Arthur Marcel-Legay par Georges Redon.
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Arthur Marcel-legay est une des figures pittoresques de Montmartre, un personnage qui fut populaire et qui je l'avoue me touche particulièrement pour
plusieurs raisons, les deux principales étant qu'il est le compositeur de l'hymne national du pays d'Artois (où je suis né, comme lui) "Ecoute ô mon coeur", et qu'il était inséparable de son chien Mystico qui faisait partie comme
lui des célébrités montmartroises.
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Centre de Ruitz.
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Marcel-Legay voit le jour en 1851, au sein d'une famille de mineurs, dans le Pas de Calais, à Ruitz, petite ville dont il est la seule célébrité.
Il s'en souvient dans sa chanson dédiée à sa région : "Enfant à l'âme inasservie, jadis emporté loin de toi, sol natal je revois ma vie, près d'un
berceau sous l'humble toit"...
Après avoir fréquenté le Conservatoire de Lille, il arrive à Paris en 1876. Il essaye de gagner sa vie en chantant dans différents cabarets et beuglants
de la capitale.
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Couverture de la revue: Les
hydropathes.
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Mais c'est à Montmartre qu'il se sent bien.
Il rejoint le club littéraire des Hydropathes, fondé par Emile Goudeau et qui compte parmi ses habitués Charles Cros, Alphonse allais, Jules Laforgue,
Jean Richepin... excusez du peu!
Les "hydropathes" sont ceux que l'eau rend malades!
Et l'on devine aisément que leurs verres étaient remplis de liqueurs plus capiteuses!
Nonobstant que le créateur s'appelait Goudeau, ce qui ne manquait pas de provoquer des calembours : Goudeau n'a pas goût d'eau...
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Marcel-Legay chante de sa voix puissante, en remuant sa chevelure, abondante malgré un haut du crâne déplumé qui lui vaut le surnom de "Chauve
Chevelu"!
Quand Salis déménage le Chat noir pour l'installer rue Victor Massé, Marcel-Legay fonde le cabaret de la Franche-Lippée.
Il en créera bien d'autres dont l'existence éphémère prouve, s'il en était besoin, qu'il n'était pas facile de vivre de son talent de poète dans le
Montmartre des plaisirs.
Il persévère cependant et aime mettre de la musique sur les poèmes et les textes de ceux et celles qu'il admire : Coppée, Daudet, Richepin et... Louise
Michel.
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Marcel-Legay et Mystico.
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Il finit par rencontrer le succès mais jamais ne se lassa de se promener dans les rues de la Butte, accompagné de Mystico, et de s'arrêter pour pousser la
chansonnette.
Il ne se consola jamais de la mort de son compagnon et fit graver sur la pierre de la tombe du
cimetière des chiens d'Asnières où il fut enterré :
Mystico, mon bon chien, au poil hirsute, à l'air bohême, Mystico mon bon chien, sauras-tu jamais combien l'on t'aime!
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Quand en 1915 il se sent mourir, il fait venir à son chevet une amie, une chanteuse qui après avoir chanté dans les rues, elle ausssi, connaît un
certain succès et se produit dans les cabarets courus de Montmartre : Eugénie Buffet...
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On dit qu'elle resta près de lui jusqu'à son dernier souffle et ne cessa de chanter les chansons qu'il aimait.
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Un autre jour nous parlerons de cette femme de caractère, cette héroïne de roman qui consigna ses souvenirs dans un livre, illustré par
Steinlen.
Arthur Marcel Legay, cimetière Saint-Vincent, 6ème division, 4ème tombe contre le
mur.
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Marcel-Legay fut enterré au coeur de Montmartre, dans le vieux cimetière Saint-Vincent.
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La pierre s'use et se couvre de lichen tandis que des cigales, autour du médaillon, deviennent peu à peu des idées de cigales...
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... et qu'un oiseau de pierre tourné vers le nord désespère de retourner un jour au pays d'Artois...
Je vous propose d'écouter, avant de quitter Marcel Legay cet hymne que tous les Nordistes connaissent et qu'ils chantent la larme à
l'oeil!
Je voudrais juste raconter un petit souvenir d'enfance...
Dans la bonne ville d'Arras, notre prof de musique nous apprenait vaillamment cette chanson et pour nous amener à prononcer correctement les paroles, il
nous reprenait au moment où nous chantions "Ecoutô mon coeur" :
"Mais non! Séparez bien les syllabes, jamais de couteau près du coeur!"
Nous abandonnions alors le couteau et chantions avec application : Ecoute ô mon coeur!
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Jean Lumière chante la chanson de Marcel-Legay : Ecoute ô mon coeur
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Ecoute ô mon coeur
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Enfant à l'âme inasservie
Jadis entraîné loin de toi,
Sol natal je revois ma vie,
Près d'un berceau sous l'humble toit;
Et dans mes soirs de rêverie
S'en va vers mon coeur attristé
L'écho de tes berges fleuries
Et mon hiver est un été.
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Refrain : Ecoute, ô mon coeur, écoute la harpe
Du vent de chez nous, du pays d'Artois.
C'est un très vieux air, des bords de la Scarpe
Qui chante aujourd'hui tout comme autrefois.
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Devenu plus grand c'est la terre
Terre d'Artois au sol fécond,
Qui consola ma peine amère
Avec ce refrain vagabond;
Et mes yeux aux clartés de cierges,
Parmi l'herbe où j'allais m'asseoir,
Voyaient danser de pâles vierges
Dans les ombres vagues du soir.
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Refrain.
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Cependant renaît comme un songe,
Tout au fond de mon souvenir,
Sans l'illusion du mensonge
un printemps qui ne peut finir;
Et le labeur des belles filles
Qui s'en vont aux jours des moissons
Fauciller le pain des familles,
S'achève au vol de tes chansons.
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Refrain.
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Liens :
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