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Montmartre secret

Montmartre secret

Pour les Amoureux de Montmartre sans oublier les voyages lointains, l'île d'Oléron, les chats de tous les jours. Pour les amis inconnus et les poètes.

montmartre monuments. cabarets. lieux

Le théâtre de l'Œuvre, Lugné Poe.

    Il est bien caché dans son impasse pompeusement appelée "Cité Monthiers".

Qui passe rue de Clichy ne peut imaginer qu'il est caché là, de l'autre côté de l'arcade! 

Le théâtre de l'Œuvre, Lugné Poe.

Le théâtre de l'Œuvre!

Il n'est pas tout jeune mais porte beau ses presque 130 ans! Son histoire est quelque peu mouvementée.

C'est un comédien, Lugné-Poe qui en est à l'origine en créant une nouvelle troupe venue du Théâtre libre d'Antoine, soucieuse de se dégager du réalisme pour défendre les jeunes auteurs du Symbolisme.

Le théâtre de l'Œuvre, Lugné Poe.

    Une petite salle est disponible 55 rue de Clichy, Cité Monthiers, la salle Berlioz où la troupe s'installe en 1893. La salle est alors appelée "maison de l'œuvre", puis "théâtre de l'œuvre".

 

    Les auteurs nordiques (Ibsen, Strindberg) sont mis à l'honneur ainsi que de jeunes auteurs français comme Bataille ou Jarry, jusqu'en 1899 où la salle ferme une première fois.

                                                  Autoportrait (Vuillard 1890)

   Pendant ces années fécondes Lugné Poe s'assure la collaboration de Vuillard qui est engagé comme lui dans la défense des Nabis. C'est d'ailleurs Vuillard qui suggère à Lugné Poe le nom donné au théâtre en ouvrant au hasard un dictionnaire et tombant sur le mot œuvre.

Théâtre de l'Œuvre (Vuillard)

Théâtre de l'Œuvre (Vuillard)

     Le peintre qui partage avec Bonnard, Maurice Denis et Lugné Poe l'atelier du 28 rue Pigalle crée de nombreux programmes et décors, malheureusement perdus pour la plupart. Entre autres "Rosmersholm" d'Ibsen en 1893, "Solness le constructeur" d'Ibsen en 1894, "Salomé" de Wilde en 1896, "Ubu roi" de Jarry en 1898.

 

    En 1912, Lugné Poe redonne vie au théâtre qu'il dirige jusqu'à sa deuxième fermeture pour cause de guerre en 1914.

                                                          Claudel et Lugné Poe

Cette renaissance éphémère est marquée par une création qui fera date, celle de "l'Annonce faite à Marie" de Claudel, mise en scène par Lugné Poe avec le concours de Claudel lui-même.

                                                Décor de Jean Variot

C'est Jean Variot qui, sans le talent de Vuillard assume le décor trop "signifiant" de cette création. 

    Pendant les années de guerre, le théâtre reste muet. Il ne retrouvera la parole qu'en 1919, toujours avec Lugné Poe.

                                                Autoportrait 1920. Artaud

C'est cette année qu'Antonin Artaud rencontre Lugné Poe qui ne manque pas d'être frappé par l'intensité et la présence de son regard. Il lui confie quelques petits rôles, essentiellement pour l'aider financièrement mais c'est grâce à Dullin qui l'intègre dans sa troupe en 1921 qu'Artaud se révèle vraiment comme acteur. 

   

 En 1929, Lugné Poe qui est âgé de 60 ans quitte le théâtre. Lucien Beer et Paulette Pax prennent alors la relève.  

     Paulette Pax est actrice en même temps que metteuse en scène.

Dans l'Hermine de Jean Anouilh (dont elle assure la mise en scène), elle a pour partenaire Pierre Fresnay.

Les acteurs de grand talent ne manquent pas sur la scène du théâtre de l'Œuvre : Jules Berry, Odette Joyeux, Jean Dasté, Edwige Feuillère, Jean Servais, Tania Balachova...

                                                   Paulette Pax par Van Dongen

Seule sa mort en 1942 interrompra la belle carrière de Pauline Pax.

      Citons pendant ces années créatrices, parmi les représentations remarquables : "Les chevaliers de la Table ronde" de Cocteau avec Jean Marais ou  "Rois de France" de Rostand avec Harry Baur... 

 

     Lucien Beer se voit interdit de direction à cause de la loi de Vichy sur le statut des Juifs . Jacques Hébertot assure la relève pendant les années d'occupation. A la Libération Lucien Beer, assisté de Raymond Rouleau retrouve son théâtre.

     

      Plusieurs directeurs se succéderont jusqu'à nos jours, notamment Georges Wilson, directeur artistique de 1978 à 1995. Il signera pendant ces années les principales mises en scène comme Eurydice de Jean Anouilh ou Sarah et le cri de la langouste de John Murrell avec Delphine Seyrig.

 

    Dans les années 2000, Michel Bluwal signera plusieurs mises en scène et dans les années 2010 Alain Françon et Michel Fau... Du beau monde!

Michel Aumont et Michel Duchaussoy dans David et Edward mis en scène par Bluwal.

      Aujourd'hui le théâtre va son petit bonhomme de chemin et ne fait plus parler de lui. Des humoristes (Alex Vizorek, Félix Demaison) s'y produisent.

                                              Lugné Poe par Vuillard

 L'innovation et l'audace ont quitté la cité Monthiers. Elles reviendront peut-être un jour, nostalgiques de Lugné Poe, curieuses de mises en scène nouvelles et de décorateurs audacieux. La Belle au bois ronflant sera-t-elle réveillée par le baiser d'un Lugné Poe contemporain?

Le théâtre de l'Œuvre, Lugné Poe.

Liens:

Les rues de Montmartre

Les lieux et curiosités de Montmartre

Les artistes et célébrités de Montmartre.

                                                Vuillard. Ubu roi.

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2017

2017

Place Saint-Georges. Le monument à Gavarni. Denis Puech.

     Je suis repassé place St-Georges et j'ai découvert que le monument ravalé depuis peu était entouré de jets d'eau qui s'étaient colorés de rouge. Nous étions le 28 mai, dernier jour de la Semaine sanglante de 1871. J'ai cru qu'il s'agissait d'une commémoration qui rappelait les 30 000 morts de la résistance héroïque du peuple de Paris. Nous verrons qu'il n'en était rien! 

Place Saint-Georges. Le monument à Gavarni. Denis Puech.

   Le monument est le principal ornement de cette place où opère le charme indéfinissable de Paris. Il est l'épicentre des immeubles qui l'entourent.... L'hôtel de Thiers, le théâtre où fut tourné "le dernier métro", l'hôtel où vécut en ses débuts parisiens la Païva.....

 

L'hôtel de Thiers.

L'hôtel de Thiers.

   Ni Thiers, Adolphe de son prénom, ni la Païva ne le connurent puisqu'il ne fut édifié qu'en 1911 à la place d'une fontaine qui servait d'abreuvoir aux chevaux.

 

     L'ancienne fontaine semblable à plusieurs autres installées pendant la Restauration datait de 1821. C'est lorsque fut construite la ligne de métro Nord-Sud et la station Saint-Georges qu'elle fut démontée.

 

    Une pétition accompagnée d'une souscription demanda qu'on érigeât à sa place un monument à la gloire de Gavarni qui avait habité le quartier et illustré la vie parisienne d'alors.

Place Saint-Georges. Le monument à Gavarni. Denis Puech.

Autoportrait. Gavarni.

    Nous avons rencontré Gavarni dans ce blog! Il est plus que beaucoup d'artistes qui se réclament de Montmartre, un véritable amoureux de nos quartiers (et de ses belles passantes)!

Place Saint-Georges. Le monument à Gavarni. Denis Puech.

La rue des Rosiers (Chevalier de la Barre) où habita Gavarni, aujourd'hui chevet du Sacré-coeur.

     Rappelons qu'il est venu à 25 ans habiter au sommet de la Butte, rue des Rosiers, future rue du Chevalier de la Barre avant de choisir la rue Ravignan

Il aime alors croquer le petit peuple parisien avec une prédilection marquée pour les jolies grisettes du genre Mimi Pinson.

 

1 rue Fontaine.

1 rue Fontaine.

     Il descend ensuite de la Butte pour s'installer 1 rue fontaine, non loin du monument qui lui rend hommage, puis rue Saint-Georges.

Malgré l'élégance de ses dessins de mode, il est un critique acerbe de la comédie humaine et s'il fréquente les salons, c'est pour mieux en dénoncer les hypocrisies. Il n'est pas surprenant qu'il soit ami des Goncourt qui lui consacreront une biographie.

 

Place Saint-Georges. Le monument à Gavarni. Denis Puech.

    Comme eux, il est un observateur de la société et consacre des recueils à ses acteurs.  Les lorettes ont sa préférence et c'est avec une certaine tendresse qu'il les dessine.

Place Saint-Georges. Le monument à Gavarni. Denis Puech.
Place Saint-Georges. Le monument à Gavarni. Denis Puech.

