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Montmartre secret

Montmartre secret

Pour les Amoureux de Montmartre sans oublier les voyages lointains, l'île d'Oléron, les chats de tous les jours. Pour les amis inconnus et les poètes.

montmartre. rues et places.

Publié le par chriswac
Publié dans : #album, #MONTMARTRE. Rues et places.
Album photo Montmartre mai 2024 jour après jour

1er mai. Mickey a perdu la tête (devant le square Louise Michel)

Voilà nous sommes enfin en Mai fais ce qu'il te plaît!

Mais en mai il pleut encore!

Montmartre ruisselle depuis des semaines!

Album photo Montmartre mai 2024 jour après jour

2 mai. Nuit mouillée rue Chappe.

Avec de temps en temps des tombées de lumière, des échappées de soleil qui permettent de croire en des jours meilleurs.

Album photo Montmartre mai 2024 jour après jour

3 mai. Envolée de poulbots rue du Chevalier de La Barre

Des vers d'Apollinaire me reviennent, parmi les plus beaux que je connaisse :

Le mai le joli mai en barque sur le Rhin

Des dames regardaient du haut de la montagne

Vous êtes si jolie mais la barque s'éloigne

Qui donc a fait pleurer les saules riverains?

Album photo Montmartre mai 2024 jour après jour

4 mai. Apollinaire ne saurait aider cet émigrant qui se love dans un rayon de soleil.

Album photo Montmartre mai 2024 jour après jour

5 mai. Le vieil homme et son chien. Un couple uni pour la vie.

Album photo Montmartre mai 2024 jour après jour

6 mai. Couleurs rue du Calvaire.

Album photo Montmartre mai 2024 jour après jour

7 mai. Un couple tragique échappé d'un film de Bergman? (square Bleustein-Blanchet)

Album photo Montmartre mai 2024 jour après jour

8 mai. Les poulbots d'aujourd'hui comme ceux d'hier jouent sur les rampes des escaliers.

Album photo Montmartre mai 2024 jour après jour

9 mai. Le regard du chien. 

Album photo Montmartre mai 2024 jour après jour

10 mai. Un enfant contre les grilles.

Album photo Montmartre mai 2024 jour après jour

11 Mai, à voile  et à trottinette. (bd de La Chapelle)

Album photo Montmartre mai 2024 jour après jour

12 mai. Ma rue André Del Sarte et son jardin vertical!

Album photo Montmartre mai 2024 jour après jour

13 mai. Rue des Saules. Couple moderne.

Album photo Montmartre mai 2024 jour après jour

14 mai. La lectrice, le chien et le pigeon. Place Dalida.

Album photo Montmartre mai 2024 jour après jour

14 mai. Les réverbères du passage Cottin.

Album photo Montmartre mai 2024 jour après jour

15 mai. La solitude. (Bd de La Chapelle.)

Album photo Montmartre mai 2024 jour après jour

16 mai. La femme aux pigeons. Square Louise Michel.

Album photo Montmartre mai 2024 jour après jour

17 mai. Rue Berthe. Un couple sur la pente montante. 

Album photo Montmartre mai 2024 jour après jour

18 mai. Les parapluies à l'assaut!

Album photo Montmartre mai 2024 jour après jour

19 mai. Lectrice en couleur à Monceau

Album photo Montmartre mai 2024 jour après jour

20 mai. Un jour d'épaules nues où les gens s'aimeront.... sous le soleil!!!!

Album photo Montmartre mai 2024 jour après jour

21 mai. Place du Calvaire. Un barbu au coeur tendre.

Album photo Montmartre mai 2024 jour après jour

22 mai: le musicien verbalisé, rue Azaïs. 

Album photo Montmartre mai 2024 jour après jour

23 mai. Cours de dessin face au moulin de la Galette, rue Lepic. 

Album photo Montmartre mai 2024 jour après jour

23 mai. Un sommeil de pierre. (square Louise Michel)

Album photo Montmartre mai 2024 jour après jour

24 mai. Le clarinettiste et son compagnon place Jean Marais. 

Album photo Montmartre mai 2024 jour après jour

25 mai. Une aussi longue attente. Les fans attendent sagement l'ouverture de l'Elysée Montmartre pour le concert de Benson Boone, un parfait inconnu pour le dinosaure que je suis et qui apparemment n'attire que les demoiselles!

Album photo Montmartre mai 2024 jour après jour

26 mai. La main et le museau faits l'une pour l'autre (Square Nadar)

Album photo Montmartre mai 2024 jour après jour

27 mai. Cinq petits canidés tirés par deux humains. Ben Hur inversé!

Album photo Montmartre mai 2024 jour après jour

28 mai. Le bassin des Tritons et ses canards qui reviennent chaque mois de mai.

Album photo Montmartre mai 2024 jour après jour

29 mai. Il a plu de 7h du matin à 23h!!! 

Album photo Montmartre mai 2024 jour après jour

30 mai. Soir de pluie après un jour de pluie après une semaine de pluie!

Album photo Montmartre mai 2024 jour après jour

31 mai. C'est par cet escalier secret de l'avenue Junot que le mois de mai se carapate sur la pointe de ses pieds mouillés.

Il y a eu à Paris 70 pour cent de pluie de plus que la moyenne de mai.

Demain je m'envole pour Venise où d'après la météo

 il va pleuvoir!

Liste des albums photos mois après mois depuis des années

                     Mosaïques sur la maison de Poulbot avenue Junot

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Publié le par chriswac
Publié dans : #MONTMARTRE Peintres.Artistes.Clébrités, #MONTMARTRE. Rues et places.
Jean Baptiste Clément. Ses adresses à Montmartre. Le Temps des Cerises.

La dernière maison de Jean Baptiste Clément.

Pour l'anniversaire de la Semaine Sanglante, je republie cet article consacré à ce héros de la Commune, humaniste et poète.

Photo de Nadar.

Photo de Nadar.

Il est l'un des plus montmartrois des Montmartrois.

Il a donné à la Butte son hymne amoureux et tragique.

Pour l'éternité (aussi longtemps qu'elle durera) il chantera le Temps des Cerises, le temps de la Commune, de la jeunesse...

Comment une chanson d'amour écrite plusieurs années avant la Commune a t-elle pu s'imposer comme un étendard du rêve assassiné?

Les poètes ne sont-ils pas prophètes?

 

Jean Baptiste Clément. Ses adresses à Montmartre. Le Temps des Cerises.

                    Clément fut un piéton de Montmartre, un inlassable arpenteur de la Butte et l'on sera à peine surpris qu'il y ait habité en 12 endroits différents...

12 adresses qui offriront à ses admirateurs l'occasion d'une balade nostalgique et rêveuse d'une rue à l'autre...

Jean Baptiste Clément. Ses adresses à Montmartre. Le Temps des Cerises.

Il n'a jamais été un poulbot du village puisqu'il passa son enfance à Montfermeil où son père avait un moulin.

Etrange coïncidence que ces moulins qui jalonnent sa vie! Moulin de son père, moulin de ses grands-parents à l'Isle Saint-Denis, moulins de la rue Lepic!  

Rue Chappe (ancienne rue du Télégraphe) en 1904

Rue Chappe (ancienne rue du Télégraphe) en 1904

Rue Chappe en février 2017

Rue Chappe en février 2017

Il a 24 ans quand il arrive sur la Butte, l'année où Montmartre est rattaché à Paris en 1860. 

Il a pour premier domicile le 3 de la rue du Télégraphe. Une rue qui aujourd'hui porte le nom de son inventeur : Chappe.

Le 3 (disparu)

Le 3 (disparu)

Aujourd'hui la numérotation de la rue passe du 1 au 5, en sautant par-dessus le 3 dont il ne reste que des traces de l'ancienne entrée.

Le fantôme de Clément se fera passe-muraille pour y pénétrer!

Jean Baptiste Clément. Ses adresses à Montmartre. Le Temps des Cerises.
Passage de l'Arcade (des Abbesses)

Passage de l'Arcade (des Abbesses)

Il n'y demeure qu'une année avant de trouver refuge chez son oncle, Christian Poullain

qui habite passage de l'Arcade, aujourd'hui passage des Abbesses.

 

rue Véron 1903

rue Véron 1903

Rue Véron février 2016

Rue Véron février 2016

Lui qui aime la liberté, malgré la gentillesse de son oncle, préfère s'échapper du Passage pour aller habiter rue Véron au 15.

Il aime rencontrer les journalistes qui écrivent pour des journaux socialistes, avec une prédilection pour "le Cri du Peuple" de Vallès. Lui-même écrit des articles dans quelques uns de ces  journaux étroitement surveillés.

 

Jean Baptiste Clément. Ses adresses à Montmartre. Le Temps des Cerises.

Nous sommes en 1862.

