Novembre commence avec ce portrait place du Tertre d'une baguette bien française, vedette internationale dont le prix grimpe en flèche!
2 novembre. C'est pas la carte qui te rend triste?
Triste comme ce mois sans lumière?
3 novembre. Touriste avec chien à roulettes.
4 novembre. Les cheveux se dressent sur ma tête!
6 novembre. L'homme sans visage. (Square Louise Michel)
7 novembre. Les ailes de Montmartre (rue Lepic)
8 novembre. Une pause dans l'escalier rue Paul Albert.
9 novembre. Quatuor de chiens, square Nadar.
10 novembre. Tapisserie d'automne rue André del Sarte.
"Automne malade et adoré" (Apollinaire)
11 novembre. Le marchand de marrons n'aime pas les photos.
12 novembre. Rue Utrillo. La rue la plus perchée de Paris.
13 novembre. Il faut savoir lever le pied!
14 novembre. Le voilier échoué (rue Berthe). Rêve de grand large.
15 novembre. La solitude du chanteur de rue. (Marches du Sacré-Coeur)
16 novembre. Pause-pose-sommeil
17 novembre. Place du Tertre sous la pluie.
La place enfin libérée des hangars des restaurateurs pour quelques mois.
18 novembre. Deux vieilles amies, square Nadar.
19 novembre. La famille royale en visite à Montmartre.
20 novembre. Le Lapin Agile et le cimetière St-Vincent.
Utrillo, Steinlen, juste là, contre le mur de la rue des Saules, si près du cabaret mythique.
21 novembre. Baiser mouillé square St-Pierre
22 novembre. Le Sacré-Cœur illuminé comme chaque année en rouge-sang en même temps que le Colisée, le Christ du Corcovado et d'autres monuments. Pour les Chrétiens persécutés, notamment en Orient.
23 novembre. Le guitariste solitaire.
24 novembre. On se protège du froid toutes les deux. (Square Nadar)
25 novembre. Ben non, la fumée ça ne se mange pas!
26 novembre. La procession de la fête du Christ-Roi.
27 novembre. Les dahlias du Château des Brouillards. Là où Nerval aurait aimé vivre.
28 novembre. Un grand soleil d'hiver éclaire la colline.
29 novembre. Photo familiale après accrochage du cadenas sur les grilles.
30 novembre. Une famille à 'heure du casse-croûte à la boulangerie "Mon copain".
Le musée de la rue Cortot présente quelques œuvres d'Eugène Delâtre, graveur, aquarelliste, dessinateur qui fut amoureux de Montmartre dont il a laissé quelques témoignages précieux.
Rue Norvins
Une occasion pour nous de le découvrir (ou le redécouvrir)
Vue de la place du Tertre (eau-forte)
Il est né en 1864. Son père Auguste est un imprimeur apprécié de ses contemporains.
Auguste Delâtre dans son atelier par Eugène Delâtre (1894) Eau-Forte et aquatinte en couleurs
on peut dire qu'il fut l'un des principaux rénovateurs de l'eau-forte et l'un des plus sollicités par les Impressionnistes.
Auguste Delâtre (1858). Eau-forte de Whistler
Ardent défenseur de la Commune il est contraint à l'exil à Londres avec sa famille pendant cinq ans.
Rue du Mont-Cenis et place de l'église (eau-forte et aquatinte) (Eugène Delâtre)
En 1876 la famille peut revenir à Paris et retrouver son cher Montmartre.
Auguste installe son atelier 2 rue Tourlaque puis 87 et 102 rue Lepic.
Eugène à 38 ans
"Ma binette" (Eugène Delâtre)
Eugène travaille avec son père et après sa mort continue son oeuvre. Il maîtrise parfaitement l'eau-forte en noir et blanc mais il n'a de cesse de mettre au point un procédé qui permette de restituer les couleurs.
Léon Carré
De nombreuses cartes-adresses sont imprimées alors, illustrées par Delâtre ou ses amis peintres.
(Steinlen)
Richard Ranft
(Henri Somm)
Eugène aime dessiner son quartier devenu la proie des promoteurs. Il en fixe l'image comme on fixe les traits d'un être aimé avant que le temps ne les estompe.
