Rue Ramey, par ce jour gris et froid je découvre, à l'angle de la rue du baigneur, un marin qui met soudain du rouge dans l'uniformité du paysage. Il tient contre vents et marées sur le mur d'une ancienne poissonnerie des années trente.
Il est venu dans cet océan de pierres et de pavés avec le ciel et les nuages de sa Bretagne idéale, avec le phare et les oiseaux.
Un goéland guette sa proie
Le pêcheur est vigilant et surveille son poisson. Pas question de le laisser emporter dans le ciel. Il est destiné aux braves gens du quartier.
....Mais le quartier a changé. Les vieilles boutiques disparaissent au profit de grandes surfaces et leur saumon d'élevage. Les poissons sauvages se font rares; ils sont comme cette mosaïque qui peu à peu se dégrade et perd ses écailles une à une.
Un jour il ne restera plus rien du pêcheur et de son décor. Paris perd peu à peu sa mémoire.
Dans la boutique, des chats ont élu domicile. Sans doute ont-ils été attirés par la poissonnerie et l'espoir de proies bien fraîches. Mais ils n'ont rien trouvé et se sont vitrifiés sous les caresses de leur amie Agathe qui a offert à certains d'entre eux des "charcophages" multicolores.
Alors tout espoir n'est pas perdu. Si une artiste a pris possession de la poissonnerie avec ses animaux fantaisistes et sérieux, le pêcheur au ciré rouge et le goéland criard seront peut-être protégés et continueront de mettre des couleurs dans la grise rue Ramey!