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Montmartre secret

Montmartre secret

Pour les Amoureux de Montmartre sans oublier les voyages lointains, l'île d'Oléron, les chats de tous les jours. Pour les amis inconnus et les poètes.

Publié le par chriswac
Publié dans : #OLERON

        Si vous désirez voir des femmes "coiffées", vous sillonnerez en vain les routes et les chemins oléronnais. Plus une coiffe à l'horizon. Vous n'en rencontrerez quelques-unes en action que si vous acceptez de subir les groupes folkloriques locaux ou si vous visitez les deux musées qui en exposent : le musée de Saint-Pierre et celui de la maison paysanne de Grand-village.
Celles que j'ai photographiées sont dans une vitrine du musée de Saint-Pierre, petit musée assez pédago, conçu essentiellement pour les enfants.





La plus connue est la quichenote ou le quichenot. Le féminin l'emporte aujourd'hui alors que le masculin était d'usage au XIXème siècle. Elle existe depuis la fin du XVIIIème. La plus courante (1ère photo) était simple et formée d'un cylindre de tissu. Peu à peu, il a été remplacé par des bandes qui servaient d'étuis dans lesquels étaient glissés des rectangles de carton (2ème photo).



D'où vient ce nom de quichenote? La belle histoire voudrait qu'il évoquât la résistance des belles Charentaises aux avances britanniques, grâce à cette protection de tissu rigide et dissuasif : "Kiss not"!
La réalité est plus prosaïque. Le quichon en patois charentais est un tas de foin. Le quichenot serait simplement la coiffe de la faneuse.

 

Et voici la coiffe de deuil. Elle abrite peut-être
le fantôme invisible de la veuve qui le porta...

 

Le ballet est la coiffe la plus rustique. Il date lui aussi de la fin du XVIIIème siècle et doit son nom à l'appentis qui servait à remiser le matériel agricole en Saintonge.

 

Le grand ballet ressemble à une mitre!

 

Modèle plus courant...

 

Cette photo de Pierre Loti (à gauche) prise lors d'une fête paysanne permet de reconnaître, au premier rang, à gauche, Samuel, le fils de l'écrivain et Blanche Franc de Ferrière, sa femme. Elle permet également de voir comment se portaient les coiffes et notamment le ballet...

 

Le ballon était la coiffe de cérémonie, celle des mariages...

 



A l'arrière de la coiffe, un noeud fantaisie et sur la coiffe elle-même, il était d'usage d'accrocher les bijoux en or... On donnait déjà à cette époque dans le bling bling!

 

La coiffe de dentelle se fixait sur la calotte.

Mentionnons pour terminer le bonnet :



Et la coiffette :



Coiffes moins spécifiques de la région et qu'on rencontrait dans de nombreuses provinces...

Et voilà... Fin de la visite. Oléron ne se coiffe plus depuis longtemps.

Comme dirait le poète : "Mais où sont les coiffes d'antan...?" 


Lien : Eglise de Saint-Trojan. Oléron.  

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Publié le par chriswac
Publié dans : #OLERON PLAGES



La plage de la Giraudière à Grand-Village est sans doute la plus fréquentée de l'île. Dès le matin, le petit parking est saturé. Les voitures stationnent tout au long de la route d'accès (un km) et le plus souvent, vous devez marcher sous le soleil, sur le sentier piétonnier étroit et caillouteux pour atteindre l'océan. A moins que vous ne préfériez le petit train touristique... Je vous conseille de venir avec votre vélo, la
 piste cyclable, refaite, est très agréable quand ne s'y aventurent pas les familles avec bouées, canots, parasols et autres ustensiles...



Vous arrivez sur la plage par la dune qui chaque année recule. 





Le drapeau est orange. Au moindre rouleau, il remplace la flamme verte. Il faut reconnaître que la plage est dangereuse à cause des courants de baïnes et que les sauveteurs préfèrent prévenir les "baignassous" (comme les gens du pays les appellent si gentiment.)







Les dunes, les pauvres dunes que les vents de tempête malmènent, ne se reposent guère en été. Malgré les panneaux d'information qui demandent qu'on les respecte en n'y grimpant pas et en ne piétinant pas la flore fragile, elles sont immanquablement envahies par des jeunes et des moins jeunes (qui votent peut-être écolo...)
Les parents émus regardent leurs petits sauter dans les oyats et provoquer en riant l'écroulement de murailles de sable.
 


