3 février. Un animal-tag hérissé de cheminées. Rue Muller.
4 février. La danse en rouge. Square Louise Michel.
5 février. Dans le ciel de Paris. Escaliers du Sacré-Coeur.
6 février. Le Triton vous surveille! Fontaine des Tritons.
7 février. Miroir, dis-moi que je suis la plus belle! Square Louise Michel.
8 février. The red umbrella.
9 février. Une seconde immortalisée sur les marches de la vie!
10 février. Rue de Steinkerque. Entre pluie et rayon de soleil. Une menace semble approcher...
11 février. La cariatide de la fontaine Wallace place des Abbesses se croit dans un film de Cocteau!
12 février. Le peintre aux pigeons. Place du Tertre.
13 février. Hommage à Adolphe Sax qui vivait à Montmartre et qui passe son éternité au cimetière de Montmartre.
14 février. A chacune sa dive bouteille!
15 février. A Montmartre on a des ailes! Rue Saint-Eleuthère.
16 février. Fin d'après-midi rue Muller.
17 février. Sur la tombe d'Otto Klaus Preis, la statue de Paul Landowski, Jabel le berger.
18 février. La rue Hermel à 10h le matin.
19 février. Un banc sur le monde....
20 février. Récréation dans le bassin des tritons.
21 février. Tête à tête avec le soleil.
22 février. Au début des marches. Temps des promesses.
23 février.Fenêtres sur nuit! Rue Lamarck.
24 février. Du vent dans les voiles. Rue du Cardinal Guibert.
25 février. Portrait sous la pluie. Place du Tertre.
26 février. Un rayon de soleil rue Norvins.
27 février. Ménage dans le ciel noir.
28 février. Une éclaircie après une journée de pluie glaçante. Depuis une fenêtre e la rue Paul Féval.
29 février. Un jour de plus en février. Malgré le temps de chien, les narcisses et les jonquilles fleurissent dans le square Louise Michel, symbole de vie et de beauté dans un monde angoissé où les virus s'en donnent à mort joie!
La gaité, l'humour, l'intelligence, l'ironie, le champagne... c'est une part de l'insouciance et de l'impertinence du 2nd Empire, des oeuvres d'Offenbach, des opérettes doux-amer... c'est tout cela qu'évoque ce nom qui fut célébrissime : Henry Meilhac.
C'est tout cela que pleure comme irrémédiablement perdu cette muse qui penche son visage vers la terre.
C'est une des plus belles tombes du cimetière de Montmartre, figure de proue de la 21ème division entre l'avenue Berlioz et l'avenue Cordier.
Elle représente la Douleur.
Sans doute Meilhac aurait-il préféré avoir pour compagne d'éternité la danseuse de l'Elysée-Montmartre!
L'Elysée Montmartre
Il est typiquement ce qu'on appelle un bon vivant. Il aime la vie et ses plaisirs, il aime regarder vivre ses contemporains et c'est avec humour, avec mordant mais aussi avec une certaine sympathie qu'il les représente dans ses comédies.
Il est bel homme et refuse le mariage qui lui imposerait un cadre dont il ne veut pas et qui le priverait de sa liberté de vagabondage!
Il a commencé sous le pseudonyme de Talin par le dessin dans le "Journal pour Rire" (1852-1855) où sa fantaisie pouvait se donner libre cours.
Meilhac (debout) et Halévy
Mais la grande rencontre de sa vie c'est celle, en 1860, de Ludovic Halévy (presque voisin au cimetière de Montmartre). Leurs deux noms vont former un tandem inséparable pendant près de 20 ans!
Les livrets des plus célèbres opérettes d'Offenbach sont leur oeuvre : La Belle Hélène, La Vie parisienne, La Grande Duchesse de Gerolstein, la Périchole....
Caricature de Meilhac (gauche) et Halévy.
Leur proximité d'esprit avec le grand musicien est telle que paroles et musiques nous semblent ne faire qu'un. La virtuosité, le génie d'Offenbach irriguent les paroles des librettistes, la drôlerie, la fantaisie des paroles donne aux airs célèbres un peu plus de piment....
La collaboration de ces trois hommes est unique et féconde. Elle est le témoin d'une époque d'ivresse et de plaisir qui était capable de se moquer d'elle même et de ses travers et qui pressentait qu'elle dansait sur un volcan...
Meilhac et Halévy ont également écrit le livret de Carmen, de Manon de Massenet. On leur doit aussi celui de l'opérette la plus célèbre de Charles Lecoq, Le Petit Duc.
Meilhac a encore écrit des vaudevilles. Certains ont connu un grand succès comme Frou-frou.
Sarah Bernhardt dans Frou-frou
Sa modernité vient de son humour parfois absurde, des situations improbables, de la loufoquerie des mots, de la préciosité ironique de ses aphorismes. Ce goût parfois trop prononcé de Meilhac pour ce qu'on pourrait appeler un surréalisme de comédie, a dû être pondéré par Halévy qui se prenait plus au sérieux.
