises. Musée de Rochefort. Brossard de Beaulieu.

Devant son regard humble et doux, on rêve de lui parler, de lui offrir le panier de cerises et de le libérer de cette toile où il est condamné à rester, sage et immobile avec à l'intérieur de lui même le plaisir et le jeu refoulés qui colorent ses joues...

Portrait. L'enfant aux cerises. Musée de Rochefort. Brossard de Beaulieu.

Liens : Peintres et oeuvres étudiées dans le blog :

-Peintres-et-oeuvres-etudiees-classement.htmlhttp://

Liens :articles sur Rochefort et sur la Charente Maritime

Charente-maritime-classement-alphabetique-liens-99077965

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Publié le par chriswac
Publié dans : #OLERON, #OLERON EGLISES Cimetières, #OLERON PLAGES, #Peintres
Saint-Trojan. Les cabanes. Art du hasard. Peintures couleur du temps
Saint-Trojan. Les cabanes. Art du hasard. Peintures couleur du temps

J'ai souvent photographié les cabanes ostréicoles de l'île d'Oléron.

Elles font aujourd'hui partie de l'image qu'exploitent les campagnes publicitaires....

Elles sont de plus en plus souvent investies par des "créateurs" de toutes sortes...

Sur le port de Saint-Trojan, les plus vieilles, parfois délabrées, sont en elles-mêmes des "créations".

L'homme, le vent la pluie, les années sont leurs auteurs.

Art du hasard, art modeste, art de l'invitation à l'imaginaire....

Ces quelques photos pour rendre hommage à ces oeuvres de l'éphémère...

Saint-Trojan. Les cabanes. Art du hasard. Peintures couleur du temps
Saint-Trojan. Les cabanes. Art du hasard. Peintures couleur du temps
Saint-Trojan. Les cabanes. Art du hasard. Peintures couleur du temps
Saint-Trojan. Les cabanes. Art du hasard. Peintures couleur du temps
Saint-Trojan. Les cabanes. Art du hasard. Peintures couleur du temps
Saint-Trojan. Les cabanes. Art du hasard. Peintures couleur du temps
Saint-Trojan. Les cabanes. Art du hasard. Peintures couleur du temps
Soulages?

Soulages?

Saint-Trojan. Les cabanes. Art du hasard. Peintures couleur du temps
Saint-Trojan. Les cabanes. Art du hasard. Peintures couleur du temps
Saint-Trojan. Les cabanes. Art du hasard. Peintures couleur du temps
Saint-Trojan. Les cabanes. Art du hasard. Peintures couleur du temps
Saint-Trojan. Les cabanes. Art du hasard. Peintures couleur du temps
Saint-Trojan. Les cabanes. Art du hasard. Peintures couleur du temps
Saint-Trojan. Les cabanes. Art du hasard. Peintures couleur du temps
Saint-Trojan. Les cabanes. Art du hasard. Peintures couleur du temps
Saint-Trojan. Les cabanes. Art du hasard. Peintures couleur du temps
Saint-Trojan. Les cabanes. Art du hasard. Peintures couleur du temps
Saint-Trojan. Les cabanes. Art du hasard. Peintures couleur du temps
Saint-Trojan. Les cabanes. Art du hasard. Peintures couleur du temps
Saint-Trojan. Les cabanes. Art du hasard. Peintures couleur du temps
Saint-Trojan. Les cabanes. Art du hasard. Peintures couleur du temps
Saint-Trojan. Les cabanes. Art du hasard. Peintures couleur du temps
Saint-Trojan. Les cabanes. Art du hasard. Peintures couleur du temps
Saint-Trojan. Les cabanes. Art du hasard. Peintures couleur du temps
Saint-Trojan. Les cabanes. Art du hasard. Peintures couleur du temps
Saint-Trojan. Les cabanes. Art du hasard. Peintures couleur du temps
Saint-Trojan. Les cabanes. Art du hasard. Peintures couleur du temps
Saint-Trojan. Les cabanes. Art du hasard. Peintures couleur du temps
Saint-Trojan. Les cabanes. Art du hasard. Peintures couleur du temps
Saint-Trojan. Les cabanes. Art du hasard. Peintures couleur du temps
Saint-Trojan. Les cabanes. Art du hasard. Peintures couleur du temps
Saint-Trojan. Les cabanes. Art du hasard. Peintures couleur du temps
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Saint-Trojan. Les cabanes. Art du hasard. Peintures couleur du temps
Saint-Trojan. Les cabanes. Art du hasard. Peintures couleur du temps
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Saint-Trojan. Les cabanes. Art du hasard. Peintures couleur du temps
Saint-Trojan. Les cabanes. Art du hasard. Peintures couleur du temps
Saint-Trojan. Les cabanes. Art du hasard. Peintures couleur du temps
Saint-Trojan. Les cabanes. Art du hasard. Peintures couleur du temps
Saint-Trojan. Les cabanes. Art du hasard. Peintures couleur du temps
Saint-Trojan. Les cabanes. Art du hasard. Peintures couleur du temps
Saint-Trojan. Les cabanes. Art du hasard. Peintures couleur du temps
Saint-Trojan. Les cabanes. Art du hasard. Peintures couleur du temps

