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Montmartre secret

Montmartre secret

Pour les Amoureux de Montmartre sans oublier les voyages lointains, l'île d'Oléron, les chats de tous les jours. Pour les amis inconnus et les poètes.

Résultat pour “rocher suisse

Publié le par chriswac
Publié dans : #OLERON, #OLERON PLAGES, #OLERON EGLISES Cimetières
Fouras. Le Fort Enet. Une visite.

...Pas de chance il fait gris et il pleut!

Ce n'est pas le meilleur jour pour visiter le fort Enet et pour apprécier un paysage qui par temps maussade se revêt de mélancolie vaseuse.

Tant pis! On y va!

La marée basse libère la voie entre la pointe de la Fumée et le fort.

Un chemin incommode avec cailloux glissants et flaques de mer... 1 km5 avec pour musique d'accompagnement les moteurs diesel des tracteurs et des camions des ostréiculteurs qui vous frôlent et vous font comprendre que vous n'êtes pas à votre place!

Le fort vu d'avion par temps clair!

Le fort vu d'avion par temps clair!

Fouras. Le Fort Enet. Une visite.

Il faut avouer que le fort a grande allure vu d'avion!

Il n'est jamais aussi beau que sur les cartes postales!

Sa forme semi circulaire et cet étonnant mur de pierres sur la mer en font une oeuvre d'art.

Fouras. Le Fort Enet. Une visite.
Fouras. Le Fort Enet. Une visite.
L'entrée du fort. Le groupe des visiteurs.

L'entrée du fort. Le groupe des visiteurs.

Le rocher sur lequel il s'est établi était déja fortifié au Moyen-Âge.

Nous sommes à un endroit stratégique qui le sera d'autant plus après la fondation de Rochefort et de son arsenal qu'il importera de protéger des Anglais particulièrement agressifs en cette région.

Le fort porte alors le joli nom d'Enette. On se demande pourquoi il s'est mutilé de sa dernière syllabe qui le féminisait et humanisait son aspect guerrier et austère.

Première étape de la visite. Cours d'histoire sur la terrasse.

Première étape de la visite. Cours d'histoire sur la terrasse.

Un guide exceptionnel.

Un guide exceptionnel.

La visite de ce lieu privé (le fort a été acheté en 1960 par des particuliers amoureux des vieilles pierres et de la solitude) se fait sous la houlette d'un guide.

Il vous en coûtera 6 euros, ce qui n'est pas prohibitif car vous aurez droit à un cours d'histoire, un cours vivant et passionné.

Dominique Droin, le guide en question est un historien. Il connaît son sujet et il saura vous faire comprendre l'importance stratégique du Fort Enet dont Napoléon décida la construction (1809-1812) après la fameuse bataille des brûlots qui provoqua la destruction d'une partie de l'escadre de Rochefort qui mouillait à l'île d'Aix voisine.

Les casemates

Les casemates

La cour intérieure.

La cour intérieure.

Les chambres des officiers, aujourdhui résidence privée.

Les chambres des officiers, aujourdhui résidence privée.

Fouras. Le Fort Enet. Une visite.

Les casemates ont été installées au milieu du XIXème siècle.

Le fort permettait de croiser le feu avec la batterie du fort de l'île d'Aix et d'assurer ainsi la protection du passage.

La partie la plus intéressante, selon le guide, ne se visite pas! Elle servait de logis aux officiers et elle est est aujourd'hui transformée en habitation privée.

Nous le croirons sur parole!

Fouras. Le Fort Enet. Une visite.
Fouras. Le Fort Enet. Une visite.
Fouras. Le Fort Enet. Une visite.

Les casemates ont servi de prison transitoires pour les Communards après la semaine sanglante et la victoire honteuse des Versaillais.

Le Fort Vauban à Fouras, la citadelle du Château d'Oléron, le Fort Boyard ou Saint Martin de Ré jouèrent le même rôle.

Les prisonniers attendaient dans ces sinistres geôles leur transfert pour la Nouvelle Calédonie.

Le pli étant pris, le fort jouera ce rôle d'hébergement (!) jusqu'au début du XXème siècle.

Les crochets que l'on voit au plafond permettaient de faire passer des planches sur lesquelles les prisonniers pouvaient poser leur gamelle afin de les soustraire à la voracité des rats.

Fouras. Le Fort Enet. Une visite.
Fouras. Le Fort Enet. Une visite.
Système d'éclairage du magasin.

Système d'éclairage du magasin.

Le magasin où étaient entreposées les munitions est un des plus beaux vestiges de ce monument (classé depuis 1994).

Le sol est recouvert de plomb, ce qui en cas de chute d'un boulet évitait les étincelles qui auraient mis le feu aux poudres!

L'aération de la pièce est remarquable. On n'y trouve aucune trace d'humidité. L'éclairage se faisait par un fenestron fermé par une loupe qui grossissait la flamme de la bougie placée dans la pièce attenante.

Fouras. Le Fort Enet. Une visite.
Face au fort Boyard

Face au fort Boyard

fort boyard et l'île d'Oléron

fort boyard et l'île d'Oléron

L'île d'Aix

L'île d'Aix

Un des pricipaux intérêts de la visite est le panorama que l'on découvre au sommet du fort.

On peut voir Fort Boyard, la star de la région, Oléron et les plages de Boyardville, l'île d'Aix, l'île Madame, Fouras et le Fort Vauban... de quoi avoir une indigestion de fortifications!

La faille causée par le séisme

La faille causée par le séisme

Fouras. Le Fort Enet. Une visite.

La partie la plus spectaculaire a été en partie détruite par un tremblement de terre. Elle est aujourd'hui consolidée par une structure disgracieuse de béton.

Retour à l'air libre, le chien Max lève la patte!

Retour à l'air libre, le chien Max lève la patte!

Fouras. Le Fort Enet. Une visite.

Retour à la lumière... le chien Max qui, bien qu'anglais, a suivi avec attention la visite, se soulage d'un petit pipi avant de reprendre la passe et de se dépêcher d'atteindre la pointe de la Fumée avant la marée montante!

Fouras. Le Fort Enet. Une visite.

En conclusion

Ce fut une balade sympathique dans l'histoire.

Le fort n'a rien de spectaculaire mais après avoir été une machine de guerre, il est devenu une machine à rêver... à libérer l'imagination et à la faire voyager d'une île à l'autre avec les goélands.

Fouras. Le Fort Enet. Une visite.
Fouras. Le Fort Enet. Une visite.
Fouras. Le Fort Enet. Une visite.

Renseignements pratiques:

Contrairement à ce qui est indiqué dans les dépliants touristiques, la visite du fort ne cessera pas en 2015.

C'est notre guide qui l'a dit!

si vous voulez connaître ce monument historique, rendez-vous à la pointe de la Fumée.

Les horaires changeant avec les marées, il vaut mieux se renseigner dans les syndicats d'initiative ou sur le net.

N'oubliez pas vos bottes!

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LIENS :

Sites de Charente Maritime. Fort Louvois. La citadelle du Château:

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Publié le par chriswac
Publié dans : #VOYAGES...

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Aigues Mortes comme un mirage de pierres, une ville au bord des marais, face au ciel et au vent. 

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Les remparts n'ont pas empêché les guerres fratricides et les destructions. Protestants et Catholiques se sont étripés en bons chrétiens oublieux de leur évangile commun "Celui qui utilise l'épée périra par l'épée".

