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Montmartre secret

Montmartre secret

Pour les Amoureux de Montmartre sans oublier les voyages lointains, l'île d'Oléron, les chats de tous les jours. Pour les amis inconnus et les poètes.

montmartre. rues et places.

Le Mur des Je t'aime. Montmartre.
Le Mur des Je t'aime. Montmartre.

Le mur des je t'aime est devenu un lieu incontournable, passage obligé des amoureux ou des aspirants à l'amour venus visiter Paris.

Le Mur des Je t'aime. Montmartre.
Le Mur des Je t'aime. Montmartre.
Jehan-Rictus (Steinlen)
Jehan-Rictus (Steinlen)

Il est élevé dans le square Jehan-Rictus, place des Abbesses.

Pas sûr que Jehan-Rictus, le poète de la misère et de la révolte soit le meilleur gardien de cette "oeuvre" qui sans doute le ferait sourire.

Le Mur des Je t'aime. Montmartre.
Le Mur des Je t'aime. Montmartre.

Laissons-le soliloquer dans son coin...

La plupart des visiteurs ne savent pas qui il est... et veulent croire qu'ils entrent dans un jardin romantique et bohême...

Paris (Montmartre en particulier) a l'art de se fabriquer des images!

L'ancienne mairie du 18ème place des Abbesses.

L'ancienne mairie du 18ème place des Abbesses.

En cet endroit s'élevait l'ancienne mairie du XVIIIème, où siégea Clémenceau en 1870 et Jean-Baptiste Clément, le poète du Temps des Cerises, pendant la Commune.

Sur un mur pignon assez laid, ont été posés des carreaux de lave émaillée.

Il y en a 612... (je n'ai pas vérifié! mais les matheux peuvent s'y coller : sachant que le mur a une superficie de 40 m2 et que chaque plaque mesure 21cm x29,7cm.... )

Le Mur des Je t'aime. Montmartre.
Le Mur des Je t'aime. Montmartre.

En 1992, un jeune homme, Frédéric Baron, a fait la vendange d'un millier de "je t'aime" exprimés en 311 langues et dialectes, du mandarin au navajo, du berbère au basque...

Le Mur des Je t'aime. Montmartre.
Le Mur des Je t'aime. Montmartre.

Une artiste, Claire Kito les a calligraphiés....

Le Mur des Je t'aime. Montmartre.

Et voilà notre mur habillé pour l'hiver!

Il a la superficie moyenne d'un petit deux pièces parisien pour jeune couple pas trop fauché...

Le Mur des Je t'aime. Montmartre.
Le Mur des Je t'aime. Montmartre.
Le Mur des Je t'aime. Montmartre.

Des éclats rouge vif sont projetés sur le fond bleu marine.

Ils forment les pièces d'un puzzle qui si on les réunissait, dessineraient un coeur parfait,

un coeur irrigué de sang,

un coeur battant!

Le Mur des Je t'aime. Montmartre.
Le Mur des Je t'aime. Montmartre.

C'est la belle idée de cette oeuvre et c'est ce qui lui évite de tomber dans la miévrerie.

On pense à Babel, à toutes ces langues qui séparent les hommes.

Pourquoi tant de mots différents pour dire la même chose?

Le Mur des Je t'aime. Montmartre.
Le Mur des Je t'aime. Montmartre.

Devant ces taches rouge, je pense au Temps des Cerises...

Au sort qu'on réserva sur notre Butte aux hommes et aux femmes qui luttèrent pour qu'un jour tous les habitants de la Terre puissent se dire "Je t'aime".

Le Mur des Je t'aime. Montmartre.
Le Mur des Je t'aime. Montmartre.

Un jour pourtant un jour viendra couleur d'orange

Un jour de palme un jour de feuillages au front

Un jour d'épaule nue où les gens s'aimeront

Un jour comme un oiseau sur la plus haute branche

Le Mur des Je t'aime. Montmartre.
Le Mur des Je t'aime. Montmartre.
Le Mur des Je t'aime. Montmartre.
Le Mur des Je t'aime. Montmartre.
Le Mur des Je t'aime. Montmartre.
Le Mur des Je t'aime. Montmartre.

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Tombe de Maman Perdon. Division 2.

Tombe de Maman Perdon. Division 2.

Voilà une femme hors du commun qui ne trouvait pas exceptionnel de se dévouer pour les autres.

Sa tombe dans le petit cimetière attire l'attention du visiteur.

La veilleuse sur la tombe

La veilleuse sur la tombe

Jeanne Lepailleur est née en 1872 à Paris, dans le XVIIème arrondissement.

Elle épousa à 20 ans monsieur Perdon, un brave homme sans histoire.

Maman Perdon. Cimetière Saint-Vincent.

Elle choisit d'être infirmière par vocation et elle donne la mesure de son dévouement pendant la guerre de 1914.

Les témoignages de nombreux soldats blessés rendent hommage à sa disponibilité et à son attention.

Les hommes souffrants ou angoissés appellent leur mère à leur chevet et c'est l'infirmière qui tente de les rassurer. Très vite, les hommes la surnomment "Maman Perdon".

Maman Perdon. Cimetière Saint-Vincent.
Monument aux infirmières (Pierrefonds)
Monument aux infirmières (Pierrefonds)

Elle est infirmière major à proximité du front. Une de ses amies,Elisabeth Jalaguier est tuée non loin d'elle lors d'un bombardement sur le centre de soins.

Maman Perdon s'engagera après la guerre pour qu'un monument soit érigé à la mémoire des infirmières tuées, à l'emplacement précis où sa camarade avait trouvé la mort.

Maman Perdon. Cimetière Saint-Vincent.

En 1915, à l'hôpital de Villers-Cotterets, elle fait preuve d'un courage exemplaire. Les journaux publient sa citation à l'ordre du jour :

"Madame Juliette Perdon a contribué avec le plus grand dévouement, à soigner les malades et les blessés de l'hôpital d'évacuation, ne reculant devant aucune besogne. Au cours du bombardement du 17 juin 1915, elle vit éclater à moins de dix mètres d'elle un obus de 380 millimètres dont l'explosion l'a couverte de débris de terre, n'en continua pas moins, sans manifester aucune émotion, à donner ses soins aux malades et blessés et ne consentit à quitter l'hôpital qu'après une évacuation complète."

Maman Perdon à 67 ans.

Maman Perdon à 67 ans.

Après la guerre, à Montmartre où elle habite, elle ne compte pas son temps et sa peine pour soigner les malades.

Il n'est pas surprenant qu'en 1939, lors de l'exode, elle apporte du secours aux blessés sur les routes.

Maman Perdon. Cimetière Saint-Vincent.

Elle prend sous son aile des gosses de la Butte, des petits Poulbots particulièrement vulmérables. Elle veille sur eux et les emmène loin de Paris, à l'abri des bombardements. C'est pendant cette "mission" qu'elle est renversée par un camion militaire. Elle est heurtée au visage et perd la vue.

Maman Perdon. Cimetière Saint-Vincent.

Après la guerre, bien que modeste, elle n'est pas insensible aux honneurs. Elle porte avec fierté ses nombreuses médailles!

En 1948, elle est nommée Chevalier de la Légion d'honneur et c'est Robert Schuman qui la décore.

Elle reçoit : la Croix de guerre avec palme, la médaille interalliée, la médaille de la Victoire, la Croix d'honneur du dévouement national et... les Palmes académiques...

L'arrière du 3 (à gauche) donne sur l'est de la Butte.

L'arrière du 3 (à gauche) donne sur l'est de la Butte.

Les dernières années sont un peu tristes. Elle vit seule, sans famille, dans une petite chambre tapissée de souvenirs, 3 place du Tertre.

Sa fenêtre ne donne pas sur la place mais sur l'église Saint-Pierre et le Sacré-Coeur.

Maman Perdon. Cimetière Saint-Vincent.
Maman Perdon. Cimetière Saint-Vincent.

Elle meurt à 82 ans, le 30 novembre 1954.

Elle est enterrée dans le cimetière Saint-Vincent.

Maman Perdon. Cimetière Saint-Vincent.

La stèle sculptée qui orne sa tombe ne la flatte pas!

La bonne infirmière y paraît sévère et raide.

Celle qui apporta tendresse et compassion aux grands blessés apparaît ici, sur une pierre couleur d'ossements...

Elle porte des lunettes rondes qui font penser à des orbites creuses...

Sur son visage, un sourire esquissé se transforme en rictus...

Maman Perdon. Cimetière Saint-Vincent.

Par chance, maman Perdon a perdu la vue et si l'envie lui prenait de sortir de sa tombe à l'appel d'un voisin qui aurait besoin de réconfort, elle n'y verrait que du feu...

Le feu de la veilleuse que des mains reconnaissantes allument parfois sur sa pierre...

La dernière photo de maman Perdon

La dernière photo de maman Perdon

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La Folie Sandrin en 1830

La Folie Sandrin en 1830

La Folie Sandrin aujourd'hui

La Folie Sandrin aujourd'hui

La Folie Sandrin!

Qui ne connaît à Montmartre cette imposante construction sise au 22 rue Norvins, tournant fièrement son fronton vers Paris, l'air de dire qu'aucune demeure, aucun hôtel de la capitale ne jouira jamais d'une telle situation ni d'une telle vue?

Au 1er plan le réservoir. La grille d'entrée telle qu'elle est restée depuis le sieur Sandrin.

Au 1er plan le réservoir. La grille d'entrée telle qu'elle est restée depuis le sieur Sandrin.

Les bâtiments dont une partie remonte au XVIIIème siècle se sont d'abord appelés Palais Bellevue. C'est sous ce nom qu'ils deviennent la propriété en 1774 d'Antoine Gabriel Sandrin (parfois orthographié Cendrin).

Notre homme a fait fortune dans la bougie! Il est en effet Maître et marchand chandelier.

Atelier du Maître Chandelier (ou cirier).

Atelier du Maître Chandelier (ou cirier).

La propriété acquise par Sandrin était telle qu'elle avait été édifiée à la fin du XVIIème siècle, un peu austère au goût du chandelier, homme des lumières avant la lettre, qui rasa quelques bâtiments annexes et fit édifier une demeure vaste et claire dans ce village de Montmartre où elle fut appelée aussitôt "Folie Sandrin".

Rappelons s'il en était besoin que la folie n'est pas la maladie que tentera de soigner en ce lieu le célèbre Docteur Blanche, mais une "feuillée" c'est à dire une maison de campagne sous les arbres !

Des rocailles ensauvageaient les jardins et furent à l'origine du nom de maison des rochers que certains Montmartrois donnèrent alors à la folie.

