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Montmartre secret

Montmartre secret

Pour les Amoureux de Montmartre sans oublier les voyages lointains, l'île d'Oléron, les chats de tous les jours. Pour les amis inconnus et les poètes.

Publié le par Christian Wacrenier

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Publié le par Christian Wacrenier

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Publié le par Christian Wacrenier

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Publié le par chriswac

Il y a des paysages sages

avec des limites bien dessinées

avec des couleurs franches

des paysages sans problèmes qui font les cartes postales idéales

Il y a des paysages qui ne sont pas sages

qui bougent et s'effacent

qui reviennent et disparaissent

qui jouent avec la lumière et l'horizon

qui troublent nos certitudes et nous déstabilisent

Jacques Dourlent. Paysages. Côte d'Opale.
Jacques Dourlent. Paysages. Côte d'Opale.
Jacques Dourlent. Paysages. Côte d'Opale.
Jacques Dourlent. Paysages. Côte d'Opale.

Les paysages de la Côte d'Opale sont de ceux-là

Peu de peintres sont capables de fixer sur une toile ce qui en eux est mouvant et indécis, ce qui se métamorphose et se trouble

Jacques Dourlent est de ceux-là

Jacques Dourlent. Paysages. Côte d'Opale.
Jacques Dourlent. Paysages. Côte d'Opale.
Jacques Dourlent. Paysages. Côte d'Opale.
Jacques Dourlent. Paysages. Côte d'Opale.

Il habite ce pays de dunes et d'eau, de sable et de vent

Côte d'Opale la bien nommée

J'ai retrouvé dans ses toiles ce que je ressentais enfant quand je marchais sur ces plages

J'ai senti de nouveau le vent sur ma peau et les aiguilles du sable sur mes jambes

J'ai regardé ce début du monde où chacun est appelé à nommer les éléments pour leur assigner une place éphémère

Jacques Dourlent. Paysages. Côte d'Opale.
Jacques Dourlent. Paysages. Côte d'Opale.
Jacques Dourlent. Paysages. Côte d'Opale.
Jacques Dourlent. Paysages. Côte d'Opale.

On entend souffler le vent

On respire l'odeur séminale de la mer

On voit les baches disparaître

Pas un homme

Pas une femme dans le paysage

On est seul

Seul à regarder

Seul à passer

Jacques Dourlent. Paysages. Côte d'Opale.
Jacques Dourlent. Paysages. Côte d'Opale.
Jacques Dourlent. Paysages. Côte d'Opale.
Jacques Dourlent. Paysages. Côte d'Opale.
Jacques Dourlent. Paysages. Côte d'Opale.

Parfois la nuit vient se mêler au jeu des éléments

Elle ajoute à la confusion

Elle se mêle aux nuages et assombrit le rivage

On reste là, on regarde, on attend

Nos pensées volent dans l'air comme les goélands qu'on entend sans les voir

On entre dans le paysage

On devient paysage

Jacques Dourlent. Paysages. Côte d'Opale.
Jacques Dourlent. Paysages. Côte d'Opale.
Jacques Dourlent. Paysages. Côte d'Opale.
Jacques Dourlent. Paysages. Côte d'Opale.

C'est le mystère de cette oeuvre

Elle vous invite à vous y perdre un instant

A trouver un repère, une eau plus claire, un sable plus dur

A délaisser tout ce qui vous encombre

A être démuni et fragile

A vous taire

Jacques Dourlent. Paysages. Côte d'Opale.
Jacques Dourlent. Paysages. Côte d'Opale.
Jacques Dourlent. Paysages. Côte d'Opale.
Jacques Dourlent. Paysages. Côte d'Opale.

Aussi étrange que cela puisse paraître, ce qui ressemble le plus au sentiment que j'éprouve devant ces toiles de jacques Dourlent c'est celui qui m'habite quand j'entre dans une cathédrale

Ce monde sans frontières, sans murs, sans toit, sans limite est proche pour moi du silence des cathédrales, des tombées de lumière qui à travers les vitraux font vibrer les grains de poussière

Devant l'immensité de la mer et du ciel on sent la même présence sacrée le même infini qui nous aspire

Jacques Dourlent. Paysages. Côte d'Opale.
Jacques Dourlent. Paysages. Côte d'Opale.
Jacques Dourlent. Paysages. Côte d'Opale.
Jacques Dourlent. Paysages. Côte d'Opale.

