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Montmartre secret

Montmartre secret

Pour les Amoureux de Montmartre sans oublier les voyages lointains, l'île d'Oléron, les chats de tous les jours. Pour les amis inconnus et les poètes.

Publié le par chriswac
Publié dans : #MONTMARTRE Cimetière.

cimeti--re-montmartre-26-janvier-065.JPGNini est allée travailler et Titiche dort sur sa couette. Je peux reprendre ma balade dans la ville juive du cimetière de Montmartre. En fait, la ville est mêlée. Des signes religieux juifs côtoient des signes chrétiens ou des absences de signes... Des noms juifs sont mêlés à des noms bretons ou normands. Il y a là comme une ville idéale où l'on pourrait être ce que l'on est sans exclure l'autre, où l'on pourrait vivre ensemble en se respectant, où l'on pourrait s'unir sans rien désunir en nous. Un jour peut-être, Nini et moi serons en vacances en ce lieu. Il y aura peut-être sur notre pierre une étoile de David et une croix. Il y aura tous les chats, de toutes les couleurs et si par hasard quelqu'un pense à nous, qu'il vienne avec des boîtes de Sheba ou de Friskies....
     Cette femme de bronze se sent un peu coincée sous le pont qui passe au dessus du cimetière. Elle reste sérieuse malgré le bruit des voitures et l'agitation toute proche du quartier des abbesses.
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Son regard semble vide
  et le soleil ne vient plus l'iriser. Elle souffre d'être une statue et de ne plus pouvoir, comme les vivants laisser passer la lumière intérieure par le vitrail des yeux. Les statues paraît-il ont de grandes douleurs...
cimeti--re-montmartre-26-janvier-096-copie-1.JPG    Aurais-je parlé trop vite ? Un vitrail me regarde de ses écailles de lumière...

 






cimeti--re-montmartre-26-janvier-006.JPGCe chat joue les surveillants attentifs. Ses yeux à lui laissent bien passer la lumière pâle de son âme de chat. Il porte sur le poitrail ce qu'on nommait au Moyen Age, le doigt de Dieu : une tache blanche qui lui permettait d'échapper aux tortures et aux brasiers où l'on jetait tous les chats noirs que l'on prétendait diaboliques. Diaboliques, ils ne l'étaient certes pas mais Imbéciles, ils l'étaient assurément ceux qui se livraient à ces pratiques.
cimeti--re-montmartre-26-janvier-086.JPGLe Moïse de Michel Ange veille sur la tombe de Daniel Iffla, dit Osiris. Il fut banquier, peut-être un peu moins voyou que ceux de La Société Générale. Il se consacra au mécénat après avoir perdu son grand amour, sa femme adorée. L'Institut Pasteur bénéficiaire de sa générosité, grava sa reconnaissance sur une plaque de marbre. Mais le bateau-restaurant du coeur qu'il voulut pour les pauvres et qui distribua des repas jusqu'en 1940 n'est plus ancré sur la Gironde et aucune plaque ne rappelle son souvenir à la surface des eaux.
cimeti--re-montmartre-26-janvier-068-copie-1.JPGLui ne nous laisse que son nom et sa photo. Le jour où il est allé chez le photographe, rue Caulaincourt ou ailleurs, pouvait-il imaginer qu'un jour elle serait exposée à côté de lettres dorées qui résument l'horreur. Le marbre a des couleurs de cendres bleutées.

cimeti--re-montmartre-26-janvier-033.JPGAimait-il les chats et celui là vient-il se frotter au marbre de Berick Goltzmann mort à Auschwitz?









cimeti--re-montmartre-26-janvier-091.JPGLe verre cassé, le fer rouillé, le squelette des étoiles...mais cette vitre qui indique le jour et met en abysse les étoiles...







cimeti--re-montmartre-26-janvier-082.JPGSur le squelette des arbres, une femme pleure. Elle se lamente mais elle sait qu'elle est belle et jeune. Elle ne cache pas ses seins gonflés. Son voile la dénude avec art. Elle est assise au dessus de Meilhac qui fut avec Halévy le librettiste d'Offenbach. Un fou de mot, de blagues, d'humour... Avec lui, je quitte cette partie du cimetière car je n'ai plus qu'une seule envie : rejoindre Nini et partager avec elle une bonne bouteille de Veuve Clicquot.