Les anges de la plage sont perchés sur leurs chaises. Ils ont délimité un espace minimal, une centaine de mètres, entre deux fanions bleus. C'est là que vous êtes autorisés à vous baigner.
Hors des fanions, c'est à vos risques et périls!





A l'entrée de la plage se massent donc les familles et les baigneurs. En cet endroit, la foule est telle qu'il faut slalomer entre les serviettes de bain et les parasols.





Mais si vous marchez quelques centaines de mètres, vous parvenez à la plage naturiste et à l'espace... Malheureusement, depuis quelques années, l'étendue de sable blond est envahi de cailloux. Le phénomène s'aggrave de saison en saison. Il paraît que les travaux d'extension du port de la Cotinière, plus au nord, en sont responsables. C'est dommage car en certains endroits, on a l'impression d'être sur une plage de galets. Les bains peuvent se révéler dangereux à cause de ces pierres que la force des vagues peut vous envoyer sur la tête!





Encore quelques pas après la plage naturiste, et c'est le bonheur! 



Le bonheur aussi pour les chiens... Ils sont en effet interdits de plage à Grand Village. Cette décision stupide ne peut se comprendre sur des espaces balayés par les marées et par les vents. Si vous avez un chien, je vous conseille la Grande Plage de Saint-Trojan, non loin de là (où ils sont les bienvenus).
Ou bien, accédez à la Giraudière en passant par la dune, vers les Allassins.



Bonnes vacances! Et surtout, éloignez-vous de l'entrée de plage pour jouir de la liberté d'un rivage d'écume et de soleil!

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Lien: Les plages d'Oléron :

Oléron. Les Plages. Classement alphabétique.

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Publié le par chriswac
Publié dans : #OLERON EGLISES Cimetières



Il y avait à Saint-Trojan une église romane assez importante puisqu'elle comportait cinq autels. Elle fut en partie saccagée par les réformés et totalement recouverte par les sables qui firent disparaître le village dont les fondations subsistent sans doute sous les dunes de la maison forestière.

 

 La première pierre de l'église actuelle dont la façade plate s'élève à peine au-dessus des maisons, fut posée en 1660. L'édifice tel que nous le voyons aujourd'hui fut achevé au milieu du XIXème siècle.



L'intérieur, comme l'extérieur ne vous bouleversera pas... Pourtant, je vous engage à y faire quelques pas. De belles surprises vous y attendent.



Vous y rencontrerez d'abord le patron du lieu, un certain Trojan... On ne sait pas grand chose de lui, sinon qu'il fut évêque de Saintes au VIème siècle et qu'on lui attribue de nombreux miracles.



La proue d'un navire naufragé, l'Espérance, a été offerte en ex-voto par le capitaine Allard de Toulon et son second, Levilain, sauvés avec deux de leurs matelots le 2 novembre 1863. On peut avoir une petite pensée pour les autres matelots disparus dans la tempête...

 

Les vitraux se reflètent sur la vitre qui protège la maquette impressionnante d'un navire ennemi. Il s'agit, non pas, comme on pourrait le penser, d'un ex-voto mais de la reproduction du Vistary que commanda l'amiral Nelson! La maquette est l'oeuvre d'un saint-trojanais qui y consacra quelques années de sa vie.



 Et voilà Une des surprises annoncées... Notre-Dame de la mer. Le tableau est dû à Omer Charlet peintre oléronnais de la deuxième moitié du XIXème.
La vierge semble faire partie des éléments qui lui donnent naissance : la mer qui se confond avec les vagues de sa robe et les nuages qui la voilent. Un naufragé, au premier plan, à droite voit la main qui lui montre le salut, là-bas, dans un rayon de lumière... ce petit point sur l'océan.  La femme sourit doucement et semble porter vers la vie, comme elle porte son enfant, cet homme qui se croyait perdu.
Cette belle toile se détériore lentement et mériterait que notre Mitterrand, ministre de la culture, apparaisse au-dessus des flots de l'indifférence pour montrer d'un doigt auguste, un petit point à l'horizon : l'atelier de restauration.



