C'est un jardin fleuri avec ses allées sous les grands arbres et sa ville de chapelles comme autant de maisonnettes qui se tiennent chaud.
Je m'y suis promené sous le soleil pour dire bonjour à quelques amis, Stendhal, Heine, Berlioz, Truffaut, Jeanne Moreau, Monique Morelli… sans oublier les chats...
Et puis je suis passé devant une tombe modeste, en bord d'allée et mon regard a été attiré par une photo fixée sur le marbre.
Une jeune-femme tient dans ses bras une fillette. Elles sont au bord de la mer par un beau jour paisible. Un petit chien, heureux et attentif se tient à côté d'elles.
La femme fait un signe de la main, sans doute à celui qui la photographie. elle sourit. On sent la douceur du soleil, le vent léger, l'odeur de la mer.
Je m'approche et je lis, gravés dans le marbre le nom de Pascale, 36 ans, Ludivine 10 mois, Gégé le petit chien.
C'est le 16 juin 2000 que tous trois moururent. Un accident de voiture peut-être, une tragédie brutale….
Je les regarde, si proches, si familiers, si présents dans ce moment de bonheur où ils sont photographiés par celui qui les aime...
La main de Pascale ressemble soudain à ce geste que l'on fait pour dire au revoir sur le quai d'une gare.
La rue La Bruyère prend naissance place Saint-Georges au cœur d'un quartier qui a gardé l'empreinte de son riche passé culturel et historique.
C'est en 1824, dans le Paris romantique que son tracé fut dessiné en même temps que celui de la rue Fontaine….
Les 1 et 3 rue La Bruyère
La rue Pierre Fontaine rendant hommage à l'architecte-décorateur de l'Empire, il fut proposé de donner à la rue voisine le nom de son ami et complice Charles Percier, à ce point lié à lui dans le travail qu'il est difficile sinon impossible d'attribuer à l'un ou à l'autre ce qui lui revient dans leurs multiples collaborations.
L'arc de Triomphe du Carrousel (Percier Fontaine)
Mais l'homme, insensible aux honneurs, contrairement à Pierre Fontaine, le refusa et ce fut le moraliste du Grand Siècle, célèbre pour ses Caractères, La Bruyère qui fut choisi!
La Bruyère (Largillière)
La rue a été habitée par tant d'artistes, hommes célèbres etc... que nous lui consacrons deux articles.
Commençons par le 1, siège aujourd'hui de la Fondation Taylor qui depuis 1844 œuvre à la défense des artistes qu'elle aide et promeut. C'est dans cet immeuble que vécut Albert Maignan (1845-1908) qui fut président de la Fondation à laquelle il légua son immeuble. Il est connu surtout pour ses talents de décorateur. Il reçut de nombreuses commandes, pour l'hôtel de ville, pour le Palais du Luxembourg, pour l'Opéra Comique…
Les notes. (Plafond du foyer de l'Opéra Comique)
… et pour l'extraordinaire "Train Bleu" de la gare de Lyon. Certains pourront s'amuser à reconnaître dans son "Théâtre d'Orange", Sarah Bernhardt, Réjane et Edmond Rostand :
Théâtre d'Orange (Albert Maignan)
La chronologie et les règles de préséance auraient dû présenter le beau père avant le gendre!
Il s'agit de Charles Philippe Larivière (1798-1876) dont la fille Etiennette épousa Albert Maignan. Il fut un peintre reconnu, grand prix de Rome en 1824.
La mort d'Alcibiade (Charles Philippe Larivière)
A la fois néo-classique et romantique, il finit par se spécialiser dans les scènes historiques qui, il faut bien l'avouer, nous lassent aujourd'hui. Il peignit trois des grandes toiles de la Galerie des Batailles de Versailles et il décora une des chapelles de Saint-Eustache.
La Petite Loge 2 rue La Bruyère.
Au n°2 La Petite Loge s'enorgueillit d'être "le plus petit théâtre de Paris". Comme quoi on peut être riquiqui et avoir la folie des grandeurs! Surtout quand on se pare des plumes du paon car il y a plus petit à Paris, à Montmartre...
Il s'agit du Petit théâtre du Bonheur qui n'a que 20 places alors que la Petite Loge en compte 25! Mais soyons plus sérieux, c'est un lieu sympathique, ouvert aux jeunes spectateurs et spécialisé dans les "Seul en scène" (ça vaut mieux).
Le 3bis
Le 3bis abrita plusieurs hôtes illustres. Le plus proche de nous est Albert Brasseur (1862-1932) non pas le père de Pierre Brasseur comme l'affirment certains sites dont celui des rues de Paris. Il est vrai qu'il fut lui aussi comédien et chanteur d'opérette. De son vrai nom Albert Jules Dumont il fut apprécié pour son humour et sa décontraction.
Albert Brasseur, Ménélas dans "La Belle Hélène".
Un autre habitant célèbre de l'immeuble fut le journaliste et écrivain Aurélien Scholl (1833-1902). Un homme plein d'esprit et de mordant qui aimait dans ses chroniques souligner les travers de ses contemporains. On l'appelait "le chroniqueur étincelant"!
Il créa des journaux, participa à "la Justice" de Clémenceau avec qui il avait alors en commun des idées et une maîtresse, l'actrice Léonide Leblanc qui n'en était pas à un amant près puisqu'elle avait accroché à son tableau de chasse le Prince Napoléon et surtout le Duc d'Aumale qui lui offrit une fortune et lui resta fidèle dans la vieillesse.
Scholl changea de bord avec la Commune dont il fut un adversaire haineux, capable de dénoncer Lavalette, mari de la sœur de sa femme. Il est tombé dans les oubliettes malgré son humour vachard et parfois absurde….
Pour Sarah Bernhardt qu'il n'aimait pas, il écrivit :
-Un fiacre vide s'arrête devant le théâtre; Sarah Bernhardt en descend.
