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Montmartre secret

Montmartre secret

Pour les Amoureux de Montmartre sans oublier les voyages lointains, l'île d'Oléron, les chats de tous les jours. Pour les amis inconnus et les poètes.

Publié le par chriswac
Publié dans : #OLERON EGLISES Cimetières
Oléron. Eglise de Saint-Denis.



   Montmartre me fait un petit clin d'œil alors que je vais rendre visite à l'église de Saint-Denis. Outre que le saint en question a été décapité à quelques mètres de chez moi, sur la butte, il y a dans la rue qui mène au centre un moulin de la Galette!

 



   La petite église est avec celle de Saint-Georges, la seule de l'île à avoir préservé quelques souvenirs de sa naissance romane. La façade classée donne une idée de ce qu'elle a pu être au XIème et au XIIème siècles, alors qu'elle était propriété de l'Abbaye aux Dames de Saintes.
 

 

La pierre claire qui a survécu aux pillages des pirates espagnols, aux saccages des Guerres de Religions, à la tourmente révolutionnaire, a subi néanmoins l'érosion du temps, des pluies et des vents marins particulièrement violents à l'extrême nord de l'île.

 

 

La façade garde malgré tout un grand attrait. Elle est à la fois simple dans sa structure et riche dans sa décoration géométrique qui nous paraît aujourd'hui inventive et moderne.

 

 


Les motifs végétaux qui ornent les fûts des colonnes rappellent certaines réalisations de l'époque gallo-romaine que l'on peut admirer au musée archéologique de Saintes.
 



Les sculpteurs ne se privaient pas de copier les belles colonnes antiques rudentées ou à feuilles imbriquées qui subsistaient alors (l'église de Pont-l'Abbé-d'Arnoult, sur le continent, en est un autre exemple). Sur une des colonnes, on peut voir la marguerite rectangulaire qui est une figure très ancienne déjà gravée sur un couvercle de sarcophage mérovingien


 



 Une partie de la nef est ancienne. On y voit ces chapiteaux rescapés. Le reste de l'édifice reconstruit au XVIème siècle, saccagé, remanié, date en grande partie du début du XIXème siècle. Le clocher n'est venu se dresser avec son coq qu'en 1877...



L'intérieur est simple et familier. Il invite à la pause et à la rêverie (à la prière pour ceux qui prient). Peu de mobilier, pas de tableaux... Quelques vitraux, comme celui de l'assomption qui rappelle l'œuvre d'Omer Charlet au Château :



 


 
Les apôtres découvrent le tombeau vide... 

Ils sont incrédules et s'étonnent...

Jean, "le disciple que jésus aimait"  et à qui il a confié sa mère, sourit et pose son visage sur sa main, comme s'il sentait une tendresse venue de loin, une caresse divine...

Parmi les autres vitraux remarquons le visage du Christ de l'atelier A Berges..

Quelques médaillons de saints et au-dessus de la tribune d'orgue une colombe du Saint Esprit..


Il y a également, sous vitrine, une belle maquette de bateau qui est un ex-voto du XVIIIème, remanié au siècle suivant par un ancien marin du Napoléon qui a modifié son gréement et sa mâture ainsi que sa poupe.



Il a ainsi "modernisé" cette frégate de 52 canons avant de la rebaptiser : "Napoléon"!

 



Avant de quitter cette petite église, ma préférée de l'île, un dernier regard sur ses pierres vivantes où les fleurs s'accrochent pour monter vers le ciel...




...


lien:
Eglise Saint-André. Dolus. Oléron.
Articles sur Oléron (hors plages)

                                        Mariage à l'église de Saint-Denis.

 







... 

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Publié le par chriswac
Publié dans : #album

 

1er juillet. Retour dans l'île.

Album photos. Juillet 2023. Oléron.

2 juillet. Aigrette et mouettes rieuses.

 

3 juillet. Mes amis les ânes avec qui les poètes vont au paradis.

 

4 juillet. Alone surfer.

 

5 juillet. Ombre dansante.

 

6 juillet. Le p'tit chien revient du surf.

 

7 juillet. Le marigot.

 

8 juillet. bien-être amniotique.

 

9 juillet. Les bâtisseuses d'empires.

 

10 juillet. Le garçon et son double.

 

11 juillet. Mickey rit, le garçonnet pleure.

 

12 juillet. Le premier dans l'eau a gagné!

Album photos. Juillet 2023. Oléron.

13 juillet. Un démon dans le dos.

Album photos. Juillet 2023. Oléron.

14 juillet. Port des barques, un petit air breton.

Album photos. Juillet 2023. Oléron.

15 juillet. Main dans la main face au danger.

Album photos. Juillet 2023. Oléron.

16 juillet. Salon  avec vue.

Album photos. Juillet 2023. Oléron.

17 juillet. Gouttière-poisson à Saint-Trojan.

Album photos. Juillet 2023. Oléron.

18 juillet. Roses trémières sur le port de Saint-Trojan.

Album photos. Juillet 2023. Oléron.

19 juillet. Le vent dans les voiles

Album photos. Juillet 2023. Oléron.

20 juillet. Le repos du surfeur 

Album photos. Juillet 2023. Oléron.

21 juillet. Goélands argentés et immatures sur la plage de Grand-Village

Album photos. Juillet 2023. Oléron.

22 juillet. La voile orange

Album photos. Juillet 2023. Oléron.

23 juillet. Chevaux près de l'étang de Montravail.

Album photos. Juillet 2023. Oléron.

24 juillet. Atterrissage des bernaches du Canada

Album photos. Juillet 2023. Oléron.

25 juillet. jaillissement.

Album photos. Juillet 2023. Oléron.
Album photos. Juillet 2023. Oléron.
Album photos. Juillet 2023. Oléron.
Album photos. Juillet 2023. Oléron.

26 juillet. Concours de skimboard.

Album photos. Juillet 2023. Oléron.

27 juillet. Un trou pour deux avec eau courante.

Album photos. Juillet 2023. Oléron.

28 juillet. Balcon sur la mer. (Citadelle du Château d'Oléron,)

Album photos. Juillet 2023. Oléron.

29 juillet. 9h du matin. deux fauteuils dans l'infini. (Plage de Grand Village).

Album photos. Juillet 2023. Oléron.

30 juillet. Chacun ses couleurs. 

Album photos. Juillet 2023. Oléron.

31 juillet. Les demoiselles de Grand-Village.

Et voilà! Juillet s'achève déjà. Dans l'île lumineuse, le soleil, le vent, les vagues, les oiseaux ont fait comme si le monde n'était pas en guerre, comme si certains de ceux que nous aimons n'étaient pas menacés par des crabes qui n'ont rien d'Atlantique. Ces photos paisibles, ces moments heureux....  Ne nous réveillons pas trop vite.

 

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Publié le par chriswac
Publié dans : #POEMES Chats.. photos..articles
Le refuge des Pachas du Bastion. Oléron. 2023.