La Folie Sandrin. Montmartre. Rue Norvins.
La Folie Sandrin. Montmartre. Rue Norvins.

Une description notariale a été rédigée pour la vente de la propriété en 1795 à un marchand de vin (clin d'oeil de l'histoire puisque le réservoir situé devant la folie est devenu le siège de la commanderie pinardière du Clos Montmartre, soucieuse de promouvoir dans l'univers la production des vignes locales).

Elle nous donne une idée de l'opulence de cette demeure qui comportait 24 pièces et était entourée d'un vaste jardin aménagé, à l'arrière, dans le goût anglais.

Arrière de la folie rue des saules. Les jardins.

Arrière de la folie rue des saules. Les jardins.

La folie depuis la rue des Saules.

La folie depuis la rue des Saules.

Philippe Pinel (1745-1826) dont le docteur Prost est disciple.

Le marchand de vins ne fit pas fortune et, en 1805, revendit sa propriété au docteur Prost, aliéniste disciple de Philippe Pinel qui,s'insurgeant contre les traitements inhumains réservés aux "fous" (chaînes, électricité...) prônait un traitement "moral" de la folie. Il importait pour lui de traiter les malades avec bienveillance et compassion, leur parler, vivre avec eux...

Le docteur Prost partageait ses repas avec ses pensionnaires, les écoutait, les traitait avec respect. Il obtint des résultats si encourageants que son établissement devint célèbre.

Pinel libère de leurs chaînes les aliénés de la Salpétrièree. (Robert Fleury 1795)

Pinel libère de leurs chaînes les aliénés de la Salpétrièree. (Robert Fleury 1795)

Au coeur du village, la maison de santé du docteur Prost. (gravure 1820)

Au coeur du village, la maison de santé du docteur Prost. (gravure 1820)

Esprit Sylvestre Blanche (seule photo connue du docteur)

En 1820 le docteur Prost cèda son établissement qui avait acquis une réputation flatteuse à un autre docteur, Esprit Blanche (1796-1852).

Avec lui, la Folie Sandrin entra dans l'histoire littéraire. Un des plus grands poètes du XIXème siècle, Gérard de Nerval y séjourna en effet

Il la décrivit dans "La Bohême Galante" comme une "villa fashionable et même aristocratique"!g>

La Folie Sandrin. Entrée 22 rue Norvins.

La Folie Sandrin. Entrée 22 rue Norvins.

Utrillo (1910)

Utrillo (1910)

C'est en 1841 qu'il est accueilli à la Folie Sandrin. La maison lui paraît luxueuse, en contraste total avec les asiles d'aliénés où les malades sont à peine mieux traités que des animaux. Les tarifs sont si élevés que le poète n'aurait jamais pu y payer sa pension si la générosité du docteur Blanche n'avait acccordé la gratuité aux artistes.

Nerval est atteint de psychose maniaco-dépressive doublée de schizophrénie, une maladie que l'on traite aujourd'hui par la chimie. Le docteur Blanche le juge incurable.

Maison de santé du docteur Blanche à Passy.

Maison de santé du docteur Blanche à Passy.

Emile Blanche (John singer Sargent)

Nerval apprécie le calme et le charme de Montmartre au point qu'il choisira d'y séjourner en 1846, au Château de Brouillards.

Quand il subira sa grande crise en 1853-1854, il retrouvera le docteur Blanche.

Mais la maison de soins aura déménagé à Passy et le docteur Blanche ne se prénommera plus Esprit mais Emile (fils du précédent).

C'est pendant ce dernier séjour qui précèdera sa mort qu'il écrira Aurélia où rêve et réalité se mêlent, où sont percées les "portes d'ivoire ou de corne qui nous séparent du monde invisible".

Jacques Arago

Jacques Arago

Portrait du chef hawaïen Ooro (Jacques Arago. 1819)

Portrait du chef hawaïen Ooro (Jacques Arago. 1819)

Parmi les pensionnaires célèbres du docteur Blanche à Montmartre, on trouve Jacques Arago (1790-1854)

Frère de Jean et de François (le plus célèbre des trois) il est à la fois écrivain et explorateur. Il rapporte de ses voyages de nombreux croquis.

C'est lui qui nous laisse dans son ouvrage "Paris ou le livre des cent et un" la description la plus complète du docteur Blanche, de sa femme et de la "maison de fous" comme il l'appelle :

Au haut de la butte Montmartre, sur un tertre dominé par les bras gigantesques de plusieurs moulins à vent, est un édifice irrégulier de quelque apparence, dont la façade blanche, assez élégante, appelle les regards des curieux (...) Le derrière de la maison donne sur un jardin à l’anglaise, petit, mais agréable. Les malades, les idiots, les fous, s’y promènent à volonté ; ceux dont la folie est dangereuse sont séparés des autres par une haute palissade de planches, qu’ils ne peuvent ni franchir, ni abattre. D’un côté la douleur, de l’autre le </em>désespoir (...)

En 1899. Dessin de Pierre Vidal.

En 1899. Dessin de Pierre Vidal.

La Maison du docteur Blanche en 1906

La Maison du docteur Blanche en 1906

La Folie Sandrin. Montmartre. Rue Norvins.

Monrose dans l'Etourdi de Molière.

Un autre pensionnaire célèbre fut Claude Barizain (1783-1843) acteur du théâtre Français connu sous le nom de Monrose.

Il était spécialisé dans les rôles impertinents de valets, tels Scapin, Crispin ou Sganarelle. Spirituel et primesautier sur scène, il était dans la vie d'une grande mélancolie. Une "mélancolie incurable" diagnostiquera le docteur Blanche.

Quand sa femme meurt en 1841, il reste prostré, frappé d'amnésie. Il est conduit en 1842 dans la maison de Montmartre.

En janvier 1843, le docteur Blanche l'accompagne au théâtre où devant son public, Monrose, retrouvant soudain la mémoire, joue sans une faute le rôle de Figaro dans le Barbier de Séville. Il connaît un immense et ultime succès dû à sa performance et à l'émotion de ses admirateurs qui savaient qu'ils assistaient à un adieu.

Trois mois et demi plus tard, Monrose meurt dans son refuge montmartrois. Il est enterré au cimetière Montmartre.

Emilie de Lavalette.

Parmi les hôtes célèbres de la Maison Blanche, mention doit être faite d'une grande amoureuse : Emilie de Lavalette (nièce de Joséphine de Beauharnais, 1781-1855)

Emilie de Lavalette à la Conciergerie. D'après Dévéria.

En 1815, pendant la "Terreur Blanche", son mari, Antoine de Lavalette, ancien aide de camp de Napoléon, est arrêté et condamné à mort. Emilie se rend avec sa fille à la Conciergerie où il est incarcéré. Après avoir dit adieu à son mari elle quitte la prison. On découvrira, trop tard pour le rattraper, qu'Antoine est ressorti déguisé en femme avec sa fille tandis qu'Emilie prenait sa place dans sa cellule!

Après des mois d'emprisonnement éprouvant où elle est traitée sans ménagement, Emilie a recours aux soins du docteur Blanche qui dans un premier temps la remet d'aplomb. Mais après la mort de sa fille, sa raison défaille de nouveau. Elle ne reconnaîtra pas son mari revenu d'exil.

La Folie Sandrin. Montmartre. Rue Norvins.
La Folie Sandrin. Montmartre. Rue Norvins.

Après le départ du docteur Blanche, sa maison connaît divers avatars.

Elle devient jusqu'en 1875 une institution de demoiselles de bonne famille, sous la houlette d'une certaine veuve Mathieu.

La veuve disparue, une fabrique de broderies avec de jolies brodeuses style Mimi Pinson, occupa les lieux. Elle appartenait à un Monsieur Gilbert dont je n'ai trouvé aucune trace!

Folie Sandrin. Cours Normal de Montmartre (1964)

Folie Sandrin. Cours Normal de Montmartre (1964)

La fabrique fait faillite. Un institut normal de jeunes filles prend possession des lieux dans les décennies 1950 et 60.

Hélène, une Montmartroise qui y fut élève se rappelle son école :

"J'ai été élève au Cours Normal de Montmartre dans les années 58-60. J'en ai gardé le souvenir de bâtiments vétustes (le plafond de la salle de classe menaçait de s'effondrer!) et d'un immense jardin où nous faisions la gym et allions en récré.

Le jardin était boisé et mal et moins bien entretenu mais il avait plus de charme."

Cours Normal de Montmartre. Les jardins.

Cours Normal de Montmartre. Les jardins.

La Folie avant les travaux de réhabilitation

...et puis Montmartre devient la proie des promoteurs aux longues dents. La folie est rachetée, restructurée, modernisée et vendue en appartements de luxe!

Les travaux. En route vers la Résidence de luxe!

Les travaux. En route vers la Résidence de luxe!

Jean Marais. Orphée.

Jean Marais. Orphée.

Respectons l'anonymat de ses heureux habitants.

Parmi ceux qui après y avoir vécu ont quitté à tout jamais la Butte, retenons le plus flamboyant d'entre eux, Jean Marais, qui partageait sa vie entre Vallauris et Montmartre!

La Folie Sandrin. Montmartre. Rue Norvins.
Folie Sandrin. Jardins.

Folie Sandrin. Jardins.

La propriété se protège derrière ses grilles et ses murs.

Le prix du m2 peut y flirter avec les 22 000 euros.

Le bon docteur Blanche n'aurait plus les moyens d'y installer sa maison de soins et Nerval irait se pendre ailleurs!

La Folie Sandrin. Montmartre. Rue Norvins.
La Folie Sandrin. Montmartre. Rue Norvins.

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Le Château des Brouillards. Montmartre.

C'est un des lieux les plus romantiques de la Butte.

Son nom fait rêver.

On imagine, émergeant de la brume un palais de contes de fées, avec quelques sorcières rôdant aux alentours.

Le Château des Brouillards. Montmartre.

La réalité est plus prosaïque et pourtant...

Montmartre en 1789. Les canons.

Montmartre en 1789. Les canons.

A l'origine, c'est à dire au début du XVIIème siècle, il y avait sur ce versant de la Butte un terrain vague où se délabraient une vieille ferme abandonnée et un moulin qui battait de l'aile!

Il s'était appelé "moulin des brouillards" avant d'être baptisé "moulin du vin".

Nous sommes à l'époque des "folies", ces résidences campagnardes que les nobles ou les bourgeois enrichis se font construire à proximité des villes.

Un avocat au Parlement de Paris, un certain Legrand Ducampjean, tombe amoureux de l'endroit. Il achète le terrain de 7000 m2, rase les ruines de la ferme et du moulin pour faire construire sa "folie".