   Son monument rappelle aussi qu'il fut le "reporter" du Carnaval de Paris, une coutume ancienne et vivace qui ne disparut qu'en 1950.

Pierrot en 2017

Pierrot en 2017

en 2021

en 2021

Le décor sculpté représente des personnages de la fête : Pierrot, un débardeur, la mort avec sa faucille....

Le Débardeur (en 2017)

Le Débardeur (en 2017)

Quelques mots sur le Débardeur....

Il s'agit d'une femme qui pour l'occasion avait le droit de porter un pantalon masculin, ou débardeur (rien à voir avec le marcel actuel!). Il y avait une forte charge érotique dans ce travestissement exceptionnel.

(photos de 2021 et 2017)

photo 2017

photo 2017

photo 2021

photo 2021

    On rencontre encore, détériorée par les vents d'ouest, la figure massive d'un personnage en haillons, le regard insistant, semblant apostropher le passant. Il est la face noire du carnaval, le vieillard habillé de haillons, à la fois bonhomme et menaçant. Il tient dans la main droite un bâton et au bout du bras gauche une faucille. Il évoque "la grande faucheuse" la mort grimaçante, toujours présente dans les carnavals.

 

On peut discerner encore la jeune modiste qui passe avec sa boîte dans un arrière plan qui disparaît peu à peu, grain à grain, avec l'usure de la pierre. Derrière elle se profile l'artiste, un peintre assurément, qui ressemble à Gavarni...

 

    Au sommet de la colonne Gavarni lui-même est représenté, occupé à dessiner et à saisir au vol ses contemporains.

                                          (photo 2017)

photo 2021

photo 2021

photos 2017 et 2021
photos 2017 et 2021

photos 2017 et 2021

Place Saint-Georges. Le monument à Gavarni. Denis Puech.

    Quatre mascarons de bronze laissent couler de leur bouche entrouverte un mince filet d'eau claire les jours trop rares où la fontaine joue son rôle de fontaine.

La lorette y est à l'honneur, tournée vers la rue Notre-Dame de Lorette!

2017-2021
2017-2021

2017-2021

L'artiste bohême avec son chapeau de feutre...

2017-2021
2017-2021

2017-2021

Le mendiant quémandeur et menaçant

Place Saint-Georges. Le monument à Gavarni. Denis Puech.
photos 2017-2021
photos 2017-2021

photos 2017-2021

La mégère, hommasse et ronchonneuse... à la fois entremetteuse et espionne!

Monument à Leconte de Lisle. Jardin du Luxembourg. (Denys Puech)

Monument à Leconte de Lisle. Jardin du Luxembourg. (Denys Puech)

     Les sculptures sont l'œuvre de Denys Puech (1854-1942) qui venu de son Aveyron natal où il gardait les moutons, se forma à son art avec tant de talent qu'il obtint prix et commandes officielles. Parmi ses nombreuses réalisations, retenons son monument à Leconte de Lisle dans le jardin du Luxembourg...

 

    Oublions qu'en 1925 il sculpta sans que son ciseau ne fondît de réprobation Benito Mussolini!

Le buste inexpressif et verdâtre lui valut l'inimitié de ses contemporains!

 

     Combien est plus poétique et sympathique le buste de Gavarni, cheveux au vent, belle gueule d'artiste libre, regard à la pointe sèche sur la société de son temps, ses injustices et ses hypocrisies.... 

 

 

Laissons-lui le dernier mot :

"Pourquoi mépriser les prostituées? Ce sont des femmes qui gagnent à être connues."

 

    Mais non, je ne le lui laisse pas le dernier mot! J'ai commencé l'article en parlant des jets de sang qui jaillissaient le 28 mai autour de la colonne....

 

     Nous savons que Montmartre avait été un épicentre de la résistance populaire... On dit que le puits des insurgés dans la rue où j'habite (rue André del Sarte) était rouge du sang des communards...

 

         Je m'apprétais à publier des photos de cette "commémoration" quand j'ai remarqué une affichette qui informait qu'il s'agissait bien de sang mais de celui des règles menstruelles et que le 28 mai était la journée internationale de l'hygiène féminine! Quelle idée! Choisir le dernier jour de la Semaine sanglante et l'écrasement dans le sang de la Commune pour cette journée!   

Place Saint-Georges. Le monument à Gavarni. Denis Puech.

    Qu'importe!  Gavarni en haut de sa colonne continue de griffonner....

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Publié le par chriswac
Publié dans : #MONTMARTRE Monuments. Cabarets. Lieux
Mosaïques du chœur. Olivier Merson. Sacré-cœur de Montmartre.

     C'est ce qu'il y a de plus spectaculaire dans la décoration de la basilique, c'est aussi par sa composition, ses couleurs, sa précision une grande réussite. L'immense mosaïque du chœur attire le regard dès que l'on a franchi la porte de bronze.

Mosaïques du chœur. Olivier Merson. Sacré-cœur de Montmartre.

     Le bleu et l'or dominent et créent une voute poétique où l'on s'attend à voir filer les étoiles.

Basilique Saint-Marc.

Basilique Saint-Marc.

     Il y eut d'âpres discussions pour savoir quel type de décor serait choisi. La fresque ou la mosaïque. La seconde fut choisie pour répondre à la cohérence du monument romano-byzantin voulu par Abadie.

Ravenne

Ravenne

     Le projet initial était plus modeste. Abadie aurait souhaité un Christ surmonté d'anges et à ses pieds une procession de pauvres et de riches représentant l'humanité conduite vers la vie éternelle. Sorte d'inversion de la danse macabre où riches, hommes d'église, paysans sont entraînés vers la mort. 

   

Dès 1911 le programme se fait plus ambitieux lorsqu'il est décidé de faire appel à un des peintres les plus en cour auprès des responsables religieux : Luc Olivier Merson (1846-1920) qui est présenté en cette première moitié du XXème siècle comme "le grand artiste chrétien"!

Mosaïques du chœur. Olivier Merson. Sacré-cœur de Montmartre.

La source (Luc Olivier Merson) étude pour les fresques de l'Opéra Comique.

    Il a pourtant commencé sa carrière comme peintre proche du symbolisme. Et peu à peu il s'est spécialisé dans les sujets historiques et religieux. Mais il est aussi auteur de fresques dans le goût fin de siècle, à l'Opéra comique de Paris :

                            Plafond de l'escalier d'honneur. (Merson)

 

Parmi ses réalisations marquantes, citons, proche de son travail pour le Sacré-Cœur, la chapelle byzantine de l'Institut Pasteur destinée à recevoir le tombeau de Pasteur et de sa femme.

Mosaïques du chœur. Olivier Merson. Sacré-cœur de Montmartre.

  Il reçoit pour adjoints les Magne père et fils (Lucien architecte de la basilique et Henri-Marcel peintre (1877-1944). Ce dernier est chargé de la maquette et des cartons grandeur nature réalisés à partir des peintures de Merson. Les ateliers du mosaïste René Martin reçoivent les premiers cartons en 1918.

Mosaïques du chœur. Olivier Merson. Sacré-cœur de Montmartre.

Une des premières études de Merson pour le Christ de la mosaïque.

    En 1920 Merson meurt et il est remplacé par son élève Marcel Imbs (1882-1935). On verra que l'élève est fortement influencé par son maître quand il conçoit une mosaïque pour l'arc triomphal de l'église Saint-Jean Baptiste de la Salle!

     Les travaux de préparation de la voûte prennent beaucoup de temps car elle doit supporter le poids des tesselles en pâte de verre, plus de 68 tonnes!

   Merson qui avait réalisé les dessins de la partie centrale (Christ, Esprit, Dieu) n'a fait qu'ébaucher les parties latérales. Le relais est donc pris par Magne et Imbs. La mosaïque sera terminée en 1923.

Mosaïques du chœur. Olivier Merson. Sacré-cœur de Montmartre.

     Elle couvre une superficie de 474 m2 d'un seul tenant. La seule tête du Christ fait deux mètres de haut!

 

     Le Christ est debout, les bras ouverts, dévoilant son cœur .... Il apparaît dans la mandorle qui rayonne derrière lui et qui a pour épicentre le cœur couronné d'épines. Les bras ouverts évoquent la croix.

Mosaïques du chœur. Olivier Merson. Sacré-cœur de Montmartre.
Mosaïques du chœur. Olivier Merson. Sacré-cœur de Montmartre.

     Au-dessus du Christ l'Esprit rayonne lui aussi, les ailes ouvertes. Il fait le lien avec la dernière mandorle dont on ne voit qu'une partie et dans laquelle apparaît Dieu, couronné d'or et de gloire.

Mosaïques du chœur. Olivier Merson. Sacré-cœur de Montmartre.

Autour du Christ, sa mère est debout à  sa droite tandis qu'à gauche c'est Saint Michel.

    Tous deux sont de même échelle, ils sont les plus grands personnages après le Christ, tandis que plus petits, on voit devant la Vierge le pape Léon XIII et devant Saint-Michel, Jeanne d'Arc et la France portant la couronne.