Rue Norvins et place de l'église
2 Impasse des deux frères
Le Lapin Agile
Percement de l'avenue Junot en 1914
Les deux moulins
Les 2 moulins plus aquarelle
De nombreux peintres de Montmartre viennent s'initier à la gravure dans son atelier (Braque, Derain, Mary Cassatt, Picasso, Pissarro, Steinlen, Rops, Lautrec, Valadon, Villon.... le liste est longue!)
Poulbot passe des journées entières avec son ami et réalise dans son atelier des gravures qui l'ont rendu célèbre.
Gen Paul, Jacqueline et Eugène Delâtre devant le Blute-Fin
Gen Paul est lui aussi un de ses fidèles amis. Il signe les gravures qu'il réalise avec Eugène Delâtre du nom de Paul Trelade, son nom de famille et celui de Delâtre en verlan!
Bal du moulin de la Galette (Gen Paul)
Eugène Delâtre parvient à force de tentatives et d'opiniâtreté à donner aux gravures des couleurs qui rappellent celles des aquarelles.
Autoportrait dans son atelier (1894) Eau-Forte et aquatinte
Marcel à la cigarette (1895). Eau-Forte et aquatinte
Enfant à la grille d'un jardin (Portrait de sa fille. 1895). Eau-Forte et aquatinte
Grand-père et enfant (Eau-Forte et aquatinte). Eugène Delâtre représente Auguste son père et un de ses enfants.
La partie de Chien Vert chez la Mère Catherine (1893) ("Le Chien vert" est une variante de poker)
Etudes (1905) Crayon et aquarelle
Parmi les grands peintres avec qui il a collaboré, impossible de ne pas citer Picasso dont Eugêne Delâtre réalise la gravure célèbre "Un Repas Frugal" en 1904 et les Saltimbanques en 1905.
Ce fut la chance pour cet artisan-artiste de vivre à Montmartre, épicentre de la création artistique au tournant des XIXème et XXème siècles et de collaborer avec quelques uns des plus grands peintres de son temps.
Il nous reste en témoignage toutes les œuvres qu'il a léguées à son quartier, engagé comme il l'était dans la Société d'histoire et d'archéologie du Vieux Montmartre.
La petite exposition qui lui est consacrée n'est sans doute que l'ébauche d'un hommage plus complet qui sera rendu un jour à ce graveur-dessinateur-aquarelliste qui a mis son talent au service des peintres qu'il admirait
Une de ses plus fortes créations, exposée rue Cortot est sans nul doute "En visite ou la Mort vêtue de fourrure (1897)
Une "pierreuse" glacée malgré ses fourrures racole sur le boulevard et vend l'amour et la syphilis.
Pas vraiment l'image frivole et insouciante du Montmartre des fêtes et du french-cancan mais un exemple de ce qu'aurait pu être la création d'Eugène Delâtre s'il avait donné libre cours à son inspiration.
Difficile de ne pas vous alerter trop tard et de vous inciter à rendre visite aux artistes qui exposent Villa Radet, place Dalida. En effet la Xème biennale organisée par la République de Montmartre se termine dès ce soir, après n'avoir duré que deux jours!
Pendant ces deux jours climatiquement calamiteux, des peintres-poètes nous ont offert un refuge où ils nous ont accueillis amicalement.
Il faudrait beaucoup de temps pour présenter les univers si différents dans lesquels nous avons voyagé.
J'ai choisi trois artistes qui m'ont particulièrement touché.
Blanche Neige et Peau d'Âne
Malgré le ciel gris et la pluie qui tambourine à l'extérieur, Reine Mazoyer enchante le monde par ses couleurs, son esprit d'enfance, la liberté de ses créations.
Elle ouvre de petits théâtres où revivent les contes de l'enfance transformés par sa sensibilité et son imagination.
Le peintre-magicien avec la cape de Mandrake vole au-dessus de la ville avec ses pinceaux. Il vole au secours des âmes tristes, des rue grises, des pensées noires. Il est léger avec ses semelles de vent et de battements d'ailes. Il n'est ni homme ni femme, il est l'un et l'autre. Les passants le saluent, attendant que leurs ombres chinoises se parent de couleurs.