Autres citations :
-Il fut un temps où les bêtes parlaient; maintenant elles écrivent.
-Non je ne crains pas la mort. Seulement je trouve que la Providence a mal arrangé les choses. Ainsi je préférerais de beaucoup qu'on enterre mon âme et que ce soit mon corps qui soit immortel"
-Voyons si Dieu n'existait pas comment aurait-il eu un fils?
Medusa (Lévy-Dhurmer) Musée d'Orsay
Le 3ème homme du 3bis fut un peintre de grand talent : Lévy-Dhurmer (1865-1953). En artiste curieux de différentes formes de création il se consacra pendant des années à la céramique. Quand il privilégia la peinture, c'est vers le symbolisme qu'il se tourna.
Rodenbach (Lévy-Dhurmer)
Il a été proche de Rodenbach dont il peignit le portrait le plus connu et de Pierre Loti qui le complimenta en affirmant que c'était la seule image de lui qui resterait.
Pierre Loti (Lévy-Dhurmer)
Le 5 est l'adresse du théâtre La Bruyère qui était à l'origine une salle de conférence reprise en 1943 par de jeunes comédiens pour être transformée en théâtre.
Le succès de Robert Dhéry et de ses "Branquignols" en fit une salle branchée qui programma Audiberti puis les dramaturges anglo-saxons. Le théâtre collectionne depuis les Molière!
Le 8
Au 8 a vécu avec sa famille, pendant deux ans une des grandes poétesses françaises : Marceline Desbordes Valmore (1786-1859).
C'est alors qu'ils revenaient ruinés d'Italie que les Valmore choisirent cet appartement relativement modeste. Ils y restèrent jusqu'en 1840 avec leurs enfants dont Ondine qui est sans doute la fille de l'amant de Marceline, Henri Latouche, présent comme une ombre discrète et blessée dans son oeuvre.
Cet acteur et écrivain fut sa grande passion. Il resta en relation (au moins épistolaire) avec elle pendant une trentaine d'années.
Médaillon de Latouche par David d'Angers, daté de l'année de sa mort, 1851.
Marceline Desbordes Valmore publia pendant les années de la rue La Bruyère un roman "Violette" et un recueil de poésies "Pauvres Fleurs".
Verlaine la tient pour une poétesse novatrice et sensible, Baudelaire écrit qu'elle est "une âme d'élite qui est et sera toujours un grand poète", enfin Sainte Beuve écrit le plus beau compliment, hommage à son naturel et sa sensibilité : "Elle a chanté comme l'oiseau chante"
Marceline Desbordes Valmore par Antoine Carrière (1823)
Qu'en avez-vous fait? (Pauvres Fleurs)
Vous aviez mon cœur,
Moi j'avais le vôtre :
Un cœur pour un cœur ;
Bonheur pour bonheur!
Le vôtre est rendu,
Je n'en ai plus d'autre,
Le vôtre est rendu,
Le mien est perdu!
(…)
Savez-vous qu'un jour
L'homme est seul au monde?
Savez-vous qu'un jour
Il revoit l'amour?
Vous appellerez,
Sans qu'on vous réponde;
Vous appellerez,
Et vous songerez!...
Vous viendrez rêvant
Sonner à ma porte;
Ami comme avant,
Vous viendrez rêvant.
Et l'on vous dira :
"Personne! … elle est morte."
On vous le dira ;
Mais qui vous plaindra?
Le 9
Le 9 est un bel hôtel particulier néo-Renaissance. C'est celui où vivait Daniel Iffla, connu sous le nom d'Osiris.
Cinq hôtels de la rue La Bruyère lui appartenaient.
Etages supérieurs de l'hôtel Osiris, avec dans les sculptures du balcon supérieur le "I" d'Iffla et le "O" d'Osiris.
La vie de cet humaniste et mécène est faite de générosité et de dévouement. Jeté dans la vie active alors qu'il était encore adolescent, il réussit grâce à son intelligence des affaires. Il faudrait un volume pour détailler toutes ses donations. Notons qu'il fut le premier qui créa des "restos du cœur" ouverts aux hommes et femmes sans moyens… Il mit à la disposition du maire du IXème arrondissement ses cinq hôtels pour que soient accueillis les réfugiés pendant le siège de 1870… il légua sa fortune à l'Institut Pasteur qui put créer grâce à cette donation l'institut du radium où travaillera Marie Curie… Il légua à l'Etat son domaine viticole du bordelais afin que soit créée une école d'œnologie et de viticulture, l'école de la Tour blanche.. il légua toujours à l'Etat le château de la Malmaison… Bref! Quelle différence avec les richissimes privilégiés qui aujourd'hui n'ont de cesse de dénicher des paradis fiscaux et de se réfugier à l'étranger pour échapper à l'impôt de leur pays!
Cet homme-là était exceptionnel en tout. Amoureux fou de sa femme qu'il perdit alors qu'il n'avait qu'une trentaine d'années, il conserva intact le décor où elle avait vécu et il ne voulut jamais se remarier.
Sa tombe est une des plus spectaculaires du cimetière de Montmartre, surmontée d'un immense Moïse, réplique de celui de Michel Ange. Mais ce qui nous interpelle aujourd'hui c'est qu'Osiris dut se battre pendant plus de trente ans pour obtenir l'emplacement où il a été érigé. Juif assigné à la partie du cimetière réservée aux juifs, il tenait à reposer à la limite extrême, à côté de la partie chrétienne, afin d'être le plus près possible de sa femme comme il le lui avait promis.. Triste époque où les préjugés étaient si forts qu'ils empêchaient deux êtres qui s'étaient aimés de partager la même tombe! Et quelle ingratitude envers un homme qui avait tant donné à son pays! Il est vrai que nous sommes encore dans les miasmes de l'affaire Dreyfus qui empoisonna l'atmosphère pendant plus de 12 ans!