                                           Léon XIII, Jeanne d'Arc, la France....

Les autres parties de la mosaïque ne sont plus l'oeuvre de Merson bien que s'inspirant pour certaines d'esquisses qu'il avait eu le temps de dessiner. Dans la partie basse, le monde terrestre, dans la partie haute le divin...

A la droite du Christ est représenté le cortège des saints et des bienheureux de l'Eglise universelle :

Mosaïques du chœur. Olivier Merson. Sacré-cœur de Montmartre.

Les auréoles portent le nom des élus : Pierre, Jean, Paul, Ignace d'Antioche, Agnès, Augustin, Dominique, François d'Assise, Ignace de Loyola, Gertrude, Catherine de Sienne, Rose de Lima, Thérèse d'Avila

Mosaïques du chœur. Olivier Merson. Sacré-cœur de Montmartre.

A la gauche du Christ ce sont les saints de l'église de France qui cheminent dans le ciel :

Lazare de Marseille, Marie-Madeleine, Marthe, Denis dont l'auréole reste accrochée sur la tête coupée), Martin, Geneviève, Bernard, Louis, François de Sales, Vincent-de-Paul, Marguerite-Marie, Jean-Eudes, Madeleine-Sophie Barrat. Ces trois derniers liés au culte du Sacré-cœur.

Madeleine, Marthe, Denis, Martin, Geneviève, Bernard, Louis...

Madeleine, Marthe, Denis, Martin, Geneviève, Bernard, Louis...

    Dans la partie inférieure, entre des arcades qui font penser à des décors de Ravenne, on peut voir, sous le cortège des saints de l'église universelle trois scènes qui rappellent ,avec des personnages plus petits, l'institution du culte du Sacré-      cœur :

Mosaïques du chœur. Olivier Merson. Sacré-cœur de Montmartre.

     C'est sans doute la partie la plus faible de la mosaïque, réaliste, peu inspirée: Clément VII institue la fête du Sacré-Coeur. Pie IX étend cette fête à toute l'église. Léon XIII consacre le genre humain au Sacré-Coeur.

Mosaïques du chœur. Olivier Merson. Sacré-cœur de Montmartre.

    Sous le cortège des saints de France, les scènes historiques représentent (de droite à gauche) la grande peste de Marseille qui en 1720 poussa les autorités politiques et religieuses à prononcer le voeu qui plaçait la ville sous la protection deu Sacré - cœur.

 

Mosaïques du chœur. Olivier Merson. Sacré-cœur de Montmartre.

    Louis XVI et la famille royale au Temple. Le roi confie son sort et celui du pays au Sacré-cœur.

 

    Le voeu national par lequel les autorités religieuses, morales, politiques veulent consacrer la France au Sacré-coeur...

 

     Un souci de réalisme habite la composition assez plate : les généraux Soris et de Charrette tiennent la bannière, devant eux se tiennent les initiateurs de la basilique, Legentil et Rohault de Fleury, enfin on reconnaît les trois cardinaux qui ont présidé à la construction : Guibert, Richard et Amette.

Mosaïques du chœur. Olivier Merson. Sacré-cœur de Montmartre.

     Malgré l'évidente influence des mosaiques byzantines, il est vain de comparer cette oeuvre à celles qui ne cessent de nous émerveiller et de nous émouvoir à Ravenne comme à Venise. Cependant il est juste de reconnaître la réussite de cette immense mosaïque qui projette en avant le Christ vêtu de blanc, avec la même efficacité que se projette dans le ciel de Paris la basilique blanche. Le ciel bleu, les vibrations de l'or donnent à l'ensemble une dimension poétique et quasi onirique.

Mosaïques du chœur. Olivier Merson. Sacré-cœur de Montmartre.

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Publié le par chriswac
Publié dans : #MONTMARTRE Monuments. Cabarets. Lieux
La façade et le porche du Sacré-Cœur.  Architecture, sculptures.

     Peu à peu s'atténuent les jugements péremptoires sur cette basilique que certains exècrent pour des raisons de "bon goût" ou plus souvent pour des raisons historiques, pensant, à tort, qu'elle a été élevée pour rendre grâce après la défaite de la Commune.

Les canons de Montmartre, champ des Polonais au sommet de la Butte.

Les canons de Montmartre, champ des Polonais au sommet de la Butte.

     Il est vrai que l'emplacement qu'elle occupe est celui où étaient alignés les canons de Montmartre, prêts à riposter aux Prussiens. C'est là que commença la Commune quand les troupes versaillaises voulurent confisquer les canons "populaires".

La façade et le porche du Sacré-Cœur.  Architecture, sculptures.

Mais la basilique fut édifiée pour demander la protection divine sur la France après la victoire des Prussiens en 1870 et non pour "fêter" l'écrasement de la Commune.

Question esthétique, elle est le dernier grand monument de Paris avec Beaubourg à exciter encore les gens de goût qui comme on le sait n'ont de bon goût que le leur.

La façade et le porche du Sacré-Cœur.  Architecture, sculptures.

     Pour le Montmartrois indécrottable que je suis, elle est une ville orientale avec ses coupoles et ses tours, un décor onirique qui accroche le soleil au point de faire cligner les yeux et qui la nuit apprivoise les ombres qui se couchent contre ses formes blanches.

La façade et le porche du Sacré-Cœur.  Architecture, sculptures.

    La façade est à n'en pas douter une réussite architecturale. Précédée d'un porche qui l'anime, elle n'essaie pas de voler la vedette aux coupoles et à l'élévation du monument qu'elle laisse se développer de part et d'autre. Elle est édifiée dans le prolongement du seul chœur et non de toute la largeur de la basilique comme d'autres projets retenus le prévoyaient.

Narthex bras nord. Saint-Front de Périguerux.

Narthex bras nord. Saint-Front de Périguerux.

    Paul Abadie a été vertement critiqué pour son parti pris inspiré par le roman de Saintonge.  Pour le porche, il n'a pas oublié la restauration qu'il assura du narthex nord de Saint-Front de Périgueux.

La façade et le porche du Sacré-Cœur.  Architecture, sculptures.

    Sur les murs latéraux du  narthex de Saint-Front Abadie voulait que deux cavaliers soient installés. Ce projet resta à l'état de projet alors qu'à Montmartre il se réalisa avec bonheur. Les deux statues équestres faisant oublier la lourdeur des contreforts. 

La façade et le porche du Sacré-Cœur.  Architecture, sculptures.

     Ces deux statues font partie des œuvres remarquables du monument. Elles sont dues à Hippolyte Lefèvre (1863-1935). Prix de Rome et médaille d'or à l'exposition universelle de 1900. Ce sculpteur, malgré un certain académisme, sait animer la pierre ou le bronze d'un vigueur charnelle. 

La façade et le porche du Sacré-Cœur.  Architecture, sculptures.

     La statue côté ouest représente Saint-Louis, épée dirigée vers le sol. Il symbolise la justice.

La façade et le porche du Sacré-Cœur.  Architecture, sculptures.

Côté est, Jeanne d'Arc, épée levée prête à bouter l'Anglais hors de France, symbolise la Sainteté!

Abadie s'est inspiré des édifices byzantins comme Sainte-Sophie dont les célèbres chevaux volés par les Vénitiens pour Saint-Marc, volés par les Français pour l'arc de triomphe du Carrousel du Louvre, restitués à Venise... font l'admiration de tous!

La façade et le porche du Sacré-Cœur.  Architecture, sculptures.

La tempérance

   Le porche est percé de trois baie en plein cintre. On voit sur le bandeau supérieur des bas-reliefs représentant les 4 vertus cardinales, inspirées de l'Antiquité grecque : la Prudence, le courage, la tempérance et la justice.

                                                          Le courage

Le courage qui au lieu de maîtriser le lion de Némée comme dans les représentations antiques, tue le serpent qui cherche à occuper l'église.

La prudence

La prudence

   La prudence qui tient un miroir symbole de réflexion! Dans l'Antiquité ces vertus platoniciennes étaient représentées par des femmes, ici Sacré-Cœur oblige, ce sont des anges... (mais au fait, quel est le sexe des anges?)

La justice.

La justice.

Le porche

Le porche

les coupoles du porche

les coupoles du porche

     Une fois sous le porche d'où on jouit d'une vue époustouflante sur Paris, on pourra admirer les lourdes portes de bronze et leurs six panneaux historiés dus à Hippolyte Lefèvre.

La façade et le porche du Sacré-Cœur.  Architecture, sculptures.

Portail central : La Cène 

 

Portail central : La multiplication des pains.

 

Portails latéraux : La guérison du paralytique

 

La façade et le porche du Sacré-Cœur.  Architecture, sculptures.

Marie Madeleine aux pieds de Jésus.

La façade et le porche du Sacré-Cœur.  Architecture, sculptures.

Jésus au milieu des enfants

 

La façade et le porche du Sacré-Cœur.  Architecture, sculptures.

