27 septembre. Grande Côte. Comment un couple de retraités promène son vieux chien qui ne peut plus marcher.
29 septembre. Le goéland maître des tempêtes... Grande Plage.
30 septembre. Dialogue sur le port de La Cotinière. "Au revoir goéland! A l'année prochaine!"
Et voilà... le mois de septembre 2020 est envoyé dans le passé par octobre...
Ce fut un beau mois de plein été avant de se laisser gagner par le froid et de permettre aux vents du nord et de l'ouest de retrouver leur terrain de jeux.
Demain Paris et les rues masquées, Paris adorable et haïssable dont le deul défaut est de ne pas ouvrir ses fenêtres sur l'océan qui déjà me manque...
Il suffit d'emprunter les petites routes de Saintonge pour découvrir entre marais et forêts des villages clairs et fleuris. Champagne est l'un de ceux-là!
Ses maisons de pierres, ses vieux puits semblent n'avoir pas changé depuis des siècles, comme son église en partie romane.
Il est fait mention du village dès le XI ème siècle quand il passe sous la domination des Dames de Saintes alors que son église est confiée à l'abbaye de Saint-Romain de Blaye.
C'est une époque de développement économique dû en grande partie au sel recueilli dans les marais salants du pays.
L'église Saint-André n'a pas beaucoup changé depuis sa construction.
Elle a été épargnée par les guerres de religion qui ont saccagé tant d'édifices religieux dans la région, à commencer par l'abbaye voisine de Trizay, lieu unique dont les fresques du XVIIème siècle sont étonnantes de charme et de naïveté.
Au XVIIIème siècle le portail nord cesse d'être l'entrée principale. La porte est murée et c'est par la porte ouest que se fait l'entrée.
Le portail nord :
Deux arcs aveugles s'appuient sur des culs de lampe avec griffons (milieu du XIIème).
Les modillons sous la corniche illustrent tout un monde hétéroclite. Les sculpteurs pouvaient donner libre cours à leur imagination...
On y voit des monstres grimaçant, des acrobates, des harpies....
Les vents d'ouest ont pendant des siècles soufflé sur ces figures grimaçantes, les adoucissant peu à peu, les caressant pour les amadouer. Aujourd'hui les monstres cessent d'être menaçants, ils glissent vers l'abstraction, vers le retour au coeur de la pierre où ils sont nés.
Ce qu'il y a de plus beau ce sont les voussures sculptées. La première en partant du bas est une frise de marguerites étoilées.
C'est un des motifs les plus originaux, particuliers à la Saintonge. On retrouve ces fleurs à huit branches sur la frise extérieure.
La deuxième voussure est un entrelac décoratif autour de formes en S.
Palmettes et griffons animent la voussure extérieure : un dragon à queue de serpent, une pécheresse donnant le sein à d'immondes créatures...
façade ouest
L'ensemble est modeste et ne prétend pas rivaliser avec la splendeur décorative des grands édifices romans.
L'entrée se fait aujourd'hui par la façade ouest décorée d'une grande fenêtre en plein cintre qu'encadrent deux arcades aveugles. On y retrouve les motifs courants du roman saintongeais (marguerite à huit branches, palmettes...)
L'intérieur de l'église est à la fois sobre et lumineux. La nef romane est éclairée par le chœur gothique comme c'est souvent le cas dans les églises de la région. C'est un bel exemple d'adaptation d'une architecture à l'autre, d'un Moyen-Âge à l'autre...
On remarquera quelques chapiteaux décorés parmi lesquels les plus étranges sont ceux de droite : un visage épais et barbu, un autre visage dont barbe et moustaches sont formés de végétaux, une femme en coiffe... on ne sait exactement ce que les sculpteurs ont voulu représenter dans ces sculptures qui évoquent un art naïf et libre...
D'autres chapiteaux sont sculptés de têtes grimaçantes. Malgré tous les efforts de ces êtres monstrueux, l'église respire le calme et l'harmonie. Avec ses pierres claires et sa légèreté, elle convient à ce village dont le nom nous invite à la rencontre et au partage...
- J'aime les nuages... les nuages qui passent... là-bas... là-bas... les merveilleux nuages!"
Juillet 2020
Bien sûr, devant la beauté et l'étrangeté des nuages, on pense au poème de Baudelaire. Mais c'est ici, dans cette île qui navigue et fend l'océan plein nord du côté de Chassiron que les nuages se font le plus complices des dunes et des vagues...