Heureusement, avant sa mort le mur fut détruit et les règles radicales des religions purent être contournées.
Aujourd'hui le couple et ses enfants morts nés vit dans la même terre son éternité temporaire.
"J'ai lutté avec mon cœur de mari. Je suis arrivé après 33 ans de luttes de toute sorte à occuper définitivement et perpétuellement le terrain qu'elle avait désigné. Je viens de reconnaître ma place. C'est à ses pieds que je dormirai de mon dernier sommeil"
Le 11.
Au 11 a vécu plusieurs années Adolphe Tavernier, journaliste (au Gil Blas, à l'Evènement) et… escrimeur! Il a écrit un livre préfacé par Aurélien Scholl : "L'art du duel".
Mais ce qui le caractérise mieux que le fleuret c'est son goût très sûr pour la peinture de son temps et pour son amitié indéfectible avec Sisley dont il collectionna les toiles.
Première neige à Veneux-Nadon (Sisley). Toile ayant appartenu à Adolphe Tavernier.
Il ne s'en sépara qu'à contre cœur quand il quitta Montmartre pour acheter un vaste appartement dans le XVIème arrondissement!
Meule de paille en octobre (Sisley)
Nous faisons halte à ce niveau de la rue dont nous reprendrons la visite après avoir admiré quelques Sisley qui appartenaient à Tavernier!
Au début de la rue de l'abreuvoir, séparée de la maison rose par un seul immeuble, une maison à l'architecture composite attire l'attention des passants. Il s'agit de la maison des aigles.
Sur les photos du début du XXème siècle, elle n'existe pas encore. Elle n'a pas encore remplacé une modeste demeure villageoise dont un mur pignon donnait sur la rue et dont les pierres auraient été réutilisées dans la nouvelle construction.
(On peut voir sur la carte ci-dessus, un peu avant le personnage, la vieille maison et son mur pignon).
Il faut attendre 1924 pour voir la maison des aigles nidifier sur la Butte.
De style rustique et composite, elle serait si l'on en croit André Roussard, grand érudit montmartrois malheureusement décédé, l'œuvre de Joseph de la Nézière. (Dictionnaire des lieux de Montmartre. Editions andré Roussard).
Je ne sais qu'en penser pour la bonne raison que Joseph de La Nézière (1873-1944) n'était pas architecte mais peintre, intéressé non par Montmartre mais par les pays du Maghreb où il résida souvent et pour lesquels il créa de nombreuses affiches. Peut-être a t-il dessiné cette maison avant qu'un architecte ne la réalise?
Mais pour qui a t-elle été construite ? La réponse est plus facile, une plaque apposée sur la façade nous renseigne!
Elle fut la demeure du "commandant Henry Lachouque, historien de Napoléon et de la Grande armée (1883-1971)".
Lachouque? Le touriste restera dubitatif, comme je le fus devant cet illustre commandant. Napoléon éveillera sans doute plus de clignotants dans sa cervelle.
Le commandant fut pourtant un historien passionné par Napoléon.
Il fut formé à Saint-Cyr, promotion Austerlitz (!) et combattit pendant la 1ère guerre avec les gants blancs et le casoar. Ilfut blessé en 1914 à la bataille de la Marne et dut quitter l'armée.
Les toqués de Napoléon qui comme on sait rendit fous de nombreux de ses fans, le connaissent bien sûr et ont dévoré la quinzaine de livres qu'il consacra au grand homme et à son armée.
Il fonda l'Association des amis de Sainte-Hélène, il fit restaurer la fameuse maison de Longwood où l'empereur déchu passa ses dernières années, il fut enfin conservateur pendant dix ans du musée de la Malmaison. Une vie consacrée à Napoléon!
La Malmaison
Cette passion a envahi la maison des aigles. Les pièces abritaient un musée de souvenirs napoléoniens, d'objets divers ayant appartenu à Napoléon, à Joséphine ou aux princes impériaux.
L'extérieur n'est pas en reste! L'entrée est surveillée par deux aigles prêts à fondre sur leur proie. Ils ont donné son nom à la maison.
On retrouve l'aigle impériale sur l'enseigne qui se balance au vent….
Une des curiosités de la maison est le cadran solaire, un des plus photographiés de France et de Navarre.
Ce n'est pas un aigle mais un coq (dessiné par Henry Lachouque lui-même) qui s'exprime...
Il s'adresse au campanile du Sacré-Cœur voisin et il lui dit qu'au moment où il fera sonner ses cloches pour les Laudes matinales, il l'accompagnera de son chant.
Le campanile du Sacré-Coeur vu de la rue de l'abreuvoir et de la maison des aigles.
Et voilà ce qu'on peut dire de cette maison qui suscite l'intérêt des passants!
Notons que Henry lachouque, reconnu comme spécialiste sérieux de l'Empire fut sollicité à plusieurs reprises pour donner des conseils à des cinéastes dont les films se situaient à cette époque.
J'ai oublié un détail intrigant. La phrase prononcée par le coq comporte une curiosité.
Le "N" de "quand" est écrit à l'envers, comme une lettre de l'alphabet cyrillique.
Est-ce une allusion à la désastreuse campagne de Russie?
Il n'est jamais trop tard pour découvrir un grand artiste oublié! Voilà un homme exceptionnel, un artiste profond et original dont j'ignorais l'existence, je l'avoue.
Déjà, quelques mois après sa mort on pouvait lire : "Dorignac est mort. N'organisera-t-on pas une rétrospective? Ce serait une révélation pour beaucoup de gens qui n'ont pas su voir les œuvres de ce bel artiste." (Le Rapin, Comoedia, 1926)
Une révélation? Ce le fut pour moi et pour les trop rares visiteurs de l'exposition "Corps & âmes".
