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Montmartre secret

Montmartre secret

Pour les Amoureux de Montmartre sans oublier les voyages lointains, l'île d'Oléron, les chats de tous les jours. Pour les amis inconnus et les poètes.

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Publié le par chriswac
Publié dans : #MONTMARTRE Peintres.Artistes.Clébrités
Bernard Nicolau Bergeret. Reservoir de Montmartre. Exposition photos.

 

Bernard Nicolau Bergeret. Reservoir de Montmartre. Exposition photos.

 

Bernard Nicolau Bergeret. Reservoir de Montmartre. Exposition photos.

     Sur les grilles du vieux réservoir de Montmartre (9bis rue Norvins) des photos sont fixées qui attirent le curieux et l'amusent car elles jouent avec les clichés et les mots.

 

Bernard Nicolau Bergeret. Reservoir de Montmartre. Exposition photos.

     C'est une invitation à entrer dans l'élégant bâtiment néo-Renaissance qui comme chacun sait, après avoir recueilli les eaux de l'Ourcq et de la Dhuys pour arroser les Montmartrois s'est reconverti en siège pinardier de la Compagnie du Clos de Montmartre. Illustre compagnie qui promeut le grand cru de la vigne voisine.

     Une fois de plus, comme à Cana, l'eau s'est transformée en vin!

     Sur la Butte tout est possible!

Bernard Nicolau Bergeret. Reservoir de Montmartre. Exposition photos.

 

     Avant d'entrer, prenons le temps de regarder les photos sur les grilles.... Comme je suis attiré par les chats, je commence par ce matou sur un livre ouvert. Le jeu entre le texte et la photo ne sera compris que par ceux qui ont vu "le Silence des Agneaux"!

Bernard Nicolau Bergeret. Reservoir de Montmartre. Exposition photos.

 

Bernard Nicolau Bergeret. Reservoir de Montmartre. Exposition photos.

 

.... Ce serment ne conviendra phonétiquement qu'aux gens du sud qui n'ont pas de paume mais une pomme de la main!

Bernard Nicolau Bergeret. Reservoir de Montmartre. Exposition photos.

 

Bernard Nicolau Bergeret. Reservoir de Montmartre. Exposition photos.

 

     Un proverbe contestable aujourd'hui puisqu'en Macronie, les retraités qui n'ont que 1200 euros pour survivre viennent de se faire taxer d'une trentaine d'euros par mois!

On peut tondre un veuf!

 

 

Bernard Nicolau Bergeret. Reservoir de Montmartre. Exposition photos.

 

    A l'intérieur du Réservoir, les photos sont exposées sous les affiches des vendanges. Le photographe est présent, prêt à donner des explications aux touristes, notamment anglophones, qui traduisant mot à mot les expressions ou proverbes, restent perplexes!

Comment comprendre  "the cups" c'est moi!

 

Bernard Nicolau Bergeret. Reservoir de Montmartre. Exposition photos.

 

     Ces jeux de mots et de photos sont bien dans l'esprit gouailleur et créatif de Montmartre. Bernard Nicolau Bergeret m'a confié que le hasard avait été à l'origine de son travail. Alors qu'il rentrait chez lui après être passé à la boulangerie, il vit sur la table les bols de riz que sa compagne avait préparés pour le repas. Il posa le pain sur la table à côté des bols. Or il s'agissait de deux baguettes!

La première photo et la première légende s'imposèrent alors...

Bernard Nicolau Bergeret. Reservoir de Montmartre. Exposition photos.

          Je pense donc j'essuie

Bernard Nicolau Bergeret. Reservoir de Montmartre. Exposition photos.

 

Bernard Nicolau Bergeret. Reservoir de Montmartre. Exposition photos.

 

Bernard Nicolau Bergeret. Reservoir de Montmartre. Exposition photos.

 

Un voile pour magnifier la création divine! Pas sûr qu'il soit plus accepté dans nos rues que celui qui la dissimule!

Bernard Nicolau Bergeret. Reservoir de Montmartre. Exposition photos.

 

... Du Monde diplomatique de surcroît!

Courbet doit esquisser un sourire....

Bernard Nicolau Bergeret. Reservoir de Montmartre. Exposition photos.

 

Bernard Nicolau Bergeret. Reservoir de Montmartre. Exposition photos.

 

     Emile Goudeau qui a donné son nom à la place du Bateau Lavoir, avait lui aussi joué sur son nom en créant le "Club des Hydropathes". Lui qui aimait la dive bouteille, choisit d'appeler son assemblée de joyeux lurons, Club de ceux qui se soignent avec de l'eau pour tout remède!

Bernard Nicolau Bergeret. Reservoir de Montmartre. Exposition photos.

 

.... Le photographe me pardonnera la qualité moyenne de mes reproductions qui sont des photos de ses photos. Les curieux courront  voir l'exposition qui ne dure que jusqu'au 31 mai.

Bernard Nicolau Bergeret. Reservoir de Montmartre. Exposition photos.

A vous de jouer. Quelle pourrait être la légende de cette photo?

    

 

    Un dernier sourire : tout le monde connaît le tableau de Magritte avec sous une pipe parfaitement représentée, la légende : "Ceci n'est pas une pipe".

     Une photo d'un des albums de Bergeret a pour légende "Ceci est une pipe"... et je vous laisse deviner ce que représente la photo que je ne peux reproduire ici sous peine de censure!

Bernard Nicolau Bergeret.

Expo de photos tirées de trois albums :

-C'est la faute aux mots

-Volume d'oeufs

-Sorti de ter

 

Disponibles sur son site  photos

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Publié le par chriswac
Publié dans : #MONTMARTRE Peintres.Artistes.Clébrités, #MONTMARTRE Monuments. Cabarets. Lieux
Notre-Dame de Lorette et le Sacré-Coeur.

Notre-Dame de Lorette et le Sacré-Coeur.

Eglise Notre-Dame de Lorette. La chapelle du baptême. Adolphe Roger.

     Si vous entrez dans l'église par la porte de gauche, vous vous retrouvez devant la loge de l'accueil installée dans la chapelle de la Mort et de la Résurrection. L'endroit est si détérioré, si sinistre que l'on craint un instant que la Mort l'ait emporté!

 

     La résurrection artistique est de l'autre côté, vers la porte de sortie, dans l'or et le bleu de la chapelle des Baptêmes récemment restaurée!

Eglise Notre-Dame de Lorette. La chapelle du baptême. Adolphe Roger.
Eglise Notre-Dame de Lorette. La chapelle du baptême. Adolphe Roger.

     Il s'agit d'un ensemble remarquable qui prend place dans l'histoire de la peinture du XIXème siècle à Paris....

     N'en déplaise à ceux qui font la fine bouche devant les fresques religieuses de cette époque!

Eglise Notre-Dame de Lorette. La chapelle du baptême. Adolphe Roger.

     Quand il fallut décorer l'église, dans un quartier en pleine expansion, apprécié des artistes et des femmes légères qu'on appellerait bientôt "lorettes", la peinture de trois chapelles, après concours, fut confiée en 1832 à des peintres de renom qui formaient une école picturale appelée Ecole des Nazaréens.

Chapelle de la Vierge (Victor Orsel)

Chapelle de la Vierge (Victor Orsel)

Chapelle de l'Eucharistie (Alphonse Périn)

Chapelle de l'Eucharistie (Alphonse Périn)

     Il s'agit de Victor Orsel (chapelle de la Vierge, aujourd'hui dégradée), Alphonse Périn (chapelle de l'Eucharistie) et Adolphe Roger (chapelle des Baptêmes).

     Seule a été restaurée celle des Baptêmes grâce à un fonds américain : le World Monument Fund, notre pays ne faisant pas toujours de la préservation de son patrimoine une priorité absolue!

Eglise Notre-Dame de Lorette. La chapelle du baptême. Adolphe Roger.

     Les trois peintres étaient amis et admiraient les Nazaréens allemands qui, comme eux, avaient fait le voyage en Italie pour étudier les Primitifs qu'ils considéraient comme leurs maîtres. Les sujets religieux étaient pour eux symboliques de la condition même de l'homme et susceptibles de concerner tous les hommes, même incroyants. La Vierge et son enfant pouvait représenter toute maternité humaine et le Christ en croix toute agonie. 

Eglise Notre-Dame de Lorette. La chapelle du baptême. Adolphe Roger.

     Adolphe Roger (1800-1880) choisit de représenter les rites du baptême en mettant en valeur les protagonistes, sans que l'œil soit attiré par un paysage d'arrière plan. En cela il est influencé par les icônes byzantines plus que par les peintres primitifs qui, en rupture avec leurs prédécesseurs, introduisirent la nature, montagnes, fleuves, arbres dans leur composition. 

 

Le fond d'or semble fait de plaques du métal précieux...

 

Eglise Notre-Dame de Lorette. La chapelle du baptême. Adolphe Roger.
Eglise Notre-Dame de Lorette. La chapelle du baptême. Adolphe Roger.

     De part et d'autre, Adam et Eve sont représentés. A gauche sous l'arbre de la Connaissance du Bien et du Mal, après avoir mangé le fruit défendu, et à droite au moment où ils sont chassés du Paradis....

     La composition est symétrique... D'un côté l'arbre et le serpent, la branche s'élevant au-dessus du couple, de l'autre le bras de l'ange. D'un côté Adam et Eve, parallèles, dans une position identique de repli sur eux-mêmes, de l'autre s'en allant, douloureux, vers l'inconnu. 

Eglise Notre-Dame de Lorette. La chapelle du baptême. Adolphe Roger.

   La tête penchée sur la main droite, ils se ressemblent et pourtant, la bouche d'Eve reste ouverte tandis qu'Adam la recouvre du poing comme s'il voulait effacer ce moment où il a mordu dans le fruit ...

   La bienséance du temps a conduit le peintre à cacher la nudité du couple. Eve est recouverte de ses cheveux et d'une inutile ceinture de feuilles, la même que l'on retrouve sur Adam.

Eglise Notre-Dame de Lorette. La chapelle du baptême. Adolphe Roger.

  De l'autre côté, les voilà déjà vêtus de peaux de bêtes. Adam se dissimule toujours, tête baissée tandis que sa femme lève la tête. On pense à la fresque de Masaccio où l'homme se cache le visage dans les mains tandis que la femme se tourne, visage nu et comme aveugle vers le ciel...

 

Les deux fresques sont, selon moi,  les réalisations les plus belles de la chapelle...

 

Eglise Notre-Dame de Lorette. La chapelle du baptême. Adolphe Roger.

     La scène du baptême est plus convenue. Au centre le Christ, les bras écartés et qui semblent devoir s'élever jusqu'à leur position sur la croix.

Eglise Notre-Dame de Lorette. La chapelle du baptême. Adolphe Roger.

A la droite du Christ, Jean Baptiste accomplit le rituel, entouré par des anges un tantinet inexpressifs.

 

Eglise Notre-Dame de Lorette. La chapelle du baptême. Adolphe Roger.