    Depuis plus de dix ans, je rends visite au refuge du Château d'Oléron dans un des bastions des remparts de la ville.  J'y ai adopté deux des chattes de ma vie.

                      C'est un lieu où se heurtent en moi des sentiments divers.

    L'admiration pour le dévouement de bénévoles qui ne comptent pas leur temps pour laver, changer les litières, nourrir les chats, leur parler, les nommer chacun par son nom....

...et la tristesse  devant les regards des rescapés du malheur. Chacun raconte une histoire que nous ne comprenons pas, abandon, maltraitance, errance... Les bêtes ont le malheur discret.

Le refuge des Pachas du Bastion. Oléron. 2023.

    Dans la nurserie il y a les chatons. Ils vous regardent avec des yeux qui interrogent et attendent.

   Ils ont été trouvés dans des poubelles ou ramassés, faméliques, dans des rues où ils sont nés parce qu'il y a encore des gens qui refusent d'opérer leurs chats et qui se débarrassent des petits en les jetant dans des jardins ou, dans le moins triste des cas, en les déposant devant le refuge. 

Le refuge des Pachas du Bastion. Oléron. 2023.
Le refuge des Pachas du Bastion. Oléron. 2023.

    Depuis l'année dernière le bastion a connu des décès bien sûr. Les chats atteints de calicivirose  sont tous morts. Ils ont été soignés aussi longtemps qu'a duré leur maladie. Il y a 10 ans nous avonsi adopté dans ce refuge la petite Plume atteinte elle aussi de cette maladie.

Nous l'avons opérée (toutes les dents arrachées) aimée. Elle a été heureuse et sa mort récente nous a fait mal.

Le refuge des Pachas du Bastion. Oléron. 2023.
Le refuge des Pachas du Bastion. Oléron. 2023.

    Parmi le nouveau-venus, il y a Alix. La petite chatte rousse s'était réfugiée dans une bouche d'égout d'où elle refusait de sortir. Cosette l'a apprivoisée en lui apportant de la nourriture, la nuit tombée, de peur que des enfants ne découvrent sa cachette. Après trois semaines elle a pu la saisir et l'apporter précieusement au refuge. Elle y a sa place mais reste à la fenêtre dès qu'elle sent que Cosette est présente, elle miaule, gratte au carreau... Un chat n'oublie jamais l'humain qui l'a considéré et a estimé que sa petite existence avait du prix.

Le refuge des Pachas du Bastion. Oléron. 2023.
Le refuge des Pachas du Bastion. Oléron. 2023.

    Voilà Caramel. Il se cachait où il pouvait, fuyait toute approche, sans doute renseigné sur la bonté du voisinage par toutes les rebuffades, les caillasses, les menaces. Il avait une peur panique de tout ce qui ressemblait à un humain.

 

    Les bénévoles qui l'avaient vu ne pouvaient s'approcher de lui. Un soir l'une d'elles essaya mais il partit comme une flèche et trouva un abri dans l'église dont la porte était ouverte. On tenta de l'amadouer mais il s'était tapi sous un confessionnal. On décida de poser une cage-piège avec de la nourriture. Pendant la nuit, guidé par la faim ou par un ange chat, il y entra. Et voilà, Caramel est au refuge où peu à peu il apprend à faire confiance à notre espèce.

Le refuge des Pachas du Bastion. Oléron. 2023.

J'ai rencontré Pirate qui, né à La Gaconnière, faubourg du Château d'Oléron, se plantait devant les portes, l'une après l'autre, et attendait. Il ne reçut pas de coups mais de l'indifférence. 

Etienne, lui, était si angoissé qu'il se mordait la queue. Ce que nous faisons nous sans que cela ne nous nuise! Mais lui, c'était du sérieux, avec plaies, suppuration, douleurs. Il a fallu l'opérer. Maintenant il vit heureux et sans queue.

 

Le refuge des Pachas du Bastion. Oléron. 2023.
Le refuge des Pachas du Bastion. Oléron. 2023.
Le refuge des Pachas du Bastion. Oléron. 2023.

Lily est une vieille chatte aujourd'hui. Elle a vécu des années en liberté sur le port. Une petite cabane lui avait été construite.

Mais il y a toujours des malveillants qui s'en prennent pour s'amuser aux animaux. Il fallut la mettre à l'abri. Sa petite maison a été transportée au refuge.

Le refuge des Pachas du Bastion. Oléron. 2023.
Le refuge des Pachas du Bastion. Oléron. 2023.

    Quelques photos encore des chats rencontrés au bastion.

   J'aurais aimé photographier chacun d'entre eux et ceux qui sont dans un enclos isolé, séparés des autres car atteints du sida des chats. Dans leur malheur auront-ils au moins la sécurité, l'attention, les caresses que n'ont pas tous les chats errants qui se sentant malades se cachent pour mourir.

Le refuge des Pachas du Bastion. Oléron. 2023.
Le refuge des Pachas du Bastion. Oléron. 2023.
Le refuge des Pachas du Bastion. Oléron. 2023.

     J'évoquais en ce début d'article mon double sentiment d'admiration et de tristesse. Cette tristesse s'atténue lorsque je quitte le bastion parce que j'y ai vu des chats qui bien qu'entravés dans leur liberté sauvage mènent leur vie de chats, curieux, joueurs, éveillés ou dormeurs. C'est un lieu où l'homme aussi peu que ce soit, tente d'atténuer son incommensurable cruauté envers les animaux. 

Le bastion vu de l'extérieur

Le bastion vu de l'extérieur

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Publié le par chriswac
Publié dans : #OLERON

  Je republie cet article à l'occasion du centenaire de la mort de Pierre Loti... en regrettant que l'exposition qui lui est consacrée au musée de l'île ne dise pas un mot de l'importance qu'eurent pour l'écrivain ses vacances à La Brée.




      Elle existe bien la maison où pierre Loti, enfant, a passé des vacances inoubliables qu'il a racontées avec émotion dans Le roman d'un enfant.
     Je l'avais cherchée en vain l'été dernier et puis, fin novembre, j'ai reçu grâce à Christine qui habite Saint-Pierre, là où, derrière un grand mur, l'écrivain passe son éternité, avec ses chats, des photos de la fameuse maison.




    J'y suis allé en cette fin novembre et je me suis demandé comment j'avais fait pour passer à côté d'elle, alors qu'un chat blanc prenait le soleil sur le trottoir...
   Un chat blanc!  Mais bien sûr! j'aurais dû y penser!
   Pierre Loti, l'amoureux de ses chats pour lesquels il faisait imprimer des cartes de visite, avait délégué un de ces petits félins pour me montrer le chemin!




    Au cas où je n'aurais pas compris, un bon chien, à la fenêtre d'en face, m'indiquait de la tête la direction à prendre.