Il faut dire que l'affiche est ratée. Une figure noire tronquée sur fond rouge… qui ne respecte pas le fond blanc original et la force de l'œuvre.
Le choc pour moi a été la rencontre avec les œuvres noires. Leur modernité m'a sauté au visage. Il y a dans leur ombre qui apparaît d'abord massive, une richesse de détails qui se révèle peu à peu et laisse filtrer une lumière intérieure, comme à travers des feuillages nocturnes.
Georges Dorignac (1879-1925) a vécu quelques années à Montmartre, au 22 rue du Chevalier de La Barre.
Le 22 aujourd'hui. (reconstruit après les bombardements de la 2ème guerre.)
Ses premières toiles sont encore marquées par l'impressionnisme. Il peint Céline sa compagne et leurs filles. On pense à Renoir mais déjà on sent dans ces visages une gravité presque sacrée. Le portrait de Georgette, une de ses filles a quelque chose d'une princesse de Vélasquez.
Portrait de Georgette (1916)
On ressent dans ses portraits une attention exigeante à ses modèles, une volonté de rendre leur beauté, non pas seulement celle du corps mais encore celle, secrète et discrète de l'âme.
La famille (1906)
Il aime peindre sa compagne Céline qui a déjà une fille de 5 ans, Suzanne, lorsqu'il la rencontre, avec qui il aura trois filles. Ils formeront tous les 6 une famille aimante, unie dans l'adversité, une petite constellation de tendresse et de confiance.
Georges Dorignac, Céline et les 4 filles.
Après la période colorée, vient la période du noir qui correspond à l'installation du peintre à la Ruche, à Montparnasse, où il est accueilli après la rude épreuve qu'a été le vol de toutes ses œuvres. Il est ruiné mais poursuit son travail, soutenu par ses proches. Le voleur est un escroc qui s'empare des toiles et des dessins pour les signer d'un peintre coté et les vendre au meilleur prix. Par malheur il n'a pas été trouvé trace de ces œuvres disparues.
Les portraits noirs sont ce qu'il y a sans doute de plus original et de plus novateur dans l'œuvre de Dorignac.
Certains parleront d'influence de la statuaire egyptienne ou khmère. Peut-être, mais ce qui frappe, c'est cette "matière" qui semble dense, taillée dans le granit, et qui cependant porte vers la lumière, montée des profondeurs, une humanité vulnérable.
L'influence de Rodin est manifeste dans certains "masques" qui évoquent par exemple le visage d'un bourgeois de Calais, Pierre de Wissant...
Rodin. Pierre de Wissant.
Dorignac parvient à donner sur une surface plane cette épaisseur charnelle des sculptures.
"Dans ses dessins, Dorignac creuse dans la profondeur des corps comme le sculpteur dans la masse des pierres." Gaston Meunier du Houssoy.
Rodin
Dorignac
"Dorignac sculpte ses dessins." Rodin.
Les hâleuses
A la même époque, Dorignac qui a beaucoup admiré Millet et sa manière respectueuse et quasi religieuse de représenter les paysans, les dessine avec un trait fort et précis, tout entiers requis par leur tâche. Bien qu'il y ait chez lui une grande précision anatomique, on pense aux figures cernées de plomb des vitraux.
.
.
Il y aurait beaucoup à dire encore sur les œuvres nombreuses de l'exposition.
Comme par exemple la représentation inattendue des danseuses, non comme des créatures de légèreté et d'envol mais des athlètes, des forces concentrées prêtes à se libérer.
Quand la guerre éclate, Dorignac est mobilisé mais (comme Poulbot) il est réformé, à cause d'une maladie osseuse. Il est de santé fragile et opéré d'un ulcère à l'estomac, c'est des suites d'une opération abdominale qu'il mourra en 1925.
Mais il ne cesse de peindre, comme s'il était conscient de l'urgence. La dernière partie de l'exposition montre l'évolution de Dorignac vers un art sacré. Il commence à avoir du succès, la vie matérielle est alors plus facile et il reçoit des commandes.
La Vierge à l'enfant, projet pour une mosaïque, n'est pas sans rappeler l'art roman ou l'art byzantin. Le hiératisme des personnages n'est pas austère, il est transformé par le rayonnement des auréoles qui semble vibrer pour atteindre le spectateur.
Détail du carton "La Vierge et l'enfant".
Jeanne d'Arc écoutant les voix
En 1918, en pleine guerre, il crée pour une tapisserie cette Jeanne d'Arc dont l'auréole est illustrée par ses exploits guerriers qui mettent l'ennemi en fuite.
Son style a changé, il se réfère à la tradition, aux tapisseries du Moyen-Âge. Dans un jardin clos ou paissent les agneaux, les fleurs symboliques s'épanouissent : le lys, pureté de la sainte, l'œillet, l'amour divin.
Jeanne est assise entre l'arbre de la vie et celui de la connaissance du bien et du mal. Elle écoute les voix qui lui ordonnent de combattre l'ennemi. Notons que Dorignac, sensible dès le début à la dimension sacrée de l'art était agnostique.
Ses créations plus amples sont destinées à l'art décoratif, mosaïques tapisseries, vitraux. Comme ces "Biches", projet fait sans doute pour un mur ou un plafond.
Sur un fond de fleurs et d'oiseaux, tapis de Perse, enluminure, les cervidés sont accompagnés dans leur mouvement de tendresse par les branches qui font une arcade protectrice au-dessus d'eux.
Parmi ses dernières œuvres, montrant sa curiosité pour les spiritualités orientales, il peint un mandala où se retrouvent au centre les 4 continents et autour, les symboles des principales religions : croix, étoile de David, bouddha, croissant, vache sacrée...