Dans les catacombes, pays des morts, la vie reprend pour un défilé de mode fellinien. Les habits sacerdotaux dansent et virevoltent sous le regard des mafieux.
Le "Crocodile Circus" nous montre un dompteur magicien aux prises avec un alligator qui se métamorphose en sac à mains et garde dans sa gueule une trousse de maquillage. On rêve que les mâchoires se referment sur l'homme prédateur!
Reine Mazoyer porte avec elle un monde de formes, de métamorphoses, d'émerveillements enfantins. Souhaitons qu'une exposition lui soit consacrée bientôt à Montmartre.
Avec Franck Bostffocher nous entrons dans un univers intérieur énigmatique. Ses dessins de gouache et encres bien que modestes de format ouvrent sur un infini, une touffeur de forêts et de sous-bois. L'arbre semble frémir et penser de tous ses neurones.
Celui-là qui se dénude tend ses branches vers le ciel. Il me fait penser aux candélabres des synagogues. Il parle de mort et de vie. Si des feuilles jonchent le sol, le mouvement autour de l'arbre n'est pas descendant mais circulaire, comme le temps, comme les saisons.
Contraste ombre et couleurs dans ce paysage où les arbres se dressent dans un ciel qui frémit comme une eau touchée par le vent. Les feuillages jaunes résistent, derniers éclats de l'automne.
Ce dessin est celui que j'ai préféré.
Dans cette forêt bleue le cerf semble monter vers nous, altier, inquiet. Il fait corps avec la nature. Je devrais dire "cors". Les arbres et les cors se ressemblent. Ils font partie de la même forêt.
Avec Wabé nous entrons dans un monde fantastique peuplé de créatures en mouvements, en mutation, en métamorphose.
Elle est sœur par l'imagination de Niki de Saint Phalle.
Ce ne sont pas des nanas qui sous ses mains, naissent des monceaux de journaux qui ont servi à faire la matière de ses sculptures.
Ce sont des créatures que l'on ne peut assigner à aucune espèce. Êtres multiformes, différents selon qu'on les regarde de dos, de face ou de côté.
Parfois ces êtres ont une parenté avec d'autres artistes comme ce personnage cubiste qui prend des airs de Picasso mais abandonne l'épée pour la fleur.
Picasso
La sculpture la plus haute a été inspirée à l'artiste par Jacques Decour dont le lycée Rollin où il fut professeur prit le nom pour honorer le résistant, le combattant qui donna sa vie pour sa patrie.
L'arbre de la résistance se dresse avec les guerriers de l'ombre....
Avec les yeux fermés devant le peloton d'exécution...
avec à ses pieds la fécondité des feuilles et des fruits qui donneront naissance à d'autres arbres.
Le voyou de Sologne et à droite Wabé, aussi colorée que ses créations.
Xavier Blondeau
Cette présentation de la biennale qui a fermé ses portes bien trop vite est bien sûr subjective et incomplète. Bien des exposants présents dans la villa Radet sont d'authentiques créateurs originaux, des défricheurs.
Alain Bonnefoit
Je regrette que nous n'ayons pas été avertis plus tôt afin de mieux présenter une biennale qui, beaucoup trop brève, n'en a pas moins fait cadeau à beaucoup de belles rencontres et de vraies découvertes.
Marianne Le Vexier
Les trois artistes que j'ai présentés (rapidement) ici sont :
(Depuis ta mort les années se sont éteintes sans que jamais je n'aille sur ta tombe. J'avais écrit ce petit texte pour toi, pour te dire que ta tombe est dans ma poitrine)
Canope
Mon père est mort Posez sur lui le masque d'or Versez les parfums sur son corps
Mon père est mort fermez sur lui le sarcophage Avec le ciel et les nuages
Mon père est mort Venez des quatre coins du monde Hisser les pierres sur sa tombe
Mon père est mort Scellez la chambre funéraire Avec les lourds battants de fer
Mon père est mort Demain le temps profanateur viendra saccager sa demeure
Mon père et mort Mais nul ne trouvera son cœur Je l'ai volé aux embaumeurs
Dame Marie... veuve de Mr Lemort. Cette pierre tombale est un poème!