Lien :

Cimetière Montmartre. Classement alphabétique. Calvaire et Saint-Vincent.

cimetière de montmartre (3) promenade aléatoire  

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Publié le par chriswac
Publié dans : #MONTMARTRE Cimetière.

cimeti--re-montmartre-26-janvier-075-copie-1.JPGSamedi 26 janvier, un soleil franc et bleu éclaire la butte et transforme le Sacré Coeur en montgolfière. C'est une belle journée pour suivre le boulevard, prendre l'avenue Rachel et s'aventurer dans le cimetière de Montmartre, dit cimetière du Nord. C'est un jardin dans la ville, un quartier de pierres, de statues, d'arbres et de chats, tout contre le bruit et le strass de Pigalle, la circulation et l'énervement de la place Clichy. Aujourd'hui je décide, guidé par le soleil, de flaner dans la ville juive. 
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C'est un coeur de pierre qui recueille ces lettres d'amour. Ces petits cailloux posés à chaque visite, comme une trace, comme un pas sur le sable, comme un baiser, galet poli par les jours de deuil et l'écume des larmes. La pluie n'a pas encore défraichi le petit arbre givré et le Père Noël,  caresse fragile contre la pierre.
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Les chats privilégient cette partie du cimetière. Ils doivent bien sentir qu'ils ont en commun avec les habitants silencieux tout un passé de chasse aux sorcières, de persécutions et de bûchers. Ce gris qui me rappelle mon premier chat, le plus aimé des chats, le plus aimant, me concède un regard vert et pâle où passe la tristesse et la mélancolie de la jeune femme étendue sous la pierre.
 
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Une ouverture sur une maison de pierre, par où se montrent des étoiles. Etoile de David, Etoile jaune, Etoile de vitrail... toujours des étoiles contre les aigles et les croix gammées. On dit que la lumière des étoiles mortes nous parviennent des années après leur disparition. Nous vivons sous un ciel d'étoiles mortes et la lumière cependant est celle de midi.

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Les sept flammes de bronze sur la porte d'un tombeau. La lourde menorah qui n'a rien pu contre la flamme des crématoires. Mais qui le jour venu éclairera les souterrains de la mort et ouvrira les portes de bronze sur la vie.
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Un autre chat très réel à côté des fleurs artificielles. Il ouvre à peine les yeux afin de ne pas perturber la nonchalance de sa sieste. Assez pour comprendre qu'il n'y a pas danger, que l'intrus bardé de reflex numérique n'est pas hostile au monde chat.

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Yankel, Mala et Haja...assassinés par les nazis. Pas une cendre, pas un cheveu, rien ne subsiste d'eux et pourtant, ils sont là avec ceux qui leur ont survécu dans la douleur indicible. Ils sont égaux désormais dans le mystère. Mais non, ils sont plus présents dans cette journée claire d'hiver. C'est leur photo qui vient nous toucher au coeur et qui nous pousse à fredonner sans fin leur nom.

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J'ai levé les yeux et j'ai vu qu'il n'était pas besoin d'attendre la nuit. En plein après midi, elles étaient bien là les étoiles.


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Une chatte médite à l'entrée d'un tombeau. Un cyclamen fleurit pour jeter un peu de vivacité dans le tableau. L'animal le plus beau de la création et le plus délicat est institué gardien de nos cimetières et messagers entre deux mondes. Espérons que nos gérants et autres planificateurs ne les exterminent pas comme ils savent si bien le faire avec tout ce qui leur paraît étranger ou inutile. Cette petite femelle porte comme ma Titiche, une tache noire au coin du museau. Et comme elle, une impeccable coiffure et un bonnet parfaitement ajusté.