Il quitte la rue Véron pour trouver refuge dans le vieux Montmartre et ses maisons modestes encore debout, rue Saint-Vincent.

Projet (en construction) rue St-Vincent

Projet (en construction) rue St-Vincent

Près de la maison de Berlioz, jouxtant le Carmel, la petite maison du village a disparu comme toutes celles de la rue qui est devenue triste et sans style.

C'est un des endroits de Montmartre les plus saccagés et définitivement enlaidis. Un complexe touristique va s'élever bientôt entre le 3 et le 7 de la rue St-Vincent.

Le cerisier du jardin  de Berlioz n'est pas près de refleurir!

Conchy-les-Pots, aujourd'hui Conchy Saint-Nicaise.

Conchy-les-Pots, aujourd'hui Conchy Saint-Nicaise.

Il fait un voyage en Belgique et passe par un village de l'Oise, Conchy les Pots, aujourd'hui Conchy Saint-Nicaise. C'est là que faisant escale, il se repose dans un jardin planté de cerisiers où il écrit son poème "Le Temps des Cerises".

Cité du Midi.

Cité du Midi.

De retour de son voyage, Clément quitte le vieux Montmartre pour habiter dans une ruelle du bas-Montmartre qui donne aujourd'hui sur l'avenue de Clichy, la Cité du Midi, au 10.

C'est pendant les années où il vit dans cette impasse qu'il est poursuivi pour ses chroniques qu'il appelle "Carmagnoles" publiées dans le journal La Réforme. Il est condamné pour injure envers l'Empereur et appel à la haine et au soulèvement et emprisonné à Sainte-Pélagie.

Il est libéré le 4 septembre 1870, jour de l'insurrection républicaine.

En 1871 il s'engage de toute sa foi républicaine dans la Commune. Il est élu dans le XVIIIème arrondissement et pendant la Semaine Sanglante, il risque sa vie avec le peuple de Paris sur les barricades.

Après l'écrasement de la Commune, il est condamné à la déportation.

Il quitte alors la Cité du Midi pour se réfugier en Angleterre.

Jean Baptiste Clément. Ses adresses à Montmartre. Le Temps des Cerises.

Il écrit alors un de ses textes les plus connus : La Semaine Sanglante

.

Sauf des mouchards et des gendarmes

On ne voit plus par les chemins

Que des vieillards tristes en larmes

Des veuves et des orphelins

Paris suinte la misère

Les heureux même sont tremblants

La mode est aux conseils de guerre

Et les pavés sont tout sanglants

 

.

7 rue Constance.

7 rue Constance.

Grâce à l'amnistie de 1880, il peut revenir à Montmartre où il habite quelques mois rue Constance, au 7.

12 rue Ganneron

12 rue Ganneron

... Puis rue Ganneron, au 12, chez sa tante Louise. La rue conduit au cimetière Montmartre qu'elle longe sur une bonne partie. Mais c'est au Père Lachaise que sont inhumés de nombreux communards et non dans ce cimetière Montmartre...

C'est alors qu'il reprend ses poèmes qu'il groupe dans un recueil. Il dédie "le Temps des Cerises" à une infirmière:

"A la vaillante citoyenne Louise, l'ambulancière de la rue Fontaine au Roi le 28 mai 1871..."

Barricade de la Fontaine au Roi.

Barricade de la Fontaine au Roi.

La barricade de la rue de la Fontaine au Roi est une des dernières et des plus héroïques de la Commune. Clément s'y bat aux côtés de Varlin et de Théo Ferré. Il voit arriver une jeune infirmière d'une vingtaine d'années. Il tente de la dissuader de rester là, le dénouement étant annoncé et tragique. Elle reste. Clément se souvient qu'elle fut courageuse et s'occupa des premiers blessés.

Jean Baptiste Clément. Ses adresses à Montmartre. Le Temps des Cerises.

Il ne la revit pas.

"Qu'est-elle devenue? A-t-elle été avec tant d'autres fusillée par les Versaillais?

N'était-ce pas à cette héroïne obscure que je devais dédier la chanson?..."

 

Tombe de Jean-Baptiste Clément au Père Lachaise

Tombe de Jean-Baptiste Clément au Père Lachaise

Et l'on comprend pourquoi le Temps des Cerises est associé à la Commune et à la Semaine Sanglante.

Le mois de mai, saison des cerises

 Les fruits tombant en gouttes de sang...

L'amour perdu et le rêve massacré partagent les mêmes images et la même mélancolie.

 

"J'aimerai toujours le temps des cerises :

C'est de ce temps-là que je garde au coeur

Une plaie ouverte!

Et Dame Fortune en m'étant offerte,

Ne pourra jamais fermer ma douleur,

J'aimerai toujours le temps des cerises

et le souvenir que je garde au cœur!"

 

 

Rue Lepic (53)

Rue Lepic (53)

La vie continue et les pérégrinations de Jean Baptiste dans les rues de Montmartre aussi...

En 1885, année où il fonde la fédération socialiste des Ardennes, il commence l'ascension de la rue Lepic et "s'installe" au 53 où il reste deux ans...

Rue Androuet

Rue Androuet

En 1887 le voilà rue Androuet, au 7, dans cette petite rue montagnarde qui accueille sur ses murs des artistes de rue....

14 rue Germain Pilon

14 rue Germain Pilon

Trois ans plus tard, il redescend vers Pigalle et la rue Germain Pilon, au 14.

45 rue des Abbesses.

45 rue des Abbesses.

... Il y reste quelques mois et lui préfère bientôt la rue des Abbesses (45) encore populaire à cette époque et dont la vieille mairie qui joua un rôle central pendant la Commune est encore debout pour peu de temps...

.

... et puisqu'il faut bien que tout s'arrête un jour, il ne reste à Clément qu'une dernière adresse montmartroise, la plus durable, celle qui méritera une plaque commémorative alors qu'aucune autre n'aura eu cet honneur!

110 rue Lepic

110 rue Lepic

Nous sommes au 110 rue Lepic, presque au sommet de la Butte.

La plaque posée par les Amis du Vieux Montmartre se trompe de quelques années car c'est de 1892 à 1903 (date de sa mort) et non de 1885  à 1903 qu'il y vécut.

La plaque qui n'est pas à une erreur près prétend qu'il a été maire de Montmartre, ce qui est faux.... archi faux!

Enfin, elle colle un trait d'union entre Jean et Baptiste, ce qui est encore une erreur puisque les parents du petit n'en mirent pas afin de le distinguer de son père qui avait le même prénom!

Mêmes erreurs sur la plaque! Il ne fut jamais maire de Montmartre! Il n'eut jamais de trait d'union!

Mêmes erreurs sur la plaque! Il ne fut jamais maire de Montmartre! Il n'eut jamais de trait d'union!

La place qui commence là, entre les rues Ravignan et Lepic, porte (avec les mêmes erreurs) le nom du combattant poète, ou du poète combattant....

En cet endroit où  Montmartre rêva de fraternité et de justice et où les balles des Versaillais étoilèrent de sang les révoltés.

Jean baptiste Clément veille pour toujours (le toujours relatif de notre humanité) en Haut de la Butte.

Il guette le retour du Temps des Cerises....

 

Jean Baptiste Clément. Ses adresses à Montmartre. Le Temps des Cerises.
Jean Baptiste Clément. Ses adresses à Montmartre. Le Temps des Cerises.

Je tiens à remercier André Roussard pour son travail minutieux et exigent sur les Montmartrois, sur les lieux, sur les peintres... Trois livres qui sont pour les amoureux de la Butte et les chercheurs une véritable Bible (plus utile que celle qui est psalmodiée dans le Sacré-Cœur!)

La visite de sa galerie, rue du Mont-Cenis, est un plaisir car les toiles exposées sont souvent intéressantes. Vous pourrez par la même occasion vous procurer ces livres qui font référence.

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La Gaîté-Rochechouart. Un music-hall disparu.
Simone Valéry à la Gaîté Rochechouart

Simone Valéry à la Gaîté Rochechouart

     Ils sont nombreux les music-halls dont ne subsistent que le nom dans la mémoire de notre quartier… La Gaîté Rochechouart est un de ceux-là.

La Gaîté-Rochechouart. Un music-hall disparu.

     Ce n'était à l'origine, au 15 du boulevard de Rochechouart, qu'un vaste hangar qui servait d'entrepôt. Un dénommé Flécheux l'acquit pour le transformer en music-hall. Disons plutôt pour y installer chaises, tables, estrade rudimentaire. Le lieu était triste et banal, une bonne raison pour l'appeler "La Gaîté"!

Nous sommes en 1867, date de naissance de ce "music-hall" qui l'année suivante compléta son nom et devint "La Gaîté-Rochechouart".

