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Montmartre secret

Montmartre secret

Pour les Amoureux de Montmartre sans oublier les voyages lointains, l'île d'Oléron, les chats de tous les jours. Pour les amis inconnus et les poètes.

montmartre. rues et places.

Publié le par chriswac
Publié dans : #MONTMARTRE. Rues et places., #MONTMARTRE Peintres.Artistes.Clébrités
Rue Mansart. Paris 9ème. La môme Bijou. Jeanne Moreau.

     C'est une courte rue qui va de la rue de Douai à la rue Blanche dans ce quartier qui devint à la mode pendant les années de la Monarchie Constitutionnelle de Charles X et Louis Philippe.

Rue Mansart. Paris 9ème. La môme Bijou. Jeanne Moreau.

    À son ouverture la rue porta le nom de Percier, architecte qui fut avec Fontaine (dont la rue est voisine) l'un des principaux initiateurs et créateurs de ce qu'on appellera le style Empire. L'harmonieux arc du Caroussel (avec Fontaine) est une de ses réalisations les plus connues et reconnues. 

Rue Mansart. Paris 9ème. La môme Bijou. Jeanne Moreau.Rue Mansart. Paris 9ème. La môme Bijou. Jeanne Moreau.

     On ne sait pourquoi Percier disparut des plaques pour être remplacé en 1864 par Mansart. Sans précision de prénom, ce qui permet de rendre un double hommage à François Mansart et à son neveu Jules Hardouin.

Rue Mansart. Paris 9ème. La môme Bijou. Jeanne Moreau.

     François (1598-1666), grand bâtisseur de châteaux qui font la synthèse et la transition entre Renaissance et grand art classique  (châteaux de Balleroy, de Maisons-Laffitte, galerie Mazarine).

  Jules Hardouin (1646-1708) premier architecte de Louis XIV à qui Paris doit quelques unes de ses merveilles (Place Vendôme, place des Victoires, pont Royal, église des Invalides....)

Rue Mansart. Paris 9ème. La môme Bijou. Jeanne Moreau.

     La rue a une particularité : son côté nord, premier construit, offre une certaine homogénéité dans le style sobre et élégant de la première moitié du XIXème tandis que le côté sud plus tardif est plus disparate va du 2nd Empire aux années trente!

Rue Mansart. Paris 9ème. La môme Bijou. Jeanne Moreau.

     Au commencement était la môme Bijou! En effet le 1 est l'adresse du café Mansart, endroit très fréquenté par ceux qu'on appelle par facilité et conformisme bobos et par les touristes. Pendant l'occupation un personnage haut en couleurs est habitué du lieu (et de quelques autres à Pigalle comme le bar de la lune). 

Rue Mansart. Paris 9ème. La môme Bijou. Jeanne Moreau.

       Il joue sur l'ambigüité, entre prostituée et travesti, entre clocharde et célébrité déchue. la môme Bijou est connue aujourd'hui encore pour avoir été photographiée par Brassaï

Elle est présentée dans le catalogue de l'exposition consacrée au grand photographe à Beaubourg en 2000 comme "une masse de graisse et de perlouses posée dans l'angle d'un bistrot".

Elle aurait inspiré autant que Marguerite Moreno le personnage de la Folle de Chaillot de Giraudoux.

Mais elle méritera qu'on lui accorde du temps car elle a gardé son mystère. Son regard triste et attentif émerge au-dessus de tous les portraits nauséabonds qui ont été faits d'elle.

                              Capture d'écran du blog "Haro sur les féminicides)

Alors qu'elle est très jeune (17 ans) elle se produit sur de petites scène comme mime.

    Elle est remarquée par Willy qui lui donne son nom de scène, Louise Willy, et dont elle devient la maîtresse. Elle joue dans un grand nombre de petits films érotiques comme "le coucher de la mariée".

photo de Germaine Krull

photo de Germaine Krull

     Le succès n'est pas au rendez-vous. On n'entend plus parler d'elle à partir de 1912 et le temps passant, on la retrouve dans les années trente à Pigalle où pour quelques sous elle lit les lignes de la main. Willy la retrouvant, vieillie et pitoyable, écrit : "Bijou, matrone cuirassée de crasse et de fard qui procure à quelques paternels sénateurs, la joie d'éduquer quelque lycéen."

 

   En 1945, Kessel parle d'elle en entrevoyant sa blessure : "La vieille affreuse et fascinante qui portait au bord de sa folie et de sa déchéance, je ne sais quel reflet obscur de grâces perdues, de pourrissantes amours."

                                             Marguerite Moreno. La Folle de Chaillot.

Rue Mansart. Paris 9ème. La môme Bijou. Jeanne Moreau.

 Je ne sais pourquoi ce personnage me touche et pour ne pas trop y penser, je continue ma balade dans la rue.

Au 3, voisin du Mansart, nous trouvons "La Cloche d'or".

 

    Ce restaurant a dès sa création été fréquenté par les artistes. Dans les années 20, il est dirigé par Anatole Moreau et son frère Arsène.

Anatole Moreau vit en couple avec une danseuse anglaise qui se produit dans les music-halls: Katleen Sarah Buckley.

Rue Mansart. Paris 9ème. La môme Bijou. Jeanne Moreau.

    Ils donnent naissance en 1927 à Jeanne Moreau dont on connaît l'importance qu'elle a eue dans le cinéma au temps de la Nouvelle vague et bien après....

Rue Mansart. Paris 9ème. La môme Bijou. Jeanne Moreau.

    Celle qui fut l'inoubliable Catherine de Jules et Jim habite aujourd'hui à trois cents mètres de la rue Mansart, au cimetière Montmartre.

Rue Mansart. Paris 9ème. La môme Bijou. Jeanne Moreau.

    La Cloche d'or fut fréquenté par bien des célébrités parmi lesquelles il suffit de citer Edith Piaf, Marcel Cerdan, Cocteau, Kessel... et elle fut le cadre d'une rencontre devenue mythique entre le jeune Yves Saint Laurent et celui qui allait devenir son mécène, son mentor, son amant pour la vie.... 

Rue Mansart. Paris 9ème. La môme Bijou. Jeanne Moreau.

    Nous restons du côté impair et cherchons en vain la maison qui s'élevait au n° 5, 5 bis. Il y a là où elle se croyait bâtie pour l'éternité, un immeuble sans grâce conçu en 1935....

Les fumeurs de kif (Gabriel Ferrier)

Les fumeurs de kif (Gabriel Ferrier)

    Elle abrita l'atelier d'un peintre et illustrateur, Nicolas Maxime Leboucher, mort en 1886, dont je n'ai rien trouvé sinon qu'il fut l'élève de Gabriel Ferrier, peintre orientaliste. 

Le 8

Le 8

Le 9

Le 9

     Le 9 est un lourd immeuble sans charme construit en 1932. Il n'a pas de scrupule à exposer sur sa façade le nom de son entrepreneur, un certain A. Chaize, et celui de son architecte D. Rotter. 

Rue Mansart. Paris 9ème. La môme Bijou. Jeanne Moreau.

     Dumitru Rotter, roumain d'origine, naturalisé en 1907 a aimé travailler en Corse où on lui doit entre autres le monument commémoratif du sergent Casalonga à Alata. 

Le 12

Le 12

Le 15

Le 15

     Il y eut au 15 une salle de culture physique qui fut gérée pendant l'occupation par l'ancien champion de boxe Victor Waintz. Elle était fréquentée par de nombreux acrobates et artiste de music-hall comme les Carletti, trapézistes et contorsionnistes qui donnèrent parfois leur numéro sur la scène du Louxor. Leur fille, Louise, fut actrice dans des films de L'Herbier, Feyder, Christian-Jaque, Delannoy...

 

     La salle était fréquentée également par des acteurs et actrices ainsi que par des personnalités diverses et variées soucieuses de perdre les kilos superflus!