La guérison du fils de la veuve de Naïm.

 

Tous ces panneaux sont chargés d'illustrer l'amour  du Christ.

  On remarquera encore, au-dessus des portes, les tympans sculptés, à mon avis académiques et sans étincelle d'originalité. De plus, étant à l'abri des pluies qui nettoient la pierre blanche, elles subissent la pollution qui monte depuis les boulevards encombrés jusqu'au sommet de la Butte.

Deux des trois tympans sont sculptés par Léon Fagel (1851-1913) :

 

La transfixion (le soldat romain perce le flan du crucifié)

La façade et le porche du Sacré-Cœur.  Architecture, sculptures.

Moïse faisant jaillir l'eau du rocher.

     Léon Fagel est un sculpteur bien oublié qui fut très apprécié en son temps. Il reçut des commandes pour le Muséum, la Sorbonne et le Théâtre français. La Bible l'a beaucoup inspiré, beaucoup plus que son époque!

La façade et le porche du Sacré-Cœur.  Architecture, sculptures.

Le tympan du portail occidental est dû à Hippolyte Lefèvre et illustre l'incrédulité de Saint-Thomas qui touche les plaies du Christ.

La façade et le porche du Sacré-Cœur.  Architecture, sculptures.

La façade au dessus du porche reprend le rythme de trois baies en plein cintre abritant des vitraux et dont les tympans ouest et est sont sculptés

La façade et le porche du Sacré-Cœur.  Architecture, sculptures.

    Sur le tympan ouest on peut voir Marie-Madeleine aux pieds du Christ, sculpture de Louis Noël. Un sculpteur artésien (je ne peux donc que l'aimer!) dont de nombreuses oeuvres se trouvent dans sa région d'origine et notamment à Saint-Omer.

La façade et le porche du Sacré-Cœur.  Architecture, sculptures.

Le tympan oriental représente Jésus et la Samaritaine. La sculpture est due à André d'Houdain (1859-1904) lui aussi homme du nord dont on peut voir quelques réalisations au musée d'Orsay, au musée des Beaux Arts de Lille ou à Carnavalet. 

L'ensemble des sculptures est une bonne représentation des tendances de la fin du XIXème siècle et des influences des arts byzantin-roman-gothique et renaissance, excusez du peu, entre lesquelles hésitent les sculpteurs quand ils n'ont pas le génie d'un Rodin ou d'un Carpeaux.

La façade et le porche du Sacré-Cœur.  Architecture, sculptures.

    La partie supérieure de la façade, entre les tourelles, abrite une niche chargée d'accueillir la statue la plus emblématique, celle du Christ découvrant son cœur. Elle est mise en valeur plus que dans plusieurs des projets initiaux. C'est Abadie qui a tenu à ce qu'elle soit là, en vedette, et non perchée au sommet.

                                      Christ perché du projet de Raulin et Dillon

La façade et le porche du Sacré-Cœur.  Architecture, sculptures.

La statue a connu plusieurs avatars...

La première statue de Georges Thomas, a été détruite accidentellement lors de la Fête du Sacré-Cœur en 1900. Elle était plus originale que celles qui lui succédèrent mais déplaisait aux membres du Comité. 

La façade et le porche du Sacré-Cœur.  Architecture, sculptures.

La deuxième statue commandée à Gustave Michel fut à son tour reléguée au profit d'une troisième, définitive, due à Seguin qui s'inspirait de la statue du "Beau Dieu" de la cathédrale d'Amiens.

Elle est une copie affadie de l'original et il faut reconnaître que malgré sa place d'honneur, elle n'a que peu de ressemblance avec la grande sculpture gothique amiénoise. 

La façade et le porche du Sacré-Cœur.  Architecture, sculptures.

De part et d'autre de la niche, poule et pélican rappellent métaphoriquement l'amour divin :

La poule qui couve ses petits.

"Jérusalem! Combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants comme la poule rassemble ses poussins sous ses ailes?"

La façade et le porche du Sacré-Cœur.  Architecture, sculptures.

Et le pélican prêt à se sacrifier pour nourrir ses petits en leur donnant son cœur. Pélican qu'on retrouve à l'intérieur sur les mosaïques :

 Il nous rappelle, version laïque, le poème de Musset :

(...) "Le sang coule à longs flots de sa poitrine ouverte;

En vain il a des mers fouillé la profondeur;

L'océan était vide et la plage déserte;

Pour toute nourriture il apporte son cœur."

La façade et le porche du Sacré-Cœur.  Architecture, sculptures.

C'est donc toute une histoire chrétienne et symbolique qui se déploie sur la façade. Mais ce qui frappe avant tout c'est l'harmonie et la simplicité de cette proue qui semble s'avancer dans le ciel pour voguer sur la mer des toits argentés de Paris!

La façade et le porche du Sacré-Cœur.  Architecture, sculptures.

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La Savoyarde. Le bourdon de Montmartre. Les cloches.

     On entend rarement la voix grave et profonde s'échapper du campanile pour faire voler au-dessus des toits un essaim de bronze. 

 

La Savoyarde. Le bourdon de Montmartre. Les cloches.

     C'est que la Savoyarde, de son vrai nom Françoise Marguerite, n'a pas le sens de la mesure. Trop grande, trop lourde… elle n'a pas trouvé de tour assez puissante pour la recevoir. On lui a donné pour refuge un campanile élégant, trop délicat pour résister sans fissure à un balancement trop fréquent de la dame qui elle même, nostalgique d'Annecy, a laissé une petite fêlure serpenter sur sa peau de métal.

La Savoyarde. Le bourdon de Montmartre. Les cloches.

     Pensez! 26 tonnes ça n'est pas rien! Le double d'Emmanuel, le bourdon de Notre-Dame!

La Savoyarde. Le bourdon de Montmartre. Les cloches.

La Savoyarde! 

    Son histoire commence, comme il se doit, en Savoie quand l'archevêque de Chambéry lance une souscription, en 1889, pour offrir au Sacré-Coeur en construction une voix d'exception, une voix unique, capable de se faire entendre à des kilomètres.

Fonderie Paccard. Lieu de naissance de la Savoyarde.

Fonderie Paccard. Lieu de naissance de la Savoyarde.

     Les donateurs ne manquent pas dans cette Savoie généreuse et bientôt le bourdon peut être coulé. C'est en 1891, bien que la date inscrite sur le bronze soit 1890. Pour faire une date ronde peut-être. ou plus simplement parce qu'il s'agit de la date de clôture des souscriptions.

Fonderie Paccard

Fonderie Paccard

     Il faut attendre octobre 1895 pour prendre le chemin de Paris, quitter l'air pur et vivifiant d'Annecy. Quel voyage! Quelle aventure!

La Savoyarde. Le bourdon de Montmartre. Les cloches.

   Tout commence par le pas balancé des bœufs qui suivent trois chevaux attelés de front. 12 paires de bœufs comme les 12 tribus d'Israël, comme les 12 cantons savoyards.

La Savoyarde. Le bourdon de Montmartre. Les cloches.

     Arrivée à la gare d'Annecy, la cloche est déposée sur un wagon plat à charpente consolidée. Le train peut rouler à basse vitesse jusqu'à sa destination, la gare de la Chapelle dans le nord de Paris.

La Savoyarde. Le bourdon de Montmartre. Les cloches.

     C'est le 15 octobre 1895 qu'elle y arrive, en pleine nuit. Un pont roulant à vapeur la soulève et la dépose sur le fardier géant de l'entreprise Magnin. 28 chevaux vont assurer la dernière partie du voyage, dans une ambiance onirique. Il fait nuit noire, les hommes portent des torches, les curieux s'assemblent et murmurent...

La Savoyarde. Le bourdon de Montmartre. Les cloches.

     Le trajet semble interminable tant on craint l'accident sur les pavés trempés de pluie. On atteint la rue Lamarck, la plus pentue, celle où l'on frôle la catastrophe mais où les chevaux s'arrachent de toutes leurs forces et sauvent la situation.

La Savoyarde. Le bourdon de Montmartre. Les cloches.
La Savoyarde. Le bourdon de Montmartre. Les cloches.

     Le Sacré-Coeur est en chantier. Le campanile est loin d'être achevé. Un échafaudage de bois a été dressé pour recevoir la cloche qui va devenir montmartroise.

 

La Savoyarde. Le bourdon de Montmartre. Les cloches.

       Elle est baptisée le 21 novembre 1895 par Monseigneur Richard.

      Elle reçoit la visite des pélerins, des curieux, des promeneurs du dimanche. Elle est une attraction pour les parisiens qui ont oublié (en 25 ans tout s'oublie!) qu'elle est posée, bien malgré elle, là où eurent lieu quelques uns des plus sanglants événements de la Commune.

    Peut-être est-ce à cause de cela qu'elle fut agressée et sabotée en 1905, sans grand dégât.

La Savoyarde. Le bourdon de Montmartre. Les cloches.

    Il faut attendre 1907 pour qu'elle soit enfin hissée dans son campanile, bien qu'inachevé.