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Publié dans : #Peintres, #VOYAGES...
Chapelle Baroncelli. Taddeo Gaddi. Noël à Florence.

J'aime le jour de Noël revoir ces fresques de la chapelle Baroncelli dans l'église Santa Croce de Florence.

Elles ont été peintes entre 1328 et 1338 par Taddeo Gaddi qui était l'assistant, le disciple et l'ami de Giotto.

Elles rayonnent de la simplicité, de l'humanité, de l'imaginaire quasi onirique qui sont les caractéristiques du Maître!

Un décor simplifié, une architecture minimale concentrent l'attention sur les acteurs du mystère.

Chapelle Baroncelli. Taddeo Gaddi. Noël à Florence.
Chapelle Baroncelli. Taddeo Gaddi. Noël à Florence.

Les anges y sont présents à chaque étape de l'histoire, comme ils sont présents dans nos vies si nous faisons l'effort de les voir!

Marie tête levée reçoit la nouvelle incroyable.

L'Amour l'a choisie pour donner au monde l'amour.

Visage attentif et doux, visage sérieux aussi...

Rien de mièvre ni de convenu dans la peinture de Gaddi...

Chapelle Baroncelli. Taddeo Gaddi. Noël à Florence.

Tout paraît harmonieux et dépouillé...

Tout paraît silencieux...

Et pourtant l'attention se concentre sur la femme qui protège son enfant. Elle est belle et digne comme une reine. Les animaux qui ne se trompent pas tendent la tête vers elle qui porte son enfant.

Côté gauche, ce n'est pas la même ambiance! C'est le côté des hommes, des mâles! On a plus de mal à accepter ce dénuement et ce scandale!

Le peintre ne peut s'empêcher d'ajouter une note ironique et bien masculine en peignant un Joseph mécontent et peut-être soupçonneux! Il faut reconnaître que c'est lui qui a le plus d'efforts à fournir pour accepter la volonté divine. Il se replie sur lui-même, il baisse la tête mais déjà il se transforme... son auréole en est le signe!

Un témoin se penche. Un moine, un spectateur, le regard inquiet et incrédule presque mécontent! Qu'est-ce que c'est que cette histoire?

La-haut, les anges virevoltent comme des gamins!

Chapelle Baroncelli. Taddeo Gaddi. Noël à Florence.

Au-dessus des collines, un ange transperce la nuit pour avertir les bergers.

C'est à eux qu'il s'adresse en premier

Eux les hommes de paix, les plus humbles des hommes

Eux qui vont sans tarder s'agenouiller devant celui qui plus tard sera comme eux berger

Chapelle Baroncelli. Taddeo Gaddi. Noël à Florence.

Ils semblent voler dans les nuages au-dessus de leurs bêtes qui s'éveillent. Ils vont se mettre en chemin sans poser de question.

Chapelle Baroncelli. Taddeo Gaddi. Noël à Florence.

Ce n'est pas l'ange mais le nouveau-né qui apparaît aux rois mages

vision de film fantastique que cet extra-terrestre entouré de rayons

Etonnante apparition

Les puissants de ce monde ont besoin d'un prodige plus grand que de simples anges pour se sentir interpelés!