Aujourd'hui l'atelier Petit Picotin qui a pris sa place a pour clientèle des bébés qui ne se soucient pas de leur poids et pour qui sont exposés draps et serviettes, peluches et jouets...

Rue Mansart. Paris 9ème. La môme Bijou. Jeanne Moreau.

La courte rue n'a plus grand chose à nous raconter. Bonne raison pour laisser la parole à celle qui y vécut des années de son enfance, Jeanne Moreau :

 

"Je n'ai pas de mémoire, je n'ai que des souvenirs."

 

 

Rue Mansart. Paris 9ème. La môme Bijou. Jeanne Moreau.

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Publié le par chriswac
Publié dans : #MONTMARTRE. Rues et places., #MONTMARTRE Peintres.Artistes.Clébrités
Rue de l'agent Bailly. Atelier d'Yvon Taillandier.

     Les habitants du quartier connaissent bien cette fresque de 15 mètres de long qui court sur tout le rez de chaussée de l'immeuble du 8 rue de l'agent Bailly.

     Ils n'y prêtent plus attention, elle fait partie de leur paysage.    

C'est le plus beau compliment qu'on puisse faire à l'art dans la ville. Il est là, essentiel, comme le ciel ou les arbres. S'il disparaissait, alors soudain on serait moins heureux, on respirerait moins bien.

Rue de l'agent Bailly. Atelier d'Yvon Taillandier.

    Yvon Taillandier (né à Paris en 1926, mort en Avignon en 2018) choisit cette ancienne menuiserie pour atelier en 1970. Pendant 40 ans elle le resta!  

Rue de l'agent Bailly. Atelier d'Yvon Taillandier.

     Dès son arrivée dans cette étroite rue il peignit tous les volets de la façade puis l'ensemble jusqu'à l'encadrement de la porte d'entrée de l'immeuble.

Rue de l'agent Bailly. Atelier d'Yvon Taillandier.
Rue de l'agent Bailly. Atelier d'Yvon Taillandier.

   On dit que les taggeurs qui n'hésitent pas à utiliser toute surface disponible quelle qu'elle soit, respectèrent ce monde foisonnant et joyeux créé par leur aîné.

Rue de l'agent Bailly. Atelier d'Yvon Taillandier.

     Au fond c'était très diplomatique car nous sommes en présence d'une ambassade, celle du Taillandier-Land!

Rue de l'agent Bailly. Atelier d'Yvon Taillandier.

     Et quelle ambassade! Celle de la vie dans sa diversité, son foisonnement, sa gaité, sa folie, son incongruité, son érotisme, ses machines, ses tubes, ses manèges, ses rêves. 

Rue de l'agent Bailly. Atelier d'Yvon Taillandier.

    Parce que ces images de "figuration libératrice" ne cherchent pas à vous en mettre plein la vue, elles cherchent seulement à capter votre regard pour l'intégrer à son mouvement. Elle cherche à faire de vous l'un des acteurs de cet univers où nous sommes tous reliés les uns aux autres. Où nos jambes, nos têtes se multiplient et se métamorphosent, où nos bouches, nos ventres abritent de petits êtres prêts à participer au jeu.

Rue de l'agent Bailly. Atelier d'Yvon Taillandier.

     Les machines font partie de ce monde et cessent d'être métalliques et bruyantes, elles sont de matière charnelle et n'interrompent pas la grande unité, la grande communication.

Rue de l'agent Bailly. Atelier d'Yvon Taillandier.
Rue de l'agent Bailly. Atelier d'Yvon Taillandier.

     Il y a quelque chose de vertigineux en même temps que rassurant dans cet univers où tout est mouvement.

     Le vertige c'est la rencontre et la multiplication des taillandiers, c'est le labyrinthe, la jungle où ils naviguent. Ce qui est rassurant c'est qu'il y a des frontières qui empêchent l'éclatement, la dissolution, l'éparpillement dans l'espace de tout ce peuple qui se tient.

Rue de l'agent Bailly. Atelier d'Yvon Taillandier.

     Une ambassade représente un pays.

    Un pays donne à ses habitants des frontières qui loin d'enfermer, protègent. Elles permettent au rêve de se déchaîner en douceur, au chaud à l'abri des murs familiers.

Rue de l'agent Bailly. Atelier d'Yvon Taillandier.

 

 

    Bon! je délire! Mais c'est parce que je réponds à l'invitation d'Yvon Taillandier! Il vous invite vous aussi, avec votre monde qui rejoindra le sien, accueilli, respecté, enfantin et joueur.

Vous aurez des pieds en surnombre...

des têtes démultipliées...

 des aéronefs complices

 des animaux familiers comme des maisons.

 

 

Rue de l'agent Bailly. Atelier d'Yvon Taillandier.

"Mes tableaux se veulent des chants joyeux, voire des hymnes à la joie"

Dans ces tableaux les virus n'entrent pas.

Ni la déprime, ni l'hiver!

Ni l'ennui qui, dit-on, naquit de l'uniformité!

                                                              Portes de l'atelier

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Publié le par chriswac
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Rue Cauchois.  Montmartre.

Article mis à jour le 22 mars 2021.

C'est une jolie rue de Montmartre, calme et quasi provinciale à deux pas de la nerveuse rue Lepic et de la très branchée rue des Abbesses!

Rue Cauchois.  Montmartre.

Comme bon nombre de ses consoeurs montmartroises, elle doit son nom au propriétaire qui fit lotir ses terrains dans la deuxième moitié du XIXème siècle.

L'ancienne impasse Cauchois qui fait partie aujourd'hui de la rue.

L'ancienne impasse Cauchois qui fait partie aujourd'hui de la rue.

Il existait une impasse qui portait son nom et qui fut absorbée par la rue lorsqu'elle fut prolongée. Cette impasse n'a que des numéros impairs, elle est comme une excroissance de la rue qui après cette hernie, poursuit son chemin jusqu'à la rue Constance et l'Impasse Marie Blanche.

Rue Cauchois.  Montmartre.

Courte rue mais grand passé.... Sur ses 133 mètres de nombreux personnages plus ou moins célèbres ont vécu...

Rue Cauchois.  Montmartre.
Rue Cauchois.  Montmartre.

Au commencement, rue Lepic, se trouve le Café des deux moulins que le film Amélie Poulain a fait connaître au-delà de nos frontières. Il n'est pas rare de voir des Japonais, souriants et émus, y faire de selfies...

Rue Cauchois.  Montmartre.
Le 3

Le 3

Au 3, petit immeuble sans éclat, le peintre Amédée Buffet (1869-1934) eut son atelier.

Rue Cauchois.  Montmartre.

Oublié aujourd'hui, il connut le succès et reçut des commandes nombreuses. Avec son frère Paul, il fut chargé de remplacer les toiles de Goya qui avaient été détruites dans la Chartreuse espagnole d'Aula Déi. Le fantôme du génial Espagnol ne le paralysa pas tout à fait!

     Pour preuve de son renom, on le trouve dans la délégation envoyée officiellement pour représenter les artistes français à l'Exposition Universelle de 1905, aux côtés de Renoir, Sisley et Monet!

Le 4

Le 4

Au 4, jouxtant les 2 Moulins, il y eut au début du XXème siècle un restaurant dont une photo garde le souvenir, avec le sourire des marchandes de fleurs faisant une pause avant d'escalader la Butte et de proposer aux passants leur bouquets.

Le 4 aujourd'hui

Le 4 aujourd'hui

     Ce restaurant a une histoire et par chance le petit-fils du patron qui habite toujours rue Cauchois nous a confié des souvenirs qui appartiennent désormais à notre quartier et qui en font la continuité et la vie. Son grand-père venu d'Auvergne, Joseph Fabry, en a été pendant des années le "patron".