Emilie Bécat

Emilie Bécat

     Il passa ensuite entre les mains de plusieurs propriétaires parmi lesquels, la plus originale fut Emilie Bécat, chanteuse aux nombreux admirateurs fascinés par son talent et son énergie. 

Paulus qui l'aimait beaucoup a parlé d'elle dans ses mémoires : "C'était du vif argent. Elle courait, bondissait, se tordait avec des gestes câlins et canailles". elle inaugura un genre qu'on qualifia d'épileptique!

 

     C'est en 1876 que grâce à un riche protecteur, elle put réaliser son rêve et acquérir ce music-hall. Elle en prit possession comme un capitaine ignorant des règles de la navigation.

Elle présenta sur scène Jean Richepin qui interprétait ses textes et qui malgré son succès populaire fut poursuivi par la justice à cause de ses "Chansons des gueux". Amende et prison pour avoir décrit une étreinte entre deux clochards!

 

Jean Richepin

Jean Richepin

 La jeune Mistinguett y fit ses débuts en 1876 mais n'y chanta que quelques mois avant de choisir l'Eldorado dont le nom et le renom nom lui promettaient une riche carrière!

    Ni Richepin ni Mistinguett ne suffirent à assurer la rentabilité de la salle qu'Emilie ne savait gérer. Elle perdit l'argent que ses charmes lui avaient rapporté et elle quitta Paris pour Saint-Pétersbourg où elle espérait se refaire une santé!

Jane d'Alma à la Gaîté Rochechouart

Jane d'Alma à la Gaîté Rochechouart

     La salle fut reprise par Auguste Richard qui créa les premiers cafés- concerts jusqu'en 1892 où les Varlet prirent le relais et firent de la Gaîté un des lieux les plus vivants et les plus appréciés des amateurs.

Roussel à la Gaîté Rochechouart

Roussel à la Gaîté Rochechouart

Mauricette d'Arbois à la Gaîté Rochechouart

Mauricette d'Arbois à la Gaîté Rochechouart

    Pendant 24 ans la Gaîté-Rochechouart vécut sa grande période. La plupart de ses vedettes d'une saison sont aujourd'hui oubliées mais il suffit de regarder leurs photos pour que revive la Belle Epoque avec sa fantaisie, son kitsch, ses artifices et ses charmes.

De Vincenzi à la Gaîté Rochechouart

De Vincenzi à la Gaîté Rochechouart

Ces "beautés" fin de siècle nous étonnent parfois tant elles sont, pour la plupart, éloignées des canons actuels. 

De morlaix à la Gaîté Rochechouart

De morlaix à la Gaîté Rochechouart

    Parmi les vedettes les plus appréciées, une certaine Merelli occupa une des premières places si l'on en juge au grand nombre de cartes postales la représentant. 

Léotor à la Gaîté Rochechouart

Léotor à la Gaîté Rochechouart

Verly à la Gaîté Rochechouart

Verly à la Gaîté Rochechouart

Sterly à la Gaîté Rochechouart

Sterly à la Gaîté Rochechouart

     Pendant cet âge d'or, la Gaîté faisait sa publicité sur les murs de Paris et recevait parmi ses spectateurs des poètes et des peintres de Montmartre.

 

                                       

 

     Certes les autres music halls du boulevard, surtout après l'ouverture du Moulin Rouge, avaient-ils plus de succès et plus de "stars" que la Gaîté mais on connaît au moins un dessin de Lautrec y représentant Nicolle en pierreuse (prostituée de la rue)

 

 

     Une autre artiste qui marquera l'histoire de la chanson française passa par la Gaîté en 1910.

Il s'agit de Fréhel. Elle venait de divorcer d'un comédien bellâtre, Roberty qui après avoir fait un enfant qui ne survivra que quelques mois, lui avait préféré Damia, la grande rivale aux accents tragiques, voire mélodramatiques.

 

    Fréhel qui avait abandonné son nom de scène "Pervenche" pour celui du cap breton qui lui rappelait ses origines, impressionne encore aujourd'hui par sa voix forte et populaire, par ses textes réalistes qui avec le temps ont pris une teinte poétique et mélancolique.

Le bas Montmartre où elle a vécu et où elle est morte, misérable, dans une chambre sordide d'un hôtel de Pigalle, reste lié à son histoire. Elle a d'ailleurs chanté le quartier saccagé par la spéculation immobilière:

"Mais Montmartre semble disparaître

Car déjà de saison en saison

Des Abbesses à la place du tertre

On démolit nos vieilles maisons.

Sur les terrains vagues de la Butte

De grandes banques naîtront bientôt,

Où ferez-vous alors vos culbutes,

Vous les pauvres gosses à Poulbot? (…)"

Colette

Colette

     Une autre grande dame se produisit à la Gaîté. Il s'agit de Colette qui y donna ses pantomimes avec un certain succès.

La Gaîté-Rochechouart. Un music-hall disparu.

Elle évoque cette période de sa vie dans son roman "La Vagabonde" où la Gaîté-Rochechouart est appelée "L'Empirée-Clichy". La romancière y a rencontré de nombreuses artistes fauchées et a porté sur elles un regard fraternel (on dirait aujourd'hui sororal) et quelques fois amoureux.

"L'espèce n'est pas rare en ce pays montmartrois de ces filles qui vivent de misère et d'orgueil, belles de leur dénuement éclatant."

La Gaîté-Rochechouart. Un music-hall disparu.

    En 1923 un incendie détruisit le théâtre qui fut remanié et reconstruit.

Pendant quelques années de nombreuses pièces légères y furent données comme "Quand on a fait ça une fois"... "La mariée en vadrouille"... Certaines y furent créées : "C'est un enfant de l'amour", "Jojo le livreur d'amour", "L'Ecole des courtisanes"...

La Gaîté-Rochechouart. Un music-hall disparu.

    Mais comme la plupart des théâtres du boulevard, la Gaîté ne faisait plus recette. L'avènement du cinématographe lui porta le coup de grâce. Tout en gardant son nom, la salle se transforma en cinéma en 1932.

La Gaîté-Rochechouart. Un music-hall disparu.

   En attendant que la télévision à son tour ne le détrône et provoque la fermeture des grandes salles aux trois-quarts vides.

Le nom même de  "Gaîté -Rochechouart" disparut définitivement en 1988.

La Gaîté-Rochechouart. Un music-hall disparu.

    Des commerces variés et éphémères se sont installés à sa place. Une enseigne de vêtements masculins tout d'abord pour des hommes qui pour la plupart ignoraient que leurs lointains aînés venaient là, au temps du music hall, non pour acheter des jeans et des joggings mais pour rêver devant des femmes vêtues de plumes, de strass et de lumière.

Aujourd'hui c'est un bazar qui peaufine son installation. Il proposera des objets utiles ou inutiles pour la cuisine, la décoration, le loisir...

Il n'y aura plus que les casseroles pour nous permettre d'organiser un concert!

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Restaurant l'Artiste 27 rue Gabrielle. Fresque de chats. Meyali.

J'avais depuis longtemps envie d'entrer dans ce minuscule restaurant idéalement situé en bas de la rue du Calvaire bien nommée pour l'épreuve qu'impose aux touristes l'ascension de son escalier abrupt.

Restaurant l'Artiste 27 rue Gabrielle. Fresque de chats. Meyali.

La façade est gaie et parfois un gros nounours repu est assis à côté de l'entrée, laissant entendre par son air satisfait qu'il sort de table, comblé et extatique.

 

 

 

Restaurant l'Artiste 27 rue Gabrielle. Fresque de chats. Meyali.
Restaurant l'Artiste 27 rue Gabrielle. Fresque de chats. Meyali.

Il y a quelques années le restaurant s'appelait "Chez Marie", nom qu'il avait reçu dès sa création.

Et qui lui porta chance pendant une trentaine d'années. Une fois Marie à la retraite, c'est l'Artiste qui prit la place.

J'y suis allé malgré ma méfiance et la réputation pour le moins médiocre de la plupart des restaurants de la Butte.. Un jour d'anniversaire, après avoir lu quelques avis proches de la glorification publiés sur des sites connus des consommateurs venus des quatre coins de la planète (qui n'en est pas moins ronde) j'ai franchi le seuil. "Salut l'Artiste!"

Restaurant l'Artiste 27 rue Gabrielle. Fresque de chats. Meyali.

L'accueil est souriant, chaleureux, ensoleillé. Le lieu paraît un peu trop resserré, bas de plafond et décoré de reproductions d'affiches et de tableaux qui forment un camaïeu indistinct et luisant. 

Restaurant l'Artiste 27 rue Gabrielle. Fresque de chats. Meyali.

Mais dans ce fouillis, émerge une fresque qui a aussitôt attiré mon attention de catophile, que dis-je, de catolâtre absolu. Une fresque venue du temps de "Chez Marie"

Restaurant l'Artiste 27 rue Gabrielle. Fresque de chats. Meyali.