Chapelle Baroncelli. Taddeo Gaddi. Noël à Florence.

Il y a un contraste marqué entre l'apparition du nouveau-né et la masse des trois hommes

Les rois sont comme saisis et pris dans la lumière qui les soulève

Ils s'étonnent mais ils entendent le message

ils vont suivre l'enfant-étoile

Scène onirique et idéale!

Imaginez les milliardaires de notre temps se mettant en route avec leur fortune vers l'étoile qui brille au-dessus des camps de réfugiés ou des bidonvilles....

Chapelle Baroncelli. Taddeo Gaddi. Noël à Florence.

Quelques jours après Noël, ils arrivent là où l'étoile les a conduits

L'un d'eux se prosterne

Les deux autres debout sur le seuil commentent

Joseph n'est plus à l'écart, il est à côté de sa femme et de son enfant

Chapelle Baroncelli. Taddeo Gaddi. Noël à Florence.

Nous sommes dans la Palestine occupée par les Romains, devant un enfant né du mauvais côté...

Un enfant qui chaque année renaît à Bethleem

Un enfant qui porte comme tout nouveau-né l'espérance des hommes

Chapelle Baroncelli. Taddeo Gaddi. Noël à Florence.

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L'écrivain dans sa mansarde montmartroise.
L'écrivain dans sa mansarde montmartroise.

Poulbot a illustré de nombreux livres et en particulier ceux qui comme Poil de Carotte ou pour la Maternelle avaient pour personnages des enfants pauvres ou maltraités.

Avec les Scènes de la vie de bohême, il délaisse un moment les enfants pour s'intéresser au monde des adultes!

Un monde qu'il traite avec moins de tendresse (et moins de talent?)

Murger par Nadar
Murger par Nadar

Henri Murger (1822-1861) faisait partie du monde des artistes fauchés qu'il décrit dans son livre le plus célèbre.

Les artistes "bohêmes" n'avaient rien à voir avec ceux qu'on appelle aujourd'hui les bobos! D'une part ils étaient de vrais artistes (Murger exclut de son roman les escrocs et les nuls), d'autre part ils étaient pauvres et s'ils habitaient le quartier latin ou Montmartre, c'est que les meublés y étaient alors bon marché! Aujourd'hui ils en seraient chassés!

Murger a vécu à Montmartre les dernières années de sa courte vie. C'est de son dernier domicile,11 rue Véron, qu'il sera transporté à la Maison Dubois, aujourd'hui hôpital Fernand Widal, où il mourra.

Il est enterré au cimetière Montmartre.

Poulbot est né bien presque 20 ans après la mort de Murger mais il a fréquenté à Montmartre des peintres et des poètes désargentés qui menaient une vie comparable à celle De Rodolphe, Marcel ou Schaunard les héros des Scènes de la vie de Bohême.

Il était prévisible que l'on fît appel à lui pour illustrer le célèbre livre. Il en existe deux éditions, une de 1909 et l'autre de 1946. Les reproductions de cet article viennent de la deuxième édition.

Ce sont des aquarelles hors texte.

J'ai recherché les passages qu'elles illustraient pour en citer quelques extraits.

Poulbot. Henri Murger. Scènes de la Vie de Bohême.

"Arrivé devant sa maison que Schaunard eut quelques difficultés à reconnaître, il s'assit un instant sur une borne en attendant Rodolphe et Colline qui étaient entrés chez un marchand de vin encore ouvert, pour y prendre les premiers éléments d'un souper. Quand ils furent de retour, Schaunard frappa plusieurs fois à la porte."

Poulbot. Henri Murger. Scènes de la Vie de Bohême.

Le dessin de Poulbot est proche de la caricature. Nul romantisme dans son interprétation. Les jeunes artistes (Rodolphe a 24 ans!) paraissent déjà vieux!

Il n'essaie pas "d'embellir" une réalité souvent triviale, dominée par la nécessité de se nourrir et de boire....

Poulbot. Henri Murger. Scènes de la Vie de Bohême.

"Au milieu des allées désertes, Rodolphe voyait souvent fuir devant lui, comme effrayés par le bruit de ses pas, des couples mystérieusement enlacés et cherchant, comme dit le poète : la double volupté du silence et de l'ombre. (...) Il s'assit sur un banc."