Une autre surprise : cette toile un peu naïve peinte en 1872 par A. Gaboriaux. La tempête apaisée, Jésus marche sur les flots et demande à Pierre de venir vers lui. Pierre se lance mais après quelques pas, il doute et s'enfonce dans les eaux... Jésus lui saisit la main et le remet debout. Le tableau est étonnant, avec à l'arrière plan, la barque surchargée comme le radeau de la Méduse et, au premier plan, le Christ bien droit dans la tempête, les cheveux et la tunique dans le vent, devant Pierre, théâtral et excessif, comme il l'est si souvent!



Et maintenant, retour à Grand Village, en passant par le marché derrière l'église et en regrettant un peu le sanctuaire roman enfoui sous les sables!

Lien : autres églises dans l'île d'oléron:

  Eglise Notre-Dame Le Château d'Oléron. Le retable.

Oléron. La Brée. L'église.

La Cotinière. Oléron. Eglise.

Le Château. Oléron. Eglise, un peintre inconnu...

La Perroche. Oléron. Le prieuré, chapelle et cloître.

Oléron. Eglise de Saint-Georges.

Oléron.Eglise de Saint-Denis.

Eglise Saint-André. Dolus. Oléron.

Eglise Notre-Dame Le Château d'Oléron. Le retable.

Eglise Saint-Pierre. Oléron. Nicolas Greschny.

 

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Publié le par chriswac
Publié dans : #OLERON


Par un jour d'été un peu gris, pourquoi ne pas se promener dans les vieilles rues de Saint-Pierre? Les maisons y ont souvent gardé leur authenticité malgré la tendance irrésistible des propriétaires à remplacer les vieilles portes de bois par des portes de plastique blanc, pratique et consternant.
Je commence la balade par la rue Pierre Loti où l'écrivain est enterré, dans le jardin de la maison familiale : "Ici, dans le jardin de la maison des aïeules, Pierre Loti repose sous le lierre et le laurier."

 

Derrière cette porte, datée de 1739, nous savons, sans pouvoir entrer, que l'écrivain, tant attaché à son île, passe son éternité avec quelques uns des chats qu'il aimait.
Derrière les autres portes, nous ignorerons quelles joies ou quelles peines se réfugient... Nous resterons à la surface des apparences...

 

 

 

Comme presque partout dans l'île, les roses trémières grimpent vers le ciel. Celle-ci a choisi sa couleur rose pour être assortie au bleu de la porte.






 
Une de mes portes préférées... J'imagine derrière les murs, un bassin entre les palmiers...Un air d'Orient, une odeur de jasmin...



 

 

 

A vous de découvrir d'autres portes dans les ruelles et les impasses de la capitale de l'île! Mais avant de vous lancer, jetez un oeil sur cette porte en trompe-l'oeil  qui ne s'ouvrira jamais que sur le rêve et admirez ce chat qui ne tuera jamais les oiseaux bleus et insouciants...

 

 

Lien : Eglise Saint-Pierre. Oléron. Nicolas Greschny.  

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Publié le par chriswac
Publié dans : #OLERON EGLISES Cimetières


Dans cette île où les Guerres de Religion se sont ébrouées joyeusement, rares sont les vestiges anciens d'architecture religieuse. L'église du Château ne fait pas exception à la règle. Sa reconstruction commença en 1700, alors que la place forte était organisée pour tenir tête à l'Anglais. Le choeur financé par le curé ne sera achevé qu'en 1764 et le clocher banal et sans inspiration, en 1883.



Je l'aime bien cependant. Elle me rappelle tant d'étés en famille... Mon père toujours volontaire pour animer les messes et lire comme il aimait le faire, les textes liturgiques, avec un certain sens théâtral... 
Si vous visitez la petite ville, n'hésitez pas à y entrer. Vous y trouverez un peu de fraîcheur et vous découvrirez un retable qui mérite le détour. Il a été installé dans le choeur en 1764 et payé par le fameux curé qui avait déjà financé le choeur. Son nom mérite d'être cité! Jean-Baptiste Descordes.


 
Couronnant le retable, le triangle trinitaire dans lequel est inscrit en hébreu le nom imprononçable de Dieu et deux angelots aux ailes vives.
L'inscription rappelle que l'église est dédiée à la Vierge de l'Assomption.
Les quatre Evangélistes sont représentés selon la tradition inspirée de l'Apocalypse.