Les monuments de pierres ont péri eux aussi. La chapelle des Pénitents Gris fut incendiée et ce n'est qu'en 1607, la paix revenue, que les Pénitents firent construire une nouvelle chapelle.

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Au-dessus de la porte d'entrée une inscription en latin et en hébreu vous accueille :

"Il est vrai que Yhwh (Adonaï) est présent en ces lieux et moi je ne le savais pas".

Il s'agit d'une référence au fameux rêve de Jacob, de l'échelle qui unit le ciel et la terre. Jacob se réveille et dit : "Oui Yhwh est dans le lieu et moi je ne le savais pas"

L'inscription latine est plus obscure car elle est parsemée de fautes. On peut en proposer cette traduction :

"Dieu est présent en cet endroit; sans doute n'en as-tu pas conscience car notre intelligence ignore Dieu. Entre et regarde, alors tu sauras".

 

ajout du 30 juin 2014:

Bernard B.  lecteur de cet article, a la gentillesse de me corriger. Il me fait remarquer que l'inscription latine est tout à fait correcte, le clergé de l'époque n'aurait pas accepté qu'on charcutât la langue liturgique, et il me propose cette traduction :

"Dieu est ici, je crois que tu ne le sais pas car notre intelligence ne le connaît pas mais entre et regarde, alors tu sauras (que Dieu est là).

Il précise : la difficulté de la traduction vient du double sens du verbe SCIRE qui signifie à la fois connaître quelqu'un et savoir quelque chose. On pourrait risquer la traduction-interprétation du dernier membre par :  "...alors tu le (Dieu) connaîtras."

 

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Avant d'obéir à l'injonction, jetons un oeil sur le frontispice. Nous y voyons un coeur transpercé, deux pieds, deux mains.

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Nous les retrouverons à l'intérieur, sur le retable. La Confrérie des Pénitents Gris d'Aigues Mortes (leur nom vient de leur tenue, le "sac" ou le froc de toile grise, serré à la taille par une ceinture) a pour symbole les cinq plaies du Christ : les mains et les pieds traversés par les clous, le coeur percé par la lance.

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A l'intérieur de la chapelle un crucifix original représente le Christ, les deux pieds cloués séparément. Une autre particularité de ce crucifié est la plaie de la lance représentée du côté gauche alors que c'est le flanc droit qui a été transpercé. 

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Mais la merveille de la chapelle c'est ce retable de stuc réalisé en 1687 par Jean Sabatier, sculpteur montpelliérain. Il est dans le grand style du XVIIème, excessif et rigoureux, chargé et cependant pur.

Il aurait dû disparaître pendant la Révolution si un ancien pénitent, Jean Sol, n'avait été chargé après la réquisition de la chapelle de superviser sa transformation en entrepôt pour le fourrage. C'est lui qui veilla à ce que le fourrage fût entreposé devant le retable, jusqu'au plafond, de façon à le faire oublier. 

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Dieu est représenté dans un médaillon. Il tient la terre qu'il vient de créer. Il lève la main droite pour inviter les hommes à y habiter et à en prendre soin. On voit où en est notre planète aujourd'hui!

Les hommes ne sont pas toujours dignes de confiance et Dieu lui même a manqué de lucidité!

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Il n'empêche que Dieu paraît satisfait dans sa cape qui vole autour de lui avec accompagnement d'angelots grassouillets qui frétillent comme des poissons dans un filet.

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Mais voici ce qu'il y a de plus beau dans cette oeuvre monumentale : les anges!

Ils sont élégants et sensuels, robustes et féminins, sérieux et doux... Ce sont les anges de la grande peinture versaillaise, du grand style Louis Quatorzien.

Ils tiennent les instruments de la passion : le maillet qui a enfoncé les clous dans les mains du Christ...

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Les tenailles qui ont servi à déclouer le corps...

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L'éponge imprégnée de vinaigre tendue vers la bouche du supplicié qui réclamait à boire

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Les clous de la crucifixion...

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La couronne d'épines...

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Et la lance qui perça le flanc droit...

Ces grands anges malgré quelques dégradations restent intacts. Certains ont perdu un ou deux doigts qu'ils retrouveront un jour, quand ils seront restaurés. 

Ils donnent à cette chapelle de proportion modeste une allure royale. Ils ont la noblesse et l'harmonie des sculptures du Grand Siècle. 

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à suivre... Aigues Mortes. La Chapelle des Pénitents Gris. (2)

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Liens :

Les cariatides et les atlantes de Montpellier. (1)

Cariatides et atlantes de Montpellier (2)

Jean Cousin. La Charité. Musée Fabre. Montpellier.

Alexandre Cabanel. L'ange déchu. Musée Fabre Montpellier.

Trompe l'oeil. place Saint Roch. Montpellier

Le Mikvé de Montpellier. Témoin juif du Moyen-Âge.

Karl Lehmann. Sainte Catherine d'Alexandrie. Musée Fabre. Montpellier.

Arc de Triomphe du Peyrou. Montpellier.

Cathédrale de Maguelone. Les vitraux. (1) extérieur. Bleu. Robert Morris.

Cathédrale de Maguelone. Vitraux (2) Intérieur. Bleu. Robert Morris.

Cathédrale de Maguelone. (3) Vitraux. Intérieur. Jaune. Robert Morris.

Jean jacques Henner. Le bon Samaritain. Musée Fabre Montpellier.

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Publié le par chriswac
Publié dans : #MONTMARTRE Peintres.Artistes.Clébrités, #Peintres

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    Le musée Gustave Moreau est un des lieux les plus étonnants de Paris. Le peintre a voulu que sa propre maison reçoive les visiteurs qui ont l'impression d'y être  invités et de découvrir son univers. 




    Dans la galerie du deuxième étage, une grande toile presque carrée (2,90 sur 2,82) nous entraîne dans un paysage étrange, baigné d'une lumière grise aux reflets blancs.
   On ne sait si la nuit descend  ou si l'aube s'élève.
   Dans une lumière onirique, avance comme une vague,  une procession dont l'avant garde a la blancheur de l'écume...




       ...et dont la crête est constituée par les trois rois mages sur leurs chevaux.
         Ils se laissent porter, guidés par l'étoile, veillés par la colombe du Saint-Esprit.
        Les rochers dont les contours rappellent le groupe qui avance, s'opposent cependant à lui : bloc pétrifié, bloc immobile et agressif que le cortège en mouvement va laisser derrière lui.
         Alors que le paysage est fait de gris, de noir et de blanc, la couleur commence à frémir sur les rois.
         Comme s'ils étaient en train de se créer, d'être créés par leur marche vers la crèche.
         On imagine qu'au moment où ils rencontreront l'enfant, elle fera briller leurs yeux et scintiller les bijoux et les étoffes.
  "Que la lumière soit"
  "Que la couleur soit".




    Le roi noir a la tête levée vers l'étoile.
    Il est en partie caché par le cheval blanc.
    Moreau a écrit sous une étude de ce tableau : "
La race noire est enfantine et naïve dans ses croyances".
    Préjugés d'une époque où la France des Droits de l'Homme colonisait l'Afrique et où ce mot de race appliqué à l'unique famille humaine, allait avoir les terribles conséquences que l'on connaît...
 
