Comme chaque été je reviens au refuge des chats du Château d'Oléron et comme chaque été je découvre de nouveaux chats recueillis dans les rues ou les campagnes, abandonnés, meurtris, blessés parfois. Ils ont pris la place laissée par ceux qui sont morts pendant l'année, au bout de leur vie que la bonté des bénévoles du refuge a permis de prolonger à l'abri de la misère et des cruautés.
J'ai rencontré leur regard levé vers moi et comme à chaque fois qu'un animal me regarde j'ai senti à quel point l'homme n'était pas à la hauteur du rôle qui devrait être le sien de protecteur des êtres vivants. L'homme le plus souvent dispose d'eux à son gré pour son plaisir ou ses intérêts. Le Création est en souffrance et en agonie, les forêts, les rivières, les animaux... et les humains les plus vulnérables.
Cosette qui a créé ce refuge et y consacre un temps qu'elle ne compte pas, fait partie avec les bénévoles, des humains qui sont aux avant-postes et qui tentent de colmater les brèches de notre égoïsme et de notre inconscience.
Elle m'a donné quelques nouvelles du refuge qui a remodelé ses espaces. Une nursery a été installée pour recevoir les chatons dans un espace paisible.
Parmi les nouveaux pensionnaires j'ai rencontré Miaou, un beau chat qui a été recueilli après la mort de son ami, de son maître, avec qui il avait vécu une dizaine d'année dans une complicité et une affection si profondes qu'il ne voulait s'éloigner, ne serait-ce qu'un moment de celui avec qui il mangeait, dormait, rêvait.
Quand son ami, son maître est mort, le chat est resté terré dans un recoin de la maison. Personne ne pouvait l'approcher, il n'y avait qu'un humain au monde pour lui. Quand enfin il a pu être capturé et emmené au refuge, il a fallu l'enfermer à part. Il ne supportait pas les autres chats et il avait décidé de se laisser mourir. Des mois sans manger, maintenu en vie grâce à des soins vétérinaires, il attendait que cesse cette vie dont il ne voulait plus.
Et puis un jour, Cosette qui avait remarqué que dans son ancienne maison il y avait sur le sol quelques crevettes desséchées, a eu l'idée de lui proposer sa pâtée avec sur le dessus quelques unes de ces crevettes qu'il avait dû aimer. Miaou a respiré son plat, il a ronronné et s'est mis à manger pour la première fois depuis son arrivée. Les crevettes lui rappelaient son ami, son maître qui se privait pour les lui offrir.
Maintenant Miaou accepte de manger, après quatre mois de repli, comme si cette habitude retrouvée allait lui ramener son ami. Il reste farouche mais accepte de cohabiter avec d'autres chats. Il commence à comprendre qu'il est chez lui dans ce refuge où il a sa corbeille où la nuit il peut rêver à celui qui viendra le rechercher, il en est sûr.
Parmi les autres nouvelles des mois écoulés, comment ne pas dire un mot de deux belles histoires. Un chat recueilli qu'il a fallu câliner, nourrir, surveiller, soigner. Le vétérinaire a pu l'identifier. Il venait de l'autre côté du Pertuis, de la Tremblade. Comment avait-il pu traverser ce bras de mer aux courants redoutables?
Son maître contacté par le refuge est venu sans attendre le chercher. Il nous a donné la résolution de l'énigme. Son chat avait disparu 10 mois plus tôt, le jour où son fils était venu avec sa camionnette de l'autre côté du Pertuis pour lui rendre visite. Sans doute le chat avait-il sauté dans le véhicule sans qu'il s'en rende compte. Au retour, le camion a été garé dans la cour de la maison du Château d'Oléron. Le chat a dû sauter, effrayé sans doute par le voyage bruyant qu'il venait de faire et il s'est réfugié là où il avait pu, tentant de survivre jour après jour jusqu'au moment où maigre et terrorisé il a été cueilli par un bénévole du refuge.
Des histoires comme celles-là, il y en a beaucoup, comme celle de cette chatte que son maître parisien avait perdue pendant les vacances et qui a retrouvé son foyer trois mois plus tard grâce à son identification. Il y eut des retrouvailles faites de sourires, de caresses et de ronrons, interminables, toujours recommencés...
Inutile de dire à tous ceux qui ont des chats que l'identification est une nécessité. Nous en avons la preuve chaque jour dans l'île où les propriétaires de chats viennent passer les vacances avec leur petit compagnon. Les chats sont curieux, enivrés de senteurs et de découvertes. Ils trouvent le moyen de sortir d'une maison qu'ils ne connaissent pas assez pour la retrouver et ils se perdent, devenant la proie des gens malveillants, des autos, et en automne des chasseurs.
Voilà quelques uns de ces visages avec les interrogations et les prières que nous pouvons lire dans les regard levés vers nous.
Les Pachats du Bastion : 10 rue des Remparts. Le Château. 17480. 0666974178
Liens. articles sur les Pachats, année après année. (liste des articles sur les Pachats en fin de page)