 

    A l'angle de la rue du Général de Gaulle (comment s'appelait-elle du temps de Loti?) et de la rue de Saint-Denis, je l'ai vue cette maison qui appartenait alors au maire de Saint-Georges dont dépendait le village de la Brée.
    J'ai ouvert le livre de Pierre loti  et j'y ai lu les mots qu'il emprunte à sa soeur, Marie, pour la présenter....




C'était au milieu du village, sur la place, chez M. le maire.
Car la maison de M. le maire avait deux ailes, bien étendues sans mesurer l'espace.
Elle éclatait au soleil, éblouissante de chaux; ses contrevents massifs, tenus par de gros crochets de fer, étaient peints en vert foncé suivant l'usage de l'île.



     J'ai lu ces pages en m'approchant de la maison. C'était à la fois très doux et très triste de confronter les époques, l'été merveilleux de l'enfance et la réalité d'aujourd'hui. 


 

Un parterre était planté en guirlande tout alentour, poussant vigoureusement dans le sable. 


 

Des belles-de-jour , qui dépassaient de leurs jolies têtes jaunes, roses ou rouges, des fouillis de résédas, et qui s'épanouissaient à midi, avec une douce odeur d'oranger.



 

En face, un petit chemin creux ensablé descendait rapidement à la plage.



Pierre Loti parle longuement de la grand'côte:

  Cette partie de l'île qui regarde le large, les infinis de l'océan; partie sans cesse battue par les vents d'ouest. Ses plages s'étendent sans aucune courbure, droites, infinies, et les brisants de la mer, arrêtés par rien, aussi majestueux qu'à la côte saharienne, y déroulent, sur des lieues de longueur, avec de grands bruits, leurs tristes volutes blanches.

C'est à La Brée que le jeune garçon connaît son premier amour pour une petite fille du village, Véronique, que sa sœur décrit longuement :

     A peu près de son âge, un peu plus jeune peut-être, six ou sept ans. Un petit visage doux et rêveur, au teint mat, avec deux admirables yeux gris; tout cela abrité sous une kichenote blanche (kichenote, un très vieux mot du pays, désignant une très vieille coiffure : espèce de béguin cartonné, qui s'avance comme les cornettes des bonnes soeurs, pour abriter du soleil). Véronique se glissait tout près de Pierre, finissait par s'emparer de sa main et ne la quittait plus. Ils marchaient comme des bébés qui se plaisent, se tenant ferme à pleins doigts...Puis un baiser, par-ci par-là. Voudris ben vous biser (je voudrais bien vous embrasser), disait-elle en lui tendant ses petits bras avec une tendresse touchante.



      Mais les vacances prennent fin. Pierre ramasse tous ses trésors, ses coquillages et ses cailloux. Il prend place avec Marie dans la voiture qui les emmène. Il voit s'éloigner le village, et, debout sur le chemin de la plage, Véronique qui sanglote...

Marie écrit  :  
                          Alors je me sentis prise d'une rêverie inquiète en regardant Pierre. Je me demandai : "Que sera-ce de cet enfant?"
"Que sera-ce aussi de sa petite amie, dont la silhouette apparaît, persistante, au bout du chemin? Qu'y a-t-il de désespérance dans ce tout petit coeur; qu'y a-t-il d'angoisse, en présence de cet abandon?"

 

Je n'ai pas cherché à revoir cette maison en cet été 2023 pris de vertige devant le passage si rapide et si indifférent du temps. Il y a dix ans déjà! C'était à la Toussaint...




Lien : Oléron. La Brée. L'église.

Promenade dans Saint-Georges. Oléron.

Oléron. Eglise de Saint-Georges.  

Oléron.Eglise de Saint-Denis.

 

....

 

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Publié le par chriswac
Publié dans : #OLERON, #CHARENTE MARITIME
Louis Suire

Louis Suire

La maison des aïeules en 1910

La maison des aïeules en 1910

Article de 2019 repris et complété après l'exposition de l'été 2023 au musée de Saint-Pierre d'Oléron.

Aujourd'hui

Aujourd'hui

     La maison des aïeules à Saint-Pierre d'Oléron où Pierre Loti est enterré sous une simple pierre, ne vous ouvrira pas ses portes.

La maison des aïeules. Pierre Loti. Saint-Pierre d'Oléron.

     L'écrivain qui a exprimé ses dernières volontés dans son testament, après avoir décrit l'emplacement de sa sépulture a dressé la liste de la dizaine de personnes qui seraient autorisées à lui rendre visite, au maximum deux fois par an.

La maison des aïeules. Pierre Loti. Saint-Pierre d'Oléron.

     Cette précaution qui pourrait passer pour de la modestie renforce le mystère et l'attrait du lieu interdit aux "profanes". Toutes proportions gardées (et lesquelles!) il en est de la maison comme de la pyramide où le pharaon repose au plus secret du monument devenu sanctuaire.

Arrivée du convoi funéraire dans le jardin de la maison des aïeules.

Arrivée du convoi funéraire dans le jardin de la maison des aïeules.

Cercueil devant la maison des aïeules

Cercueil devant la maison des aïeules

     Autant Pierre Loti s'expose dans la maison de Rochefort devenue musée (livrée à une interminable restauration) autant il veut garder privé cet endroit à la fois précieux et douloureux où il a voulu reposer après avoir été emporté par la mort, "la reine des épouvantements".

La maison des aïeules. Pierre Loti. Saint-Pierre d'Oléron.
Le petit bois où repose Pierre Loti

Le petit bois où repose Pierre Loti

     Pierre Loti est dès l'enfance obsédé par le temps qui passe et par la mort qui triomphe toujours. Il collectionne les insectes, les coquillages, les menus objets comme pour les soustraire à la menace. Les chères aïeules font partie de ce monde menacé et précieux.

La maison des aïeules. Pierre Loti. Saint-Pierre d'Oléron.
La maison des aïeules. Pierre Loti. Saint-Pierre d'Oléron.

    La maison des aïeules, comme il la nomme, a appartenu à la famille de sa mère, les Renaudin, dès 1677. Ce n'est qu'en 1834 qu'elle est vendue. Sa grand-mère, sa tante Claire et sa cousine Corinne viennent alors vivre à Rochefort où elles parlent souvent de la maison perdue.

Maison de Loti à Rochefort. La mosquée...

Maison de Loti à Rochefort. La mosquée...

    

Le petit Julien les entend raconter les vieilles histoires oléronaises et peu à peu l'île prend place dans son imagination d'enfant. Malgré ses vacances à la Brée à quelques kms de la maison de Saint-Pierre, il la connaît peu. 

La maison des aïeules. Pierre Loti. Saint-Pierre d'Oléron.
La maison des aïeules. Pierre Loti. Saint-Pierre d'Oléron.