   Le cheval blanc, les yeux bien ouverts, frappé de lumière, est au centre de la toile, entre l'étoile claire et la colombe de lumière.
    Il sait où il va.
     Les deux autres chevaux ont la tête baissée.
     Lui, il la tient bien droite. 




   Il porte le roi oriental dont la race est
"dorée, indolente et sensuelle".
   "La race des rêves".

   Le seul des trois rois à ne pas lever la tête vers la comète.
   Le roi qui regarde devant. Là où la réalité va se transfigurer.
   Le roi habitué à vivre dans les contes. Celui qui sait que tout est possible au cours de cette première ou de cette mille et deuxième nuit.
   Son visage très fin, féminin, est frôlé par un oiseau bleu, ombre de l'oiseau blanc qui plane au-dessus de lui.

   Au premier plan, le roi blanc, tout aussi féminin, tête levée vers l'étoile...    Il est selon le peintre de" la race intelligente et droite dans la foi".
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   Sa couronne où l'on aperçoit la fleur de lys se confond avec sa chevelure. son visage est tendu. Il questionne. Son oeil est vif. Il vérifie qu'il n'est pas abusé par une illusion d'optique.




     Son cheval  noir et nerveux, regarde le spectateur pour l'inviter à entrer dans le mystère et l'interroger à son tour.




   Devant les chevaux, un groupe d'écuyers comme dessinés à la craie. Devant eux, marche l'avant-garde... 




    Ce sont de jeunes pages vêtus de blanc à la façon des lévites (comme écrit Moreau). Ils regardent l'étoile et avancent en chantant. Ils tiennent des branchages qui ressemblent à des palmes et sont destinés à chasser les serpents.
   Les palmes ne peuvent manquer d'évoquer les Rameaux,  l'entrée triomphale du Christ à Jérusalem, porté par un âne blanc...
   Elles évoquent aussi la passion et l'immense procession des martyrs.
  
    Les pages sont beaux et lumineux.
 
     Par quel art, avec si peu de traits et si peu de détails, le peintre obtient-il cette précision, cette présence?
 
   Dessin de craie sur l'asphalte de la nuit...








        À l'arrière du cortège, la foule des musiciens et des guerriers...
        Quelques taches de couleur font émerger des gazelles aux colliers de perles...






       et un visage qui se tourne vers l'étoile.

        Gustave Moreau, à propos des grands maîtres qu'il admire, écrit :
"Ils ennoblissent leur sujet en l'encadrant dans une profusion de formules décoratives. Leur respect, leur piété ressemblent à ceux des Rois Mages apportant sur le seuil de la crèche le tribut des contrées lointaines".






     Au premier plan, le cadavre d'un vautour.
     Les charognards ne tournent plus dans le ciel, au-dessus du cortège protégé par l'oiseau de lumière.
     Le mal et la mort ne sauraient faire partie de cette humanité qui monte vers la vie. 

    Une toile fascinante, à la fois lumineuse et crépusculaire. La gauche du tableau avec la foule indistincte et mal dégagée du magma de la création, le centre avec les rois qui entraînent derrière eux les continents, et à droite, comme déjà entrés dans l'éternité, ces jeunes hommes qui traversent la mort et les apparences comme un miroir....  









Musée Gustave Moreau.

14 rue de La Rochefoucauld.
75009 Paris 
Heures d'ouverture : 
Lundi et mercredi de 11h à 17h15
Autres jours : de 10h à 12h45 et de 14h à 17h15.




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Fontevraud. Fresques de Thomas Pot.



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Publié le par chriswac
Publié dans : #CHARENTE MARITIME

 

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 II le deuxième thème des Lapidiales : La Terre, planète Vie.

Après l'eau féconde où naît la vie, l'eau qui est femme, l'eau qui parfois se fait menace, les artistes sont invités à donner une image personnelle de notre planète. Le mot Vie ajouté au thème les oriente vers une vision positive alors que l'évolution des sociétés, l'exploitation des sols, la déforestation, l'irréversible pollution et le réchauffement climatique annoncent une mort programmée

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-Bruno Fleurit (2005) France.

La Terre encore une fois est femme. Elle est l'Eve des origines qui domine et écarte le serpent du mal. Son ventre est gonflé d'une promesse de vie. 

Le masque de comédie dans les plis du vêtement est-il là pour rappeler que quelle que soit cette vie, elle ne sera qu'un songe...

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-Michel Bonnal (2007) France.

La sculpture inachevée est comme un brouillon des grands Bouddhas couchés de l'Asie. Comme dans un tableau naïf, l'homme apparaît de face bien qu'étendu sur le dos. Il rêve en naviguant les doigts de pied en éventail. Les plis de ses vêtements ressemblent aux plis de la roche. Il fait corps avec l'univers et la matière et il est ailleurs, les paupières fermées entre deux mondes, celui d'une réalité qui s'échappe et celui des pensées et de la conscience... 

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-Babacar Niang (2008-2010) Sénégal.

La vie pour cet artiste, c'est le couple, la sensualité des corps, la famille et l'enfant que l'on accueille dans la joie.

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Le nouveau-né apparaît sous la protection d'une femme puissante et rassurante. En cherchant bien vous verrez que Babacar n'a pas oublié de poser dans ce tableau de joie un petit chat attentif.

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                                                                   Le chat de Babacar.

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-Sylvie Berry (2007) France, et plus précisément Charente maritime!

Sortant du tourbillon des origines, du tournoiement des étoiles, comme d'une coquille d'escargot, la femme prend son élan vers la lumière. elle est à la fois vigoureuse et légère. Ses mains larges sont prêtes à saisir la vie et à la caresser.

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- Richard Chapo (2010) Zimbabwé.

Richard Chapo est le frère de Tapiwa Chapo dont la sculpture est la première à accueillir le visiteur avec le thème du fleuve. Il rappelle que l'homme a pour berceau l'Afrique. C'est là qu'il est apparu et peu à peu s'est dressé sur ses jambes.

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 Il nous montre ce mouvement ascendant et la rencontre avec celle qui est la première à être debout : la femme. Sculpture en mouvement... la femme, jambes pliées prend appui sur le sol pour s'élever... 

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-Erdal Celik (2005) Turquie. (en attendant que le Kurdistan soit enfin un pays reconnu et respecté!)

C'est ici un hommage à Léonard de Vinci et au génie humain, à toutes les inventions dont il est capable, à son pouvoir de domestication et de soumission des bêtes sauvages, fussent-elles mythologiques.

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...Et surtout à son génie artistique. les plus grands créateurs de vie sont les artistes, ils ouvrent des continents nouveaux...

Le sexe de l'homme, cordon ombilical et serpent rejoint un autre serpent; Est-ce une allusion à la sexualité de Vinci ou simplement une invitation à voyager dans l'imaginaire ?

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-Claire Gargou (2006) France

C'est une des oeuvres les plus fortes dans ce défilé calcaire. Elle se détache de la pierre mais en fait encore partie, comme si elle luttait pour s'en détacher. C'est un homme qui sauve un enfant...

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Il le protège et l'éloigne de la menace qui l'entraînerait vers les profondeurs, au coeur de la matière. Il s'appuie sur un vieillard qui tend la tête vers le ciel comme pour ne pas se noyer.

