A quelques kilomètres d'Oléron, le château de la Gataudière, classé monument historique, intérieur et extérieur, mérite que vous fassiez un petit détour.
Il ne reste pas une pierre du Moyen-Âge et pour une fois les guerres de religion si destructices en cette région n'y sont pour rien!
C'est son propriétaire, François Fresneau (1703-1770), découvreur de l'hévéa, ingénieur du roi, mathématicien, botaniste et explorateur (ouf!) qui fit détruire la demeure médiévale pour édifier ce château harmonieux et clair.
Cette carte postale permet de l'apercevoir à travers les arbres qui, comme la presque totalité de ceux des jardins ont été déracinés ou mutilés par la tempête de 1999.
La petite fille de l'inventeur du caoutchouc épouse en 1794 François Chasseloup de Laubat qui sera sénateur, marquis et pair de France après avoir été Commandant en chef du Génie dans la Grande Armée!
Ce nom de Chasseloup aurait été donné à son auguste lignée par les villageois reconnaissants de se voir libérés des prédateurs par ces seigneurs et saigneurs. Il n'y a donc plus de loups en Charente maritime. D'autres prédateurs s'y ébrouent librement sans que ne se dresse devant eux un Seigneur de Chasse-promoteur!
La façade orientale de la demeure, de style Louis XIV, est un exemple d'harmonie et d'élégance. La blancheur de la pierre de Crazanne, la simplicité du décor de pilastres ioniques, le rythme des fenêtres lui confèrent cet équilibre entre rigueur et grâce, qui définit le grand style français.
La façade ouest, face aux vents dominants et au proche océan, ouvre son étage noble sur une terrasse ornée d'une élégante grille Régence. C'est de ce côté que le château révèle sa plus grande originalité et son plus grand charme. Il est conçu pour la vie et non pour l'apparat. Il s'ouvre sur l'espace, laisse entrer la lumière et le ciel.
Le fronton est décoré d'une "Flore" souriante qui avec l'aide de petits amours potelés tend vers la Terre une guirlande de roses.
Les trophées qui encadrent les fenêtres ne sont pas consacrés à la guerre mais aux activités qui assuraient une relative prospérité à la région: l'ostréiculture, la viticulture et la saliculture. Cette dernière, aujourd'hui très marginale a été supplantée par la Touristoculture!
L'ostréiculture
La saliculture
La viticulture
Contrairement à bien des châteaux de la Loire et d'ailleurs, celui-ci a préservé son décor et son mobilier. A la Révolution, le château fut épargné et pendant la deuxième guerre, les meubles et les objets précieux furent murés dans une cave et échappèrent ainsi à la voracité nazie.
On entre dans le Château comme on entre chez des amis. Pas d'ostentation, pas de vestibule écrasant, une pièce dont le plafond bas est surprenant, un escalier de belle envolée qui conduit aux salons....
Sur les murs quelques portraits d'ancêtres... Des hommes austères et guindés... et cette jolie femme du XVIIème, un peu ennuyée, un peu boudeuse, qui semble se demander ce que nous faisons chez elle!
Les pièces de réception, au nombre de trois ont gardé une fraîcheur, une harmonie qui parlent de la douceur de vivre... Elles font que ce Château ne ressemble pas à un musée mais à un lieu où l'on aimerait s'arrêter, écouter de la musique et boire un petit pineau. Le propriétaire actuel, tout guide qu'il soit, n'oublie pas qu'il est prince Murat... et que l'hospitalité a ses limites!
La salle à manger est recouverte de boiseries qui ont retrouvé leurs teintes originelles. Des toiles peintes au-dessus des portes et du trumeau représentent des scènes de chasse ou des animaux morts, dans le goût d'Oudry. Elles sont assombries et sans grand intérêt, me semble t-il.
Le salon de pierre est la plus belle pièce du Château avec ses pilastes corinthiens et ses trophées qui rendent hommage aux Arts et aux Saisons.
Le lustre de bronze
Le mobilier est resté en place. Les chaises et les fauteuils accueillent depuis trois siècles des générations de nobles derrières...
Le salon bleu a gardé sa tapisserie d'origine, une brocatelle Louis XV. Les toiles au-dessus des portes, dans le goût de Boucher représentent des scènes mythologiques un tantinet sensuelles...
La chapelle, petit édifice rectangulaire du XIXème n'a pas grand intérêt. Ce qui n'est pas le cas de ce très beau baptistère du IXème siècle. Sans doute apporté de Bretagne avec son décor celtique stylisé.
Après la visite, une promenade s'impose autour du Parc aux Daims. On essaie de ne pas penser à la chasse et on se dit que ces animaux pacifiques sont heureux et que sans être classés monuments historiques, ils n'en sont pas moins des chefs d'oeuvre vivants...
J'espère sans trop y croire qu'ils ne se retrouveront pas un jour dans nos assiettes!
Liens :
Tous les articles "Charente maritime"
Cimetière Montmartre. Classement alphabétique. Calvaire et Saint-Vincent.
...........................................................................................................
Oléron
Oléron. Clocher église Saint-Pierre.
Oléron. Nicolas Greschny. Eglise Saint-Pierre.
Oléron. Chapelle de Grand-Village. Les animaux. Elie Murat.
Fort Louvois. Bourcefranc, Le Chapus.
............................................................................................................
...