Qui se cherche se trouve...
Se rendre dans un cimetière est souvent chose triste. On y accompagne un ami à sa dernière adresse, on se recueille sur la tombe de parents qu'on ne parvient pas à imaginer sous la terre.
Et puis, en passant, quelques morts nous font un sourire. Leur nom accroche notre regard et on se surprend à le prononcer, comme ça, comme un tutoiement, une blague gentille. Et on se sent copains de balade... complices de ces amis d'un moment...
On est contents pour elle!
Une activité condamnable. (phonétiquement!) Les amis des oiseaux vont réagir!
Une famille pour la Caisse d'Epargne!
Une famille de Marseille ?
Voilà un ordre qui a été suivi au pied de la lettre!
Il y a dans la Manche un village qui se nomme Hébécrevon! Peut-être cette famille en est-elle originaire!
Qui se ressemble s'assemble!
Pépins en terre... Promesse de printemps...
De quoi fermer le cercueil!
Qui a eu cette idée folle
Un jour d'inventer l'école
C'est ce sacré....
Il manque le poisson!
Tu meurs ou tu meurs?
Etaient-ils concierges?
Un nom balzacien!
J'ai reçu des précisions émouvantes sur cette famille. Voici le commentaire :"Un nom balzacien certes car mon ancêtre a disparu au passage de la Bérézina en 1812 après avoir réalisé les ponts pour la traverser.
Il fut également otage du bey de Tunis lors de l'affaire des pontons sous le Directoire. Talleyrand le cite."
La chapelle est un cénotaphe car son corps n'a pas été ramené.
Elle est donc citoyenne du monde!
Dix mille fois ils ont dû préciser Corniau "sans D"!
Je croyais que c'était Félix!
Il devait donc s'attendre à ce qui lui est arrivé!
Beaucoup de particules pour un seul nom!
Voilà un abbé au nom prédestiné!
Mon p'tit doigt m'a dit que l'élève Grosdoigt n'a pas eu la vie facile tous les jours. Il portait pourtant un très ancien patronyme dont on trouve trace au Moyen-Âge, comme Courtecuisse, Bellejambe, Grossetête ou Courtcol....
Au hasard de mes prochaines balades, je rencontrerai sans doute d'autres sourires! Je les ajouterai à ma liste respectueuse et amusée!
Je rajoute aujourd'hui le vieux cimetière Saint-Vincent qui sourit lui aussi près du Lapin agile.
Comment faisait-on pour l'insulter? Pas facile quand on sait qu'on peut écrire conard ou connard si l'on en croit le dictionnaire de l'académie!
Mais pas cosnard!
Il aurait dû prendre son billet aller-retour!
Tant que le "G" gardera ses distances, nous ne pleurerons pas le père De Pierrot le Fou!
Elles étaient bien nées... comme dans un conte de fées!
Famille Courbe. "Ici ils reposent dans l'attente de la résurrection bienheureuse".
Cette dernière étant verticale, espérons que leur patronyme ne déviera pas leur trajectoire.
Enfin une exposition consacrée au plus montmartrois des Montmartrois, bien que suisse!
Il y a chez cet artiste considérable tout ce qui caractérise un homme généreux et engagé. Il est constamment du côté des pauvres gens du maquis et d'ailleurs, il est de toutes les luttes pour la justice et pour la paix, il est sensible à la condition animale et recueille les chats abandonnés. Il a créé l'icône la plus universellement connue de Montmartre, le fameux chat noir!
L'expo commence, dans la première salle, par rappeler sa fascination pour le chat, animal libre, sauvage, et beau comme un danseur qui ne se lasserait jamais de danser et dans son sommeil rêverait qu'il danse.
Ses peintures de chat sont parmi les plus belles qui aient jamais été créées.
Parce que ce peintre doué aimait les chats, les observait, les admirait et recueillait dans sa maison qu'il avait appelée Cat's Cottage ceux qui avaient besoin d'être soignés et nourris.