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-Tutu Pattnaïk (2009-2010) Inde.

Une femme ailée, déesse-mère sauve des eaux qui s'apprétaient à l'engloutir un homme symbole de l'humanité.

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La main disproportionnée de la déesse souligne sa puissance et sa détermination.

J'avoue ne pas trop aimer cette immense sculpture qui me fait penser, alors que son auteur est indien, aux oeuvres soviétiques de la grande époque stalinienne. 

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-Sergei Milchenko (2010) Russie.

C'est la dernière oeuvre du thème de la Terre, planète Vie. Et c'est un foetus immense au sexe indéterminé qui flotte dans le liquide amniotique, un instant encore dans la tiédeur de la protection maternelle.  Il me fait penser à une des dernières images de 2001 Odyssée de l'Espace. 

Quel sera le monde qui naîtra avec lui. La Planète Vie méritera t-elle son nom?

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A suivre : 3ème partie des Lapidiales : Terre, dans le Ventre du Monde.

Les Lapidiales (3) Port d'Envaux. La Terre. Le ventre du monde. 

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Liens :

Lapidiales. Sculptures (I). La Mémoire du Fleuve. 

Les Lapidiales (3) La Terre. Le ventre du monde.

Les Lapidiales (4). De l'Abîme à l'Azur. Dusavitskaya. 

Les Lapidiales (5) Le Temps. Le Feu. Monument aux morts pour rien. 

 

Charente Maritime. Classement alphabétique. Liens.

 

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Publié le par chriswac
Publié dans : #MONTMARTRE. Rues et places.

 

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La rue Norvins! Les champs-Elysées de Montmartre! L'artère principale du vieux village, passage obligé des meutes touristiques.

Le mot "meutes" convient à cette partie de rue qui va de la rue du Mont-Cenis à la rue des Saules et s'appelait autrefois "Traînée", du nom d'une façon de chasser le loup en promenant sur le sol une charogne que l'on déposait ensuite dans un piège (voir : Montmartre. Impasse Traînée. Rue Poulbot.)

 

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Elle aurait pu garder ce nom, métaphore du mythe rural et bohême de Montmartre dont l'odeur attire les visiteurs vers le piège de la Place du tertre!

Mais elle a été débaptisée, en 1868, au profit de Norvins, du nom de l'illustrissime Jacques Marquet, baron de Montbreton de Norvins (1769-1854) auteur, comme nul ne l'ignore, d'une Histoire de Napoléon Ier!

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Pour la section de la rue Norvins qui donne sur la Place avec l'ancienne maison Bouscarat, le Cadet de Gascogne, Le Singe qui lit et la Mère Catherine, vous pouvez lire l'article consacré au Tertre :  Montmartre. Place du Tertre.

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                                                      Utrillo

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La rue a gardé la plupart de ses maisons villageoises transformées en restaurants ou en boutiques. A certaines heures matinales ou pendant les courtes journées d'hiver, on peut y "sentir" Montmartre.

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Le restaurant a remplacé la "fruiterie, liqueurs à emporter" du père Luc.

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Le Consulat et en face, la Bonne Franquette où vinrent s'attabler tant de peintres et de poètes...

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                                                                 Utrillo. Rue Norvins.

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                                                             Bernard Buffet; Rue Norvins.

A l'angle avec la rue des Saules, c'est l'entrée de la rue que tous les touristes photographient. Ils la "reconnaissent" parce qu'ils l'ont vue sur de nombreuses toiles de Montmartre!   Elle a peu changé, il est vrai.

 Au 9, la boulangerie est toujours là...

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Après le croisement avec la Place Jean Baptiste Clément et la rue des Saules, la rue Norvins descend vers l'ouest. Elle s'appelait avant 1868, rue des Moulins. Sur la gauche, au 22, la grille donne accès à la Folie Sandrin, une des plus prestigieuses adresses de la Butte.

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En 1774, le sieur Cendrin ou Sandrin, maître chandelier, acquiert le terrain sur lequel il édifie sa folie (le mot folie qui vient de feuillée, qualifie alors une demeure campagnarde). Elle détonne dans l'environnement des modestes maisons et des masures. Les Montmartrois l'appelaient aussi Maison des Rochers, à cause du jardin anglais et des rocailles qui l'agrémentaient.

La Folie est restée célèbre grâce au docteur Esprit Blanche qui y dirigea une clinique entre 1820 et 1847. Le nom du lieu oblige, il recevait des malades que l'on considérait comme fous. Ses méthodes d'écoute et de respect étaient très en avance sur ce qui se faisait à l'époque. Parmi ses patients les plus célèbres, on compte Gérard de Nerval et l'acteur Monrose de la Comédie française, capable alors qu'il avait perdu la mémoire de rejouer des rôles entiers du répertoire...

 Avant d'être réhabilitée, la Folie a connu plusieurs avatars. Elle abrite aujourd'hui des privilégiés bien éloignés des gamins de Poulbot et des artistes fauchés de Butte...

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      En face de la Folie, la Fontaine du Château d'eau, construite en 1835. La salle octogonale est aujourd'hui le siège de la Compagnie du Clos de Montmartre qui défend le vignoble de la Butte (1556 m2!) et sa production de 1700 bouteilles de 50 cl, à peine buvables et vendues 42 euros l'unité! 

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Après la Folie, Le village reprend ses droits avec ses maisons de campagne protégées par les arbres de leurs jardins. C'est le Montmartre préservé, celui où le fleurs et les oiseaux s'en donnent à coeur joie!

 

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Les derniers numéros de la rue, côté pair ont disparu au profit de la Place Marcel Aymé. Une place qui n'en est pas vraiment une et qui n'est formée que d'un immeuble bourgeois dans lequel vécut et mourut Inghelbrecht, et d'un mur traversé par une sculpture de Jean Marais représentant Marcel Aymé en Passe-Muraille, allusion à l'une de ses nouvelles.

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      La rue Norvins se termine rue Girardon, face à l'avenue Junot où le m2 est l'un des plus chers de Paris. Des acteurs, des créateurs richissimes, histoire de se donner bonne conscience en habitant un quartier à l'image révolutionnaire et iconoclaste, y ont élu domicile. Les amoureux de Montmartre iront ailleurs rechercher un parfum gouailleur et populaire!

 

 

 

Liens; rues de Montmartre:

Rues de Montmartre. Classement alphabétique.

Montmartre. Maison Neumont. Place du Calvaire.

Montmartre. Place du Tertre.

Montmartre. Square Saint pierre. Square Louise Michel.

Montmartre. Place Saint Pierre.

Montmartre. La tour du philosophe. Impasse Girardon.

Montmartre. Moulin de la Galette. Histoire. peintres.

Chateau Rouge historique

Montmartre. Rue Muller.

Montmartre: rue Foyatier.

Le calvaire de Montmartre. Saint-Pierre.

Montmartre. Rue Utrillo (ancienne rue Muller).

Montmartre. Rue Chappe.

ETC...

