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Montmartre secret

Montmartre secret

Pour les Amoureux de Montmartre sans oublier les voyages lointains, l'île d'Oléron, les chats de tous les jours. Pour les amis inconnus et les poètes.

Publié le par chriswac
Les vieux cinémas boulevard de Clichy, Place de Clichy et avenue de Clichy.

Il y avait vers 1960 plus de 40 cinémas entre la place de Clichy et le boulevard Barbès. La plupart ont disparu. Le Louxor, le plus somptueux et le plus surprenant des rescapés les évoque dans une exposition exhaustive qu'il propose aux cinéphiles aux 2ème et 3ème étage.

    Commençons par sortir de l'oubli les 16 cinémas qui donnaient sur le boulevard de Clichy, sur la place et l'avenue éponymes  entre la place Pigalle et la Place de Clichy.

Les vieux cinémas boulevard de Clichy, Place de Clichy et avenue de Clichy.

11 place Pigalle

Le premier, Les Folies Pigalle, 11 place Pigalle, mérite tout un article tant son histoire est riche. Ne rappelons que son avatar cinématographique.

Entre 1908 et 1956, il fut tour à tour "Folie Pigalle", "Cinéma Odéon", "Pigalle-Studio", "Pigalle Palace" et enfin "Cinéma Pigalle" pour la dernière séance le 31 décembre 1956.

 

                                                                  En 1950

Aujourd'hui :

 

 

6 boulevard de Clichy : Le Ritz.

                    Peu avant sa destruction (photo "Nos cinémas de quartier")

En 1937 s'ouvre "Ce soir Pigalle" qui devient rapidement "le Ritz". Malgré son nom évocateur de luxe capitaliste, il projette des films militants du PCF.

La cause des peuples attirant de moins en moins le chaland, il se reconvertit dans le Kung-Fu, le western spaghetti puis le porno jusqu'en 1992.

Le voilà aujourd'hui (2024). Une plaque rappelle que ce fut la dernière adresse de Degas mort en 1917.

 

20 boulevard de Clichy

Un des rares cinémas qui n'ait pas disparu, l'Atlas, face à la place Pigalle. Il ouvre en 1959 et se spécialise dans un porno bas de gamme. Il faut dire que ses pratiquants ne viennent pas vraiment pour les films! Il est fréquenté par une population plutôt gay et par des travestis de toutes plumes. Il mériterait une bonne restauration tant il donne dans le déglingué et le glauque! 

Aujourd'hui :

 

23 boulevard de Clichy: Le Lynx.

Un cinéma créé en 1911 sous le nom d'"American Théâtre" qui comptait plus de mille places! Il avait pour architecte Marcel Oudin celui-là même qui conçut le "cinéma de la Madeleine". Il devient l'"American Cinéma" avant de se métamorphoser en "Lynx" et de voir sa façade modifiée. Le pauvre lynx va peu à peu péricliter, devenir une salle sordide qui disparaît en 1970 au profit d'un immense super marché du sexe.

 

34 boulevard de Clichy: Scarlett

Ouvert en 1938 sous le nom de "Vox Pigalle", il remplaçait "le Cabaret du Néant" (un des deux qui portait ce nom).

Alors que le film "Autant en emporte le vent" connaît un immense succès, le "Vox Pigalle" choisit de s'appeler "Scarlett" en 1951. Il tiendra contre vents et marées en proposant des films érotiques jusqu'en 1989. Il y a désormais à sa place un hammam-spa érotique, "Moon City".

 

43 boulevard de Clichy: Le Jean Renoir

Un cabaret ouvert en 1913 devient cinéma en 1935 en gardant son nom de "Moulin de la Chanson."

En 1962, il devient le "Candide" mais se mue très vite en "Cinéchoc". En 1966, il choisit, ce qui est exceptionnel sinon unique dans ce quartier, de devenir salle d'Art et Essai. Il prend le nom de Jean Renoir en hommage au cinéaste et passe des films en V.O.

Hélas le quartier n'attire pas les cinéphiles! Le "Jean Renoir" comme les autres se spécialise dans le porno avant de devenir un peep show

 

Aujourd'hui il a laissé place à un magasin bio qui cible la clientèle de plus en plus bio bio du quartier.

 

47 boulevard de Clichy : Comoedia

Le "Casino de Montmartre" se transforme en cinéma en 1933. Il se nomme successivement "Nouveau Comoedia", "Comoedia Ciné", "Comoedia Clichy". Il ferme en 1966.

