Art du partage, art éphémère, l'art urbain est une des formes les plus dynamiques de la création contemporaine.
Quelle surprise et quelle aventure que de découvrir toute une rue offerte à l'imagination et au talent!
Je ne suis passé rue Véron qu'en décembre alors que les collages y avaient été réalisés en octobre.
C'est le destin de cette rue, parallèle à la rue des Abbesses de rester dans l'ombre de sa voisine, alors qu'elle fait partie de l'histoire artistique de Montmartre et continue de le faire...
Le hasard m'a fait rencontrer l'initiateur de l'accrochage hétéroclite sur des fils qui courent d'un immeuble à l'autre d'objets utilitaires ou improbables...
Il s'agit de Joël Knafo dont la galerie est située au 21.
Il a proposé à deux peintres et non des moindres d'habiller ou de déshabiller la rue...
Levalet y délègue ses personnages mi Chaplin mi Kafka.
Ils sont des habitués des rues parisiennes où ils investissent les anfractuosités, écartent les cadres, sautent par-dessus les bornes...
Ils nous entraînent dans un film muet entre tendresse et drôlerie..
Ici, ils font leur bonne action.
A l'aide d'une fourche ou d'un balai, Ils sont les support du fil à étendre le linge.
Philippe Hérard nous introduit dans un autre univers, poétique lui aussi mais plus inquiétant.
Ses personnages sont à la fois fragiles et naïfs. Ils ne comprennent pas ce qui leur arrive mais le vivent comme si c'était naturel.
Ils ont besoin de bouée pour se rassurer mais il n'est pas certain qu'elle les sauvera du danger.
Dans la rue Véron, ils n'ont pas échappé au danger des échafaudages qui se sont élevés contre eux et les mutilent.
... et sur les fils pendent des objets, des animaux qui racontent une histoire. Réalité qui existe derrière les façades, rêves qui restent prisonniers dans les appartements et dans les chambres.
L'imagination des deux peintres se fait complice.
Complice d'eux mêmes et complice des habitants de la rue.
Les deux artistes se sont amusés à étendre à la vue de tous leur garde-robe de fantaisie, leurs objets décalés...
On ne devine pas toujours ce qui appartient à l'un ou à l'autre...
On ne saura pas ce qui a disparu et dont il ne reste que des ombres blanches...
Mais on gardera des images selon notre sensibilité, un canard qu'on aimerait libérer, un requin qui n'a pas fini d'avaler son repas, un nounours à côté d'un dentier...
Art urbain, art éphémère
Mains tendues, cœur ouvert
.. La rue Véron depuis octobre vous invite à sourire et rêver.
En voilà un qui s'y connaît en art urbain, c'est le chat de la rue Véron qui jette un œil sur les poissons accrochés au fil!