Il savait restituer sa douceur comme sa sauvagerie, son besoin de confort comme de liberté. L'exposition permet de découvrir quelques sculptures et des dessins qui viennent des collections permanentes.
Les chats auraient pu être l'objet unique d'une belle exposition. Espérons qu'elle sera organisée un jour! En attendant, Steinlen repose sous des rochers dans le cimetière Saint-Vincent, à 300 mètres du musée. Quand je lui rends visite pour peu qu'il y ait un rayon de soleil, un chat dort sur sa tombe, en attendant que vienne leur "apothéose" et qu'un chat plus décidé que les autres les entraîne sur la Butte, là où s'élève le Sacré-Coeur et où commença la Commune.
L'expo se poursuit comme elle peut dans des salles souvent trop exigües. On y rencontre le caricaturiste ou l'illustrateur de livres et de chanson.
Steinlen participa à de nombreux journaux comme sur cette couverture de La Feuille où il montre Zola à terre, lynché par les anti-dreyfusards.
Il est un des principaux illustrateurs du Mirliton, journal du Chat Noir d'Aristide Bruant.
les deux salles suivantes n'en font qu'une pour l'homme engagé.
Dans la première ses engagements politiques, sa révolte contre les injustices, sa fraternité avec la Commune.
La Commune
Le cri des opprimés. La Libératrice.
Dans ce tableau inspiré par la Liberté guidant le peuple de Delacroix, Steinlen représente le Révolution qui avec son flambeau désigne la forteresse à abattre. Cette forteresse évoque sans doute le Sacré-Cœur que Steinlen représente dans son "Apothéose" submergé par les chats!
On devine la statue du Veau d'or, symbole des pouvoirs de l'argent. Autour de la Libératrice, les mains dont les chaînes sont brisées se lèvent comme autant de cris.
Steinlen n'adhère à aucune chapelle, à aucun parti, mais il est de toutes les luttes qu'il estime justes et de tous les combats pour le peuple opprimé.
Il aime représenter ce peuple de travailleurs dont il se sent proche. Il va à Courrières après la catastrophe et peint les mineurs et les trieuses de charbon, dans une palette sombre et douloureuse.
Les Charretiers
Il porte grande attention aux femmes. Celles des petits métiers....
La porteuse de pain
La fille du faubourg
Celles qui sont contraintes pour survivre de se prostituer et celles qui malgré un statut social plus privilégié subissent les lois de l'homme. On dirait aujourd'hui du patriarcat.
L'expo se poursuit à l'étage supérieur prés de l'appartement et l'atelier de Suzanne Valadon. Le Christ est bien sûr dans le camp des pauvres et des petits, devant une hiérarchie trop nourrie et enrichie...
L'Intrus
"J'ai tenu à faire comprendre d'un coup d'œil la discordance absolue qui existe entre l'Eglise actuelle et l'évangélisme initial."
L'Apôtre
Bien sûr il est horrifié par la Grande Guerre. Il se rend dans les tranchées et dessine sans répit pour témoigner... Il montre également la conséquence du carnage sur les plus humbles, contraints à l'exode là où leurs villages ont été détruits.
L'exode
La Gloire
Un couloir étroit et sans recul expose quelques dessins et rares toiles de nu. Outre qu'il est très malcommode de les regarder, j'avoue qu'ils ne m'ont pas emballé.
La dernière salle est consacrée à Masseïda, gouvernante d'origine Bambara que Steinlen engagea en 1910 après la mort de sa femme.
Détente
Il prend plaisir à s'inspirer de Manet ou de Gauguin mais les portraits qu'il peint ou qu'il dessine de Masseïda montrent combien il la respectait. Il lui léguera d'ailleurs de nombreuses toiles.
C'est avec Masseïda que se termine l'exposition qui réussit à donner l'envie de mieux connaître Steinlen dans sa force, sa diversité et sa sensibilité.
Mais je choisis pour finir cet aperçu de ma visite un tableau qui est accroché devant "l'Intrus". Il s'agit de "la famille" on pourrait presque dire "La Sainte Famille" tant il s'inspire de la Renaissance. Ici le père n'est pas charpentier mais mineur de fond (le pic à son côté) et l'enfant n'est pas blotti contre ses parents mais il se dirige vers les autres, vers l'avenir. Allégorie de la confiance que voulait avoir Steinlen dans un monde meilleur et plus juste.