     Avant de quitter la France pour son "premier départ de marin" il se rend dans l'île pour dire adieu à ses tantes qui vivent non loin de l'ancien domicile familial.

tableau peint par Marie soeur de Pierre Loti. Au centre le petit Julien Viaud (Pierre Loti)

tableau peint par Marie soeur de Pierre Loti. Au centre le petit Julien Viaud (Pierre Loti)

"Ma grand-tante Clarisse, quatre-vingts ans, soeur de ma grand-mère et ruinée définitivement comme elle, m'attendait dans l'un de ses toujours mêmes fauteuils Louis XIV en tapisserie, les plus luxueux débris qu'elle possédât encore de l'aisance ancienne(…) Près d'elle se tenaient ses deux filles, mes tantes à la mode de Bretagne, déjà d'une soixantaine d'années et les cheveux très gris, mais qui cependant se coiffaient d'une manière moins archaïque".

La maison des aïeules. Pierre Loti. Saint-Pierre d'Oléron.

     A cette occasion, il se rend dans la vieille maison habitée alors par le pasteur : "On me laissa errer seul dans le grand jardin enclos de murs, où des buis centenaires bordaient les allées, et, tout au fond, dans le bois où dorment  nos aïeux huguenots qui furent exclus des cimetières catholiques  (...)

La maison des aïeules. Pierre Loti. Saint-Pierre d'Oléron.
La maison des aïeules. Pierre Loti. Saint-Pierre d'Oléron.

   Plus tard, en 1899, après la mort des aïeules, le succès littéraire lui permet de racheter la maison. C'est pour lui l'aboutissement, la dernière escale définitive après tant d'autres. C'est là qu'il retournera dans l'enfance heureuse, dans l'amour de sa mère. C'est là qu'il se mêlera à la vieille terre des ancêtres. Il demandera que son cercueil soit défoncé "après sa descente dans la fosse, pour être mieux et plus vite mélangé à la terre". 

                                               Tombe de Pierre Loti

    C'est au cours de ce voyage d'avril 1899 qu'il retourne dans la maison dont il est devenu propriétaire.

"Elle est là, devant moi, l'antique maison familiale (…) Elle semble être l'âme de ce vieux petit quartier mort qui l'entoure et qui, en plus de sa tristesse d'abandon, exhale aussi l'inexprimable tristesse des îles"...

La maison des aïeules. Pierre Loti. Saint-Pierre d'Oléron.

Il franchit le porche et entre dans la cour :

"Oh! Comment dire l'émotion de voir réapparaître, sous ces nuages de deuil, cette cour silencieuse des ancêtres!... (…) Et voici que j'ai le sentiment de pénétrer chez les morts, chez les aïeules mortes. Nulle part autant qu'ici et à cette heure le passé ne m'avait enveloppé de son linceul."

 

    Il gravit avec respect les marches du perron "où, vers la fin du XVIIème siècle, à ce que l'on m'a souvent conté, de joyeuses petites filles (qui furent mes grand-tantes, mon aïeule, et moururent octogénaires) avaient pour jeu favori de monter et de descendre en courant, sur des échasses."

 

    De l'autre côté de la cour s'élèvent les bâtiments des chais, des pressoirs ainsi que la demeure des domestiques. Il y a là une pièce où comme on le lui a raconté, les enfants se réfugiaient les jours de pluie. Sa mère, avec une bague a gravé son nom sur une vitre.

"Je n'espérais point retrouver cela; mais le carreau a miraculeusement résisté à soixante années de possession étrangère, et la précieuse inscription y est encore! (…) NADINE!...Alors je ferme les yeux et me recueille plus profondément pour me représenter, dans sa petite toilette surannée, l'enfant qui écrivit cela, vers 1820, un soir d'ennui sans doute, en regardant tristement cette même rue de village toujours pareille, un soir où la pluie devait tomber comme aujourd'hui."

Pierre Loti et son fils Samuel

Pierre Loti et son fils Samuel

     C'est ensuite dans le jardin et le petit bois que Loti marche, habité par les vieilles histoires racontées au cours de veillées familiales. Son fils Samuel qui a fait le voyage avec lui est enthousiasmé par cette nature et fait promettre à son père qu'ils reviendront habiter la maison.

Pierre Loti (Lévy Dhurmer)

Pierre Loti (Lévy Dhurmer)

"Résider ici, fût-ce même en passant (…) voir chaque matin à mon réveil ce jardin-cimetière, non je ne pourrais plus!... A moins que ce ne soit plus tard dans la suite des années, si, quelque part en Orient, je ne tombe pas au bord d'un chemin… Oui plus tard, qui sait, rentrer pour le déclin de ma vie, puis dormir dans ce vieux sol où gisent des ossements d'ancêtres…"

Départ du cercueil à Rochefort

Départ du cercueil à Rochefort

Samuel à qui il promet cependant de revenir avec lui ne peut savoir que son père dit vrai. Ils y reviendront tous deux et c'est Samuel qui se chargera de défoncer le cercueil dans la fosse où il aura été descendu, afin de respecter les dernières volontés de son père.

La maison des aïeules. Pierre Loti. Saint-Pierre d'Oléron.

On comprend devant l'intensité des sentiments de Pierre Loti confronté à l'irréparable saccage que la disparition des êtres chers provoque en nos vies, qu'il ait voulu s'entourer de silence et que soit refermée la porte "comme on scellerait une entrée de sépulcre".

Et pourtant, il exprime dans  Le Roman d'un enfant son désir fou, sa certitude illusoire que l'amour est plus fort que la mort :

 

Le petit bois et la Lanterne des morts.

Le petit bois et la Lanterne des morts.

     En quittant ce lieu simple et hanté, j'ai remarqué qu'au-dessus des arbres du petit bois, on apercevait là-bas, la lanterne des morts, tour romane qui veillait sur le cimetière de Saint-Pierre. On sait qu'une flamme y était allumée chaque nuit pour guider les défunts.

J'aime penser que chaque nuit, elle éclaire Pierre Loti et ses chers fantômes.

La maison des aïeules. Pierre Loti. Saint-Pierre d'Oléron.

Liens :

Oléron

 

Pierre Loti (Douanier Rousseau)

Pierre Loti (Douanier Rousseau)

En complément de cet article, voici quelques peintures et dessins de la maison des aïeules qui font partie de l'exposition proposée par le musée de Saint-Pierre en cette année qui marque le centenaire de la mort de Loti.

 

Cour intérieure. Louis Suire

Cour intérieure. Louis Suire

Louis Suire

Louis Suire

Lessieux

Lessieux

Lessieux

Lessieux

Enard

Enard

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Publié le par chriswac
Publié dans : #OLERON, #Peintres, #Paris
Rue d'un village oléronais (Christian Couillaud vers 1940)

Rue d'un village oléronais (Christian Couillaud vers 1940)

    Une belle exposition au musée de l'île d'Oléron à Saint-Pierre permet de voyager avec les peintres qui ont, de la fin du XIXème siècle au milieu du XXème aimé notre île dont ils ont voulu fixer sur la toile les lumières. 

