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Montmartre secret

Montmartre secret

Pour les Amoureux de Montmartre sans oublier les voyages lointains, l'île d'Oléron, les chats de tous les jours. Pour les amis inconnus et les poètes.

Publié le par chriswac
Publié dans : #MONTMARTRE Peintres.Artistes.Clébrités, #MONTMARTRE. Rues et places.
Photo de Nadar.

Photo de Nadar.

Il est l'un des plus montmartrois des Montmartrois.

Il a donné à la Butte son hymne amoureux et tragique.

Pour l'éternité (aussi longtemps qu'elle durera) il chantera le Temps des Cerises, le temps de la Commune, de la jeunesse...

Comment une chanson d'amour écrite plusieurs années avant la Commune a t-elle pu s'imposer comme un étendard du rêve assassiné?

Les poètes ne sont-ils pas prophètes?

 

Jean Baptiste Clément. Ses adresses à Montmartre. Le Temps des Cerises.

                    Clément fut un piéton de Montmartre, un inlassable arpenteur de la Butte et l'on sera à peine surpris qu'il y ait habité en 12 endroits différents...

12 adresses qui offriront à ses admirateurs l'occasion d'une balade nostalgique et rêveuse d'une rue à l'autre...

Jean Baptiste Clément. Ses adresses à Montmartre. Le Temps des Cerises.

Il n'a jamais été un poulbot du village puisqu'il passa son enfance à Montfermeil où son père avait un moulin.

Etrange coïncidence que ces moulins qui jalonnent sa vie! Moulin de son père, moulin de ses grands-parents à l'Isle Saint-Denis, moulins de la rue Lepic!  

Rue Chappe (ancienne rue du Télégraphe) en 1904

Rue Chappe (ancienne rue du Télégraphe) en 1904

Rue Chappe en février 2017

Rue Chappe en février 2017

Il a 24 ans quand il arrive sur la Butte, l'année où Montmartre est rattaché à Paris en 1860. 

Il a pour premier domicile le 3 de la rue du Télégraphe. Une rue qui aujourd'hui porte le nom de son inventeur : Chappe.

Le 3 (disparu)

Le 3 (disparu)

Aujourd'hui la numérotation de la rue passe du 1 au 5, en sautant par-dessus le 3 dont il ne reste que des traces de l'ancienne entrée.

Le fantôme de Clément se fera passe-muraille pour y pénétrer!

Jean Baptiste Clément. Ses adresses à Montmartre. Le Temps des Cerises.
Passage de l'Arcade (des Abbesses)

Passage de l'Arcade (des Abbesses)

Il n'y demeure qu'une année avant de trouver refuge chez son oncle, Christian Poullain

qui habite passage de l'Arcade, aujourd'hui passage des Abbesses.

 

rue Véron 1903

rue Véron 1903

Rue Véron février 2016

Rue Véron février 2016

Lui qui aime la liberté, malgré la gentillesse de son oncle, préfère s'échapper du Passage pour aller habiter rue Véron au 15.

Il aime rencontrer les journalistes qui écrivent pour des journaux socialistes, avec une prédilection pour "le Cri du Peuple" de Vallès. Lui-même écrit des articles dans quelques uns de ces  journaux étroitement surveillés.

 

Jean Baptiste Clément. Ses adresses à Montmartre. Le Temps des Cerises.

Nous sommes en 1862.

Il quitte la rue Véron pour trouver refuge dans le vieux Montmartre et ses maisons modestes encore debout, rue Saint-Vincent.

Projet (en construction) rue St-Vincent

Projet (en construction) rue St-Vincent

Près de la maison de Berlioz, jouxtant le Carmel, la petite maison du village a disparu comme toutes celles de la rue qui est devenue triste et sans style.

C'est un des endroits de Montmartre les plus saccagés et définitivement enlaidis. Un complexe touristique va s'élever bientôt entre le 3 et le 7 de la rue St-Vincent.

Le cerisier du jardin  de Berlioz n'est pas près de refleurir!

Conchy-les-Pots, aujourd'hui Conchy Saint-Nicaise.

Conchy-les-Pots, aujourd'hui Conchy Saint-Nicaise.

Il fait un voyage en Belgique et passe par un village de l'Oise, Conchy les Pots, aujourd'hui Conchy Saint-Nicaise. C'est là que faisant escale, il se repose dans un jardin planté de cerisiers où il écrit son poème "Le Temps des Cerises".

Cité du Midi.

Cité du Midi.