Toutes les photos des oeuvres du peintre sont empruntées au livre "Lumière Native" (Les Ecrits du Nord.Editions Henry)

Des poèmes de jean Le Boël les accompagnent

Parfois la mer se retire

et nous emporte

ou nous laisse

échouages vagues

coeurs vides

à l'attendre.

Jean Le Boël a su mieux que moi trouver les mots eux-mêmes mêlés de silence et d'étonnements. Je lui laisse le dernier "mot" et la dernière interrogation adressée au peintre :

et pourtant ce ne sont que des traces

huiles grasses et pigments

étalés sur une toile

qui es-tu toi

qui fais de nous

des voyants?

Jacques Dourlent. Paysages. Côte d'Opale.

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Publié le par chriswac

C'est une des toiles les plus foisonnantes et les plus étranges de Gustave Moreau.

Le peintre y a travaillé de 1860 à sa mort, l'abandonnant puis la reprenant, année après année. Plutôt que d'unité de l'oeuvre on pourrait parler d'une série de plans sur tel ou tel personnage, comme autant de zooms sur des corps dénudés.

Gustave Moreau. Les Prétendants. Musée Moreau.

Moreau interprète un épisode de l'Odyssée, le chant XXII.

Ulysse de retour à Ithaque découvre la salle du palais où sont réunis les prétendants prêts à se mesurer pour être l'élu, celui qui remplacera l'époux disparu auprès de la reine.

Pénélope, celle que tous ces hommes désirent est absente. Aucune femme n'est représentée dans la scène, sinon la déesse Minerve, la vierge qui flotte dans un halo de lumière au-dessus des massacres.

Les femmes sont dans leurs appartements. On apprendra à la fin du chant que toutes celles qui ont été infidèles et ont eu pour amants les princes prétendants seront pendues aux solives dans la salle du massacre.

Gustave Moreau. Les Prétendants. Musée Moreau.
Gustave Moreau. Les Prétendants. Musée Moreau.

Au premier plan les cadavres de jeunes hommes occupent l'espace. Malgré la mort qui vient de les frapper, ils restent beaux et sensuels.

Alors que Moreau représente dans ses toiles la femme quasi androgyne, froide et maléfique, les hommes sont ici, bien que morts, plus "vivants" et moins "symboliques" que ses figures féminines!

Gustave Moreau. Les Prétendants. Musée Moreau.
Gustave Moreau. Les Prétendants. Musée Moreau.
Gustave Moreau. Les Prétendants. Musée Moreau.
Gustave Moreau. Les Prétendants. Musée Moreau.
Gustave Moreau. Les Prétendants. Musée Moreau.

Ces corps juvéniles frappés dans leur force et leur éclat sont comme autant de victimes de leur désir pour la femme. Ils sont frères des guerriers massacrés à Troie à cause d'Hélène indifférente aux malheurs qu'elle provoque.

On lit dans cette immense composition les fantasmes du peintre et l'attirance qu'il a tenté de dissimuler toute sa vie pour les jeunes hommes. Bien que le milieu artistique de la fin du XIXème eût été fortement marqué par l'homosexualité (Proust, Montesquiou, Wilde) il n'était pas facile alors de faire son "coming out"! Pour Moreau dominé par une mère adorée et tyrannique, c'était plus difficile encore!

Gustave Moreau. Les Prétendants. Musée Moreau.
Gustave Moreau. Les Prétendants. Musée Moreau.
Gustave Moreau. Les Prétendants. Musée Moreau.
Gustave Moreau. Les Prétendants. Musée Moreau.

Parmi les groupes mis en valeur dans cette scène, on voit au centre un prétendant à genoux qui vient d'être traversé par une flèche. Peut-être s'agit-il d'Eurymaque : "Il tire son glaive d'airain à deux tranchants. Ulysse lui décoche une flèche rapide qui s'enfonce au milieu de la poitrine."

Au-dessus de lui, au centre de la composition, comme entraîné vers les hauteurs, un jeune homme à la beauté ambigüe chante sur la lyre. Il représente le poète, celui qui chante dans la tempête. On le trouve dans le chant XXII : "Phémius chantait devant les prétendants et il échappa à la triste destinée". En effet, il posera sa lyre et suppliera Ulysse de l'épargner.

Pour Moreau il est l'image de l'artiste qui chante malgré l'adversité et malgré la mort. Il est Orphée qui séduit les animaux sauvages...