Au pays du Chat Noir de Bruant, les matous sont partout chez eux.

D'autant plus que leur plus grand admirateur, Steinlen qui habitait sur l'autre versant, leur a consacré la majeure partie de son  œuvre, hymne à leur beauté, leur sauvagerie, leur noblesse, leur nonchalance.

Restaurant l'Artiste 27 rue Gabrielle. Fresque de chats. Meyali.

Le peintre qui a créé la fresque s'appelle J. Meyali. Il a daté son travail de 1995. Point final. Je ne peux en dire plus sur cet artiste après avoir cherché en vain  sur la toile quelques renseignements, quelques bribes de sa vie. Rien, rien de rien.

 

Je lance un appel à mes amis Montmartrois (et autres) au cas où ils auraient quelque information qui me permettrait de rendre hommage à ce peintre méconnu qui peut-être paya son écot grâce à sa joyeuse assemblée de chats.

Restaurant l'Artiste 27 rue Gabrielle. Fresque de chats. Meyali.

C'est évidemment à Steinlen qu'il fait penser, surtout avec ses chats au premier plan, moins avec ceux qui singent des attitudes humaines à l'arrière plan. Steinlen n'aurait jamais abaissé les félins jusqu'à leur donner des allures humaines!

Restaurant l'Artiste 27 rue Gabrielle. Fresque de chats. Meyali.

Les stars de cette assemblée qui trinque et fait la fête, ce sont le  blanc et le noir aux yeux d'or.

Restaurant l'Artiste 27 rue Gabrielle. Fresque de chats. Meyali.

On les retrouve presque identiques, passant la tête au-dessus du comptoir pour jeter un œil dans la salle sur les consommateurs qui envahissent leur espace. Ils n'ont pas l'air d'apprécier cette intrusion, pas plus qu'ils ne participent à la fiesta alcoolisée de leurs congénères.

Ce sont donc de vrais chats qui n'aspirent qu'au calme, à l'harmonie, éventuellement à la caresse d'un humain capable de les comprendre et de s'abaisser à leur hauteur!

 

         Si vous voulez les rencontrer, entrez avant ou après les heures d'affluence, vous serez bien accueillis et pourrez, si vous en avez envie, boire un petit verre.

Mais, je vous donne un conseil d'ami, n'y mangez pas.

Je ne veux pas être méchant, je ne dis que ça.

Croyez-en le regard mécontent de ces matous. 

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Publié le par chriswac
Publié dans : #album, #MONTMARTRE. Rues et places.
Album photos jour après jour Montmartre. Avril 2024

1er avril. Un décor de théâtre. (rue Chevalier de La Barre et passage Cottin)

Album photos jour après jour Montmartre. Avril 2024

2 avril. Les yeux dans les yeux. Square Nadar.

Album photos jour après jour Montmartre. Avril 2024

3 avril. Un instant de bleu intense sur le campanile qui a la tête en Italie.

Album photos jour après jour Montmartre. Avril 2024

4 avril. Des élèves attentifs! Square Nadar.

Album photos jour après jour Montmartre. Avril 2024

5 avril. Magasin porte-bonheur? (rue du Mont-Cenis).

Album photos jour après jour Montmartre. Avril 2024

6 avril. Quand la place du Calvaire est celle de la passion.

Album photos jour après jour Montmartre. Avril 2024

7 avril. Un des passages les moins connus du quartier, Briquet.

Album photos jour après jour Montmartre. Avril 2024

8 avril. Qu'on est bien dans les bras d'une humaine!

Album photos jour après jour Montmartre. Avril 2024

9 avril. La gourmandise en marche.

Album photos jour après jour Montmartre. Avril 2024

10 avril. Devant la basilique. Zorro est femme.

Album photos jour après jour Montmartre. Avril 2024

11 avril. Jeune couple devant le plus vieil arbre de Montmartre.

Album photos jour après jour Montmartre. Avril 2024

12 avril. Belle rencontre rue Utrillo.

Album photos jour après jour Montmartre. Avril 2024

13 avril. Il est revenu avec le soleil, sans son bonnet mais avec son chat noir. Malin il offre aux touristes l'image de Montmartre qui leur convient

Album photos jour après jour Montmartre. Avril 2024

14 avril. "Je connais gens de toutes sortes"

Album photos jour après jour Montmartre. Avril 2024

15 avril. Les barreaux de la cage?

Album photos jour après jour Montmartre. Avril 2024

16 avril. Les beaux rêves.

Album photos jour après jour Montmartre. Avril 2024

17 avril. Le cycliste et son ombre (Square Louise Michel).

Album photos jour après jour Montmartre. Avril 2024

18 avril. Les mariés et la horde des touristes! Feront-ils le poids? (Rue du Chevalier de La Barre).

Album photos jour après jour Montmartre. Avril 2024

19 avril. Pluie pluie pluie...

Album photos jour après jour Montmartre. Avril 2024

20 avril. Le décor J.O. pour les escaliers, ça fait crier les uns et ravit les autres.

Album photos jour après jour Montmartre. Avril 2024

20 avril encore: Coupe du monde de VTT sur la Butte. Vieille tradition de vélo dans les escaliers.

Album photos jour après jour Montmartre. Avril 2024

21 avril. Danser malgré le vent glacé!

Album photos jour après jour Montmartre. Avril 2024

22 avril. La lectrice et le pigeon.

Album photos jour après jour Montmartre. Avril 2024

22 avril. La fillette et les canards (pelouse du square Louise Michel).

Album photos jour après jour Montmartre. Avril 2024

23 avril. Montmartre est un théâtre.

Album photos jour après jour Montmartre. Avril 2024

24 avril. Les chiens et leurs ombres.  Square Nadar.

Album photos jour après jour Montmartre. Avril 2024

25 avril. Le peintre punk et son portrait (Place du Calvaire)

Album photos jour après jour Montmartre. Avril 2024

26 avril. Blanc et noir. Le clochard et la statue vivante.

Album photos jour après jour Montmartre. Avril 2024

27 avril. L'amour à trois!

Album photos jour après jour Montmartre. Avril 2024

28 avril. Les grandes découvertes.

Album photos jour après jour Montmartre. Avril 2024

29 avril. Les marches du Sacré Cœur ont été peintes pour les J.O. mais pas sûr que ce sportif là obtienne la médaille d'or des trottineurs!

Album photos jour après jour Montmartre. Avril 2024

30 avril. Les mariés prennent le Montmartrobus!

C'est avec eux, avec ce rayon de soleil entre deux averses que se termine ce mois d'avril. On entend déjà tintinnabuler les clochettes du muguet!

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Publié le par chriswac
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Impasse du Cadran

Impasse du Cadran

Seule carte postale (à ma connaissance) de l'impasse du Cadran.

Seule carte postale (à ma connaissance) de l'impasse du Cadran.

A peine visible depuis le boulevard de Rochechouart, l'impasse du Cadran est si modeste que bien des Montmartrois ne connaissent pas son existence!

Impasse du Cadran. Montmartre. Folies Robert. Olivier Métra. Cinéma Palais Rochechouart.

Longue de 42 mètres et large de 7, elle doit son nom au cadran solaire qui au début du XIXème siècle avait été peint sur le mur qui la fermait et la séparait de la rue d'Orsel qui s'appelait alors rue des Acacias.

Le nom choisi remplaçait le nom originel : Impasse Danger. Non pas qu'il y eût des risques à s'y aventurer mais parce qu'un des propriétaires portait ce nom!

Est-ce cet nom qui a inspiré l'autrice de roman policier Claude Izner pour son "Minuit Impasse du Cadran"?

 

Impasse du Cadran. Montmartre. Folies Robert. Olivier Métra. Cinéma Palais Rochechouart.

Avant le rattachement de Montmartre à Paris, l'impasse était composée de modestes maisons et de remises.

Plusieurs clubs révolutionnaires comme il y en eut tant dans la première moitié du XIXème siècle y tinrent leurs réunions.

Impasse du Cadran. Montmartre. Folies Robert. Olivier Métra. Cinéma Palais Rochechouart.

Le Club de la Vengeance la choisit pour élaborer son programme révolutionnaire sous le Second Empire

La Garde Nationale en 1871 y réunit son Comité Central qui prit la décision d'enlever les canons de la place Wagram et de Neuilly pour les concentrer sur la Butte

Impasse du Cadran. Montmartre. Folies Robert. Olivier Métra. Cinéma Palais Rochechouart.

La même année, au mois de mai, y fut organisé le recrutement d'un corps de Francs Tireurs : Les Lascars de Montmartre.

Un roman d'Yves Carcenac raconte la vie de l'un d'entre eux, plus flamboyant que les autres : Ferdinand Janssoulé.