… et il n'oublie pas d'y insérer des dessins de femmes qu'il a réalisés une dizaine d'années plus tôt, comme si c'était lui-même avec son œuvre qui prenait place dans l'univers qui continue de tourner et d'entraîner avec lui l'humanité.
Dorignac meurt en 1925. Il a 46 ans. On aimerait que cette exposition réalise la prophétie écrite en 1928 :
"L'œuvre qu'avait réalisée Georges Dorignac demeure, et de jour en jour elle se classe, conquérant la place définitive qui lui est assignée dans l'histoire de l'Art Contemporain."(le Carnet d'un curieux. Galerie Marcel Bernheim)
Poulbot est notre Montmartrois de cœur, un homme généreux et actif un artiste qui a mis son art au service de son engagement. C'est donc avec plaisir que nous le retrouvons au musée de Montmartre où il occupe avec ses dessins exécutés pendant la guerre, le rez-de-chaussée de l'hôtel qui abrite la remarquable exposition consacrée à Dorignac (courez-y vite! C'est une révélation!)
Poulbot et le chien Tutu en 1916
Musée de Montmartre.
Poulbot dessine les gosses de la Butte pendant les années terribles de la Grande Guerre. Tout en représentant leur spontanéité et leur fraîcheur enfantines, il leur prête une ironie, une arrogance, une intelligence qui font d'eux des témoins et des critiques.
Lui-même est frustré et amer de ne pouvoir être au front. Il a 35 ans quand la guerre est déclarée. Il est mobilisé mais ses problèmes de santé nécessitent en février 1915 sa réforme. Il vit mal ce retour à l'arrière et c'est avec ses armes de dessinateur qu'il poursuit la lutte.
Il publie ses dessins dans plusieurs journaux et revues, participe à des campagnes pour récolter des fonds (pour les orphelins de guerre, pour les prisonniers…).
Ses dessins et ses affiches des années de combat font partie de ce qu'il a produit de plus engagé et souvent de plus émouvant.
Il observe les enfants qui continuent de jouer malgré le départ des pères et la rude vie des mères. Ils mettent en scène ce qu'ils savent ou perçoivent du conflit et se montrent plus patriotes que les patriotes! Les garçons creusent des tranchées, bricolent des canons et des fusils tandis que les filles, en un temps où le rôle assigné à chaque sexe est sans appel, réconfortent les guerriers ou deviennent infirmières!
Des expositions des dessins de Poulbot sont organisées, comme celle des "Alliés" en décembre 1916. C'est celle que nous propose le musée de Montmartre avec ces 24 lithographies.
Les enfants d'aujourd'hui jouent à d'autres jeux, ils sont souvent avalés par leur tablette ou leur smartphone. Poulbot n'est plus là pour les croquer avec tendresse. Les guerres d'aujourd'hui ne semblent plus les concerner… On ne joue pas au Bataclan ni aux embarcations qui font naufrage…
On ne joue pas avec le dérèglement climatique non plus…
Et pourtant on voit dans les rues défiler en chantant collégiens et lycéens plus conscients que leurs aînés. C'est peut-être là, parmi eux que Poulbot sortirait ses cahiers à dessins.
De nombreux articles sont consacrés à Poulbot sur ce blog.
Il est le plus célèbre des acteurs du boulevard du Crime, immortalisé par le film de Carné "Les Enfants du Paradis" : Antonin Louis Prosper Lemaître (1800-1876), connu sous son nom de scène : Frédérick Lemaître.
Frédérick Lemaître interprété par Pierre Brasseur dans "Les Enfants du Paradis".
Son rapport avec Montmartre?
Sa dernière adresse… dans le cimetière de l'avenue Rachel!
Son corps a été couché là, dans la 28ème division, première ligne, n°4. Il a fallu attendre 13 ans après sa mort pour qu'une souscription lancée par "l'Avant-Scène" recueille assez de fonds pour élever ce monument surmonté d'un buste de bronze.
Le buste dû à Pierre Granet fut volé puis retrouvé et gardé à l'abri en attendant d'être replacé, un jour peut-être, dans ce cimetière où pillage et vols ne sont pas rares.
Il est possible de voir sa réplique dans le square Frédérick Lemaître, Xème arrondissement (quartier où vivait l'acteur). Personne n'a encore eu l'idée de le dérober!
Pierre Granier (1842-1910) n'a pas laissé beaucoup de chefs d'œuvre et il n'est pas sûr que son buste de Frédérick Lemaître en soit un, mais il est une image artistique, rare, du grand acteur. Parmi les quelques œuvres de Granier figure "la renommée au combat" sur le pont Alexandre III, avec une trompette qui, si l'on en croit Brassens, doit être "mal embouchée"!
La renommée au combat. Pont Alexandre III (Pierre Granier).
La renommée de Frédérick Lemaître est un lointain souvenir et les promeneurs qui passent allée Troyon devant sa tombe, ignorent le plus souvent qui était cette "star" si populaire que Victor Hugo, l'opposant aux autres acteurs qui incarnaient des héros ou des rois, disait de lui "Il a été le peuple. Pas d'incarnation plus féconde et plus haute; étant le peuple, il a été le drame".
Allée Troyon. La 1ère tombe à gauche est celle de Frédérick.
Antoine Louis Prosper Lemaître est né en 1800 au Hâvre. S'il y avait vécu il aurait pu être aventurier, explorateur, pirate. On imagine pour lui les destins les plus spectaculaires, avec premiers plans vigoureux et environnement de vents et d'oiseaux plus criards que les spectateurs du paradis!
La mort de son père est le grand déchirement de sa vie d'enfant. Ce père qu'il idolâtrait meurt alors qu'il n'a que 9 ans.