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Sur une tombe  un amoureux inconsolable a dessiné pour sa Jacqueline des soleils, des poèmes et une étoile encore avec ces mots : amour, liberté, tolérance, vérité. Avec ces quatre mots comme ils devaient s'aimer ces deux là... Et comme ils s'aiment... 


Nous poursuivrons la visite ces prochains jours car je ne peux passer trop de temps sur l'ordinateur. Ma femme et ma chatte commencent à manifester quelque énervement....
A bientôt...

Lien :

Cimetière Montmartre. Classement alphabétique. Calvaire et Saint-Vincent.

cimetière de montmartre, juifs et chats (2)  

 

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Publié le par chriswac
Publié dans : #ASIE

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    A Polonnaruwa, le Bouddha couché reste une des plus belles rencontres que l'on puisse faire. Long de 14 mètres, il entre au Nirvana, les paupières closes, il rejoint la grande communion avec tout ce qui vit et respire. La paix, la sérénité qui rayonnent de  cette représentation de pierre vous enveloppent comme le ferait le soleil. 

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A ses côtés se tient le Bouddha debout, haut de 7 mètres. La position des bras et l'expression attristée du visage ont conduit certains à identifier Ananda, fidèle disciple de Bouddha allongé à sa gauche. En réalité, il était à l'origine séparé de la statue couchée par une enceinte; d'autres statues ont été retrouvées avec le même croisement de bras. Vraisemblablement, il s'agirait bien de Bouddha, toutes les statues du site de Gal Vihara le représentant. 

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     Toujours sur le même site, Bouddha en méditation. Un petit singe s'est perché au sommet de la falaise. Nul doute que lui aussi à l'image du maître soit en train de méditer. A quoi? C'est une autre histoire...

 

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Près de Dambulla se trouvent les temples troglodytiques qui abritent de très nombreuses représentations de Bouddha. les 5 grottes abritent en réalité 150 bouddhas...Elles remonteraient au 1er siècle av J.C. quand le roi chassé de sa capitale s'y réfugia. Quand il retrouva son trône, il aménagea ces grottes et ses successeurs parachevèrent son oeuvre, notamment le roi Nissanka Malla qui les fit recouvrir de feuilles d'or. Dans la grotte de Vishnu, la première, un grand Bouddha allongé vous accueille, les yeux à la fois ouverts et fermés. 

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    Au sommet de l'extraordinaire rocher de Sigirya, rencontre avec quelques moines.

Lien :
Laos statues de Bouddha  

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Publié le par chriswac
Publié dans : #ASIE

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     Lopburi, c'est en Thaïlande, une ville étonnante où dans certains quartiers les singes sont les maîtres absolus. Ils vont, viennent, se poursuivent, se chamaillent, s'aiment... comme si un Dieu singe avait créé le monde pour eux et comme si les humains n'avaient d'intérêt que pour être observés comme de drôles d'animaux et pour être pourvoyeurs d'offrandes très comestibles.

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     Ceux-là se prélassent comme des parisiens sur la côte d'azur. Ils investissent en réalité un temple khmer du XIème siècle, le wat san phra kan. C'est en fait leur quartier général puisqu'on leur a quasiment abandonné ce sanctuaire où les touristes s'en donnent à coeur joie et à pixels rabattus... Il y a toujours une guenon pour jouer les coquettes devant les objectifs, un mâle pour se livrer à des actes paraît-il répréhensibles... et de jeunes voyous pour s'emparer des appareils numériques qu'ils adorent fracasser comme des noix de coco contre les pierres vénérables.