Saint Luc et le taureau (un brave animal confiant qui ne sera pas torturé dans les arènes humaines).



Saint Jean, le disciple bien-aimé et son aigle dévoué qui lui tient l'encrier et la plume (d'aigle?) alors qu'il écrit avec un stylet sur une plaque d'argile!



 Saint-Marc et son lion perruqué et souriant...

 

Saint-Mathieu et son ange qui lui tend l'encrier pour l'encourager à poursuivre son oeuvre...
Je plaisante un tantinet mais je trouve que ce peintre inconnu ne manque ni de fraîcheur ni de force. Bien que ses représentations soient académiques, il échappe au conformisme grâce à sa naïveté et à la douceur des traits, légèrement soulignés.
Les panneaux sont peints sur bois et disposés dans des lambris de faux marbre et de dorures très élégants. Pour les protéger, on tirait de lourdes tentures rouges qui les dissimulaient et évitaient que la poussière et la lumière ne les détériorent.
D'autres panneaux représentent la vie de la Vierge.


 
Marie présentée au Temple. La fillette est déjà auréolée de sainteté. La petite Juive ignore cependant quel "cadeau" le Père eternel lui prépare!

 

Marie et sa mère, Anne, sous le regard bienveillant de Dieu...


 
L'Annonciation. Un ange séduisant aux belles jambes que le vent dénude volète près de Marie qui s'étonne d'être choisie et accepte humblement de devenir mère porteuse.



La visitation. Marie rend visite à sa cousine Elisabeth, elle-même enceinte. L'enfant tressaille en Elisabeth qui s'écrie : "Tu es bénie entre toutes les femmes et le fruit de ton sein est béni..."  Ce même enfant qui l'a avertie ce jour-là sera celui qui le premier reconnaîtra Jésus comme le messie attendu par les Juifs et le baptisera dans le Jourdain.



L'adoration des bergers. Mes amis le boeuf et l'âne sont bien présents. Grâce à leur bonne chaleur, le bébé ne meurt pas de froid.
Les bergers sont venus voir ce nouveau-né dans sa mangeoire. Extraordinaire symbolisme que ce berceau... L'enfant qui y est posé est venu nourrir l'humanité...
A Bethleem, la place, devant l'église de la Nativité se nomme Place de la Mangeoire. Espérons qu'un jour, Palestiniens et Israéliens y partageront ensemble des repas de fête.



L'Adoration des mages ou Epiphanie. Le fond de ces panneaux est souvent remué de nuages gris rose, un peu cendré. Le peintre a refusé un fond pastel et mièvre. Cette brume qui semble venir d'un incendie lointain annonce au-delà des apparences, des jours d'épreuves et de souffrances.
L'enfant reçoit de ses augustes visiteurs : l'or, symbole de la richesse matérielle et du pouvoir royal; l'encens utilisé pour les dieux; la myrrhe pour embaumer les cadavres... L'enfant est Roi, Dieu et Homme à la fois.

Les autres panneaux montrent Jésus au Temple et enseignant aux docteurs de la Loi.


 
L'enfant semble s'envoler avant l'heure sous le regard émerveillé de sa mère et un peu inquiet de son père...


 
Le panneau est moins inspiré que les autres. Tout ce petit monde semble poser. Seule touche ironique, le binoclard du premier plan. Le peintre s'est sans doute amusé, oserais-je dire qu'il a fait un clin d'oeil à cette mode qui se répandait au début du XVIIIème siècle chez les intellectuels...

Le grand tableau central est l'oeuvre d'un peintre assez coté à l'époque : Etienne Garot-Dubuisson, peintre reconnu puisque entretenu par le roi au port de Rochefort. Il représente l'Assomption de Marie. Le tombeau est vide :

 

Marie est partie dans les nuages, environnée d'anges et de cantiques.



Le dogme de l'Assomption n'est corroboré par aucune écriture sacrée. Il a été établi en 1950 par Pie XII mais la croyance en la montée aux cieux de Marie est populaire depuis bien des siècles.

Personnellement, je préfère l'iconographie orthodoxe de la Dormition de la Vierge. Marie est représentée "endormie" et son fils apparaît devant elle. Il saisit un enfant emmailloté qu'il tient dans ses bras et protège. Le nouveau-né, c'est l'âme de sa mère. L'image me touche beaucoup. Celle qui a porté son fils est à son tour portée par lui. N'est-ce pas notre destin d'humain de porter dans nos bras notre mère devenue légère et fragile comme un enfant?