Entrée du hameau de Sauzelle. (Gaston Boucart - 1910)

Entrée du hameau de Sauzelle. (Gaston Boucart - 1910)

    Si Oléron n'a pas en ce domaine les lettres de noblesse de la Normandie ou de la Provence, toutes deux immortalisées par les plus grands peintres, c'est qu'elle n'était pas à la mode et n'avait pas aux yeux des parisiens les qualités des régions susnommées (proximité de Paris pour l'une, charme dépaysant de la Méditerranée pour l'autre).

Sur la plage de La Cotinière. Louis Lessieux (1919)

Sur la plage de La Cotinière. Louis Lessieux (1919)

    L'île a néanmoins inspiré des artistes, comme elle continue de le faire aujourd'hui, et la richesse de l'exposition en est une preuve éclatante.

Port de La Cotinière vu des tamarins. (Louis Lessieux -1920)

Port de La Cotinière vu des tamarins. (Louis Lessieux -1920)

    Je n'ai pas voulu suivre le parcours proposé organisé par thèmes : Les ports, la côte, les moulins etc... mais j'ai sélectionné quelques unes des toiles qui m'ont particulièrement plu. Un choix subjectif bien sûr que je qualifierais d'amoureux. Je suis en effet amoureux d'Oléron et je pourrai chanter, un collier de langoustines autour des reins : "J'ai deux amours, Oléron et Montmartre..."

                                      Départ des pêcheurs du Château d'Oléron (1938)

 

    L'exposition s'ouvre avec une toile remarquable de Balande qui représente les pêcheurs quittant le port du Château. Le ciel tourmenté est de ceux que j'aime, comme j'aime ce paysage d'avant le pont, avec le fort Louvois et au loin le clocher de Marennes.

  Balande qui est un enfant de Charente (Saujon) s'est formé à Paris, notamment dans l'atelier de Cormon à Montmartre. Quand il habite près de La Rochelle il se noue d'amitié avec Marquet dont l'influence est sensible dans son travail.

Le Phare de Chassiron (Balande. 1950)

Le Phare de Chassiron (Balande. 1950)

   Une autre de ses toiles représente dans un style à la fois vigoureux et coloré le phare de Chassiron, le point extrême de l'île.

Anse et prieuré de La Perroche (Louis Alphonse Combe-Velluet 1880)

Anse et prieuré de La Perroche (Louis Alphonse Combe-Velluet 1880)

     Beau paysage qui traduit bien la lumière précise de l'île surnommée "la lumineuse". Si l'influence de Corot y est manifeste c'est qu'Alphonse Velluet le connut et sur ses conseils décida de se consacrer aux paysages. Un petit détail amusant sur le nom du peintre qui se transforma en Combe-Velluet, s'inspirant du nom de sa femme Lucie lacombe. Cette modification visait à figurer dans les premières lettres afin d'être exposé dans les salons dans les premières salles qui avaient l'habitude de classer les peintres par ordre alphabétique. 

Rue de village (Louis Suire - 1950)

Rue de village (Louis Suire - 1950)

    Plus moderne dans son épure la rue de village de Louis Suire va à l'essentiel par sa composition entre lumière sur les murs blancs et ombre. Deux oléronaises coiffées de leur quichenotte animent sans prendre la vedette cette scène ensoleillée.

Louis Suire (1899-1987) est un peintre charentais qui avait connu à Paris le fauve Albert Marquet. Il avait une maison dans l'île de Ré mais explora à plusieurs reprises Oléron, notamment pour illustrer le livre d'Yvan Delteil paru en 1935 : "L'île d'Oléron, la dernière escale de Pierre Loti".

Moulin des Anglais à La Brée-Les-Bains. (Mario Pinetti - vers 1950)

Moulin des Anglais à La Brée-Les-Bains. (Mario Pinetti - vers 1950)

                                            Sortie du chenal de Boyardville (Mario Pinetti)

    Loin des scènes ensoleillées dont on a l'habitude, Pinetti privilégie les ciels gris et les nuances vertes des chenaux.

Italien d'origine Pinetti (1895-1964) remporta de nombreux prix dont une médaille d'or au Salon des Artistes Français. Grand voyageur, c'est à Oléron qu'il choisit de se fixer avec sa famille et d'installer son chevet dans les marais dont il aimait les nuances de gris soudain pailletés de soleil.

Moulin de La Cotinière (Louis Lessieux 1920)

Moulin de La Cotinière (Louis Lessieux 1920)

    Les deux peintres oléronissimes sont le père et le fils Lessieux. Il y a souvent confusion entre les deux car l'un se prénomme Ernest Louis (1848-1925) et l'autre Louis Ernest (1874-1938)! Nous sommes allés à la rencontre de Louis Lessieux dans un article que nous lui avons consacré.

                                    Plage nord de La Cotinière (Louis Lessieux. 1921)

Après les deux tableaux du fils, voici deux tableaux du père

                            Rue du Colombier à La Cotinière (Ernest Lessieux 1910)

Ce dernier tableau je le préfère aux innombrables aquarelles qui donnent parfois dans le cliché!

Anse de Maumusson (Ernest Lessieux vers 1910)

Anse de Maumusson (Ernest Lessieux vers 1910)

Vers le pertuis de Maumuson (Jean-Baptiste Castaignet - 1910)

Vers le pertuis de Maumuson (Jean-Baptiste Castaignet - 1910)

     Peu de tableaux de tempêtes ou d'océan dans cette exposition. Parfois comme ici le jeu de la lumière sur l'eau qui ressemble à une rivière dans le pertuis. Tous les amoureux des rivages aiment ces moments où le soleil dessine à la surface de la mer ces grands chemins qui brillent comme des miroirs.

                       Anse de Saint-Trojan vue de Marennes (Castaignet - 1919)

Jean-Baptiste Castaignet (1852-1934) est clerc de notaire à Bordeaux et peintre une fois hors de son étude. Il aime les contrastes et les teintes sombres à la Courbet.

Bien que l'île d'aujourd'hui se prêtât aux représentations naîves avec ses petites maisons, ses cabanes de couleurs, ses bateaux bariolés et ses roses trémières, nous trouvons peu de représentants de cette école, comme celui, resté anonyme de cette rue de Saint-Pierre :

 

Ou comme cette vue de la plage du Château due à Willy, peintre sur lequel je n'ai rien trouvé. 

Paysages d'Oléron par les peintres de la première moitié du XXème siècle. Exposition du musée de l'île d'Oléron.

Peut-être est-ce lui qui représenta ces navires de pêche sur l'océan à St Jean de Monts.

 

    Toujours dans cette sensibilité nous découvrons une belle toile de Camille Laroche peinte en 1910 au nord de l'île. La plupart des oeuvres représentées sont peintes au sud de l'île, si on excepte Chassiron et Saint-Pierre, partie plus touristique et plus proche....