 

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On l'appelle la veuve rouge et on l'aime dans le quartier. Elle fait partie, comme Michou, du Montmartre qu'on a toujours connu, avec ses originaux et ses poètes. 
      Michou, c'est le côté bleu, avec sa veste d'azur et ses hublots de rêveur.
      Loulie, c'est le côté rouge avec sa chevelure de renard, sa grande cape couleur "temps des cerises".
     On l'aime bien Loulie. Et comme elle fréquente beaucoup le square Louise Michel, certains l'ont surnommée la veuve rouge.
    Elle ne déteste pas ça, Loulie. Parce qu'elle admire la Vierge Rouge et ne manque jamais de poser sur sa tombe, à Levallois, le 9 janvier, une carte postale avec des oeillets d'un côté et la trace de ses lèvres de l'autre.

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   Chaque soir, elle a un rendez-vous qu'elle ne manque jamais.
   Elle descend de son petit studio, rue André Del Sarte, longe les grilles du jardin rue Ronsard, s'arrête en face du musée d'art naïf et installe sur le rebord de pierre ses boîtes en plastique.

   Les chats ne tardent pas à apparaître.
   En fait, ils sont toujours là bien avant l'heure...
   L'un planqué sous le lierre épais qui tapisse les faux rochers, l'autre sous un carton qu'un jardinier au bon coeur oublie de ramasser...
  
  Ils s'approchent sans trop de cérémonie et ne font pas longtemps semblant de dédaigner le festin offert. Car ils l'apprécient ce festin. Alors que bien des écuelles apportées par d'autres femmes nourricières ne se vident qu'à moitié, les boîtes de Loulie sont nettoyées, si impeccablement, qu'elle n'a même pas besoin de les laver.

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    Mais ce soir là, il y a quelques années, à l'heure habituelle, quand la nuit se déplie jusqu'au bas de la butte, à peine écornée par les réverbères complices ou faiblards, la veuve ne vint pas.

                            C'était un 24 décembre.

    Les chats ont commencé à attendre. Et Dieu sait qu'ils en ont l'habitude les chats !
 Attendre que cesse la pluie...
 Attendre que les oiseaux viennent à portée de jeu...
 Attendre que les hommes soient bons...  
 Attendre que se réalise la prophétie d'Isaïe...  
 Et quand ils n'attendent pas, ils font encore semblant d'attendre au cas où passerait par là une caresse disponible...
 
    Peu à peu ils ont senti monter en eux une vague inquiétude.
    Pas de Loulie, pas de repas, ce soir étrange où des familles entières gravissaient à une heure pas très catholique, les escaliers qui mènent à la basilique du Sacré-Coeur, la grosse laiterie sans lait qui domine le quartier.
 
  Leurs petits estomacs se sont mis, à l'unisson, à crier famine.
 Ils ont gargouillé à qui miaou miaou et leurs oreilles se sont hissées comme de petites voiles guettant les pas vifs et saccadés, les pas de geisha, les pas de Loulie.


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    L'air s'est mis à vibrer.

  La Savoyarde s'est éveillée dans son campanile, aussitôt suivie par les autres cloches des alentours, moins éminentes, mais soucieuses d'être à la hauteur de l'événement qui se célébrait cette nuit-là dans le village de Montmartre. 
  Minuit sonnait.
                                                              
  C'est alors qu'elle est arrivée Loulie, non par la rue habituelle mais par les escaliers de la rue Paul Albert, jadis appelés escaliers Sainte-Marie.
 Elle était métamorphosée, rajeunie et alerte.
 Il y avait autour d'elle des gars du quartier : le boulanger, le matelassier, l'épicier, le tapissier de la rue Cazotte et Melchior, le commerçant du coin de la rue, dont la boutique regorge de trésors venus des quatre coins du monde.  
   Ils regardaient avec des yeux de guirlande électrique la veuve qui survolait les marches et portait contre elle un infime chaton nouveau-né. Elle avait dégagé un sein gonflé et doré comme une brioche auquel était accroché la petite bête qui tétait goulument

 Elle s'est dirigée, environnée de sa cour, vers le rebord de pierre.
 Elle s'est assise.
 Les chats aussitôt se sont frottés contre elle, l'échine tendue et le ronron déchaîné, malgré la présence inhabituelle des gaillards, muets et attentifs.
 Le matou gris qu'elle appelait Tio Tio s'est couché sur ses genoux.
 La tricolore, miss Missou, comme elle disait, s'est allongée sur ses pieds et l'espiègle Titiche s'est installée dans le cabas, sur les boîtes dont le parfum faisait frissonner ses vibrisses.



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 Les hommes se sont regroupés, en cercle chaleureux, autour de Loulie et de ses chats.
Ils souriaient comme le ravi de la crèche. Ils souriaient de toutes leurs dents, parmi lesquelles, il devait bien y avoir quelques canines.
 Ils ne pouvaient détacher les yeux de ce chaton qui pressait de ses petites pattes le sein généreux. 

  Un homme, un peu paysan, qui passait par là en tirant sur sa bouffarde, s'est arrêté devant le spectacle. Il a sorti de sa poche un calepin et griffonné quelques lignes. Avant de s'éloigner, il a demandé à Elie le tapissier comment s'appelait cette femme.

  Rentré chez lui, il a écrit une chanson, car il aimait les gens et il était poète



                                           Quand Loulie dégraffait son corsage
                                           Pour donner la gougoutte à son chat
                                           Tous les gars, tous les gars du village
                                           Etaient là.....


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        Je ne sais pas pourquoi, il a changé plus tard le prénom et préféré Margot, un prénom qui sent la terre et les sabots.
       Sans doute, par délicatesse n'a-t-il pas voulu qu'on reconnaisse notre Loulie.
      Ou peut-être, exilé dans le 14ème arrondissement, n'a-t-il pas voulu que ce Montmartre qu'il avait aimé et où il avait chanté, ne vienne raviver ses regrets de l'avoir quitté. 



         Toute la suite de sa chanson n'est que pure invention.
 
         Les femmes  n'ont pas été jalouses et n'ont pas immolé le chaton.
         Au contraire, apaisées par cette étrange nuit, elles ont attendu le retour de leurs hommes et les ont embrassés avec une tendresse inhabituelle.

           Le chaton, aussitôt baptisé Noël, a été recueilli par Melchior et il est resté pendant des années la mascotte de la rue André Del Sarte.

           Loulie est maintenant très vieille mais elle a gardé sa chevelure de renard et sa cape du temps des cerises. Elle vient toujours, le soir, s'asseoir sur le rebord de pierre du square Louise Michel, et les chats du quartier viennent toujours se serrer contre elle en ronronnant de tout leur coeur.

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Liens: Chats. Poèmes, Art, photos....

Lien :  Un chat de Montmartre.



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Aujourd'hui encore, il fait un froid vif et clair sur Montmartre, un froid à enfiler une bonne canadienne et à se lancer à l'assaut de la rue Paul Albert, rue bien raide et qui file vers le campanile et sa grosse Savoyarde. Les faux rochers qui limitent le square Louise Michel cachent l'endroit où fut découvert par un carrier de Montmartre un bloc de gypse où des empreintes fossiles bien conservées permirent à Cuvier de rapprocher l'animal mystérieux de mammifères marsupiaux vivant il y a fort longtemps en Amérique du Sud ! Ainsi notre butte connut-elle un climat tropical, hypothèse confirmée par la découverte peu de temps après de crocodiles fossiles! C'est agréable d'y penser à soufflant dans nos doigts endoloris et en se frottant des oreilles en voie d'ankylose.

 

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 La rue Paul Albert, alors Escaliers Sainte-Marie, par Utrillo.

