Carte postale de la rue des Abbesses (1902)
La rue des Abbesses est le centre vivant de Montmartre plus que l'avenue Junot large et froide ou la rue Caulaincourt opulente et bourgeoise.
Elle va de la rue des Martyrs à la rue Lepic, au coeur de ce quartier qui est resté "artiste" à défaut d'être resté populaire.
Rue des Abbesses (utrillo)
L'étroit chemin médiéval s'élargit au XVIIème siècle pour devenir au XVIIIème rue de la Cure puis rue de l'Abbaye. Ce n'est qu'en 1867 que la rue reçoit le nom qui est toujours le sien, en souvenir des 43 abbesses qui dirigèrent l'Abbaye de Montmartre fondée en 1155 par Louis le Gros.
Gravure d'après un portrait de Marie-Louise de Montmorency-Laval
La dernière abbesse, Marie Louise de Montmorency Laval fut arrêtée pendant la Révolution, internée à Saint-lazare et guillotinée à la Barrière du Trône (Place de la Nation).
Elle avait alors 71 ans et était depuis quelques années sourde, aveugle et paralysée. Elle fut traînée devant le Tribunal Révolutionnaire où Fouquier- Tinville, jamais à court d'esprit, l'accusa d'avoir comploté "sourdement et aveuglément". Il s'en est peut-être souvenu lorsqu'il fut accusé à son tour et guillotiné un an plus tard.
1ère partie de la rue : des Martyrs à la rue Germain Pilon
La rue prise de la Place des Abbesses. Au fond, la rue des Martyrs.
La rue commence, côté pair, avec un bistro, "Le Carillon".
Il est resté fidèle au poste à travers les années...
...Avant de devenir "Le Nouveau Carillon"...
Le 2
Côté pair un bel immeuble à pan coupé du XIXème siècle.
La plupart des immeubles dans cette partie de la rue datent du XIXème siècle. Ils sont moins exceptionnels que l'église Saint-Jean, étonnant édifice dû à anatole de Baudot qui utilise pour la première fois à grande échelle le ciment armé.
Les Montmartrois eurent du mal à l'accepter et tentèrent d'obtenir sa démolition. Il y a encore des gens aujourd'hui qui font la grimace devant elle. Cette église à la fois austère et fantaisiste mérite qu'on s'y aventure, qu'on admires ses volumes, sa décoration orientaliste art nouveau, ses vitraux... (Eglise Saint-jean de Montmartre)
Parmi les commerces de ce début de rue, je fais un choix très personnel en vous recommandant le Naoko et ses yakitori succulents servis avec le sourire de Qinfei...
La boulangerie du 6, Au levain d'Antan, vous permettra de croquer les mêmes baguettes que notre Président et ses invités à l'Elysée.
En effet, Pascal Barillon a obtenu le prix de la meilleure baguette parisienne 2011, ce qui l'engage à fournir à l'Elysée son pain quotidien. Il a succédé à un autre boulanger, Djibril Bodian du Grenier à Pain, au 38 de la même rue.
Charles d'Alvray
Un autre grenier était établi au 6, c'était le Grenier de Gringoire, cabaret animé par l'anarchiste Charles d'Alvray, soupçonné d'y avoir hébergé, en 1923, le jeune Philippe Daudet, fils de Léon, avant son suicide dans un taxi sur le boulevard Magenta. Une affaire qui défraya la chronique...
Au 11, l'écrivain Roger Vaillant a vécu pendant la guerre alors qu'il était résistant. C'est là qu'il commença la rédaction de "Drôle de Jeu".
Roger Vaillant
Son autre adresse montmartroise était également au 11, mais rue Ravignan, à trois cents mètre de là...
Savait-il que vivait sur la Butte, en voisin, rue Girardon, Céline occupé à commettre ses pamphlets antisémites ?
Les 15 et 17 sont de petits immeubles de la première moitié du XIXème siècle, typiques de Montmartre. Ils donnent sur la Place des Abbesses.
La station "Guimard" transplantée sur la Place en 1974
... et sur la station de métro la plus photographiée de Paris mais qui est une exilée de la place de l'Hôtel de Ville où elle a peut-être assisté au Baiser de Doisneau !
Au 14 de la rue s'élevait la vieille mairie de Montmartre qui fut pendant la Commune un haut-lieu de résistance. Jean-Baptiste Clément y fut maire...
Il serait juste de planter aujourd'hui sur la place quelques cerisiers....
Les 16 et 18 ...
Le 20 où l'on trouvait jadis le restaurant de la Mère Bataille fréquenté par les peintres : Vincent Van Gogh qui habitait non loin de là, chez Théo, rue Lepic, Gauguin de passage à Montmartre. On y rencontrait également des poètes comme Coppée ou Catulle Mendès et des politiques comme Jaurès...
... et le Passage des Abbesses, anciennement Passage de l'Arcade...
Le 21 est un petit Hôtel du début du XIXème siècle, aujourd'hui annexe de l'église. Il fut un temps la demeure de la Malibran dont la voix émut les poètes romantiques et dont la beauté suscita bien des passions...
La Malibran
L'hôtel servit également de résidence privée aux maires de Montmartre qui n'avaient que trente mètres à franchir pous se retrouver dans leur mairie...
Au 31, Le théâtre des Abbesses, deuxième salle du Théâtre de la Ville...
Commerces remplacés par le théâtre
Les petits immeubles et le "Cochon rose" peints par Gilbert Fleury en 1956
La salle a été inaugurée en 1996 et dresse sa façade néo-classique due à l'architecte Charles Vandenhove à l'emplacement d'une boucherie et d'une charcuterie "le cochon Rose" ...
Est-ce en souvenir de ce cochon que le théâtre s'est mis en rose?
Des artistes comme Olivier Debré (peintures des murs des galeries) et Daniel Buren (cour, foyer) ont participé à sa décoration.
La rue Germain Pilon descend vers Pigalle et longe le théâtre. C'est à cet endroit qu'eut lieu le 23 mai 1871 le massacre de plusieurs dizaines de Communards.
28 rue des Abbesses. Le Café Fauvet.
De l'autre côté de la rue, il y avait au 28 un café très fréquenté par les artistes de la Butte : le Café Fauvet.
Il fut remplacé par un hôtel : le Bouquet de Montmartre, lui même supplanté par un commerce de cosmétigues...
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...à suivre : 2ème partie de la rue: De Germain Pilon à Lepic.
Montmartre. Rue des abbesses (2)
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Lien : Tous les articles sur les rues de Montmartre :
Rues de Montmartre. Classement
alphabétique.
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