Néanmoins Meilhac, en 1888, fut accueilli à l'Académie Française, quatre ans après son compère Halévy.
Sépulture Halévy au cimetière de Montmartre
Il meurt en 1897 au coeur d'une Belle Epoque dont il avait été un des représentants les plus iconoclastes.
"En témoignage de sincère admiration et d'affectueuse gratitude ce monument fut élevé par un ami"
C'est son ami Louis Ganderax avec qui il avait dirigé la Revue de Paris et écrit "Pepa", pièce créée à la comédie française, qui commande en 1900 la statue qui orne le monument funéraire dessiné par l'architecte Louis Dauvergne.
Louis Dauvergne a laissé dans le XVIème arrondissement, rue de l'Alboni, un groupe remarquable de huit immeubles. Il est connu également pour avoir veillé à l'achèvement de l'église Saint-Pierre de Neuilly dont l'architecte Alfred Dauvergne était son père.
Albert Bartholomé (1848-1928), l'auteur de la statue, est un de nos grands sculpteurs. Il est lié à Montmartre où il rendait visite régulièrement à son ami Degas. Un autre peintre était un de ses proches, Puvis de Chavannes.
L'influence de ce dernier est sensible dans l'élégance un peu hiératique de ses sculptures. Avec lui il fait partie du mouvement symboliste de la fin du XIXème siècle.
Le monument aux morts (la Porte de l'au-delà) au Père Lachaise
Le chef d'oeuvre qui l'a fait connaître et reconnaître c'est son monument aux morts du Père Lachaise qu'il appelait "la Porte de l'au-delà".
Cette oeuvre sérieuse et austère au questionnement métaphysique n'évoque pas vraiment l'univers de Meilhac. Pas plus que la douleur assise sur son tombeau.
On imagine que serait plus à sa place la Danse de Carpeaux qui orne la façade de l'Opéra, à quelques mètres de l'immeuble où mourut Offenbach et non loin de celui où mourut Meilhac
Cette petite artère entre les rues Marguerite de Rochechouart et du Faubourg Poissonnière peut paraître anodine et sans éclat. Elle fait pourtant partie de l'histoire de Montmartre, modestement mais sûrement!
Il y eut, dans cette campagne proche du centre de Paris, en 1818, les Promenades Egyptiennes, un parc de beaux arbres où avaient été installées les célèbres "Montagnes Egyptiennes"
Il s'agit des ancêtres des montagnes russes. De hauts pylônes soutenaient des cables sur lesquels glissaient des chariots qui avaient été élevés par treuil jusqu'à la plate forme de départ.
Face à la rue du Delta le 166 Faubourg Poissonnière évoque l'Egypte.
Après plusieurs accidents, les montagnes furent démontées et les Promenades égyptiennes devinrent en 1819 le jardin du Delta.
Courses de char, divertissements, feux d'artifice de Claude Ruggieri lui permirent de perdurer jusqu'en 1824 et la décision des propriétaires de trouver un meilleur profit en lotissant la rue.
Rue de Dunkerque
La rue prend naturellement le nom de Delta. Un nom qui plaît puisque qu'il n'y aura pas moins de trois rues qui l'évoqueraient : rue Neuve du Delta (aujourd'hui la partie la plus orientale de la rue de Dunkerque), rue du Delta-Lafayette (aujourd'hui rue de Valenciennes près de St Vincent de Paul).
La seule qui porte encore ce nom c'est notre rue qui va du Faubourg Poissonnière à la rue Marguerite de Rochechouart (200mètres).
Le 1
Le premier immeuble côté impair est une belle construction industrielle 1900, aujourd'hui siège des éditions du Regard.
Le 6
Peu d'immeubles d'avant 1850 ont subsisté. Il y avait au 6 à l'emplacement d'un indigent immeuble moderne, la société des "Berlines du Delta" créée en 1828 par Leboulanger et Varin.
Elle voulait concurrencer les fiacres connus pour leur saleté et la grossiéreté de leurs cochers. 150 berlines confortables, propres, d'un jaune éclatant transportèrent les parisiens pendant 22 ans!
Les berlines cédèrent la place à une manufacture unique en son genre puisqu'elle exploitait un brevet de Béziat qui avait inventé le premier réchaud à gaz de pétrole.
Le 7 aujourd'hui
Le 7 jadis
Il faut de l'imagination pour voir à l'emplacement du 7 la vieille maison un peu branlante qui fut un lieu de rencontre et de vie de quelques grands artistes du début du XXème siècle.
Un grand amateur d'art et mécène, Paul Alexandre, prit possession temporaire de l'immeuble programmé pour la démolition quelques années plus tard.
Il mit à la disposition d'artistes fauchés (comme ils le sont presque tous en début de carrière) des ateliers ainsi que des parties communes dotées d'un relatif confort. Brancusi en est un des hôtes les plus illustres...
7 rue du Delta (de gauche à droite, Drouard, Doucet et sa femme,
Modigliani après avoir été chassé de son atelier dans le maquis, rue Caulaincourt, après avoir couru de pension en meublé, après avoir occupé une remise de planches place Jean-Baptiste Clément, finit par accepter en 1907 la proposition de Paul Alexandre de disposer d'un lieu de travail dans cette maison.