                                                            Photo 1925 

            On le voit assis sur sa chaise devant son établissement le restaurant Cauchois.

     C'était alors la tradition de se faire photographier devant la vitrine avec famille et employés. Très souvent il y avait un  petit chien improbable et joyeux de poser pour l'éternité.

 

Photo 1928

Photo 1928

     

Sur cette autre photo de 1928, un zoom sur les pieds de Joseph Fabry permet de voir qu'il travaillait en pantoufles. Non qu'il fût pantouflard, loin de là mais il se trouve qu'il fut violemment heurté par une poussette d'enfant rue Lepic et que la blessure mal traitée ne cessa de le faire souffrir. Plus tard la gangrène gagna et l'amputation devint inévitable. Joseph Fabry mourut en 1966. 

 

         Alors que les Juifs du quartier étaient raflés, un jeune garçon, Joseph Weismann qui avait été emmené au camp de Beaune la Rolande avec la seule perspective de se voir offrir un voyage aller sans retour pour Auschwitz, après s'être évadé et avoir rejoint Paris, poussa les portes du restaurant de Joseph Fabry.

Rue Cauchois.  Montmartre.

     Il y était connu car son père y venait parfois. Il y fut reçu, nourri, mais ne put être caché car la police était zélée et ne manquait pas d'inspecter les cafés et les restaurants du quartier chaque soir. Malgré la rafle du Vel d'Hiv, les autorités n'étaient pas satisfaites, n'ayant pas arrêté un nombre suffisant de Juifs. L'occupant risquait de leur taper sur les doigts, d'autant plus que Bousquet s'était engagé par grand souci d'humanité à ne pas séparer les enfants de leur famille. C'est ainsi que 6000 enfants périrent dans les chambres à gaz.

 

    Le petit Joseph fut confié à une dame du quartier qui se chargea de le protéger. Plus tard il racontera son histoire dans un  livre qui a inspiré un film tourné en partie dans le quartier.

Aujourd'hui, à 90 ans, il continue de rencontrer de jeunes élèves pour leur transmettre un message de fraternité et de vigilance. 

Le 7

Le 7

Le 7 se protège derrière de hauts murs qui abrite une villa du XIXème classée. C'est là que vécut pendant 35 ans, le commissaire Bourrel, le fin limier de l'émission télévisée "Les 5 dernières minutes".

"Sur le Banc". Souplex et Sourza.

"Sur le Banc". Souplex et Sourza.

Raymond Souplex (1901-1972) commença comme chansonnier et se produisit souvent au Théâtre des Deux Ânes sur le boulevard voisin.

Peu à peu s'effacera son souvenir tant il est vrai qu'il ne brilla jamais dans des chefs d'œuvre.

On le connaît encore un peu pour avoir été le clochard de "Sur le Banc" avec sa complice, Jane Sourza.

On oubliera peut-être aussi qu'il répondit à l'invitation du Reich et alla à Berlin en 1943, tous frais payés, représenter la chanson française. Ce qui lui valut un blâme à la Libération.

Il ne fut pas le seul dans le convoi dont Piaf et Viviane Romance faisaient partie...

Le 10.

Le 10.

Le 10 est un somptueux immeuble aux larges fenêtres et au décor 1900-bourgeois (par opposition au 1900-artiste de Guimard).

Le 10

Le 10

 

  Dans cet immeuble a vécu Copi le génial dessinateur de la femme assise qui nous a réjouis à chaque parution du Nouvel obs.

 

Rue Cauchois.  Montmartre.

    Copi a accompagné avec son humour et sa poésie toute la période de libération sexuelle cruellement meurtrie par les années Sida. Il a dessiné pour Hara Kiri, Charlie Hebdo puis pour Libération avec son personnage de Libérett', transexuelle qui a choqué nombre de lecteurs pas si libérés que ça!

 

    Ses pièces ont été montées par quelques grands metteurs en scène comme Lavelli (La journée d'une rêveuse avec Emmanuelle Riva).

                  Une visite inopportune. (Duchaussoy, Hiégel)

 

     C'est alors qu'il participe aux répétitions de sa pièce "une visite inopportune" (un homosexuel vit ses derniers jours sur un lit d'hôpital) qu'il meurt, le 14 décembre 1987, deux ans avant Koltés son voisin du 15 bis.

A gauche, au fond de l'ancienne impasse, le 11...

A gauche, au fond de l'ancienne impasse, le 11...

Le 11 est aujourd'hui une maison au style architectural affirmé, manifeste du "rationalisme" des années vingt, à la fois fonctionnel et original. (seul bâtiment classé de la rue avec le 7)

Mais... ce n'est plus le nid d'amour, détruit, d'un couple hors normes, d'un homme et d'une femme exceptionnels qui s'aimèrent jusqu'à ce jour de 1922 où ils quittèrent ce monde, non pas sur la butte, mais à la montagne... à Chamonix.

Il s'agit de Marcel Sembat et Georgette Agutte.

Il serait prétentieux de vouloir retracer la vie et le destin de ces deux amoureux! Simplement rappeler que Marcel Sembat (1863-1922) que beaucoup ne connaissent que par la station de métro, ligne 9, la rue et le square du XVIIIème, fut un grand humaniste, un socialiste de conviction et de cœur, adepte de la transparence, hostile aux privilèges que s'octroient les puissants.

Il fut un des initiateurs de la Loi de séparation des églises et de l'Etat, que certains beaux esprits remettent en cause aujourd'hui!

Il fut ministre des Travaux Publics en 1914... Il adhéra à la Franc Maçonnerie et créa à Montmartre la Loge de la Raison.

Il fut également un passionné d'art et notamment de peinture, défenseur des Fauves, ami et admirateur de Matisse. Il écrivit sur ce peintre la première monographie connue.

Il meurt d'une hémorragie cérébrale en 1922 à Chamonix

 

Rue Cauchois.  Montmartre.
Rue Cauchois.  Montmartre.

Georgette Agutte est un peintre qui apprit  de Gustave Moreau la liberté et l'audace, se lança de toute sa conviction dans la combat du fauvisme.  Elle était collectionneuse et possédait une collection remarquable, de Matisse notamment.

Après un premier mariage, elle rencontre Marcel Sembat. Ils se ressemblent, partagent le même idéal de justice, de paix, le même goût pour l'art libre et audacieux... Les Cahiers noirs de Marcel Sembat nous livrent sans fard, la force sensuelle et spirituelle de leur union.

Rue Cauchois.  Montmartre.

Tous deux habitent 11 rue Cauchois. Ils vont souvent à Bonnières sur Seine où Sembat possède une maison familiale et à Chamonix où ils ont acquis un chalet, le "Murger".

Le jour où Marcel sembat meurt brutalement, Georgette Agutte après l'avoir veillé, écrit à son neveu :

"Je ne peux pas vivre sans lui. Minuit. Douze heures déjà qu'il est mort. Je suis en retard".

Elle se tire une balle dans la tête.

Rue Cauchois.  Montmartre.
Le 15

Le 15

Au 15, dans l'ancienne impasse, un autre peintre eut son atelier : Charles Bombled (1862-1927).

Charles Bombled. Cheval à l'écurie.

Charles Bombled. Cheval à l'écurie.

Né à Chantilly, il aimait les chevaux. Sa gloire relative lui venait de ses représentations nombreuses de militaires, de scènes de combats napoléoniens....

Rue Cauchois.  Montmartre.

prise de ConstantineMais aussi de sa participation à des journaux comme la Caricature ou le Chat Noir.

Enfin, il participa au théâtre d'ombres avec ses tableaux en silhouettes de la conquête de l'Algérie.

    C'est encore au 15 que vécut et eut son atelier un autre peintre : Léon Huber (1858_1928). 

              Cet homme étonnant, bon vivant, humaniste, poète et soucieux de venir en aide aux pauvres gens de son quartier à qui il offrait chaque matin un repas, avait une passion : les chats!