Poulbot. Henri Murger. Scènes de la Vie de Bohême.

"(...) Une pièce de monnaie grande comme un écu et à moitié rongée par la rouille et le vert de gris."

Poulbot. Henri Murger. Scènes de la Vie de Bohême.

Le dessin de Poulbot semble ici illustrer un roman de Balzac!

Les trognes sont exagérément expressives et Médicis, le "Juif", à l'arrière-plan correspond à tous les poncifs racistes de l'époque.

Cependant, Poulbot, bien qu'il ait participé à la revue "Bas les pattes" dont bien des collaborateurs étaient antisémites, ne peut être soupçonné de racisme. On ne trouvera pas dans son oeuvre (contrairement à celle de Willette ou Caran d'Ache) des dessins de propagande et de haine.

Tout au plus peut-on regretter que ses gamins, répétant les paroles de leurs parents, se croient autorisés à parler "bêtement" de Zola, soupçonné de vouloir enrégimenter la jeunesse dans le camp des dreyfusards!

Poulbot a 19 ans quand il publie ce dessin. Ses gamins sont encore en gestation. Bientôt ils deviendront de vrais "poulbots, gouailleurs, ironiques et libres d'esprit!

Poulbot. Henri Murger. Scènes de la Vie de Bohême.
Poulbot. Henri Murger. Scènes de la Vie de Bohême.

"Marcel rentra avec un pot de fleurs qu'il avait été acheter au marché. Il trouva Musette qui s'était jetée tout habillée sur le lit."

Poulbot retrouve un trait plus gracieux pour représenter les jeunes femmes. On verra cependant qu'il a du mal à les différencier. Mimi, Musette ou Francine se ressemblent comme des soeurs jumelles!

Poulbot. Henri Murger. Scènes de la Vie de Bohême.

"Marcel se remit sans mot dire à son travail; il acheva de noyer un Egyptien dans les flots de la Mer Rouge. Comme il accomplissait cet homicide, Rodolphe laissa tomber une seconde pièce de 5 francs et en observant la figure que le peintre allait faire, il se mit à rire dans sa barbe (...)"

Poulbot. Henri Murger. Scènes de la Vie de Bohême.
Poulbot. Henri Murger. Scènes de la Vie de Bohême.

"J'achéterai des gants et je ménerai Laure dîner dans un restaurant où on donne des serviettes."

Poulbot. Henri Murger. Scènes de la Vie de Bohême.

"-Est-ce que tu vas sortir comme ça? dit Marcel à son ami.

-Parbleu, dit Rodolphe, je me moque pas mal de l'opinion. D'ailleurs c'est aujourd'hui le commencement du carnaval.

Et il traversa tout Paris avec l'attitude grave du quadrupède dont il habitait le poil;"

Poulbot. Henri Murger. Scènes de la Vie de Bohême.

C'est l'illustration que je préfère!

Poulbot ne peut s'empêcher d'y glisser un de ses gosses au nez rougi de froid, au regard émerveillé et complice!

Poulbot. Henri Murger. Scènes de la Vie de Bohême.

"Schaunard demeurait à Montmartre. C'était tout Paris à traverser. Cette pérégrination était des plus dangereuses pour Rodolphe."

Poulbot. Henri Murger. Scènes de la Vie de Bohême.

Poulbot est chez lui quand il peint Montmartre!

Il ne peut s'empêcher de mettre deux gamins dans la rue des Saules!

Poulbot. Henri Murger. Scènes de la Vie de Bohême.

Ici nous sommes au café Momus où Barbemuche observe les amis du cénacle en pleine discussion, sans cacher son intérêt ni son désir d'entrer dans la bande.

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"Le personnage étranger considérait cette scène avec une curiosité grave; de temps en temps on voyait sa bouche s'ouvrir comme pour un sourire."

Poulbot. Henri Murger. Scènes de la Vie de Bohême.

On voit ici Rodolphe, Marcel et Schaunard avec leurs compagnes, Mimi, Musette et Phémie tandis que Carolus (Barbemuche) essaie de séduire l'assemblée pour être acccepté dans la confrérie.