Impasse du Cadran. Montmartre. Folies Robert. Olivier Métra. Cinéma Palais Rochechouart.

Comment imaginer aujourd'hui devant cette impasse banale et sans intérêt qu'elle connut un tel bouillonnement d'idées, une telle activité révolutionnaire, une telle fabrique de rêves?

Impasse du Cadran. Montmartre. Folies Robert. Olivier Métra. Cinéma Palais Rochechouart.

Le lieu fait partie de l'histoire montmartroise pour une autre raison : il y eut à cet endroit un bal fameux : le bal des Folies Robert.

Impasse du Cadran. Montmartre. Folies Robert. Olivier Métra. Cinéma Palais Rochechouart.

C'était "une immense baraque de plâtre et de bois" dont le décor intérieur était un pastiche de palais mauresque. Il était dirigé par Gilles Robert qui y donnait des démonstrations de danses nouvelles.

Impasse du Cadran. Montmartre. Folies Robert. Olivier Métra. Cinéma Palais Rochechouart.

Quelques danseuses y éveillèrent bien des désirs : Elisa Belles Jambes, Bertha le Zouzou, Chicardinette...

Journalistes et écrivains appréciaient leurs talents divers et variés! Ils venaient s'encanailler dans ce bal mal famé qui ne prenait des airs décents que le dimanche quand la clientèle était composée de familles qui, sous le second Empire, passaient la barrière (avant 1860) comme on passe une frontière, pour s'aventurer à Montmartre!

Impasse du Cadran. Montmartre. Folies Robert. Olivier Métra. Cinéma Palais Rochechouart.

 

L'orchestre était dirigé par un jeune homme de 19 ans, Olivier Emart.

Plus tard, pendant la Commune, il sera Garde National au fameux 67ème bataillon de la rue des Rosiers (rue Chevalier de la Barre actuelle).

Impasse du Cadran. Montmartre. Folies Robert. Olivier Métra. Cinéma Palais Rochechouart.

Le nom d'Olivier Emart ne dit rien à personne mais son anagramme, Olivier Métra est beaucoup plus célèbre!

Impasse du Cadran. Montmartre. Folies Robert. Olivier Métra. Cinéma Palais Rochechouart.

C'est celui que choisit le musicien lorsqu'il dirigea l'orchestre du bal Mabille.

Il fut l'auteur d'œuvres très populaires, valses, quadrilles, polkas....

Impasse du Cadran. Montmartre. Folies Robert. Olivier Métra. Cinéma Palais Rochechouart.

Il composa des ballets pour les Folies Bergères et pour l'Opéra...

Impasse du Cadran. Montmartre. Folies Robert. Olivier Métra. Cinéma Palais Rochechouart.

Le bal des Folies Robert, après avoir été dirigé par son créateur, le fut par Gilles Jacquet.

Mais d'autres bals, trop nombreux, lui faisaient concurrence et il ferma ses portes en 1870.

Impasse du Cadran. Montmartre. Folies Robert. Olivier Métra. Cinéma Palais Rochechouart.

Le bâtiment, transformé un temps en usine pour ballons dirigeables, périclita peu à peu et c'est en 1912 qu'il connut une nouvelle carrière.

Une salle de cinéma fut édifiée à son emplacement : le Palais Rochechouart-Aubert.

 

Impasse du Cadran. Montmartre. Folies Robert. Olivier Métra. Cinéma Palais Rochechouart.

La salle était immense et accueillait plus de 1600 spectateurs...

Impasse du Cadran. Montmartre. Folies Robert. Olivier Métra. Cinéma Palais Rochechouart.

Elle faisait partie de la chaîne des cinémas Aubert.

Elle était de style art nouveau et fut hélas détruite pour adopter une architecture dépouillée et fonctionnelle en 1931.

Impasse du Cadran. Montmartre. Folies Robert. Olivier Métra. Cinéma Palais Rochechouart.

Elle fut rachetée par Gaumont et après des années de succès, subit la concurrence de la télévision, se dégrada, devint un lieu de drague.

Sa programmation faisait la part belle aux films de Kung Fu que peu de spectateurs regardaient!

Bruce Lee ne put en empêcher la fermeture en 1969, année pourtant érotique si l'on en croit Serge Gainsbourg.

 

Impasse du Cadran. Montmartre. Folies Robert. Olivier Métra. Cinéma Palais Rochechouart.

Elle céda la place à un ensemble commercial assez foutraque avant d'être détruite et remplacée par un magasin Darty (aujourd'hui Boulanger).

Impasse du Cadran. Montmartre. Folies Robert. Olivier Métra. Cinéma Palais Rochechouart.
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Côté impair de l'impasse, un immeuble de belle architecture, abrite au Rez de chaussée un magasin de "mode"  barbésienne : "La Rose d'Orient".

Il y avait au 8 un immeuble qui fut détruit au profit du magasin qui de ce fait réduisit l'impasse de plusieurs mètres.

Nous avons gardé quelques traces de l'existence de ce 8 disparu où l'entreprise Vigron se spécialisait dans le "brossage, grattage, silicatisation, badigeon à la chaux....

 

Impasse du Cadran. Montmartre. Folies Robert. Olivier Métra. Cinéma Palais Rochechouart.

Au fond de l'impasse s'élève sur plusieurs niveaux un magasin spécialisé dans le "bizness" du mariage....

 

Faut-il en conclure que le Mariage est aujourd'hui dans l'impasse car le grand magasin est aujourd'hui fermé et se dégrade.

Impasse du Cadran. Montmartre. Folies Robert. Olivier Métra. Cinéma Palais Rochechouart.
Impasse du Cadran. Montmartre. Folies Robert. Olivier Métra. Cinéma Palais Rochechouart.

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Publié le par chriswac
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La Bohème rue du Mont Cenis. Les métamorphoses. Le moulin joyeux. Les coulisses.

    Du 2 au 5 Norvins, voilà un début de rue qui a connu bien des métamorphoses. Aujourd'hui il est entièrement occupé par "La Bohème", de la place du Tertre à la rue Saint-Rustique!

La Bohème rue du Mont Cenis. Les métamorphoses. Le moulin joyeux. Les coulisses.

   Cette gravure nous permet de voir le lieu déjà occupé par "la Bohème" à l'exception du dernier numéro où résiste encore, pour peu d'années, le restaurant du  "Moulin Joyeux". Le nom du propriétaire sur la façade de l'Hôtel nous permet de dater la gravure entre 1930, année de son rachat par Beynat et 1938 année de sa destruction et de l'édification de l'immeuble actuel, trop lourd, trop haut, qui rompt l'harmonie des vieilles maisons et enlaidit ce lieu historique.

             L'immeuble de 1938 comme une verrue sur un beau visage!

    De vieilles photos et cartes postales nous permettent de garder souvenir de ce qu'était ce début de rue avant que Beynat n'en fasse son domaine et ne dévore un à un ses voisins.

Nous voyons sur ce cliché l'Hôtel du Tertre qui porte encore le nom de Bouscarat, "Le Rendez-vous des cochers" (maison Poncier) et avant la rue Saint-Rustique "Le Rendez-vous des Amis".

 

Nous avons déjà rencontré le "Rendez-vous des Cochers" en écrivant l'histoire de l'Hôtel du Tertre.  Nous savons qu'il appartenait au Père Poncier et qu'il abrita au rez-de-chaussée une mercerie-librairie-papeterie qui délaissa les livres pour devenir débit de boissons.

 

 

La Bohème rue du Mont Cenis. Les métamorphoses. Le moulin joyeux. Les coulisses.

Nous pouvons constater que "le Rendez-vous des cochers" a fini par abandonner les cochers pour attirer le chaland en se targuant d'être "le Sommet de la Capitale".

 

Les deux immeubles mitoyens "Sommet de la capitale" et voisin, ne faisaient qu'un seul numéro, le 3, malgré leurs différences (fenêtres, toiture).

Aujourd'hui ils  forment un seul bloc dont les volets ont disparu et dont le pittoresque a été malmené.

 

Le 5 enfin est rentré dans l'alignement bohémien. Il faut de très bons yeux pour dénicher la plaque qui nous rappelle qu'il fut honoré de la visite régulière pendant une quinzaine d'années de Valadon et Utrillo venus en voisins de la rue Cortot.

 

              Les dates paraissent un peu fantaisistes, à la mode montmartroise,

Ce qui est avéré, c'est que le restaurant faisait également office  (comme de nombreux restaurants montmartrois) de débit de boissons.

Le Rendez-vous des amis devint "Le Moulin Joyeux" puis "Les Coulisses" jusqu'au jour de 1968 où il ne sut résister à la boulimie de La Bohème qui l'engloba tout entier!