        Grün, un de ses fidèles amis, l'a caricaturé, à moitié métamorphosé en chat, en train de peindre une toile à l'aide de sa queue-pinceau!

    Léon Huber mit en scène les petits animaux "domestiques" dans toutes les situations, les plus tendres ou les plus cocasses. Son style était classique, un tantinet mièvre. Mais il plut.

Aujourd'hui encore les chats de Léon Huber sont recherchés des collectionneurs et adorateurs des petits félins.

Le 15 bis

Le 15 bis

Le 15 bis

Le 15 bis

               Le 15 bis est un bel immeuble original avec bow-windows.

Pendant quatre années de sa courte vie, un des écrivains de théâtre les plus audacieux et les plus torturés y vécut.

Il s'agit de Bernard-Marie Koltès (1948-1989) dont Patrice Chéreau mit en scène quelques pièces.

Rue Cauchois.  Montmartre.

Joué dans le monde entier et toujours actuel, il  a été frappé en pleine créativité, emporté par le SIDA.

Parmi ses pièces les plus représentées, on compte "Combat de nègre et de chiens" ou "Dans la solitude des champs de coton".

 

        Il est enterré à une centaine de mètres de la rue Cauchois, cimetière Montmartre...

                               La pierre blanche de la tombe de Bernard Marie Koltès

 

Quelques phrases saisies dans tel ou tel de ses textes afin de lui redonner parole :

Et je suis ici, en parcours, en attente, en suspension, en déplacement, hors-jeu, hors vie, provisoire, pratiquement absent, pour ainsi dire pas là (...)

Les souvenirs sont des armes secrètes que l'homme garde sur lui lorsqu'il est dépouillé.

Mes racines ? Quelles racines ? Je ne suis pas une salade ; j'ai des pieds et ils ne sont pas faits pour s'enfoncer dans le sol.

j'ai toujours pensé que, si on regarde longtemps et soigneusement les gens quand ils parlent, on comprend tout.

Ma mère m’a toujours dit qu’il était sot de refuser un parapluie lorsqu’on sait qu’il va pleuvoir.

Rue Cauchois.  Montmartre.

     Et comme il va pleuvoir et que personne ne me propose de parapluie, je me dépêche de quitter cette rue montmartroise où vécurent de si nombreux artistes qu'elle en a gardé je ne sais quoi de nostalgique et de lumineux.

Rue Cauchois.  Montmartre.

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Publié le par chriswac
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Rue de Bruxelles. Place Adolphe Max. Paris 9ème. Zola, Gérôme, Achard....

     La rue de Bruxelles va de la place Blanche à la rue de Clichy en passant par la place Adolphe Max qui la coupe en deux tronçons.

 

Square Berlioz (anciennement square de Vintimille).

Square Berlioz (anciennement square de Vintimille).

     Une ordonnance de 1841 permet son ouverture. Pour sa partie la plus proche du boulevard de Clichy, il faut attendre 1844 et le lotissement des jardins de Tivoli accompagné de la destruction du Pavillon La Bouëxière, harmonieuse folie du XVIIIème siècle.

                                                          Folie La Bouëxière

Le 6.

    Il reste à cette adresse quelques rares vestiges de ce qui fut un hôtel particulier donnant également sur le boulevard de Clichy à l'emplacement actuel de la chapelle Sainte Rita patronne des causes désespérées, très fréquentée par les péripatéticiennes et les péripatéticiens qui travaillent sur le boulevard.

                                                      Cour intérieure du 6

    L'hôtel devint en 1883 la propriété du peintre Jean-Léon Gérôme (1834-1904) qui fut célébré comme le grand peintre quasi officiel du 2nd Empire et qui passa sans dévier de sa route à côté des grands mouvements picturaux de la 2ème moitié du XIXème siècle.

                                                                  Diogène

     Il obtint des médailles aux salons et sut s'adapter au goût de ses contemporains, commençant par des sujets antiques, toujours marqués par la précision et le goût des couleurs, avant de faire une incursion dans la religion puis dans les sujets orientalistes très en vogue avec les conquêtes coloniales.

                                                             St-Vincent de Paul

     Comme souvent, les "grands" peintres académiques, après avoir connu la déréliction, sont redécouverts aujourd'hui grâce à des expositions. Notre sensibilité moderne leur reconnaît une dimension poétique en même temps qu'une remarquable maîtrise du dessin et de la couleur. 

                                                       Femme du Caire

     Gérôme fut également sculpteur, avec un goût de la polychromie qui paraît audacieux aujourd'hui où l'on oublie que l'art antique fut polychrome, comme l'art roman ou gothique!

 

    Il est mort dans son hôtel particulier où il avait également son atelier, en 1904. 

Le jugement baudelairien sur l'artiste paraît sévère : "La facture de M. Gérôme, il faut bien le dire, n'a jamais été forte ni originale. Indécise, au contraire, et faiblement caractérisée, elle a toujours oscillé entre Ingres et Delaroche."

Duel après un bal masqué

Duel après un bal masqué

Rue de Bruxelles. Place Adolphe Max. Paris 9ème. Zola, Gérôme, Achard....

   Le 8 n'aurait pas grand chose à nous raconter s'il ne présentait pas, sculptées dans un cartouche au-dessus le la fenêtre du rez-de-chaussée quatre lettres intrigantes : M.A.C.L

Rue de Bruxelles. Place Adolphe Max. Paris 9ème. Zola, Gérôme, Achard....

     Il s'agit là d'une des curiosités parisiennes qui date du XVIIIème siècle. En effet les assurances de ce temps n'assuraient pas les immeubles malgré les nombreux incendies qui se déclaraient dans tous les quartiers de Paris. Au milieu du siècle, une compagnie d'assurances a l'idée d'assurer les maisons contre l'incendie. Très vite une plaque ou des lettre sculptées dans la pierre signalent au locataire ou à l'acheteur le standing de l'immeuble qui ne risque plus de ruiner ses habitants : Maison Assurée Contre L'incendie

Rue de Bruxelles. Place Adolphe Max. Paris 9ème. Zola, Gérôme, Achard....

     Ces signes extérieurs d'assurance cessent en 1880 quand il devient obligatoire de passer sous les fourches caudines des assureurs!

Les Parisiens des années révolutionnaires s'amusent avec ce sigle qui devient :
Marie Antoinette Cocufie Louis
 Mes Amis Chassons Louis.

 

 

Rue de Bruxelles. Place Adolphe Max. Paris 9ème. Zola, Gérôme, Achard....

  Au 10 un élégant immeuble 1840 est devenu en 2015 un hôtel 5 étoiles, la maison Souquet. La décoration évoque en même temps les maisons closes de Pigalle et les intérieurs luxueux et un peu exubérant des écrivains de la première moitié du XIXème siècle.

 

Rue de Bruxelles. Place Adolphe Max. Paris 9ème. Zola, Gérôme, Achard....

     Le 14. Bel immeuble fin de siècle qui abrite un nid de masseurs et masseuses, enfin disons plutôt de masseuses et de masseurs, enfin soyons téméraires et disons masseur.euse.s (pas sûr d'avoir bon!)

Rue de Bruxelles. Place Adolphe Max. Paris 9ème. Zola, Gérôme, Achard....

     Le 18 (nous ne suivons pas l'ordre numérique car le 15 qui nous intéresse est situé de l'autre côté de la place Adolphe Max) est dû à un architecte très en vogue à la fin du XIXème siècle, Emile Hennequet.

Rue de Bruxelles. Place Adolphe Max. Paris 9ème. Zola, Gérôme, Achard....

     Il a beaucoup travaillé dans le IXème avec des immeubles avenue Trudaine, rue Condorcet, rue Chaptal... On peut l'appeler post-haussmannien par son goût de l'ornementation et l'aspect cossu et harmonieux de ses façades.