L'exposition de la Halle Saint-Pierre prend un chemin nouveau, quittant pour une fois l'exploration de l'Art Brut vivant, multiple, angoissant. Elle nous propose de découvrir 34 artistes de 13 pays qui ont choisi d'incarner leurs rêves, leurs fantasmes dans la céramique!
Aube (2023)
J'ai choisi les quatre artistes qui m'ont touché et qui sont toutes des femmes. La première est Maria Guilbert née en 1973 en Pologne. Elle a vécu son enfance à l'orée d'une forêt près de la mer Baltique et s'est sentie proche de la nature qui l'environnait. Ses œuvres oniriques sont des femmes-feuillages, femmes-fleurs, femmes-oiseaux.
Melancholia
J'ai pensé par opposition à Melancholia en voyant les mains d'une jeune femme fleurir et s'épanouir.
Mais avec Maria Guilbert tout se passe en douceur, en harmonie alors qu'avec Lars von Trier les mains électriques annoncent la fin de la planète.
Dans un cas c'est le début d'un jour printanier, dans l'autre celui d'une nuit éternelle.
Le contraire de la transformation désespérée de Daphné en laurier.
Métamorphose (2023)
La femme ne se métamorphose pas en biche mais en cerf dont les bois sont comme les branches d'un arbre. Une transformation qui abolit les différences, humain-animal, féminin-masculin...
Robe piège à la chouette (2023)
La robe-piège parle d'apprivoisement et non de capture. La chouette n'est plus dans la cage mais entre les mains complices de la femme.
La sentinelle (2020)
La sentinelle porte un cristal de roche, pierre de lumière, pierre sacrée qui pour les chamanes éveille la conscience.
Les visages des femmes de Maria Guilbert, modestes, paupières baissées comme les statues de Bouddha me font penser aussi aux peintures de la Renaissance italienne.
Maria Guilbert ne vit plus en Pologne mais dans une nature qui lui va bien avec ses oliviers et ses collines, le Luberon.
How I learned to stop worrying (2021)
La deuxième artiste qui m'a intéressé s'appelle Kirsten Stingle.
Elle est née n en 1970 aux Etats-Unis. Son expérience théâtrale est sensible dans ses visages qui sont comme des masques vivants et expriment des sentiments d'inquiétude ou d'interrogation.
"Comment j'ai appris à cesser de me plaindre" est un envol sur un narval-obus. La passagère reste gracieuse, parée comme pour un bal mais en réalité voyageuse, prête à toutes les découvertes. Non pas tournée sur elle -même mais en route vers d'autres ciels.
Les visages de céramique nous invitent à une rencontre avec un étrange qui paraît familier. Grimace, regard de côté, amitié féminine avec chevelure hérissée de porte-plumes ou bulles de savon.
Birds (Girls with birds) 2020
Christina Bothwell est née en 1960 aux Etats-Unis. Ses réalisations en verre moulé et raku jouent avec la lumière comme le faisait Gallé en 1900.
"Birds (Girls with birds)" fait penser à l'Egypte, aux fresques de dieux-animaux. Il y a quelque chose de mystérieux et de sacré dans cette procession immobile, portée par la lumière.
Awakening (2022)
L'enfant s'éveille sur la femme endormie. Naissance, lent déploiement au soleil de la chrysalide.
Strawberry Garden (2021)
Le cerf embrassé par l'enfant, ne fait qu'un avec lui tandis que participent à leur complicité les feuilles et les fruits du fraisier qui les caressent.
Blue chair (after Balthus) 2020
Hommage à Balthus et à ses fillettes lascives et solitaires ce fauteuil bleu accueille les herbes qui montent avec les papillons, un écureuil, un oiseau...
Un enfant rêve.
Balthus
Ascending (2020)
Encore un compagnonnage avec les animaux qui participent à l'élévation. De l'enfant-kangourou confiant entre les pieds de la jeune fille à l'oiseau entre ses mains. La lumière part de la terre et monte vers le ciel.