 

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  Et puis la rue commence son ascension par une volée de marches qui au début du siècle portaient le nom d"escalier Notre Dame". Si les escaliers de la butte sont durs aux miséreux, ils le sont encore plus aux éboueurs, ces hommes verts de nos villes, souvent venus d'Afrique. "Ces grands Seigneurs en exil qui balayent nos trottoirs" comme écrit Prévert (je crois).


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 Au début de la rue, un  immeuble de pierres et de briques et qui m'a toujours semblé  mystérieux. Il abrite en effet de très belles et très petites personnes et notamment une femme toujours  élégante et souriante dont la taille ne doit pas dépasser le mètre 10 et qui, je ne sais pourquoi me semble être la maîtresse des lieux et régner sur un monde poétique et menacé.

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  Et puis on arrive sur une petite place avec des restaurants variés. La passerelle, L'été en pente douce (qui a pris la place d'une ancienne boulangerie aux plafonds de verre peint et qui en a gardé le décor), le Botak café qui a remplacé Les Canons de Montmartre (Pourquoi ont-ils caché les fresques représentant cet épisode héroïque de l'histoire de la butte? J'espère qu'ils ne les ont pas détruites) et  enfin Le Soleil de la Butte... Bref, vous aurez l'embarras du choix si une petite faim vous tenaille au cours de votre périple ascendant.

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 Voilà Le Soleil de la Butte entre les deux rues qui viennent rejoindre cette placette : la rue Müller et la rue Feutrier. Ce côté ci de la butte est moins coté, moins touristique et sans doute plus authentique. Le quartier file vers la rue de Clignancourt, Chateau Rouge, Barbès et la Goutte d'Or. Il change certes mais reste mêlé et vivant.

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 De l'autre côté de la placette, les escaliers de la rue Utrillo. Elle continue la rue Müller dont elle gardait le nom au début du siècle. Depuis le bas de la rue Paul Albert, vous aurez 320 marches à gravir si vous voulez atteindre le Sacré Coeur. J'ai habité quelque temps à quelques pas de là. Je voyais de ma fenêtre l'envolée des escaliers et au loin les coupoles blanches. J'appelais cette rue l'Echelle de Jacob et certains soirs il était difficile de savoir si c'étaient des enfants ou des anges qui survolaient les marches.

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  Continuez votre route et passez devant un restaurant très sympathique, un des rares restaurants afghans de Paris. Vu son nom, vous ne pouvez pas vous tromper. Si vous voulez, un jour je vous parlerai de ce pays sublime d'aridité et de lumière, des rencontres humaines, des fantômes bleus.

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Au 17 de la rue, la maison où vivaient Monique Morelli et Leonardi. Dimanche, je vous raconterai ma rencontre avec elle, avec cette femme rare au talent aussi profond et passionné que sa voix. Je ne sais pas qui habite désormais cette maison. La voix de Morelli est présente ici. Elle chante les poètes et les complaintes. Elle est pour moi comme une sirène de brume. Vous ne la voyez plus mais c'est elle qui vous guide.

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  Nous arrivons maintenant en haut de la rue Paul Albert, à l'endroit où comme une rivière elle va perdre son nom en se jetant dans la rue du Chevalier de la Barre, cette rue qui file vers la rue Ramey de ce côté et vers le campanile de l'autre.

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     Ce petit immeuble très montmartrois avec ses stucs de silènes... Il abritait, il y a quelques année un restaurant convivial : Atmosphère. Peut-être avec un nom comme celui là aurait-il été plus à sa place vers le canal et l'hôtel du Nord ?
 

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    Votre petit périple est terminé puisqu'apparaît le campanile contre ce ciel hivernal. Avant de s'embarquer dans une autre rue, regardez l'immeuble de gauche qui donne en partie rue Paul Albert et en partie rue du Chevalier de la Barre. C'est le Centre Israélite qui abrite une école et un restaurant ouvert à ceux qui n'ont pas de quoi se nourrir. Une plaque rappelle une triste époque et des enfants de Montmartre arrachés à l'amour et à la vie :
 

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     Leurs rires et leurs courses joyeuses hantent toujours le quartier. Ils ont aujourd'hui leur prénom et leur nom sur les écoles. Mais leurs étoiles brillent sur un ciel noir.

Un chat vient se frotter à mes jambes. Il attend l'arrivée des veuves nourricières.
J'emporte chez moi sa chaleur soyeuse et ma tristesse survenue.

 

 

 

Lien : Monique Morelli n'a pas quitté Montmartre

 

 

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C'est une des curiosités de cette église : les panneaux de lave émaillée peints par Pierre Jules Jollivet (1794-1871), installés en 1860, enlevés en 1861, stockés dans les réserves de la ville et réinstallés sur la façade en juin 2011!

Quelle aventure!

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Hittorf, l'architecte de l'église avait voulu ce décor de façade qui selon lui renouait avec la tradition des basiliques anciennes polychromes. Le peintre qu'il choisit, Pierre Jules Jollivet, élève de Gros innove avec un nouveau procédé de peinture sur plaques de lave.

A peine terminée, son oeuvre fait scandale! Les paroissiens, les prêtres se voilent pudiquement la face ou regardent en douce à travers les doigts écartés de leur main chastement posée devant leurs yeux, les corps dénudés d'Eve et d'Adam...

Le scandale devient tel que le préfet Hausmann en personne ordonne l'enlèvement des peintures qui sont envoyées à l'ombre, dans le dépôt de la ville où elles se morfondent jusqu'à leur redécouverte et leur retour en fanfare un jour ensoleillé de juin 2011!

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Au-dessus du porche, la première composition (posée dès 1846) représente la Trinité : le Père, beau brun à longue barbe, le Fils, jeune bellâtre rouquin et l'Esprit à plumes en suspension entre les deux...

Père et fils trônent dans la gloire et dans un manteau de ciel, entourés des prophètes et des évangélistes...

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Ils n'ont pas l'air heureux et du haut de leur perchoir, ils regardent, les sourcils froncés, l'humanité pécheresse...

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A leur gauche (donc à droite du portail) on peut voir trois scènes de l'Ancien Testament qui ont pour correspondantes de l'autre côté, trois scènes des Evangiles: La Création d'Eve - l'Adoration des mages.                                                                Le péché d'Adam - le Baptême du Christ.                                                                         Le châtiment - la Cène...

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La Création d'Eve provoqua le scandale. Adam nonchalamment endormi ne voit pas Dieu qui fait naître de son côté une femme dont les cheveux ne suffisent pas à dissimuler la nudité. La scène ne manque pas de force, loin de l'imagerie religieuse saint sulpicienne qui commence à s'imposer. 

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Les protestations des paroissiens nous paraissent aujourd'hui bien pudibondes et bien hypocrites.

Dans une lettre adressée au curé, l'un d'eux s'exprime ainsi :

"Ces peintures fort inconvenantes sont dégoûtantes à la porte d'une église où une jeune fille doit pouvoir tout regarder... Vous prêtres, est-il convenable que vous examiniez des peintures aussi décolletées? "

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Le tableau suivant provoque lui aussi des réactions indignées, preuve s'il en était besoin que les yeux des braves paroissiens étaient aimantés vers ces scènes ...