Il profita alors de l'atelier qui lui était offert sans vraiment s'intégrer à une vie communautaire qu'il n'avait jamais aimée.
Il ne quitta la rue du Delta que deux ans plus tard quand les démolisseurs s'attaquèrent à la vieille maison qui appartenait à la commune.
Paul Alexandre trouve un refuge non loin de là, rue Dancourt. Une photo montre l'exode d'un lieu à l'autre, avec une charrette qui trimbalait quelques chefs d'oeuvre de Modigliani!
Le 8-10
Opulent immeuble aux 8-10, témoin de l'embourgeoisement de la rue qui perd une à une ses vieilles maisons de plâtre.
Il a été édifié en 1904 par l'architecte Ch. Lefebvre dont on connaît quelques réalisations à Paris.
Le 12
Le 12 évoque le nom de François Appel (1821-1882) né en Saxe et naturalisé français en 1858. Il est un des lithographes les plus en vogue dans la 2ème moitié du XIXème siècle.
Il possédait d'immenses ateliers qui allaient de la rue du Delta jusqu'au boulevard de Rochechouart. 240 ouvriers y travaillaient encore l'année de sa mort!
Si l'adresse officielle était bien rue du Delta, la façade de prestige donnait sur le boulevard Rochechouart.
Au 13 actuel, un buste de bronze rend hommage à Senefelder, l'inventeur bavarois de la lithographie. Deux enfants, de part et d'autre s'initient à cet art débutant.
On s'arrachait les calendriers, les images publicitaires, les boîtes décorées qui sortaient des ateliers de François Appel....
Il était sollicité pour créer des affiches dans un style qui plaisait à l'époque, coloré et réaliste.
Le 15
Le 15 est un bel immeuble qui porte le nom de son architecte et sa date de construction : Tardif Delorme, 1892.
Le 15
Tardif Delorme a réalisé plusieurs immeubles à Paris, comme le 47 rue des Archives.
Dans le local du rez de chaussée travaillait au début du XXème siècle un encadreur dont les cartons publicitaires étaient distribués dans le quartier. Ils étaient illustrés par Willette, le créateur du Pierrot de Montmartre qui n'hésitait pas à rappeler son village en dessinant les moulins de la Butte.
14 rue du delta
Au 14, un vieille photo nous rappelle que ce fut l'adresse de l'atelier d'un mécanicien ...
Le 26
Le 26 est une des rares maisons qui ont subsisté malgré la spéculation immobilière déchaînée. Elle abrite des artistes après avoir été pendant des années le siège et les bureaux du premier hebdomadaire consacré au cinéma : le film.
C'est avec cette maison cinématographique que nous quittons la rue du Delta pour remonter la rue marguerite de Rochechouart et passer sur la place que les habitants du quartier appellent place du Delta bien qu'elle n'ait pas de nom sinon celui des rues qui la forment...
Un peu plus bas, le cinéma Le Louxor lance dans le ciel parisien ses disques solaires…
Décidément vivre à Paris c'est voyager sans cesse dans le temps et l'espace, dans la réalité et les rêves!
Polaire (1874-1939) n'est pas vraiment montmartroise mais elle a été peinte ou croquée par des artistes de la Butte … notamment le plus montmartrois d'entre eux, Toulouse Lautrec.
Polaire (Lautrec)
… Et il était impossible qu'elle ne passe pas dans les cabarets montmartrois où les débutants et débutantes ne manquaient pas de tenter leur chance.
Edmond bouchaud dit Dufleuve
Elle quitte son Algérie natale alors qu'elle n'a que 16 ans pour rejoindre son frère Edmond Bouchaud qui faisait carrière au café concert sous le nom de Dufleuve.
Ce frère qui prit soin de faire connaître sa sœur aux directeurs de salle qu'il connaissait et qui s'illustra en écrivant des chansons pour Dranem, Fréhel, Polin, Maurice Chevalier… (Fréhel puis Gainsbourg reprendront l'une d'entre elle : la Coco).
La tradition la fait débuter à l'Européen alors que selon toute vraisemblance c'est à Montmartre, à la Cigale qu'elle fit ses premières armes.
Elle en parle dans ses mémoires : "Je me revois achetant une chanson à un sou, ignorant ce qu'était une orchestration et débutant le cœur angoissé sur les planches de la Cigale, six mois après j'étais lancée."
Elle était lancée! elle avait séduit par sa présence nerveuse, sa manière expressionniste de bouger et par sa taille incroyablement fine, sa taille de guêpe qu'aucune élégante de la Belle Epoque malgré les corsets les plus contraignants n'égala jamais!
Elle détient d'ailleurs le record Guiness de la taille la plus fine (titre partagé avec la britannique Ethel Granger) de 33 cm!
Dans ses mémoires, elle dit comment, pour s'amuser, des messieurs pouvaient entourer sa taille de leur faux col!