Ascending. Détail. Le kangourou
Mt Lion and unicorn (2022)
Voici pour terminer cette visite subjective Crystal Morey née en 1983 en Caroline du Nord. Proche de la nature et spectatrice des blessures que l'homme lui inflige, elle imagine un monde de créatures hybrides qui se seraient réinventées afin de mettre fin à la disparition annoncée des espèces.
The replanting elephant (2021)
Créature d'après l'extinction, l'éléphant réapparait, corps de femme, tête d'éléphant. Ganesh sensuel et heureux.
The replanting giraffe (Madona and child) 2021
La girafe fait de même, femme et animal, ni femme ni animal mais créature sacrée, madone et son petit pour une nouvelle religion sans crucifixion.
Venus on the waves (grizzly) 2019
Venus sort des eaux, elle a le regard curieux d'un grizzly qui oublie qu'il fut massacré.
Toutes ces créatures nouvelles sont faites de porcelaine, le plus fragile des matériaux. Un rien, une agressivité peut les détruire.
Voilà, je quitte l'exposition lumineuse de la Halle St-Pierre, si différente de celle qui vous attend dans la nuit du rez de chaussée, intéressante mais angoissante, entre folie et cauchemar.
Hey céramiques laisse la place à bien d'autres artistes dont certains interpellent ou fascinent mais je n'ai voulu présenter que ces quatre sculptrices, toutes habitées par le rêve, par l'imaginaire, par le talent. Elles apportent avec leur goût de l'enfance et de la nature un peu de poésie et de tendresse dans notre monde sanglant.
Comme chaque année, le défilé des Vendanges est un moment festif qui associe les Montmartrois à cet évènement qui rappelle la sauvegarde par Poulbot et les amoureux de la Butte de l'espace qui devait être bâti et où grâce à eux a été plantée la vigne qui rappelle le grand vignoble montmartrois disparu sous les lotissements.
L'été n'a pas jugé bon de persévérer jusqu'à ce 14 octobre.
Il a cédé la place à un automne frisquet et gris. Un temps qui correspond à la tristesse et à la peur que font naître les guerres et, hier, l'assassinat d'un professeur.
Est-ce la conjonction des deux qui explique qu'il n'y ait pas eu grand monde sur le parcours du défilé qui, parti du clos de Montmartre devait arriver à la mairie?
L'Ukraine était présente bien sûr comme l'année dernière. Les drapeaux jaune et bleu étaient les plus nombreux. Certains flottaient dans le ciel à côté des drapeaux français.
L'hymne ukrainien a été chanté à plusieurs reprises. Les spectateurs se sont tus et ont applaudi à la fin. Longuement.
La Géorgie aussi était présente avec ses jeunes habillés de rouge et de noir qui dansaient et chantaient pour rappeler que leur pays dévoré en partie par les Russes compte sur nous pour les soutenir s'il leur arrivait ce qui est arrivé à l'Ukraine.
J'aurais dû commencer par le commencement!
Le défilé a été comme toujours ouvert par les poulbots fidèles au poste.
Comme l'on sait leur nom leur vient de Francisque Poulbot qui soucieux d'aider les plus démunis, ouvrit rue Lepic en 1923 un dispensaire "Les p'tits poulbots" transformé plus tard en Association.
Après les poulbots, marchent en tête les membres, déguisés en Aristide Bruant, de la République de Montmartre avec le garde-champêtre, Bernard Beaufrère.
Je remarque depuis quelques années l'un d'eux qui vient avec son chien dans un sac à roulettes. Longue vie à tous les deux!
En bonne place avancent comme si elles glissaient sous leur robes à crinoline Miss Montmartre 2023, ses dauphines et Miss 2022...
Bon! Montmartre n'a pas encore revu sa copie féministe!
La Capoeira Viola de la rue Durantin
Envie d'un gros dodo
Les autres participants se partagent entre associations viticoles, sportives ou plus fantaisiste, dans l'esprit montmartrois.
Bandauê. Percussions samba-reggae.
Les Chapeaux Fous.
Les Déjantés. Je crois que je serais à ma place parmi eux!