Pour trouver du travail sa mère vient vivre à Paris. Frédérick est élève au collège Sainte-Barbe. Dès qu'il est en âge d'aider sa mère, il accepte des petits boulots avant de se décider à suivre les cours du Conservatoire. À sa sortie, il ne trouve d'engagement que dans un théâtre proche du Bd Saint-Martin, "Les Variétés Amusantes" où est donnée sur le mode comique "la triste aventure des amoureux Pyrame et Thysbé".
Le lion du magicien d'Oz
Frédérick (qui se choisit alors ce nom de scène) joue le troisième personnage, le brave lion soupçonné à tort d'avoir croqué la belle. C'est donc par le roi des animaux dont le déguisement a le poil quelque peu dégarni que Frédérick Lemaître se fait connaître et déjà apprécier du public populaire par ses apartés et ses mines entendues.
Boulevard du Temple. (1845)
Nous sommes sur le boulevard du Crime, surnom donné au boulevard du Temple où de nombreux théâtres se spécialisent dans les mélos sanglants.
Boulevard du Crime (Enfants du Paradis)
C'est sur ce boulevard, à l'Ambigu, que Frédérick trouve le rôle qui va l'installer pour toujours dans le cœur des spectateurs, celui du bandit de grand chemin, Robert Macaire (dans l'Auberge des Adrets)
Le coup de génie de Frédérick Lemaître fut de rendre bouffon un mélodrame censé tirer des larmes. Il trouva la pièce si nulle qu'il tira partie de chaque réplique, de chaque situation pour la transformer en farce tandis que les autres acteurs jouaient sérieusement leur rôle. Il fit du mélodrame ampoulé un triomphe de drôlerie et d'humour noir et le public conquis adopta l'acteur qui avait fait d'eux ses complices!
Dès lors, il emplira toutes les salles où il se produira. Il aura une foule d'admiratrices qui l'attendront à la sortie des théâtres et en homme galant il fera de son mieux pour rendre hommage à leur beauté! La scène culte des Enfants du paradis nous le montre en séducteur qui trouve en Garance une égale, aussi spirituelle que lui.
Il lui demande une adresse où la retrouver :" Paris est grand vous savez." Elle répond l'œil ironique "Paris est tout petit pour ceux qui s'aiment comme nous d'un aussi grand amour!"
Parmi les actrices qui ont joué avec lui, la plus célèbre est sans doute Marie Dorval. Ils sont partenaires dans "Trente ans ou la vie d'un joueur", mélo où elle se fait remarquer en 1827, cinq ans avant de devenir la maîtresse de Vigny et de donner la mesure de son talent au théâtre français.
Vigny et Marie Dorval
"Je fus vivement impressionné par cette nature à la fois ardente et timide, par cet accent pénétrant et inspiré" (Frédérick Lemaître. Souvenirs.)
Frédéric Lemaître interprète lui aussi de grands textes qui lui permettent de donner sa mesure sans perdre l'adhésion du public populaire. Il est Othello, il est Hamlet, comme on imagine que ces personnages étaient proposés au Théâtre du Globe devant un parterre mêlé et souvent bruyant.
Pierre Brasseur en Frédérick Lemaître (Les Enfants du paradis)
Il joue dans des pièces de Hugo (Lucrèce Borgia, Ruy Blas). Hugo qui était exigeant avec ses interprètes admire Frédéric Lemaître :
"Cet homme est à tout prendre le premier ou plutôt le seul comédien de notre temps".
Dessin de Léon Noël
On le trouve encore dans "La maréchale d'Ancre" de Vigny ou dans des pièces d'un auteur dont il aime le romanesque, Alexandre Dumas. Il s'illustre dans "Kean" et dans "la tour de Nesles"
Photo de Carjat
Cette possibilité pour lui de s'investir dans des rôles si variés donne une idée de son génie, du respect aussi qu'il porte aux grandes œuvres dans lesquelles il "est" le personnage qu'il joue sans avoir besoin comme dans les mélos médiocres de prendre ses distances, de se moquer, de transformer son public en confident!
Dans sa vie privée, Frédérick qui a du mal à dissocier sa carrière d'artiste de celle d'amoureux, passe d'un amour à l'autre avant d'épouser Sophie qui se révélera compagne vigilante et fidèle.
"J'eus un fils que j'appelais Frédérick comme moi. Quelque temps après ma chère Sophie me donna une fille, ma belle Caroline, et l'année suivante Charles, qui lui aussi devrait être là pour me fermer les yeux quand sonnera mon heure."
L'heure de Frédérick viendra après celle de ce fils qu'il aimait et qui mourut à 40 ans. C'est sur la fin tragique de son fils que Frédérick Lemaître, après avoir évoqué ses souvenirs de théâtre, clôt son livre.
"Charles était atteint de cet horrible mal qui depuis six mois décimait tant de familles dans Paris : la petite vérole noire (…)
Le 5 mars 1870 vers six heures du soir, dans un accès de fièvre, il s'était vu entouré de flammes et s'était précipité par une fenêtre. Je n'eus que le temps d'accourir pour recueillir son dernier soupir. Il est mort dans mes bras."
Après la mort de son fils, Frédérick Lemaître se réfugie dans la solitude. Son fils Frédérick évoque les dernières humiliations qu'il subit de directeurs de théâtre qui ne misent plus sur lui.
"La mort le trouva calme et fort. Il ne regrettait rien. Une partie de ceux qu'il aimait l'avaient déjà précédé dans l'inconnu"
Avec quelle ironie et quel sadisme la "nature" peut se jouer de nous! Le lion du théâtre aux rugissements puissants, le brigand aux invectives malicieuses, l'acteur total, maître de la parole comme un virtuose de son instrument, est atteint d'un cancer à la langue.
Son martyre dure huit mois. "Je meurs de faim. Je voudrais tout croquer! Hélas ces diables d'aphte s'y opposent"
Il meurt le 26 janvier 1876.