Le Concert Européen rue Biot.
Après quelques mois à la Cigale, le succès aidant, c'est à l'Européen qu'elle est engagée dans un autre music-hall montmartrois proche de la place de Clichy.
Cette salle où a débuté Fragson se spécialisera dans les opérettes et notamment celle qui aura un succès immense (et disproportionné) Phi-Phi.
C'est alors qu'elle éprouve la nécessité de se trouver un nom d'artiste, Emilie Bouchaud n'ayant rien d'exotique ni d'accrocheur. Il ne m'étonnerait pas que ce fût sur la Butte d'où l'on contemple le plus beau ciel de Paris, qu'elle ait eu l'envie, devant les étoiles qui éclairaient la nuit, de choisir le nom de l'une d'elle, la plus brillante de la constellation de la Petite Ourse, l'Etoile Polaire.
Choix judicieux et poétique s'il en est, feu et glace à la fois!
Ce nom va vite devenir célèbre et attirer la foule à la Scala. Polaire est ce que l'on appelle alors une "gommeuse épileptique", mélange de femme aguicheuse et de danseuse expressionniste aux gestes saccadés. "Je fis tout de suite des gestes exaspérés. Projetant ma tête en arrière, je chantais avec mes cheveux battant au vent, avec mes narines frémissantes, avec mes poings crispés."
Polaire vue par Léandre
Plus tard Polaire sera sévère avec ce début de carrière qu'elle jugera vulgaire et composé de chansons médiocres et à double sens "des idioties, des pornographies".
En 1895 Le Rire publie le célèbre dessin de Toulouse Lautrec qui, reconnaissons-le, ne rend pas justice à son charme juvénile mais saisit plutôt une attitude et une ambiance.
On ne comptera plus le nombre de dessinateurs et caricaturistes qui la prendront pour sujet, surtout quand, devenue actrice, elle recevra des louanges quasi générales de la critique dans le rôle de Claudine que Willy lui a confié en 1905. Colette écrira : "Elle comprenait ce qui était nuance, finesse, arrière pensée, et le traduisait à merveille."
Ici s'enracine une rumeur tenace.
Il y aurait eu une liaison amoureuse et passionnée entre Colette et Polaire. La rumeur est née d'une confidence de l'écrivaine à une de ses amies, disant qu'elle aurait aimé coucher avec Polaire.
Colette
Rien n'atteste que ce voeu soit devenu réalité. Polaire n'a jamais montré de goût pour le lesbianisme. Au contraire, elle avait un jugement définitif et plutôt moral sur la question : "Tant de légendes ont pu s'échafauder sur moi, alors que je n'ai jamais pu comprendre les mœurs anormales".
Et c'est sans empathie qu'elle joua le rôle d'un travesti au théâtre dans "Le P'tit Jeune Homme"
Jean Lorrain (Nicolàs Rosenfeld)
Ce qui ne fait pas d'elle une homophobe. Elle appréciait au contraire ses amis homosexuels et notamment Jean Lorrain, le plus célèbre d'entre eux dont elle dira dans ses mémoires : "Grâce à lui tout prenait intérêt, les plus humbles détails s'enrichissaient de poésie"
Un autre passage mémorable de Polaire à Montmartre a pour cadre le plus célèbre des music-halls, le Moulin Rouge. Colette elle-même s'y'était produite en 1907 dans "Rêve d'Egypte". Elle dansait avec son amie Missy et les deux femmes provoquèrent un scandale en s'embrassant interminablement et langoureusement au dernier tableau.
C'est deux ans plus tard, en 1909, que Polaire est engagée à son tour au Moulin Rouge pour jouer dans la pièce "Ma gosse" d'Yves Mirande et Henri Caen.
Dans la même soirée, elle interprétait "La danse noire" dans la tradition épileptique qu'elle avait illustrée à ses débuts. Pendant cette "danse de barrière violente, tragique et passionnée", elle se blessa au bras sans interrompre cependant son numéro.
Elle aura encore un lien avec Montmartre en 1910 en jouant dans la pièce homonyme de Pierre Frondaie au Théâtre du Vaudeville.
Mais c'est surtout sur les boulevards qu'elle se produira, un peu loin de la Butte qui se dessine au loin avec sa basilique qui s'achève enfin.
Elle fut aussi actrice de cinéma et tourna dans une vingtaine de films dont 5 de Maurice Tourneur.
Pour ma part j'ai une tendresse particulière pour elle qui figure sur un tableau peint par Marcel Matho et qui pendant des années fut accroché dans l'atelier du "roi des photographes" de la Butte, François Gabriel.
Ce tableau n'a pas quitté Montmartre. Il m'a été confié par la petite fille du photographe. Polaire, rieuse et mutine, y est pour longtemps un éclat de soleil venu de la Belle Epoque.
1er janvier. Dans la brume le Sacré-Cœur comme un monstre aux yeux fixes!
2 janvier. Plongée dans les nuages du soir. Square Louise Michel.
3 janvier. Créature de Guimard. Métro Blanche.