Moreau écrit à son propos : "Au centre, le prince appuyé sur sa lyre, figure inquiète mais non détournée de son rêve poétique personnifie la jeune Grèce mère des Arts et de la pensée".

Gustave Moreau. Les Prétendants. Musée Moreau.
Gustave Moreau. Les Prétendants. Musée Moreau.

Au premier plan, plus théâtral, un prince vêtu de bleu vient d'être frappé par une flèche décochée par Ulysse que l'on aperçoit derrière lui.

Moreau se serait inspiré pour sa composition, qui est à elle seule un tableau, d'un marbre antique (Atys) dont il a fait un dessin au Musée des Offices.

Le jeune homme que la mort vient de frapper se tient debout...

Son visage levé, lèvres entrouvertes est celui d'un amoureux...

Il évoque à la fois Orphée et Saint Sébastien deux thèmes chers au peintre.

Gustave Moreau. Les Prétendants. Musée Moreau.
Gustave Moreau. Les Prétendants. Musée Moreau.
Gustave Moreau. Les Prétendants. Musée Moreau.

A l'arrière-plan sur la droite apparaît le héros! On le voit à peine, debout sur le seuil bandant son arc. Il est surmonté de la chouette qui symbolise Minerve la déesse des combats. Ce n'est pas lui qui intéresse le peintre. Il n'est que l'instrument de la mort, allié à Minerve, la vierge combattante qui l'encourage et attise sa fureur.

Gustave Moreau. Les Prétendants. Musée Moreau.

Minerve plane dans un halo de lumière, l'étoile rouge au-dessus de la tête.

Elle n'est pas la plus grande réussite du tableau. Elle n'a pas de réelle présence. Moreau qui aimait l'Inde ne s'est pas inspiré des déesses de la terreur. Il est vrai qu'il est difficile de représenter une déesse qui symbolise à la fois les combats, la paix, l'intelligence et la sagesse! De quoi en perdre son latin et son grec!

Gustave Moreau. Les Prétendants. Musée Moreau.
Gustave Moreau. Les Prétendants. Musée Moreau.

Sur la gauche du tableau, un jeune homme assis, le regard sévère semble ne pas être concerné par les massacres. Il tient une lance rouge et une coupe d'or dans laquelle est posée un lys. Etrange et fascinant spectateur presque nu.

Ce jeune homme attirant et farouche, à l'écart des massacres est comme l'aveu d'un secret que le peintre confie à qui saura le voir!

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Publié le par chriswac
Publié dans : #MONTMARTRE. Rues et places.

Ce n'est pas une des rues emblématiques de la Butte!

C'est une artère plutôt banale qui va de la rue Véron à la rue des Abbesses.

La rue Audran de la rue Véron aux Abbesses (1) et des Abbesses à la rue Véron (2)
La rue Audran de la rue Véron aux Abbesses (1) et des Abbesses à la rue Véron (2)

La rue Audran de la rue Véron aux Abbesses (1) et des Abbesses à la rue Véron (2)

Elle n'est longue que de 57 mètres et large de 8 !

Elle a été ouverte dans la commune de Montmartre en 1839 et a porté successivement le nom de rue Neuve Véron puis Gérard Audran et enfin, après le rattachement à Paris, celui d'Audran sans son prénom! (1869)

Ce qui fait croire à certains qu'elle rappelle le souvenir de l'actrice de Chabrol Stéphane Audran!

Dessin d'Audran.

Dessin d'Audran.

En réalité, comme de nombreuses rues du quartier elle rend hommage à un artiste du XVIIème siècle connu pour ses gravures d'après Lebrun, Poussin ou Lesueur ainsi que par ses planches sur les Proportions du Corps Humain.

Début de la rue Le 1
Début de la rue Le 1
Début de la rue Le 1

Début de la rue Le 1

La rue commence avec un restaurant togolais très apprécié pour sa cuisine et pour sa convivialité dont l'adresse est rue Véron, c'est le Mono qui porte le nom d'un fleuve du pays.

L'immeuble à pan coupé est typique des immeubles de rapport construit au XIXème siècle dans un Montmartre en pleine mutation.

Immeuble rue Véron à l'angle avec la rue Audran côté pair.
Immeuble rue Véron à l'angle avec la rue Audran côté pair.
Immeuble rue Véron à l'angle avec la rue Audran côté pair.