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"Rodolphe se montra poli avec Carolus, Schaunard fut familier, Marcel resta froid. Pour Carolus, il s'efforça d'être gai et affectueux avec les hommes, en restant très indifférent avec les femmes."

Poulbot. Henri Murger. Scènes de la Vie de Bohême.

Colline est à la recherche de Rodolphe :

"Il ne veut pas vous répondre, reprit le concierge en déposant à la porte de Rodolphe une paire de bottes vernies et une paire de bottines de femmes qu'il venait de cirer."

Poulbot. Henri Murger. Scènes de la Vie de Bohême.

"Rodolphe courut à l'endroit où il la soupçonnait être, et là il put à loisir s'enfoncer en plein coeur une de ces preuves auxquelles il faut croire quand même. Les yeux bordés d'une auréole de volupté, il vit Mademoiselle Mimi sortir du manoir où elle s'était fait anoblir, pendue au bras de son nouveau maître et seigneur, lequel, il faut le dire, paraissait beaucoup moins fier de sa nouvelle conquête que ne le fût Paris, le beau berger grec, après l'enlèvement de la belle Hélène."

Poulbot. Henri Murger. Scènes de la Vie de Bohême.

"Peu de jours se passaient sans qu'un orage éclatât dans l'un des ménages. Tantôt c'était Mimi et Rodolphe qui, n'ayant plus la force de parler, s'expliquaient à l'aide de projectiles qui leur tombaient sous la main. Le plus souvent c'était Schaunard qui faisait du bout d'une canne, quelques observations à la mélancolique Phémie...."

Poulbot. Henri Murger. Scènes de la Vie de Bohême.

"Marcel avait émargé chez Médicis le prix de 18 portraits de caporaux à 6 francs."

Poulbot. Henri Murger. Scènes de la Vie de Bohême.

Poulbot illustre une des pages les plus émouvantes du roman. Il s'agit de la mort de Francine à qui son amant est allé acheter le manchon dont elle rêvait.

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"C'était le matin du jour de la toussaint, Francine venait de mourir. Deux hommes veillaient au chevet. L'un qui était debout était le médecin, l'autre était Jacques, l'amant de Francine. Il était plongé dans une douloureuse insensibilité."

Poulbot. Henri Murger. Scènes de la Vie de Bohême.

"Musette habitait un charmant appartement à la Chaussée d'Antin. Au moment où on lui remit la lettre de Marcel, elle était en compagnie (...)"

Poulbot. Henri Murger. Scènes de la Vie de Bohême.

"Il se leva sans rien dire et faillit tomber dans la chambre aux premiers pas qu'il fit, tant il était faible et abattu."

Poulbot. Henri Murger. Scènes de la Vie de Bohême.

Une page à la fois romantique et drôle. Rodolphe veut revivre avec sa nouvelle compagne qui s'appelle Juliette, la pièce deShakespeare. Il a tout prévu, l'échelle et en guise de rossignol un pigeon dans sa cage. Hélas, il n'y a rien à manger!

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"Le sort du pigeon-pendule était fixé. Rodolphe avait allumé du charbon, il faisait revenir du lard dans le beurre frémissant; il avait l'air grave et solennel. Juliette épluchait des oignons dans une attitude mélancolique. Le pigeon chantait toujours."

Poulbot. Henri Murger. Scènes de la Vie de Bohême.
Poulbot. Henri Murger. Scènes de la Vie de Bohême.

Après la mort des plus faibles, les femmes surtout, les héros sont enfin reconnus dans leur art. La vie de Bohême est finie.

Comme la jeunesse.

Elle laisse au coeur beaucoup d'amertume et de regret.

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Pour la dernière illustration, Poulbot nous montre quelques gamins moqueurs et joueurs derrière un notable en représentation.

Il a comme les héros de Murger mangé de la vache enragée mais a fini comme eux dans la gloire et l'opulence, accompagnant l'évolution de Montmartre où le maquis des gosses a été remplacé par des immeubles cossus et par l'avenue Junot où Poulbot s'est fait construire une immense maison....

Maison de Poulbot, avenue Junot.

Maison de Poulbot, avenue Junot.