                                                               Le Moulin Joyeux

                                                             Les Coulisses

 

Maintenant, tout le début de rue est uniformisé par La Bohème.

Pour nous consoler, réjouissons-nous que les petits immeubles des 3 et 5 n'aient pas été rasés pour s'aligner sur le vilain 2!

La Bohème rue du Mont Cenis. Les métamorphoses. Le moulin joyeux. Les coulisses.

La mode moche (et paraît-il efficace pour attirer le chaland) n'épargne pas la Bohême. Actuellement, elle croule sous des fleurs en plastique et des nounours.

 

La Bohème rue du Mont Cenis. Les métamorphoses. Le moulin joyeux. Les coulisses.

Et pour parachever le vandalisme, des fresques écrasantes assombrissent de leurs couleurs sinistres, prétendu hommage à Lautrec, tout le début de la rue St Rustique sur les murs latéraux de la Bohême. Elles consternent les habitants qui n'ont pas été consultés et font du cœur de Montmartre un disneyland prétentieux et épais. 

La Bohème rue du Mont Cenis. Les métamorphoses. Le moulin joyeux. Les coulisses.

La Bohême!

Destin hégémonique  que celui de cet établissement dont le nom évocateur de pauvreté et d'artistes fauchés ferait sourire Aznavour qui vécut rue St Rustique....

                                                              Aznavour rue Cortot

Laissons lui dernier mot  : 

"La Bohême, ça ne veut plus rien dire du tout"! 

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Publié le par chriswac
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Jehan-Rictus par Steinlen.

Jehan-Rictus par Steinlen.

Poète à part, virtuose de l'argot et du parler populaire, Jehan-Rictus ne pouvait trouver refuge que dans le Montmartre des artistes fauchés et des anars.

Jehan-Rictus par Léandre.

Jehan-Rictus par Léandre.

Gabriel Randon (véritable nom de Jehan-Rictus) est né en 1867 à Boulogne sur mer.

On ne peut pas dire qu'il ait eu une enfance heureuse, non reconnu par ses parents, élevé par une mère névrosée qui rêvant d'une gloire théâtrale s'installe avec son fils âgé de huit ans à Paris.

Gabriel Randon est né au 8 de la place Navarin bombardée en 1915.(Boulogne sur mer)

Gabriel Randon est né au 8 de la place Navarin bombardée en 1915.(Boulogne sur mer)

Il racontera son enfance de garçon mal aimé dans son roman Fil de Fer publié en 1906 qui n'est pas sans évoquer Poil de Carotte.

A 14 ans, il cesse d'aller à l'école. Il est employé dans des maisons de commerce comme apprenti jusqu'à l'âge de 16 ans où il se sépare de sa mère.

Très vite il est attiré par Montmartre où il survit grâce à de petits boulots qui lui assurent à peine de quoi se payer nourriture et abri. En 1889 il vit dans la rue avec les clochards et les laissés pour compte qui trouvent refuge dans le maquis. Il n'oubliera jamais cette période de sa vie où il fait l'apprentissage de la misère.

Le maquis de Montmartre (1904)

Le maquis de Montmartre (1904)

C'est là qu'il rencontre pour la première fois Steinlen dont le Cat's Cottage est en bordure du maquis. Steinlen deviendra un ami fidèle et c'est lui qui illustrera son plus célèbre recueil : Les Soliloques du Pauvre.

Il représentera page apès page le poète comme un errant, un passant tragique à la silhouette de Juif errant. Ses dessins sont au plus près de l'os, images charbonneuses d'un artiste mangé par la misère et la nuit, image un tant soit peu fantasmée du clochard idéal!

Jehan-Rictus à Montmartre.
Jehan-Rictus à Montmartre.

Gabriel Randon qui n'a pas encore choisi de s'appeler Jehan-Rictus se sent poète. Il admire alors Heredia qui l'aide à trouver un emploi dans l'administration de la Préfecture de la seine.

A la même époque il se lie d'amitié avec un poète symboliste, Albert Samain.

On a du mal à reconnaître l'écorché vif dans les vers qu'il écrit, inspirés des Parnassiens ou des Symbolistes....

Jehan-Rictus à Montmartre.

(...)

Vous me refusez. Adieu! tout s'écroule.

Je sais une mer, là-bas, dont la houle

Fermera sur moi son linceul flottant.

 

Si vous demeurez dédaigneuse, altière,

Je sais une croix dans un cimetière

Où j'irai clouer mon coeur palpitant."

 

Gabriel Randon. (sonnet à Léonie Godart. 1887)

 

En 1892, le poète qui ne donne pas satisfaction à l'administration qui ne lui en donne pas plus, va exercer sa plume dans le journalisme. Sans grand succès.

Il se sent poète avant tout et commence à fréquenter les cabarets où il lit ses textes.

Les Quat'z'Arts 62 bd de Clichy

Les Quat'z'Arts 62 bd de Clichy

Aujourd'hui! lingerie sexy à l'emplacement des Quat'z'Arts!

Aujourd'hui! lingerie sexy à l'emplacement des Quat'z'Arts!

Il débute 62 bd de Clichy au cabaret des Quat'z'Arts. Il délaisse alors le formalisme des vers classiques pour s'exprimer dans un langage populaire mâtiné de patois picard et d'argot parisien.

Il rencontre le succès grâce à un de ses textes les plus forts : le Revenant.

Il est invité dans des fêtes syndicales pour le déclamer devant un public ému.

Il fréquente le Lapin Agile où il a l'occasion de rencontrer, sans pourtant les apprécier, Max Jacob et Apollinaire.

Illustration de Steinlen pour le Revenant

Illustration de Steinlen pour le Revenant

Le long poème donne la parole à un clochard qui voit surgir face à lui, un soir de brume, le Christ, aussi décharné et aussi désespéré que lui.

Il compatit au sort misérable de l'homme divin et lui présente la société moderne plus dure encore et plus injuste que celle pendant laquelle il a vécu avant de subir sa passion :

.

"-Ah! Comm' t'es pâle...ah! comm' t'es blanc.

Sais-tu qu't'as l'air d'un Revenant,

Ou d'un clair de lune en tournée?

T'es maigre et t'es dégingandé,

Tu d'vais êt' comm' ça en Judée

Au temps où tu t' proclamais Roi!

A présent t'es comm' en farine.

Tu dois t'en aller d' la poitrine

Ou ben... c'est ell' qui s'en va d' toi!

Steinlen. Illustration pour le Revenant.

Steinlen. Illustration pour le Revenant.

Après avoir soliloqué longuement, après avoir accusé le Christ d'être un défaitiste qui tend la joue gauche alors qu'il faudrait se révolter, après l'avoir vu pleurer...le clochard se rend compte que c'est à son propre reflet dans le miroir d'une devanture qu'il a parlé en croyant s'adresser au fils de Dieu!

.

-Et Jésus-Christ s'en est allé

Sans un mot qui pût m'consoler,

Avec eun' gueul si retournée

Et des mirett's si désolées

Que j' m'en souviendrai tout' ma vie.

Et à c' moment-là, le jour vint

Et j' m'aperçus que l'Homm' Divin...

C'était moi, que j' m'étais collé

D'vant l' miroitant d'un marchand d' vins!

On perd son temps à s'engueuler...

.>

Jehan-Rictus à Montmartre.

Le poème fera partie du recueil qui paraîtra en 1897 et qui assurera jusqu'à nos jours la renommée de Jehan-Rictus : "Les Soliloques du Pauvre".>

Heureuse époque où un recueil de poèmes pouvait rencontrer le succès, être épuisé en quelques jours et nécessiter une réédition (au Mercure de France) !

Le 64 rue Lepic où Jehan-Rictus vit de 1895 à 1904

Le 64 rue Lepic où Jehan-Rictus vit de 1895 à 1904

Le 50 rue Lepic où il vit de 1904 à 1913

Le 50 rue Lepic où il vit de 1904 à 1913

Pendant ces années d'intense activité entre écriture et cabaret, Jehan-Rictus habite au coeur de Montmartre, rue Lepic.

D'abord au 64 où il loue un modeste appartement, ensuite au 50 dans un immeuble proche de celui où vécut Théo Van Gogh et où Vincent séjourna.

Le Bateau lavoir, ancienne Maison du Trappeur.

Le Bateau lavoir, ancienne Maison du Trappeur.

Pendant ces années fécondes, il fréquente la Maison du Trappeur qui allait devenir le Bateau Lavoir. Il y rencontre des poètes et des peintres anarchistes.

L'esprit de la Commune est encore présent sur la Butte !

Un public chaleureux l'accueille à la Roulotte, cabaret proche de la place de Clichy (42 rue de Douai) où se produit un autre poète du Pas de Calais, Marcel Legay, l'auteur de la chanson "Ecoute ô mon coeur" qui met la larme à l'oeil de tous les Artésiens!