Immeuble rue Véron à l'angle avec la rue Audran côté pair.

Côté pair, le bâtiment avec son jardinet, vestige du vieux village, bien que faisant partie de la rue Véron mord sur la rue Audran.

Le matin où je suis passé, une affiche était apposée sur son mur. Raymoundo un beau chat aveugle d'un oeil avait été perdu 7 mois plus tôt. Sa maîtresse espérait encore le retrouver.

L'autre félin qui habite l'endroit et qui le connaissait sans doute semble l'attendre lui aussi.

Le 2.

Le 2.

Le 3 et son restaurant créole

Le 3 et son restaurant créole

le 4
le 4

le 4

Le 4 est lui aussi un immeuble de rapport construit dans la première moitié du XIXème siècle. Je n'ai jamais compris pourquoi certains de ces immeubles étaient classés au PLU (Patrimoine Local d'urbanisme) alors que d'autres, de la même époque et d'une architecture proche ne l'étaient pas!

Ainsi dans la rue Audran, le 4 est-il le seul a profiter de cette distinction!

Au fond il la mérite car il abrite un commerce qui se fait de plus en plus rare, une librairie! Qui plus est sympathique et un peu foutraque ! Chacun pourra y faire son miel car elle s'appelle la Manne.

Le 5 et le "ristorante" Al Caratello connu pour ses pâtes exceptionnelles!

Le 5 et le "ristorante" Al Caratello connu pour ses pâtes exceptionnelles!

Le 6

Le 6

Le 7
Le 7
Le 7

Le 7

Le 7, dernier immeuble côté impair, abrite un hôtel qui se retrouve parfois dans des films tournés sur la Butte. Le dernier en date est le sinistre film de Roger Michell "Week-end à Paris". Il commence dans une de ses chambres que Lindsay Duncan trouve triste, moche et beige de surcroît!

Pas sûr que ce soit une bonne publicité!

L'immeuble abrite sur la rue des Abbesses un café branchouille comme tous ceux de cette rue boboïssime : Le Chinon.

Une photo du film "Week-end à Paris". Jim Broadbent et Lindsay Duncan rue du Chevalier de la Barre.

Une photo du film "Week-end à Paris". Jim Broadbent et Lindsay Duncan rue du Chevalier de la Barre.

Le 8
Le 8

Le 8

Le bel immeuble du 8 avec avant-corps abrite deux restaurants italiens. La Pizza Caratello et le Piccolo Caratello. La rue est caratellisée, c'est le moins qu'on puisse dire!

Puisque caratello signifie tonnelet, ne nous en plaignons pas dans un quartier proche des dernières vignes de Montmartre!

Le 10
Le 10
Le 10

Le 10

Deux numéro 10 pour cette rue minuscule! Un immeuble original, genre atelier d'artiste post art-déco et un petit immeuble qui fait l'angle avec les Abbesses et où l'on trouve une boutique de fringues.

La rue des Abbesses en abrite une bonne vingtaine! Les marques à la mode tiennent à y avoir pignon sur rue. Ainsi va Montmartre! Les artistes y ont laissé place aux marchands!

Mais les chats de Bruant et de Steinlen n'ont pas changé et c'est pourquoi nous les appelons à la rescousse pour retrouver Raymoundo, le gentil chat, aveugle d'un oeil qui a disparu un matin d'octobre.

Rue Audran. Montmartre.

Liens:

Classement alphabétique de tous les articles sur les rues de Montmartre :

Les rues de Montmartre

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Publié le par chriswac
Publié dans : #VOYAGES..., #Peintres

Le maître de Giotto était Cimabue dont nous avons vu le crucifix sauvé des inondations dans l'église Santa Croce de Florence.

Ce chef d'oeuvre ne pouvait qu'influencer l'élève qui tout en vénérant son inspirateur prend ici son indépendance pour devenir à son tour source d'inspiration.

Giotto. Crucifix de Santa Maria Novella. Florence.
Giotto. Crucifix de Santa Maria Novella. Florence.

Après 12 années de restauration c'est en 2001 que le crucifix a repris sa place originelle, celle qu'il occupait au XIIIème siècle au centre de la travée principale  de l'église.

Cette position entre le sol et les voûtes lui donne un aspect aérien et les bras en croix s'ouvrent comme pour un envol.

Le Christ est représenté fidèlement à la tradition de l'époque. Il est le Christ de souffrance dont l'agonie s'est achevée... 

