Une des rues principales du Château porte le nom de la gloire locale, Omer Charlet, peintre qui eut son
heure de gloire et dont quelques oeuvres sont visibles dans l'île.
Pierre-Louis-Omer Charlet (son nom exact et un peu encombrant) naquit le 2 janvier 1809 au Château, dans une familles de propriétaires
(!)
A Paris où il étudia aux Beaux-Arts, notre Oléronnais fut élève d'Ingres et du Baron Gros qui lui donna le goût des scènes historiques.
Peintre accompli, il fut médaillé au Salon et plusieurs de ses toiles furent achetées par l'Etat.
Il mourut à paris en 1882.
La Charente maritime conserve un certain nombre de ses oeuvres, notamment dans les musées de La Rochelle et de Rochefort. Il est possible également d'en découvrir dans la cathédrale de la
Rochelle et dans trois églises de l'île d'Oléron.
I Dans l'église Notre-Dame de l'Assomption au Château :
Une grande toile peinte entre 1860 et 1869 (le dernier chiffre peint n'est pas visible) représente les trois vertus théologales
: la Foi qui porte la croix, l'Espérance qui tient une ancre marine et la Charité (l'Amour) entourée d'enfants. L'oeuvre est de bonne facture mais un peu froide et académique. L'angelot,
au premier plan brandit les épîtres de Paul, dans lesquelles l'apôtre cite ces trois vertus, en précisant que la plus grande des trois, c'est l'Amour:
" Quand j'aurais la foi la plus totale, celle qui transporte les montagnes,
S'il me manque l'amour, je ne suis rien..."
Le peintre a bien situé l'Amour au sommet d'une composition pyramidale mais il lui a donné des traits fades et conventionnels.
Une deuxième toile représente Thérèse d'Avila, si l'on se fie au village et au paysage qui apparaissent sur la gauche et au costume de carmélite de la
sainte.
Geste convenu et théâtral, main droite posée sur le coeur en signe d'étonnement d'être "élue" et d'humble acceptation, bouche qui semble faire la moue,
regard tourné vers les hauteurs d'où parvient un rayon arc-en-ciel divin...
Peu d'originalité pour représenter une femme qui, lorsqu'une de ses soeurs avait des visions mystiques, lui conseillait de manger un bon beefsteack!
Une troisième toile représente Pierre, un gaillard que j'aime bien. Il est le Patron de ma paroisse montmartroise.
Son emballement, son côté chien fou et en même temps son manque de courage et de parole au moment du chant du coq, me le rendent sympathique...
Là encore, peu d'originalité. Pierre est représenté en barbu (et Dieu sait que je me méfie des barbus de tout poil). Il tient les clés du Paradis qui
apparemment est protégé par des portes épaisses aux serrures géantes.
Le rocher porte l'inscription latine : "Tu es Pierre et sur cette pierre, je bâtirai mon Eglise..."
II Dans l'église Saint-André de Dolus.
Le peintre regroupe autour de la Vierge à l'enfant, les saints honorés dans l'île d'Oléron : Denis (en arrière plan avec sa crosse d'évêque), à ses côtés
Saint-Trojan, évêque lui aussi, Georges le combattant, Pierre et ses clés, André le martyr crucifié...
Au premier plan la Foi est incarnée par Thérès d'Avila et l'Amour par Elisabeth de Hongrie ( Eglise Saint-André. Dolus. Oléron. )
L'oeuvre est elle aussi, un peu théâtrale, dans le goût du XIXème. On remarquera l'inscription sous les pieds de marie : Benedicta sit Insula
Nostra Olerum. Que soit bénie notre Île d'Oléron.
III Dans l'église de Saint-Trojan.
Pour terminer l'inventaire, la toile de Charlet que je préfère et qui n'est pas classée : Notre-Dame des Tempêtes.
Elle est plus sombre et romantique, elle évoque malgré le message qu'elle veut donner, le destin de l'homme pris dans les eaux noires d'un naufrage
et qui soudain voit un salut auquel il serait bon de croire si tout l'équipage était guidé vers lui...
Omer Charlet est plus inspiré dans son romantisme tardif. Vous pouvez passer le pont pour visiter le musée de Rochefort qui expose quelques oeuvres
de la même qualité, comme les orphelines de la mer. La toile représente deux jeunes filles sur un fond de ciel sombre, avec au loin, le navire au mât brisé qui entraîna vers la mort leur
père à qui la Vierge des Tempêtes oublia d'apparaître...
Non loin d'Oléron, dans l'église de Marennes, une très belle toile représente le martyre de Saint André... Peut-être était-elle prévue pour l'église de Dolus.
Le saint y est représenté comme un jeune homme séduisant et sensuel, jambes écartées sur le bois de la croix en X.
Lien Eglise de Saint-Trojan. Oléron.
Omer Charlet. Orphelines de la mer. Rochefort. Musée Hèbre de
saint clément.