25 rue Lepic. Emplacement de la Vache Enragée.

25 rue Lepic. Emplacement de la Vache Enragée.

Parmi les lieux où il interprète ses poèmes, citons encore au 25 rue Lepic le Cabaret de la Vache Enragée.

Jusqu'en 1914 il publie divers recueils ( Le Coeur Solitaire, Doléances, les Cantilènes du malheur) des plaquettes (la Frousse, les petites Baraques) un roman (Fil de fer).

Après cette date, bien qu'il lui reste une vingtaine d'années à vivre, il ne produit quasiment plus rien, comme si l'embourgeoisement de la vie rangée l'avait privé d'un talent qu'irriguaient la révolte et la misère.

Jehan-Rictus à Montmartre.

L'anarchiste, le rebelle vit correctement de ses droits d'auteur et d'aides publiques. Il a abandonné tout espoir et même tout désir de révolution.

Pire, il se rapproche par certaines idées de l'Action Française!

Le pacifiste a abandonné ses rêves de fraternité et la guerre le contraint à renoncer à ses illusions d'entente entre les peuples.

..

"(...) Gn'y en a qui dis'nt que l' Monde un jour,

Y s'ra comme un grand squar' d'amour,

Et qu' les Homm's qui vivront dedans

S'ront d' grands Fan-fans, des p'tits Fan-fans,

Des gros, des beaux, des noirs, des blancs.

(La Farandole des pauv's tits fan-fans)


 
8 rue Camille Tahan où Jehan-Rictus vit de 1914 à sa mort en 1933.

8 rue Camille Tahan où Jehan-Rictus vit de 1914 à sa mort en 1933.

8 rue Camille Tahan depuis le cimetière de Montmartre!

8 rue Camille Tahan depuis le cimetière de Montmartre!

Il vit au dernier étage d'un immeuble cossu, 8 rue Camille Tahan. Il ne ressemble plus au Juif errant, au fantôme émacié qu'avait dessiné Steinlen.

Comme si après l'épuisement de son talent et de sa révolte, il n'attendait plus que la mort physique, il a choisi d'habiter contre le cimetière de Montmartre. Le mur pignon de son immeuble donne sur la ville des morts.

Il meurt en 1933.

Il est âgé de 66 ans.

Il ne saute pas par la fenêtre pour rejoindre le cimetière Montmartre.

Il est transporté dans sa boîte en sapin à Bagneux où il est enterré dans la 25ème section.

Sur sa pierre tombale sont gravés ces vers tirés des Soliloques :

.

"Voui, dormir... n'pus jamais rouvrir

Mes falots sanglants su' la Vie,

Et dès lors ne pus rien savoir

Des espoirs et des désespoirs.

Qu' ça soye le soir ou bien l' matin,

Qu'y fass' moins noir dans mon destin,

Dormir longtemps... dormir...dormir !

Jehan-Rictus (c'est en 1920 qu'il tient à écrire son nom avec le trait d'union) reste vivant aujourd'hui pour tous ceux qui ont lu ses poèmes.

Sa légende est plus coriace que sa biographie.

Il est à jamais l'homme des Soliloques, le poète de de la compassion et de la révolte.

Son long fantôme noir et voûté ne cesse de hanter les rues de la Butte....

Peut-être se plante t-il devant la vitrine d'une boutique de luxe des Abbesses pour apostropher le Christ :

"Avoue-le, va... t'es impuisssant,

Tu clos tes châss's, t'as pas d' scrupules,

Tu protèg's avec l' même sang-froid

L'sommeil des bons et des Crapules

Et quand on perd quéqu'un qu'on aime,

Tu décor's, mais tu consol's pas."

 

 

Illustration pour Le Printemps (Steinlen)

Illustration pour Le Printemps (Steinlen)

Au-dessus des murs des "Je t'aime" square Jehan-Rictus.

Au-dessus des murs des "Je t'aime" square Jehan-Rictus.

Ou bien, devant les couples qui s'embrassent dans le square qui porte son nom et où a été élevé le Mur des "Je t'aime" se laisse t-il émouvoir... un instant...

Des Enlacés pass'nt deux par deux

(Comm' la Mort toujours près d' la Vie)

Y m' frôl'nt, y vont - je m'fais des ch'veux

Car moi j' suis seul et ça m'ennuie.

Mais l' ciel s' met eun' si bell' liquette,

L'ensemble il a l'air si joyeux,

Y fait si doux, y fait si chouette,

Qu' ça s'rait p'têt' vrai qu'y a un Bon Guieu!"

(Le Printemps. Les soliloques)

Le mur des "Je t'aime" square Jehan-Rictus
Le mur des "Je t'aime" square Jehan-Rictus

Le mur des "Je t'aime" square Jehan-Rictus

Liens :

Artistes, peintres célébrités de Montmartre

Rues, places de Montmartre

Monuments et lieux typiques de Montmartre

Cimeière Montmartre. Célébrités

Merci à Christian Tanguy de m'avoir signalé" quelques erreurs que j'ai pu corriger grâce à lui.

site : http://www.florilege.free/jehan-rictus

Il est le rééditeur de Fil de Fer et des poésies de Rictus aux éditions la part commune.

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Publié le par chriswac
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Place Juliette Drouet rue Pigalle et La Rochefoucauld. Victor Hugo et Juliette.

Depuis mes derniers articles sur les rues Pigalle et La Rochefoucauld quelques années ont passé.

L'abbesse a retrouvé sur les plaques son prénom : Catherine de La Rochefoucauld comme ses semblables non loin de là : Marguerite de Rochechouart et Emilie de la Tour d'Auvergne....

 

Le delta entre les rues Pigalle et Catherine de La Rochefoucauld jusque là anonyme a été baptisé "place Juliette Drouet" en 2017. 

 

Place Juliette Drouet rue Pigalle et La Rochefoucauld. Victor Hugo et Juliette.

     Avez-vous remarqué que tous ces mini espaces récupérés sur la voirie sont la plupart du temps devenus des "places" dédiées à des femmes. La mairie tente de réparer un "oubli" de plusieurs siècles. Les rues de la ville ont le plus souvent ignoré la moitié de l'humanité. 

Voilà donc que la femme de lettres, la passionnée, l'inlassable amoureuse de Victor Hugo a enfin à Paris un endroit qui la commémore. 

Place Juliette Drouet rue Pigalle et La Rochefoucauld. Victor Hugo et Juliette.

 Victor Hugo de retour d'exil loue en 1871 le premier étage de l'hôtel Rousseau 66 rue La Rochefoucauld.

 

Un bel hôtel dû à l'architecte Pierre Rousseau connu pour avoir réalisé l'Hôtel de Salm, un des plus beaux monuments civils de Paris (restauré après les incendies de la commune).

Victor Hugo y reçoit de nombreux écrivains, les Goncourt, George Sand ainsi que des politiques comme Clémenceau ou Gambetta. C'est là qu'il consacre une partie de ses journées à ses petits enfants Georges et Jeanne et qu'il écrit "L'art d'être grand-père".

Prenez garde à ce petit être ;

Il est bien grand, il contient Dieu.

Les enfants sont, avant de naître,

Des lumières dans le ciel bleu.

Place Juliette Drouet rue Pigalle et La Rochefoucauld. Victor Hugo et Juliette.

L'appartement que Juliette a choisi est presque en face de l'hôtel Rousseau là où la rue Pigalle fait un delta avec la rue Catherine de La Rochefoucauld. C'est aujourd'hui un hôtel de tourisme.

 

       L'année 1872 est tragique, c'est celle où la fille de Victor Hugo, Adèle, sombre dans la folie et doit être internée.

     Période noire pour le poète qui après avoir perdu son fils Charles l'année précédente, verra mourir son deuxième fils François-Victor l'année suivante. La présence de Juliette Drouet et les lettres qu'elle lui écrit le soutiennent dans l'épreuve. Il se réfugie chez elle et passe de plus en plus de temps à ses côtés.

Après un séjour de presque un an à Guernesey où il finit d'écrire son roman "Quatrevingt-treize", de retour à Paris,  il quitte l'hôtel Rousseau pour vivre chez Juliette rue Pigalle en 1873.

Cette place voit donc Juliette vivre enfin officiellement avec Victor Hugo! Et quand bientôt il louera l'hôtel du 130 avenue d'Eylau, elle l'y suivra.

124 avenue Victor Hugo (anciennement 130 avenue d'Eylau). Immeuble construit à l'emplacement de l'hôtel où Victor et Juliette vécurent ensemble leurs dix dernières années.

