La ville de Saint-Pierre ne manque pas de charme. Pierre Loti, enfant, aimait y flâner et la maison des aïeules est restée, telle qu'il l'a connue, dans la rue qui aujourd'hui porte son nom. Son corps est enterré dans le jardin protégé de hauts murs :"Ici, dans le jardin de la maison des aïeules, Pierre Loti repose sous le lierre et les lauriers."
L'église se dresse non loin de là.
Elle n'a rien de bouleversant et semble plutôt ingrate dans une région où l'art roman s'est épanoui dans la blondeur des pierres et la fantaisie des décors. Son histoire est tourmentée et le bâtiment que vous voyez aujourd'hui ne date que du XVIIème. Le clocher que les visiteurs aiment escalader pour jouir d'une vue imprenable sur la petite ville ne date que de la fin du XVIIIème! Quant aux nefs latérales...elles sentent bon leur XIXème! La tribune cependant et le buffet d'orgue ne manquent pas d'une certaine élégance.
Dans la chapelle du transept gauche, subsistent quelques vestiges romans, comme des bribes de mémoire qui nous permettent d'imaginer et de reconstruire...
Un vitrail conventionnel montre l'apparition du Sacré-Coeur à Marguerite-Marie. Comme j'habite à l'ombre de la Basilique, je ne peux
m'empêcher de lui faire un petit clin d'oeil!
Dans la chapellle de la Vierge, une fresque de Nicolas Greschny se détériore lentement. Greschny est pourtant un grand peintre méconnu. Il est né en Estonie et a dû s'exiler lors de la révolution russe. Il s'est réfugié en Allemagne et a dû fuir devant les nazis... Il est allé en Belgique (université théologique de Louvain) et a dû fuir devant les troupes allemandes...Il est allé en france et...il a été arrêté et interné au camp d'Argelès sur mer!
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Sans rancune, il est resté dans notre beau pays où il a peint de nombreuses fresques, essentiellement dans le sud et le sud-ouest. Il était avant tout peintre d'icônes, dans la tradition orientale et il a donné aux figures des gens les plus simples, une grande noblesse et une grande dignité. Comme ici, ces paysans de l'île d'Oléron, devant la mer et les moulins sous un ciel remué par les vents ou les anges.
Comme ces enfant qui joignent les mains, émerveillés par la mer où naissent les étoiles. L'un d'entre eux est peut-être le petit Julien Viaud, futur Pierre Loti, qui rêve de grands voyages devant les bateaux....
Si vous visitez cette église, ne manquez pas d'aller regarder cette fresque. Vous y découvrirez parmi les artisans, le peintre lui même qui d'une main tient son pinceau comme un cierge et de l'autre, paume ouverte, vous invite à entrer dans la beauté du monde
lien : La lanterne des morts. Saint Pierre, Oléron.