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     Ils ne sont pas très intéressés par la prière malgré la présence de Bouddha qui médite depuis des siècles sur l'impermanence du monde. Des envoyés de Louis XIV eurent peut-être l'occasion d'apercevoir cette statue lorsqu'ils vinrent offrir des présents au roi D'Ayutthaya qui voulait contruire à Lopburi un "Versailles siamois". J'y pense... ils ont bien pu se réincarner en singes, ces ambassadeurs. Leur métier les y préparait assurément...

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               Comme on doit se sentir bien, serrés l'un contre l'autre, à l'abri du postérieur le plus apaisant du monde. Et puis il n'y a aucun risque de connaître la disette quand on vit à proximité de celui qui reçoit chaque jour des offrandes de fleurs, de fruits et de pâtisseries...

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     Je ne crois pas qu'il s'agisse de King Kong mais je me sens envahi d'une jalousie féroce et envieuse quand je vois où Nicole s'asseoit ...


Lien :  Laos moines et novices

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Publié le par chriswac
Publié dans : #MONTMARTRE. Rues et places.

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     7 janvier, balade dans le square Louise Michel. Il fait bleu et clair sur Paris et ce cheval blanc aimerait être libéré de l' axe qui le retient et l'empêche de s'envoler.

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     Le jardin gravit la butte sacrée qui abrita le culte de Mercure et de Mars. Auquel des deux faut-il attribuer la paternité patronymique de "Montmartre"?. Le nom vient-il de Mons Mercurii ou de Mons Martis ? Pour départager les chipoteurs, la légende dorée vint au Moyen Âge apporter sa lumière : Saint Denis et ses compagnons torturés et tués sur la butte auraient donné au lieu son nom : Mont des Martyrs....Montmartre.  La période révolutionnaire ne s'embarrassa pas de scrupules et choisit l'ami du peuple pour enseigne! Montmartre devint pour quelques années Mont Marat...

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   Le jardin porta longtemps le nom de Willette, dessinateur caricaturiste de talent mais violent antisémite. Il a été remplacé avantageusemant il y a quelques années par la Vierge Rouge, Louise Michel qui fut institutrice à Montmartre et figure de proue de la Commune. Elle revint de l'exil forcé en Nouvelle Calédonie avec ceux des chats qu'elle avait recueillis et qui étaient trop vieux pour survivre seuls. Dans son jardin aujourd'hui vous rencontrerez quelques chats très libres, ceux de la Mère Michel peut-être...

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   Au sommet de la butte, les visiteurs se penchent sur ces balcons du ciel pour découvrir Paris. Quand la Basilique n'était pas encore un projet, à quelques pas de là, en 1870, pendant le siège de Paris, Nadar installa sa compagnie d'aérostiers chargés d'observer les lignes prussiennes et d'assurer le service postal. Un jour d'octobre, la foule  était rassemblée pour voir s'élever un ballon, l'Armand Barbès, avec à son bord, Gambetta, ministre de la Défense. Il y avait dans cette foule de nombreux artistes dont le moindre n'était certes pas Victor Hugo!

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Aujourd'hui c'est la foule des touristes qui envahit le jardin où de nombreux immigrés essayent de survivre en étalant sur le sol une camelote made in China qui sera ramassée en un quart de seconde à la moindre alerte. A l'entrée du jardin des jeunes hommes "sans papiers" saisissent le poignet des touristes pour nouer des bracelets de laine en échange d'une pièce de monnaie. 

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La dernière terrasse est ornée d'une monumentale fontaine (de Gasq) dédiée aux dieux marins. Trois immenses vasques sont soutenues par ces divinités qui ne semblent pas très réjouies de l'effort qui leur est demandé!

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   Beaucoup plus modeste, la Fontaine des Innocents (de Derre) se cache au bord d'une allée, à gauche du jardin. Elle assume son style 1900 et offre au regard un Manneken Pis qui malheureusement n'a jamais pissé.