Rue de Bruxelles. Place Adolphe Max. Paris 9ème. Zola, Gérôme, Achard....

    Nous arrivons sur la place Adolphe Max qui interrompt notre rue. Elle a été ouverte en 1841, comme la rue de Bruxelles sur les terrains des jardins de Tivoli. Le château de la Boüexière et sa pièce d'eau étaient exactement à l'emplacement de cette place et du square qui est en son centre.

 

Rue de Bruxelles. Place Adolphe Max. Paris 9ème. Zola, Gérôme, Achard....

    La place s'est d'abord appelée place de Vintimille (la rue existe toujours) du nom de la comtesse de Vintimille (1787-1862) épouse du comte de Ségur, avant de prendre le nom de l'homme politique belge Adolphe Max (1869-1939) au prénom malencontreux à l'époque où il vivait. Avant la carrière brillante comme on sait d'Adolf Hitler, il fut un vrai résistant pendant la première guerre et fut "l'hôte" de plusieurs prisons allemandes. Il est connu comme bourgmestre efficace de Bruxelles et comme lutteur infatigable pour le suffrage universel et le vote des femmes.

Rue de Bruxelles. Place Adolphe Max. Paris 9ème. Zola, Gérôme, Achard....

     Au milieu de la place, un jardin public a été créé orné en 1886 d'une statue en bronze d'Hector Berlioz (due à Alfred Lenoir) qui sera fondue sous Pétain comme tant d'autres. Aujourd'hui une statue de pierre érigée après guerre en 1948 la remplace (due à Georges Saupiquet). 

     Une autre statue fit parler d'elle lorsque la place fut aménagée en 1844.

     Il s'agissait d'un Napoléon-Prométhée plus grand que nature (2,20 mètres) entièrement nu à l'exception de l'inévitable feuille de vigne. Elle choqua les hypocrites de tout bord et après avoir été vandalisée, fut détruite sur demande de son auteur.

Rue de Bruxelles. Place Adolphe Max. Paris 9ème. Zola, Gérôme, Achard....

     Notons qu'avant de s'appeler square de Vintimille, l'endroit fut nommé square de Sainte Hélène. Un admirateur de l'empereur avait en effet rapporté d'un pèlerinage sur la tombe de Sainte Hélène, une pousse de saule qu'il fit planter dans le jardin.

Quelques numéros de la place méritent notre attention. 

Le 1

Le 1

Le 2

Le 2

Les 1 et 2 immeubles élégants du milieu du XIXème siècle avec balcons à modillons, sobres comparés au style haussmannien qui prévaudra bientôt.

Rue de Bruxelles. Place Adolphe Max. Paris 9ème. Zola, Gérôme, Achard....

     Le 3 fait l'angle avec la rue De Calais. Il fut le siège du Comité Central des oeuvres sociales EDF-GDF (lointaine époque!) et fut le théâtre d'une occupation mouvementée quand en 1951 l'organisation fut dissoute par le gouvernement de René Pleven. Mais la police vida les lieux sans ménagement.

Rue de Bruxelles. Place Adolphe Max. Paris 9ème. Zola, Gérôme, Achard....

     Une plaque rappelle qu'à cet emplacement s'élevait un immeuble de rapports où Edouard Vuillard vint vivre avec sa mère en 1908.

                                                     Square Berlioz (Vuillard)

 Il habitait un cinquième étage avec vue sur le square et la place de Vintimille qu'il peignit sous tous les temps dans sa série des jardins publics.

Le 5

Le 5

Le 19 rue de Vintimille qui fait l'angle avec le 5 de la place Adolphe Max.

Bel immeuble au 5, la majeure partie donnant sur la rue de Vintimille.

Rue de Bruxelles. Place Adolphe Max. Paris 9ème. Zola, Gérôme, Achard....

Les 6 et 7

Le 8

Le 8

Le 9

Le 9

Le 10

Le 10

Le 10 s'abrite derrière une grille. ancien hôtel particulier, il a gardé le goût du secret.... 

Le 11

Le 11

Rue de Bruxelles. Place Adolphe Max. Paris 9ème. Zola, Gérôme, Achard....

    Au 11 se trouve la dernière adresse parisienne d'Eugène Boudin (1824-1898) qui porte un nom aussi peu poétique que possible. Le nom de sa mère, Buffet, ne peut rien arranger. Et pourtant! Quel poète de la lumière, de la légèreté, des nuages chers à Baudelaire! 

Rue de Bruxelles. Place Adolphe Max. Paris 9ème. Zola, Gérôme, Achard....

     Eugène Boudin dont la tombe se trouve dans le vieux cimetière Saint-Vincent au coeur de Montmartre est à juste titre considéré comme le grand précurseur de l'Impressionnisme. Bien qu'il eût toujours été humble et beaucoup plus prompt à admirer les autres peintres qu'à se vanter de son travail, il a été reconnu par ses pairs. Courbet qui l'admirait est devenu un ami. 

 

Rue de Bruxelles. Place Adolphe Max. Paris 9ème. Zola, Gérôme, Achard....

     Baudelaire devant des études au pastel se montre prophète : "Plus tard, sans aucun doute, il nous étalera dans des peintures achevées les prodigieuses magies de l'air et de l'eau."

Rue de Bruxelles. Place Adolphe Max. Paris 9ème. Zola, Gérôme, Achard....

    En 1898, Eugène boudin se sentant proche de la fin quitte son appartement pour Deauville où il veut mourir face à la mer et au ciel, rejoignant dans l'immensité le petit mousse qu'il avait été enfant.

Deuxième partie de la rue de Bruxelles vers la rue de Clichy.

Deuxième partie de la rue de Bruxelles vers la rue de Clichy.

Après avoir tourné autour de la place nous retrouvons notre rue de Bruxelles.

Le 13

Le 13

Rue de Bruxelles. Place Adolphe Max. Paris 9ème. Zola, Gérôme, Achard....

     Au 15 a vécu et est mort un auteur dramatique Amédée Achard (1814-1875) à ne pas confondre avec son homonyme beaucoup plus célèbre, Marcel Achard (mort presque un siècle après lui).

 

     Il est bien ignoré de nos jours et pourtant, ce journaliste et reporter infatigable a écrit plus de quarante romans (beaucoup dans le genre cape et épée) et une quinzaine de pièces. J'avoue ne rien connaître de lui qui fut paraît-il admiré par Alexandre Dumas.

Le 17

Le 17

21

21

   Le 21 est un monument national! C'est là que vécut Emile Zola, c'est là qu'il écrivit "J'accuse"!

 

 

Rue de Bruxelles. Place Adolphe Max. Paris 9ème. Zola, Gérôme, Achard....

    C'est aussi à cet endroit qu'il fut assassiné . On dut attendre des années avant que le ramoneur Henri Buronfosse, ardent nationaliste et anti dreyfusard, n'avouât son crime.

Rue de Bruxelles. Place Adolphe Max. Paris 9ème. Zola, Gérôme, Achard....

    On ne peut retenir son émotion devant cet hôtel où un immense écrivain, un humaniste intègre vécut, écrivit et mourut. Il fut enterré non loin de son  domicile, au cimetière de Montmartre, avant d'être transporté au Panthéon. 

Rue de Bruxelles. Place Adolphe Max. Paris 9ème. Zola, Gérôme, Achard....
Rue de Bruxelles. Place Adolphe Max. Paris 9ème. Zola, Gérôme, Achard....
Rue de Bruxelles. Place Adolphe Max. Paris 9ème. Zola, Gérôme, Achard....

Le 23 est un des plus beaux immeuble de la rue. Représentatif, bien que construit en 1860 d'un  style troubadour néo-Renaissance. 

Le 26

Le 26

     Au 26 vécut et mourut Tony Johannot qui fut un des plus célèbres et des plus recherchés graveur et illustrateur de son temps.