De retour de son voyage, Clément quitte le vieux Montmartre pour habiter dans une ruelle du bas-Montmartre qui donne aujourd'hui sur l'avenue de Clichy, la Cité du Midi, au 10.

C'est pendant les années où il vit dans cette impasse qu'il est poursuivi pour ses chroniques qu'il appelle "Carmagnoles" publiées dans le journal La Réforme. Il est condamné pour injure envers l'Empereur et appel à la haine et au soulèvement et emprisonné à Sainte-Pélagie.

Il est libéré le 4 septembre 1870, jour de l'insurrection républicaine.

En 1871 il s'engage de toute sa foi républicaine dans la Commune. Il est élu dans le XVIIIème arrondissement et pendant la Semaine Sanglante, il risque sa vie avec le peuple de Paris sur les barricades.

Après l'écrasement de la Commune, il est condamné à la déportation.

Il quitte alors la Cité du Midi pour se réfugier en Angleterre.

Jean Baptiste Clément. Ses adresses à Montmartre. Le Temps des Cerises.

Il écrit alors un de ses textes les plus connus : La Semaine Sanglante

.

Sauf des mouchards et des gendarmes

On ne voit plus par les chemins

Que des vieillards tristes en larmes

Des veuves et des orphelins

Paris suinte la misère

Les heureux même sont tremblants

La mode est aux conseils de guerre

Et les pavés sont tout sanglants

 

.

7 rue Constance.

7 rue Constance.

Grâce à l'amnistie de 1880, il peut revenir à Montmartre où il habite quelques mois rue Constance, au 7.

12 rue Ganneron

12 rue Ganneron

... Puis rue Ganneron, au 12, chez sa tante Louise. La rue conduit au cimetière Montmartre qu'elle longe sur une bonne partie. Mais c'est au Père Lachaise que sont inhumés de nombreux communards et non dans ce cimetière Montmartre...

C'est alors qu'il reprend ses poèmes qu'il groupe dans un recueil. Il dédie "le Temps des Cerises" à une infirmière:

"A la vaillante citoyenne Louise, l'ambulancière de la rue Fontaine au Roi le 28 mai 1871..."

Barricade de la Fontaine au Roi.

Barricade de la Fontaine au Roi.

La barricade de la rue de la Fontaine au Roi est une des dernières et des plus héroïques de la Commune. Clément s'y bat aux côtés de Varlin et de Théo Ferré. Il voit arriver une jeune infirmière d'une vingtaine d'années. Il tente de la dissuader de rester là, le dénouement étant annoncé et tragique. Elle reste. Clément se souvient qu'elle fut courageuse et s'occupa des premiers blessés.

Jean Baptiste Clément. Ses adresses à Montmartre. Le Temps des Cerises.

Il ne la revit pas.

"Qu'est-elle devenue? A-t-elle été avec tant d'autres fusillée par les Versaillais?

N'était-ce pas à cette héroïne obscure que je devais dédier la chanson?..."

 

Tombe de Jean-Baptiste Clément au Père Lachaise

Tombe de Jean-Baptiste Clément au Père Lachaise

Et l'on comprend pourquoi le Temps des Cerises est associé à la Commune et à la Semaine Sanglante.

Le mois de mai, saison des cerises

 Les fruits tombant en gouttes de sang...

L'amour perdu et le rêve massacré partagent les mêmes images et la même mélancolie.

 

"J'aimerai toujours le temps des cerises :

C'est de ce temps-là que je garde au coeur

Une plaie ouverte!

Et Dame Fortune en m'étant offerte,

Ne pourra jamais fermer ma douleur,

J'aimerai toujours le temps des cerises

et le souvenir que je garde au cœur!"

 

 

Rue Lepic (53)

Rue Lepic (53)

La vie continue et les pérégrinations de Jean Baptiste dans les rues de Montmartre aussi...

En 1885, année où il fonde la fédération socialiste des Ardennes, il commence l'ascension de la rue Lepic et "s'installe" au 53 où il reste deux ans...

Rue Androuet

Rue Androuet

En 1887 le voilà rue Androuet, au 7, dans cette petite rue montagnarde qui accueille sur ses murs des artistes de rue....

14 rue Germain Pilon

14 rue Germain Pilon

Trois ans plus tard, il redescend vers Pigalle et la rue Germain Pilon, au 14.

45 rue des Abbesses.

45 rue des Abbesses.

... Il y reste quelques mois et lui préfère bientôt la rue des Abbesses (45) encore populaire à cette époque et dont la vieille mairie qui joua un rôle central pendant la Commune est encore debout pour peu de temps...