Je ne parle pas aujourd'hui des autres tableaux de cette église. Je consacrerai un article à la gloire locale : Omer Charlet.

Il fait grand soleil. Je vais me baigner avec Nicole, malgré la foule et les méduse
s! Bonnes vacances à tous! 



Eglise Saint-Pierre. Oléron. Nicolas Greschny.



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Publié le par chriswac
Publié dans : #POEMES...Divers





Je ne peux me détacher de ma tristesse
Elle est sur moi comme un manteau de cuir
Si je m'en dévêtais
ma chair serait à vif

Tristesse lourde tristesse
Crachin sans fin sur les semaines
Sur les mois sur les années peut-être
Que je ne veux pas vivre

Endors-toi, mon père, dans le brouillard
Eloigne-toi, ma mère, dans la pluie de satin
Arrache-toi de toi, mon amie cancéreuse
Et laisse dans ton lit la tumeur qui te dévore

Partez tous loin de moi
Je veux rester dans le sommeil
Je n'ai rien à donner
De mes poings fermés
De mon moignon de coeur
Qui bat dans son terrier

Reste avec moi tristesse
Baisse un rideau de fer sur la fenêtre
Embrasse-moi comme une mère
Enlace-moi comme un noyé
Garde-moi comme un enfant
Dans ton ventre de morte.



Lien : Poème. Fuir. Disparaître.

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Publié le par chriswac
Publié dans : #POEMES Chats.. photos..articles



Quand je suis arrivé, elle dormait dans le jardin. Elle savait que je venais et voulait m'accueillir à l'entrée. Je me suis approché d'elle sans faire un bruit. J'ai caressé sa tête, ses cheveux drus. Comme ils ont blanchi en moins d'une semaine! Elle a ouvert les yeux et m'a souri. 
Elle a voulu que nous sortions, que nous nous mêlions à la vie de la rue.
J'ai poussé son fauteuil sur l'avenue. En face de nous, dès la sortie, deux magasins de pompes funèbres, avec plaques de marbre gravé, couronnes mortuaires et grandes affiches : conservation des corps, toilette (!), grand choix de cercueils, transport en province...
Je suis allé aussi vite que possible vers le métro. Nous sommes passés devant deux autres vitrines funéraires. "Je vais mourir. Tu ne me verras plus quand tu rentreras de vacances."
Je ne trouve rien à répondre. Je suis foudroyé. Je pousse machinalement le fauteuil. Nous passons enfin devant des vrais commerces de vivants. Des terrasses de café, des tables de restaurant. Il fait beau, les gens mangent dehors. "j'ai envie d'un gâteau. Un éclair au café..."



J'entre dans une pâtisserie. J'achète un éclair. Nous allons sur la petite place Dreyfus, près du bronze d'Emile Zola. Malgré moi je regarde les dates. Il est mort assassiné en 1902. Il était bien plus âgé qu'elle. Dans ma tête les noms se mélangent: Dreyfus, Zola, les Juifs... C'est la première fois que me frappe la coïncidence... Celui qui a défendu Dreyfus est mort "gazé" si on peut dire... asphyxié par une cheminée sciemment bouchée. 
Elisabeth mange son éclair. elle se régale. Elle ne sait comment me remercier.
Dix minutes plus tard, je l'aiderai à vomir tout ce qu'elle aura avalé.  Elle est désolée. Elle veut me payer son éclair!
Elle me dit qu'il faut revenir dans sa chambre parce qu'elle a comme un os dans la gorge. elle a du mal à respirer.



Je pousse le fauteuil sous les plafonds de la maison de soins palliatifs. Le jour, la nuit, l'été, l'hiver, un faux ciel bleu avec quelques nuages, installe un beau temps inaltérable dans les couloirs de la mort. Je me rappelle, il y a dix ans, lorsqu'Annie est venue mourir ici même, mon désir de briser ces plaques de verre...
Philippe est venu la veille avec le chat d'Elisabeth. Son toto qu'elle avait tiré d'un sac plastique dans une poubelle et qui depuis des années se postait à côté d'elle dans l'escalier du métro où elle mendiait.