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Voilà... Une petit balade dans ce jardin, en ce début d'année où les ombres  jouent leur Giacometti mais entament leur lente régression. Je ne peux m'empêcher de vous montrer la station velib à la sortie du square. Je n'y vois jamais un seul vélo! Les montmartrois les empruntent-ils le matin très tôt pour remonter le soir en bus ou en métro? Quelle que soit l'heure de mon passage, je cherche en vain une monture! C'est décidé, je repars en haut de page et j'emprunte le cheval blanc que je libérerai de sa tige de fer.

 

Liens : Montmartre. Neige de décembre.

Monique Morelli n'a pas quitté Montmartre

Montmartre. Fontaine de Gasq. Square Louise Michel.

Montmartre. Place du Tertre.

Montmartre. Square Louise Michel. fontaine des innocents. Derré.

...

 

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Publié le par chriswac
Publié dans : #MONTMARTRE Cimetière.

saint-vincent-041-copie-1.JPG   Le 29 décembre, Nicole et moi décidons d'aller traîner nos pas dans le petit cimetière, au bas de la butte, cet enclos qui porte le nom du patron des vignerons et qui jouxte presque la dernière vigne de Montmartre. Nous sommes accueillis par un ange juvénile et boudeur. Accueillis n'est pas vraiment le mot. Il nous ignore, enfermé qu'il est dans la pierre et la méditation.
saint-vincent-012.JPG     La petite maison de Platon et Papoue. Ils sont tous deux derrière la vitre et nous regardent. Ils nous rappellent qu'entre les morts et nous il n'y a que cette vitre, parfois embuée ou poussiéreuse mais bien présente. Ils devaient s'aimer ces deux là, morts à quelques mois de distance. Nous n'avons peut-être qu'un seul grand amour dans notre vie, amour auquel on ne peut survivre.

saint-vincent-004.JPG      Deux femmes légères sur les branchages nus. Celle qui s'élève semble inviter l'autre à partir avec elle. Sa main caresse son épaule et invite les bras ouverts à se refermer autour de ses jambes pour s'abandonner à l'assomption...
saint-vincent-016-copie-2.JPG    L'ange qui veille sur la tombe d'Utrillo et de Lucie. Derrière le mur, la rue des Saules et le cabaret du lapin agile, les vignes et la maison rose, autant de lieux peints par celui que recouvre aujourd'hui le sinistre marbre.
saint-vincent-018.JPG    La main de l'ange, pour tenir un pinceau, pour porter à ses lèvres une coupe de champagne, pour caresser le visage des êtres aimés, pour se fermer soudain et cogner contre la mort.
saint-vincent-024.JPG   Sur une tombe, ce rappel de la vie la plus exaltée. Ces corps faits pour être chauds et s'enlacer. Cette main posée sous un sein tendu...        Mais ces corps menacés, ces souvenirs de papier brûlant que le bronze ne saurait garder qu'en les figeant, comme des fragments d'obus après l'explosion.
saint-vincent-035.JPG     La tombe la plus banale et la plus pesante pour celui qui nous a donné un univers et des images comme des oiseaux ou des nuages. On n'enterre pas les nuages. Les Enfants du Paradis, le plus beau film jamais tourné, pour moi... Qu'ils continuent de donner à leur créateur la jeunesse et la passion, et s'il existe un paradis, qu'ils soulèvent cette pierre stupide et l'entraîne là haut, là où vont ceux qui n'ont pas de quoi se payer l'orchestre...
saint-vincent-003.JPG  Il est  représenté ici avec chapeau et moustache, le bonhomme. Il sourit, satisfait et nous regarde. Il semble ignorer la jolie femme qui tourne vers lui la tête et dont le bras semble indiquer le chemin. Le lierre rampe sur la pierre, plus vivant malgré l'hiver que le bourgeois chapeauté.
saint-vincent-021.JPG    Ce n'est qu'un morceau de rocher, quelques pierres disjointes et un fouillis de plantes et de lierre. C'est là qu'habite Steinlein, le plus doué dessinateur de chats. Personne comme lui n'a su saisir la beauté de ces créatures uniques. Cet endroit semble fait pour eux, il y a des cachettes, des arbres, des buissons et un mur par où prendre la poudre d'escampette.