    Au-dessus de la scène, la Trinité, Père, fils et Esprit couronnent l'âme du nouveau baptisé qu'ils accueillent dans leur lumière. L'ensemble est assez convenu mais c'est la couleur franche et la clarté de la composition qui frappent. Adolphe Roger a retrouvé ici quelque chose de la magie naïve et savante des primitifs.

     Parmi les autres décorations de la chapelle, les plus originales représentent les rites du baptême ( certains aujourd'hui tombés dans les oubliettes).

Le SEL... 

Dans la bouche de l'enfant étaient déposés quelques grains de sel, élément vital qui protège de la corruption. 

L'EAU...

     A l'origine le baptisé était plongé dans l'eau, symbole de la mort de l'homme ancien et naissance de l'homme nouveau. 

 

Le SOUFFLE... ou exorcisme...

    Le prêtre souffle sur la tête du bébé afin de chasser au loin le mal ...

 

    Le peintre a représenté au-dessus  l'ange du Mal, un serpent enroulé autour de lui, poursuivi par le bon ange qui tape dans les mains comme s'il voulait effrayer une vulgaire vipère!

Et comme souvent (j'allais écrire "toujours") le mal a plus d'allure, plus de caractère quant il apparaît sous le pinceau des peintres que le bien, fade et conventionnel!

LA SALIVE...

    Le prêtre mouille son doigt de salive et touche les oreilles et les narines de l'enfant. 

Le rite porte le nom d'Ephpheta, ce qui en araméen signifie "Ouvre-toi".

 

LE SAINT CHRÊME....

    Avec l'huile sainte, le signe de croix est tracé sur le crâne de l'enfant. 

 

     On comprend, à voir l'étendue des surfaces peintes qu'il ait fallu plus de quatre ans à Adolphe Roger pour les réaliser. Notons ici qu'il innova dans la technique puisqu'il mit au point avec Orsel un procédé "à la cire froide" qui associait les qualités de la fresque (vivacité, naturel des coloris) à celles de l'encaustique ou cire chaude (vertus hydrofuges). Malgré ces précautions, les deux peintres ne purent éviter "l'irréparable outrage" des années!

Eglise Notre-Dame de Lorette. La chapelle du baptême. Adolphe Roger.

    D'autres scènes ornent les piliers. Elles rappellent des baptêmes célèbres et des conversions de populations lointaines.

... Tout d'abord le baptême de Clovis et Clotilde par Saint-Rémi... avec intervention volatile de l'Esprit Saint qui bénit le Saint chrême et l'ampoule qui servira à oindre les rois de France!

Eglise Notre-Dame de Lorette. La chapelle du baptême. Adolphe Roger.

... Le baptême des Péruviens avec l'ange et le saint évangélisateur François Solano qui avait des dons divinatoires puisqu'il sut prédire la date de sa mort et le tremblement de terre qui dévasta le Pérou!

Eglise Notre-Dame de Lorette. La chapelle du baptême. Adolphe Roger.

... Le baptême de l'empereur Constantin qui selon nombre d'historiens ne lui aurait été administré que sur son lit de mort.

    La légende veut qu'après avoir vu des signes miraculeux apparaître dans le ciel avant une bataille décisive, il eût décidé de se faire chrétien et eût été baptisé par Saint Sylvestre.

Eglise Notre-Dame de Lorette. La chapelle du baptême. Adolphe Roger.

... Enfin, le baptême des Ethiopiens par Saint Philippe (qui fait allusion à un passage des Actes des Apôtres où Philippe baptise un eunuque éthiopien).

     L'aspect académique de ces scènes peut lasser mais la couleur, le relief des personnages sur le fond bleu, la simplicité des visages peuvent nous toucher.

Eglise Notre-Dame de Lorette. La chapelle du baptême. Adolphe Roger.

     Pour terminer la visite de la chapelle, il faut lever les yeux au ciel et découvrir la coupole bleue avec ses étoiles. Les grandes figures qui tournent avec elles bien qu'assises sur leur trône, s'envolent dans un bruissement rose et blanc, couleurs mystiques.

"Un soir fait de rose et de bleu mystique"  (Baudelaire.)

 

Eglise Notre-Dame de Lorette. La chapelle du baptême. Adolphe Roger.

     Grâce à cette belle restauration, Adolphe Roger va peut-être retrouver sa place dans l'histoire de la peinture du XIXème siècle.

   Parmi les peintres proches du courant nazaréen, seul Ingres n'est pas tombé dans l'oubli et c'est dommage.

... Il y a dans son œuvre, servie par la science de son art, une naïveté qui le rapproche de ses maîtres Primitifs. Sur le ciel d'or ou sur le ciel bleu, les visages graves ou sereins sont ceux d'hommes et de femmes qui, délaissant un instant leurs soucis quotidiens, entrent de plain pied dans une légende, un conte de fées pour les uns, une vérité religieuse pour les autres!

 

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Publié le par chriswac
Publié dans : #MONTMARTRE Peintres.Artistes.Clébrités
Van Gogh. Vue de Montmartre, carrières et moulins. 1886.

Van Gogh. Vue de Montmartre, carrières et moulins. 1886.

Tout a été dit ou presque sur ce géant... mais on a tendance à privilégier ses périodes les plus géniales, celles de Provence et d'Auvers, en n'insistant pas sur ses années montmartroises, celles qui ont été décisives et où il est devenu le peintre de la lumière tourmentée et de "l'explosante fixe"!

Van Gogh. Le jardins de Montmartre 1887.

     Car c'est bien ici, à Montmartre qu'il est devenu Van Gogh! C'est ici qu'il a laissé sa mue de peintre du nord, adepte de Rembrandt et de sa sombre lumière, compagnon des peintres de son pays habitués des intérieurs et des besogneux...

 

     Il ne reste que deux années à Montmartre, de 1886 à 1888. Et quelles années! Quelles amitiés! Quelles rencontres! Quelle métamorphose!

                   Van Gogh. Montmartre. Carrières et moulins 1887.

      C'est en mars qu'il débarque (certains parlent de février, mais quelle importance?) sur l'invitation de son frère Théo qui travaille chez Goupil, le fameux marchand d'art plus attiré par les peintres à la mode que par les novateurs.

                                                              Théo Van Gogh.

     Théo qui avait été embauché par Goupil pour être responsable de sa succursale de La Haye (Goupil et Cie est un des plus importants marchands d'art européen) est appelé sur sa demande à Paris où il rêvait de vivre pour rencontrer les peintres nouveaux qui écrivaient sans que les gens de goût s'en rendissent compte, l'histoire de la peinture moderne.

                                         Goupil et Cie boulevard Montmartre.

     En 1881 il devient gérant de la succursale du boulevard Montmartre qui s'intéresse à ces novateurs alors que la maison Goupil, pour satisfaire sa clientèle continue de vendre rue Chaptal les peintres pompiers qui sont alors à la mode. Un Edouard Detaille par exemple, peintre de scènes militaires,  se vend 50 000 francs (125 000 euros) alors qu'un Monet, s'il trouve preneur, part à 680 francs (1650 euros)!

                                Edouard Detaille. Commandant Berbegier.

                   Théo admire son frère et tient, après la mort de leur père,  à le faire venir à Paris où se joue la modernité. Quand Vincent arrive, il a déjà 33 ans et il s'est affirmé, enfermé, dans une tradition qui ne lui convient pas.

25 rue Victor Massé. Première adresse de Vincent (chez Théo) à Paris.

25 rue Victor Massé. Première adresse de Vincent (chez Théo) à Paris.

     Théo habite alors 25 rue Victor Massé et c'est donc là que débarque Vincent, dans cette rue où au n°12 le cabaret du Chat Noir s'était installé en 1885. C'est un des plus beaux immeubles de la rue, de style Louis-Philippe Renaissance, construit par Davrange et Durupt. Le plus beau des immeubles parisien où Vincent séjournera. Pour peu de temps!  Trois mois!

 

54 rue Lepic. 2ème adresse de Vincent chez Théo.

54 rue Lepic. 2ème adresse de Vincent chez Théo.

     La deuxième adresse de Vincent, toujours chez Théo, sera un peu plus haut sur la Butte, au 54 de la rue Lepic. C'est là qu'il passera la plus grande partie de son temps parisien (de 1886 à 1888) jusqu'à son départ pour la Provence.

3ème étage (volets fermés).

3ème étage (volets fermés).

L'appartement était au troisième étage et la fenêtre de Vincent donnait vers le sud-ouest, sur les immeubles d'en face et le mur pignon qu'il a peints à plusieurs reprises.

Van Gogh à Montmartre
Van Gogh à Montmartre
Van Gogh à Montmartre
Van Gogh à Montmartre
               Atelier de Cormon, 10 rue Constance.

Atelier de Cormon, 10 rue Constance.

      Les premiers mois, Vincent fréquente l'atelier de Cormon, non loin de la rue Lepic, 10 rue Constance.

    Cormon se décourage vite de corriger un étudiant qui n'a plus l'âge ni le caractère de recevoir ses conseils. 

 

                                                   Le harem (Cormon)

    Il est alors à la mode et parmi ses élèves, Van Gogh va faire la connaissance de plusieurs jeunes peintres, attentifs aux leçons du maître, comme Emile Bernard qui va devenir un véritable ami et un confident.

                                                Emile Bernard (Autoportrait)

      Il est le vrai "copain" de Vincent et lui rend fréquemment visite rue Lepic. Ils vont ensemble chez le père Tanguy et font tous deux son portrait :

 

Le père Tanguy par Bernard (gauche) et Van gogh (droite)
Le père Tanguy par Bernard (gauche) et Van gogh (droite)

Le père Tanguy par Bernard (gauche) et Van gogh (droite)

     Le père Tanguy est un personnage haut en couleurs (c'est le cas de le dire!). Ouvrier broyeur de couleurs puis marchand lui même, cet ardent communard est un admirateur des peintres novateurs qui se rencontrent dans sa boutique 14 rue Clauzel et voient dans l'arrière salle les toiles qu'il expose et qu'il essaie de vendre. Pissaro, Monet, Renoir,  Gauguin, Lautrec et Vincent font partie de ses clients et amis!

     Le portrait de lui le plus célèbre est celui que Vincent a peint sur fond d'estampes japonaises qui provoquaient son admiration et dont on sait quelle influence elles eurent sur son art.

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      Vincent découvre peu à peu l'importance de la couleur et de la lumière. C'est pas à pas, jour après jour que la mutation s'accomplit. Parmi les artistes qu'il admire, il y a un peintre dont on parle peu et qui a eu sur lui une influence considérable, c'est Monticelli dont les toiles sont vendues rue de Provence, chez Debarbeyrette et dont Théo sur les conseils de son frère fait l'acquisition d'une d'entre elles.

                                                   (Monticelli)

 

     Un peu plus tard, une fois dans cette Provence qui est le pays de Monticelli, Vincent écrira à son frère : "Je suis sûr que je continue son œuvre, ici, comme si j'étais son fils ou son frère (...) reprenant la même cause, continuant la même œuvre, vivant la même vie, mourant la même mort."