L'enterrement marqua tous les esprits tant la foule était dense sur le trajet qui allait de l'église de la rue des marais dans le Xème arrondissement au cimetière de Montmartre.
"Le char se fraye difficilement un chemin entre les maisons garnies jusque sur les toits" (Victor Hugo)
Victor Hugo sur la demande du fils de Frédérick Lemaître improvise un discours sur la tombe.
"Je salue dans cette tombe le plus grand acteur de ce siècle, le plus merveilleux comédien peut-être de tous les temps."
Elles sont de loin les plus grande des tortues terrestres et elles mènent leur vie lente et paisible sur l'île Silhouette où elles ont été introduites alors que celles de l'île de Mahé avaient quasiment disparu.
Aujourd'hui, en partie grâce à la fascination qu'elles provoquent chez les touristes, protégées et veillées, elles refont leur vie sur Mahé, Praslin, La Digue et Silhouette sans avoir la prétention de devenir aussi nombreuses que leurs frangines de l'atoll d'Aldabra où elle forment un population (une surpopulation plutôt) de 150 000 individus!
La plage de Grand Barbe
Sur l'île Silhouette, elles ont leur sanctuaire dans l'anse Grand Barbe où l'on peut se rendre soit à pied par la montagne (10 km) soit par bateau depuis la jetée de l'hôtel Labriz. Quelques unes sont là depuis des dizaines d'années, rejointes par leurs consoeurs d'Aldabra.
Le bateau pour se rendre à Grand Barbe
Arrivés sur cette plage qui évoque un début du monde édénique, il nous faut marcher vers l'intérieur pour les rencontrer...
Malgré leur taille considérable (jusqu'à 1m20) on ne les voit pas tout de suite. Elles ressemblent aux rochers de granit qui sont l'originalité et la beauté des Seychelles. En s'habituant à la pénombre sous les feuillages, on les voit enfin, immobiles et paisibles, nullement effrayées par nous.
Elles évoquent par leur masse et leur placidité, une permanence de la création après la traversée des millénaires. Elles sont pourtant fragiles et leur environnement est entre les mains des hommes.
Elles peuvent vivre jusqu'à 150 ans et ont quelques particularités comme l'impossibilité de nager (elles se laissent flotter si nécessaire), le fait de boire par les narines...
Ce mâle a 123 ans et pèse près de 300 kgs.
Elles ont des amis près de chez elles, un vieux couple de Seychellois qui a choisi de vivre depuis un demi siècle dans cette anse si difficile d'accès.
Ils connaissent les plus jeunes, nées en 2017, Ludivine, Samali, Daniel et Stella. Stella est un nom qui va bien aux tortues; l'étoile installée dans le ciel, fidèle, toujours présente… la tortue installée sur la terre, immuable, presque éternelle!
Quelques tortues géantes des Seychelles sont devenues célèbres. Parmi elles on trouve Kiki qui fut longtemps une des vedettes de la ménagerie du Jardin des Plantes à Paris.
Kiki
Kiki est mort en 2009 à l'âge de 149 ans. Un espace dans la galerie du Museum lui est dédié.
Mais plus célèbre que Kiki, il y a Mzee, au Kénya. Son histoire est touchante et a fait l'objet d'un livre et d'un documentaire. Tout commence en 2004 avec un tsunami qui atteint les côtes kényanes. Un petit hippopotame est entraîné dans la boue où il s'enlise tandis que sa mère qui a tenté en vain de le sauver est entraînée au loin où elle se noie.
Mzée et Owen
Le petit hippopotame est arraché à la boue et il reçoit le nom d'Owen, nom d'un de ses sauveteurs. Il est emmené dans un parc animalier où les animaux vivent en liberté. Désemparé, il se rapproche de Mzee qu'il considère comme une mère. Mzee s'attache à lui, mange avec lui, dort avec lui. Ils deviennent inséparables.
Mzee est en réalité un mâle qui accepte le rôle de mère pour un petit étranger ! Que vont dire les tenants de la morale dite naturelle? Vont-ils manifester en réclamant une maman et un papa hippopotames pour les petits hippos?
Espérons qu'un jour, échappant à leurs prédateurs, oiseaux, crabes qui guettent l'éclosion des œufs sur la plage et se précipitent à la curée, de nouvelles petites tortues, tendres et désireuses de vivre, parviendront à échapper à la mort pour revenir, comme des rochers vivants assurer à l'île Silhouette son éternité menacée.
A 8 000 km de Montmartre et à 45 minutes en bateau de Mahé, l'île Silhouette est une montagne en pleine mer. Elle est à 93% occupée par un parc national qui la protège des ravages du tourisme. Un seul hôtel y est établi, constitué de petites maisons cachées par la végétation.
Une forêt équatoriale primaire (la seule des Seychelles) s'y épanouit entre ciel et mer, enivrée d'elle même et de sa luxuriance. Elle ne se laisse pas facilement apprivoiser et il est prudent de faire appel à un guide pour s'y aventurer!
L'île dont la quasi totalité des sites porte des noms français a connu quelques uns de nos ancêtres, à commencer par le pirate Jean-François Hodoul qui s'attaqua à la fin du XVIIIème siècle à nos meilleurs ennemis, les Anglais, dont il captura et détruisit une dizaine de navires.
On prétend que c'est à Silhouette qu'il se réfugia avant de vivre à Victoria et devenir un notable apprécié. C'est encore à Silhouette qu'il aurait caché un important trésor. Il est vrai que d'autres pirates comme La Buse ont eux aussi affirmé qu'ils avaient enfoui leur butin sur des îles seychelloises.
Un autre Français est venu dans cette île qu'il a aimée au point de l'acquérir, Auguste Dauban. Il cultiva (ou plutôt fit cultiver) le coprah, l'ylang-ylang, la vanille qui étaient débarqués à Marseille. Il devint immensément riche.