La Savoyarde. Le bourdon de Montmartre. Les cloches.

    Il faut huit hommes pour appuyer sur les pédales et pour se pendre aux cordages afin de la mettre en mouvement.

Elle devient la plus grosse cloche non statique au monde avec ses 26 tonnes...

Sous les jupes de la Savoyarde.

Sous les jupes de la Savoyarde.

    Dans son poids il faut compter le marteau qui a lui seul pèse 850 kgs!

En 1908 sera ajouté un marteau de tintement pour faciliter l'utilisation quotidienne de la cloche (aujourd'hui c'est un marteau électrique qui fait le boulot à chaque élévation. Un sacré boulot étant donnée la fréquence des offices!)

La Savoyarde. Le bourdon de Montmartre. Les cloches.

    Notre savoyarde n'est pas restée seule dans son campanile blanc. De petites compagnes lui ont été données, droit venues de l'église Saint-Roch où elles n'avaient plus le droit de s'exprimer. Les quatre exilées ont pour nom : Félicité, Louise, Nicole et Elisabeth. Bien que petites elles sont beaucoup plus vieilles que leur imposante voisine. Elles ont l'âge de la Restauration.

La Savoyarde. Le bourdon de Montmartre. Les cloches.

… Et voilà! Notre Savoyarde ne bougera plus de Montmartre où elle attend sans hâte la fin du monde! 

Elle a un petit pincement au cœur en pensant à Annecy. C'est ce qui a dû provoquer cette minuscule fissure qui lui interdit de trop se balancer.

Elle chante de son contre-ut inimitable aux grandes fêtes. Une exception a été faite en 2010 quand elle célébra les 150 ans du rattachement de la Savoie à la France.

La Savoyarde. Le bourdon de Montmartre. Les cloches.

    Si vous voulez l'entendre, ne manquez pas de venir à Montmartre, à Pâques par exemple (mais en 2021, espérons-le)). Toute la Butte, peu assurée sur ses carrières de plâtre, tremble et vibre et chante avec elle pour saluer les cloches venues de Rome qui ne font que passer!

Restaurant La Savoyarde aujourd'hui disparu. (angle Lamarck Utrillo, jadis Muller)

Restaurant La Savoyarde aujourd'hui disparu. (angle Lamarck Utrillo, jadis Muller)

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Le clocher campanile du Sacré-Coeur. Le campanile. Les anges de Jean Dampt et les animaux de Henri Bouchard.

    Faut-il parler de clocher ou de campanile pour cette "tour" qui faillit ne pas jaillir dans le ciel de Montmartre?

Le clocher campanile du Sacré-Coeur. Le campanile. Les anges de Jean Dampt et les animaux de Henri Bouchard.

     Les deux mots sont parfois confondus mais la tradition veut qu'on appelle campanile une tour séparée de l'église (comme à Pise) et clocher celle qui fait partie architecturalement de l'édifice.

Le clocher campanile du Sacré-Coeur. Le campanile. Les anges de Jean Dampt et les animaux de Henri Bouchard.

     Au Sacré-Coeur, cette tour n'est pas séparée de la chapelle de la Vierge à laquelle elle s'adosse et pourtant elle paraît prendre ses distances, faire bande à part, opposer sa raideur phallique aux rondeurs sensuelles des coupoles blanches.

Le clocher campanile du Sacré-Coeur. Le campanile. Les anges de Jean Dampt et les animaux de Henri Bouchard.

     Appelons-la clocher-campanile! Bien que le mot campanile, plus léger, plus élégant lui convienne mieux!

Le clocher campanile du Sacré-Coeur. Le campanile. Les anges de Jean Dampt et les animaux de Henri Bouchard.

   Le clocher-campanile du Sacré-Coeur faillit ne jamais sortir de terre!

Après la mort de l'architecte de la basilique, Paul Abadie, il fut question de renoncer pour des raisons financières à élever cette tour qui aujourd'hui est une des belles réussites du monument.

 

Le clocher campanile du Sacré-Coeur. Le campanile. Les anges de Jean Dampt et les animaux de Henri Bouchard.

     Après des années de tergiversations, Lucien Magne qui est nommé après Rauline architecte en chef de la basilique, propose un nouveau projet, plus ambitieux que celui qui avait été prévu quand la coupole devait être moins élevée (Abadie 1874).

Le clocher campanile du Sacré-Coeur. Le campanile. Les anges de Jean Dampt et les animaux de Henri Bouchard.

     Le clocher-campanile doit tenir compte de cette surélévation et donc monter plus haut que la grande coupole de 83 mètres. Il atteindra donc, croix faitière comprise, 91 mètres.

La première pierre est posée en 1905. 

Le clocher campanile du Sacré-Coeur. Le campanile. Les anges de Jean Dampt et les animaux de Henri Bouchard.

    A chaque angle de la loggia veille un ange aux ailes déployées (de 5 mètres de haut) porteur d'un livre de l'Evangile. 

Le clocher campanile du Sacré-Coeur. Le campanile. Les anges de Jean Dampt et les animaux de Henri Bouchard.
Le clocher campanile du Sacré-Coeur. Le campanile. Les anges de Jean Dampt et les animaux de Henri Bouchard.

    Angle Sud-Ouest, l'Evangile de St-Marc avec un lion à visage humain.

Le clocher campanile du Sacré-Coeur. Le campanile. Les anges de Jean Dampt et les animaux de Henri Bouchard.

    Angle Sud-Est l'Evangile de St-Luc avec le taureau

Le clocher campanile du Sacré-Coeur. Le campanile. Les anges de Jean Dampt et les animaux de Henri Bouchard.

    Angle nord-ouest l'Evangile de Matthieu avec un homme.

Le clocher campanile du Sacré-Coeur. Le campanile. Les anges de Jean Dampt et les animaux de Henri Bouchard.

     Angle nord-est l'Evangile de Jean avec l'aigle.

Jean est protégé des pluies qui nettoient la pierre De Souppes et lui permettent de rester blanche sans ravalement. En contrepartie, comme le chevet de l'église, il noircit avec la pollution. Côté sud la façade immaculée, côté nord la basilique encrassée!

     Les quatre anges ont été sculptés par Jean Dampt (1854-1945) considéré comme un des représentants talentueux de l'Art Nouveau.

                                                    Le chat (Dampt)

     Son "Chevalier Raymond et la fée Mélusine" serait selon Verhaeren une oeuvre qui marque une date.

                                      Le chevalier Raymond et la fée Mélusine

     Il a bénéficié du mécénat de la comtesse Martine de  Béhague qu'il représente dans sa sculpture "la Réflexion".

     Il a par ailleurs créé des meubles et des bijoux qu'on peut voir aujourd'hui au musée d'Orsay.

 

Le clocher campanile du Sacré-Coeur. Le campanile. Les anges de Jean Dampt et les animaux de Henri Bouchard.

    Au-dessus des anges, quatre figures ailées reprenant le symbole des évangélistes ont été sculptées, faisant la transition entre la partie  carrée du campanile et la tour ronde qui le coiffe.

    

     Le lion pour Saint-Marc...

Le clocher campanile du Sacré-Coeur. Le campanile. Les anges de Jean Dampt et les animaux de Henri Bouchard.

     L'aigle pour Saint-Jean...

L'oiseau à tête d'homme

L'oiseau à tête d'homme

     L'homme pour Saint-Matthieu...

Le clocher campanile du Sacré-Coeur. Le campanile. Les anges de Jean Dampt et les animaux de Henri Bouchard.

    Le taureau pour Saint-Luc...

    Ces quatre animaux fantastiques aux ailes d'aigle sont dus à Henri Bouchard (1875-1960).

Un sculpteur qu'on a un peu "oublié" après la guerre à cause de son appartenance au groupe Collaboration (Othon Friesz, Paul Belmondo...) et à son voyage avec d'autres artistes à Berlin sur invitation allemande.

 

          Il fut plus perméable que le marbre qu'il sculptait à la propagande nazie et revint enthousiaste en France avec la nostalgie de "la vie presque féérique que le gouvernement du IIIème Reich sait faire à ses artistes qui semblent être là les enfants chéris de la nation."

     Malgré cet aspect peu sympathique du personnage, essayons d'être objectif et rendons justice à  son grand talent, notamment dans ses sculptures très représentatives de l'Art Déco.

 

    A Paris on peut voir, entre autres, son Apollon Musagète du Palais de Chaillot...

   

 La façade de Saint-Pierre de Chaillot et son monument "aux héros inconnus du Panthéon.

 

      Et maintenant il serait temps de parler de celle pour qui le clocher-campanile a été élevé, la Savoyarde!

Mais elle viendra sonner à vos oreilles dans le prochain article!

 

Le clocher campanile du Sacré-Coeur. Le campanile. Les anges de Jean Dampt et les animaux de Henri Bouchard.