4 janvier. Passage Cottin.
5 janvier. Rue Foyatier. Le funiculaire est en grève.
6 janvier. Baiser de paix!
7 janvier. Pas de touristes… On plie les voiles!
8 janvier. Les cheminées du soleil, rue Feutrier.
9 janvier. Questionnement. Basilique du Sacré-Coeur.
10 janvier. Lumières de pluie sur Montmartre.
11 janvier. Guerre et paix.
12 janvier. Comme dans un conte… les souliers rouges?
13 janvier. Toi Paris tu m'as pris dans tes bras...
14 janvier. Confort relatif sur la rampe de l'escalier du parvis.
15 janvier. Des chemins dans le ciel. Rue Muller.
16 janvier. La statue amicale.
17 janvier. Ceux qui partent et ceux qui restent. Boulevard Barbès vers la gare du Nord.
18 janvier. Chanteuse des rues. Rue Saint-Rustique.
19 janvier. Dimanche matin square Louise Michel. Nous ne vivons pas tous dans la même saison!
20 janvier rue du Chevalier de La Barre.
21 janvier. Le chevalier de La Barre tourne le dos au Sacré-Coeur.
22 janvier. Cours de boxe rue Foyatier
22 janvier. Rue du Calvaire.
23 janvier. Rue Norvins
24 janvier. Rue du Mont Cenis, 15h25
25 janvier. Le joueur de oud...
26 janvier. Saint-Louis fait la paix avec les nuages.
27 janvier. Michou de Montmartre est mort hier. Tout le monde l'aimait dans le quartier. Rimbaud et Verlaine ont mis pour lui une veste bleue! (rue Nicolet)
28 janvier. La mariée était en rouge. Chevet du Sacré-Coeur.
29 janvier. Montmartrobus, arrêt Place du Tertre.
30 janvier. Le seul rayon de soleil de la journée, rue Paul Albert.
31 janvier. Du soleil et un baiser sur les marches du Sacré-Coeur. Un mois qui se termine bien!
Nous n'étions pas revenus depuis 4 ans rue Nicolet pourtant si proche. Ce fut donc une belle surprise de découvrir qu'elle avait été décorée de portraits peints par RueMeurt d'Art (Jean-Marc Paumier) sur les murs en hommage aux célèbres habitants ou passagers de la rue.
Au 14,ce qui n'était qu'un petit hôtel à la campagne fut acheté en 1860 par un ancien notaire féru d'art et d'antiquités, Mr Mauté de Fleurville, ami du dernier maire de Montmartre et premier maire du XVIIIème qui partageait sa passion, Jean-Baptiste Tretaigne.
Monsieur Mauté de Fleurville avait pour épouse une jolie femme, artiste jusqu'aux bout des doigts puisqu'elle aurait eu pour professeur de piano Chopin en personne!
Elle est veuve du marquis de Sivry à qui elle a donné un fils, Charles, artiste comme sa mère mais qui n'a pas eu l'honneur d'être peint sur les murs.
Charles de Sivry
C'est Charles de Sivry qui présentera sa demi-sœur Mathilde Mauté à Verlaine.
Charles est un personnage haut en couleur dont il importe de dire quelques mots tant il est lié à Montmartre. Il s'était un temps passionné pour le violoncelle avant d'en trouver l'étude trop contraignante.
Nina de Callias (Manet)
Il prend la direction du Bal Robert, boulevard de Rochechouart, succédant à Olivier Métra. Il fréquente le salon de Nina de Callias, rue Chaptal, où il rencontre Verlaine dont il devient ami, participant avec lui, chaque mois au dîner des Vilains Bonshommes où se rencontrent les Parnassiens.
Plus tard, en 1875, c'est à lui que Verlaine confie le manuscrit des Illuminations afin qu'il le mette en musique (projet jamais réalisé).
Partisan de la Commune, il est interné par les Versaillais au camp de Satory. Un garde national, le sachant musicien lui demande conseil pour son fils qui aurait besoin d'un professeur de piano.
Claude Debussy
Charles lui propose alors de rencontrer sa mère Antoinette Mauté. Le garçon fera donc son apprentissage pianistique 14 rue Nicolet.
Il s'appelle Claude Debussy.
Ce qui explique pourquoi RueMeurt D'Art a affiché son portrait au début de la rue, non pas enfant, mais bourgeois 1900...
Debussy au 3 rue Nicolet
Revenons aux Mauté dont la fille aînée Mathilde prend des cours de peinture et de littérature.
Elle a lu des poèmes de Verlaine et ne peut cacher son émotion quand son frère le lui présente.
Mathilde Mauté. RueMeurt d'Art.
Elle a 17 ans, lui en a 26. Elle est déjà séduite par le poète dont elle a lu des vers et lui n'est pas insensible à cette jeune fille souriante : "Cheveux châtains sur une tête mignonne en tout point. Des yeux gris, la prunelle sans ruse."