Juillet 2020
Juillet 2020
Juillet 2020
Quelques rencontres avec eux pendant cet été si clair malgré la menace autour de nous d'une maladie inconnue et acharnée...
Juillet 2020
août 2020
août 2020
Quelques photos sans légendes car ce sont eux, les nuages qui sont raconteurs de légendes, grandes comme des voyages interstellaires....
La dernière fois que j'ai visité la belle église de Marennes, j'avais été frappé par la théâtralité et la force expressive d'une grande toile d'Omer Charlet, le peintre originaire de l'île d'Oléron dont plusieurs oeuvres sont exposées dans les églises de la région et au musée de Rochefort.
Omer Charlet (1809-1882) a été élève d'Ingres et de Gros à Paris et il a été reconnu et médaillé au cours de nombreux salons.
Il a connu Victor Hugo qu'il a hébergé dans sa maison du Château d'Oléron (dans la rue qui porte aujourd'hui son nom).
La grande toile de l'église de Marennes a été récemment restaurée. Elle est assurément la plus belle oeuvre du lieu et mérite votre visite autant sinon plus que les établissements ostréicoles!
Le sujet a été peu représenté, concurrencé par des martyres plus célèbres, André, Pierre, Sébastien qui ont inspiré de nombreux peintres. Je n'ai trouvé qu'une oeuvre sans génie, celle de Sacquespee peinte en 1659. Elle permettra de mesurer le gouffre qui la sépare de celle de Charlet.
Un rapide rappel de l'histoire contée dans la Légende dorée...
Adrien est un officier de l'armée de Galère (que diable allait-il y faire?). Les soldats sont chargés d'appliquer les décrets qui ordonnent la persécution et la mise à mort des chrétiens. Ce qu'ils font avec zèle comme toute bonne armée disciplinée.
Adrien qui ne manque pas de coeur est impressionné par le courage des chrétiens qui torturés à mort restent solides dans leur foi. Après une orgie de tortures infligées à 33 jeunes chrétiens, il se convertit, lui et sa jeune femme Nathalie.
Martyre de Saint-Laurent (Titien)
L'empereur le fait emprisonner, fouetter violemment. La légende raconte que les entrailles lui sortaient du ventre (ce qui lui vaudra plus tard d'être invoqué pour guérir les maux de ventre).
Icône : Adrien et Nathalie.
Apprenant que Nathalie parvient à le soigner en entrant dans les prisons, l'empereur ordonne sa mise à mort. On lui tranche les pieds puis les jambes et une main avant de jeter son corps au feu.
Icône orthodoxe, Adrien et Nathalie.
Nathalie qui l'a encouragé tout au long de son martyre veut se lancer dans le brasier mais une pluie violents l'éteint. Elle récupère la main de son époux et s'enfuit à Constantinople. En 1110 ses reliques et celles d'Adrien seront transportées au monastère de Grammont en Belgique.
Notre toile représente le moment où Adrien tenu sur une croix en X comme celle d'André (composition peut-être inspirée par la toile du Titien) va subir son supplice.
Le haut de la toile est occupé à gauche par les "autorités". L'empereur est dans l'ombre, le visage à peine discernable. Le contraste est fort avec la droite et le ciel lumineux où apparaissent les anges.
Le centre de la toile représente la foule qui assiste au martyre.
Le personnage central très expressif tente peut-être de convaincre le saint de renoncer à sa foi. Il retient la main du bourreau qui écarte la jambe du supplicié d'une main brutale.
Un autre personnage montre le ciel. Il encourage Adrien à tenir bon. Tous les regards sont tournés vers le bas, à part celui du bourreau qui attend l'ordre venu de l'empereur.
Sur la gauche Nathalie se tient près de son mari. Son visage est contre le sien. tous deux ont les yeux levés vers le ciel lumineux. Le visage du saint est beau de jeunesse et de vigueur. Il ne s'apitoie pas, ne cherche pas le réconfort en se tourant vers celle qui se tient près de lui. Les deux époux ne se regardent pas, ils regardent tous les deux vers le ciel.
Au premier plan, une coupe est renversée. La coupe du martyre, la coupe qui fut celle du Christ à son dernier repas.
La beauté du tableau tient avant tout à sa sensualité. Adrien est un athlète. On ne voit que lui dans le tumulte des assistants. Les jambes écartées, le visage levé évoquent une offrande totale de soi. Un abandon à un amour immense.