Poulbot. Henri Murger. Scènes de la Vie de Bohême.

En conclusion, on peut trouver que les illustrations de Poulbot ne sont pas au diapason du livre ironique et noir de Murger. Poulbot n'est pas à l'aise avec la maladie et la mort qui hantent les Scènes de le vie de bohême.

Il redevient l'artiste rare et généreux qu'il était quand un enfant prend vie sous son crayon.

Poulbot. Henri Murger. Scènes de la Vie de Bohême.
Poulbot. Henri Murger. Scènes de la Vie de Bohême.
Poulbot. Henri Murger. Scènes de la Vie de Bohême.

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Publié le par chriswac
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La grande toile de Willette, exposée au Musée de Montmartre, est si sombre et désespérée que les visiteurs qui ont de Montmartre une image stéréotypée de gaité et de fêtes ne manquent pas d'en être étonnés.

Willette. Parce Domine.
Willette. Parce Domine.

La toile a été peinte en 1884 pour décorer le Cabaret du Chat Noir.

Une farandole de fêtards se précipite en groupe compact, dans un mouvement irrésistible, vers la Seine, à la suite d'un pierrot qui tient en main le révolver encore fumant avec lequel il vient de se suicider.

C'est la représentation d'une fête quasi hystérique où les êtres sont entraînés sans tenter de s'y opposer dans une danse des plaisirs qui se transforme en danse macabre.

Willette. Parce Domine.
Willette. Parce Domine.

Par un soir neigeux, dans une lumière ocre et brouillée, le cortège descend de la Butte dont les moulins font tourner leurs ailes sur lesquelles sont inscrites les notes et les paroles d'un cantique que Willette avait souvent chanté :

"Parce Domine, parce populo tuo..." Pardonne Seigneur, pardonne à ton peuple...

Le ton est donné. Ce n'est pas une chanson frivole et paillarde telle qu'on en chantait dans le cabaret mais une prière de repentance pour tous les péchés, à commencer ceux de la chair, qui accueille les noctambules venus au Chat Noir s'émoustiller les sens!

Willette. Parce Domine.

A la queue du cortège (et derrière la queue d'un chat noir monstrueux!) apparaissent les communiantes, le cierge à la main, très vite dévêtues, le corps juvénile offert à tous, les cheveux au vent.

Le passage est sans transition de la pureté à la luxure.

Dans son commentaire écrit des années plus tard, Willette, rend coupables les pierrots de cette déchéance: " Les pierrots cherchent à s'emparer de leur innocence par des ruses diaboliques".

Willette. Parce Domine.

Assise en amazone sur un chat noir, compagnon de sabbat des sorcières, une femme rousse (couleur du diable depuis le Moyen-âge) entraîne les troupes en brandissant un bébé.

C'est une image terrible, la plus cruelle sans doute de la scène. Le bébé, tourné vers l'arrière, comme s'il voulait s'échapper, est entraîné dans la fête. On pense ici au sacrifice des nouveau-nés jetés dans le ventre embrasé du dieu Baal.

"Ils ont bâti des hauts lieux pour brûler leurs enfants au feu en holocauste à Baal" (Livre de Jérémie)

Willette. Parce Domine.

Pour arriver plus vite à la fête certains s'entassent dans des omnibus tirés par des chevaux qui ressemblent à ceux de l'Apocalypse.

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"...Tandis que des mortels la multitude vile

Sous le fouet du plaisir ce bourreau sans merci

Va chercher des remords dans la fête servile..." (Baudelaire)

Willette. Parce Domine.
Willette. Parce Domine.

Les couples se forment, on danse on s'embrasse, on se caresse.

Les femmes sont des danseuses et des courtisanes venues tout droit du Moulin Rouge ou de l'Elysée Montmartre, elles lèvent la jambe, elles rient et mènent le bal.

L'une d'elles est différente. Elle résiste au pierrot qui la saisit. Ses ailes sont le symbole d'une pureté qu'on lui arrache. Ce couple central montre assez que Willette fait de l'homme le premier coupable, celui qui est habité de désirs pervers. Dans le couple Adam et Eve, c'est lui qui tendrait la pomme!