Verlaine n'a connu jusque là que des femmes faciles et la seule qu'il a vraiment aimée, sa cousine Elisa, s'est mariée. Il est impressionné d'avoir été remarqué par une jeune fille de famille, lui qui se juge si laid, incapable de plaire.
" Il paraissait à la fois ému et heureux. Il cessa d'être laid, et je pensais au conte de "La belle et la bête" où l'amour transforme la bête en prince charmant" (Mathilde Mauté).
Il rédige une demande en mariage qu'il remet à Charles et il attend, venant chaque jour à Montmartre une réponse positive. Elle viendra après bien des hésitations et des méfiances des Mauté qui jugent le prétendant peu glorieux et peu fortuné. A force d'insistance Mathilde obtient enfin l'accord familial, ne sachant à quelles déconvenues "l'ex Madame Verlaine" comme elle signera ses mémoires, s'exposait.
Rue Nicolet vers rue Ramey. A droite au premier plan le 14.
Eglise Notre-Dame de Clignancourt.
Après quelques contretemps, le mariage est célébré le 11 août 1870 dans l'église N.D. de Clignancourt. Verlaine qui rêve pour conjurer ses démons d'une vie bourgeoise se montre enthousiaste pendant la première nuit, tant attendue, rue Nicolet...
"Elle fut, cette nuit, sans pair dans ma vie, et j'en réponds, dans la sienne, dans toute la sienne."(Un peu prétentieux le délicat poète!)
Le couple reste une semaine rue Nicolet avant de déménager dans leur nouvel appartement rue du Cardinal Lemoine.
Les événements historiques se succèdent, chute de l'Empire, invasion prussienne, Commune. Verlaine en est partisan et s'engage dans la Garde Nationale sédentaire.
Mais il doit s'enfuir avec Mathilde quand les Versaillais entrent à Paris. Il part pour son refuge du Pas de Calais et ne rentrera qu'une fois la paix revenue dans la capitale. Les Mauté offrent alors au couple de revenir vivre rue Nicolet où ils lui aménagent un appartement au deuxième étage.
Ce que vivent ensemble Mathilde et Verlaine n'est certes pas une lune de miel! Verlaine parle d'un "enfer intermittent" tandis que Mathilde découvre la complexité et l'égocentrisme de son mari. Parfois Verlaine qui a retrouvé le chemin des bistros se montre violent.
"Paul m'avait renversé, et, à genoux sur ma poitrine, me serrait le cou de toutes ses forces. Je ne pouvais plus respirer."
Malgré cette vie heurtée, la naissance d'un garçon le 30 octobre 1871 est accueillie comme une promesse de vie nouvelle.
C'est le "poète aux semelles de vent", Rimbaud qui va mettre fin à cet espoir chimérique. Il arrive rue Nicolet, ayant manqué Verlaine parti l'attendre à la gare du Nord.
C'est Mathilde qui l'accueille, "un grand et solide garçon à la figure rougeaude, un paysan."
Elle ne l'aime pas et voit de la ruse dans son regard. Elle n'accepte de l'héberger que quelques jours.
La suite fait partie de l'histoire, grande et petite, de la littérature. Verlaine tombe sous le charme du jeune poète qui dynamite la poésie parnassienne. Un matin de juillet 1872, Mathilde étant souffrante, il sort, non pas pour acheter des cigarettes, mais pour trouver un médecin. C'est Rimbaud qu'il rencontre et c'est avec lui qu'il part, laissant un mot à Mathilde: "Ma pauvre Mathilde, n'aie pas de chagrin, ne pleure pas, je fais un mauvais rêve, je reviendrai un jour".
1873
Mathilde fait une tentative pour sauver son amour. Elle va trouver Verlaine à Bruxelles. Il tombe dans ses bras, décide de rentrer. Dans le train qui le ramène à Paris, il se ravise et écrit à Mathilde une lettre cruelle : "Misérable fée Carotte, princesse Souris, punaise...Vous m'avez fait tout, vous avez peut-têre tué le cœur de mon ami! Je rejoins Rimbaud, s'il veut encore de moi après cette trahison que vous m'avez fait faire."
Verlaine ne reviendra plus rue Nicolet. Mathilde va divorcer. Son fils Georges lui donne la force de réagir et de croire jusqu'à l'âge où elle rédige "Les Mémoires de ma vie", que sans Rimbaud, Madame ex-Verlaine serait restée Madame Verlaine et aurait été aimée par son poète.
Il est permis d'en douter mais au fond, quand on s'attarde rue Nicolet, la personne la plus humble et la plus émouvante, victime du génie de Rimbaud et de Verlaine, c'est elle, et on a envie de croire en son rêve.
Les collages de l'artiste de rue Jean-Marc Paumier (RueMeurt D'Art) donne au passant l'occasion de penser à ces destins qui se heurtèrent là, autour de ce 14 rue Nicolet. Le bleu choisi pour ces portraits ne peut faire oublier les nuages noirs traversés d'éclairs qui les accompagnèrent ....
Nous sommes au pied de la Butte, dans un quartier dont les rues en pente font la joie des cyclistes qui descendent vers le centre de Paris et se gardent bien de remonter à vélo….