Bien que relativement modeste elle est vite appelée "château" par les villageois.

La fontaine du But (autrefois du Buc)

La fontaine du But (autrefois du Buc)

En contrebas se trouve la Fontaine du But.

Cette fontaine, à l'origine Fontaine "du buc" est située dans le tournant de la rue de l'Abreuvoir et de la rue Girardon, au pied de l'escalier qui aujourd'hui permet de rejoindre la place Constantin Pecqueur (jadis place de la Fontaine du but).

Le Château des Brouillards. Montmartre.

C'est là que les meuniers de la Butte amenaient leurs ânes, c'est encore là que les éleveurs venaient laver leurs boeufs avant de les conduire à l'abattoir.

De la fontaine s'élevaient des vapeurs qui certains jours d'hiver formaient un rideau de brume. Il n'en fallait pas plus pour que la rue fût appelée rue des Brouillards de même que le "château" construit à proximité.

Certains adorateurs de la dive bouteille prétendent que le nom de "brouillards" daterait du moulin du vin où le soir de joyeuses compagnies vidaient force tonneaux et se retrouvaient dans un état comateux dû à la boisson sacrée!

Le Château des Brouillards. Montmartre.

L'avocat fait édifier un bâtiment central et deux pavillons au milieu de ses terres et de ses vignes qui descendaient au-delà de la rue Caulaincourt actuelle.

Notre homme est bien placé pour sentir tourner le vent!

Il liquide ses biens avant que n'éclate la Révolution, place son argent en pièces d'or et attend à l'écart que s'éloigne la tourmente.

On ignore alors ce que devient sa "folie".

Le Château des Brouillards. Montmartre.

On ne retrouve des traces de son histoire qu'en 1818. Le domaine est alors divisé en deux parties et vendu à deux acquéreurs.

C'est vers 1828 que Nerval serait venu y résider.

En bon Montmartrois dont la bonne foi est égale à celle des Marseillais, j'estime que c'est une certitude!

Nerval y a vécu pendant presque 10 ans et c'est en ce lieu champêtre qu'il a écrit son Voyage en Orient, parole de Montmartrois!

Il a tellement aimé l'endroit qu'il l'a évoqué dans Promenades et Souvenirs :

..."Ce qui me séduisait avant tout, dans ce petit espace abrité par les grands arbres du château des Brouillards, c'était le reste du vignoble lié au souvenir de Saint-Denis qui, au point de vue philosophique, était peut-être le second Bacchus..."

Le Château des Brouillards. Montmartre.

C'est un éclairage intéressant sur saint Denis dont le nom, comme chacun sait, vient du grec Dionysos, c'est à dire le dieu du vin, le Bacchus des Latins.

Qu'il ait perdu la tête au milieu des vignes apporte de l'eau (!) au moulin de ceux qui affirment que les "brouillards" sont ceux de l'ivresse!

Entrée du Château des Brouillards rue Girardon

Entrée du Château des Brouillards rue Girardon

Montmartre en 1848 (photo le Gray, bnf)
Montmartre en 1848 (photo le Gray, bnf)

En 1848, pendant la révolution, le Club Républicain de Montmartre siège dans le "château" sous la direction de Léon Chautard.

Allée des Brouillards
Allée des Brouillards

En 1850 le parc est en partie sacrifié, les bâtiments annexes sont détruits pour laisser place à une série de modestes pavillons, là où s'élèvent aujourd'hui les immeubles très recherchés de l'Allée des Brouillards.

Château des Brouillards (Parisienne de photos)

Château des Brouillards (Parisienne de photos)

Le Château des Brouillards. Montmartre.

Les pavillons de bois sont proches du Maquis fait de cabanes et de constructions hétéroclites qui couvraient toute l'avenue Junot actuelle.

Il n'est donc pas étonnant qu'ils aient été parfois occupés par des artistes sans le sou. Steinlen, l'homme au grand coeur, passionné de justice et de chats y aurait vécu avant de s'établir plus bas, dans son Cat's Cottage ouvert aux miséreux et aux matous faméliques.

Le Château des Brouillards. Montmartre.

En 1889 Renoir débarque avec sa petite famille dans le pavillons 6.

L'entrée se fait par la grille du Château au 13 rue Girardon.

Jean Renoir (Auguste Renoir)

Jean Renoir (Auguste Renoir)

Son fils Jean y voit le jour et c'est là qu'il passe les trois premières années de sa vie.

Il garde le souvenir du jardin sauvage, des chèvres qui y venaient brouter. Le panthéisme qui inspirera certains de ses plus beaux films doit sans doute quelque chose à la Butte encore sauvage où vivaient artistes et marginaux.

Aline Renoir, modèle pour les Canotiers.

Aline Renoir, modèle pour les Canotiers.

Le Château des Brouillards. Montmartre.

Parmi eux le pittoresque Bibi la Purée qui s'invite parfois dans la cuisine d'Aline Renoir.

Jean parlera plus tard d'un couple moderne de deux gentils garçons, toujours tirés à 4 épingles et qui avaient entouré leur pavillon de clochettes et de sonnailles qui les avertissaent de l'approche d'un visiteur, fût-il un petit garçon qui savait à peine marcher!

Un beau matin la police débarqua et malgré le tintement des cloches, investit le pavillon. Les deux oiseaux n'étaient plus dans le nid! Ils avaient pris la poudre d'escampette et l'on ne retrouva au logis que du matériel d'imprimerie et des liasses de faux billets!

Dorgelès se souviendra de cette histoire dans son roman "Le Château des Brouillards"!

Gabrielle et Jean Renoir (Auguste Renoir)

Gabrielle et Jean Renoir (Auguste Renoir)

Gabrielle
Gabrielle

La femme de Renoir fait venir de sa province pour la naissance de son deuxième fils, Gabrielle qui servira de nourrice au petit Jean et de modèle maintes fois brossé au grand Auguste!

Zola et Alexis
Zola et Alexis

Parmi les voisins de Renoir figure Paul Alexis, écrivain naturaliste surnommé "l'ombre de Zola" qui participe aux Soirées de Médan et qui comme son maître défend avec véhémence Dreyfus. Sa fille Paule est parfois présente dans les toiles de Renoir.

Château côté Girardon

Château côté Girardon

Entrée, rue Girardon

Entrée, rue Girardon

Le Château des Brouillards. Montmartre.

Les pavillons ont abrité d'autres hôtes qui deviendront illustres. Léon Bloy y résida de 1904 à 1905 pavillon 3)

De retour de ses années danoises il s'était installé à Lagny ("Cochons sur Marne") qu'il fuit en 1904 pour vivre à Montmartre où il rencontre Rouault le peintre qui lui ressemble le plus.

Cocteau y fit un bref passage et puis... Montmartre devint à la mode et le maquis fut détruit.

Le château trembla plusieurs fois sur ses fondations car de nombreux projets le rayaient de la carte pour laisser place à des immeubles cossus.

Il importe de rendre hommage à Victot Perrot, notaire, historien et président du Vieux Montmartre qui l'acheta, le restaura et, une fois ruiné, en vendit une partie.

Le Château des Brouillards. Montmartre.

L'allée des Brouillards se transforma en ruelle, les pavillons légers disparurent, remplacés par de petits immeubles pour artistes et bourgeois désireux de se donner une image de bohême (de luxe).

Citons par exemple Jean-Pierre Aumont. Une plaque commémorative rappelle au passant qui risquerait de l'oublier, que le comédien y vécut (n° 4) de 1980 à 2000.

La suite n'a que peu d'intérêt... mais beaucoup d'intérêts...

En 2002 le château est racheté par un nabab belge enrichi par les jeans de luxe.

En 2012 il le revend à un prix astronomique après une restauration luxueuse qui n'a pas toujours respecté le charme du vieux bâtiment.

Mais où sont les brouillards d'antan?

Neige et brouillard

Neige et brouillard

Entrée hier

Entrée hier

Entrée aujourd'hui

Entrée aujourd'hui

Allée des Brouillards et rue de l'Abreuvoir

Allée des Brouillards et rue de l'Abreuvoir

Vu par Utrillo

Vu par Utrillo

A quels seins se vouer?

A quels seins se vouer?

Côté Place Casadesus

Côté Place Casadesus

L'arrière sur le square... le grand n'importe quoi architectural

L'arrière sur le square... le grand n'importe quoi architectural

Le Château côté rue Girardon par Utrillo

Le Château côté rue Girardon par Utrillo

Le Château des Brouillards. Montmartre.
Le Château des Brouillards. Montmartre.
Le Château des Brouillards. Montmartre.

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Suzanne Gabriello. Cimetière Saint-Vincent. Brel. Ne me quitte pas!

La tombe de la famille Gabriello est répertoriée (division 3) parmi celles des célébrités du petit cimetière Saint-Vincent.

Il y a fort à parier pourtant que la plupart des touristes étrangers qui visitent l'endroit et photographient le marbre rose d'Utrillo l'ignorent.

Suzanne Gabriello. Cimetière Saint-Vincent. Brel. Ne me quitte pas!
Gabriello à droite. (Trois marins en bordée, comédie de Couzinet)
Gabriello à droite. (Trois marins en bordée, comédie de Couzinet)

André Gabriello (1896-1975) de son vrai nom Galopet est un chansonnier et un acteur spécialisé dans les seconds rôles "de poids". Il apparaît dans bon nombre de navets du cinéma français mais aussi dans "l'Assassin habite au 21" tourné à Montmartre par Clouzot où il joue le rôle du commissaire Pussot.

Suzanne Gabriello ( Cliché Parisienne de photographie)

Suzanne Gabriello ( Cliché Parisienne de photographie)

Du Mouron pour les Petits Oiseaux. (Carné)
Du Mouron pour les Petits Oiseaux. (Carné)

Sa fille Suzanne (1932-1992) est enterrée dans la même tombe.

Artistiquement, elle suivit les traces de son père et se spécialisa dans la chanson parodique. Elle tourna dans quelques films, des rôles secondaires, notamment dans "Du mouron pour les petits oiseaux" de Carné (enterré dans le même cimetière) où elle incarne une concierge parigote.

 "Les Filles à Papa". De gauche à droite : Suzanne Gabriello, Françoise Dorin, Perrette Souplex)

"Les Filles à Papa". De gauche à droite : Suzanne Gabriello, Françoise Dorin, Perrette Souplex)

Bref, ce n'est pas sa carrière, ni sa présence dans le trio des "Filles à papa" avec Françoise Dorin et Perrette Souplex, ni sa participation aux jeux de 20 heures qui lui assurent de nos jours une petite renommée. C'est une histoire d'amour.