La sensualité de la scène nous rappelle que le plus profond mysticisme n'est pas abstrait mais profondément charnel. Le plus beau des livres de la Bible, le Cantique des Cantiques est un chant d'amour sensuel.
Certes la représentation des martyres, nus, offerts à toutes les agressions n'est pas sans ambigüité. Mais n'est ce pas une des caractéristiques des oeuvres fortes de prêter à divagations, discussions, rêveries?
La plage de Grand-Village (la Giraudière) a bien changé avec les années. Elle recule inexorablement, les hautes dunes sont devenues de basses dunes, les cailloux sont arrivés comme des intrus sur le sable fin... mais malgré cette évolution, elle reste belle et sauvage... sur des kilomètres (3 km pour la commune de Grand-Village).
Pendant l'été, elle se fait désirer et ne s'offre qu'à ceux qui font l'effort d'aller jusqu'à elle, à pieds ou à vélo. Oubliez les voitures! Pas de parking, pas de stationnement possible à moins d'un km! Et encore!
L'espace est géré par l'ONF et comme dans les villes la voiture n'est pas la bienvenue! La seule route d'accès fait le plein dès le matin et les plus chanceux qui auront pu s garer devront parcourir encore quelques centaines de mètres avec enfants, bouées, pelles, seaux, belle-mère....
Le seul chien autorisé! le chien surfeur du moniteur!
Pas de chien! Le meilleur ami de l'homme n'a qu'à rester à la maison ou bien dans un refuge de la SPA si pour être tranquilles ses maîtres l'y abandonnent au début de l'été quand ils ne laissent pas attaché à un arbre dans une forêt....
Pourquoi ne pas prévoir une zone réservée aux familles à chien, où seraient distribués des sacs de ramassage ?
.... Pour l'instant ceux et celles qui veulent aller à la plage avec leur compagnon à 4 patounes le font en empruntant des chemins de traverse et en s'installant hors des plages surveillées.
Que je sache ces endroits restent propres, ce qui n'est pas toujours le cas des zones officielles où il n'est pas rare de trouver le soir canettes de bière, mégots, couches....
Les vélos sont les rois et une belle piste cyclable les conduit jusqu'aux barres de stationnement. Mais là aussi le civisme est roi! Sur le bout de route piétonnier où les cylistes doivent mettre "pieds à terre", ils ne le font pas et slaloment entre les familles, les porteurs de bouées, les enfants. Nombreux sont les accrochages et si par malheur vous faites une réflexion aux contrevenants, ils réagissent violemment le plus souvent!
Un coup d'oeil en se pinçant le nez sur les seules toilettes de la plage. Toilettes sèches bien entendu. Une seule pour les quelques milliers d'estivants.
Bon! Vous voilà enfin sur la plage! Une zone étroite de surveillance des bains pousse les familles avec jeunes enfants à se regrouper au même endroit malgré les règles de distanciation que cette réjouissante période coronesque nous impose. Sur le panneau on peut voir que la zone de bains s'étend sur 300 mètres et les zones réservées au surf sur 2000 mètres!
Fuyez vers la droite plutôt que vers la gauche où l'école de surf occupe presque tout le terrain jusqu'à la Grande Plage de Saint-Trojan. Il suffit de franchir à peine deux cents mètres pour être au large!
A droite la plage surveillée et à gauche loin de la foule!
Un peu plus loin se trouve la plage naturiste où les adeptes de la nudité auront pour eux seuls un coin de paradis!
Les Alassins
Au-delà encore, c'est la plage des Allassins. Les habitués qui apprécient sa tranquillité peuvent la rejoindre en se garant sur la route côtière et en empruntant le chemin et la piste qui courent à travers dunes.
Voilà! Une belle plage, un océan qui joue le plus souvent avec les vagues, un ciel immense, des dunes où s'accrochent les oyats et les onagres et au loin la forêt...
Ne croyez pas la présentation officielle donnée par la mairie et le syndicat d'initiative : "3 km de sable blond... cerf-volant autorisé de 8 à 10 h... zones de surf, kite surf et char à voile délimitées..."
Depuis quelques années le sable blond est parsemé de cailloux... le cerf-volant virevolte toute la journée... les surfeurs vont partout sauf dans les 300 mètres surveillés (et encore)!