Au XVIIIème siècle, nous étions à la campagne, sur une terre fertile où tout poussait. Mais la ville s'étendait… la campagne devenait une banlieue arborée où il était agréable de posséder une maison. Monsieur Pétrelle, architecte et propriétaire avisé, fait construire quelques maisons peu après la période révolutionnaire.
Sur les plans de l'époque, le chemin Pétrelle est devenu rue Prétrel ou Prétrelle selon les documents.
Ce n'est qu'à partir de 1811 que la rue est vraiment lotie. Elle porte le nom de rue Jolivet, puis rue Marlboroug car un restaurant arborait à l'époque révolutionnaire une enseigne peinte "le grand Marlboroug".
En 1826 la rue retrouve son nom originel qui est toujours le sien en notre vingt et unième siècle!
Elle rappelle donc comme beaucoup de rues parisiennes le nom d'un gros propriétaire qui fut paraît-il un architecte, bien qu'on ne connaisse rien (du moins n'ai-je rien trouvé) de ses réalisations.
La fin de la rue et l'immeuble de la rue de Rochechouart par où devait passer l'extension jusqu'à la rue Turgot.
Elle mesure 239 mètres et devait selon une ordonnance restée sans effet être prolongée jusqu'à la rue Turgot après avoir croisé la rue de Rochechouart au niveau du 67 actuel.
La rue est intéressante en ce qu'elle nous rappelle un Paris industrieux, bien différent au XIXème siècle du Paris pourtant si proche de la Nouvelle Athènes, artiste et branché.
Début de la rue Pétrelle. (rue du faubourg Poissonnière).
La rue commence avec un école côté impair et de beaux immeubles post haussmannien côté pair. Entre le 4 et le 8 s'ouvre le square Pétrelle qui comme c'est souvent le cas à Paris n'a rien d'un square et ne porte ce nom que pour éviter celui moins flatteur d'impasse.
Fermé par une grille il ne manquerait pas de s'appeler "Cité"!
Il a été ouvert en 1902 dans un style homogène fin de siècle bourgeois (aucune audace Modern-style).
Il est évoqué par Patrick Modiano, dans son livre "Pedigree". C'est en effet square Pétrelle que son père est né.
Albert Modiano
"Mon père est né en 1912 à Paris, square Pétrelle, à la lisière du IXème et du Xème arrondissement. Son père à lui était originaire de Salonique et appartenait à une famille juive de Toscane établie dans l'empire ottoman."
Dans ce quartier populaire, le gaz était à l'honneur puisque près de là, rue Condorcet fut construit le siège de la Compagnie française du gaz et que rue Pétrelle, du 9 au 15 se trouvait la Compagnie continentale des compteurs à gaz! Trois cents ouvriers ! C'est en partie pour eux que fut construite la première cité ouvrière de la capitale dont on voit un des bâtiments au 25 de la rue.
25 rue Pétrelle. Bâtiment de la Cité Napoléon.
Cité Napoléon rue Marguerite de Rochechouart
La Cité Napoléon, classée monument historique, ouvre sur la rue Rochechouart et fut considérée par les Conservateurs comme un foyer révolutionnaire et par les Socialistes comme un ghetto ouvrier sous surveillance.
Entre les anciens 21 et 25, jouxtant l'usine des compteurs, étaient installés les ateliers de fournitures militaires Godillot.
Alexis Godillot avait ouvert une usine 54 rue de Rochechouart puis devant le succès de ses productions il l'agrandit considérablement. Il créa notamment l'atelier de corroierie du 21 rue Pétrelle.
Ses chaussures militaires cloutées lui valurent la gloire et l'honneur de passer dans la langue argotique. Des godillots, des godasses… mots toujours employés. Il est vrai que "godillot" a pris un autre sens. De même que les soldats suivaient au pas militaire leurs chefs, de même les députés qu'on appela et qu'on appelle toujours "godillots" suivent les yeux fermés les injonctions de leur parti! Un nouveau qualificatif est apparu récemment, avec le même sens : les députés Playmobil!
Plus triste est l'histoire des chaussures de cuir jaune que les ateliers Godillot distribuaient aux insurgés de la Commune et qui leur valurent d'être fusillés sans autre forme de procès quand on les trouvait à leurs pieds.
Incendie des ateliers Godillot. 14 juillet 1895. En arrière-plan l'église St-Vincent de Paul.
En 1895 un terrible incendie ravagea les usines et ateliers Godillot qui partirent en fumée.
Rue Lentonnet
Aujourd'hui à leur emplacement s'achève la rue Lentonnet qui prend naissance rue de Condorcet. De beaux immeubles d'angle donnent en partie sur la rue Pétrelle.
Rue Pétrelle et rue Lentonnet.
9 rue Lentonnet. Angle rue Pétrelle.
Sur la façade de l'immeuble d'angle, 9 rue Lentonnet, on retrouve, gravés, les noms du même architecte et du même sculpteur (Rousseau et Wolfrom 1895)) et le même lion renfrogné que sur celles des 16 et 18 rue Condorcet.