 

Son corps s'est affaissé sur lui-même. Les côtes sont saillantes, les plaies ouvertes dont le sang ultime s'écoule. Le ventre est proéminent sur le périzonium.

Le périzonium c'est le "pagne de pureté" dont on vêt le Christ qu'on n'ose représenter nu comme l'étaient les suppliciés romains. La transparence du pagne peint par Giotto et l'inexistence de toute trace visible du sexe vont inspirer un temps les peintres jusqu'à ce qu'au XIVème siècle ne s'impose le vêtement de toile épaisse et décente!

 

Giotto. Crucifix de Santa Maria Novella. Florence.
Giotto. Crucifix de Santa Maria Novella. Florence.
Giotto. Crucifix de Santa Maria Novella. Florence.

La tête du Christ se penche sur son épaule. Les yeux clos n'interrogent pas le ciel, ils sont baissés vers la terre, vers les témoins du supplice, vers les croyants qui entrent dans l'église.

Les lèvres sèches qui ont crié leur soif sont maintenant figées.

La chevelure est comme teintée par la douleur. L'or de l'auréole semble éclairer son étrange rousseur.

 

Giotto. Crucifix de Santa Maria Novella. Florence.
Giotto. Crucifix de Santa Maria Novella. Florence.

A droite et à gauche, les "tabellone" représentent Marie et Jean.

Ils n'invitent pas du regard comme chez Cimabue les fidèles qui passent devant le crucifix. Ils ont les yeux tournés vers celui dont le martyre vient de s'achever.

Leur visage est le nôtre quand une douleur trop grande nous envahit et que l'on tente de retenir nos larmes, les muscles crispés jusqu'à la douleur.

Ils croisent les mains comme pour les tenir en place et les empêcher de se lever vers le cadavre pour le toucher encore, une dernière fois.

Giotto. Crucifix de Santa Maria Novella. Florence.
Giotto. Crucifix de Santa Maria Novella. Florence.

Le sang coule et se fige peu à peu sous les pieds du Christ. Il atteint les rochers du Golgotha où reposent le crâne et les os d'Adam le premier homme. Le nouvel Adam est venu s'offrir pour qu'à jamais la mort soit vaincue...

Le crucifié de Giotto est plus tragique que celui de Cimabue. Il marque une étape importante dans la représentation de l'Homme-Dieu.

A Byzance, les icônes le représentent comme Dieu avant tout, dans l'or et la splendeur du royaume. Avec Cimabue il est à la fois pleinement Homme et pleinement Dieu. C'est  l'image la plus belle et la plus proche de celle que nous avons des êtres que nous aimons.

Avec Giotto le Christ sur la croix est homme. Il n'est pas encore le Christ lépreux dans lequel se reconnaitront et se réconforteront les malades. Il n'est pas encore le Christ de Grünewald, miroir de toutes les dégradations de la chair. Il y a dans son corps sans vie une douceur et un silence qui impressionnent. Alors que l'on avait l'impression qu'il s'envolait vers les voûtes, on comprend que ses bras s'étendent au-dessus de ceux qui le regardent, que son visage se baisse vers eux.

Peint avec foi, il s'adresse à ceux qui ont la foi et croient que la mort se penchera sur eux avec le même visage grave et fraternel pour les emmener de l'autre côté... 

 

 

Giotto. Crucifix de Santa Maria Novella. Florence.

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Publié le par chriswac
Publié dans : #MONTMARTRE. Rues et places., #VOYAGES...

Comme j'habite rue André Del Sarte à Paris (pardon à mes amis taliens qui ne supportent pas la francisation des noms de leurs congénères) je ne pouvais manquer de chercher à Florence la maison construite par le peintre, où il vécut douze ans et où il mourut.

André Del Sarte. Sa maison à Florence. Andrea Del Sarto.
André Del Sarte. Sa maison à Florence. Andrea Del Sarto.

Je l'ai trouvée facilement car le hasard n'est jamais hasardeux!

Elle était à deux pas de mon hôtel, via Gino Capponi.

C'est une belle maison typique de l'architecture florentine du début du XVIème siècle, avec encadrements en pierre grise, la pietra serena partout présente dans la ville.

Elle est située dans un quartier apprécié des peintres et des artistes car à proximité de l'Académie de dessin de l'église de l'Annunziata.