Il paraît qu'il ne lui a pas fait fête. Il s'est roulé dans l'herbe du jardin. Il a joué sans s'occuper d'elle. Elle m'a dit qu'elle comprenait et qu'il avait peut-être peur de retourner avec elle dans son minuscule studio. Moi je crois qu'il a compris. Il a joué à côté d'elle. Et puis, il s'est redressé, bien droit, comme dans le métro. Et ce n'est pas les passants pressés qu'il regardait, non, c'est la mort qu'il regardait, en espérant qu'elle passerait elle aussi, sans se pencher vers sa maîtresse.





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Lien : Poème pour Elisabeth (cancer)

Lien : Une amie en soins palliatifs


Liens: Chats. Poèmes, Art, photos....  


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Publié le par chriswac
Publié dans : #MES ROMANS et RECUEILS


La dernière partie du roman fait écho à la première mais le chemin s'inverse. Alors que l'enfant s'éloignait de son père, l'adulte va se rapprocher de lui. Lou, la soeur de Léo retrouve la trace de son frère grâce à la maison d'édition qui publie ses livres. elle lui apprend que leur père est atteint par la maladie d'Alzheimer et que la progression du mal est telle que s'il veut le revoir, il doit venir au plus vite. Léo qui n'a pas abandonné son désir de vengeance, tient à revoir son père pour s'expliquer avec lui avant qu'il ne perde tout souvenir. Il retrouve un homme affaibli et perdu. Il tente de lui parler. Il découvre des aspects inconnus de cet homme. Il reçoit des révélations sur sa propre enfance. Peu à peu, sans lui pardonner vraiment, il se rapproche de lui jusqu'au jour où il se rend compte que malgré lui, il l'appelle "papa", mot qu'il n'avait jamais pu prononcer. Quand le mal est trop insupportable, quand tout espoir est perdu, Léo vient la nuit embrasser son père qui attend son fils. Il le serre contre lui et l'étouffe. 


3ème partie

L'autre

extrait : le rendez-vous

"(...)   Comme il a froid pense Léo. Pourquoi l'a-t-on laissé avec ce seul drap sur le corps? pourquoi les couvertures inaccessibles, sont-elles pliées sur une chaise près de la fenêtre? Il se penche, prend son père dans les bras, le soulève et tente de l'asseoir. Il provoque un court gémissement suivi d'un râle. Il lit la souffrance sur son visage émacié. Il n'insiste pas, le laisse repartir en arrière en soutenant son dos et sa tête. Il écarte l'oreiller afin qu'il puisse reposer, bien à plat, comme il en a l'habitude. Il passe la main sur son visage, suit du doigt les cernes mauves, s'attarde sous le menton, comme il l'a vu faire avec son chat. Il caresse la pomme d'Adam, le cou si fragile. Il descend vers la poitrine aux côtes saillantes, pose la main sur le coeur qui bat sourdement. Son père essaye de lever les bras, d'attirer à lui son fils. Léo pose la tête sur sa poitrine, contre son coeur. Il ferme les yeux. Il est bien. Il sent dans ses cheveux une main légère, sur sa tempe, sur sa joue. elle reste là, sur sa joue. Léo garde les yeux bien clos. Il est à l'abri entre le coeur et la main de son père. Il ne bouge pas. Il ne veut pas bouger. Pour la première fois, si proche, pour la première fois contre la poitrine nue de son père. Contre le coeur de son père.
Des mots à peine audibles. Non, il ne rêve pas. Il entend des mots qui se précisent. Une fois, deux fois, trois fois...Aide-moi. Oui, son père prononce ces mots, en appuyant la main sur le visage de son fils : Aide-moi...
Léo se redresse. Il le regarde. Quelques centimètres les séparent : "Papa, je veux t'aider. Je suis venu t'aider.
- Aime-moi..."
Léo sursaute. il n'est pas sûr d'avoir compris. Il passe la main derrière la tête de son père et la soulève à peine : Papa... Oui... Je t'aime.
Il reçoit en réponse une légère pression sur le bras. Il serre contre lui le visage de son père. C'est contre son coeur qu'il tient maintenant son père. Il reste ainsi, les yeux fermés avec son père qui a fermé les siens.
La suite, Léo la vit comme dans un rêve. Des nuages assombrissent le ciel. La lumière du jour faiblit. La chambre s'obscurcit. Ses gestes se font lents, comme s'il évoluait dans les profondeurs. Il prend l'oreiller et le glisse entre sa poitrine et le visage de son père. Il passe les deux mains derrière son crâne et il serre. Les yeux, le nez, la bouche contre le duvet, son père esquisse un timide mouvement de recul. Puis il s'abandonne. Il se laisse faire. Il laisse s'enfoncer sa tête dans l'épaisseur de l'oreiller. Il entend battre son sang. Ou peut-être est-ce celui de son fils dont il est si proche maintenant? Léo continue de serrer. Il serre de plus en plus fort. Il n'arrête pas quand il sent les mains de son père s'agripper à ses bras. Il n'arrête pas quand il sent tressaillir les jambes de son père sous le drap. Il pose les lèvres sur les cheveux de son père. Il attend que tout se calme. Il attend longtemps après le dernier sursaut. Il tient son père contre lui, fermement, comme un noyé qu'il ramènerait au rivage. Il tire l'oreiller chiffonné qui tombe à côté du lit. Il regarde son père. Ses yeux sont ouverts. Sa bouche est ouverte. Il l'étend. Il ramène ses bras le long de son corps. Il remonte le drap. il se relève.
Il voit, debout contre le mur, sous la croix noire, Suzie qui n'a pas bougé : Laissez-moi seule avec lui. Je vais m'asseoir près de lui. C'est mon tour maintenant. Dépêchez-vous de rentrer avant l'orage."