    Il me semble pourtant que ce peintre a une touche lourde et peu lumineuse. Peut-être représente t-il pour Vincent une transition entre les deux époques de sa propre peinture, un sas vers la liberté du geste et l'audace. 

     Parmi les autres peintres que Vincent rencontre à Paris, Gauguin, son aîné aura une importance toute particulière. Il est le maître quand Emile Bernard est le compagnon! Gauguin, comme Van Gogh est fasciné par les Japonais que l'on découvre alors. 

 

     Sur ce cliché exceptionnel pris à l'initiative d'André Antoine (debout) dans son théâtre Libre de la rue Blanche, on peut voir à l'extrême droite Gauguin, à l'extrême gauche Emile Bernard et à côté d'Antoine, la pipe à la bouche Van Gogh.

   La photo a été pris en décembre 1887. Un an plus tard, après une dispute, Vincent se tranchera l'oreille, à Arles. On distingue sur la table le fameux bonnet en lapin avec lequel il se représentera avec les pansements qui entourent son visage.

 

   Pendant les quelques mois qu'il vit à Paris, Van Gogh, comme Gauguin et quelques autres peintres fréquentent les mêmes lieux parmi lesquels un restaurant du boulevard de Clichy, le Tambourin.

               Le cabaret des Quat Z' Arts en 1893, à l'emplacement du Tambourin.

                         Aujourd'hui des dessous féminins remplacent le restaurant!

 

  Imaginez que pour payer sa pension dans ce restaurant sans prétention, Vincent s'était engagé à fournir deux à trois toiles par semaine, des natures mortes, que la dame du lieu espérait vendre (en vain)!

     Cette dame est un ancien modèle professionnel (peint par Manet ou Corot), la Segatori. Nous avons d'elle deux portraits réalisés par Van Gogh :

                                                   La Segatori (Van Gogh 1887)

L'Italienne (Van Gogh) 1887

L'Italienne (Van Gogh) 1887

    Elle a été sa maîtresse dès leur rencontre au printemps 1887. Leur "passion durera quelques mois et elle reste la femme qui a le plus compté pour lui lors de son séjour parisien.

 

     C'est dans son établissement  qu'il expose ses toiles sans succès. C'est encore là que ses amis Emile Bernard et Louis Anquetin, ayant plus de chances, vendent leur première toile lors d'une exposition collective avec lui et Gauguin.

                                         Louis Anquetin. Le Mirliton (chez Bruant) 1886-7

 

Le restaurant périclita et la Segatori dut se résoudre à brader pour quelques sous les dizaines d'œuvres de Vincent qu'elle possédait!

 

      C'est chez elle qu'il avait exposé des dizaines de gravures japonaises achetées avec Théo rue Chauchat, chez Siegfried Bing, un fou de Japon!

                                                 Maison Bing, rue Chauchat.

     L'influence des artistes japonais sur les Impressionnistes est connue mais il importe, pour comprendre la peinture de Van Gogh, de se rendre compte à quel point il fut marqué par cet art. Ce sont ses peintures provençales qui en seront les plus évidentes preuves, à tel point qu'il écrira à Théo que si les Impressionnistes allaient dans le midi c'était qu'ils y trouvaient "l'équivalent du Japon"!

           Vincent commence par reproduire fidèlement les œuvres qu'il admire (notamment celles de Hiroshige)

                                  Le pont sous la pluie (inspiré d'Hiroshige). 1887. Van Gogh.

                              Prunier en fleurs (1887) Van Gogh

Prunier en fleurs (1887) Van Gogh

     A Montmartre, à l'instar des Impressionnistes, il va poser son chevalet en plein air. Le "village" lui plaît, avec ses terrains vagues, ses jardins qui résistent encore  à la grande spéculation immobilière.

     Un de ses thèmes de prédilection est le moulin de la Galette. On sait que le meunier-homme d'affaires Debray donna ce nom à deux moulins. Tout d'abord à l'ancien Radet, transporté à l'angle des rues Lepic et Girardon, puis à l'ancien Blute-Fin et sa terrasse sur tout Paris.

Vincent encore "hollandais" dans sa peinture commence par peindre l'ancien Radet. Trois toiles le représentent dans une tonalité sombre, assez sinistre.

 

 

 

 

 

    

 

Il suffit de quelques mois pour que le virus impressionniste ait fait son chemin et lorsque Vincent peint l'ancien Blute Fin, la couleur, la lumière, l'atmosphère ont changé! Du ciel, de l'air, des courants de soleil vont vibrer ses paysages. 

 

 

Potagers et moulins à Montmartre

Potagers et moulins à Montmartre

Le Blute-Fin (moulin de la Galette)

Le Blute-Fin (moulin de la Galette)

La terrasse du Blute-Fin 1887

La terrasse du Blute-Fin 1887

Le Blute fin. 1886

Le Blute fin. 1886

     Les restaurants et les cabarets montmartrois fréquentés par Vincent sont évidemment nombreux mais ils ne font pas, sauf exception, le sujet de ses peintures.

     Nous avons vu le Tambourin où il a peint la Segatori. Il a également peint le jardin des Billards en Bois, rue Saint Rustique (aujourd'hui "La Bonne Franquette"). 

 

Van Gogh à Montmartre

    Le lieu était apprécié des peintres qui s'y retrouvaient fréquemment. Toulouse Lautrec y invite Vincent pour y siroter la Fée Verte, l'absinthe...

                                Croquis de Van Gogh pour "la Guinguette".  (1886)      

          Vincent y peint une toile "la Guinguette" aujourd'hui exposée à Orsay.

 

     C'est le plus souvent en se promenant autour de la rue Lepic qu'il trouve son inspiration, dans ce Montmartre où les potagers entourent les moulins, où les carrières ouvrent des brèches dans le paysage, où le maquis continue d'attirer les pauvres et les originaux. Ce Montmartre d'après la Commune dont les amoureux de notre quartier ne cessent de rechercher les vestiges.

                                       Chemin en pente à Montmartre (1886)

 

Scène de rue à Montmartre. Le moulin à poivre.

Scène de rue à Montmartre. Le moulin à poivre.

Parmi les tableaux qu'il réalise alors, on trouve cette "Scène de Montmartre : 

     Le moulin à roues servait de support publicitaire, quant au moulin à Poivre, entre les drapeaux tricolores il avait été construit en 1830 près du moulin de la Galette. Il servait à moudre les grains et les pigments pour les couleurs. Il a été détruit en 1911 pour permettre le percement de l'avenue Junot.

Le tableau de Vincent est remarquable par son apparente naïveté qui annonce Utrillo, par ses couleurs franches et par ce ciel tourmenté. 

Quelques fois, Vincent peint le boulevard de Clichy 

                                                         Boulevard de Clichy

 

Ou la ville qui apparaît mouvante, immense depuis les hauteurs de Montmartre. 

 

Van Gogh à Montmartre
Van Gogh à Montmartre

     Bientôt il va prendre la direction du sud et c'est là que son génie va éclater, c'est là qu'il va dépasser tout ce qu'il a appris à Paris, s'émanciper de ceux qui l'ont impressionné pour devenir le peintre unique, celui qui déjà se représentait par touches rapides, par éclats de couleurs comme un soleil en expansion , en risque de dissolution...

 

     Son histoire avec Montmartre n'est pas tout à fait terminée cependant. Le 17 mai 1890, il revient à Paris, chez Théo qui a changé d'adresse et habite 8 Cité Pigalle, au troisième étage.

 

     Vincent Van Gogh est né le 31 janvier à cette adresse!

    Oui, Théo a eu un fils avec sa femme Johanna et c'est le prénom de Vincent qu'il a choisi!

    Ce choix ne plaît pas au peintre qui souffre d'avoir reçu en 1853 le prénom de son frère mort l'année de sa naissance en 1852. Mais dans cette famille les "Théo" et les "Vincent" se donnent de génération en génération!

     Vincent ne reste que trois jours à Pigalle avant de partir pour Auvers.

                                                                      Cité Pigalle

     Sur l'invitation insistante de Théo, il revient à Pigalle le 5 juillet 1890. Il devait y rester une semaine mais il part le jour même après avoir rendu visite à Tanguy rue Clauzel, être allé chez un brocanteur où Théo avait remarqué un Bouddha intéressant, avoir passé un moment chez Lautrec et avoir déjeuné en famille Cité Pigalle. 

     Il ne reviendra pas à Montmartre.

    Son coeur cessera de battre à Auvers, deux jours après le coup de pistolet qu'il se tirera le 27 juillet dans la poitrine, peignant de rouge sa chemise et faisant s'envoler les oiseaux.

 

 

       Ce n'est pas à Montmartre mais à Auvers qu'il sera enterré.

      Théo mourra quelques mois après lui dans une clinique psychiatrique d'Utrecht.

      En 1914, Johanna le fera inhumer à côté de son frère.

     

 

La vigne rouge. Le seul tableau de son frère que théo parvint à vendre.

La vigne rouge. Le seul tableau de son frère que théo parvint à vendre.

     C'est pourtant ici, à Montmartre, que s'est joué son destin de peintre, grâce à ce frère attentif et amoureux qui l'invita à se lancer dans une des plus grandes aventures artistiques du XIXème siècle.

Van Gogh à Montmartre

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Louis Icart. Maison Neumont. Dessins de la Parisienne. Place du Calvaire.
Louis Icart. Maison Neumont. Dessins de la Parisienne. Place du Calvaire.

     La fameuse maison Neumont est une des plus singulières de Montmartre.

    Nous l'avons déjà visitée en rendant hommage à son premier propriétaire, Maurice Neumont, mais n'avions dit que quelques mots de celui qui lui succéda et y mourut, Louis Icart.

1 place du Calvaire. Entrée de la maison Neumont

1 place du Calvaire. Entrée de la maison Neumont

Louis Icart. Maison Neumont. Dessins de la Parisienne. Place du Calvaire.

    Réparons cette injustice, d'autant plus criante que j'avais à l'époque émis un jugement assez négatif sur ce peintre connu surtout pour ses illustrations et pour ses dessins érotiques....

                                    Illustration de Louis Icart pour Le Sopha de Crébillon

Louis Icart. Maison Neumont. Dessins de la Parisienne. Place du Calvaire.
Louis Icart. Maison Neumont. Dessins de la Parisienne. Place du Calvaire.

     Il est vrai que son surnom, donné par les Américains de "Peintre de la Parisienne" ne lui a pas été favorable et l'a enfermé dans sa production pour catalogues et magazines féminins.

 

Louis Icart. Maison Neumont. Dessins de la Parisienne. Place du Calvaire.
Louis Icart. Maison Neumont. Dessins de la Parisienne. Place du Calvaire.