L'île ne sera cédée par la famille Dauban que dans la deuxième moitié du XXème siècle. Aujourd'hui les traces des Dauban sont nombreuses….
Le Mont Dauban. Sommet de l'île, 750m.
Le sommet de l'île toujours environné de nuages est le Mont Dauban….
La Gran Kaz (maison des Dauban)
La maison familiale est aujourd'hui un musée et un restaurant "la Gran Kaz"...
Enfin, le plus émouvant est le mausolée sous les cocotiers, église de la Madeleine miniature où reposent Auguste et sa femme Catherine, leur fillette Eva morte à deux ans et demi et la sœur de Catherine.
Non loin du mausolée, un sentier rocailleux conduit à l'ancien cimetière sur la pointe Ramasse tout, dominée par une croix, au-dessus de rochers qui à cet endroit portent le deuil.
Ce ne sont pas des blocs de granit comme partout dans l'île mais de la microsyénite qui fait paraître plus bleue que bleue l'eau qui vient les lécher.
Une balade de moins de deux heures permet de faire le tour de l'île et d'en saisir la majesté, la sauvagerie...
Une île préservée, belle par tous les ciels, habitée par les oiseaux, les lézards, les étonnants crabes de terre qui vont et viennent entre la mer et l'intérieur, si vite qu'ils semblent glisser. Des panneaux les signalent à l'attention, non des voitures qui n'existent pas, mais des vélos et des piétons!
Le crabe terrestre
Le héron strié
La géopélie (tourterelle) zébrée
Le héron "Madam Paton"
Tortue géante des Seychelles. Ce jeune homme a 123 ans! Silhouette (anse Grand Barbe)
Pourtant le dérèglement climatique est ici aussi sensible et les grands arbres qui étendaient leur ramure au-dessus des plages blanches sont peu à peu renversés et agonisent, leurs racines dans l'eau de mer.
Ces quelques images sont un hommage à la beauté du monde menacée par la loi du profit et du "progrès". Espérons qu'elles ne témoigneront pas un jour de ce qui fut...comme les photos de centaines d'animaux disparus sont tout ce qu'il reste de leur passage sur notre planète.
Ils disaient "Ma femme". Ils se croyaient propriétaires.Ils ajoutaient au poids des choses un poids de chair parmi d'autres poids de chair qui dépendaient d'eux seuls,un chien un chat un poisson rouge.
Ils disaient "Femme". Ils donnaient des ordres à celle qui apprenait à ne plus être, comme un chien à la chaîne, un chat interdit de ses griffes, un poisson rouge dans un globe sans iris.
Ils disaient "La femme".Ils plaisantaient entre eux de celle qui était née pour leur désir, comme un chien de chasseur la gueule ensanglantée, un chat dans un carton pour amuser les gosses,un poisson rouge de loterie dans un sac en plastique.
Et toi c'est par un nom qui n'est Ni toi Ni moi que je te nomme,Ni le jour Ni la nuit, Ni la pluie Ni le bleu,Ni la violence Ni la douceur, Ni la Méditerranée Ni le vieil océan, Ni le sommeil Ni l'étreinte,Ni le regret Ni l'espérance,Ni la raison Ni la démence,Ni vivre Ni mourir.
Quatre lettres plus serrées que porcelets à la mamelle, un nom où les contraires font alliage,où rêve et quotidien se confondent
1er février. Acrobates sur les toits. Rue de Clignancourt.
2 février. La statue vivante refuse un verre de vin chaud qui nuirait à son maquillage!
3 février. Retour des courses rue du Chevalier de La Barre.
4 février. Le petit garçon aimerait avoir lui aussi un trombonne à coulisse. Place Suzanne Valadon.
5 février. Dans le ciel froid, rue Lepic.
5 février. Retour de l'école rue Norvins
6 février. Rue Barsacq.
Apparemment c'est pas l'amour qui les rend joyeux!
7 février. En planque? Rue Azaïs.
8 février. "Elle aurait notre âge". Place Dalida.
9 février. Jouer au ballon dans le ciel! rue du Cardinal Guibert.
10 février. Il est temps de penser à la Saint-Valentin! Boulevard de Rochechouart.
11 février. Chapeaux! La chienne a d'autres préoccupations! Place Suzanne Valadon.
12 février. Sur les marches devant le Sacré-Coeur.
13 février. Le chien admirateur de sa maîtresse à la pétanque. Boulodrome de la rue Becquerel.
14 février. Danser avec son chien. Rue du Chevalier de La Barre.
15 février. Oui mais il parle aux oiseaux. Rue du Cardinal Guibert.
16 février. Vers la rue Lamarck et le ciel!
17 février. Sur les marches devant le spectacle de Paris.
18 février. Le chat noir! Célébrité montmartroise! Passage Cottin
19 février. Les bancs. Square louise Michel.
20 février. Traversée de la rue Berthe.
21 février. La lune en plein jour. Square Louise Michel.
22 février. Rêve d'évasion. Rue André del Sarte.
23 février. Les Ecossais devant le Sacré Cœur. Une prière (inutile!) avant le match.
24 février. L'ombre voilée. Rue Lamarck.
25 février. Repose ton cœur! Passage Cottin.
26 février. L'envol des mariés. Parvis du Sacré-Coeur.
27 février. Le chat va son chemin. Square Louise Michel.
Un mois étrange où le printemps et l'été se sont invités. Difficile de s'en réjouir. Le changement climatique a bien commencé avec ses dérèglements annoncés. L'année dernière Montmartre était sous la neige. Cette année, les pelouses se sont transformées en plages. Une petite sirène s'est installée sur un rocher. Elle attend la marée haute…
28 février....Tandis que les bérets rouges parcourent la rue Berthe où un cœur à la craie nous invite à aimer!