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14 rue Nicolet

14 rue Nicolet

Immeuble angle rues Nicolet et Lambert

Immeuble angle rues Nicolet et Lambert

     Nous n'étions pas revenus depuis 4 ans rue Nicolet pourtant si proche. Ce fut donc une belle surprise de découvrir qu'elle avait été décorée de portraits peints par RueMeurt d'Art (Jean-Marc Paumier) sur les murs en hommage aux célèbres habitants ou passagers de la rue.

14 rue Nicolet. Verlaine, Rimbaud, Debussy. RueMeurt d'Art.

    Au 14, ce qui n'était qu'un petit hôtel à la campagne fut acheté en 1860 par un ancien notaire féru d'art et d'antiquités, Mr Mauté de Fleurville, ami du dernier maire de Montmartre et premier maire du XVIIIème qui partageait sa passion, Jean-Baptiste Tretaigne.

                               Jean-Baptiste Baron Tretaigne (Sébastien Rouillard)

     Monsieur Mauté de Fleurville avait pour épouse une jolie femme, artiste jusqu'aux bout des doigts puisqu'elle aurait eu pour professeur de piano Chopin en personne!

Elle est  veuve du marquis de Sivry à qui elle a donné un fils, Charles, artiste comme sa mère mais qui n'a pas eu l'honneur d'être peint sur les murs.

Charles de Sivry

Charles de Sivry

    C'est Charles de Sivry qui présentera sa demi-sœur Mathilde Mauté à Verlaine.

Charles est un personnage haut en couleur dont il importe de dire quelques mots tant il est lié à Montmartre.  Il s'était un temps passionné pour le violoncelle avant d'en trouver l'étude trop contraignante.

Nina de Callias (Manet)

Nina de Callias (Manet)

     Il prend la direction du Bal Robert, boulevard de Rochechouart, succédant à Olivier Métra. Il fréquente le salon de Nina de Callias, rue Chaptal, où il rencontre Verlaine dont il devient ami, participant avec lui, chaque mois au dîner des Vilains Bonshommes où se rencontrent les Parnassiens.

Plus tard, en 1875, c'est à lui que Verlaine confie le manuscrit des Illuminations afin qu'il le mette en musique (projet jamais réalisé).

      Partisan de la Commune, il est interné par les Versaillais au camp de Satory. Un garde national, le sachant musicien lui demande conseil pour son fils qui aurait besoin d'un professeur de piano.

                                                        Claude Debussy

Charles lui propose alors de rencontrer sa mère Antoinette Mauté. Le garçon fera donc son apprentissage  pianistique 14 rue Nicolet.

      Il s'appelle Claude Debussy.  

14 rue Nicolet. Verlaine, Rimbaud, Debussy. RueMeurt d'Art.

  Ce qui explique pourquoi RueMeurt D'Art a affiché son portrait au début de la rue, non pas enfant, mais bourgeois 1900... 

 

Debussy au 3 rue Nicolet

Debussy au 3 rue Nicolet

    Revenons aux Mauté dont la fille aînée Mathilde prend des cours de peinture et de littérature.

Elle a lu des poèmes de Verlaine et ne peut cacher son émotion quand son frère le lui présente.

14 rue Nicolet. Verlaine, Rimbaud, Debussy. RueMeurt d'Art.
Mathilde Mauté. RueMeurt d'Art.

Mathilde Mauté. RueMeurt d'Art.

     Elle a 17 ans, lui en a 26. Elle est déjà séduite par le poète dont elle a lu des vers et lui n'est pas insensible à cette jeune fille souriante : "Cheveux châtains sur une tête mignonne en tout point. Des yeux gris, la prunelle sans ruse."

 

     Verlaine n'a connu jusque là que des femmes faciles et la seule qu'il a vraiment aimée, sa cousine Elisa, s'est mariée. Il est impressionné d'avoir été remarqué par une jeune fille de famille, lui qui se juge si laid, incapable de plaire. 

" Il paraissait à la fois ému et heureux. Il cessa d'être laid, et je pensais au conte de "La belle et la bête" où l'amour transforme la bête en prince charmant" (Mathilde Mauté).

    Il rédige une demande en mariage qu'il remet à Charles et il attend, venant chaque jour à Montmartre une réponse positive. Elle viendra après bien des hésitations et des méfiances des Mauté qui jugent le prétendant peu glorieux et peu fortuné. A force d'insistance Mathilde obtient enfin l'accord familial, ne sachant à quelles déconvenues "l'ex Madame Verlaine" comme elle signera ses mémoires, s'exposait.

Rue Nicolet vers rue Ramey.  A gauche au premier plan le 14.

Rue Nicolet vers rue Ramey. A gauche au premier plan le 14.

Eglise Notre-Dame de Clignancourt.

Eglise Notre-Dame de Clignancourt.

     Après quelques contretemps, le mariage est célébré le 11 août 1870 dans l'église N.D. de Clignancourt. Verlaine qui rêve pour conjurer ses démons d'une vie bourgeoise se montre enthousiaste pendant la première nuit, tant attendue, rue Nicolet...

"Elle fut, cette nuit, sans pair dans ma vie, et j'en réponds, dans la sienne, dans toute la sienne." (Un peu prétentieux le délicat poète!)

14 rue Nicolet. Verlaine, Rimbaud, Debussy. RueMeurt d'Art.
14 rue Nicolet. Verlaine, Rimbaud, Debussy. RueMeurt d'Art.

     Le couple reste une semaine rue Nicolet avant de déménager dans leur nouvel appartement rue du Cardinal Lemoine.

Les événements historiques se succèdent, chute de l'Empire, invasion prussienne, Commune. Verlaine en est partisan et s'engage dans la Garde Nationale sédentaire.

14 rue Nicolet. Verlaine, Rimbaud, Debussy. RueMeurt d'Art.

    Mais il doit s'enfuir avec Mathilde quand les Versaillais entrent à Paris. Il part pour son refuge du Pas de Calais et ne rentrera qu'une fois la paix revenue dans la capitale. Les Mauté offrent alors au couple de revenir vivre rue Nicolet où ils lui aménagent un appartement au deuxième étage.

14 rue Nicolet. Verlaine, Rimbaud, Debussy. RueMeurt d'Art.

    Ce que vivent ensemble Mathilde et Verlaine n'est certes pas une lune de miel! Verlaine parle d'un "enfer intermittent" tandis que Mathilde découvre la complexité et l'égocentrisme de son mari. Parfois Verlaine qui a retrouvé le chemin des bistros se montre violent.

"Paul m'avait renversé, et, à genoux sur ma poitrine, me serrait le cou de toutes ses forces. Je ne pouvais plus respirer."

14 rue Nicolet. Verlaine, Rimbaud, Debussy. RueMeurt d'Art.

Malgré cette vie heurtée, la naissance d'un garçon le 30 octobre 1871 est accueillie comme une promesse de vie nouvelle.

C'est le "poète aux semelles de vent", Rimbaud qui va mettre fin à cet espoir chimérique. Il arrive rue Nicolet, ayant manqué Verlaine parti l'attendre à la gare du Nord.

 

14 rue Nicolet. Verlaine, Rimbaud, Debussy. RueMeurt d'Art.

C'est Mathilde qui l'accueille, "un grand et solide garçon à la figure rougeaude, un paysan."

Elle ne l'aime pas et voit de la ruse dans son regard. Elle n'accepte de l'héberger que quelques jours.

 

14 rue Nicolet. Verlaine, Rimbaud, Debussy. RueMeurt d'Art.

La suite fait partie de l'histoire, grande et petite, de la littérature. Verlaine tombe sous le charme du jeune poète qui dynamite la poésie parnassienne. Un matin de juillet 1872, Mathilde étant souffrante, il sort, non pas pour acheter des cigarettes, mais pour trouver un médecin. C'est Rimbaud qu'il rencontre et c'est avec lui qu'il part, laissant un mot à Mathilde: "Ma pauvre Mathilde, n'aie pas de chagrin, ne pleure pas, je fais un mauvais rêve, je reviendrai un jour".

1873

1873

     Mathilde fait une tentative pour sauver son amour. Elle va trouver Verlaine à Bruxelles. Il tombe dans ses bras, décide de rentrer. Dans le train qui le ramène à Paris, il se ravise et écrit à Mathilde une lettre cruelle : "Misérable fée Carotte, princesse Souris, punaise...Vous m'avez fait tout, vous avez peut-têre tué le cœur de mon ami! Je rejoins Rimbaud, s'il veut encore de moi après cette trahison que vous m'avez fait faire."

14 rue Nicolet. Verlaine, Rimbaud, Debussy. RueMeurt d'Art.14 rue Nicolet. Verlaine, Rimbaud, Debussy. RueMeurt d'Art.
14 rue Nicolet. Verlaine, Rimbaud, Debussy. RueMeurt d'Art.14 rue Nicolet. Verlaine, Rimbaud, Debussy. RueMeurt d'Art.

     Verlaine ne reviendra plus rue Nicolet. Mathilde va divorcer. Son fils Georges lui donne la force de réagir et de croire jusqu'à l'âge où elle rédige "Les Mémoires de ma vie", que sans Rimbaud, Madame ex-Verlaine serait restée Madame Verlaine et aurait été aimée par son poète.

