Comme chaque année, à minuit j'ai posé devant le boeuf et l'âne le bébé qui vient de naître. Réalité ou légende
peu importe... L'histoire est belle et vient vivre en nous comme une petite flamme.
Je me rappelle les Noëls de l'enfance, dans la maison du nord. Ma grand mère avait gardé les santons de Provence
que lui avait donnés sa belle famille marseillaise et chaque année, dans la cheminée, elle les disposait avec nous qui étions si maladroits que nous en cassions parfois et qu'il fallait les
recoller. Au fil des ans ils furent presque tous estropiés et sans doute en attente du miracle de minuit qui leur rendrait leur intégrité!
Je ne sais pas si aujourd'hui le miracle a eu lieu car tout ce petit monde a été abandonné dans la maison de Réveillon (un nom prédestiné) lorsqu'elle fut vendue. L'ange lourdaud et amateur de
charcutaille me chuchote lorsque j'approche l'oreille de sa bouche gourmande que les santons ne meurent jamais car ils sont faits de terre et retournent à la terre. J'ai déjà lu ça quelque
part...
Saint François est venu avec ses frères animaux, comme il les appelle. Il y a là frère ours en voie de disparition, frère sanglier gaiment massacré par les viandards, frère lapin écorché vif pour
être accommodé à la moutarde, frère renard l'ami du Petit Prince gazé dans son terrier avec ses renardeaux, frère chien toujours fidèle même au pire des cons. Saint François fait confiance à
Isaïe qui nous promet des temps messianiques : Le loup et l'agneau iront paître ensemble, le lion comme le boeuf mangera de la paille, il n'y aura plus de violence sur la montagne
sainte...."
Mais quand ce jour viendra le problème sera réglé depuis longtemps et
François sera bien déçu car il ne restera plus sur terre une seule créature sauvage et libre.
Peut-être quelques taureaux à l'odeur de camargue subsisteront-ils pour faire bander les amateurs de corrida.
Il paraît que certaines femme aiment ça aussi... Elles qui ont si longtemps lutté pour être égales aux hommes, elles ont donc réussi au-delà de leurs espérances et se sont abaissées à leur niveau.
Bravo. Ce taureau de la crèche ne se fait pas trop d'illusions et se détourne avant d'être remarqué par un torero de passage.
Bon! Chassons les tristes pensées et considérons que cette nuit tout est différent. Le boeuf et l'âne ne seront pas
mangés ou exploités jusqu'à la mort. Ils recevront du bébé qu'ils réchauffent de leur haleine une force invincible qui les ménera tout droit, le jour venu en Paradis.
D'ailleurs si ce curé lui aussi est admis un jour en Paradis, c'est d'abord parce qu'il soigne bien son âne et
ensuite parce qu'il a un parapluie rouge. Ces deux choses l'absoudront de bien des fautes!
Au loin, une biquette blanche se demande si elle va quitter son Monsieur Seguin qui fume la pipe et sa Madame Seguine qui file la laine.
Le cheval qui vous regarde et se détourne de son bandit des grands chemins vous rappelle que le rêve est possible. Vous montez sur son dos et vous vous laissez entraîner vers les étoiles. Vous
verrez, ça marche... ça galope même...
Les rois mages sont encore loin. Ils arriveront le 6 janvier. Mince alors, c'est le jour de mon anniversaire et les cadeaux ne seront pas pour moi!
Mais... Des chats... Curieux et à l'écart... Il a fallu qu'ils viennent mettre leur grain de sel dans ma crèche.
Je confie donc à leur miaulement, à leur ronron, à leur douceur le soin de vous souhaiter à tous de belles fêtes.