     Il ne prit possession de la maison du 1 rue du Calvaire, une des plus haut perchées de Montmartre, sur un jardin abrupt, qu'en 1943. Le succès qu'il avait rencontré à New-York avec ses parisiennes sophistiquées lui avait permis de récolter une somme suffisante pour une telle dépense.

    Son grand amour, Fanny, sa femme qui lui servit souvent de modèle, avait eu le coup de foudre pour cette maison "I900", construite par Louis Brachet, plein sud, fenêtres et baies ouvertes sur Paris étendu à ses pieds!

Louis Icart. Maison Neumont. Dessins de la Parisienne. Place du Calvaire.
Louis Icart. Maison Neumont. Dessins de la Parisienne. Place du Calvaire.

     Quand il entre dans cette demeure entre ciel et terre, il a déjà accompli l'essentiel de son œuvre. Né en 1888, il a 55 ans et se sent libre de dessiner ce qui lui plaît.

Quand , jeune homme, il était arrivé à Paris, sa tante qui possèdait la maison de couture Valmont, l'engagea. C'est ce qui déclencha sa "vocation" pour le milieu du luxe et de la haute couture.

 

Maison Neumont. La poulie modern-style sur la place du Calvaire.

Maison Neumont. La poulie modern-style sur la place du Calvaire.

La glycine

La glycine

     La 1ère guerre le conduisit sur d'autres chemins. Il y participa comme pilote d'avion et comme dessinateur. Sa série l'Exode montre s'il en était besoin quel peintre engagé  il aurait pu devenir.

                                                          La voix du canon

Louis Icart. Maison Neumont. Dessins de la Parisienne. Place du Calvaire.

     Après la guerre, il adhéra à l'esthétique Art-Déco. Ses meilleurs dessins en sont de belles illustrations. 

 

     Il représente une femme de son temps, libre, indépendante. Une femme sensuelle et épanouie dans un monde où l'homme n'apparaît que rarement.

     Si une partie des dessins paraît stéréotypée, il n'en est pas moins vrai qu'on y trouve, dans les plus réussis, un sens évident de la composition et de l'utilisation du décor, souvent en noir et blanc, résille végétale ou dentelle....

 

     Il y a parfois chez Icart, cette présence d'un univers en gestation, des formes qui s'organisent peu à peu et d'où la femme semble sortir comme d'une vague. Comme dans cette composition du "paon blanc", une des plus étranges...

 

 

     Le feuillage, la lumière, le plumage sont une écume qui dépose sur le rivage la femme émergeant du tourbillon noir de sa robe...

Louis Icart. Maison Neumont. Dessins de la Parisienne. Place du Calvaire.

     Dans ce dessin,"Diva", la femme est prise dans sa robe comme le sont les amoureux de Klimt dans leur mosaïque d'étoffes. Un filet rouge tombe de sa main, semblable à une tache de sang.

     Il est rare de trouver chez Icart cette image de la femme dangereuse, telle que Gustave Moreau (peintre qu'il admire) la représentait.

Louis Icart. Maison Neumont. Dessins de la Parisienne. Place du Calvaire.

     Ici, c'est de l'ombre et de la mantille que sort le corps lumineux de la femme, comme un fruit de son écorce.

 

 

     Icart aime associer la femme à la nature. Parfois ce sont les animaux qui l'accompagnent...

     ...Les souples lévriers, une extension de leur corps et de leur sensualité...

Louis Icart. Maison Neumont. Dessins de la Parisienne. Place du Calvaire.
Louis Icart. Maison Neumont. Dessins de la Parisienne. Place du Calvaire.

   Le chat évidemment...

Plutôt que de concourir à qui sera le plus beau, la femme et le chat sont alliés. Difficile de savoir qui des deux est le plus chat, qui des deux est le plus femme!

 

     Quelques animaux encore, comme ce troupeau de moutons et cet agneau, sous un ciel de tempête, fuyant une menace. Un loup? Un boucher? 

 

       Un petit tour dans l'enfance avec ce regard jumeau du Chow-chow et de la femme dans les feuillages!

 

Louis Icart. Maison Neumont. Dessins de la Parisienne. Place du Calvaire.

    Louis Icart a vécu jusqu'à sa mort, en 1950, dans cette maison de rêve, donnant d'un côté sur un jardin sauvage, avec vue sur tout Paris, et de l'autre sur la petite place du Calvaire, un endroit de Montmartre qui a par miracle échappé à la destruction!

 

Louis Icart. Maison Neumont. Dessins de la Parisienne. Place du Calvaire.
Louis Icart. Maison Neumont. Dessins de la Parisienne. Place du Calvaire.
Louis Icart. Maison Neumont. Dessins de la Parisienne. Place du Calvaire.

   C'est de cette maison près du ciel qu'il s'envole comme un Icare dont les ailes ne se seraient pas détachées.

   Son œuvre légère et élégante témoigne aujourd'hui d'une époque qui, entre deux catastrophes, aima se réfugier dans un rêve de luxe et de charme.

  Une futilité apparente qui s'assume, non sans humour parfois et qui a la modestie de ne pas se prendre au sérieux.

 

Louis Icart. Maison Neumont. Dessins de la Parisienne. Place du Calvaire.
Louis Icart. Maison Neumont. Dessins de la Parisienne. Place du Calvaire.

Pour les curieux, voici quelques cartes postales de la maison Neumont qui datent du début du XXème siècle, alors qu'elle était habitée par celui qui l'avait fait construire. Elles sont prises dans le jardin, devant la façade qui aujourd'hui est en partie cachée par les arbres.

Louis Icart. Maison Neumont. Dessins de la Parisienne. Place du Calvaire.
Louis Icart. Maison Neumont. Dessins de la Parisienne. Place du Calvaire.
Louis Icart. Maison Neumont. Dessins de la Parisienne. Place du Calvaire.

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Paco Durrio (Francisco Durrio) à Montmartre.

Paco Durrio (le Guitariste, Gauguin)

Broche. (Durrio)

Broche. (Durrio)

     Encore un grand artiste à redécouvrir, au moins ici, à Montmartre où il a vécu mais certes pas au pays basque, à Bilbao où le musée lui a consacré en 2013 une exposition-rétrospective

     Il s'agit de Paco Durrio, de son vrai nom Francisco Durrio de Madron (1868-1940). Son nom est d'origine française, le "Durrieu" de ses grands-parents  ayant été hispanisé.

    C'est à Bilbao qu'il a fait ses études (il a eu comme condisciple dans sa classe Miguel de Unamuno) avant de travailler à Madrid où il étudie son art avec le sculpteur Justo Gandarias.

                                                            Sapho (Gandarias)

    En 1888, il a vingt ans et il décide, comme beaucoup d'artistes espagnols, de se rendre à Paris.

    Il y rencontre Gauguin avec qui il lie une véritable amitié. Gauguin réalise un beau portrait de son ami alors qu'il partage avec lui le même atelier rue Campagne Première.

Durrio sera un de ses grands admirateurs et  il contribuera à le faire connaître et apprécier.

Durrio, Zuloaga et Maebe à Montmartre

Durrio, Zuloaga et Maebe à Montmartre

   En 1892, il vient vivre à Montmartre où il retrouve ses amis, les peintres Zuloaga et Uranga.

     Zuloaga, considéré en Espagne comme un des plus grands peintres de la fin du XIXème, est hélas amateur de boucheries tauromachiques et une bonne partie de son œuvre est consacrée aux toreros et non aux danseuses de cancan... 

 

      C'est la période où Durrio s'intéresse à la création de bijoux. Ses œuvres sont des sculptures symbolistes qui allient l'argent et les pierres semi précieuses. Il crée un monde étrange, en partie inspiré par Gauguin où le mythe et la sensualité se mêlent.

                                                            "Cléopâtre embrasse le serpent"  (musée d'Orsay)

Paco Durrio (Francisco Durrio) à Montmartre.

    Boucle de ceinture.

Paco Durrio (Francisco Durrio) à Montmartre.

                        Bague (or et émail)

   Il expose ses bijoux en 1896 et rencontre un vif succès. Il trouvera sa vraie consécration en 1925 lors de l'exposition internationale des Arts Décoratifs à Paris.

 

Paco Durrio (Francisco Durrio) à Montmartre.
Paco Durrio (Francisco Durrio) à Montmartre.
Paco Durrio (Francisco Durrio) à Montmartre.
Le Bateau-Lavoir.

Le Bateau-Lavoir.

     Il travaille pendant trois ans au Bateau-Lavoir, recevant les Catalans de Paris, Picasso, Juan Gris, Gargallo et les Basques, Uranga, Iturrino, Etchevarria...

Les soirées sont mémorables dans ces baraques de bric et de broc où Picasso occupe un atelier exigu...

     Quand en 1904, Durrio quitte le Bateau-Lavoir, Picasso loue l'atelier un peu plus grand de son ami. Les deux hommes resteront proches et dans les années 1910, ils collaboreront à la création de bijoux et de céramiques.

Pièce réalisée par Picasso dans l'atelier de Paco Durrio: "Femme agenouillée se coiffant" 1906

                             Paco Durrio. Vase anthropomorphe. Grès émaillé. (Musée d'Orsay)

     La production de Paco Durrio est appréciée des critiques et de ceux qui la découvrent comme Apollinaire ou Morice (théoricien du symbolisme, ami de Gauguin qui lui confie la réécriture de ses manuscrits tahitiens).

                                            Paco Durrio. Tête. Grès émaillé.

    Durrio avait appris la technique de la céramique, comme Gauguin, dans l'atelier d'Ernest Chaplet, un des maîtres céramistes du XIXème siècle, réinventeur, entre autres du fameux rouge "sang de bœuf" apparu en Chine au XIIIème siècle.

 

     Cet art de la céramique, Paco Durrio le posséde au point d'en devenir un des créateurs les plus novateurs. C'est ce qui lui permet de donner des leçons à Picasso.

Paco Durrio (Francisco Durrio) à Montmartre.

                              Paco Durrio. Jardinière. Terre cuite.

Paco Durrio (Francisco Durrio) à Montmartre.

                                  Paco Durrio. Tête d'homme. "Le jour ni l'heure"

Paco Durrio (Francisco Durrio) à Montmartre.

                                    Pot  anthropomorphe.

     Quand il quitte le Bateau-Lavoir,  il s'installe deux ans place Constantin Pecqueur (ainsi nommée en 1899 pour remplacer la place de l'Abreuvoir). 

     Les petites maisons côté impair ont été démolies lors du lotissement de l'avenue Junot. Un gros immeuble élevé en 1910 occupe aujourd'hui l'emplacement de l'habitation de Durrio.

                       

   Paco Durrio quitte la place en chantier pour trouver refuge dans un coin de Montmartre qui tient encore tête à la spéculation, dans l'impasse Girardon.

              (La maison de Durrio peinte par Charles Camoin. (Musée de Montmartre)  

Impasse Girardon

Impasse Girardon

      Il y déménage avec sa collection de tableaux, parmi lesquels ceux qui sont le plus chers à son cœur, les toiles de Gauguin de la période de Pont-Aven. Ces œuvres remarquables aiguisent l'appétit des marchands qui proposent à leur propriétaire des sommes importantes. Durrio même aux jours noirs, refuse de se déprendre de ses tableaux.