undefined  Bon d'accord ce n'est qu'une pierre bien noire et lisse et sans grâce. Mais vous pouvez y lire : Papa Borde, Maman Borde, Fils Borde... N'est-ce pas émouvant ce désir de rester ensemble, trinité gravée dans le marbre. Il devait y avoir beaucoup d'amour et de complicité chez ces trois là. Leur tombe devrait être multicolore avec des nains de jardin, beaucoup de fleurs des champs et des oiseaux qui s'égosilleraient toute l'année.

saint-vincent-044.JPG Il y a encore beaucoup de personnes sympathiques dans ce cimetière... Eugène Boudin le mal nommé dont les ciels et les plages ne cessent de vibrer, clairs, dans nos regards...Marcel Aymé qui voudrait bien que son passe-muraille l'aide à sortir de son trou... L'étonnant Ségir dont la tombe, selon son désir, émet des ondes qui guérissent les cardiaques...Harry Baur, acteur inoubliable.... mais celui qui nous attendait à la sortie du cimetière, il était bien vivant, bien nourri, c'était l'habitant des lieux, l'âme ombre et lumière qui à force de se poser sur les tombes a recueilli un peu de chaleur et de vie de chacun.

Lien :

Cimetière Montmartre. Classement alphabétique. Calvaire et Saint-Vincent.

Promenade cimetière de Montmartre (1) Juifs et chats(1ere partie)  

 

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Publié le par chriswac
Publié dans : #ASIE

Photo21.jpg                                                                                            Aujourd'hui encore il fait froid sur Montmartre et en ces jours de préparation de fêtes, les solitudes se font plus lourdes. Que ces regard d'enfants rencontrés au nord de la Thaïlande viennent se poser sur votre coeur.
La douceur, la résignation et l'obéissance de cette petite fille, réfugiée birmane....

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L'école du village aux enfants appliqués.Savez-vous qu'ils apprennent à maîtriser plusieurs alphabets? latin pour l'anglais; birman et thaïlandais!

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Cette terrible tradition des anneaux qui distendent le cou, alourdissent les jambes et les chevilles et qui semble cependant acceptée et même revendiquée comme un symbole de résistance par ces populations fières et pourchassées en Birmanie... Sans doute si les hommes y étaient contraints auraient-elles été abandonnées depuis longtemps... Mais n'est-ce pas vrai un peu partout dans le monde? Si les hommes étaient obligés de porter la burka ou le voile, ces habitudes vestimentaires perdureraient-elles?
                           
Une raison possible de ces lourdes parures serait la protection contre les morsures des tigres...
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Une petite fille à Chiang Maï. Une élégance naturelle et un sens des couleurs à faire pâlir Kenzo!
Photo14-copie-2.jpgDans un village karen, des petits marchands de souvenirs si gentils si souriants si peu insistants qu'on rêverait pouvoir acheter tout leur stock de sacs et de bracelets.

Voilà... Il fait un peu moins froid sur Montmartre où les poulbots ne se déguisent plus que pour les vendanges...

Lien : Les singes de Lopburi


 

 

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Publié le par chriswac
Publié dans : #ASIE


Aujourd'hui grand soleil sur la butte. Ce temps me rappelle les hivers de Téhéran, clairs et glacés et les kakis orange vif sur le bleu du ciel. Près de chez moi, il y avait une école élémentaire. A la sortie, des petites filles hautes comme trois pommes et déjà enveloppées dans leur tchador, s'égaillaient en piaillant.
 
A propos de tchador, j'ai un "joli" souvenir. Il y avait une jeune femme très rieuse qui venait parfois faire le ménage dans le grand appartement sinistre où je logeais. Elle gardait son tchador pendant son travail et surtout en présence d'hommes, qui plus est d'occidentaux.