A marée basse les chars à voile font leur apparition et grâce au vent dominant qui est de noroît font des tours et des tours en évitant d'écraser un baignassout' imprudent! (un baignassout' est en patois local un touriste venu faire trempette dans la mer).
Le sport roi est le surf. Le matin les adeptes mijotent en attendant la bonne vague. Quand on les voit pour la première fois, on a l'impression que des phoques noirs et luisants sont alignés parallèlement au rivage.
la vague les métamorphose en funambules, en acrobates, en maîtres du monde avant de les envoyer bouler et de les ramener à leur dure condition de bipède à planche.
Pour terminer notre visite de la plage de la Giraudière, voici quelques photos de cet été 2020, comme une parenthèse entre déconfinement et reconfinement!
Sur la plage de la Giraudière à Grand-Village, les hautes marées apportent des épaves, branchages, arbres morts... des forêts déracinées qui ont perdu le chant de leurs feuillages.
Cette saison, un tronc couché a été redressé comme un totem et un estivant de passage y a mis des dessins. Art éphémère, art brut qui transforme pour quelques jours un arbre mort en poteau de couleurs.
Une pensée pour le Bateau ivre de Rimbaud :
"Comme je descendais des Fleuves impassibles,
Je ne me sentis plus guidé par les haleurs :
Des Peaux-Rouges criards les avaient pris pour cibles,
Les ayant cloués nus aux poteaux de couleurs."
Côté sud le visage est abstrait et fait penser à un masque africain, les yeux ronds et ouverts, comme une chouette.
Côté nord notre chef indien et une lointaine cousine de Betty Boop.
Entre les deux une figure mystérieuse de femme avec un arbre enraciné sur le crâne et une tête d'oiseau, entre aigle et goéland
Ainsi l'arbre s'anime, porteur de formes et de rêves : l'enfance des jeux d'indiens, le mystère du masque aux yeux de chouette, la sensualité de la femme aux lèvres rouges, la familiarité de l'oiseau qui fait de l'oeil ....
Et puis... renouvelant le feuillages, des plumes de goélands et de mouettes prennent naissance au sommet du tronc.
Soyez en sûr, elles se multiplieront
Deviendront des ailes
Emporteront l'arbre échoué dans les nuages où il reprendra racine et continuera son voyage....
Les fresques des murs latéraux sont plus endommagées que celles du chevet. Elles représentent les évangélistes au-dessus de scènes presque effacées, sur fond ocre rouge sur lesquels émergent des évêques.
I Mur latéral gauche.
Saint-Jean rédige son évangile. Il tient délicatement une plume d'oie, à moins que ce ne soit une plume de Saint-Esprit.
L'aigle, peut-être pour préserver son plumage, s'est envolé de la fresque.
Mathieu a gardé son ange qui le conseille et lui désigne le mur de la Nativité.
Il ne reste quasiment plus rien de ce qui a dû être un évêque.
Notons que tous les sujets choisis affirment, après les Guerres de Religion qui ont tant marqué la région, l'autorité et le dogme catholiques contestés par les réformés : la Vierge, les évêques, le pape...
Cet évêque-là n'est plus qu'une idée d'évêque ! Une vague silhouette, la ligne oblique d'une crosse, la silhouette possible d'un cheval...
Celui-là, sous la fresque de saint-Mathieu est plus visible. Il tient fermement sa riche crosse, il est vêtu d'habits brodés de fils d'or...
Et il ressemble bien malgré lui, après les dégradations des siècles, à une allégorie des vanités humaines, proche des danses macabres médiévales.
Il suggère un squelette habillé de précieuses étoffes et porteur des symboles du pouvoir et de la richesse...
Sous la voûte, les anges presque nus portent les armes du Christ...
II Le mur latéral droit
Saint-Luc (gauche) et Saint-Marc (droite)
Saint-Marc
Saint-Marc. Je crois deviner sur la droite, une grosse bête grise au visage renfrogné sensée représenter un lion.
Saint-Luc et son taureau. Curieusement, Luc, l'évangélistes qui nous parle le plus de Marie est le seul, sur ces murs à ne pas être tourné vers elle.
Au-dessous, très dégradé, le pape s'avance avec sa crosse à trois branches, insigne de sa fonction.
Il ne reste rien sur ce panneau, sinon cette tache rouge, coiffure épiscopale qui a survécu au visage qu'elle coiffait!