Il est permis d'en douter mais au fond, quand on s'attarde rue Nicolet, la personne la plus humble et la plus émouvante, victime du génie de Rimbaud et de Verlaine, c'est elle, et on a envie de croire en son rêve.

 

14 rue Nicolet. Verlaine, Rimbaud, Debussy. RueMeurt d'Art.
14 rue Nicolet. Verlaine, Rimbaud, Debussy. RueMeurt d'Art.

     Les collages de l'artiste de rue Jean-Marc Paumier (RueMeurt D'Art) donne au passant l'occasion de penser à ces destins qui se heurtèrent là, autour de ce 14 rue Nicolet. Le bleu choisi pour ces portraits ne peut faire oublier les nuages noirs traversés d'éclairs qui les accompagnèrent .... 

 

Liens

Rues de Montmartre

Lieux endroits remarquables de Montmartre

Personnages célèbres de Montmartre

                                                Rue Nicolet vers rue Bachelet

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Publié le par chriswac
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Cité  Napoléon, cité ouvrière 58-60 rue Marguerite de Rochechouart. Napoléon III.

     C'est pendant sa détention au fort de Ham que Louis Napoléon Bonaparte rédige son étude "De l'extinction du paupérisme" dans laquelle il développe une analyse et des idées proches de celles des saint-simoniens.

Cité  Napoléon, cité ouvrière 58-60 rue Marguerite de Rochechouart. Napoléon III.

    Lorsqu'il est élu en 1848 c'est en partie grâce à ces idées d'émancipation de "la classe ouvrière" (il emploie ces mots). Pas étonnant donc que parmi ses premières décisions, il y eût la création de cités ouvrières.

Cité  Napoléon, cité ouvrière 58-60 rue Marguerite de Rochechouart. Napoléon III.

  Aux 58-60 rue Marguerite de Rochechouart (merci à Mme Hidalgo de faire figurer  les prénoms féminins dans les noms des rues de la capitale!), subsiste la toute première de ces cités, classée depuis 2003 monument historique.

Cité  Napoléon, cité ouvrière 58-60 rue Marguerite de Rochechouart. Napoléon III.

    A la demande du Prince-Président, le programme est lancé dès son accession au pouvoir. C'est l'architecte Marie-Gabriel Veugny qui est chargé de la conception de cette cité ouvrière qui devait servir de modèles aux autres prévues dans tous les arrondissements parisiens.

Cité  Napoléon, cité ouvrière 58-60 rue Marguerite de Rochechouart. Napoléon III.
Inauguration de la Cité. 1851.

Inauguration de la Cité. 1851.

     Louis Napoléon fait un don de 500 000 francs pour lancer la construction (à peu près 1million 700 000 euros actuels).  Le bâtiment le plus original est celui qui est élevé le long de la rue de Rochechouart.

Cité  Napoléon, cité ouvrière 58-60 rue Marguerite de Rochechouart. Napoléon III.

     Il est composé de deux corps de logis parallèles reliés par des terrasses et des passerelles et éclairés par une immense verrière.

Cité  Napoléon, cité ouvrière 58-60 rue Marguerite de Rochechouart. Napoléon III.

    A l'extrémité des couloirs étaient aménagées des toilettes et un système d'évacuation des eaux usées. Le souci d'hygiène était manifeste dans un Paris populaire exposé à toutes épidémies. 

Un médecin passait gratuitement rendre visite aux familles.

Cité  Napoléon, cité ouvrière 58-60 rue Marguerite de Rochechouart. Napoléon III.
Cité  Napoléon, cité ouvrière 58-60 rue Marguerite de Rochechouart. Napoléon III.

      Les autres immeubles de la cité donnent sur un jardin arboré et sur une fontaine de bronze.

 

Cité  Napoléon, cité ouvrière 58-60 rue Marguerite de Rochechouart. Napoléon III.

     Un lavoir et un séchoir étaient installés dans des pavillons de bois construits dans la cour. 

Cité  Napoléon, cité ouvrière 58-60 rue Marguerite de Rochechouart. Napoléon III.

     Une garderie était prévue pour les enfants dont les parents qui le plus souvent travaillaient, homme et femme, ne pouvaient s'occuper. 

Couloir de la Cité Radieuse à Marseille

Couloir de la Cité Radieuse à Marseille

     On peut faire un bond dans le temps et penser à Le Corbusier avec son immeuble marseillais, présomptueusement appelé "Cité radieuse" qui proposait tout ce dont les familles pouvait avoir besoin.

Ce qui est une conception communautaire et fermée de la société dont on a pu constater les ravages….

Cité  Napoléon, cité ouvrière 58-60 rue Marguerite de Rochechouart. Napoléon III.

    Ouverte en 1851, la cité ne rencontra pas le succès escompté malgré la proximité immédiate d'une importante usine à gaz ainsi que des ateliers "Godillot".

    En effet, il y avait dans ce concept quelque chose de militaire. Les locataires étaient, par la disposition même des appartements "surveillés" par leurs voisins et un gardien était posté près de la grande grille, seul accès à la cité.

Le règlement était strict, le couvre-feu et la fermeture des grilles étaient, printemps comme hiver fixés à 22heures. 

Cité  Napoléon, cité ouvrière 58-60 rue Marguerite de Rochechouart. Napoléon III.

      Les partis politiques se montrèrent méfiants. Les Conservateurs estimaient qu'il y avait là tous les ingrédients pour favoriser l'action des révolutionnaires dans leur repaire. Les Socialistes pensaient que ces cités favorisaient au contraire la surveillance policière, les travailleurs étant concentrés dans un ghetto ouvrier sous contrôle.

Cité  Napoléon, cité ouvrière 58-60 rue Marguerite de Rochechouart. Napoléon III.

     Bref, la première cité ouvrière de la capitale fut la dernière du programme napoléonien.

Elle reste un témoignage de la politique sociale du milieu du XIXème siècle inspirée par l'effervescence intellectuelle de philosophes engagés et en même temps par la méfiance que suscitait le peuple des villes, prompt à la révolte. 

Cité Napoléon. Bâtiment sur la rue Pétrelle.

Cité Napoléon. Bâtiment sur la rue Pétrelle.

     Louis Napoléon consacrait une partie de son "extinction du paupérisme" à prévoir et organiser pour les pauvres qui tentaient de survivre dans les villes, une répartition de terres agricoles qui leur seraient confiées. Ainsi, en envoyant les misérables à la campagne, leur aurait-on donné les moyens de travailler et se nourrir et par la même occasion aurait-on vidé les faubourgs d'une partie de sa population susceptible de se révolter. 

Cité  Napoléon, cité ouvrière 58-60 rue Marguerite de Rochechouart. Napoléon III.

     Aujourd'hui la Cité Napoléon est recherchée malgré la petite superficie des appartements d'une ou deux pièces protégés par la loi sur les Monuments Historiques.

   Elle a été rénovée et suscite la convoitise d'une population jeune, branchée et de préférence sans enfants!

    Allo Paris bobo comme pourrait chanter Souchon.

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Publié le par chriswac
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Rue de la Bonne

Rue de la Bonne

    Après la fontaine Saint-Denis et la fontaine du But, voici les deux dernières "sources" qui jaillissaient sur la Butte : La fontaine de la Bonne Eau et celle de la Fontenelle.

Les quatre fontaines de Montmartre. III  La fontaine de la bonne eau. IV Fontaine de la Fontenelle.

     La fontaine de la Bonne Eau existait depuis l'antiquité. A l'époque gallo-romaine, elle était vénérée et dotée de pouvoirs magiques comme la plupart des sources. Notre fontaine n'était pas très éloignée du temple de Mars qui était bâti approximativement à l'emplacement du square Nadar. 

Square Bleustein-Blanchet (Turlure) emplacement du temple de Mars.

Square Bleustein-Blanchet (Turlure) emplacement du temple de Mars.

     Elle a eu plusieurs noms : Fontaine de la Belle Etoile, de la Bonne Fée, de la Bonne Fontaine, de la Bonne Eau, de la Bonne…

On aurait aimé qu'elle gardât un de ses premiers noms plus poétiques mais c'est son dernier nom qui s'imposa avec la rue qui en garde mémoire.

Les quatre fontaines de Montmartre. III  La fontaine de la bonne eau. IV Fontaine de la Fontenelle.

     Les eaux qui jaillissaient au flanc de la Butte étaient en partie canalisées par les seigneurs de Clignancourt pour alimenter leur ferme et ses terrains là où aujourd'hui s'élève la mairie du XVIIIème arrondissement.

 

     Les riches seigneurs avaient bon goût puisque ses eaux avaient la réputation d'être les meilleures et les plus saines de Montmartre. Les villageois ne s'y trompaient pas qui y puisaient abondamment.

Les quatre fontaines de Montmartre. III  La fontaine de la bonne eau. IV Fontaine de la Fontenelle.