 

     Un voyou nommé Manolo, connu dans le Maquis pour ses activités pendables, faillit réussir là où les marchands avaient échoué. Il profita de l'hospitalité de Paco Durrio, toujours prêt à aider ses compatriotes, pour vider son chalet de la trentaine de toiles qui y étaient accrochées.

Il perpétra son mauvais coup alors que son hôte était parti en province pour quelques jours. Quand Durrio revint, ses chers Gauguin avaient pris la poudre d'escampette.

 

      Par chance le brocanteur à qui Manolo les avait vendus accepta de les restituer à bas prix à son propriétaire.

     Manolo ne fut pas inquiété et raconta dans le maquis que Durrio n'avait pas à se plaindre car il avait acquis pour presque rien chez le brocanteur une collection unique d'œuvres de Gauguin!

 

   Mais  Le maquis était en sursis et bientôt les dernières maisons qui subsistaient malgré le "nettoyage" entrepris depuis des années pour permettre aux promoteurs de tracer l'opulente avenue Junot, furent sacrifiées.

 

         Paco Durrio qui  se vendait mal et qui donnait le peu d'argent qu'il avait à plus pauvre que lui, devint conseiller-intermédiaire auprès de riches collectionneurs pour l'achat d'œuvres d'art.

Paco Durrio (Francisco Durrio) à Montmartre. Paco Durrio (Francisco Durrio) à Montmartre. Paco Durrio (Francisco Durrio) à Montmartre.
Paco Durrio (Francisco Durrio) à Montmartre. Paco Durrio (Francisco Durrio) à Montmartre. Paco Durrio (Francisco Durrio) à Montmartre.

     Mais la misère le rattrapa et en 1939 il dut quitter son refuge.  Il ne survécut qu'un an à son départ de Montmartre et mourut à l'hôpital.

    La grande exposition de 2013 à Bilbao, lui a rendu justice en montrant à la fois ses créations originales et son influence sur les artistes de son temps.

     Il reste à la ville de Paris de rendre hommage à cet artiste,  Montmartrois de cœur, qui participa à l'effervescence et au rayonnement de la Butte!

Paco Durrio (Francisco Durrio) à Montmartre.
Paco Durrio (Francisco Durrio) à Montmartre.
Paco Durrio (Francisco Durrio) à Montmartre.
Paco Durrio (Francisco Durrio) à Montmartre.

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Tombe de Géronimo Médrano. Le clown Boum Boum. Cimetière Montmartre. division 2, avenue Berlioz.
Tombe de Géronimo Médrano. Le clown Boum Boum. Cimetière Montmartre. division 2, avenue Berlioz.

     Une élégante chapelle de pierres s'élève au bord d'une des avenues "chic" du cimetière Montmartre (avenue Berlioz, division 2). Elle porte, gravé sur sa façade, un nom célèbre qui a longtemps brillé sur le fronton d'un des plus beaux cirques de France... le cirque Médrano sur le boulevard Rochechouart.

Tombe de Géronimo Médrano. Le clown Boum Boum. Cimetière Montmartre. division 2, avenue Berlioz.

    Un surnom de la famille est mis à l'honneur, un surnom qui résonne aussitôt dans le silence des tombes : Boum Boum!

 

Tombe de Géronimo Médrano. Le clown Boum Boum. Cimetière Montmartre. division 2, avenue Berlioz.

     Boum Boum!

    De son véritable nom Geronimo Médrano. Il était clown de son métier et quand il entrait sur la piste, il se tournait vers l'orchestre et en claquant des mains, il disait "boum boum". Aussitôt les tambours battaient et la musique de déchaînait.

    Les spectateurs le surnommèrent très vite avec cette onomatopée et il entra dans la grande histoire du cirque avec ce nom déclencheur d'orages!

Tombe de Géronimo Médrano. Le clown Boum Boum. Cimetière Montmartre. division 2, avenue Berlioz.

     Il est né loin de Montmartre, en Espagne, en 1848.  Il est très tôt attiré par le cirque et plus particulièrement par le trapèze volant. C'est en voltigeant dans les airs, sous le chapiteau de toile qu'il commence sa vie de saltimbanque.

                                      Les trapézistes. (Toulouse Lautrec)

     Attiré par Paris, la ville de tous les possibles et de toutes les lumières, il est embauché par Fernando (de son vrai nom Ferdinand Wartenberg) qui, le succès aidant, s'installe sur un terrain vague, boulevard de Rochechouart en 1873.

Tombe de Géronimo Médrano. Le clown Boum Boum. Cimetière Montmartre. division 2, avenue Berlioz.

     Le cirque est alors à la mode et la fréquentation est telle que Fernando peut faire construire en 1875 un bâtiment en dur, un cirque remarquable de deux mille deux cents places, dû à l'architecte Gustave Gridaine.

Tombe de Géronimo Médrano. Le clown Boum Boum. Cimetière Montmartre. division 2, avenue Berlioz.

     Un bâtiment exceptionnel, un des plus beaux cirques jamais construits. Il ne survivra pas aux années pompidoliennes et sera détruit, comme les Halles de Baltard, comme le Palais Rose de l'avenue Foch, comme les quais de Seine! Tristes années où Paris voit disparaître, sous la présidence d'un fin lettré qui à l'époque faisait office de maire de Paris, quelques uns de ses trésors architecturaux!

... A sa place, un indigent immeuble, agressif et sinistre s'élève, défigurant ce quartier de music halls !

 

     Dans l'écrin disparu, Boum Boum fut pendant quinze ans la vedette aimée du public. Il séduisait par son justaucorps à fleurs, sa coiffure de chanvre hérissée de cornettes.

    Il était drôle et poète à la fois, s'entourant d'animaux familiers qui lui obéissaient avec confiance. Il plaisait beaucoup aux enfants qui n'avaient aucune peur devant ce bonhomme original et léger dont Mac Do n'aurait pu s'inspirer pour créer son hideux épouvantail.

 

    On imagine mal sa popularité. Elle atteignit une apothéose après une anecdote qui fut considérée quasiment comme un miracle.

   Un enfant gravement malade avait émis le vœu de revoir le célèbre Boum Boum qui l'avait fait rire deux ans avant qu'il eût été quasi paralysé. Boum Boum se rendit au chevet du gamin, régulièrement.... et un jour, après une de ses visites, l'enfant commença à aller mieux. Il guérit et sortit de l'hôpital.

     Il n'en fallait pas plus pour que le public mît une auréole sur la tête du clown généreux!

 

     Le cirque "Fernando" est à la mode et attire toutes les classes sociales. Les peintres montmartrois font partie de ses adeptes. Le cirque leur offre le sujet de leurs toiles et de leurs dessins. Les plus grands artistes y ont peint : Van Dongen, Renoir, Seurat, Toulouse Lautrec, Degas, Picasso.......

 

Tombe de Géronimo Médrano. Le clown Boum Boum. Cimetière Montmartre. division 2, avenue Berlioz.

     Quand Fernando se retire, c'est Geronimo qui prend la direction du cirque. Le succès sera constant et Boum Boum devenu gestionnaire fait appel à des talents nouveaux, notamment aux Fratellini. Les clowns ont changé, le goût du public a évolué. Le gentil Boum Boum, un peu rêveur, un peu naïf, n'est plus à la mode.

 

     En 1905, il perd le grand amour de sa vie, sa femme Charlotte Blanche. C'est pour elle qu'il fait édifier la chapelle du cimetière Montmartre.

 

Tombe de Géronimo Médrano. Le clown Boum Boum. Cimetière Montmartre. division 2, avenue Berlioz.

    Plus tard, il se remarie et devient père. Son fils Jérôme né en 1907 prendra un jour la relève. 

 

     En 1912, Boum Boum qui avait commencé sa vie de saltimbanque en voltigeant dans les airs, est frappé de paralysie. Il meurt le 27 avril... à 64 ans.

 

     S'il revenait sur le boulevard de Rochechouart, il aimerait dire "boum boum" et faire disparaître le blockhaus qui a écrasé le cirque où Degas peignit Mademoiselle Lala qui s'envolait vers les étoiles!

 

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Femme au perroquet. Musée d'Orsay. Georges Bottini.

Femme au perroquet. Musée d'Orsay. Georges Bottini.

Une demoiselle au Moulin Rouge. (Bottini)

Une demoiselle au Moulin Rouge. (Bottini)

     Montmartre aurait-il oublié un de ses enfants les plus authentiques et les plus doués? Aucune plaque, aucune rue, aucun escalier (à ma connaissance) ne rappelle à notre souvenir un peintre éminent qui fut Montmartrois plus que tout autre : Georges Bottini.

                                                         (Autoportrait au turban. Bottini)

Georges Bottini. Autoportrait.

Georges Bottini. Autoportrait.

     Il est, comme Degas, né dans le IXème arrondissement, mais contrairement à ce dernier, dans un milieu modeste. Son père est coiffeur rue Pierre Fontaine où la famille habite et sa mère est blanchisseuse rue Joseph de Maistre.

 

Georges Bottini. Grand peintre méconnu de Montmartre.

     La photo de la mère de Georges Bottini, Léontine Laure Bazin m' a été communiquée par un neveu (à la 4ème génération) du peintre. Elle est sans doute rarissime et je remercie Pierre C. de nous donner cette image qui lui redonne vie et sourire.

Femme allongée (Bottini)

Femme allongée (Bottini)

     Georges Bottini quitte l'école prématurément, comme beaucoup d'enfants dont la famille ne peut assurer les frais scolaires. Il passe de petit boulot en petit boulot mais il se passionne pour la peinture et il se forme lui même en fréquentant les musées. Il ne voit pas passer le temps quand il visite le Louvre.

"Il passait des heures à méditer Goya, Watteau, Rembrandt, Velasquez." (Bouhelier)

 

     Parti de chez lui, il habite une petite chambre rue d'Amsterdam, qu'il partage avec Pawlowsky né la même année que lui et qui fera une carrière d'écrivain, de critique, de cycliste inconditionnel! (Est-ce sous son influence que Bottini dessine une affiche vélocipédique?)

Le roman le plus connu de Pawlowsky reste "le voyage au pays de la quatrième dimension" illustré par Sarluis. Bottini n'aura pas l'occasion de le lire car il sera publié trois ans après sa mort.

 

     Les deux amis sont inséparables d'un troisième, Fabien Launay qui est peintre. Ensemble ils fréquentent les cabarets montmartrois et notamment l'Âne Rouge, avenue Trudaine. Launay mourra plus jeune encore que Bottini, à 26 ans.