Suzanne Gabriello. Cimetière Saint-Vincent. Brel. Ne me quitte pas!

Les histoires d'amour finissent mal en général.

Parfois elles finissent par une chanson.

C'est le cas de l'histoire qui unit pendant quelques années celle qui était présentatrice à l'Olympia et celui qui allait connaître un succès foudroyant sur la même scène en 1958, Jacques Brel.

Photo Serge Hambourg (Brel 1967)

Photo Serge Hambourg (Brel 1967)

Suzanne parlera d'un "coup de foudre", Brel sera beaucoup plus réservé.

Ce qui est vrai c'est que les amants partent ensemble en tournée (Suzanne dans le trio des Filles à papa).

Ils ont pour leurs week-ends amoureux un nid d'amour rêvé, avec vue sur cette mer que Brel a chantée et sur ces ciels immenses qui ressemblent à ceux du plat pays.

Villa Fa-Zou à Equihen. (photo Voix du Nord)

Villa Fa-Zou à Equihen. (photo Voix du Nord)

La famille Gabriello possède une villa sur la falaise, face aux marées, à Equihen près de Boulogne sur mer.

Suzanne et Jacques s'y retrouvent loin des journalistes et de l'agitation du show biz.

Villa Fa-Zou (voix du Nord)

Villa Fa-Zou (voix du Nord)

La villa balnéaire s'appelle Fa-Zou du nom des filles d'André Gabriello, Françoise et Suzanne (surnommée Zizou bien avant Zidane!)

Brel, Miche et leurs trois filles.

Brel, Miche et leurs trois filles.

Suzanne aurait désiré que son amant lui consacrât plus de temps. Peut-être a t-elle demandé à Brel de quitter sa femme.

Elle ne savait pas que Miche, l'épouse aimante, était le véritable grand amour de Brel.

Miche connaissait son homme et ses infidélités.

Elle l'aimait au-delà des blessures et des humiliations. Elle restera 28 ans avec lui.

Brel parle d'elle comme de "l'amie et l'amante de sa vie".

Sont-ce les exigences de sa maîtresse ou la lassitude, toujours est-il que Brel quitta Suzanne pour partir vers d'autres conquêtes...

Suzanne Gabriello. Cimetière Saint-Vincent. Brel. Ne me quitte pas!

Mais, c'est du moins ce que la légende et Suzanne affirment, il écrit pour elle, en guise d'adieu une de ses plus belles chansons : Ne me Quitte pas!

Il fait preuve dans ses paroles d'une mauvaise foi très brellienne en se mettant dans la peau de celui qui est plaqué!

Il est vrai que ce qu'il trouva de mieux pour se déculpabiliser de laisser tomber sans ménagement ses amoureuses et d'être infidèle à Miche, fut de déconsidérer l'amour comme une vaste blague et les femmes comme des ennemies des hommes et de leurs rêves... Plus misogyne que Brel tu meurs!

Suzanne Gabriello. Cimetière Saint-Vincent. Brel. Ne me quitte pas!

Toujours est-il que la chanson connaît un succès international. Elle est interprétée par Sinatra, Ray Charles, Nina simone, Shirley Bassey, Cyndi Lauper, Barbra Streisand, Madonna, David bowie, Sting....

S'ils avaient connu le nom de son inspiratrice, les touristes étrangers de passage auraient sans doute fait un détour de quelques mètres pour aller d'Utrillo à Gabriello!

Suzanne Gabriello. Cimetière Saint-Vincent. Brel. Ne me quitte pas!

En février 2015 la maison des amoureux a été démolie.

Construite au bord de la falaise, elle menaçait de s'écrouler.

Image du temps qui passe avec ses gros souliers et ses pelleteuses.

Suzanne Gabriello. Cimetière Saint-Vincent. Brel. Ne me quitte pas!

Il ne reste de l'histoire d'amour de Brel et Gabriello qu'une chanson belle et désespérée.

Elle résonne dans ce cimetière comme une prière que l'on sait inutile.

Les amours épuisées n'ont aucune chance de revivre,

De même, les êtres aimés que la mort nous ravit n'ont aucune chance de revenir, deviendrait-on pour les attendrir l'ombre de leur ombre, l'ombre de leur main, l'ombre de leur chien...

Ne me quitte pas

Il faut oublier

tout peut s'oublier

Qui s'enfuit déjà,

Publier le temps

Des malentendus

et le temps perdu

A savoir comment

Oublier ces heures

Qui tuaient parfois

A coups de pourquoi

Le coeur du bonheur

Ne me quitte pas...

.

Moi je t'offrirai

Des perles de pluie

Venues de pays

Où il ne pleut pas

Je creuserai la terre

Jusqu'après ma mort

Pour couvrir ton corps

D'ombre et de lumlière

Je ferai un domaine

Où l'amour sera roi

Où l'amour sera loi

Où tu seras reine

Ne me quitte pas...

.

Ne me quitte pas

Je t'inventerai

Des mots insensés

Que tu comprendras

Je te parlerai de ces amants-là

Qui ont vu deux fois

Leurs coeurs s'embraser

Je te raconterai

L'histoire de ce roi

Mort de n'avoir pas

Pu te rencontgrer

Ne me quitte pas....

.

On a vu souvent

Rejaillir le feu

De l'ancien volcan

Qu'on croyait trop vieux

Il est paraît-il

Des terres brûlées

donnant plus de blé

Qu'un meilleur avril,

Et quand vient le soir

Pour qu'un ciel flamboie

Le rouge et le noir

Ne s'épousent-ils pas

Ne me quitte pas...

.

Ne me quitte pas

Je ne vais plus pleurer

Je ne vais plus parler

Je me cacherai là

A te regarder

Danser et sourire

Et à t'écouter

Chanter et puis rire

Laisse-moi devenir

L'ombre de ton ombre

L'ombre de ta main

L'ombre de ton chien

Ne me quitte pas...

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Rue Utrillo. Rue Muller. François Gabriel. Photos d'un enfant de 1918 à 1932.

Inutile de présenter François Gabriel (1883-1964) le "Roi des Photographes de la Butte Sacrée" comme le proclame l'enseigne peinte par Matho qui était accrochée sur la façade de l'immeuble du 36 rue Muller (aujourd'hui 2 rue Utrillo) où le photographe avait sa boutique, son labo et son appartement.

Rue Utrillo. Rue Muller. François Gabriel. Photos d'un enfant de 1918 à 1932.

Pendant plus de 50 ans il a photographié le même escalier avec les promeneurs, les habitants du quartier, les visiteurs qui redescendaient du Sacré-Coeur.

On voit sur ses clichés passer les années, changer les modes vestimentaires, sourire pour les amis ou la famille tant et tant de passants aujourd'hui disparus.

Rue Utrillo. Rue Muller. François Gabriel. Photos d'un enfant de 1918 à 1932.

Le jour où je serai maire de Montmartre, je veillerai à ce qu'une rue porte son nom ! Il est une partie de la mémoire de notre quartier et il a un nom d'archange!

1918

1918

La guerre est à peine terminée, on se presse sur les marches, les enfants de l'avenir au premier plan!

Rue Utrillo. Rue Muller. François Gabriel. Photos d'un enfant de 1918 à 1932.

En haut de la photo, à gauche, une femme tient un bébé bien éveillé qui semble regarder l'objectif.

1920

1920

Rue Utrillo. Rue Muller. François Gabriel. Photos d'un enfant de 1918 à 1932.

Deu ans plus tard, le garçon a grandi.

Sa famille habite rue Muller.

Il n'a que trois pas de souris à faire pour atteindre les escaliers et en bas-des marches, le domaine enchanté du square Saint-Pierre avec ses buissons, ses ponts rustiques, son cours d'eau et ses fontaines...

1920

1920

Rue Utrillo. Rue Muller. François Gabriel. Photos d'un enfant de 1918 à 1932.

Il a bientôt trois ans. Il est au premier plan dans le groupe d'enfants devant le réverbère. c'est lui qui lève le museau, à droite vers des copains plus grands que lui.

Poulbot qui passait par là a dû le remarquer!

1921

1921

L'oncle Charles mort en 1914
L'oncle Charles mort en 1914

En 1921 nous reconnaissons sa petite bouille sur la photo.

Il s'appelle Charles comme son oncle mort à la guerre de 14.

Son père a eu plus de chance, il en est revenu après avoir contribué à sauver des vies comme infirmier. Il n'y a que trois ans que la guerre est finie!

Combien de passantes, vêtues de noir, portent le deuil d'un époux, d'un frère ou d'un fils!

Rue Utrillo. Rue Muller. François Gabriel. Photos d'un enfant de 1918 à 1932.

Charles est encore un "petit".

Il a droit à la place d'honneur, au centre de la photo devant le réverbère inamovible.

1924

1924

Rue Utrillo. Rue Muller. François Gabriel. Photos d'un enfant de 1918 à 1932.

Les années passent. Les photos des années 22 et 23 ont disparu. Peut-être en retrouvera t-on au hasard des brocantes ou des ventes sur des sites spécialisés.

Nous sommes en 1924.

L'enfant est devenu un gars de la Butte, avec gouaille et casquette.

Il n'est plus au premier rang avec les petits. Il les domine d'une bonne casquette, le coude appuyé contre le réverbère.

Rue Utrillo. Rue Muller. François Gabriel. Photos d'un enfant de 1918 à 1932.
Rue Utrillo. Rue Muller. François Gabriel. Photos d'un enfant de 1918 à 1932.

C'est la plus belle brochette de poulbots dont on puisse rêver!

1926

1926

enfants réunis autour de Poulbot. Casquette et béret sont à la mode!
enfants réunis autour de Poulbot. Casquette et béret sont à la mode!

Deux ans plus tard, Charles prend de la hauteur.

Il est sur les marches avec un camarade de butte.

Il porte un béret bien enfoncé sur la tête.

Rue Utrillo. Rue Muller. François Gabriel. Photos d'un enfant de 1918 à 1932.
Rue Utrillo. Rue Muller. François Gabriel. Photos d'un enfant de 1918 à 1932.

Les deux copains saluent le photographe, pressés d'en finir et de retourner à leurs activités!

Rue Utrillo. Rue Muller. François Gabriel. Photos d'un enfant de 1918 à 1932.
1926

1926

La même année 1926, Charles a changé de tenue.

Il a revêtu un costume marin.

Il est si beau dans ses nouveaux habits que le photographe le place de nouveau au premier plan.

Rue Utrillo. Rue Muller. François Gabriel. Photos d'un enfant de 1918 à 1932.
Rue Utrillo. Rue Muller. François Gabriel. Photos d'un enfant de 1918 à 1932.