     Elles alimentaient également l'abbaye voisine. Nous avons trace d'une requête présentée en 1612 par les religieuses de Montmartre, demandant à l'évêque de Paris la permission de teindre en noir leurs robes blanches afin d'éviter de trop souvent les laver, les eaux de la fontaine se faisant de moins en moins abondantes. Ces Dames étaient écologistes avant l'heure!

Grotte des religieuses, un emplacement possible de la source.

Grotte des religieuses, un emplacement possible de la source.

     Son emplacement précis est discuté mais il est permis de penser qu'il était dans l'actuel square Bleustein-Blanchet, dit de la Turlure, dans la partie la plus basse, dans le coude entre la rue de la Bonne et la rue St-Vincent.

 

  La source était, comme on l'a vu, voisine du temple de Mars. Mais si l'on a sauvé quelques chapiteaux du temple, on n'a retrouvé aucune trace de la source. On sait par quelques documents qu'elle s'est tarie au milieu du XIXème siècle. 

Escalier de la rue de la Bonne.

Escalier de la rue de la Bonne.

     La bonne étoile ne brillait plus au-dessus de Montmartre, les fées ne survivaient pas à la domination d'un nouveau Dieu, la bonne eau n'abreuvait plus les villageois… 

Ne reste de nos jours que cette rue  dont le nom la rappelle à notre souvenir.

Les quatre fontaines de Montmartre. III  La fontaine de la bonne eau. IV Fontaine de la Fontenelle.

…. et cette borne où les enfants du square viennent se laver les mains après leurs jeux!

Jardin Bleustein-Blanchet (Turlure)

Jardin Bleustein-Blanchet (Turlure)

    De la Fontenelle nous n'avons également aucune trace.  Plus modeste, elle faisait entendre sa petite musique cristalline à moins de 100 mètres de la Bonne Eau. 

Les quatre fontaines de Montmartre. III  La fontaine de la bonne eau. IV Fontaine de la Fontenelle.

    Elle apparaissait entre les herbes sauvages des terrains où s'éleva plus tard le moulin de la Turlure.

Le Château Rouge (1847)

Le Château Rouge (1847)

    Elle n'était qu'un filet d'eau qui dévalait la pente vers l'est et vers les jardins du Château Rouge (où la légende situe les amours de Gabrielle et du Vert-Galant) dont elle emplissait besogneusement les deux bassins.

Escalier de la Fontenelle (aujourd'hui Chevalier de La Barre).

Escalier de la Fontenelle (aujourd'hui Chevalier de La Barre).

     Elle fut tarie dès la première moitié du XIXème siècle et ne subsista un temps que grâce à la sente qui garda son nom, rue de la Fontenelle, jusqu'au jour où ce nom même disparut au profit du Chevalier de la Barre. 

Les quatre fontaines de Montmartre. III  La fontaine de la bonne eau. IV Fontaine de la Fontenelle.

     Impossible de ne pas penser à elle en gravissant l'escalier qui a remplacé la vieille sente par où elle descendait, aussi humble fût-elle, vers le village de Clignancourt.

Les quatre fontaines de Montmartre. III  La fontaine de la bonne eau. IV Fontaine de la Fontenelle.

     Ce chemin est aujourd'hui, la nuit tombée, un reflet du ciel nocturne du 1er janvier et du 1er juillet grâce à Alekan (chef opérateur d'Ophüls, Cocteau, Carné…) qui y a semé les étoiles.

    On peut entendre ces sources d'antan quand la nuit magique de Montmartre permet aux vieilles légendes de murmurer leurs chansons.

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Publié le par chriswac
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Les fontaines de Montmartre. II La fontaine du But.

   Elle faisait entendre son gazouillis en bas d'une sente raide qui avait pour nom mérité "chemin des fontaines". Ce chemin conduisait à deux sources, celle de Saint-Denis et celle que nous évoquons aujourd'hui.

Les fontaines de Montmartre. II La fontaine du But.

    Le "chemin des fontaines" changea plusieurs fois de nom : "Chemin de la Croix du Buc" puis "Chemin des brouillards".

     C'est maintenant la rue Girardon, en partie défigurée par de gros immeubles cossus où vécurent entre autres Bébert le chat avec son "humain" pas toujours humain, Céline.

Les fontaines de Montmartre. II La fontaine du But.
Document exceptionnel (merci Pierre!) en premier plan les bornes de la fontaine et en face la rue Girardon actuelle et la ruelle Saint-Vincent à droite.

Document exceptionnel (merci Pierre!) en premier plan les bornes de la fontaine et en face la rue Girardon actuelle et la ruelle Saint-Vincent à droite.

     La source retenue par un petit bassin fut promue en fontaine où les villageois venaient puiser de l'eau. Il y a discussion passionnée sur l'origine de son nom!

Certains évoquent l'époque gallo-romaine pour voir dans "bucca" le nom originel. La source formant au flanc d'une paroi de terre une ouverture en forme de bouche. D'autres qui connaissent les plus vieilles cartes de Montmartre où le nom "buc" apparaît, affirment que ce "buc" vient de "bouc".

Colonne du temple de Mercure dans l'église Saint-Pierre.

Colonne du temple de Mercure dans l'église Saint-Pierre.

    N'oublions pas que le premier nom fut "fontaine de Mercure" et qu'il y avait un temple non loin de là (à l'emplacement approximatif du moulin de la Galette) dédié à ce dieu. Il est plausible d'ailleurs que le nom même de Montmartre le rappelle : Montmercure, Montmercre, Montmarcre, Montmartre… Certains préfèrent attribuer à Mars qui avait également son temple non loin de là, ou encore aux martyrs Denis et ses compagnons décapités plus bas, le  nom de Montmartre. C'est cette dernière hypothèse, la moins probable que serinent les guides… 

     Le "buc" est d'autant plus vraisemblable que l'animal est souvent chez les gallo-romains associé à Mercure. 

Rue de l'abreuvoir

Rue de l'abreuvoir

    Dès la fin du XVIIIème siècle, un abreuvoir fut construit pour recevoir l'eau de la fontaine. La rue de l'abreuvoir en garde mémoire.

 

Les fontaines de Montmartre. II La fontaine du But.

    Il était situé en bas du chemin des fontaines (rue Girardon) sous le coude de l'actuelle place Dalida.

 

     Comme sa voisine la fontaine saint-Denis, notre fontaine fut célèbre au Moyen-Âge et on lui prêta à elle aussi des pouvoirs de guérison. C'est ce que rappelle le poète Georges Nicolas qui écrit en 1849 "la Fontaine du Bû".

                   La fontaine et à l'arrière-plan le moulin du Radet en 1834

Un malade atteint du choléra aurait été guéri  après y avoir bu, et d'autres guérisons furent plus ou moins attestées. 

Georges Nicolas ouvre et conclut son poème par les mêmes vers :

"Ceux-là me croiront sans peine,

Brun ou blond, rousse ou châtaine,

Qui dans leur bel âge ont bu

De l'eau de la Fontaine

Du Bû."

Les fontaines de Montmartre. II La fontaine du But.
Cimetière du Calvaire.

Cimetière du Calvaire.

     Après la révolution et le saccage de l'abbaye, une pierre tumulaire fut utilisée dans la maçonnerie d'une citerne qui recueillait l'eau de la fontaine. Elle gardait, gravé, le profil d'une abbesse. La pierre après être descendue jusque là a été remontée sur son ancien site et pieusement disposée entre les tombes du cimetière du Calvaire, contre l'église Saint-Pierre.

Les fontaines de Montmartre. II La fontaine du But.

 L'abreuvoir a trouvé avec Gérard de Nerval un poète qui a succombé à son charme et a su en parler...

     "Ce qui me séduisait (...) c'était le voisinage de l'abreuvoir, qui, le soir s'anime du spectacle de chevaux et de chiens que l'on y baigne, et d'une fontaine construite dans un goût antique où les laveuses causent et chantent comme dans un des premiers chapitres de Werther. Avec un bas relief consacré à Diane et peut-être deux figures de naïades sculptées en demi-bosse, on obtiendrait, à l'ombre des tilleuls qui se penchent sur le monument, un admirable lieu de retraite, silencieux à ses heures, et qui rappelle certains points de la campagne romaine…" 

(Nerval, La Bohême Galante).

Les fontaines de Montmartre. II La fontaine du But.

   A la fin du XIXème siècle, l'eau s'est tarie.

   Il ne restait de l'abreuvoir qu'un bassin dégradé où stagnait l'eau de pluie. L'abreuvoir fut détruit. Il n'en reste rien aujourd'hui.

Les fontaines de Montmartre. II La fontaine du But.
Les fontaines de Montmartre. II La fontaine du But.

     Dalida, la poitrine avantageuse veille sur le lieu.

Parfois la placette s'habille de brume et semble émerger d'un rêve. Les frontières temporelles disparaissent, les moulins fantomatiques font tourner au ralenti leurs ailes, les sources murmurent… tout redevient brouillard...

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