                                             Place de l'église à Saint-Denis

      Parmi les toiles qui m'ont intéressé figurent celles d'Yvon Massé :

Plage du port du Château ('Massé - 1944)

Quai et cabanes du port de St-Trojan (Yvon Massé - 1942)

Quai et cabanes du port de St-Trojan (Yvon Massé - 1942)

    Les paysages sont peints avec légèreté et en ce qui concerne le quai de St-Trojan quelque chose de naïf là encore. Notons que le quai n'a pas beaucoup changé même si quelques cabanes se sont métamorphosées en restaurants (dont le très bobo "Poissons Rouges) et en galeries d'art. 

Le port aujourd'hui

Le port aujourd'hui

    On retrouve le quai aux cabanes de Saint-Trojan dans la toile d'Ernest chevalier. Le port modeste aux cabanes de planches a plu aux peintres, comme il plaît aujourd'hui aux photographes amateurs dont je suis.

                  Ernest Chevalier. Port et cabanes de Saint-Trojan (1900)

Ernest Chevalier (1862-1917) est un artiste très lié aux peintres de son temps, que ce soit Puvis de Chavannes ou, à Montmartre, Toulouse Lautrec et Satie.

Café l'Océan à Saint-Georges (Auguste Heiligenstein -1930)

Café l'Océan à Saint-Georges (Auguste Heiligenstein -1930)

  Une toile nocturne et onirique d'Auguste Heiligenstein (1891-1976) qui vient de Saint-Denis, non pas celui d'Oléron mais celui de la Seine-Saint-Denis! Il est céramiste, émailleur, maître vitrier et peintre. 

Sortie du port de Saint-Trojan (P. Bonnin, 1884)

Sortie du port de Saint-Trojan (P. Bonnin, 1884)

    Deux toiles me paraissent fort belles, signées de P. Bonnin sur qui je n'ai rien trouvé et dont l'exposition ne nous dit pas un mot.

Port de Saint-Trojan (P. Bonnin - 1884)

Port de Saint-Trojan (P. Bonnin - 1884)

    Je voudrais terminer par une aquarelle sans grand intérêt sinon celui de nous montrer deux moulins dans la ville du Château :

           Le moulin de la quille de chien, au Château. (François Desnoyers - 1920)

Desnoyers (1894-1972) fut élève de Bourdelle avant de découvrir à Paris le fauvisme dont il sera un représentant.

     L'intérêt de cette aquarelle est de nous montrer deux moulins parmi les nombreux moulins que comptait l'île (une parenté avec ma butte favorite). Celui qui est au 2ème plan a été sacrifié aux appétits des promoteurs, le second qui faillit être détruit a été sauvé ainsi que la maison du meunier. Il est aujourd'hui au milieu d'un  parking de supermarché!

 

Je préfère terminer sur ce paysage incertain, animé par les pêcheuses à pied coiffées de leur quichenotte qui accrochent la lumière.

                              Départ de pêche à pied au Château d'Oléron (1914)

     Un coup de chapeau aux organisateurs de l'exposition qui propose des fiches sur la plupart des peintres exposés et qui a sélectionné des œuvres de grand intérêt, déclarations d'amour à cette île changeante, miroitante, entre vents et marées. Une île qui supporte mal le pont qui l'enchaîne et semble ruer les jours de tempête pour se libérer et prendre le large!

                                   Plage de Vert-Bois (Ernest Lessieux. 1910)

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Publié le par chriswac
Publié dans : #album
Album photo juin 2023 Montmartre jour après jour

Glaces oecuméniques !

Album photo juin 2023 Montmartre jour après jour

Narcisse et son double

Album photo juin 2023 Montmartre jour après jour

Les trois grâces

Album photo juin 2023 Montmartre jour après jour

Chevauchée fantastique, main dans la main

Album photo juin 2023 Montmartre jour après jour

Repos à l'ombre avant l'ascension de la Butte

Album photo juin 2023 Montmartre jour après jour

6 juin. Le sourire jaune.

Album photo juin 2023 Montmartre jour après jour

7 juin. Toujours rue des Saules, le violoniste qui séduit par son talent et sa beauté les touristes....

Album photo juin 2023 Montmartre jour après jour

8 juin. Une bénédictine montant vers le ciel, enfin vers le Sacré-Coeur!

Album photo juin 2023 Montmartre jour après jour

9 juin. La dernière valse. Square Nadar.

Album photo juin 2023 Montmartre jour après jour

10 juin. pèlerinage pour la Fête-Dieu.

Album photo juin 2023 Montmartre jour après jour

11 juin. Avant l'orage.

Album photo juin 2023 Montmartre jour après jour

12 juin. Un poulbot dans le bassin des Tritons.

Album photo juin 2023 Montmartre jour après jour

13 juin. La Butte estivale!

Album photo juin 2023 Montmartre jour après jour

14 juin. On rencontre toute sorte de touristes, rue de Steinkerque.

Album photo juin 2023 Montmartre jour après jour

15 juin. L'eau bienfaisante des fontaines Wallace.

Album photo juin 2023 Montmartre jour après jour

16 juin. Mené par le bout de la truffe. (Square Nadar)

Album photo juin 2023 Montmartre jour après jour

17 juin. La "star" de la place du Calvaire.

Album photo juin 2023 Montmartre jour après jour

18 juin. Danse avec le Triton.

Album photo juin 2023 Montmartre jour après jour

19 juin. S'abreuver à la source?

Album photo juin 2023 Montmartre jour après jour

20 juin. spider children!

Album photo juin 2023 Montmartre jour après jour

21 juin. Un âne à Montmartre! Rue Paul Féval.

Album photo juin 2023 Montmartre jour après jour

22 juin. Les chiens ont soif!

Album photo juin 2023 Montmartre jour après jour

23 juin. La robe-journal. Rue du Calvaire.

Album photo juin 2023 Montmartre jour après jour

24 juin. Mon pote! (Square Nadar).

Album photo juin 2023 Montmartre jour après jour

25 juin. Un peu d'air! (rue Yvonne le Tac).

Album photo juin 2023 Montmartre jour après jour

26 juin. La main d'or. (Place Marcel Aymé)

Album photo juin 2023 Montmartre jour après jour

27 juin. Café rue Gabrielle.

Album photo juin 2023 Montmartre jour après jour

28 juin. Les mains de l'amour. Square Nadar.

Album photo juin 2023 Montmartre jour après jour

29 juin. Bouddhistes joyeux. (rue Azaïs)

Album photo juin 2023 Montmartre jour après jour

30 juin. Dernier baiser du mois, place du Calvaire.

Album photo juin 2023 Montmartre jour après jour

Et voilà! Juin s'en est allé avec ses jours brûlants, ses averses diluviennes. Annonciateur du nouveau climat sur notre petite planète, il laisse à Montmartre des pelouses desséchées et des arbres qui déjà prennent des couleurs d'automne.

