Elle est l'oiseau des marais que je préfère, demoiselle élégante et précieuse dans son plumage que caresse le soleil.
L'aigrette est un petit héron blanc qui aime l'île d'Oléron, malgré les coups de feu qui dès septembre mettent fin à la tranquillité, à la sérénité des paysages d'eau et de ciel.
Normalement elle n'est pas chassée mais je n'ai pas le courage de ramasser celles que je trouve parfois abattues d'une balle.
Certains chasseurs ne résistent pas à faire un carton sur elles pour se défouler et se rassurer sur leur virilité quand leur prédation a été selon eux trop maigre.
Pourtant la période la plus mortifère pour l'espèce appartient au passé, à la mode de la plume au chapeau.
Les chapeliers ornaient les coiffes des élégantes de leurs plumes immaculées et soyeuses.
Contrairement à ces "élégantes" de jadis, l'aigrette ne porte pas toujours à l'arrière de la tête des plumes qui bougent dans le vent.
Dès l'automne elle les abandonne pour ne s'en coiffer de nouveau qu'au printemps à la saison des amours.
Grâce à son adaptation et à sa remontée vers le nord, l'aigrette a pu traverser avec succès l'époque chapelière!
Venue du sud, présente sur tout le pourtour méditerranéen, elle a peu a peu conquis notre façade atlantique dont elle apprécie la douceur et la richesse des zones marécageuses.
Parce que la demoiselle est frileuse dans sa parure de mariée!
Elle fait partie des espèces migratrices qui s'envolent vers l'Afrique quand l'automne et ses froidures s'annonce.
Pourtant, avec le changement climatique et grâce aux ressources que leur offrent les marais de la côte atlantique, certaines ont cessé de migrer.
Elles font leur nid dans les roselières ou comme c'est le cas dans l'île d'Oléron dans de hauts branchages.
Quelques arbres de Saint Trojan ressemblent à des magnolias dont les fleurs blanches seraient des oiseaux.
Si chez nous elles n'ont pas inspiré les poètes et les peintres, il n'en est pas de même au Japon où leur silhouette gracieuse et dansante orne les paravents.
On imagine leur voix harmonieuse et légère...
Il n'en est rien car elles émettent un cri rauque qui ressemble à l'aboiement d'un petit chien hargneux.
Et moi qui l'aime depuis la première fois où je l'ai vue, j'ai envie de lui dire, "ça n'est pas grave, "nobody is perfect!"
Longue vie bel oiseau qui fleurit sur les marais et dont le vol calligraphie des poèmes dans le ciel!