Il n'y a pas que les viticulteurs qui profitent de la fête pour faire leur publicité.
Une créatrice de santiags Marion Fériel est du défilé avec un petit chien qui n'a pas besoin de santiags ni de talons hauts pour se dresser sur ses pattes!
Les Serbes très disciplinés!
Pour fermer la marche, des invités venus de la Forêt Noire, la Stadtmusik St- Georgen.
J'ai fait un choix personnel qui oublie pour une fois les confréries des vins de France et celle du célébrissime Clos de Montmartre.
Je penserai à elles l'année prochaine et je termine avec ces ballons rouges et gais devant la maison de Poulbot avenue Junot.
Les pissotières Decaux, laides et toujours occupées, ne suffisent pas puisque Paris sent la pisse des hommes (jamais les femmes) qui soulagent leur vessie gonflée de bière ou autre liquide, contre les murs, dans les squares, entre les voitures.
Un exemple repoussoir est la pissotière de la rue Ronsard, contre la Halle Saint-Pierre, véritable cloaque avec ruissellement d'urine sur le trottoir, stagnation dans les caniveaux et, cerises sur le gâteau, étrons de toute forme entre la pissotière et le mur.
Il vaut mieux avancer en kangourou en faisant des sauts sur le trottoir afin d'éviter de s'éclabousser !
Un autre exemple est la pissotière de la place Valadon, près du funiculaire. Elle est moins sale mais tout à fait insuffisante pour les milliers de touristes qui font "la queue" devant elle, si longtemps que parfois ils n'ont pas d'autre choix que de se soulager à travers les grilles du jardin.
Photo Le Parisien. Eric Le Mitouard.
La ville consciente du problème lance de nombreuses opérations pour disposer aux endroits critiques des "uritrottoirs" afin d'inviter les hommes à respecter l'espace public et en même temps de récupérer l'urine qui s'avère être un engrais naturel et écolo.
Photo Le Soir
Ces nouvelles pissotières (œuvres de Laurent Lebot) sont souvent ridicules et d'une esthétique discutable.
Elles comportent un bac supérieur avec de maigres géraniums ou fleurs anémiques. Dans la partie inférieure, de la paille permet de recueillir l'urine pour les composts. Situées à des endroits pittoresques du Paris romantique, elles ont suscité indignation et moqueries et d'uritrottoirs sont devenues horritrottoirs. Des fuites nombreuses ayant obligé les passants à marcher dans l'urine.
Devant le fiasco de ces uritrottoirs et le gaspillage de dizaines de milliers d'euros (et non d'uros) d'autres modèle sont apparus sur le boulevard de Clichy, non loin de Pigalle et du Moulin Rouge. Pauvre Montmartre!
Trois mâles peuvent s'y soulager ensemble, la hauteur des colonnes varie et permet aux grands comme aux petits d'opérer sans faire de gymnastique.
Elles sont le plus souvent inutilisées car elles sont exposées bien en évidence et obligent le pisseur à se hisser comme sur une estrade et à devenir un sujet de curiosité et de déclenchement de photos que ne manquent pas de prendre les touristes interloqués ou hilares.
Je me demande si des études d'acceptabilité ont été faites avant d'installer ces "machins" qui doivent être surélevés pour recevoir la fameuse paille.
La majorité des hommes n'aiment pas pisser sous le regard des autres. Pour être acceptées les pissotières doivent séparer par une cloison quelconque les urinoirs. Evidence négligée par les concepteurs ! On voit sur cette photo le regard inquiet jeté sur la piste cyclable, de l'utilisateur.
Le prix de ces ridicules édicules est exorbitant. Nous comprenons pourquoi les Parisiens ont vu leurs impôts fonciers augmenter de plus de 60%!
Et pour les filles????
Ces trucs moches et idiots sont je pense amovibles. Qu'ils disparaissent au plus vite ou bien qu'ils soient offerts aux élus responsables de ces merveilles avec obligation de les installer dans leurs jardins ou leurs cours!
Urinoirs aux Halles
Les très vieux parisiens qui ont connu les anciennes pissotières vous diront que c'était mieux avant.
Formule rabâchée et contestable qui pour une fois semble juste!!!!!