Même immeuble rue Condorcet
Le 24
Au 24, un immeuble moderne a remplacé la Salle Pétrelle qui a son importance historique puisque c'est là que se tint pour sa première journée le Congrès Socialiste international, un siècle après la Révolution, le 14 juillet 1889.
Dessin de Steinlen
Organisé par les guesdistes (Jules Guesde défendait le concept marxiste de prise du pouvoir par le prolétariat) il est à l'origine de la fondation de la 2ème Internationale.
Le 26
Le 26, construit en 1870, est l'œuvre de l'architecte Henri de La Motta.
… Rien d'autre à signaler dans cette courte rue Pétrelle qui fut avant tout, au XIXème siècle un quartier d'usines et d'ateliers, un foyer vivant et populaire qui perdit de nombreux de ses habitants pendant la Commune de Paris dont Montmartre fut l'épicentre.
C'est pendant sa détention au fort de Ham que Louis Napoléon Bonaparte rédige son étude "De l'extinction du paupérisme" dans laquelle il développe une analyse et des idées proches de celles des saint-simoniens.
Lorsqu'il est élu en 1848 c'est en partie grâce à ces idées d'émancipation de "la classe ouvrière" (il emploie ces mots). Pas étonnant donc que parmi ses premières décisions, il y eût la création de cités ouvrières.
Aux 58-60 rue Marguerite de Rochechouart (merci à Mme Hidalgo de faire figurer les prénoms féminins dans les noms des rues de la capitale!), subsiste la toute première de ces cités, classée depuis 2003 monument historique.
A la demande du Prince-Président, le programme est lancé dès son accession au pouvoir. C'est l'architecte Marie-Gabriel Veugny qui est chargé de la conception de cette cité ouvrière qui devait servir de modèles aux autres prévues dans tous les arrondissements parisiens.
Inauguration de la Cité. 1851.
Louis Napoléon fait un don de 500 000 francs pour lancer la construction (à peu près 1million 700 000 euros actuels). Le bâtiment le plus original est celui qui est élevé le long de la rue de Rochechouart.
Il est composé de deux corps de logis parallèles reliés par des terrasses et des passerelles et éclairés par une immense verrière.
A l'extrémité des couloirs étaient aménagées des toilettes et un système d'évacuation des eaux usées. Le souci d'hygiène était manifeste dans un Paris populaire exposé à toutes épidémies.
Un médecin passait gratuitement rendre visite aux familles.
Les autres immeubles de la cité donnent sur un jardin arboré et sur une fontaine de bronze.
Un lavoir et un séchoir étaient installés dans des pavillons de bois construits dans la cour.
Une garderie était prévue pour les enfants dont les parents qui le plus souvent travaillaient, homme et femme, ne pouvaient s'occuper.
Couloir de la Cité Radieuse à Marseille
On peut faire un bond dans le temps et penser à Le Corbusier avec son immeuble marseillais, présomptueusement appelé "Cité radieuse" qui proposait tout ce dont les familles pouvait avoir besoin.
Ce qui est une conception communautaire et fermée de la société dont on a pu constater les ravages….
Ouverte en 1851, la cité ne rencontra pas le succès escompté malgré la proximité immédiate d'une importante usine à gaz ainsi que des ateliers "Godillot".
En effet, il y avait dans ce concept quelque chose de militaire. Les locataires étaient, par la disposition même des appartements "surveillés" par leurs voisins et un gardien était posté près de la grande grille, seul accès à la cité.
Le règlement était strict, le couvre-feu et la fermeture des grilles étaient, printemps comme hiver fixés à 22heures.
Les partis politiques se montrèrent méfiants. Les Conservateurs estimaient qu'il y avait là tous les ingrédients pour favoriser l'action des révolutionnaires dans leur repaire. Les Socialistes pensaient que ces cités favorisaient au contraire la surveillance policière, les travailleurs étant concentrés dans un ghetto ouvrier sous contrôle.
Bref, la première cité ouvrière de la capitale fut la dernière du programme napoléonien.
Elle reste un témoignage de la politique sociale du milieu du XIXème siècle inspirée par l'effervescence intellectuelle de philosophes engagés et en même temps par la méfiance que suscitait le peuple des villes, prompt à la révolte.
Cité Napoléon. Bâtiment sur la rue Pétrelle.
Louis Napoléon consacrait une partie de son "extinction du paupérisme" à prévoir et organiser pour les pauvres qui tentaient de survivre dans les villes, une répartition de terres agricoles qui leur seraient confiées. Ainsi, en envoyant les misérables à la campagne, leur aurait-on donné les moyens de travailler et se nourrir et par la même occasion aurait-on vidé les faubourgs d'une partie de sa population susceptible de se révolter.
Aujourd'hui la Cité Napoléon est recherchée malgré la petite superficie des appartements d'une ou deux pièces protégés par la loi sur les Monuments Historiques.
Elle a été rénovée et suscite la convoitise d'une population jeune, branchée et de préférence sans enfants!