Tout a été écrit sur cette relation de sujétion qui sans doute irrite beaucoup de féministes. Je le comprends mais il y a là un mystère qui nous dépasse. Juliette qui connaissait les hommes, avait été mariée et mère, a choisi de lier sa vie à cet ogre de génie à qui elle apporta par sa fidélité une stabilité qui souvent lui manquait.

Je t'aime, toi, je ne pense qu'à toi. Je n'ai besoin que de toi. Je ne sais pas ce que je deviendrais s'il me fallait vivre maintenant sans toi, je crois que je ne vivrais pas.

 

Elle écrivit 22 000 lettres qui sont autant de déclarations. On y trouve, vigilant et brûlant,  le mot qui est le dernier de l'épitaphe que Victor Hugo fit graver sur sa tombe.

Quand je ne serai plus qu’une cendre glacée,
Quand mes yeux fatigués seront fermés au jour,
Dis-toi, si dans ton cœur ma mémoire est fixée :
Le monde a sa pensée, moi, j’avais son amour !   (Victor Hugo)

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Publié le par chriswac
Publié dans : #MONTMARTRE Peintres.Artistes.Clébrités, #MONTMARTRE. Rues et places.

 

     Chaque fois que je passe devant le 36 boulevard de Clichy je pense à Jules Pascin, peintre bulgare qui se donna la mort dans son atelier en 1930 à l'âge de 45 ans.

     Une mort difficile décidée après des années de dépression et de mal de vivre. Il se trancha les veines des deux poignets et la mort tardant à le libérer, il se passa une ficelle autour du coup et voulut se pendre. La ficelle ne résista pas, Pascin tomba sur le sol, nuque brisée. Il agonisa plusieurs heures. Il ne fut découvert que trois jours plus tard par sa maîtresse, Lucy, (de son vrai nom Cécile Vidil), mariée au peintre norvégien Per krogh neveu de Charles Munch. C'est son nom qu'il écrivit avec son sang sur les murs de son atelier.

                                                                  Lucy

    J'ai voulu retrouver dans notre quartier quelques endroits où il a vécu. Il est en effet lié à Montmartre et comme tous les artistes qui y ont travaillé, son fantôme est toujours présent dans l'air si particulier de la Butte.

 

   Jules Pascin, de son vrai nom Julius Mordecai Pincas est né en Bulgarie en 1885.

  C'est Apollinaire avec qui il se lia d'amitié qui lui proposa l'anagramme Pascin.

                                                       La famille turque (Pascin)                                            

     Il arriva à Paris en 1905 et atterrit à Montparnasse où alors qu'il était à ses débuts influencé par l'expressionnisme,  il se rapprocha des Fauves.

    Il séduit par son allure de prince en exil  et il participe aux folles nuits du quartier, ce qui lui vaut le surnom d "anarchiste déguisé en dandy".

                                               Photo prise au Dôme en 1910

 

1907 est une année décisive.

    Il rencontre la peintre Hermine David et il quitte Montparnasse pour s'installer (enfin!) à Montmartre.

                                       Hermine dans son lit (Pascin)

Sa première adresse montmartroise est l'hôtel Beauséjour, 1 rue Lepic. 

L'hôtel existe toujours mais il est devenu le Manolita et il cache bien ses cinq étoiles!

 

    Il vit avec Hermine une liaison orageuse car deux années plus tard il rencontre Lucy, modèle de Marquet, qui devient sa "seconde maîtresse". 

                                                     Hermine dans le studio

    C'est en 1909 qu'il change d'adresse à Montmartre pour occuper un atelier au 49 rue Gabrielle.

 

     C'est à cette adresse que débarqua Picasso en 1900, chez son ami le peintre Casagemas qui sombra dans l'alcool et se suicida en 1901 après avoir tenté de tuer la femme qu'il aimait.

 

   Les nombreux portraits que Pascin réalise d'Hermine, outre qu'ils montrent son amour pour elle, révèlent l'art sensuel et mélancolique du peintre qui ne se départit que rarement d'une tristesse existentielle profonde.

    En 1914 il est contraint de quitter la France car la Bulgarie est un pays ennemi. Il se réfugie aux Etats-Unis où Hermine le rejoint et où elle l'épouse en 1918, devenant Madame Pascin comme l'atteste intitulé de cette toile :

                                                  Portrait de Madame Pascin

 Le portrait laisse deviner la vieille blessure qui la mutila. Accident dû à une baleine (une baleine de corset plus précisément) catapultée dans les yeux d'Hermine qui en garda les séquelles après chirurgie, des yeux trop saillants, presque exorbités.

    Le "style" si particulier de Pascin apparaît dans ces toiles où l'on peut voir ce qu'il a retenu de l'expressionnisme, du Fauvisme, de l'Ecole de Paris....

 

   Si Hermine pose souvent pour lui, elle n'en est pas moins peintre elle-même, un peintre de grand talent qui s'épuise dans les trop nombreuses illustrations qui lui sont commandées mais reprend parfois le pinceau pour réaliser  des toiles de valeur comme sa fameuse Kiki de Montparnasse.

 

 

  Après les années américaines, le couple revient à Paris en 1920 et c'est à Montmartre que le peintre loue un atelier.

                                           15 rue Hégésippe Moreau

Il choisit la Villa des Arts, voie privée qui ouvre au 15 rue Hégésippe Moreau près du cimetière de Montmartre (sur des terrains récupérés sur lui).  C'était au XIXème siècle la plus grande cité d'artistes de Paris, avec une cinquantaine d'ateliers. Elle devrait susciter le même intérêt que le Bateau-Lavoir. Il suffit de nommer, parmi les nombreux peintres qui y créèrent : Cézanne, Carrière, Signac, Dufy, Rousseau... et Pascin!

                                                        Lucy (Melancolia)

     Le peintre retombe amoureux de Lucy qu'il n'avait jamais oubliée. Elle accepte de poser pour lui et de vivre une relation qu'elle veut garder secrète, étant mariée et mère d'un garçon.

C'est une nouvelle fois par ses portraits de femme que l'on peut apprécier l'art de Pascin. Lucy partage avec Hermine un grand nombre de portraits.

 

                                   Lucy à sa table (1928. Deux ans avant le suicide)

Nous pouvons les voir réunies sur une même toile :

 

     Le peintre est déchiré entre ses deux amours et par la souffrance qu'il inflige à sa femme. Ce déchirement fait sans doute partie des causes qui ont précipité son mal de vivre.

                                                         Jean Marchand

En 1922, il loue l'atelier du peintre cubiste Jean Marchand 73 rue Caulaincourt.

    L'immeuble est situé à l'emplacement du Cat's Cottage de Steinlen. C'est là que vécut et mourut l'un des plus beaux Montmartrois, peintre des chats et infatigable combattant contre la misère et l'injustice.

    Hermine encourage l'homme qu'elle aime à quitter Paris et ses démons pour voyager en Afrique du Nord, en Italie, aux Etats-Unis. Mais les retours se ressemblent et le mènent inévitablement dans les bars, les maisons closes, les fêtes.

                                                               Hemingway au Dôme (Pascin)

     Hemingway qui le rencontre au Dôme en 1924 l'évoque sans complaisance : "Pascin était un très bon peintre et il était ivre constamment, délibérément ivre et à bon escient..."

      En 1923, Pascin vient vivre dans ce qui sera son dernier appartement, au 36 boulevard de Clichy.

Il continue de peindre les pensionnaires des maisons closes, avec une attention teintée de tristesse et de sympathie qui fait de lui un frère de Toulouse Lautrec.

 

     Le 2 juin 1930, le jour même du vernissage de son exposition à la Galerie Georges Petit, il ferme sa porte à double tour, boit sans modération, comme il a l'habitude de le faire quasi quotidiennement et s'ouvre les veines.

C'est à Lucy qu'il pense et  c'est elle qu'il appelle en silence en écrivant son nom en lettres de sang sur le mur.

 

Alors qu'il a vécu l'essentiel de sa vie parisienne à Montmartre et qu'il y est mort, c'est au cimetière Montparnasse qu'il est enterré. Salmon qui fut un de ses amis, notamment au Bateau-Lavoir a écrit le poème gravé sur sa stèle :

" Homme libre      héros du songe et du désir     de ses mains qui saignaient poussant les portes d’or      esprit et chair     Pascin dédaigna de choisir       et maître de la vie il ordonna la mort ". 

 

    Depuis que je connais son histoire je ne peux m' empêcher chaque fois que je passe devant le 36 boulevard de Clichy, d'imaginer derrière les murs, cet homme qui après avoir choisi la mort peignit une dernière fois  avec ce qui lui restait de vie un adieu à la femme la plus aimée.

Dans cet adieu sanglant, je pense à Apollinaire qui avait donné à Pascin son nom :

"Et tu bois cet alcool brûlant comme ta vie

Ta vie que tu bois comme une eau de vie (...)

Adieu adieu

Soleil cou coupé"

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