Je pense à Apollinaire, mon pote, mon poète :

Juin ton soleil ardente lyre
Brûle mes doigts endoloris
Triste et mélodieux délire
J'erre à travers mon beau Paris
Sans avoir le cœur d'y mourir

 

 

 

 

 

 

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Publié le par chriswac
Publié dans : #ASIE, #MONTMARTRE. Rues et places.
Tama river in the Musashi province

Tama river in the Musashi province

    Taï Taï, magasin-galerie du 15 rue André Del Sarte dédié à l'art et artisanat d'Asie est bien connu des amateurs qui apprécient l'harmonie du lieu, l'accueil qui leur est réservé et la diversité, l'originalité des objets et des œuvres proposés .

Depuis le 15 juin et pour quelques semaines, une exposition des 36 vues du Mont Fuji par Hokusaï attend les curieux et les amateurs.

 

Hokusaï est peut-être l'artiste japonais le plus connu en Occident.

                             (Red Fuji. Southern wind. Clear Morning)

Il y eut entre lui et les peintres français des influences manifestes. Ce que l'on a appelé le japonisme chez nous est fortement marqué par sa personnalité alors que son art était considéré comme "léger" dans son pays. Sait-on que les Européens connurent pour la première fois la"Manga d'Hokusaï par le le papier d'emballage des porcelaines!

                                      (The Fuji from Kanaya on the Tokaido)

Les célèbres 36 vues du Mont Fuji (qui sont 46 comme chacun sait!) ont été éditées pour la 1ère fois entre 1831 et 1833.

                                      (Shore of Tago Bay, Ejiri at Tokaido)

Depuis, elles n'ont cessé de fasciner par leur poésie, leur apparente simplicité qui est le tremplin idéal du rêve.

     Evidemment la "Joconde" d'Hokusaï est la célèbre "vague". Une vague immense, vivante, se dresse au-dessus des frêles embarcations. Elle dit la puissance de la nature et la fragilité des humains. Etonnante composition qui unit dans le même paysage la force mouvante des flots et celle, immuable du Fuji.

La vague sera féconde puisqu'elle inspirera l'Art Nouveau et fera l'admiration de Klimt. Comment ne pas citer un des plus beaux vitraux de Paris, place Gabriel-Kaspereit dans le 9ème arrondissement, près de l'avenue Frochot. Sur toute la façade, la fameuse vague change de couleurs avec la lumière et devient féérique lorsqu'elle est éclairée, la nuit, de l'intérieur.

                                   (Tsukada Island in the Musashi province)

Si la première édition des vues est aujourd'hui dans les musées, la qualité des différentes éditions qui se sont succédé depuis la création assurent à la série une renaissance qui ressemble à celle du phénix et permet grâce à la précision des gravures et des couleurs de distinguer les plus belles et les plus rares. 

Ainsi en est-il pour Yūyūdō 悠々洞 - Takamizawa Tadao, l'éditeur des "vues" présentées chez Taï Taï.

 

Les passionnés s'amusent à relever les légères différences d'une édition à l'autre. L'essentiel étant l'intensité des couleurs et des contrastes. Ici la fameux bleu de Prusse qu'utilisa Hokusaï pour la première fois au Japon donne à l'ensemble une cohérence, une atmosphère rares.

                                          (Sunset across the Ryogoku bridge)

Chacun aura ses préférences et je n'hésite pas à présenter mes "vues" préférées mais l'ensemble forme un tout cohérent.

                                                     (Shore of Tago Bay)

 Le Fuji éternel, témoin des agitations humaines, domine le paysage. Il rappelle l'éphémère de l'existence dans une nature qu'il importe de respecter. 

                                          (Inume pass in the Kai province)

C'est un beau moment que celui que l'on peut passer, à l'écart du bruit, devant cette édition remarquable des "vues" d'Hokusaï.

                             (Village of Sekiya at Samida river)

L'exposition vient de commencer et le Fuji a pris ses quartiers d'été 15 rue André Del Sarte! Vous avez le temps de ne pas le manquer!

 

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Publié le par chriswac
Publié dans : #Peintres, #MONTMARTRE Peintres.Artistes.Clébrités
Giorgione. La tempête. Accademia. Philippe Sollers.

    Après la mort de Sollers, j'ai voulu relire son Dictionnaire amoureux de Venise. Comme il y des années, alors que je ne connaissais qu'à peine la Cité des Doges, j'ai relu avec la même curiosité, voire étonnement, son attachement passionnel pour le tableau de Giorgione "La Tempête", exposé à l'Accademia.

   Sollers en parle comme d'une amoureuse que l'on voudrait n'avoir que pour soi seul. 

"Je voudrais le voler, le garder pour moi, dormir près de lui, être le seul à le voir matin et soir. Je ,voudrais survivre en lui, me dissoudre en lui, haute magie, alchimie."

Nous pouvons parler sans jeu de mots d'un "coup de foudre"!

Le tableau peint vers 1506 a provoqué beaucoup d'hypothèses et a fasciné plus d'un amoureux de la grande peinture occidentale. Il a fait l'objet de multiples interprétations avant celle de Sollers.

Voici quelques unes parmi les plus répandues.

 Le "berger" et la femme seraient Adam et Eve après avoir été chassés du Paradis protégé par ses murailles. Eve nourrirait son premier fils Caïn. L'éclair dans le ciel figurerait la colère divine. Il s'agirait alors d'une interprétation peu fréquente dont on peut trouver quelques exemples comme avec cette gravure de Nuremberg de 1493. Sur la droite Eve et ses deux enfants, Abel et Caïn, sur la gauche Adam.

      Une autre interprétation ferait du tableau une illustration d'un roman vénitien (de Colonna) qui connaissait un grand succès : "Le songe de Poliphile".

Le jeune homme est à la recherche de sa bien aimée. Il s'endort, son rêve l'entraîne à travers ruines et villes antiques à la découverte de sa bien aimée avec laquelle il part pour Cythère, l'île de Cupidon.

 Iasion et Demeter

 

  Une autre encore se réfère à l'Odyssée. Iasion tombe amoureux de Demeter avec qui il a un enfant, Ploutos. Zeus se venge de ce mortel qui a osé séduire une déesse en le foudroyant.

     N'oublions pas d'autres explications comme celle de figures allégoriques de la Force (l'homme et son bâton symbole de virilité) et la Charité (la femme donnant généreusement son lait). Cette représentation de la Charité était courante.

                                                  La Charité (Andrea Del Sarto)

    Aucune de ces interprétations n'a satisfait Sollers qui nous donne un conseil judicieux : nous asseoir devant le tableau, nous laisser envahir par lui avant d'émettre quelque hypothèse que ce soit.

"Restez simplement là, devant, taisez-vous, oubliez tout. Le tableau a lieu maintenant pour vous, pour vous seul. Il vous parle du temps par-dessus le temps. C'est sa vocation, sa grandeur, son calme."

"Sur la droite une femme aux trois quarts nue allaite un enfant, attentive, protectrice, un peu inquiète."

     "Sur la gauche, séparé de la femme par une rivière en ravin, un homme désinvolte, jeune, veste rouge, tenant un bâton plus grand que lui (...) Est-ce un père? Un fils? Un passant?