Eve dont les cheveux caressent le sexe tend à son benêt de compagnon le fruit défendu dont Satan, nu et musclé dans son arbre, lui vante la suavité et les pouvoirs...

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Il faut croire que les spectateurs indignés n'avaient pas bien lu la Bible puisque la honte soudaine de la nudité n'atteignait l'homme et la femme qu'après avoir mangé le fruit...

... Avant cette "faute", leur nudité naturelle les habillait de beauté et de sensualité. Nos paroissiens, avaient-ils perdu, malgré la confession censée les purifier, l'innocence de leur regard?

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Le troisième tableau nous montre Adam et Eve revêtus de peaux de bêtes, chassés de l'Eden.

Leurs pas parallèles les entraînent vers le bas, vers le monde où il sera si difficile de vivre, où l'on gagnera son pain à la sueur de son front et où l'on enfantera dans la douleur.

Leurs pieds sur les rochers rugueux ont perdu la légéreté de ceux de l'ange qui volète dans l'air et leur montre la sortie.

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De l'autre côté, les peintures illustrent la vie du Christ venu racheter ce monde perdu. Il apparaît nu lui aussi sur les genoux de sa mère entre les bergers et les mages. Sa naissance inaugure la re-création du monde...

De la série des trois consacrées au Nouveau testament, c'est la plus réussie avec sa composition qui met l'enfant au centre , cible et coeur à la fois... L'enfant a déjà les bras écartés et son flanc qui sera percé par la lance est protégé par la main maternelle...

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Une trentaine d'années plus tard, il est baptisé par Jean-Baptiste. Le volatile-Esprit-Saint plane au-dessus des eaux. Jean idéalement musclé fait son office, le Christ rose pâle, les mains jointes, le corps grassouillet revêt sa nudité de candeur et de linge blanc artistement drapé, tandis qu'un garçonnet l'imite, le sexe dissimulé par une feuille de roseau. 

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Le dernier tableau, c'est la Cène. La boucle est presque bouclée. Dans quelques heures, sur la croix, c'est la malédiction du péché et de la chute qui sera vaincue.

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Le péché sera vaincu... chaque eucharistie le rappellera aux chrétiens, à commencer à ceux qui poussaient des cris d'orfraie devant la nudité d'Eve...

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Signe des temps, la réinstallation des laves émaillées sur la façade de l'église n'a provoqué aucune indignation. Les jeunes filles les regardent à peine et la nudité d'Eve et d'Adam n'intéresse plus que quelques curieux de l'histoire de l'art et quelques amoureux de Paris...

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Liens : Eglise St-Vincent de Paul

Eglise Saint Vincent de Paul. Paris (1). Sculpture Fronton. Charles Leboeuf Nanteuil.

Eglise Saint Vincent de Paul. Paris (2). Vitraux. Saints.

 

 

Montmartre :

Listes des liens des monuments et lieux typiques de Montmartre historique et moderne.

 

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I Rue du Chevalier de la Barre entre la rue Ramey et la rue lamarck.

 

La rue du Chevalier de la Barre résume à elle seule sur ses 413 mètres tout Montmartre! 

 

Dans sa première partie, entre la rue Ramey et la rue Lamarck, elle est encore populaire, un peu à l'écart des circuits touristiques.

 

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 Enfin! Presque! Un hôtel au 6 bis de la rue accueille des groupes de jeunes en voyage scolaire.

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                                                                                         Montmartrois hôtel

 C'est dans cet hôtel que le peintre André Renoux (1939-2002) venu d'Oran s'est installé à son arrivée à Paris. C'est là qu'il a commencé à peindre les rues de la Butte...

 

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                                                                       André Renoux. Rue du Chevalier de la Barre.

C'est lui qui a peint les portes, les cafés, les boutiques du quartier sans savoir que les barbouilleurs de la Place du Tertre, impresssionnés par son succès (notamment au Japon) allaient les copier lourdement et à satiété...

 

chevalier-de-la-barre-105.JPG                        Petit immeuble du XIXème avec jardin et lilas en fleurs au n°2, typique du vieux village.

Avant le 2 avril 1868, la rue, dans cette partie, portait le nom de la Fontenelle ( une des 4 principales fontaines de la Butte  avec la Bonne Eau, la Fontaine du Buc et la Rivière de Saint-Denys).

 

La source ruisselait en suivant la déclivité de la rue. Au milieu du XVIIIème siècle, elle s'est tarie, absorbée par les carrières de plâtre...

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                                                     La rue un jour de neige

 

Cette partie de rue ressemble à un décor. Elle est à la fois étrange et familière... 

Elle est théâtrale et simple à la fois, murailles de craie, canyon au fond duquel coule la rivière des pavés...

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                                                                              Angle avec la rue Paul Albert.

 

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                    Petits immeubles et pavillons du XIXème siècle, sur cour, en retrait de l'alignement. ( N° 13 à 17).

La rue croise la rue Paul Albert, ancienne rue Sainte Marie. Le Passage Cottin s'y épuise après avoir lancé sa volée d'escaliers.

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                                                   Passage Cottin au niveau de la rue du Chevalier de la Barre.

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 Le petit immeuble d'angle avec le Passage Cottin a longtemps abrité un restaurant et sa terrasse.  "Atmosphère"  était son nom. Atmosphère! Est-ce qu'il avait une gueule d'atmosphère?

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Sur sa façade ont été réemployés des moulages de stuc dont j'ignore l'origine et qui faisaient sans doute partie d'une frise panthéiste. Reprennent-ils les motifs du temple de Mercure qui était situé non loin de là, a proximité de  de la Fontaine de la Bonne Eau (rue de la Bonne actuelle)?

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      La rue continue son ascension. A gauche, un immeuble reconstruit après les bombardements du 20 avril 1944. A droite, le Centre Israélite de Montmartre.

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       Il ne fut pas épargné par les bombes. C'était alors un asile administré par l'UGIF (Union Générale des Israélites de France). Il recueillait essentielllement les enfants dont les parents avaient été arrêtés ou devaient se cacher. Lors des bombardements, 79 enfants ont été transférés  avenue Secrétan où trois mois plus tard, ils furent arrêtés par la Gestapo et déportés à Auschwitz où 71 d'entre eux furent assassinés. 

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 Une plaque apposée sur le mur rappelle ce crime

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La crèche a été reconstruite en 1946 sous l'impulsion de Marcel Bleustein-Blanchet.  Le Centre héberge sans distinction de religion ou de non religion les gens en difficulté, tandis que des repas y sont servis tous les jours. 

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      Sur cette carte de 1901, on peut voir qu'il y avait sur la gauche une menuiserie et un entrepôt de bois. Sur la droite à l'emplacement du Centre Israélite un restaurant. Il s'agit du Rocher Suisse.

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      C'est en 1857 qu'un savoyard acheta le terrain en friche sur lequel il créa son "chalet". Dans ce restaurant se réunirent les fondateurs de ce qui allait devenir la Société du Vieux Montmartre, acharnée à défendre la Butte contre le vandalisme des promoteurs. On leur doit, entre autres,  la sauvegarde la vieille église Saint-Pierre dont la destruction était programmée.

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  Nous arrivons maintenant rue Lamarck. La rue du Chevalier de la Barre prend les escaliers avant de contourner le Sacré Coeur.