.

... et puisqu'il faut bien que tout s'arrête un jour, il ne reste à Clément qu'une dernière adresse montmartroise, la plus durable, celle qui méritera une plaque commémorative alors qu'aucune autre n'aura eu cet honneur!

110 rue Lepic

110 rue Lepic

Nous sommes au 110 rue Lepic, presque au sommet de la Butte.

La plaque posée par les Amis du Vieux Montmartre se trompe de quelques années car c'est de 1892 à 1903 (date de sa mort) et non de 1885  à 1903 qu'il y vécut.

La plaque qui n'est pas à une erreur près prétend qu'il a été maire de Montmartre, ce qui est faux.... archi faux!

Enfin, elle colle un trait d'union entre Jean et Baptiste, ce qui est encore une erreur puisque les parents du petit n'en mirent pas afin de le distinguer de son père qui avait le même prénom!

Mêmes erreurs sur la plaque! Il ne fut jamais maire de Montmartre! Il n'eut jamais de trait d'union!

Mêmes erreurs sur la plaque! Il ne fut jamais maire de Montmartre! Il n'eut jamais de trait d'union!

La place qui commence là, entre les rues Ravignan et Lepic, porte (avec les mêmes erreurs) le nom du combattant poète, ou du poète combattant....

En cet endroit où  Montmartre rêva de fraternité et de justice et où les balles des Versaillais étoilèrent de sang les révoltés.

Jean baptiste Clément veille pour toujours (le toujours relatif de notre humanité) en Haut de la Butte.

Il guette le retour du Temps des Cerises....

 

Jean Baptiste Clément. Ses adresses à Montmartre. Le Temps des Cerises.
Jean Baptiste Clément. Ses adresses à Montmartre. Le Temps des Cerises.

Je tiens à remercier André Roussard pour son travail minutieux et exigent sur les Montmartrois, sur les lieux, sur les peintres... Trois livres qui sont pour les amoureux de la Butte et les chercheurs une véritable Bible (plus utile que celle qui est psalmodiée dans le Sacré-Cœur!)

La visite de sa galerie, rue du Mont-Cenis, est un plaisir car les toiles exposées sont souvent intéressantes. Vous pourrez par la même occasion vous procurer ces livres qui font référence.

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C
très bel article érudit, très bien documenté et émouvant, merci<br /> Claude
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C
Merci à vous. C'est un plaisir de partager et surtout de ressentir cette émotion qui unit...<br /> Cordialement
C
Quelle vie ce Jean Baptiste! à la fois engagé et poète... Il ne devait pas faire bon vivre socialement dans cette période de la "commune" - Je vois que tu as de super référence en lecture. Me référant à ton importante connaissance sur Montmartre ... A quant - Montmartre passionnément - de Ch. Wacrenier - Bises de Nice
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C
"Mais vivre... vivre passionnément... et ne se battre seulement qu'avec les feux de la tendresse." Le mot passionnément m'évoque toujours Barbara et Perlimpinpin qui a été chanté à Nice pour la cérémonie avec les familles des victimes. Bon! rien à voir avec Montmartre? Si! Passionnément ils ont vécu les Communards.... et ils nous laissent leurs rêves en héritage. Bizzzzzzzzzzzzzzzz
C
Bonjour Merci de m'envoyer un mail auquel j'aurai plaisir à répondre en décrivant les deux corrections à apporter sur le sujet "rue Girardon" Amitié
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C
Mon mail : chris.wac@orange.fr<br /> Friendly
N
Encore un pur régal que ton article qui fait écho à ce si beau texte. Grâce à toi j'en connais un peu plus sur la vie de ce grand homme. Reçois toute mon amitié, Christian, et à un de ces jours
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R
Bravo et encore merci... Quel bel hommage à tous ceux qui luttent pour une belle liberté.. Je suis d'accord avec toi, je remplace le coulis de fraise par un coulis de cerises...!!! Amitiés.
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C
Bonjour,<br /> Certainement la meilleure documentation du net sur JB Clément ! Avec même la rectification des dates sur sa plaque commémorative ! (et un brin d'esprit anticlérical que je partage mais n'oserait écrire) Bien cordialement.<br /> ps:à quand la correction du Radet (rue Ravignan) ?
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C
N'est-ce pas l'article sur la rue Girardon que je dois corriger? Je me perds dans l'épaisseur des jours!<br /> Merci beaucoup pour votre appréciation appréciée! Amitié

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