Ce bébé c'était lui dans une autre vie. Naissance d'un côté, virilité de l'autre. La culotte du jeune homme ne dissimule pas une proéminence lovée. Le bâton la souligne."

Sollers note la présence derrière le jeune homme de colonnes brisées qui seraient des tombes. Il fait du tableau une allégorie du temps et du cycle mort-renaissance.  L'homme a été le bébé. Il est passé par la mort. Il renaît, semblable et différent. "Il meurt et devient."

Giorgione. La tempête. Accademia. Philippe Sollers.

En arrière plan s'élève une ville sous l'orage. L'écrivain nous invite à regarder de plus près, à remarquer une touche blanche sur une terrasse, à nous approcher et reconnaître un héron tourné vers l'éclair, vers la tempête annoncée.

"Le musicien et libertin Giorgione s'amuse, puisque c'est là un symbole ancien de l'activité sexuelle frénétique."

Donc en arrière plan, la ville et la luxure et au premier plan, comme protégés de la tempête annoncée, une femme, un bébé et un homme, passés, présents, futurs.

Giorgione. La tempête. Accademia. Philippe Sollers.Giorgione. La tempête. Accademia. Philippe Sollers.

"On est encore en été. Le temps, ensuite, fait son oeuvre de destruction, comme le prouve, du même pinceau, le tableau d'avertissement solennel qui se trouve juste à côté de la tempête : La Vecchia, "La Vieille". C'est la même femme, cinquante ou soixante ans plus tard. Même regard, même intensité traversant les siècles, mais lisez l'étiquette qui remplace l'enfant au sein : COL TEMPO, "avec le temps". Une autre femme, la même, jeune et tranquille est déjà en train de reprendre le rôle dans les bosquets. Et ainsi de suite."

"L'homme, lui, le peintre, s'est éclipsé, mais il va revenir, toujours au même âge."

J'aime cette affirmation parce qu'elle dit au fond à quel point l'art permet de conjurer la mort. En effet Giorgione se serait représenté lui-même dans ce beau jeune homme en habit vénitien. Nous savons qu'il est mort en 1510, à 32 ans lors d'une épidémie de peste.

Nous le voyons aujourd'hui, toujours jeune, beau, énigmatique à gauche de cette "tempête". Orage des passions, violence du temps qui passe sans pitié. Eternité temporaire des créations humaines. Il est là devant nous, il est passé par la peste, par la mort, il est vivant.

Giorgione. La tempête. Accademia. Philippe Sollers.

Pour Sollers ce mystérieux tableau n'est rien moins qu'une image de la condition humaine. "Il est d'un temps nouveau : le plus que présent permanent."

Libre à nous d'adhérer ou non à son analyse. Libre à nous de nous asseoir devant La Tempête et de nous laisser happer par ce paysage, par sa poésie, par son mystère.

Liste des liens

Peintres et étude précise de certains tableaux

Peintres artistes célébrités de Montmartre

                                                      Garçon à la flèche (Giorgione)

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Publié le par chriswac
Publié dans : #Peintres, #VOYAGES...
Le martyre de Saint Sébastien de Mantegna à la Ca d'Oro

La Ca d'oro, la "maison d'or" est un des plus beaux hôtels particuliers de Venise.

Sa façade gothique de marbre blanc se contemple dans les eaux vertes du Grand Canal. Certains de ses éléments décoratifs étaient recouverts de feuilles d'or, aujourd'hui disparues.

Le martyre de Saint Sébastien de Mantegna à la Ca d'Oro

    Elle abrite quelques oeuvres immenses que l'on a le temps de regarder sans être gêné par les visiteurs.

C'est une particularité de Venise : une foule bruyante, accompagnée d'enfants aux voix aigües, des groupes serrés derrière un guide qui brandit un petit drapeau, des dévoreurs de crèmes glacées, des touristes quoi, dont nous faisons partie, et puis, passée la porte des musées et des églises, fraîcheur, silence, recueillement...

Le martyre de Saint Sébastien de Mantegna à la Ca d'Oro

La Ca d'Oro en ce printemps 2023 poursuit d'importants travaux qui interdisent l'accès au 1er étage, mais peu importe, c'est au 2ème que Saint Sébastien nous attend.

Le martyre de Saint Sébastien de Mantegna à la Ca d'Oro

    Après la mort de Sollers, j'ai voulu revoir Venise avec son "dictionnaire amoureux".

Il m'a souvent irrité, notamment quand il se mêle de donner son avis péremptoire sur les peintres exposés à la Fondation Guggenheim et quand il juge "pathétique ou à mourir de rire" ce coin de jardin où Peggy Guggenheim a voulu être enterrée avec tous les chiens de sa vie.

Mais quand il parle de Tintoret, de Carpaccio ou de Mantegna, il capte de toute ses cellules la vibration de leur génie. Aussi je ne peux m'empêcher de citer ce qu'il écrit de ce Saint Sébastien.

"C'est un énorme chef d'oeuvre. Le corps torsadé du saint, les mains liées derrière le dos, s'enlève, criblé de flèches venant de tous les côtés. Il y en a au moins dix-sept, on les entend vibrer et entrer dans les chairs, elles construisent le tableau comme une cage ouverte.

 

L'oeuvre est puisamment autobiographiqe et fantasmatique. Impossible de ne pas être atteint par son intensité masochistement érotique.

Ce tableau est tellement déplacé dans l'atmosphère peu sanglante de Venise qu'il rafle la mise pendant un instant d'abîme. Un instant qui dure, puisque le martyre à l'arc est sans arrêt relancé. Supplice dans une maison d'or : un comble.

Mantegna, toujours en plein dans la cible, a peint une des plus belles Résurrections qui soient."

  Sollers a ressenti le mystère sacré de ce martyr,  cet homme torturé qui ne meurt pas. On ne représente jamais Saint Sébastien mort. Il vit par son martyre. Il reste debout, tourné dans un mouvement puissant vers le ciel. Phénix renaissant de ses cendres, il renaît de ses flèches.

     Regardons son visage. un oeil est presque fermé, presque mort, l'autre est grand ouvert et regarde vers la lumière. La bouche à moitié ouverte se crispe mais une esquisse une prière.

La chevelure est parcourue par le vent qui vient de la droite, du côté de l'oeil ouvert. Côté de la vie, de l'Esprit.

Mishima photographié en Saint Sebastien

Mishima photographié en Saint Sebastien

    Sollers évoque Mishima qui fut fasciné par l'image de Saint Sébastien dont l'érotisme a fait une icône gay. Mais c'est le Sébastien de Guido Reni qui attirait l'écrivain. Un Sébastien moins violent, presque féminin, le visage apaisé, le corps touché plus que traversé par quelques flèche, le pagne se défaisant sur le pubis.

 

Rien de tel chez Mantegna. Sébastien criblé de flèches est puissant comme un atlante. Son visage qui n'a rien de "joli" est travaillé par la souffrance et par l'aspiration vers la libération et l'envol.

 

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