Arrêtons-nous un instant afin de mieux prendre notre élan et de poursuivre l'ascension.....     (à suivre)

 

Montmartre. Rue du Chevalier de la Barre. (2) De Lamarck à La Bonne.

Montmartre. Rue du Chevalier de la Barre.(3) La Bonne au Mont-Cenis.

 

Rues de Montmartre. Classement alphabétique.


Montmartre. Rue Cortot.

Montmartre. Rue de la Bonne.

Montmartre. Place des Abbesses.

Montmartre. Le Passage Cottin.

Montmartre. Rue du Mont Cenis. Maison de Mimi Pinson.

Montmartre. Rue Saint Rustique.

Montmartre. Rue Norvins.

Montmartre. Impasse Traînée. Rue Poulbot.

Montmartre. Maison Neumont. Place du Calvaire.

Poulbot. Panneaux de Faïence. Rue Damrémont. Montmartre.

Montmartre. Square Saint pierre. Square Louise Michel.

Montmartre. Place Saint Pierre.

 


 

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Georges de Feure. Symboliste, affichiste...

     Il vécut à Montmartre et pourtant aucune plaque, spécialité de la Butte s'il en est, n'y évoque son nom.

La cour Saint-Hilaire où de Feure eut un atelier.

La cour Saint-Hilaire où de Feure eut un atelier.

     Une injustice ou un oubli ?  Il est vrai que la mode privilégie aujourd'hui quand il s'agit de baptiser les rues, des femmes, politiques ou artistes, lesbiennes ou hétéro, noires ou blanches qu'importe, mais des femmes! Histoire de réparer la vieille domination patriarcale qui se traduit par la présence sur la quasi totalité des plaques de nos villes de patronymes masculins...

Georges de Feure. Symboliste, affichiste...

     Georges de Feure est né à Paris en 1828 et il y est mort en 1943, abandonné de tous et misérable.

Georges de Feure. Symboliste, affichiste...

   Avec la guerre franco prussienne ses parents se réfugient aux Pays-Bas et quand ils reviennent à Paris en 1889, ,Georges de Feure s'installe sur la Butte.  c'est là qu'il rencontre Pauline Domec avec qui il aura deux enfants.

      Il aime passer ses soirées dans les cabarets de Pigalle, notamment au Rat Mort et au Chat Noir.  Il fréquente dans les mêmes cercles des poètes et des musiciens parmi lesquels Debussy, Ravel ou Satie! Il faut croire qu'il avait un goût musical très sûr!

La source du mal (Georges de Feure)

La source du mal (Georges de Feure)

     Ses admirations littéraires vont en priorité aux poètes, parmi lesquels Baudelaire et Rodenbach. Ses premières oeuvres sont nettement inspirées par la vision baudelairienne de la femme tentatrice et dangereuse :

(...) Et son ventre et ses seins, ces grappes de ma vigne,

S'avançaient, plus câlins que les anges du mal,

Pour troubler le repos où mon âme était mise

Et pour la déranger du rocher de cristal

Où, calme et solitaire, elle s'était assise.

   

                                                                 Jules Chéret

      On peut voir l'évolution de sa création depuis sa participation dans des journaux auxquels il propose ses caricatures jusqu'aux premières commandes qu'il reçoit pour des affiches. Il est alors influencé par Chéret, considéré comme le, maître du genre.

             Il illuste également des livres, comme "La Porte des Rêves" de Schwob.

Georges de Feure. Symboliste, affichiste...
Georges de Feure. Symboliste, affichiste...

   

      Dans les années 1900-1910 il se réalise vraiment et trouve son style. Il est considéré comme un des plus éminents représentants de l'Art Nouveau. Il crée quelques unes des plus belles affiches de cette époque.

 

     La nudité disparaît. Les femmes sont parées de soies et de plumes. Elles sont prises dans des toilettes somptueuses ou extravagantes. Elles sont royales, dominatrices, inaccessibles...

 

Georges de Feure. Symboliste, affichiste...

     Les hommes sont peu représentés et quand ils le sont, ils sont ternes, fripés, plus petits que la femme, "chiens à l'attache" ou "suiveurs"...

                                                                   Le suiveur

     Nous voyons là le grand paradoxe de l'Art Nouveau, le plus féminin des arts (mais représenté par des hommes), le plus exacerbé dans ses courbes, ses volutes, ses danses, ses couleurs.... et en même temps celui qui, tout en semblant donner à la femme et à son univers la prééminence, en fait une créature à part, non pas l'égale de l'homme mais sa prédatrice.

 

 

     Toujours est-il que le principal promoteur de l'Art Nouveau, Samuel Bing choisit Georges de Feure pour décorer son pavillon de l'exposition universelle 1900.

 

     L'artiste connaît alors un grand succès avec ses panneaux décoratifs représentant les différents artisanats, ses vitraux, ses diverses créations de verrerie ou ferronnerie.

Panneaux de Georges de Feure pour le pavillon Art Nouveau de l'exposition universelle 1900

                                                                 Vitrail

     Après cette apothéose Georges de Feure reçoit de nombreuses commandes. Son style va évoluer peu à peu vers l'Art Déco. Il s'intéresse au théâtre (il avait été un temps acteur aux Pays-Bas), au décor et au costume. Il passe de la femme-oiseau au plumage chatoyant à la femme libre dans sa géométrie, sa chevelure courte, ses yeux francs....

 

 

       Il conçoit la décoration intérieure d'appartements particuliers.

     Madeleine Vionnet qui est alors une grande couturière (créatrice du drapé, de la coupe en biais) qui représente la mode française dans le monde entier lui confie la décoration de son  hôtel particulier et de sa maison de couture.

 

       Georges de Feure devient alors un des talentueux représentants de l'Art Déco.

     Il suffit de voir sa décoration du grand salon de la maison de couture et une reproduction en noir et blanc d'une des fresques disparues qui ornaient ses murs pour s'en convaincre.

 

 

     Il serait injuste d'oublier que Georges de Feure fut aussi un peintre de grand talent, influencé par le symbolisme mais créateur d'un univers bien à lui qui fait parfois penser à Félix Vallotton.

 

Georges de Feure. Symboliste, affichiste...
Georges de Feure. Symboliste, affichiste...
Georges de Feure. Symboliste, affichiste...
Georges de Feure. Symboliste, affichiste...
Georges de Feure. Symboliste, affichiste...
Georges de Feure. Symboliste, affichiste...

     Dans les années 1930, Georges de Feure cesse d'être à la mode. Nous entrons dans une époque qui avant la catastrophe de la guerre invente une nouvelle architecture influencée par le Bauhaus. La pure décoration n'a plus sa place. Le Corbusier pointe le bout de son nez. Nous nous acheminons vers le confort certes, le pratique bien sûr et la froideur...

On détruit sans état d'âme les stations de Guimard, les hôtels art nouveau... Georges de Feure qui n'a jamais su gérer ses revenus, meurt, misérable, dans un Paris occupé.

L'abîme (musée d'Orsay)

L'abîme (musée d'Orsay)

     Aujourd'hui on le redécouvre. On voudrait revenir en arrière et lui éviter la dernière gifle que lui envoya le Ministère des Beaux Arts quand en 1941 il refusa le don que lui faisait George de Feure de deux de ses toiles jugées indignes de faire partie des collections nationales. C'était quelques mois avant sa mort.

                                                      La voix du mal (1895)

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