Bien campé sur ses jambes, les mains dans les poches, il est prêt à prendre la mer!

1929

1929

Rue Utrillo. Rue Muller. François Gabriel. Photos d'un enfant de 1918 à 1932.

Trois ans plus tard le marin a retrouvé son béret!

Nous sommes en 1929, l'année du krach de Wall Street mais que New-York est loin de la Butte!

1930

1930

Même rue, en haut! Un copain de Charles?
Même rue, en haut! Un copain de Charles?

1930. Il a plu sur les marches. Charles se prend à rêver qu'il est dans la jungle! Le réverbère est un cocotier.

Rue Utrillo. Rue Muller. François Gabriel. Photos d'un enfant de 1918 à 1932.

Quelques mois plus tard, on retrouve Charles devant l'escalier

1931

1931

Rue Utrillo. Rue Muller. François Gabriel. Photos d'un enfant de 1918 à 1932.

Il a grandi. Il ne porte plus le béret enfoncé comme un casque sur la tête mais il l'arrange avec coquetterie!

Il tient par les pattes un petit chien qui regarde comme lui vers l'objectif et le petit oiseau qui va sortir!

1932

1932

La dernière photo de Charles rue Muller date de 1932. Il a presque 16 ans. Il n'a plus l'âge de jouer dans le square avec les petits poulbots.

Il est devenu un jeune homme à qui les lunettes donnent un air sérieux.

Charles à gauche,, mains dans les poches.

Charles à gauche,, mains dans les poches.

C'est la dernière photo retrouvée où on voie encore Charles dans les escaliers. Les clichés des années suivantes se sont perdus ou peut-être le garçon devenu un homme n'aimait-il plus se faire photographier dans les escaliers de son enfance...

Vous avez deviné son nom....

Il s'appelait Charles Gabriel, fils de François Gabriel

Il était prince

Il était fils du Roi des Photographes de la Butte Sacrée!

Charles à 4 ans

Charles à 4 ans

Un jour de 1959, le roi quitta son royaume après 56 ans de règne. Il descendit les marches pour aller vivre plus bas, rue du Baigneur. C'est là qu'il mourut 5 ans plus tard en laissant à des milliers de gens qu'il avait photographiés un éclat d'éternité!

36 rue Muller (2 rue utrillo)

36 rue Muller (2 rue utrillo)

La boutique du photographe. Hier et aujourd'hui.
La boutique du photographe. Hier et aujourd'hui.

La boutique du photographe. Hier et aujourd'hui.

Rue Utrillo. Rue Muller. François Gabriel. Photos d'un enfant de 1918 à 1932.
La plus belle photo du fils du photographe!
La plus belle photo du fils du photographe!

Liens : François Gabriel.

François Gabriel, le chien de la rue Muller

François Gabriel. Le réverbère de la rue Muller

La rue Utrillo (ancienne rue Muller)

Liens : Montmartre

Montmartre lieux typiques

Montmartre, rues et places.

Montmartre. Artistes, personnalités.

(Merci à Hélène, fille de Charles, Montmartroise de souvenirs et de coeur, pour ces documents et pour la passion que je lui dois pour les photos de son grand-père François Gabriel)

Rue Utrillo. Rue Muller. François Gabriel. Photos d'un enfant de 1918 à 1932.

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La Mère Catherine. Le plus vieux &quot;bistro&quot;. Légende et réalité.
La Mère Carherine (30 décembre 2014)

La Mère Carherine (30 décembre 2014)

La Mère Catherine. Le plus vieux &quot;bistro&quot;. Légende et réalité.

" La mère Catherine" est une légende et une réalité.

Le restaurant existe bel et bien depuis 1793 (une année de sinistre mémoire!) mais autour de lui sont venues se greffer des histoires à la montmartroise, faites d'exagération ou d'invention pure et simple.

Montmartre et Marseille auraient-ils des points communs?

Soleil des derniers jours de 2014 à la terrasse de la Mère Catherine

Soleil des derniers jours de 2014 à la terrasse de la Mère Catherine

Revenons aux origines et au n°6 de la Place du Tertre (en réalité rue Norvins qui forme le côté nord de la place).

Avant la Révolution, c'était la rue Trainée, parfois appelé Trenette, allusion à la façon dont on chassait le loup qui au début du XIXème siècle s'aventurait encore sur la Butte.

On traînait sur le sol une charogne que l'on déposait dans un piège. Maître loup par l'odeur alléché suivait la piste et se faisait prendre. La méthode a été abandonnée trop tôt. Elle aurait été fort utile pour piéger les promoteurs qui firent main basse sur Montmartre. Il aurait suffi de traîner sur le sol une bonne liasse de billets de banque.

Jacques Maillet de Montbreton de Norvins (Ingres)

Jacques Maillet de Montbreton de Norvins (Ingres)

En 1868 la rue reçut le nom de l'illustrissime jacques Maillet de Montbreton de Norvins (1768-1854) connu pour avoir écrit une Histoire de Napoléon 1er. C'était une manière comme une autre de rappeler au Napoléon n°2, surnommé par Hugo "le petit", qu'il n'arrivait pas à la cheville du 1er!

La Mère Catherine. Le plus vieux &quot;bistro&quot;. Légende et réalité.
La Mère Catherine. Le plus vieux &quot;bistro&quot;. Légende et réalité.

Les maisons où le restaurant s'est installé sont de vieilles demeures villageoises. Au XIVème siècle à l'époque où Montmartre était loin de Paris, il y avait à l'emplacement du n°6 un presbytère où vivait le curé de l'église voisine qui était placée sous la double protection de Saint-Pierre (partie abbatiale) et Saint-Denis (partie paroissiale).

La Révolution passant par là guillotina quelques abbesses, prit possession des bâtiments dont le presbytère qu'il vendit au plus offrant.

La Mère Catherine. Le plus vieux &quot;bistro&quot;. Légende et réalité.

C'est ici qu'apparaît la fameuse mère Catherine. Nous sommes en 1793. Catherine Lamotte qui est alors trop jeune pour mériter le nom qui la rendra célèbre acquiert la maison vendue comme bien national. Elle la transforme en café puis en restaurant.

Elle a le temps de voir s'attabler un client célèbre devant lequel on se tient à carreaux. C'est Danton en personne qui rend visite à son ami Félix Desportes qui habite toujours Montmartre après en avoir été le 1er maire de 1790 à 1792 (en réalité il a succédé à Valeteau révoqué après trois jours!)

Ces amicales visites et ces moments passés chez la mère Catherine faillirent coûter la tête à Desportes lorsque Danton fut condamné pour traîtrise!

La Mère Catherine. Le plus vieux &quot;bistro&quot;. Légende et réalité.
La Mère Catherine. Le plus vieux &quot;bistro&quot;. Légende et réalité.
La Mère Catherine. Le plus vieux &quot;bistro&quot;. Légende et réalité.

En 1814 après la défaite de Napoléon pendant la Bataille de Paris, les Alliés entrent dans la capitale et parmi eux les Cosaques grands amateurs de boissons fortes! Ils occupent la Butte et par la même occasion fréquentent le café de la mère Catherine. Une plaque apposée sur la façade du restaurant proclame haut et fort que c'est là que pressés d'être servis et resservis ils auraient crié de leur belle voix de basse : "Bistro" ce qui dans leur langage signifie "vite".

Le premier bistro de France serait donc né chez la mère Catherine!

Acceptons la légende même si l'apparition attestée du mot date de 1884! Même si les linguistes se disputent pour savoir si le mot vient du provençal "bistroquet" ou du poitevin "bistraud"...

Pour nous Montmartrois qui ne sommes pas à une légende près, le bistro est né chez nous et peu importe la triviale réalité!

La Mère Catherine. Le plus vieux &quot;bistro&quot;. Légende et réalité.
La Mère Catherine. Le plus vieux &quot;bistro&quot;. Légende et réalité.

Catherine Lamotte, bonne vivante qui aime plaisanter avec ses clients devient vite un personnage haut en couleurs (avant les peintres!) de la Butte. Elle n'hésite pas à boire (modérément) avec les habitués et elle devient naturellement "la mère" des amateurs de piquette.

En 1844, elle a alors 76 ans, elle meurt au combat sans abandonner ses troupes. En effet, alors que l'on est occupé à boire dans les salles du restaurant, elle transporte à la cave une pièce de vin qui la déséquilibre et lui passe sur le corps.

Vérité ou légende? C'est en tout cas ce que l'on dit à Montmartre depuis que la mère Catherine l'a quitté.

La Mère Catherine. Le plus vieux &quot;bistro&quot;. Légende et réalité.
La Mère Catherine. Le plus vieux &quot;bistro&quot;. Légende et réalité.

Le café-restaurant continua sa carrière malgré le rattachement de Montmartre à Paris (à moins que ce ne fût le contraire) et la perte de l'avantage de la détaxation.

Parmi les successeurs de Catherine Lamotte, on a retenu le nom de "Gros Guillaume". Il s'appelait Guillaume, il était gros et il était auréolé du prestige d'avoir été Garde National en 1870 (ne pas confondre avec Robert Guérin dit "Gros Guillaume", un des plus populaires acteurs français du XVIIème siècle).

Que les amis des animaux lui pardonnent d'avoir, pendant la disette qui suivit la Commune, fait disparaître de Montmartre tous les chiens, tous les chats, tous les rats et souris. Il paraît que sa gibelotte était fameuse et attirait les bourgeois des beaux quartiers!

La Mère Catherine. Le plus vieux &quot;bistro&quot;. Légende et réalité.
La Mère Catherine. Le plus vieux &quot;bistro&quot;. Légende et réalité.
La Mère Catherine. Le plus vieux &quot;bistro&quot;. Légende et réalité.
La Mère Catherine. Le plus vieux &quot;bistro&quot;. Légende et réalité.

Au début du XXème siècle le restaurant change de propriétaire. C'est Lemoine (un nom qui sied à un ancien presbytère) qui en prend la direction et gère le bureau de tabac attenant.

Il est connu pour avoir été le 2ème maire de la Commune libre de Montmartre fondée en 1920 par Dépaquit.

Il est aussi connu pour avoir installé dans son bistro un billard en bois, jeu qui était alors très populaire et qui servait d'annonce à la bonne Franquette rue Saint-Rustique.

Aux Billards en Bois (la Bonne Franquette)

Aux Billards en Bois (la Bonne Franquette)

Guillaume est surnommé le Père la Bille. Il est populaire sur la Butte où il assiste à toutes les festivités. Son surnom lui serait venu de son goût pour le fameux billard...

Hélas le billard ne suffit pas à faire marcher les affaires qui périclitent et à vendre une partie du restaurant, la grande salle, qui devient une boulangerie.