 

 Pendant les années 60, indigence architecturale oblige, il est anéanti par un gros et laid immeuble.

 

64 boulevard de Clichy. L'Agora.

Le cinéma ouvre ses portes en 1932 et il est racheté deux ans après par un des frères Fratellini qui travaille non loin de là au célèbre cirque Medrano sauvagement détruit sous le règne d'un vandale très cultivé, Georges Pompidou!

En 1978 la salle est vendue et se spécialise dans le karaté, offrant à ses clients deux films pour le prix d'une séance. Elle ferme en 1995 et reste murée pendant une quinzaine d'années.

 

Elle sera intégrée dans le music-hall des 3 Baudets qui sur une bonne initiative de la Ville devient un établissement culturel avec salle et restaurant. Etablissement qui ressuscite un lieu célèbre créé par Canetti où se produisirent entre autres Brassens, Brel, Greco, Vian, Devos, Gainsbourg, Anne Sylvestre.... (nostalgie, nostalgie!)

 

80 boulevard de Clichy : le Colorado.

Il voit le jour en 1959 et se spécialise dans les films comiques.

Comme le public n'était pas très amateur malgré l'intérêt que Prévert, voisin de la Cité Véron semble lui porter,  il préféra se spécialiser dans les films d'horreur et devenir un des cinémas connus et reconnus des amateurs de frissons. Sa façade s'ornait d'un décor macabre et dans l'entrée trônait un cercueil de bois blanc.

Quand l'horreur fut moins rentable, il tenta le karaté devenu à la mode. En 1977 il changea de propriétaire et comme de nombreux cinémas encore actifs à Pigalle, il se convertit au porno sous le nouveau nom d'"Alpha-Blanche".

En 1982 il préféra l'érotisme partagé en devenant un club-vidéo gay.

 

En 1990 il eut pour dernier avatar ce qu'il est aujourd'hui : "La Diva-Mirliton-Café de Cuba!" Dancing, boîte de nuit, strip-club qui est à sa place à Pigalle!

 

Le Moulin Rouge. 82 boulevard de Clichy.

La transformation du Moulin Rouge en cinéma est un triste évènement pour les amoureux de Montmartre et de ses lieux mythiques. En 1929, la Goulue est morte et enterrée, le french-cancan ne fait plus recette, le célèbre music-hall  devient une salle de cinéma.

Une des plus grandes de Paris non loin du formidable Gaumont Palace. Elle propose 2400 places dans une salle tendue de rouge. Les grandes productions françaises et internationales y sont projetées.

Il ferme ses portes en 1980 pour devenir une discothèque avant que ne renaisse le cabaret célèbre malgré la perte de l'essentiel de ce qui était son architecture fin de siècle, si on excepte "le Bal du Moulin Rouge" qui, lui, a connu une résurrection dès 1951.

 

 

Le boulevard de Clichy fait un coude à angle presque droit vers la place de Clichy. Nous ne parlerons pas de l'extraordinaire Gaumont, rue de Caulaincourt, ancien hippodrome, joyau art déco dans les grandes années avant la destruction et le remplacement par le hideux immeuble de banlieue qui abrite hôtels et Castorama. Nous lui avons consacré un article. complet.

 

Nous nous en tiendrons strictement aux salles qui ont pour adresse le boulevard de Clichy, la place et l'avenue. 

Les Images. 132 boulevard de Clichy.

Le cinéma situé à proximité du Gaumont est ouvert en 1938 sous le nom de "Paris Soir Clichy".

Il le gardera jusqu'n 1947 où il devient "Les Images"

Dans les années 1980 il compte quatre salles. Mais en 1990 il est avalé par le "Pathé Wepler" dont il fait partie maintenant. Complexe moderne et de haute qualité son et images,

 

Pathé Wepler. 140 boulevard de Clichy.

C'est l'histoire d'un cinéma d'abord modeste, créé en 1956, qui de dédoubla puis devint boulimique en avalant ses voisins,  en 1889 "Les Images" au 138 boulevard de Clichy comme nous l'avons vu puis en 1994 sur l'avenue de Clichy le "Pathé Clichy".

Il compte aujourd'hui 12 salles.

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Le Pathé Clichy 8 avenue de Clichy.