"Nous étions trois amis intimes qui avions vingt ans aux alentours de 1897, Bottini, Launay et moi." (Pawlowski)

                                       (Peinture de Launay : Portrait d'une jeune femme)

                                           (La femme au renard. Bottini)

   

     C'est dans l'atelier libre de Cormon sur le boulevard de Clichy que Bottini apprend du maître l'exigence de la composition et c'est au contact d'élèves exceptionnels comme Van Gogh ou Toulouse Lautrec qu'il pressent les chemins nouveaux et se passionne pour les nouvelles recherches...

 

                 

La fonderie. (Cormon)

La fonderie. (Cormon)

     C'est encore chez Cormon qu'il rencontre celui qui allait devenir un véritable ami et qui habite près de chez lui, rue Clauzel : Louis Anquetin (1831-1932)

                                         (Au bar. Louis Anquetin 1891)

     C'est avec lui dont il partage le goût pour les estampes japonaises, comme Lautrec, qu'il s'intéresse aux nouveaux courants qu'on appellera divisionnisme puis cloisonnisme. Mais ce qui étonne c'est la facilité et le talent avec lesquels il illustre ces courants.

                                                (Danseuse espagnole et musciens. Bottini)

    

On pense aux symbolistes, aux nabis, aux impressionnistes...  On reconnaît une parenté avec Lautrec, avec Van Dongen, avec Van Gogh mais en réalité, c'est Bottini que l'on rencontre et sa formidable liberté. Il est capable de créer des dessins de mode, des affiches, des paysages urbains, des scènes de cabaret, des intérieurs... tantôt critiques, ironiques, tantôt tendres et attentifs.

Scène de la vie parisienne. Bottini.

Scène de la vie parisienne. Bottini.

     Il  sympathise avec Jean Lorrain avec qui il partage le goût des lieux interlopes, les cabarets et les bordels.

"Petit coq de village, tôt éveillé à la sensualité, il aimait la compagnie des filles faciles et ses bonnes fortunes ne se comptaient plus." (Bouhelier)

Au bar. La femme en blanc. (Bottini)

Au bar. La femme en blanc. (Bottini)

     C'est pour Jean Lorrain qu'il illustre un roman qui a pour cadre une maison close où se côtoient différents mondes et différents vices. Bottini comme Lorrain connaissait le sujet!

 

     Comme Lautrec, il aime représenter des Lesbiennes, mais alors que chez Lautrec, la tristesse et la lassitude dominent, chez Bottini c'est plutôt le naturel et l'insouciance.

 

     Sa première exposition avait pour titre : "Bars et maisons closes" et faisait la part belle aux prostituées, aux lesbiennes, aux "insexuées" ou aux  pierreuses (prostituées des rues).

     C'est ce monde-là qui le fascine et le hante. Il est un oiseau de nuit, un observateur au regard amical ou aiguisé qui oublie sa misère chronique en se réfugiant dans les bordels. 

     Saint-Georges de Bouhelier (fondateur de revues littéraires, romancier, auteur de nombreuses pièces, proche de Zola) peut écrire à son sujet :

"A trente ans il avait approfondi son art au point qu'il pouvait s'exprimer avec de simples pinceaux d'une façon aussi expressive qu'Edgar Poe l'a fait au moyen d'une plume."

 

     Picasso qui arrive à Paris est impressionné par cet artiste incandescent dont le critique Arsène Alexandre dit  qu'il est "le Goya de Montmartre, le Guys de notre époque"

 

Georges Bottini. Grand peintre méconnu de Montmartre.

    Mais Bottini vit si intensément, de nuit blanche en nuit blanche, accompagnées de la fée verte (l'absinthe) qu'il consume sa jeunesse. Comme tant d'artistes de sa génération, il est contaminé par la syphilis et de plus en plus souvent il est sujet à de graves crises qui le terrassent.

 

    Celui qui était en train de devenir un des grands peintres de sa génération et dont l'avenir était béni des muses doit être interné à l'asile de Villejuif.

     C'est après une crise terrible au cours de laquelle il tente de tuer sa mère qu'il est emmené, sous camisole, loin de Montmartre. Il mourra parmi les fous, à lâge de 33 ans.

 

Georges Bottini. Grand peintre méconnu de Montmartre.
Georges Bottini. Grand peintre méconnu de Montmartre.

     Il y a en lui quelque chose de rimbaldien, un désir de brûler sa vie, de créer avec intensité et audace.... 

Ce grand peintre méconnu reviendra un jour dans la lumière, avec sa fièvre et son énergie, frottées l'une à l'autre comme des silex.

Georges Bottini. Grand peintre méconnu de Montmartre.Georges Bottini. Grand peintre méconnu de Montmartre.
Georges Bottini. Grand peintre méconnu de Montmartre.Georges Bottini. Grand peintre méconnu de Montmartre.

Pierre, un authentique Montmartrois m'a envoyé cet article du critique Alexandre sur Bottini. Il me semble juste, à la fois amical, presque tendre, et lucide sur les qualités du peintre. 

 

     C'est encore Pierre qui m'informe que la mère de Bottini est morte "dans le plus grand dénuement, le 14 février 1931, à l'hôpital de Villejuif, soit au même endroit que son fils".

 

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Georges Delaw. Un authentique artiste de Montmartre.

    Il n'est pas né sur la Butte mais il y a vécu l'essentiel de sa vie (plus de 40 années!).

Il ne la quittera qu'après son attaque cérébrale de 1934. Il sera alors recueilli par une vieille dame qui l'héberge dans une chambre minuscule mise à sa disposition rue des Couronnes. C'est là qu'il rendit l'âme un soir de décembre 1938.

    C'est une partie de l'âme de Montmartre, libertaire, artiste, insolente, généreuse, qui s'envolait avec elle... (et qui n'est jamais revenue)

 

     C'est aussi un créateur qui sans le savoir fut un des annonciateurs de la Bande Dessinée et de la fameuse ligne claire qu'illustrera Hergé.

 

     Georges Delaw a vu le jour à Sedan en 1871, année de la fameuse bataille qui signa l'arrêt de mort du Second Empire. Son père Jean Hubert Deleau est tenancier d'un café, ayant épousé la fille du tenancier, grand-père maternel de Delaw qui possèdait en outre un moulin à Herbeumont en Belgique...

     Il y avait donc quelque chose de prédestiné dans cette familiarité avec un moulin et un bistro!

    Montmartre se dessinait à l'horizon!

 

Georges Delaw. Un authentique artiste de Montmartre.

      De son enfance heureuse, il parlera en écrivant un long poème, pendant les derniers mois de sa vie : "Le Beau Voyage". Alité et souffrant, à demi paralysé, il utilisera la main gauche pour le rédiger. Il y évoquera ses Ardennes aimées et ses habitants.

 

 

Jules Depaquit. "maire et dictateur de la Commune Libre de Montmartre".

Jules Depaquit. "maire et dictateur de la Commune Libre de Montmartre".

    Pendant ses études sedanaises, il a pour camarade un certain Jules Depaquit, de deux ans son aîné, au collège Turenne. Il partage avec lui le goût du dessin et de la caricature et participe à un journal qui déjà s'appelle "Le blagueur"!

 

     C'est avec lui, futur maire de la commune libre de Montmartre qu'il vient à Paris et habite sur la place Ravignan (aujourd'hui Emile Goudeau), face au Bateau-Lavoir, à l'hôtel du Poirier.

 

Georges Delaw. Un authentique artiste de Montmartre.

     Les chambres y sont bon marché et la Bohême apprécie cet endroit au cœur du Montmartre libre et artiste.

Georges Delaw. Un authentique artiste de Montmartre.

     Aussitôt il fréquente le Chat Noir de Bruant. Il y crée des pièces pour le théâtre d'ombres alors très apprécié et dont le musée de Montmartre conserve quelques silhouettes remarquables d'Henri rivière.

 

     Il participe à différents journaux humoristiques et il modifie son nom dont "leau" devient "law" ce qui lui donne un petit air british alors à la mode!

 

Georges Delaw. Un authentique artiste de Montmartre.

     Après avoir séjourné deux années place Ravignan, il loue une maisonnette perchée en haut de la rue du Mont-Cenis, connue, à tort ou à raison, pour avoir été celle de Mimi Pinson.

Georges Delaw. Un authentique artiste de Montmartre.

     Il apprécie son côté villageois et lui donne un aspect ardennais avec des meubles de sa région et une décoration rustique.

Il aime aller, à moins de cent mètres de là, au restaurant Bouscarat, repaire de peintres et de poètes qu'il avait connu à son arrivée sur la Butte comme modeste épicerie de village.

Georges Delaw. Un authentique artiste de Montmartre.

     Il est aussi un des plus fidèles piliers du Lapin Agile et de ses soirées de chants et de poésie, cocktail d'anarchie et d'ironie. Il y vient avec sa pipe, fidèle compagne qui ne le quittera que lorsqu'il la cassera en 1938. Son chien Jap fait partie de la fête. Pendant des années, ils sont inséparables aussi bien au cabaret que dans les rues de la Butte. 

Georges Delaw. Un authentique artiste de Montmartre.

     Delaw n'est pas fait pour l'humour mordant ou la violence. Il n'a pas d'ennemis et la bande du Lapin l'aime malgré ce qu'il y a de lisse et d'impénétrable en lui. C'est Carco qui en parle le mieux : "Les poèmes en prose de ce charmant artiste, ses dessins, ses propos, tout l'opposait à nous et il n'était pas jusqu'à son chien et ses souliers ferrés qui ne nous proposassent l'exemple d'une autre vie".

 

     Voilà! le mot est lâché! "Charmant"! Comme il détonne dans ce milieu de caricaturistes, de bouffeurs de bourgeois, de combattants de l'art! On le retrouve sous la plume de plusieurs témoins ou acteurs de cette époque. Le charmant Delaw! Solitaire, différent, sans passion féminine tapageuse! 

Georges Delaw. Un authentique artiste de Montmartre.

     Est-ce parce qu'il a aimé écrire pour les enfants qu'on l'a édulcoré de cette façon? Son livre "Les premières années de collège d'Isidore Torticolle" ne mérite pas ce terme de charmant. Il dépeint sans complaisance le milieu quasi militaire de l'école du début du siècle. Isidore, son petit héros s'y débrouille comme il peut, avec son allure qui annonce le Petit Prince!

 

Georges Delaw. Un authentique artiste de Montmartre.

     Quand éclate la guerre, il est à Verdun lors des premiers bombardements. Il revient à Paris où il est affecté. Le pacifiste est horrifié par tout ce qu'il apprend des atrocités et de la boucherie des tranchées. Il se protège par l'imagination et les dessins qu'il crayonne.

Dans les années 20, il va habiter 20 rue Durantin.  Il dessine alors pour les autres, pour les écrivains et poètes qu'il admire...

 

     Francis Jammes bien sûr, celui qui lui ressemble le plus, Anatole France, Jules Renard, sans oublier l'illustre ancêtre, Charles Perrault...

 

    C'est cependant son travail pour les journaux qui lui permet de gagner tant bien que mal sa vie. Il collabore toute sa vie à certains d'entre eux comme le Rire ou le Sourire.