Le père La Bille!

Le père La Bille!

Pendant la guerre, Montmartre est apprécié des Allemands et des collabos. Ils apprécient cabarets et bistros sans oublier celui de la Mère Catherine!

Juin 1940. La Commune libre ne l'est plus.

Juin 1940. La Commune libre ne l'est plus.

L'établissement changera ensuite de patron. Albert Mériguet et Thérèse jusqu'en 1950 puis Jacques Mériguet jusqu'en 1960... Mais la grande époque est terminée pour Montmartre.

Ni Leprin ni Gen Paul ne sont là pour accrocher leurs toiles dans le bistro de la Mère Catherine, ni Utrillo pour le peindre, ni Léon Bloy pour s'y installer et y écrire.

Le restaurant accueille les touristes à l'heure où sur la place les barbouilleurs barbouillent. La cuisine y est moyenne et sans inventivité, l'accueil y est parfois revêche (les avis sont partagés et ma malheureuse expérience est peut-être accidentelle!)

Son principal atout reste le décor et l'emplacement...

Un Starbuck a ouvert ses portes à quelques mètres...

Souhaitons qu'aucun Père Macdo ne prenne un jour la place de la Mère Catherine!

La Mère Catherine. Le plus vieux &quot;bistro&quot;. Légende et réalité.
La Mère Catherine. Le plus vieux &quot;bistro&quot;. Légende et réalité.
La Mère Catherine. Le plus vieux &quot;bistro&quot;. Légende et réalité.

....Un jour qui sait la Mère Catherine remontera de sa cave, se remettra aux fourneaux et offrira une tournée à tous les amoureux de Montmartre!

La Mère Catherine. Le plus vieux &quot;bistro&quot;. Légende et réalité.
La Mère Catherine. Le plus vieux &quot;bistro&quot;. Légende et réalité.

En l'attendant.... voici quelques toiles représentant le célèbre restaurant...

Utrillo

Utrillo

Utrillo

Utrillo

André Renoux

André Renoux

Utrillo

Utrillo

Gazi

Gazi

Renoux

Renoux

Monique Langlois

Monique Langlois

Monique Langlois

Monique Langlois

Jacqueline Remon

Jacqueline Remon

Jean Jacques Marie (voir lien ci-dessous)

Jean Jacques Marie (voir lien ci-dessous)

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Avenue Junot. Montmartre. (1) du 1 au 14bis.

C'est une des artères les plus célèbres de Montmartre, l'une des plus recherchées et des plus opulentes. Sur les terrains où vivaient les plus pauvres des Montmartrois s'est construite une avenue réservée aux plus riches!

En effet c'est le "nettoyage" du Maquis qui a libéré un espace offert aux spéculateurs. Quelques irréductibles maquisards ont résisté aussi longtemps qu'ils ont pu et c'est grâce à eux que subsistent au milieu des immeubles et des villas quelques arpents de nature!

Le maquis. L'avenue Junot se termine là, en rejoignant la rue Caulaincourt.

Le maquis. L'avenue Junot se termine là, en rejoignant la rue Caulaincourt.

Fin de l'avenue Junot, rue Caulaincourt et place Constantin Pecqueur..

Fin de l'avenue Junot, rue Caulaincourt et place Constantin Pecqueur..

... Par bonheur, le projet initial qui prévoyait la destruction du château des Brouillards et de l'impasse Girardon a été modifié in extrémis!

La destruction du maquis se réalisa en plusieurs étapes.

En son centre fut tracé un axe qu'on appela "rue" Junot en 1893 mais ce n'est qu'en 1910 que commença le lotissement de la portion comprise entre les rues Simon Dereure et Caulaincourt et en 1912 entre Girardon et Dereure.

Le maquis. L'impasse Girardon.

Le maquis. L'impasse Girardon.

C'est par un décret de 1910 que la rue est promue en "avenue" Junot!

Promotion imméritée pour ses 450 mètres de long et ses 20 mètres de large!

Le général Junot et sa femme, la duchesse d'Abrantès.  (Marguerite Gérard)

Le général Junot et sa femme, la duchesse d'Abrantès. (Marguerite Gérard)

Le nom de Junot convient à cette avenue tracée à grands coups de sabre dans le village de bric et de broc où survivaient ferrailleurs, chiffonniers, rempailleurs, marchands des 4 saisons et leur marmaille joueuse et frondeuse qui inspira à Poulbot ses plus beaux dessins.

Le général Junot (1771-1813) surnommé La Tempête par Napoléon est un guerrier audacieux , colonel général des Hussards, toujours aux avant-postes, prêt à recevoir tous les coups. Et il en reçut tant que de Campagne d'Egypte en Campagne de Russie, il en perdit la tête et se jeta par la fenêtre du logis paternel où sa santé mentale l'avait exilé.

Sa femme la duchesse d'Abrantès mériterait autant que lui de donner son nom à une rue! A la mort de son mari, elle a une liaison avec le jeune Balzac qui pense à elle en écrivant "La femme de trente ans". Elle a rédigé ses mémoires, corrigés par le même Balzac, Elle a tenu un salon à la mode. Elle a sa demeure éternelle au cimetière Montmartre voisin, contrairement à son mari enterré en Bourgogne, à Montbard.

La Duchesse d'Abrantès. (Goya)

La Duchesse d'Abrantès. (Goya)

Le début de l'avenue peut déconcerter car côté impair il porte le nom de l'impasse Girardon.

Début de l'avenue (à dte impasse Girardon) photo de Kertesz

Début de l'avenue (à dte impasse Girardon) photo de Kertesz

Impasse Girardon (côté pair de l'avenue Junot!)

Impasse Girardon (côté pair de l'avenue Junot!)

Quelques maisons modestes de l'ancien village y ont survécu et c'est au 2, que Gen Paul avait son atelier.

L'atelier de Gen Paul.

L'atelier de Gen Paul.

Gen Paul (1895-1975) de son vrai nom Eugène Paul est un authentique Montmartrois né 69 rue Lepic (immeuble peint par Van Gogh) et qui a vécu toute son existence sur la Butte. En simplifiant on peut le classer parmi les Expressionnistes et, hélas sans simplifier, parmi les artistes antisémites qui ne voyaient pas d'inconvénient moral à rencontrer Otto Abetz. Pas étonnant qu'il ait eu pour ami Céline, son voisin de la rue Girardon qui lui rendait visite régulièrement.

Alors qu'à l'épuration Céline dut s'enfuir, Gen paul resta à Montmartre et ne fut pas inquiété !

Cette "injustice" nourrira le ressentiment de l'écrivain qui se vengera en donnant à "Jules" personnage de sa "Féérie pour une autre fois" les traits peu flatteurs et peu flattés du peintre!

Paysage Montmartre. Gen Paul.

Paysage Montmartre. Gen Paul.

Les fans de Céline continuent de crier à la discrimination en constatant qu'aucune plaque commémorative n'est apposée sur son immeuble alors qu'il y en a une, sur la maison de Gen Paul et que des lettres de belle taille : "ATELIER DE GEN PAUL" peintes au-dessus des fenêtres rendent hommage au peintre qui ne se contentait pas de créer en cet endroit mais qui y recevait en même temps que Céline quelque amis collaborateurs!

Pochoir sur l'immeuble de la rue Girardon. (Photo du blog "Le petit Célinien").

Pochoir sur l'immeuble de la rue Girardon. (Photo du blog "Le petit Célinien").

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Ils tentent de réparer cet affront avec des pochoirs qui rappellent le passage de l'écrivain sur la Butte et commémorent avec émotion le couple qui s'aima en ce lieu pendant les années terribles et les rafles. Ils pourraient ajouter que de leur fenêtre avec vue imprenable, les tourtereaux purent voir stationner sur l'avenue les bus de la rafle du Vel d'Hiv chargés de nettoyer Montmartre de sa "juiverie".

Impasse Girardon. Le jardinet de l'atelier de G.P

Impasse Girardon. Le jardinet de l'atelier de G.P

Côté impair, au n° 1, derrière le moulin de la Galette, le Ciné 13 théâtre qu'on appelle plus simplement "le 13" est proche de l'ancien théâtre du Tertre, transformé dans les années 70 en cinéma par Claude Lelouch qui le décora dans le style des années 30 pour servir de cadre à son film "Edith et Marcel". Il est aujourd'hui dirigé par la fille du réalisateur, Salomé Lelouch, elle -même metteur en scène.

J'ai connu le temps pas très éloigné où l'on pouvait regarder des films, installés dans de grands fauteuils de cuir rouge, une flute de champagne à la main!

Avenue Junot. Montmartre. (1) du 1 au 14bis.
Avenue Junot. Montmartre. (1) du 1 au 14bis.
Avenue Junot. Montmartre. (1) du 1 au 14bis.

Une allée privée s'ouvre à côté du 13. De petits immeubles ont été construits sur le parc qui entourait le Moulin de la Galette.

Le parc installé sur la propriété du meunier Debray peu avant sa destruction

Le parc installé sur la propriété du meunier Debray peu avant sa destruction

Le moulin vu de la rue Lepic. Derrière lui passera l'avenue Junot.

Le moulin vu de la rue Lepic. Derrière lui passera l'avenue Junot.

Arrière du moulin où sera tracée l'avenue Junot.

Arrière du moulin où sera tracée l'avenue Junot.

Entrée bien gardée de l'allée privée

Entrée bien gardée de l'allée privée

Immeubles construits sur les anciens terrains du moulin

Immeubles construits sur les anciens terrains du moulin

le moulin qui montre son derrière à l'avenue Junot!

le moulin qui montre son derrière à l'avenue Junot!

Côté pair, passé le square, un immeuble moche et sans aucun style, le n° 10, s'est élevé là où des fouilles archéologiques avaient retrouvé le plan d'une villa gallo romaine, rappel de l'occupation antique de la Butte quand des temples dédiés à Mercure et à Mars s'y élevaient, ancêtres païens du Sacré coeur!

(quelques colonnes antiques ont été remontées dans l'église Saint-Pierre.)

Le 10 à l'emplacement d'une villa gallo romaine.

Le 10 à l'emplacement d'une villa gallo romaine.

Le 12 a été construit en 1925. Ses lignes fortes et rythmées sont typique de l'Art Déco.

Le 12.
Le 12.

Le 12.

La grande guerre ayant interrompu les travaux, c'est dans les années 20 qu'ils reprirent et firent de cette "avenue" un véritable musée Art Déco.

Le 5

Le 5

Il n'y a rien à dire du 5, banal et BCBG, sinon qu'il est sur la ligne jadis marquée par des repères de bronze du méridien de Paris.