Lien : Alzheimer. Un poème. (2)

 

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Publié le par chriswac
Publié dans : #MES ROMANS et RECUEILS




D'un père l'autre    (2ème partie)

Entre deux

La deuxième partie du roman couvre presque trente ans. Elle est courte et ne comprend que trois chapitres.
Le bac en poche, Léo est parti de chez lui. Il est allé aussi loin qu'il a pu pour oublier son enfance. Mais sa haine reste bien ancrée en lui malgré sa vie voyageuse et l'amour qu'il trouvera enfin. Il se mariera avec Faranak, une belle Iranienne avec laquelle il partagera une vie insouciante d'étudiant prolongé...
 Avant de la rencontrer, il est guidé guidé vers sa vie d'homme par Chloé, étudiante comme lui à la fac d'Aix.


Extrait :

Chloé

"...Ce que vécut Léo, ses amours, ses réussites, ses échecs, ses lâchetés, il les consigna dans son journal. Il raconta comment il trichait avec les sentiments. Comment persistait en lui ce besoin d'être aimé et cette incapacité d'aimer. Il exposa sans complaisance ses ambigüités et ses fuites. Il eut avec quelques hommes des amours qui durèrent une saison et puis un jour, il fut choisi par une jeune fille un peu folle qui l'aima dès le premier regard, le dragua, le coucha dans son lit et le fit entrer dans l'amour des femmes. Elle avait jeté son dévolu sur l'étudiant mélancolique qui suivait les mêmes cours de littérature comparée. elle s'était assise à côté de lui, ava
it étalé sur la table en empiétant sur son espace, un gros classeur à spirale, une trousse de cuir rouge, une petite bouteille d'eau minérale, un paquet de chewing-gum, un miroir de poche, la reproduction d'un tableau de Klee, un couteau corse à cran d'arrêt... Elle avait attendu sa réaction. Il avait souri et lui avait demandé si elle avait l'intention d'utiliser son arme. A la fin du cours, elle lui avait proposé d'aller boire un café. D'accord pour gazouiller, avait-il répondu. Il avait reconnu le tableau de Klee, la machine à gazouiller et n'avait pu s'empêcher d'étaler sa science. Qu'importe, Chloé dont il avait lu le nom gravé sur le manche de corne, n'avait qu'une envie : coucher le garçon ténébreux dans son lit. Après le café, elle l'avait invité à monter chez elle. Léo aurait parlé pendant des heures si Chloé qui avait bien compris qu'il fuyait dans le labyrinthe des mots, ne s'était approchée de lui et n'avait posé les lèvres sur sa bouche. Chloé était une grande amoureuse des hommes. Elle sut entraîner celui-là, si peu expérimenté et si peu audacieux, dans les caresses les plus sensuelles et dans la découverte du corps de l'autre. Léo, guidé par elle, connut enfin ce qu'était l'amour partagé, le plaisir donné et reçu dans la même étreinte. Il découvrit la jouissance de la femme. Il comprit qu'il pouvait en être l'artisan. Il en fut si bouleversé qu'il voulut plusieurs fois faire l'amour. Chloé, amusée et ravie avait fini par le calmer en posant les lèvres sur son sexe, comme elle les avait posées sur sa bouche bavarde pour la faire taire. (...)