                                                     Le génie du christianisme

Les plus grands écrivains désiraient pour leurs œuvres les illustrations de cet artiste dont Théophile Gautier disait : "Ce que tant de génies ont rêvé, il a pu le rendre et le transporter dans son art  ."

 

                                                                     Werther

     C'est avec lui qui nous quittons cette rue qui comme chaque rue de ce quartier révèle une histoire que le passant négligent ignorerait tout à fait si n'étaient apposées des plaques qui sont comme des signes de la main que nous font ceux qui nous précédèrent.

Rue de Bruxelles. Place Adolphe Max. Paris 9ème. Zola, Gérôme, Achard....

   Signes que n'apprécie pas tout le monde à en croire cette affichette déchirée qui rappelle que vécut au 27 Jacqueline Pino arrêtée à l'âge de 8 ans sous le régime de Vichy et assassinée dans les camps. Il manqua en ces années de meurtres un Emile Zola pour accuser les assassins et leurs complices. Il n'y avait, un peu plus haut, rue Girardon qu'un Céline!

Place Blanche où commence la rue de Bruxelles.

Place Blanche où commence la rue de Bruxelles.

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Publié le par chriswac
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Rue Lamartine. Le bas Montmartre. chapelle Notre Dame de Lorette. Hittorff, Baudelaire...
Rue Lamartine. Le bas Montmartre. chapelle Notre Dame de Lorette. Hittorff, Baudelaire...

     La rue Lamartine va sur 341 mètres de la rue Marguerite de Rochechouart à la rue des Martyrs. Elle a eu plusieurs noms avant de rendre hommage au poète du Lac.

Rue Lamartine. Le bas Montmartre. chapelle Notre Dame de Lorette. Hittorff, Baudelaire...

    Elle s'est appelée rue Coquenard (on trouve sur certains documents Goguenard). Une chapelle qui dépendait de Saint-Pierre de Montmartre y avait été édifiée, dédiée à Notre Dame de Lorette, ce qui permettra à la rue de prendre ce nom de Notre Dame de Lorette (rien à voir avec la rue actuelle). La chapelle sera détruite pendant la Révolution après avoir été vendue comme bien national et dans le même mouvement éradicateur, la rue redeviendra Coquenard!

Rue Lamartine. Le bas Montmartre. chapelle Notre Dame de Lorette. Hittorff, Baudelaire...
Rue Lamartine. Le bas Montmartre. chapelle Notre Dame de Lorette. Hittorff, Baudelaire...

    Ce n'est qu'en 1848 que Lamartine prend la relève, lui qui, outre sa renommée romantique et le grand succès de son Lac, est apprécié pour sa participation à la Révolution de 1848.

Lamartine (Baron Gérard)

Lamartine (Baron Gérard)

    La rue lui va bien, dans ce quartier proche de la Nouvelle Athènes où vivent quelques unes des gloires romantiques.

Début de la rue Lamartine à partir de la rue Marguerite de Rochechouart.

Début de la rue Lamartine à partir de la rue Marguerite de Rochechouart.

     Prenons notre rue par son commencement, rue Marguerite de Rochechouart... Et commençons en musique et en fêtes! En effet, du 1 au 3 actuels se trouvait une guinguette qui attirait les Parisiens, étant hors des murs de la ville (ce qui arrivera un peu plus tard à Montmartre quand les limites de la ville seront repoussées jusqu'aux barrières). 

Guinguette au XVIIIème siècle. Chez Ramponneau.

Guinguette au XVIIIème siècle. Chez Ramponneau.

     L'endroit s'appelait le Grand Salon et il était si accueillant qu'il pouvait recevoir plus de huit cents personnes les soirs de fête ou de carnaval. Il était un lieu de rencontre idéal entre une clientèle populaire et des dames et messieurs de la "bonne société" venus s'encanailler. Voilà encore des prémisses de nos cabarets montmartrois!

Le Grand Salon laissera place en 1815 à une caserne où la discipline ne sera pas la même!

Rue Lamartine. Le bas Montmartre. chapelle Notre Dame de Lorette. Hittorff, Baudelaire...

    Au 4 où aujourd'hui on trouve un hôtel, je sais grâce à Pierre, fidèle ami et Montmartrois de naissance qui habita cette rue, qu'il y eut une laiterie aujourd'hui disparue...

 

Rue Lamartine. Le bas Montmartre. chapelle Notre Dame de Lorette. Hittorff, Baudelaire...

     Le 5 fut le siège en 1947 d'une revue communiste "Regards" qui créée en 1932 privilégiait, en avance sur son époque, le photo reportage.

                                                           Willy Ronis (de la colonne de la Bastille)

Quelques grands photographes comme Cartier-Bresson, Capa ou Willy Ronis y participèrent. La revue déménagea pour le faubourg Poissonnière jugé plus populaire. 

                                    Willi Müzenberg

Willi Müzenberg

     Il y eut également à cette adresse les bureaux de l'agence de presse "Nouvelle Allemagne" créée par Willi Münzenberg, opposant sans concessions à Hitler puis à Staline, réfugié en 1933 à Paris où il s'occupa de l'édition Carrefour en langue allemande. Il fréquenta les intellectuels français (Gide, Malraux, Aragon, Romain Rolland) avant d'être interné par Daladier dans un camp pour étrangers en 1940. On retrouva son corps pendu à un arbre. Sans doute aidé dans sa fuite du camp par un espion stalinien a t-il été exécuté par ce dernier.

Le 6

Le 6

    Il suffit de passer sur le trottoir du 6 pour partir en voyage, loin de Paris, dans des pays d'Orient fleuris et parfumés. Depuis bientôt un siècle cette boutique attire les gourmets, les amateurs d'épices et de sensations! Le slogan l'affirme : "Les clients d'Hératchian vivent plus longtemps". C'est certainement vrai à voir s'attarder ente les grands sacs de graines et d'épices de vieux amateurs aussi alertes et souriants que les enfants de l'école d'en face!

Rue Lamartine. Le bas Montmartre. chapelle Notre Dame de Lorette. Hittorff, Baudelaire...
Rue Lamartine. Le bas Montmartre. chapelle Notre Dame de Lorette. Hittorff, Baudelaire...

     Les 10 et 10 bis nous accueillent avec des créatures sensuelles et "perruquées"! Ce genre de fantaisies architecturales sont un des charmes de Paris...

Rue Lamartine. Le bas Montmartre. chapelle Notre Dame de Lorette. Hittorff, Baudelaire...

Au 11 se développe une aile de l'école maternelle et de l'école élémentaire de la rue Buffault qui remplacèrent une école de filles. Belle architecture du début du XXème siècle avec frises de céramiques.

 

    La rue Buffault que nous passons sans nous y arrêter aujourd'hui possède une belle synagogue qui vint remplacer celle, trop exigüe qui exista à l'emplacement du 23 rue Lamartine et qui fut détruite en 1859

 

Le 13

Le 13

     Devant le 13, le 18 décembre 1941, un groupe de résistants des bataillons de la jeunesse avec Marcel Bertone, Louis Coquillet et Maurice Touati incendièrent un camion de la Wehrmacht comme ils l'avaient fait la veille rue Mayran.

                                                           Louis Coquillet

Bertone fut arrêté et fusillé au Mont Valérien en avril 1942 avec  Coquillet et Touati arrêtés peu après l'attentat. 

Rue Lamartine. Le bas Montmartre. chapelle Notre Dame de Lorette. Hittorff, Baudelaire...

     Au 18 est né un philosophe qui pour certains d'entre nous a été cause de longues (et fécondes) heures de dissertations : Henri Bergson (1859-1941).

Il eut le prix Nobel en 1927 et certains de ses ouvrages sont une source intarissable de réflexions et de plaisir.

Quelques citations pour ouvrit l'appétit! 