Il subsiste ici et là quelques médaillons à l'effigie d'Arago.

Le 9.
Le 9.

Le 9.

Le 9 est un bel immeuble des années 20. C'est une belle architecture dominée par une tour avec vue panoramique....

Le 11. Accès interdit!
Le 11. Accès interdit!

Le 11. Accès interdit!

Passez votre chemin devant le 11. C'est tout juste si quelques ouvertures dans le blindage vous permettent d'y jeter un oeil! C'est pourtant là que vécut Suzanne Valadon de 1925 jusqu'à sa mort en 1938.

La maison fut achetée par Maurice Utrillo qui profita des moyens que lui apporta un contrat passé avec Bernheim.

Avenue Junot. Suzanne Valadon et son fils!

Avenue Junot. Suzanne Valadon et son fils!

11 et 13 avenue Junot. La maison de Poulbot. (Utrillo)
11 et 13 avenue Junot. La maison de Poulbot. (Utrillo)

Le 13 est un des immeubles les plus photographiés. C'est la maison de Poulbot sans qui Montmartre ne serait pas Montmartre (il est vrai que le contraire est vrai, Poulbot ne serait pas Poulbot sans Montmartre!)

Là où vivaient les gosses qu'il avait tant dessinés, Poulbot se fit construire cette imposante villa.

Le 13

Le 13

En même temps qu'il faisait construire cette maison, il finançait pour les gosses un dispensaire, rue Lepic.

Il dessina pour la façade quelques mioches dont les gros visages en mosaïques forment une frise. Ils ont perdu l'insolence et la fraîcheur des premiers dessins et préfigurent les poulbots botoxés qui sont vendus aux touristes place du Tertre et qui sont reproduits sur les cartes postales.

Le 13 et ses gros poulbots

Le 13 et ses gros poulbots

Avenue Junot. Montmartre. (1) du 1 au 14bis.

..

Traversons la rue poursuivis par ce cauchemar ... et réfugions-nous au 14bis.

Avenue Junot. Montmartre. (1) du 1 au 14bis.
Avenue Junot. Montmartre. (1) du 1 au 14bis.

... et reposons-nous avant de poursuivre la visite de l"avenue Junot! 

(à suivre)

l'avenue Junot (photo de Kertesz). On reconnaît à gauche la maison de Poulbot et, mitoyenne, celle d'Adolf Loos pour Tzara.

l'avenue Junot (photo de Kertesz). On reconnaît à gauche la maison de Poulbot et, mitoyenne, celle d'Adolf Loos pour Tzara.

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Le 15.

Le 15.

Après la visite de la première partie de l'avenue, nous arrivons devant le 15, un des immeubles les plus remarquables.

Remarquable il l'est au moins pour deux raisons.

D'abord parce qu'il fut construit par Adolf Loos dont il est la seule et unique réalisation en France. Ensuite parce qu'il fut la demeure de Tristan Tzara,

Projet de Loos pour Chicago.

Projet de Loos pour Chicago.

Adolf Loos est un architecte viennois (1870-1933) en rupture avec les modes de son temps. Il exècre le "décor" sous lequel l'Art Nouveau dissimule les structures et les matériaux. Son ouvrage principal est un manifeste : "Ornement et Crime"!

Il importe pour lui d'être fonctionnel, sans afféterie. Le matériau brut est lui-même décor. Loos n'est pas sans influence sur Le Corbusier et sa mouvance.

Maison Loos classée "monument historique".
Maison Loos classée "monument historique".
Maison Loos classée "monument historique".

Maison Loos classée "monument historique".

Il ouvre la voie à l'architecture dépouillée qui s'imposera bientôt avec des architectes qui n'auront ni l'audace ni le talent des précurseurs et construiront des barres et des tours sans fantaisie qui pèseront sur leurs habitants comme sur les paysages violentés.

N'oublions pas que le Corbusier, le dieu intouchable, avait prévu au coeur de Paris, le long de la Seine et dans le Marais des tours semblables et alignées à la place des vieux quartiers!

Le plan Voisin par Le Corbusier. Le Louvre échappe à la reconstruction et le Marais historique n'est plus qu'un souvenir!!!

Le plan Voisin par Le Corbusier. Le Louvre échappe à la reconstruction et le Marais historique n'est plus qu'un souvenir!!!

Maison Loos-Tzara. La salle de séjour. Ne subsiste de l'ancien décor que la cheminée.

Maison Loos-Tzara. La salle de séjour. Ne subsiste de l'ancien décor que la cheminée.

C'est Tristan Tzara (1896-1963) qui voulut cette demeure rigoureuse, lui le poète du hasard et de la fantaisie.

On connaît son rôle dans la création du dadaïsme. Quand il débarque à Paris, il habite d'abord chez Picabia avant d'emménager dans la grande maison fonctionnelle, avec Gréta Knutson, sa femme.

Tristan et Greta Knutson (1926)

Tristan et Greta Knutson (1926)

Tzara par Delaunay.

Tzara par Delaunay.

Tristan Tzara.

Tristan Tzara.

Greta Knutson (1899-1983) artiste suédoise, peintre et poète, vit avec son mari dans cette maison jusqu'en 1942.

C'est là que naît en 1927 leur fils Christophe qui jouera dans les rues de Montmartre et passera sous les fenêtres de Poulbot.

Portrait de la 1ère épouse de René Char. (Greta Knutson 1944)

Portrait de la 1ère épouse de René Char. (Greta Knutson 1944)

Après avoir quitté Tzara, Greta Knutson connaîtra une brève histoire d'amour avec René Char.... Mais voilà qui nous entraîne loin de Montmartre et de l'avenue Junot!

Avenue Junot (2) Montmartre. Du 15 au 23 et villa Léandre. Loos. Tzara...

Notons qu'il y eut un autre occupant célèbre de la maison de Tzara, c'est l'acteur-metteur en scène- réalisateur Jacques Fabbri qui y veut son domicile parisien jusqu'à sa mort à Tourgéville en 1997.

Vestiges du maquis et boulodrome.
Vestiges du maquis et boulodrome.
Vestiges du maquis et boulodrome.

Vestiges du maquis et boulodrome.

Le maquis à l'arrière du moulin. C'est à travers lui qu'est tracée la rue puis l'avenue Junot.

Le maquis à l'arrière du moulin. C'est à travers lui qu'est tracée la rue puis l'avenue Junot.

Le maquis derrière le moulinj

Le maquis derrière le moulinj

Après le 15, une parcelle de maquis a survécu. C'est ainsi que le 17 abrite un boulodrome dont les membres ont tenu tête aux promoteurs. Les boulistes du CLAP ont gagné la partie et continuent de tirer et pointer librement!

Traversons et jetons un coup d'oeil aux numéros pairs...

Le 16

Le 16

Charles Berling et Michel Bouquet. ("Comment j'ai tué mon père." Anne Fontaine)

Charles Berling et Michel Bouquet. ("Comment j'ai tué mon père." Anne Fontaine)

Montmartre plaît aux artistes. Il n'est donc pas étonnant qu'un de nos meilleurs acteurs, Charles Berling ait élu domicile dans cette belle maison claire de l'avenue.

Le 16 bis.
Le 16 bis.

Le 16 bis.

Le 18
Le 18

Le 18

Le 18bis

Le 18bis

Les 20 et 22.

Les 20 et 22.

Solange Moret
Solange Moret

Le 20 a vu passer quelques célébrités.

Pierre Feuillère (1906-1945), acteur connu surtout pour avoir été le mari d'Edwige Feuillère y vécut avec sa deuxième femme, Solange Moret (1908-1945), actrice belge. C'est dans cette maison qu'ils se suicidèrent le 13 juin 1945.

Nagui. Photo Télé Première.
Nagui. Photo Télé Première.

C'est encore au 20 qu'un célèbre animateur télé vécut de 1998 à 2002. Il s'agit de Nagui qui resta fidèle à Montmartre et déménagea à quelques centaines de mètres de l'avenue, place du Calvaire, dans une des plus hautes demeures de la Butte : la maison Borde, son jardin luxuriant, ses hauts murs qui interceptent les regards indiscrets.

Derrière ses murs et ses grilles on aperçoit la maison actuelle de Nagui....

Derrière ses murs et ses grilles on aperçoit la maison actuelle de Nagui....

Le 22
Le 22
Le 22

Le 22

Le 22 est une belle maison de briques avec décor floral stylisé art-déco.

A la hauteur du 23, on peut deviner un passage barré par un énorme rocher, c'est le passage Depaquit, dit de la Sorcière.

Il rejoint la rue Lepic et bien que mentionné par tous les guides touristiques, il est réservé depuis quelques années aux riverains et aux boulistes, privant les amoureux de Montmartre de son charme et de son utilité!

Il y a en son milieu une fontaine en rocaille désaffectée qui s'appelait à l'origine "fontaine du sourcier". Avec le temps elle se transforma en fontaine de la sorcière, puis, l'eau une fois tarie en rocher de la sorcière.

Passage Dépaquit côté rue Lepic.

Passage Dépaquit côté rue Lepic.

C'est une histoire de litige comme il en existe tant entre les copropriétaires riverains du passage, exaspérés par le manque d'entretien, par la présence de dealers et la mairie du XVIIIème peu empressée à en assurer la restauration et l'entretien.

Bref ce n'est pas l'intérêt commun qui a triomphé et le passage bien pratique pour se rendre du bas Montmartre au haut Montmartre est désormais privé !

Les copropriétaires s'étant montrés peu conciliants et ne prenant en compte que leur propre avantage se sont "payés" ce passage public sur le dos des habitants du quartier et des touristes.

Mais gageons que l'histoire n'est pas finie! La pétition des Montmartrois attachés à la liberté du passage est forte de milliers de signatures parmi lesquelles celles d'acteurs célèbres (Richard Berry, Charles Berling)... qui habitent le quartier.

La sorcière n'a pas dit son dernier mot, elle a des pouvoirs qui se révèleront un jour et feront tombert les grilles!

Passage Depaquit. Le rocher.

Passage Depaquit. Le rocher.

Gros-plan sur le rocher.

Gros-plan sur le rocher.

Les moulins. De gauche à droite : La Petite Tour, le Blute Fin (la Galette), le moulin Vieux, le moulin Neuf.

Les moulins. De gauche à droite : La Petite Tour, le Blute Fin (la Galette), le moulin Vieux, le moulin Neuf.

Toujours au même niveau de l'avenue, se dressait un des moulins qui le long de la crête (au-dessus de la rue Lepic) se succédaient.