Façade sur la rue Capponi. Plaque commémorative : Dans cette maison a habité de façon certaine le peintre Andrea d'Agnolo dit Del Sarto qui de retour de France la fit édifier et où il mourut en 1530.
Façade sur la rue Capponi. Plaque commémorative : Dans cette maison a habité de façon certaine le peintre Andrea d'Agnolo dit Del Sarto qui de retour de France la fit édifier et où il mourut en 1530.
Façade sur la rue Capponi. Plaque commémorative : Dans cette maison a habité de façon certaine le peintre Andrea d'Agnolo dit Del Sarto qui de retour de France la fit édifier et où il mourut en 1530.

Façade sur la rue Capponi. Plaque commémorative : Dans cette maison a habité de façon certaine le peintre Andrea d'Agnolo dit Del Sarto qui de retour de France la fit édifier et où il mourut en 1530.

La maison est un hôtel particulier construit à grands frais!

Elle devrait aujourd'hui être offerte à la France!

En effet c'est avec l'argent que lui avait confié François Ier que le peintre la fit construire!

L'histoire est connue!

Andrea est marié à Lucrezia del Fede qu'il laisse dans sa ville quand il se rend en France à l'invitation du roi, grand amateur d'artistes italiens. Le séjour du peintre n'est pas très long, de juin 1518 à février 1519. Il faut reconnaître que bien que le portable n'existât pas, il était poursuivi par des lettres comminatoires de son épouse qui exigeait son retour à Florence.

Côté rue Giuseppe Giusti avec le jardin et le Palais Zuccari qui a englobé la maison.
Côté rue Giuseppe Giusti avec le jardin et le Palais Zuccari qui a englobé la maison.

Côté rue Giuseppe Giusti avec le jardin et le Palais Zuccari qui a englobé la maison.

Andréa laissa en France quelques toiles achetées par le roi dont la célèbre Charité du Louvre et demanda l'autorisation de quitter la cour pour faire un petit tour dans sa patrie. Notre brave François accepta contre promesse formelle de revenir dès que possible.

Il donna au peintre une forte somme en paiement d'œuvres à venir.

Andréa prit l'argent et ne revint jamais...

Avec la petite fortune facilement acquise il se fit construire cette belle maison où il vécut heureux et sans remords.

Il ne lui vint pas une seule fois à l'idée d'envoyer au roi quelques unes des toiles promises. Il eut tort car pendant le siège de Florence (1629) nombreuses furent celles qui furent détruites.

Notre Andréa qui avait auparavant été abandonné par sa belle Lucrezia en eut tant de chagrin qu'il se laissa dépérir, refusa de s'alimenter et s'éteignit dans cette maison payée par François Ier!

Toiles achetées par le roi : Madonna col Bambino, Santa Elisabetta  et San Giovannino. La Charité (Louvre)
Toiles achetées par le roi : Madonna col Bambino, Santa Elisabetta  et San Giovannino. La Charité (Louvre)

Toiles achetées par le roi : Madonna col Bambino, Santa Elisabetta et San Giovannino. La Charité (Louvre)

... Et voilà!

Notre rue de Montmartre rend hommage à un grand peintre qui a bien roulé dans la farine notre François Ier amoureux de l'Italie!

Sa maison comme le palais Zuccari qui l'engloba plus tard ont été achetés par la Deutsche Bank qui en a fait don à l'Association des amis du Kunsthistorisches Institut......

Admettons qu'elle n'est pas en de trop mauvaises mains et renonçons au procès que nous allions intenter à Florence pour obtenir réparation!!!!!

Autoportrait. Andrea Del Sarto

Autoportrait. Andrea Del Sarto

La rue André Del Sarte vue de mes fenêtres.

La rue André Del Sarte vue de mes fenêtres.

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Publié le par chriswac
Publié dans : #MONTMARTRE. Rues et places.

Rue Androuet.

C'est une des plus courtes rues de Montmartre!

Une quarantaine de mètres entre la rue des Trois Frères et la rue Berthe et huit mètres de large...

Elle s'appelait rue de l'Arcade lorsqu'elle fut ouverte en 1840 sur le territoire de l'ancienne commune et descendait jusqu'aux Abbesses..

La rue Androuet vue du Passage des Abbesses (ancien passage de l'Arcade).................... Au n°1 l'épicerie "Collignon".
La rue Androuet vue du Passage des Abbesses (ancien passage de l'Arcade).................... Au n°1 l'épicerie "Collignon".

