Chaque matin de l'été, j'enfourche mon destrier pour me lancer sur la piste qui va de la maison jusqu'au Château, la capitale du sud de l'île d'Oléron où je vais au marché avant de rendre visite aux chats dans leur refuge du Bastion...
Un regard à la petite chapelle Saint-Joseph qu'un panneau annonce comme un monument du XVIIIème siècle!
On pense au guide du sketch de Dufilho faisant visiter un château du Moyen-Âge : "Construit au XIIème siècle, ruiné pendant la guerre de Cent ans, incendié à la Révolution, tout est AUTHENTIQUE!"
La chapelle construite au XVIIIème siècle, détruite peu après, rebâtie à la fin du XIXème... tout est AUTHENTIQUE!
A l'intérieur les fresques d'un grand-villageois, Elie Murat, représentent la faune de l'île et ses hameaux...
Les anciens ont connu le temps où elle se dressait seule dans la nature entre lande et marais.
Aujourd'hui elle est cernée par des lotissements de maisonnettes stéréotypées, sorties droit de catalogues...
Après avoir traversé la route, on arrive au Port des Salines, créé à partir de rien, il y a une vingtaine d'années
Pour évoquer le temps où les saulniers récoltaient le sel, un marais salant a été reconstitué avec saulnier en chair et en os et magasin pour vendre la production.
Un restaurant sur pilotis a été ouvert dans des cabanes authentiquement fausses mais colorées et joyeuses!
N'oublions pas l'Ecomusée où le sel et l'huître sont à l'honneur dans une présentation scolaire et un peu foutraque.
Chaque mercredi pendant la saison se tient un petit marché des producteurs avec pâté de lapin, tartes maison, cailloux peints, plantes, épices de Madagascar et raton laveur!
La piste continue à travers les marais
Le plaisir de découvrir les hôtes des marais est chaque jour renouvelé... Hérons, canards, oies sauvages, aigrettes... Un monde harmonieux et paisible qui profite de la fin d'été et ignore que bientôt les chasseurs en tenue militaire vont perturber leur domaine ....
...et mon domaine car la zone est "gibier d'eau"! Il faudra pédaler entre des commandos aux pétoires aléatoires!
A partir du chenal du Nicot, la piste suit la route, toujours le long des marais jusqu'au chenal d'Ors et ses cabanes ostréicoles. C'est un des chenaux les plus actifs de l'île et les amateurs d'huîtres (dont je ne suis pas ) y trouvent leur bonheur.
C'est aussi un coin resté authentique, comme préservé de la déferlante immobilière!
Après le chenal, la route passe par le rond-point aux cabanes miniatures qui ressemblent à des toilettes pour touristes, puis par La Chevalerie, village qui fait partie de la commune du Château et qui a conservé le charme intact de quelques vieilles rues et venelles envahies de roses trémières.
Passé le village, la piste cyclable serpente en pleine nature .C'est la plus belle partie du voyage entre le miroir des eaux dormantes et le ciel infini...
Les oiseaux, les moutons...
Une parcelle enchantée loin du bruit et de la foule.
Frères ragondins, méfiez-vous!
Vous êtes guettés par des vilains qui veulent vous transformer en pâté aromatisé au cognac!
On passe devant la grande mare du centre équestre de Montravail, paradis des bernaches et des ragondins, avant d'entrer dans la ville du Château...
Il y avait naguère une vieille maison de meunier et un moulin au milieu des herbes folles.
L'une et l'autre n'ont pas été détruits, par chance, mais se retrouvent sur le parking d'une grande surface!
J'ai connu Mimile, le dernier occupant!
Il se retourne peut-être dans sa tombe à moins qu'il soit resté, fantôme vigilant, pour veiller sur le vieux moulin et son logis aux volets bleus!
Le vieux moulin de "la quille du chien" (tel était son ancien nom) est un des quatre rescapés de la quinzaine qui faisaient tourner leur ailes au Château d'Oléron.
De quoi rendre jaloux le Montmartrois qui n'a plus que deux moulins sur la Butte!
Quelques coups de pédale et c'est la porte de Dolus et la petite ville du Château dans ses remparts, la plus jolie ville d'Oléron, un tantinet méditerranéenne...
Je termine ma balade par mon rendez-vous avec les chats des "Pachats du Bastion", chats abandonnés, blessés, recueillis par une équipe de belles personnes qui leur redonnent goût à la vie, dans cette commune, la seule de toute l'île qui se préoccupe de leur sort...
Il est vrai que comme m'a dit le maire d'une auitre commune que je ne citerai pas et à qui je demandais s'il pouvait faire quelque chose pour les chats errants et faméliques :
"Ne vous en faites-pas, les chasseurs régleront le problème d'ici peu!"
Ce matin de septembre, j'entends les fusils. Les grands défenseurs de la nature sont à l'oeuvre. J'espère comprendre un jour comment on peut prendre plaisir à tuer sans nécessité de se nourrir.
... Et maintenant je retourne à la maison, par le même chemin en souhaitant bonne chance au "gibier d'eau" et mauvaise chance à ses prédateurs!