En choisissant ce thème le musée de la Vie Romantique, rue Chaptal ne pouvait imaginer qu'il serait en phase avec la réalité, avec l'horreur que Paris allait vivre le 13 novembre 2015 et qui nous frapperait d'effroi.
Des fanatiques capables de décapiter des innocents parce qu'ils ne partagent pas leurs idées ou leur religion massacreraient des hommes et des femmes "idolâtres" de musique, des "pervers" amoureux de la vie...
Ils regarderaient leurs victimes.
Ils croiseraient leurs regards effrayés.
Je pense à ce qu'écrivit une écrivaine connue après le massacre de Charlie et de l'hyper casher, prise dans un grand élan compassionnel
(...) "J'ai été Charlie, le balayeur et le flic à l'entrée. Et j’ai été aussi les gars qui entrent avec leurs armes. Ceux qui venaient de s’acheter une kalachnikov au marché noir et avaient décidé, à leur façon, la seule qui leur soit accessible, de mourir debout plutôt que vivre à genoux. J’ai aimé aussi ceux-là qui ont fait lever leurs victimes en leur demandant de décliner leur identité avant de viser au visage. J’ai aimé aussi leur désespoir. Leur façon de dire – vous ne voulez pas de moi, vous ne voulez pas me voir, vous pensez que je vais vivre ma vie accroupi dans un ghetto en supportant votre hostilité sans venir gêner votre semaine de shopping soldes ou votre partie de golf (...)"
Ecrira-t-elle les mêmes lignes après le 13 novembre?
Aura t-elle même compassion pour les tueurs?
Remplacera t-elle le shopping-golf des victimes par le concert-bistro?
Bon! Je me laisse aller et j'isole dans son article des Inrocks un passage qui doit être remis dans l'ensemble et la continuité.
Mais j'avoue que depuis des mois, ce passage (qui n'est pas le seul) m'est resté en travers de la gorge.
J'y ai pensé en visitant l'expo du musée de la Vie Romantique. Sur beaucoup de toiles, les tueurs sont debout et leurs victimes à genoux ou à terre.
Avaient-elles le choix?
Mais je m'égare, je désire simplement partager quelques œuvres présentées rue Chaptal. En voici donc, sans commentaire anachronique!
Pierre Antoine Augustin Vafflard. 1774-1817. Young et sa fille. (4ème nuit du recueil "Les Nuits" d'Edward Young.)
En sortant du musée, nous sommes allés boire un verre à la santé des amoureux de la vie. Montmartre avait les couleurs de l'automne et invitait à la promenade, au repas en terrasse et à la musique!