Je précise que le tchador n'a rien à voir avec la burka; ce n'est qu'un grand tissu de couleur sombre en général dont se drapent les femmes et qu'elles maintiennent en mordant les bords. 

Un jour je suis rentré plus tôt de l'université où je travaillais. Je suis entré dans la grande pièce du rez de chaussée. Chirine (ainsi s'appelait-elle, vous l'avez deviné!) était au travail. Elle me tournait le dos et frottait le sol. Elle portait son tchador mais ne s'était pas rendu compte que sa position l'avait relevé et laissait à nu son superbe postérieur. Or, elle ne portait pas de culotte.

Je me suis éloigné très discrètement afin de revenir en me faisant remarquer en heurtant bruyamment la porte.

Quant je suis entré de nouveau, elle s'était redressée et souriait en me souhaitant la bienvenue et en me demandant si j'allais bien : "allé shoma rubé"?

Voilà.
Le tchador réserve bien des surprises! 

 
Lien : Le nouvel an hindouiste à Bali, les ogoh ogoh.


005.JPG  Un regard de ma chatte Missou que j'ai peinte sur son fauteuil favori.

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Publié le par chriswac
Publié dans : #OLERON

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    Un jour d'octobre à Grand Village.

 

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oleron-2007-030.JPG    Les touristes partis, les chars à voile reprennent possession de la plage (à Saint Trojan)

oleron-2007-033.JPG    L'épave échouée sur la grande plage à Saint Trojan.

 

oleron-2007-041.JPG   Sur le port, à Saint Trojan, une cabane ostréicole.

oleron-2007-050.JPG    Les goélands se reposent sur une barque retraitée.



oleron-2007-035.JPG     Un sage en contemplation.

LIEN : Eglise Saint-Pierre. Oléron. Nicolas Greschny.  

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Publié le par chriswac
Publié dans : #ASIE

                 Dimanche 16 décembre, rue André Del Sarte,un jour glacé mais lumineux qui m'emporte par la pensée bien loin des escaliers de la butte, dans un pays que j'aime et où j'ai longtemps vécu : le Liban.
C'était pendant des jours sombres et rouges où la mort et le sang s'insinuaient dans l'air que l'on inspirait par habitude et par nécessité. Quelles images sont restées comme des griffes sur la cornée ? Quelles horreurs ont laissé leur résille noire  dans la mémoire ?  Il suffit d'en susciter une pour qu'aussitôt reviennent comme les vagues toutes celles que l'on essayait tant bien que mal de maintenir dans leur coffre cadenassé. Cet homme tiré par une voiture au bout d'une corde et dont le corps se disloquait au gré des cahots et des pierres... Ces morceaux de viande humaine accrochés aux branches d'un arbre mort...

                 Dans ce Liban civilisé où la barbarie se vautrait en riant, les animaux n'étaient pas épargnés. Chats lapidés, cigognes abattues de la première à la dernière alors qu'un vent hostile les rabattait sur la côte, chiens pendus et jetés dans le port de Byblos...

                  Aujourd'hui ce sont deux chiennes qui frottent leur museau à ma mémoire, deux libanaises aux yeux de larmes et de lumière. La première est venue à ma rencontre un soir d'octobre. Elle était maigre et résignée. Elle s'approchait cependant, la tête basse, la queue serrée entre ses pattes et s'attendant à recevoir la pierre ou le bâton. Je me suis accroupi et lui ai parlé. Elle a paru très surprise puis est venue très doucement avec une interrogation angoissée dans le regard. Quand elle fut assez près de moi, je la caressais délicatement et promenais la paume sur son crâne chaud. Alors... Je n'oublierai jamais la longue plainte qui sortit de sa gueule. Il y avait là dedans une telle souffrance mêlée à une telle joie que je sentis aussitôt que nos deux vies se rencontraient.