Certains mouvements sont si bien représentés avec un tel sens du rythme qu'on pense (et c'est rarement le cas dans l'oeuvre de Willette) à Lautrec. La touche est légère, à peine appuyée, au point de laisser deviner la trame de la toile.

Willette. Parce Domine.

Deux autres personnages vêtus de blanc attirent l'attention.

La danseuse qui nous regarde et nous invite à la rejoindre et le pierrot guitariste dont la romance attire comme une proie sa voisine.

On sait que Willette, créateur du Pierrot de Montmartre, écrira ses Souvenirs sous le titre de "Feu Pierrot", un titre qui conviendrait aussi bien à cette oeuvre.

Pour lui, l'artiste corrompt son art fait pour élever l'âme en l'utilisant pour la séduction et le plaisir des corps. L'artiste est coupable de dévoyer pour arriver à ses fins cet art qui est un don divin.

L'inquiétude religieuse et le sens de la culpabilité qui l'accompagne s'exprime ici comme elle s'exprime dans les Fleurs du Mal.

Willette sera l'initiateur d'une messe des artistes qu'il voulait que l'on célébrât le Mercredi des Cendres et pour laquelle il écrira une prière. Cette messe du "Voeu de Willette" est toujours célébrée à Montmartre.

Willette. Parce Domine.

Un couple montre un pierrot répandant son or pour séduire une belle.

Métaphore on ne peut plus claire et souvent reprise dans les dessins de Willette, de l'homme gaspillant ses dons et son talent pour conquérir les femmes.

Il écrit dans son commentaire :"C'est avec l'or de la poésie que les pierrots tendent leurs pièges."

Willette. Parce Domine.
Willette. Parce Domine.
Willette. Parce Domine.
Willette. Parce Domine.

A l'avant du cortège, légèrement séparé de la foule, pierrot vient de se tirer une balle dans le coeu. Une femme vêtue de noir, l'encourage dans ce dernier moment. Ce n'est pas une danseuse sensuelle mais une bourgeoise habillée de noir comme pour aller à une messe funéraire. Ses ailes de papillon sont déployées. Elle donne un dernier baiser au pierrot qui va mourir. Elle venge toutes celles qu'il a séduites.

Willette. Parce Domine.
Willette. Parce Domine.
Willette. Parce Domine.

Quelques pierrots assistent sans y croire à la scène. Ils comprennent trop tard que leur tour est proche...

Willette. Parce Domine.

Le cercueil est emmené dans un ciel sans clarté par des religieuses difformes coiffées de cornettes. Il n'y a pas d'ange dans le ciel, pas de pardon, il n'y a que de dérisoires danseuses de cancan.

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"Je cherche fortune

Autour du Chat Noir

Et au clair de la lune

A Montmartre le soir."

Willette. Parce Domine.

La chanson de Bruant que l'on chantait tous les soirs dans le cabaret résonnait dans les vapeurs d'absinthe sous le "Parce Domine" de Willette.

Combien de noctambules se rendaient compte alors que la lune était une tête de mort?

Willette. Parce Domine.

Il y aurait beaucoup à dire encore de cette oeuvre violente. On pourrait évoquer une nouvelle fois Baudelaire, la double aspiration de l'homme tiraillé entre le ciel et la terre, la malédiction de ne savoir résister au plaisir et d'utiliser pour l'atteindre les dons reçus de Dieu.

Willette était un chrétien torturé, il ne se faisait pas d'illusion sur les capacités de l'homme à lutter et dominer ses vices. Il était un grand pessimiste et ses dessins sur les tares humaines, sur la guerre, sur la justice sont parmi les plus terribles et les plus désespérés que l'on puisse voir.

Léon Bloy décrit le tableau avec ces mots : "c'est une clameur de détresse et d'effroi lancée vers Dieu par un peuple de douloureux."

Willette. Parce Domine.

Liens :

Peintres et artistes de Montmartre.

Oeuvres étudiés dans le blog

Je remercie l'ami internaute, passionné d'art, qui m'a envoyé ces photos du "Parce Domine". Sans lui je n'aurais pas pu écrire cet article.

Willette. Parce Domine.
Willette. Parce Domine.
Willette. Parce Domine.

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