Peut-être s'agit-il de Saint-Saturnin, alias Sernin, alias Sornin à qui l'église est dédiée... le rouge étant la couleur du martyre et Saint Saturnin, comme chacun sait ayant été au 3ème siècle, traîné par un taureau sauvage et réduit en bouillie.
Et sous la voûte, les anges qui résistent mieux à l'outrage du temps, continuent de sourire et de porter vers le ciel étoilé les armes de Marie...
Dans leur écrin de pierres, les fresques aux couleurs chaudes, irradient doucement, comme des braises qui témoigent d'un grand feu qui s'éteint...
Pourquoi les fresques de l'église de Saint-Sornin sont-elles si peu connues alors qu'elles sont un témoignage remarquable de la peinture religieuse de la fin de la Renaissance?
Il faut s'asseoir dans le choeur et les regarder se détacher peu à peu, prendre vie et couleurs...
On a l'impression en découvrant ce qui a pu en être sauvé après le retrait de plusieurs couches de badigeon, de sentir la main de l'artiste qui les a créées.
Un artiste inconnu, un spécialiste des anges qu'il devait côtoyer, perché sur son échafaudage. J'ai lu quelque part qu'il s'agirait d'un certain Gaultier. je n'en ai trouvé aucune confirmation. Mais pourquoi pas Gaultier? Un nom de vieux terroir et de poètes médiévaux.
Bien qu'à l'évidence plusieurs peintres aux styles différents aient participé à la réalisation de ces fresques...
Dans la belle église romane, l'ancien choeur détruit par les Anglais a été reconstruit au XVème siècle. Un choeur gothique donc, composé de deux travées voûtées d'ogives, terminées par un chevet plat. C'est sur les murs du choeur qu'ont été peintes les scènes que nous découvrons aujourd'hui.
L'Adoration des Mages
Sur le mur du chevet, à droite, c'est la partie la mieux conservée. La comète comme un trait de feu désigne l'enfant qui est déjà un petit homme occupé à bénir ceux qui se prosternent devant lui.
Les corps penchés autour de l'enfant( la vierge et Joseph à gauche, les mages à droite) font autour de lui un cercle chaleureux.
Les visages sont doux et graves. Le peintre s'est sans doute inspiré des gens qu'il côtoyait. Ce sont des visages réels, individualisés, sans formalisme. La vierge aux grands yeux baissés fait une moue un peu ridicule, comme celle que l'on voit sur le visage des mamans qui grondent tendrement leurs petits.
Les bergers (nativité)
Sur le côté gauche, la fresque a été plus endommagée. Elle représente les bergers adorant l'enfant que l'on peut deviner, vague forme blanche dans les bras de sa mère. On peut tenter de voir derrière les mains jointes de l'homme du premier plan la tête du boeuf de la crêche.
Comme on peut imaginer l'âne aux oreilles grises à côté de l'épaule de Marie.
Ainsi devant ces fresques parvenues jusqu'à nous malgré vicissitudes et dégradations, sommes-nous invités à créer, à être peintre, à être poète.
La vierge a les yeux baissés et les mains jointes, tandis que dans les hauteurs l'ange qui a guidé les bergers, chante la gloire de dieu.
L'Annonciation
Toujours sur la mur du chevet, au-dessus des deux fresques de la Nativité, est peint l'archange Gabriel aux ailes rouges, descendant au milieu des nuages, fleur de lys à la main pour annoncer à Marie qu'elle va devenir mère de Dieu...
Cette fresque à elle seul assurerait à l'ensemble sa renommée... L'ange est beau, à la fois aérien et solide. Il apparaît entre ses ailes de feu comme l'ange de la Résurrection.
J'interprète sans doute mais j'aime penser que le peintre a voulu que cet ange de Noël fût aussi celui de Pâques.
Marie agenouillée reçoit bras ouvert l'apparition. Son visage déjà est tourné vers la terre.
Au-dessus de cette scène, sous la voûte piquée d'étoiles, on peut distinguer un ange un peu dodu qui porte la couronne destinée à la servante du seigneur
De l'autre côté, une assemblée d'anges contemplent et commentent... comme s'ils étaient installés dans un salon de nuages, en train d'échanger les dernières nouvelles!
La tonalité brun rouge de l'ensemble me fait penser sans chercher de cohérence aux murs de Pompéi et à l'effacement des images. Ici aussi il y a eu incendies, morts, destructions... et cette présence obstinée de la trace humaine, de la peinture comme d'un entêtement de la vie et de la beauté.