 

Une caricature qui rejoint notre réalité! La Grande Bretagne et sa peur du tunnel! Le Brexit est annoncé!

Georges Delaw. Un authentique artiste de Montmartre.

- Cette soirée et véritablement étouffante!

- En effet! Le pianiste serait bien aimable de renouveler l'air!

     Son style est marqué par plusieurs influences revendiquées, parmi lesquelles le fauvisme, les nabis ( Il connaît Valloton qu'il fréquente au Chat Noir), le Japonisme... Sans doute aurait-il été un peintre de grand talent s'il avait eu assez confiance en lui et n'avait pas été impressionné par des artistes avec lesquels il ne se sentait pas capable de rivaliser....

                                                                Félix Valloton

     Il occupe un bel atelier sous verrière, 20 rue Durantin. C'est là qu'il fait le portrait de Francis Jammes et qu'il dessine les cartons qu'il utilisera pour décorer la maison d'Arsène Alexandre place Ravignan, celle d'Edmond Rostand (Arnaga) qui dira  que "sa grâce et sa fantaisie sont uniques"

 

     Il exécute également des décors pour le théâtre (pour Dullin notamment) et des tableaux pour les Folies Bergères...

     Par malheur la quasi totalité de ses toiles a disparu. Il y a bien eu, il y a quelques mois une vente aux enchères d'une œuvre peinte dans la petite maison du Mont-Cenis, mais qui fait penser à ses dessins pour illustrés...

 

     Peut-être est-ce l'apparente banalité de son existence, vouée à l'amitié comme à un caractère paisible et peu opportuniste qui expliquent l'effacement de cet artiste?

    Après une congestion cérébrale, il perd son autonomie et, sans fortune, doit faire appel à l'affection de la mère de sa filleule, Madame Millot pour trouver le refuge de la rue des Couronnes et une assistance fidèle. 

Georges Delaw. Un authentique artiste de Montmartre.Georges Delaw. Un authentique artiste de Montmartre.
Georges Delaw. Un authentique artiste de Montmartre.Georges Delaw. Un authentique artiste de Montmartre.

     Ses amis sont présents et lui apportent une aide matérielle qui lui permet pendant ses derniers mois, de s'évader dans les souvenirs et évoquer sa chère région.

 

Il meurt le 8 décembre 1938. André Billy l'évoque dans le Figaro Littéraire :

"Le charmant Georges Delaw, après une carrière montmartroise laborieusement et gaiement remplie est mort après plusieurs années de souffrance..."

Le charmant!

Encore une fois!

Et quel compliment vipérin que cette carrière "laborieusement" remplie!

 

André Fage et Delaw (1906)

André Fage et Delaw (1906)

     Sans doute n'a t-il pas vu l'essentiel : le grand talent sans forfanterie d'un artiste qui aimait les gens et qui était bon.

   C'est Louis Nucéra qui lui rendra justice :

"Georges Delaw avait des anges dans le cœur".

 

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Publié le par chriswac
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Mademoiselle Duchesnois. Une tragédienne rue de la Tour des Dames.

     C'est le plus charmant hôtel de la rue qui en compte plusieurs. Il est harmonieux et ressemble à un château de contes de fées. C'est l'hôtel de la grande tragédienne du début du XIXème siècle : Mademoiselle Duchesnois (1777-1835).

 

Mademoiselle Duchesnois. Une tragédienne rue de la Tour des Dames.

     Quelle rue que cette rue de la Tour des Dames où vécurent tant de gloires du XIXème siècle et où, au 1, au 3 et au 9 vécurent trois des acteurs les plus fameux du Théâtre Français : Mademoiselle  Mars, Mademoiselle Duchesnois et Talma!

Et que dire, à quelques mètres de là, rue La Rochefoucaud de la maison, devenue musée, de Gustave Moreau, le peintre du rêve et du mystère?

 

Mademoiselle George (Baron Gérard)

Mademoiselle George (Baron Gérard)

Saint Saulve. Une rue porte son nom de tragédienne.

Saint Saulve. Une rue porte son nom de tragédienne.

     Catherine Joséphine Duchesnois est née en 1777 à Saint-Saulve près de Valenciennes où son père est aubergiste.

Elle occupe de petits empois de couturière et de servante avant de découvrir le théâtre en jouant dans une troupe locale. Elle a vingt ans et c'est le coup de foudre.

Mademoiselle Duchesnois. Une tragédienne rue de la Tour des Dames.

     Elle vient à Paris où elle suit les cours de Florence, un acteur de la comédie Française qui ne l'encourage pas car elle manque de charme, elle est hommasse et ingrate selon ses détracteurs.

Elle est cependant engagée à l'essai pour quelques mois à la Comédie Française.

Mademoiselle Duchesnois. Une tragédienne rue de la Tour des Dames.

    Et voilà qu'après des prestations tièdes et sans génie, elle interprète Phèdre et déclenche un tel enthousiasme que peu de temps après elle est engagée et devient sociétaire.

     Phèdre restera son rôle de prédilection et les spectateurs qui ont pu la voir en ont parlé avec des tremblements dans la voix! .... Et chaque fois que la pièce de Racine sera programmée, ce sera à guichets fermés!

Mademoiselle George.

Mademoiselle George.

     Les mauvaises langues ont prétendu que la promotion de Mademoiselle Duchesnois n'était pas due à son seul talent mais aussi à l'influence de Joséphine de Beauharnais qui, mécontente de la relation qu'avait nouée son empereur de mari avec une autre actrice de la Comédie Française, Mademoiselle George, avait tenu à lui donner une rivale de talent...

Mademoiselle George. Héliogravure d'après Gérard.

Mademoiselle George. Héliogravure d'après Gérard.

     D'autres mauvaises langues (espèce invasive) affirment que l'Impératrice eut à s'en mordre les doigts (modérément) car Mademoiselle Duchesnois ne laissa pas l'empereur  indifférent et eut avec lui deux ou trois rendez-vous galants.

     La rivalité entre les deux actrices qui avaient des partisans tapageurs (les Georgiens pour l'une, les Circassiens pour l'autre) donnait du piment aux représentations. 

     Mademoiselle George, belle et sensuelle possédait plus d'atouts que sa "collègue". Elle était soutenue par Napoléon qui la préférait malgré tout à la Duchesnois; elle était également soutenue par une actrice de talent, femme d'influence, Mademoiselle Raucourt, amoureuse de la diva. Mademoiselle Raucourt était une lesbienne qui ne craignait pas de vivre son homosexualité, librement. 

 

    Le départ de Mademoiselle George pour la Russie où elle connaîtra un succès extraordinaire,  va mettre fin aux hostilités et laisser la place libre à Mademoiselle Duchesnois qui règne pendant des années sur la scène du Théâtre Français

 

     Bien qu'elle soit curieuse de la littérature de son temps et reçoive dans son salon les plus célèbres écrivains, comme Victor Hugo, Mademoiselle Duchesnois n'est pas passionnée par le théâtre romantique. Elle crée quelques pièces de ses contemporains mais c'est toujours Racine qui lui procure ses plus grands succès.

 

Mademoiselle Duchesnois. Une tragédienne rue de la Tour des Dames.

     C'est en 1822, alors qu'elle a 45 ans qu'elle achète l'hôtel de la rue de la Tour des Dames. Ce petit château original a été construit en 1820 par un spéculateur notoire, le receveur Lapeyrière. Il est l'œuvre de l'architecte Auguste Constantin et il est considéré comme une des plus belles réalisations de l'architecture de la Restauration.

L'architecte Auguste Constantin (Fragonard).

L'architecte Auguste Constantin (Fragonard).

     Auguste Constantin (1790-1842) est associé avec Lapeyrière au lotissement du quartier Saint-Georges. Elève de Percier (auteur avec Fontaine qui a sa rue non loin de là, de l'arc de triomphe du Carrousel) il est aussi l'architecte du 7 rue de la tour des Dames.

 

Facade sur jardin

Facade sur jardin

     L'hôtel est élégant et romantique avec sa façade sur jardin et son avant-corps qui rythme le bâtiment. Sur rue la réussite est évidente. La façade concave est précédée d'une cour en hémicycle, ce qui lui donne son allure de petit château romantique. 

 

Mademoiselle Duchesnois. Une tragédienne rue de la Tour des Dames.

Le portail est en pierres et prend l'allure d'un arc de triomphe miniature.

L'intérieur est richement décoré. Malheureusement l'hôtel ne se visite pas. Il appartient à des particuliers qui veillent sur lui jalousement. 

 

 

 

Plafond du salon.

Plafond du salon.

Mademoiselle Duchesnois. Une tragédienne rue de la Tour des Dames.
Mademoiselle Duchesnois. Une tragédienne rue de la Tour des Dames.

    Mademoiselle Duchesnois habite pendant une dizaine d'années dans cette maison qu'elle aime et où elle reçoit artistes et romanciers.

Sa vie sentimentale n'est pas marquée par de grands éclats bien qu'elle eût mis au monde trois enfants de géniteurs différents sans jamais éprouver la nécessité de se marier.

Les zouaves à Philippeville;

Les zouaves à Philippeville;

    Son premier garçon, Henri Raffin Duchesnois passe pour être le fruit d'un amour passager avec un homme aux mains caressantes, un harpiste talentueux. Mais quelques fins limiers en font le fils du général Savary, duc de Rovigo, qui le protégea quand il servit sous ses ordres en Algérie. Ce qui ne lui évita pas d'être attaqué par de vilains virus et de mourir en 1839 à Philippeville.

Bône. Aujourd'hui Annaba.

Bône. Aujourd'hui Annaba.

    Son deuxième garçon, Anatole Raffin Duchesnois a pour père le marquis Anatole de la Woëstrine et il est mort lui aussi en Algérie, à Bône (aujourd'hui Annaba) en 1850.

Mademoiselle Duchesnois. Une tragédienne rue de la Tour des Dames.

    Une fille enfin échappa grâce à son sexe à l'aventure algérienne. Elle s'appelait Rosamonde Joséphine Gélinet, son père, le commandant Gélinet l'ayant reconnue et aimée.

Buste de Joséphine Duchesnois

Buste de Joséphine Duchesnois

Avec le temps, va, tout s'en va... le talent aussi quelquefois...

Voici ce que dit Etienne de Lamothe Langon au sujet de la grande actrice :

" Ses qualités disparaissent et ses défauts augmentent. Ses forces qui s'épuisent, sa déclamation toute de l'ancienne école, sa haine pour la tragédie romantique nuisent à ses qualités."

 

En 1833, Mademoiselle Duchesnois quitte le théâtre.  Décision difficile car il est sa vie et sa respiration. Elle trouve quelque consolation dans la religion.  Mais comme la bougie qui s'éteint sur la scène, marquant la fin du dernier acte, elle s'éteint à son tour en 1835.

Elle est enterrée au père Lachaise.

 

Sa commune natale, Saint-Saulve éleva à sa mémoire un premier monument qui fut détruit par les Allemands en 1914.