Lien : D'un père l'autre. La mort du père. 3ème roman (3ème partie)


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Publié le par chriswac
Publié dans : #MES ROMANS et RECUEILS








Roman : D'un père l'autre.




Avant qu'il ne paraisse en février 2010, je vous présente mon troisième roman. Il se compose de trois parties. La première est celle de l'enfance. Un garçon tue son père. enfin, il rêve de le tuer tant sa haine est forte. Il n' a pas reçu d'amour. Il n'a reçu que du mépris et de la violence. Il raconte son enfance et la mort de sa mère dont il rend son père responsable.

Le roman s'ouvre sur un parricide. Le père est étranglé dans son lit par son fils. Le roman se ferme sur un parricide. Le père, malade et condamné, se laisse étrangler par son fils, dans un acte d'amour partagé. C'est donc l'histoire d'un parcours qui va de la haine à l'amour. Du crime de haine au crime d'amour.

Ière partie : D'un père.

Extrait : les poupées.

" C'est bien souvent que Léo se sent rejeté par ses frères. Il n'en souffre pas vraiment. Il n'aime pas leurs jeux. Les pistolets, les sabres, les ballons de foot le laissent indifférent. Il ne sort jamais de leur boîte à chaussures les petits soldats que son père lui a offerts. Il préfère les poupons de celluloïd qu'il habille et déshabille sans se lasser. il a pour eux une garde-robe complète qu'il a rangée dans un grand tiroir de la commode de bois sombre. les petits pulls de laine tricotée, les pantalons de coton, les bonnets de couleurs vives sont soigneusement pliés par tailles. Sur la droite, les vêtements minuscules destinés aux baigneurs roses, sur la gauche, les plus grandes tailles, celles qui conviennent à Boubou, le géant de la bande, un enfant noir de quarante centimètres. C'est le préféré de Léo qui s'est mis en tête d'organiser un orphelinat dont sa soeur, Lou, est l'infirmière et lui le médecin. Pas question de jouer au papa et à la maman. Léo ne supporte pas l'idée de ressembler à son père, à n'importe quel père. Il recueille les malheureux, les abandonnés, les enfants victimes de parents tortionnaires. David se moque de lui quand il le surprend, dans la chambre de Lou, occupé à parler à des poupées. Son père s'en irrite et accuse sa femme de mal élever ce garçon qui ressemble à une fille. Un jour, alors qu'il cherche Léo pour l'emmener avec ses deux frères à un match de foot de l'équipe locale, il le trouve, assis sur le lit de sa soeur, avec sur les genoux, le poupon noir auquel il fredonne une berceuse. Il se précipite sur lui, arrache le négrillon qu'il saisit par un bras et balance par la fenêtre avec une telle force que le membre détaché lui reste dans la main. Léo bondit à la fenêtre. Il voit, à côté de la bordure de grès du trottoir, Boubou, sur le dos, le bras levé comme pour un appel. Il ferme les yeux quand passe une camionnette. Quand il les rouvre, la petite main est toujours tendue vers le ciel, le corps est aplati et au-dessus de l'écharpe de laine rouge, la tête a explosé, projetant de tous côtés des écailles noires. Léo se précipite sur son père. Il s'acharne contre lui, à coups de pied, à coups de poing. Il ne peut s'arrêter. Il ne le veut pas. Il veut faire reculer cet homme sans coeur. Il veut frapper et frapper encore. Une gifle magistrale, un aller-retour violent l'arrête net, l'envoie en arrière. Il gardera jusqu'au lendemain la trace rouge de la main de son père sur le visage. Mais il n'a pas eu mal. Il n'a rien senti."

...

Lien : D'un père l'autre. La mort du père. 3ème roman (2ème partie)

 

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