"Choisir donc exclure.

Certains ont défini l'homme comme "un animal qui rit". Ils pourraient aussi le définir justement comme un animal dont on rit.

La route que nous parcourons dans le temps est jonchée des débris de ce que nous commencions d'être, de tout ce que nous aurions pu devenir.

L'humanité entière, dans l'espace et le temps, est une immense armée qui galope à côté de chacun de nous, en avance ou en arrière de nous.

Laissez faire Vénus, elle vous amènera Mars.

Imaginer n'est pas se souvenir.

Le timide peut donner l'impression d'une personne que son corps gêne et qui cherche autour d'elle un endroit où le déposer.

Nous méconnaissons ce qu'il y a encore d'enfantin, pour ainsi dire, dans la plupart de nos émotions joyeuses."

 

Rue Lamartine. Le bas Montmartre. chapelle Notre Dame de Lorette. Hittorff, Baudelaire...

Le 23. Emplacement de l'ancienne synagogue.

Le 28

Le 28

Détail du 28

Détail du 28

    Au 28 se trouvait "la cour aux ânes" où les paresseux pouvaient louer ces animaux pour monter jusqu'au sommet de la Butte.

Avec le percement de nouvelles rues et l'amélioration de la voirie ce commerce disparaîtra au milieu du XIXème siècle pour migrer vers les Champs Elysées et le jardin d'acclimatation.

Carrefour avec la rue de Maubeuge.

Carrefour avec la rue de Maubeuge.

    Les numéros pairs de la rue passent du 28 au 42! Entre les deux  la rue de Maubeuge a été percée en détruisant en 1868 tout immeuble qui se trouvait sur son chemin. 

Rue Lamartine. Le bas Montmartre. chapelle Notre Dame de Lorette. Hittorff, Baudelaire...

     Ainsi a disparu le 32 où vécut et mourut, un an avant la destruction de son hôtel, l'un des grands architectes du XIXème siècle Hittorff (1792-1867)que ses coreligionnaires jaloux de son succès appelaient avec mépris 'le Prussien" parce qu'il était né en Allemagne. Il est un de ceux qui ont marqué durablement Paris de son génie.

 

Rue Lamartine. Le bas Montmartre. chapelle Notre Dame de Lorette. Hittorff, Baudelaire...

     Il suffit d'égrener la liste de ses réalisations d'abord sous Charles X puis sous Napoléon III pour être impressionné:

 L'église Saint-Vincent de Paul, la place de la Concorde (les colonnes rostrales, les fontaines), les mairies du Vème et du 1er, la place du Panthéon, le théâtre du Rond-Point, le cirque d'hiver, la rue de Rivoli, les immeubles de la place de l'Etoile, la gare du Nord!.... sans parler de restaurations et d'aménagements dans cette ville qui lui doit tant et qui a réduit en poussières sa maison! 

 

 

     Le 33 m'est cher car il fut un des domiciles parisiens de Baudelaire, un poète lié à Paris comme nul autre. On lui connaît pas loin de 50 adresses dans la capitale jusqu'à la dernière, en 1867, au cimetière du Montparnasse.

Le 33

Le 33

     Dans notre quartier, nous l'avons rencontré rue Pigalle où il vécut à deux reprises, en 1848 et surtout en 1852-54. En 1848 il vit encore avec Jeanne Duval au 46 mais après des ruptures, des retrouvailles, des tumultes il se sépare d'elle, sans se séparer vraiment, et il vit dans un modeste appartement du 60 rue Pigalle en 1852-1854.

Rue Lamartine. Le bas Montmartre. chapelle Notre Dame de Lorette. Hittorff, Baudelaire...

    C'est en juin 1846 qu'il vient habiter quelques semaines au 33 de la rue qui s'appelait encore Coquenard. Et c'est tant mieux car il n'aurait pas apprécié de vivre dans une rue qui portait le nom d'un poète qu'il appréciait peu : "Tous les élégiaques sont des canailles!" 

Le 39 en ravalement

Le 39 en ravalement

    Il y eut au 39 un hôtel dont cette carte postale a gardé le souvenir...

 

54-56

54-56

    Aux 54-56 s'élevait l'église des Porcherons nommée ainsi par les habitants d'un quartier qu'on appelait aussi village des porcherons à cause du château et des terrains qui avaient appartenu à la famille Porcheron (parfois orthographiée Pocheron). 

Rue Lamartine. Le bas Montmartre. chapelle Notre Dame de Lorette. Hittorff, Baudelaire...

    Cette église était en fait dédiée à Notre-Dame de Lorette. Rappelons que la rue Coquenard sur laquelle elle s'ouvrait s'appela un temps rue Notre-Dame de Lorette (aucun rapport avec la rue actuelle). La rue redevint "Coquenard" avec la révolution qui entraîna la vente de l'église comme bien national, suivie de sa destruction. Il faudra attendre 1836 pour que s'élève la nouvelle église Notre-Dame de Lorette.

Rue Lamartine. Le bas Montmartre. chapelle Notre Dame de Lorette. Hittorff, Baudelaire...

   Parfois l'ancienne chapelle Notre-Dame de Lorette est confondue avec l'église Saint-Jean Porte Latine située non loin de là, entre les rues de Chateaudun et du Faubourg Montmartre.

Cette confusion vient de ce que peu après la destruction de Notre-Dame de Lorette en 1796, elle prit son nom qu'elle garda jusqu'à sa propre destruction en 1846 après l'inauguration de l'église actuelle. De quoi embrouiller tout le monde et notamment les guides et brochures touristiques. En effet trois édifices consacrés portèrent ou portent sur quelques centaines de mètres carrés le même nom : l'église actuelle, St Jean Porte Latine et la chapelle des Porcherons!

Rue Lamartine. Le bas Montmartre. chapelle Notre Dame de Lorette. Hittorff, Baudelaire...

Voilà! Nous avons terminé notre balade rue Lamartine sur l'évocation de cette chapelle où venaient prier les gens du quartier.  Nous faisons à notre tour une prière païenne à Chronos, sans espoir qu'il nous entende tant elle est rabâchée !

Ô temps suspends ton vol! et vous heures propices,

Suspendez votre cours!

Laissez-nous savourer les rapides délices

Des plus beaux de nos jours!

 

 

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Publié le par chriswac
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Rue de l'agent Bailly Paris 9ème.

     N'oublions pas que Montmartre avant la construction du mur des Fermiers Généraux s'étendait sur une partie du IXème arrondissement actuel et que ce quartier en faisait partie.

Quelle animation en 1906! C'est la seule carte postale à ma connaissance de cette rue.

Quelle animation en 1906! C'est la seule carte postale à ma connaissance de cette rue.

     La rue de l'agent Bailly est une des plus étroites et des plus courtes de Paris. Il y eut tout d'abord à cet endroit l'impasse de l'école. En 1877 elle fut prolongée et porta le nom, dans sa partie qui commençait rue Rodier, d'impasse Rodier puis passage Rodier. 

Rue de l'agent Bailly Paris 9ème.

     En 1899 l'impasse Rodier fut prolongée jusqu'à la rue Milton et devint une rue, laissant l'impasse de l'école vivre sa vie et se protéger derrière une grille digicodée interdite aux curieux.

   

C'est en 1904 que fut donné à cette modeste artère le nom de l'agent Bailly dont peu de gens à vrai dire sauraient dire qui il fut.

    Charles Gaston Bailly (1871-1901) était gardien de la paix de la brigade fluviale. Le 2 novembre 1901, Il tenta de secourir une femme, Emilie Vallée, 38 ans, concierge. On ne sait si elle s'était jetée dans la Seine volontairement ou si elle y était tombée. Ce que l'on sait, c'est que l'agent Bailly n'hésita pas une seule seconde et se jeta dans le fleuve pour la secourir.