                       Je ne pouvais la faire entrer dans mon immeuble habité par des palestiniens très religieux. Je décidais donc de l'installer dans ma voiture en attendant de trouver un autre appartement dans un autre quartier. Elle entra dans la Datsun et se coucha sur la banquette arrière. Elle ne put s'empêcher alors que je lui parlais et la caressais de s'abandonner et de laisser une flaque d'urine sur le sol.  Je montai chez moi, trouvai dans le frigo un peu de fromage, redescendis et lui offris ce festin qu'elle avala sans me quitter des yeux.

                         En sortant de la voiture, je vis à la fenêtre du deuxième étage un homme dont je ne compris pas les vociférations mais dont je vis clairement le poing serré  dirigé vers moi et l'autre main passée à l'horizontale sur le cou. Me menaçait-il de mort pour oser nourrir un chien au pied de son immeuble?

                          Je reçus assez vite la réponse. Je n'étais pas menacé n'étant pas encore classé parmi les animaux impurs mais ma chienne elle, elle l'était... J'étais allé faire quelques courses non loin de là  afin de nous trouver pour tous deux de quoi manger plus correctement. Quand je revins, je vis que la porte de ma voiture avait été forcée. Je me précipitai et vis le corps de ma chienne étendu sur les cailloux, la tête cachée par un carton. Je soulevai le carton et vis sa pauvre tête fracassée. La pierre qui avait servi à cet exploit était posée sur le capot de la voiture.
 
                         J'ai vomi. J'ai porté ma chienne qui n'avait même pas reçu de nom sur la banquette où elle avait cru trouver un refuge. J'ai roulé longtemps, longtemps. Je détestais ce pays. Il y avait en moi comme une absence de couleurs, la présence blanche et froide de la douleur.



     La deuxième chienne avait un nom et vivait une vie de chienne pénarde chez Hélène, une amie qui enseignait au centre culturel français de Tripoli. Elle s'appelait Pussy et ce nom lui allait à ravir, tant elle était câline et je dirais même féline!

          Un soir, Hélène vint sonner à ma porte. Il fallait que je vienne de toute urgence chez elle. Des soldats syriens  en longeant le jardin à peine clos avaient tiré sur Pussy pour s'amuser. Nous revînmes en courant. Pussy était étendue devant la porte, un énorme trou d'où s'échappait un sang lourd entre les omoplates. Nous la portâmes dans la voiture... La nuit était tombée et nous ne savions où aller. L'unique vétérinaire de Tripoli n'était plus chez lui et il n'existait aucune clinique vétérinaire. Nous décidâmes d'aller à l'hôpital. J'allai à l'accueil. Il y eut des murmures. Je pensais que nous allions être insultés et je l'aurais compris. Arriver ainsi dans un hôpital qui voyait chaque jour tant de mutilations, tant de blessures et qui ne savait comment faire face...

                       On prévint un médecin. Il arriva et me dit d'aller avec le chien derrière l'hôpital devant une porte de service dont il m'indiqua l'emplacement. Nous l'y retrouvâmes. Il était accompagné d'un autre homme et d'une infirmière. Ils prirent le chien et l'emmenèrent dans une salle d'opération. Une heure et demie plus tard, ils rapportèrent Pussy, déguisée en momie égyptienne... Ils nous expliquèrent qu'elle allait s'en tirer, que la blessure était spectaculaire mais bénigne. Nous voulûmes payer mais ils refusèrent catégoriquement. Nous nous perdîmes en remerciements et en sourires. C'est alors que le chirurgien nous dit : "Excusez-nous pour ce qu'est devenu le Liban."

                   Je n'oublierai jamais cette phrase, les risques qu'avaient acceptés ces Libanais en soignant une chienne dans un hôpital, leur gentillesse et leur générosité.

                    La face sombre et la face lumineuse d'un même pays. La mort et la vie. La grimace et le sourire. Ce liban auquel je pense par ce beau dimanche glacé et que j'aime comme une seconde patrie....



                 
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LIEN : Lucie et Nino. Roman. Deux amoureux à Montmartre.

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