C'était le Moulin Neuf édifié en 1741 et propriété d'un certain Jean-Jacques Devaux qui avait acheté auparavant le Moulin Vieux (situé à la hauteur du 11 avenue Junot). Sur le terrain entourant ce dernier, il fit construire le nouveau.

Villa Léandre.

Villa Léandre.

Au 23bis s'ouvre une impasse pittoresque, la Villa Léandre, gagnée elle aussi sur le maquis. Des petits pavillons qui évoquent les chalets de bord de mer se serrent les uns contre les autres, épaule contre épaule.

Villa Léandre

Villa Léandre

La femme torpille. (Charles Léandre, l'Assiette au Beurre)

La femme torpille. (Charles Léandre, l'Assiette au Beurre)

La voie fut crée en 1926 et s'appelait villa Junot.

C'est en 1936 qu'elle prend le nom de villa Léandre, rendant hommage à un peintre, dessinateur, caricaturiste prolifique et doué, ami des plus grands comme Steinlen ou Forain...

Dessin publicitaire. Charles léandre.

Dessin publicitaire. Charles léandre.

Mille détails nous transportent loin de la ville ; on se croirait dans une province tranquille, on s'imagine que la plage n'est pas loin!

Villa Léandre (détails)
Villa Léandre (détails)
Villa Léandre (détails)

Villa Léandre (détails)

C'est le meilleur endroit pour faire une pause avant de repartir à la découverte de la dernière partie de l'avenue Junot!

...à suivre..

Chemin derrière le moulin, emplacement de l'avenue Junot!

Chemin derrière le moulin, emplacement de l'avenue Junot!

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Nous arrivons dans la dernière partie de l'avenue, celle qui file après un tournant vers la rue Caulaincourt. Après la villa Léandre, le 26 est une maison originale avec grandes surfaces vitrées.

le 26

le 26

L'immeuble harmonieux et audacieux a pour architecte Adolphe Thiers (ne pas confondre avec l'autre, le massacreur de 1871!).

Nous aurons l'occasion de le rencontrer plusieurs fois dans l'avenue. Les immeubles les plus intéressants sont ses oeuvres!

Le 28 côté Junot
Le 28 côté Junot

Le 28 côté Junot

Côté rue Simon Dereure) Bas-relief, le sculpteur au travail.

Côté rue Simon Dereure) Bas-relief, le sculpteur au travail.

Le 28 est de lui!

C'est le seul immeuble, avec la maison d'Adolf Loos à être classé "monument historique". Ce qui est mystérieux, avouons-le! Toutes les réalisations de Thiers devraient l'être!

Flore (Louis Lejeune). Photo blog Nitescences.

Flore (Louis Lejeune). Photo blog Nitescences.

Il a été construit en 1927 pour le sculpteur Louis Lejeune alors en pleine activité.

Louis Lejeune se double d'un humaniste soucieux d'aider les artistes et il défend le projet de construction sur le maquis de la rue Ordener d'une "Cité" aux loyers modérés réservée aux créateurs.

Cité "Montmartre aux Artistes" rue Ordener (photo Structurae)

Cité "Montmartre aux Artistes" rue Ordener (photo Structurae)

Nous consacrerons des articles à cette cité : "Montmartre aux artistes"

C'est un endroit exceptionnel dont l'architecte, choisi par Louis Lejeune n'est autre que notre Adolphe Thiers.

Claude Nougaro au 28 (photo Ginies 1952)

Claude Nougaro au 28 (photo Ginies 1952)

Lejeune aurait été heureux d'apprendre que sa maison serait un jour la propriété d'un artiste aux dons multiples, poète, musicien, chanteur, dessinateur... Claude Nougaro!

Claude Nougaro (photo Claude Delorme)

Claude Nougaro (photo Claude Delorme)

Nougaro y vécut des années. Il appréciait Montmartre et fréquentait en voisin le Lapin Agile.

Il dut à contrecoeur abandonner son domaine montmartrois quand les créanciers lui tombèrent sur le dos. Le succès foudroyant de Nougayork vint trop tard remettre à flot celui qui des années après sa mort continue de pulser son énergie et sa sensibilité à fleur de peau...

Pour moi, l'avenue Junot c'est l'avenue Nougaro!

Le 30.

Le 30.

Avenue Junot (3). Montmartre. Du 26 à la fin. Clouzot. Lucienne boyer. Nougaro...
Avenue Junot (3). Montmartre. Du 26 à la fin. Clouzot. Lucienne boyer. Nougaro...
Avenue Junot (3). Montmartre. Du 26 à la fin. Clouzot. Lucienne boyer. Nougaro...
Photos du 36

Photos du 36

Le 36 étonamment moderne avec ses grandes baies vitrées et ses volumes cubistes est encore une réalisation d'Adolphe Thiers, la dernière de l'avenue, hélas

Le 35. Son architecte a laissé son nom qur la façade : Dargent 1931.

Le 35. Son architecte a laissé son nom qur la façade : Dargent 1931.

Le 37.

Le 37.

Le 39 aujourd'hui et hier.
Le 39 aujourd'hui et hier.

Le 39 aujourd'hui et hier.

Suzy Delair et Pierre Fresnay (l'assassin habite au 21)
Suzy Delair et Pierre Fresnay (l'assassin habite au 21)

Le 39...encore un numéro qui a son importance dans la riche histoire cinématographique de la Butte.

L'ancien hôtel Alsina servi en effet de décor en 1941 au film de Clouzot "l'assassin habite au 21".

Il fallut bien sûr changer la plaque! L'hôtel devint la pension "les mimosas".

Avenue Junot (3). Montmartre. Du 26 à la fin. Clouzot. Lucienne boyer. Nougaro...
Léaud et Harry Max dans Baisers Volés.
Léaud et Harry Max dans Baisers Volés.

Deux ans plus tôt en 1968, on le reconnait dans le film de Truffaut "Baisers Volés". Antoine Doisnel (Jean-Pierre Léaud) veilleur de nuit y reçoit la visite du détective. Les escaliers qui longent l'hôtel, rue Juste Métivier servent également de décor à une des scènes du film.

Le 39

Le 39

Avenue Junot (3). Montmartre. Du 26 à la fin. Clouzot. Lucienne boyer. Nougaro...

Edith (Piaf qui eut plusieurs adresses à Montmartre) y loua une chambre à l'année et c'est là qu'il lui arrivait de recevoir Yves Montand ( mais Chutt!!!! ne jouons pas les colporteurs de ragots!)

Dans le même immeuble mais au 41, une triste vitrine ne peut nous laisser deviner qu'il y eut à cette adresse le cabaret "Chez elle".

Le 41

Le 41

Celle qu'on surnommait "la Dame en bleu" ouvrit son établissement avec Van Parys au piano, en 1940, pendant les années noires.

Le cabaret qui se voulait différent des autres et plus intime, une "bonbonnière" disait la dame, portait, apposé sur sa façade un écriteau : "Interdit aux Juifs".

La chose n'était pas rare dans le Paris vichyssois mais elle peut surprendre quand on sait que la "patronne" n'était autre que Lucienne Boyer et qu'un an avant l'ouverture de son cabaret, elle avait épousé Jacques Pills qui était juif.

"Chez nous"! et non pas "Chez elle"!

"Chez nous"! et non pas "Chez elle"!

L'immortelle interprète de "Parlez-moi d'amour" avait-elle voulu par cette ruse détourner l'attention des autorités qui faisaient la chasse aux Juifs et protéger son mari?

C'est ce qu'elle a affirmé après guerre.

Modiano fait allusion à elle, pendant l'année 1942, dans "Livret de famille" :

Ce soir-là, Lucienne Boyer se produisait en vedette, et juste avant qu'on annonçât la nouvelle année, elle a chanté une chanson interdite, parce que l'un de ses auteurs était juif :

"Parlez-moi d'amour... Redites-moi... Des choses tendres..."

Cette audace de la chanteuse plaide en sa faveur et rend plus crédible la raison qu'elle donna d'avoir apposé le fameux écriteau sur son établissement.

Lucienne Boyer en 1940. (studio Harcourt)

Lucienne Boyer en 1940. (studio Harcourt)

Lucienne Boyer. Le Clair de Terre de Guy Gilles. Au 1er plan Patrick Jouané.
Lucienne Boyer. Le Clair de Terre de Guy Gilles. Au 1er plan Patrick Jouané.

Guy Gilles (Juif lui même) n'en douta pas, lui qui l'invita dans son film bouleversant "le Clair de Terre" où elle joua son propre rôle de chanteuse.

Les 45 et 47.

Les 45 et 47.

Les derniers immeubles de la rue ressemblent à ceux de la rue Caulaincourt. Ils ont été élevés dans les mêmes années. Ce sont des constructions de style composite post-hausmannien. Ils n'ont pas l'originalité des maisons art-déco de Thiers.

Le 49

Le 49

Le 49. Cage d'escalier originale en façade.

Le 49. Cage d'escalier originale en façade.

Dernier immeuble côté impair.

Dernier immeuble côté impair.

L'avenue Junot qui avait cédé sa première partie à l'impasse Girardon se rattrape en fin de parcours en ne comptant plus que des numéros pairs jusqu'à la place Constantin Pecqueur.

Le 40, signé Griès frères 1910.

Le 40, signé Griès frères 1910.

Le 42 et la place Constantin Pecqueur.

Le 42 et la place Constantin Pecqueur.

Avenue Junot (3). Montmartre. Du 26 à la fin. Clouzot. Lucienne boyer. Nougaro...
Avenue Junot (3). Montmartre. Du 26 à la fin. Clouzot. Lucienne boyer. Nougaro...
D'une banque à l'autre!

D'une banque à l'autre!

Arrivé à cet endroit vous pouvez vous intéresser au square Joël Le Tac où est érigé le monument à Steinlen, à la rue Caulaincourt ou à la statue d'Eugène Carrière

Vous n'aurez que l'embarras du choix.. Montmartre a des trésors inépuisables qu'il offre aux promeneurs, aux curieux et aux rêveurs...

Avenue Junot. Leprin (1912)

Avenue Junot. Leprin (1912)

Avenue Junot. Percement de l'avenue. Renaudin (1913)

Avenue Junot. Percement de l'avenue. Renaudin (1913)

Avenue Junot. Sous le Blutefin (Galette). Eugène Schlumberger (1912)

Avenue Junot. Sous le Blutefin (Galette). Eugène Schlumberger (1912)

Avenue Junot. Course cycliste. Bruno Emile Laurent.

Avenue Junot. Course cycliste. Bruno Emile Laurent.

Avenue Junot. Maison de Poulbot. Utrillo.

Avenue Junot. Maison de Poulbot. Utrillo.

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