 

Un deuxième monument le remplaça après la première guerre mais il fut à son tour détruit pour être fondu pendant l'occupation...

 

Mademoiselle Duchesnois. Une tragédienne rue de la Tour des Dames.

     Il n'y eut pas de troisième monument et il n'y en aura sans doute jamais. Il ne nous reste que l'hôtel de la tour des Dames où, certains soirs, le passant romantique, entend une voix douce et forte à la fois dire des vers de Racine....

... les plus beaux vers de notre langue

...Les vers que mademoiselle Duchesnois ne cesse de chanter  car comme chacun sait, la voix ne s'enterre pas....

Elle vole librement rue de la Tour des Dames où elle se mêle à celles de Talma et de Mademoiselle Mars....

Répétition avec Mademoiselle Duchesnois et Talma...

Répétition avec Mademoiselle Duchesnois et Talma...

Mademoiselle Duchesnois. Une tragédienne rue de la Tour des Dames.

"Est-ce un malheur si grand que de cesser de vivre?"

(Phèdre)

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17-19 rue Chaptal.

17-19 rue Chaptal.

     Après  Gainsbourg et Xenakis, c'est encore la musique qui est à l'honneur dans la rue Chaptal.

    En effet, c'est au 17 que vécut un violoniste qui fut considéré comme un des plus virtuoses de son époque.

 

Henri Vieuxtemps par Barthélémy Vieillevoye (1828)

Henri Vieuxtemps par Barthélémy Vieillevoye (1828)

    Il s'agit du Belge Henri Vieuxtemps (1820-1881). Interprète prodige, il fut comme Mozart, exhibé dès l'âge de 6 ans dans des concerts où la bonne société venait applaudir un phénomène. 

     Sa virtuosité qui le fit comparer à Paganini, lui fut préjudiciable, comme à ce dernier, car on oublia que le musicien fut aussi un compositeur, ami de Schuman, admiré de Berlioz.

Rue Chaptal. 2ème partie. Du 17 au 33.

     Après une attaque qui le laissa en partie paralysé, il passa les dernières années de sa vie à Paris.

Rue Chaptal. 2ème partie. Du 17 au 33.

     L'immeuble est inscrit sur le plan de protection patrimoniale. Sa façade dissimule un hôtel particulier dont les jardins donnent sur la rue Henner.

 

Rue Chaptal. 2ème partie. Du 17 au 33.

     Nous y rencontrons une poétesse qui fut aimée de Charles Cros et qui y tenait un salon littéraire, un des plus brillants de Paris.

     Il s'agit de Nina de Callias (1843-1884). Elle serait sans doute oubliée aujourd'hui si Manet ne l'avait peinte. Elle est la célèbre "Dame aux éventails" aujourd'hui au musée d'Orsay.

Charles Cros.

Charles Cros.

    Elle eut pour amant le poète Charles Cros à qui elle inspira quelques poèmes de son recueil "Le coffret de Santal"....

..."L'odeur de tes cheveux, la blancheur de tes dents,

Tes souples soubresauts et tes soupirs grondants,

Tes baisers inquiets de lionne joueuse

 

M'ont, à la fois, donné la peur et le désir

De voir finir, après l'éblouissant plaisir,

Par l'éternelle mort, la nuit tumultueuse." 

Cité Chaptal

Cité Chaptal

     Au 20 s'ouvre la cité Chaptal où habitait Fréhel l'année où elle offrit un verre à l'écolier Gainsbourg rencontré à la sortie de l'école. La voie est étroite et éclairée par la façade peinte en jaune de l'International Visual Théâtre, créé en 1976 et installé depuis 2004 au 7 cité Chaptal.

Emmanuelle Laborit (photo Pélerin magazine)

Emmanuelle Laborit (photo Pélerin magazine)

     C'est un haut lieu de culture et de rencontres dédié au langage des signes et au spectacle. Il est dirigé par Emmanuelle Laborit, la bouleversante interprète des "Enfants du Silence".  

 

 

Le Grand Guignol 1947

Le Grand Guignol 1947

     Ce théâtre à l'abri du tumulte et qui laisse libre cours à l'énergie créatrice abrita une des salles les plus tapageuses et les plus sanglantes de Paris : Le Grand Guignol ... qui donna son nom à un genre de spectacle arrosé à l'hémoglobine

 

 

    C'est en 1897 qu'il ouvrit ses portes grinçantes... dans une chapelle qui avait été transformée en atelier par le peintre Rochegrosse.

     Les auteurs des pièces qui y sont jouées sont souvent des écrivains de grand talent comme Jean Lorrain ou Courteline. A la fin du siècle, pour attirer un plus grand public, la mise en scène macabre prend le dessus sur le texte. L'auteur le plus prolifique est alors André de Lorde surnommé "le prince de l'épouvante".

Rue Chaptal. 2ème partie. Du 17 au 33.

     Les sujets de prédilection sont les rapports entre soignants et malades, dans des asiles psychiatriques. 

     Dans les années 30, le cinéma d'horreur concurrence le Grand Guignol qui bat de l'aile et il faut attendre l'après guerre pour que de nouveaux auteurs comme Frédéric Dard lui redonne un peu de sang frais! 

 

Mais ce ne sera pas suffisant et malgré quelques réussites et la prestation d'acteurs talentueux comme Roger Hanin ou Judith Magre, le théâtre ferme ses portes en 1963....

Rochegrosse dans son atelier.

Rochegrosse dans son atelier.

    Nous avons vu que le Grand Guignol s'était installé dans l'atelier de Rochegrosse, un peintre qu'il convient de mentionner maintenant...

Rochegrosse (1859-1938) commença sa carrière de peintre en réalisant des scènes historiques avant de rejoindre le symbolisme...

 

     Il tomba amoureux de l'Algérie où il rencontra sa femme et où il vécut juqu'à sa mort après avoir quitté la rue Chaptal. Sa dernière période le classe alors parmi les peintres orientalistes.

 

Rue Chaptal. 2ème partie. Du 17 au 33.

     Parmi les immeubles de la Cité, le 4 bis actuel mérite notre attention. C'est un bel hôtel de la première moitié du XIXème siècle qui donne une idée de ce qu'était la rue lors de sa création, quand le quartier se targuait d'être "la Nouvelle Athènes" et qu'il était loti d'hôtels particuliers et de jardins.

Le 21

Le 21

     Au 21, le linteau garde mémoire d'un laboratoire pharmaceutique comme il y en avait de nombreux à Paris. Des pharmaciens-Tournesol mettaient au point des remèdes qu'ils commercialisaient.

Scientia connut de nombreux succès avec des médicaments contre la décalcification, d'autres à base d'huile de foie de morue (oh l'horrible souvenir!) et d'autres enfin survitaminés... Il ne ferma ses portes qu'au milieu du XXème siècle et seul le linteau parle encore de lui...

 

Le 22

Le 22

Rue Chaptal. 2ème partie. Du 17 au 33.

     Le 22 abrite une galerie d'art de renom : "La Nouvelle Athènes". L'architecte de l'immeuble est Emile Hennequet, assez théâtral dans son style post haussmannien. Nous l'avons déjà rencontré avenue Trudaine où il signa dans la pierre plusieurs numéros.

Le 24

Le 24

Le 24

Le 24

     Bien différent des hôtels de la Nouvelle Athènes, le 24 est un bel exemple de l'architecture du début du XXème siècle, avec ses larges baies, sa pierre blonde et ses décorations inventives, fleurs, visages, bouc....

 

Rue Chaptal. 2ème partie. Du 17 au 33.

     Il est dû à l'architecte Henri Petit (1856-1926) que nous avons déjà rencontré au début de la rue. Nous avons vu qu'il était, lui aussi, amoureux de l'Algérie où il conçut de nombreux bâtiments dans le style qu'on a qualifié de "mauresque". Une de ses réussites est la Grande Poste d'Alger.

 

Rue Chaptal. 2ème partie. Du 17 au 33.

     Le 26 est un bel immeuble qui comme beaucoup d'autres dans le quartier s'est édifié sur les jardins d'un hôtel particulier (hôtel de Serigny) plus ancien que ceux de l'époque romantique puisqu'il date de 1780.

 

Rue Chaptal. 2ème partie. Du 17 au 33.
Rue Chaptal. 2ème partie. Du 17 au 33.

     Il a été remanié, restructuré au XIXème. La plupart de ses décors et de ses stucs ont été ratiboisés. Seul subsiste celui du grand salon, somptueux, avec ses quatre saisons peintes par Claude Bourgonnier.

 

    Claude Bourgonnier (1860-1921) qui étudia avec Cabanel et Millet fut influencé d'abord par l'impressionnisme avant de préférer le symbolisme décoratif de se consacrer essentiellement à la peinture de fresques dans des hôtels particuliers et des bâtiments publics.

 

 

     Aujourd'hui l'hôtel est un lieu de calme et de culture puisqu'il abrite la bibliothèque Chaptal.

 

Les habitants du 26 aiment leur refuge et y entretiennent amoureusement les plates bandes... 

Le 27

Le 27

     Le 27 est encore un immeuble qui a été construit sur les jardins, à la fin du XIXème siècle. Son architecte, Eugène Blanchet a fait graver son nom sur la façade.

Le 32

Le 32

Rue Chaptal. 2ème partie. Du 17 au 33.

    Le 32 n'a pas l'honneur d'exister entre le 30 et le 34 où il s'est perdu!  C'était une pension connue sous le nom d'Institution Landry dont on se rappelle le nom pour la seule raison qu'elle eut pendant neuf ans un illustre pensionnaire : Paul Verlaine.

 

     Ses parents habitaient alors rue Truffaut (28).

     Le poète parlera de son école dans "Mes prisons" :

"Une grille monumentale sur une cour pavée, menait au réfectoire de la pension."

"Tout cela a disparu pour faire place, bien entendu, à de belles maisons de rapport."

"C'était là qu'il y a trop longtemps, je commençais mes études après avoir achevé d'apprendre à lire, à écrire, à compter (mal), dans la petite classe élémentaire."

 

Angle de la rue Chaptal avec la rue Blanche.

Angle de la rue Chaptal avec la rue Blanche.

     C'est à Montmartre, rue Nicolet qu'il vivra, jeune adulte, avec sa femme Mathilde et son fils Georges.

Mais c'est une autre histoire.... soudain illuminée et bouleversée par une météorite nommée Rimbaud. 

 

34 Le Dit Vin

34 Le Dit Vin

     Nous arrivons rue Blanche et passons devant un café qui rend hommage par un jeu de mot au vin boisson des dieux....

     Alors, non loin de la vigne de Montmartre, comment ne pas citer quelques vers du poème "Vendanges" de Verlaine?

 

"Frère du sang de la vigne rose,

Frère du vin de la veine noire,

O vin, O sang, c'est l'apothéose!

Chantez, pleurez, chassez la mémoire

Et chassez l'âme et jusqu'aux ténèbres

Magnétisez nos pauvres vertèbres."

 

 

 

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