La rue Androuet vue du Passage des Abbesses (ancien passage de l'Arcade).................... Au n°1 l'épicerie "Collignon".

Rue Androuet. Montmartre. Jacques Servoz.

Au n°1 nous trouvons une des épiceries les plus célèbres de Montmartre depuis que Jamel Debbouze y a été employé et qu'Amélie Poulain venait y acheter des fruits

Statue de Jacques Androuet (Louvre)............... Début de la rue n°2 (galerie)
Statue de Jacques Androuet (Louvre)............... Début de la rue n°2 (galerie)

Statue de Jacques Androuet (Louvre)............... Début de la rue n°2 (galerie)

En 1864, la rue reçut son nom en hommage au graveur et architecte Jacques Androuet du Cerceau (1515-1585) connu surtout pour ses dessins et ses illustrations. Une certaine confusion règne quant à ses réalisations car un Androuet peut en cacher un autre! Jacques fut père de deux architectes, Baptiste et Jean et grand-père de deux autres, Jacques II Androuet et Salomon de Brosse!

Côté pair la rue commence avec une galerie d'art "Studios Paris" qui expose actuellement des oeuvres de Jack Servoz dans ses locaux et dans la rue!

Jack Servoz et Aragon....................... Oeuvre de Servoz exposée dans la galerie
Jack Servoz et Aragon....................... Oeuvre de Servoz exposée dans la galerie

Jack Servoz et Aragon....................... Oeuvre de Servoz exposée dans la galerie

Jack Servoz ancien danseur, actuel peintre et poète expose dans la rue Androuet ses visages à la fois torturés et vibrants entre le Cri de Munch et le Christ de Rouault.

Ses portraits "électrisent" la petite rue!

Le n° 3 avec ses portraits de Servoz...

Le n° 3 avec ses portraits de Servoz...

Hot-headed........the strangers........ the rebellious..
Hot-headed........the strangers........ the rebellious..
Hot-headed........the strangers........ the rebellious..

Hot-headed........the strangers........ the rebellious..

Le n° 2 et The Abused
Le n° 2 et The Abused

Le n° 2 et The Abused

le n° 4 et le n° 6. Deux petits immeubles montmartrois et paisibles!
le n° 4 et le n° 6. Deux petits immeubles montmartrois et paisibles!

le n° 4 et le n° 6. Deux petits immeubles montmartrois et paisibles!

le n° 5 et The Fool
le n° 5 et The Fool

le n° 5 et The Fool

Le n° 8  et  The Possessed
Le n° 8  et  The Possessed

Le n° 8 et The Possessed

Le 8 qui est le dernier immeuble côté pair donne en partie sur la rue Berthe. C'est un bâtiment à pan coupé caractérisitque des immeubles de rapport construits sur la butte au XIXème siècle.

Le n° 7............ La porte d'entrée
Le n° 7............ La porte d'entrée

Le n° 7............ La porte d'entrée

Rue Androuet. Montmartre. Jacques Servoz.

Le 7 est le seul immeuble de la rue (à ma connaissance) qui ait abrité une personnalité montmartroise et non des moindres !

Jean-Baptiste Clément, auteur comme chacun sait de l'immortel "Temps des Cerises et de la poignante "Semaine Sanglante.

Une place voisine porte son nom.

Notons que malgré l'importance décisive de la Commune et son empreinte laissée sur notre Butte, Clément est avec Louise Michel le seul Communard auquel une voie du XVIIIème arrondissement rende hommage alors qu'une trentaine porte le nom des propriétaires qui ont loti leur terrain pour toucher de juteux bénéfices!

Clément aima notre quartier et on peut dire qu'il en visita bien des rues!

Il habita en effet successivement rue Chappe, Passage des Abbesses, Cité du Midi (pendant la Commune), rue Constance (à son retour d'exil), rue Ganneron, rue Lepic, (sa dernière adresse...)

C'est avec le refrain de la Semaine Sanglante que nous quittons la rue :

 

Oui mais ça branle dans le manche,

Ces mauvais jours-là finiront.

Et gare à la revanche

Quand tous les pauvres s'y mettront.

 

 

...Avez-vous remarqué que la petite rue s'ouvrait au sud sur l'espace et le ciel?

...Avec les chaussures de Jean-Baptiste Clément dans les nuages!

...Avec les chaussures de Jean-Baptiste Clément dans les nuages!

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