Le plus vieux cinéma qu'il ait digéré se situe sur l'avenue de Clichy, il s'appelait "Le Métropole" lors de sa création en 1919. Dès l'année suivante il devint le "Le Select". Nous pouvons apprécier la belle façade de cette époque, complètement détruite aujourd'hui.

                                                           En 1952

En 1930 il devient le "Select Pathé" puis en 1971 le "Pathé Clichy"avant d'être intégré à son voisin boulimique le "Pathé Wepler".

                                                          Aujourd'hui

 Les Mirages. 7 avenue de Clichy

 

Puisque nous sommes sur l'avenue, restons-y un instant, le temps de tirer notre chapeau devant une des salles les plus dynamiques, les plus cinéphiles de Paris. C'est un lieu historique puisqu'il y avait à cette adresse en 1765 le Cabaret du Père Lathuile auquel nous avons consacré un article.

En 1906 y est ouverte une salle de music hall, le "Café Concert Kursaal". De cette époque date la magnifique charpente de Gustave Eiffel que nous pouvons voir dans la salle principale.

En 1930 le cinéma fait son apparition, d'abord "Eden" puis "Les Mirages". Après la 2nde guerre le cinéma est laissé à l'abandon et se dégrade jusqu'à ce qu'n 1973 il soit récupéré par Pathé pour devenir le "Pathé Clichy".

En 1996 il lui arrive ce qu'on pouvait rêver de mieux pour Paris, il devient avec l'appui de la Mairie et sous l'impulsion de l'ARP  (Association des Réalisateurs et Producteurs) un cinéma d'Art et Essai dynamique, lieu de rencontres, de débats, de festivals.  Rappelons que sa marraine est Fanny Ardant. 

Il est devenu avec le "Louxor" un temple pour les cinéphiles! J'y ai par ailleurs vu et entendu Godard himself sous la charpente d'Eiffel. 

                                                   Fresque dans l'escalier

                                                  Charpente Eiffel salle Jules Marey

Pour la troisième année, à chaque séance dans chaque salle le drapeau ukrainien est projeté. 

Il ne nous reste plus maintenant qu'à évoquer les deux cinémas qui ont la place de Clichy pour adresse.

Le Mery. 7 place de Clichy.

La salle ouvre en 1935 sous le nom de "Clichy", à la fois théâtre et cinéma. Il est rénové en 1963 et se transforme en "Méry" prénom de la femme du propriétaire.  Comme nombre de ses congénères qui avec la concurrence de la télévision et des video-clubs périclitent,  il se spécialise dans le porno dans les années 70. Il subsiste jusqu'en 1995 année où il éteint définitivement son écran. 

Plus tard, en 2003, sans changer d'aspect extérieur, il retrouve sa vocation première de théâtre. C'est le théâtre "Le Méry"

 

Aujourd'hui  à son emplacement nous trouvons des studios d'entraînement sportifs, Episod.

Mais constatons qu'heureusement la librairie qui a la même adresse et qui est une des meilleures de Paris a cru et embelli! 

 

L'Atomic. 10 place de Clichy.

Voilà le dernier des 16 cinémas qui participèrent aux écrans noirs de nos nuits blanches entre Pigalle, Blanche et Clichy.

Il nous permet de terminer la balade avec panache nucléaire! "L'Atomic"! 

Il apparaît en 1948 sous le nom d'"Amsterdam Clichy" (la rue d'Amsterdam étant proche) avant de choisir un nom plus éclatant! Il dérivera vers le porno et reprendra son nom de baptême "Amsterdam-Clichy" avant de disparaître au profit de la malbouffe. Le burger à la barre!

 

 

Les cinémas nombreux dans notre quartier sont à l'image de l'évolution de cet art populaire qui provoqua l'enthousiasme avant de se banaliser et de se trouver en concurrence avec la télévision.

Ils tentèrent de survivre grâce au porno puis disparurent pour la plupart. Aujourd'hui nous avons la chance, nous les cinéphiles de trouver très proches les unes des autres quelques salles vivantes, curieuses des cinémas du monde.

                                                            Le Louxor

Pas sûr que l'on puisse dire comme le font tant de gens "C'était mieux avant"! Exception faite pour le Gaumont dont les vandales qui souvent nous gouvernent n'empêchèrent pas la destruction pour y planter une verrue architecturale qui défigure à jamais le quartier.

 

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