Rue de l'agent Bailly Paris 9ème.

    C'était au niveau du pont Marie entre l'île Saint-Louis et les quais où de nombreuses barges étaient amarrées. L'homme rejoignit la femme qu'il saisit mais le courant était si fort ce jour-là qu'il les entraîna vers le fond, sous les barges. Le fait divers eut un grand retentissement et l'héroïsme du jeune gardien de la paix impressionna les parisiens. Il fut donc décidé de donner son nom à une rue de la capitale et ce fut cette modeste rue du IXème arrondissement qui fut choisie.

Rue de l'agent Bailly Paris 9ème.

Les 1 et 2, petits immeubles modestes en début de rue. 

Le 3

Le 3

  Le 3 : Un harmonieux porche de pierre ferme la cour Saint-Hilaire. Un endroit secret de Paris, accessible aux seuls habitants.

Rue de l'agent Bailly Paris 9ème.
Rue de l'agent Bailly Paris 9ème.

     Il ouvre sur une cour pavée ombragée par des arbres, aujourd'hui très recherchée mais qui fut en son temps une cité ouvrière. Les immeubles appartinrent à la famille des Bérard, gros négociants en vins. Dans la première moitié du XIXème siècle, c'était le commerce le plus lucratif, le gros rouge étant l'opium du peuple!

Rue de l'agent Bailly Paris 9ème.

     L'ensemble fut construit en 1830 afin d'abriter les ouvriers qui construisaient le quartier à la mode de la Nouvelle Athènes. Quelques ateliers ainsi que des boxes pour les chevaux occupaient le rez de chaussée. 

Rue de l'agent Bailly Paris 9ème.

     Un clocheton et une horloge ont traversé le temps. Le mécanisme n'a été électrifié qu'en 2001. La cloche est historique puisqu'elle fut fondue par Osmond Dubois, le fondeur de Charles X.

Georges de Feure

Georges de Feure

     Un tel endroit ne pouvait manquer de plaire aux artistes. Certains dont le nom a été avalé par le temps y ont créé sans jamais trouver la renommée, d'autres, ou plutôt UN autre qui a sa place aujourd'hui dans les musées comme représentant majeur de l'art symboliste y a eu son atelier. 

Rue de l'agent Bailly Paris 9ème.

     Il s'agit de Georges de Feure. Il est avec Mucha un des peintres de la femme, femme-fleur, femme-poison, femme-poésie...

Admirateur de Baudelaire il est comme lui attiré et effrayé par la beauté féminine.  

Rue de l'agent Bailly Paris 9ème.

     Il a été choisi, pour décorer la façade du pavillon Art Nouveau de l'exposition universelle de 1900.

   

 

  Il a créé de nombreuses affiches qui sont parmi les plus belles de son temps. 

 Enfin certaines de ses toiles démontrent s'il en était besoin qu'il fut un vrai peintre, influencé par les courants les plus forts de la fin de siècle, dans la mouvance d'un Toulouse Lautrec.

Rue de l'agent Bailly Paris 9ème.
Rue de l'agent Bailly Paris 9ème.

     Le 4 est précédé d'un corps de bâtiment sur rue d'un étage. Des "maisons" y remplacent un ancien bistro. Je me rappelle avoir visité l'endroit quand je cherchais à me loger dans le quartier. Beaucoup de charme et même une cave voûtée de pierres... mais évidemment la lumière y est chiche et les barreaux du rez-de-chaussée ne sont pas franchement gais!

Rue de l'agent Bailly Paris 9ème.

Le 5 protégé par une grille est l'impasse de l'école (qui doit son nom, ô surprise à la présence d'une école dans sa continuité). Elle fut ouverte en 1829 et prit, en 1877 le nom d'impasse Rodier avant de récupérer son nom originel en 1904. 

Rue de l'agent Bailly Paris 9ème.

      Tout un côté est occupé par l'imposant immeuble (construit en 1905) qui fait quelques efforts décoratifs et possède dans sa cour un édicule charmant.

 

L'impasse réserve une surprise, avec le 5bis.

En poussant la porte, on découvre une autre courette avec d'anciens ateliers. On y jouit d'un calme absolu dans ce quartier vibrant.

 

 

Nous quittons cette impasse pour retrouver la rue de l'agent Bailly.

 

Le 8

Le 8

Nous n'avons plus qu'un numéro à découvrir avant la rue Milton...

Rue de l'agent Bailly Paris 9ème.

     C'est le 8 bien connu des amateurs d'art qui font le détour pour le découvrir. Il y avait là une vieille menuiserie qui après le départ de son menuisier fut occupée pendant 40 ans par un peintre étonnant et messager de vie, Yvon Taillandier.

Rue de l'agent Bailly Paris 9ème.

     Né à Paris en 1926, il mourut en Avignon en 2010 après avoir créé son univers, son pays, le Taillandier-Land où nous sommes invités à entrer sans visa!

Rue de l'agent Bailly Paris 9ème.

     Son monde est foisonnant. Les habitants y sont en mouvement, unis les uns aux autres par des tubes en mouvement. Ils pilotent des machines amusantes et vivantes qui participent à leur voyage intérieur. Rien de dur, de cassant, de mécanique mais une fête des voisins autour de totems sympathiques.

Yvon Taillandier a décoré son atelier, donnant à son quartier l'ouverture sur son univers.

Rue de l'agent Bailly Paris 9ème.

     Les fresques ont été restaurées et aucun taggeur jusqu'à présent ne les a recouvertes. C'est sur cette fête de l'imaginaire et de la vie que nous quittons cette rue qui porte le nom d'un homme qui n'hésita pas à donner sa vie pour tenter d'en sauver une autre, avec ce peintre qui n'hésita pas à donner son temps et son talent pour permettre à la ville de sortir de sa monotonie et de sa déprime hivernale. 

Rue de l'agent Bailly Paris 9ème.

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Publié le par chriswac
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     Certes les femmes sont peu nombreuses à être honorées dans les rues de Paris mais à Montmartre depuis quelques années elles trouvent une place moins chiche et font reculer peu à peu la suprématie masculine! 

Les rues, places, squares avec des noms de femmes à Montmartre.
Les rues, places, squares avec des noms de femmes à Montmartre.
Les rues, places, squares avec des noms de femmes à Montmartre.

     Commençons par une artère importante s'il en est, bordée d'anciens music halls et d'hôtels : le boulevard de Rochechouart. Peu de gens savaient qu'ils portaient le nom d'une femme, aussi la mairie a t-elle décidé il y a peu d'ajouter le prénom de la dame. Le boulevard de Rochechouart est ainsi devenu le boulevard Marguerite de Rochechouart.

Les rues, places, squares avec des noms de femmes à Montmartre.

    Marguerite de Rochechouart (1627-1727) est la 43ème abbesse de Montmartre. Son nom sur les plaques de la rue ont été comme sur le boulevard complétés par son prénom: rue Marguerite de Rochechouart.

     Quant à la station de métro Barbès-Rochechouart elle est l'une des 5 qui soit féminine avec Louise Michel, Marie Curie, Rosa Parks et Simone Veil. Et encore... Marguerite partage t-elle les quais du métro avec Barbès et Simone avec l'Europe (métro Europe-Simone Veil)!

Rue Catherine de La Rochefoucauld vue de la Tour des Dames.

Rue Catherine de La Rochefoucauld vue de la Tour des Dames.

 

       Deux autres rue et une impasse proches du boulevard et qui font partie dans le IXème arrondissement du Montmartre d'avant la barrière des Fermiers Généraux rappellent également une abbesse, c'est la rue Catherine de la Rochefoucauld, 45ème abbesse, de 1731 à 1760  et la rue et l'impasse Louise-Emilie de la Tour d'Auvergne, abbesse de 1727 à1731.

 

                                    Impasse Louise-Emilie de la Tour d'Auvergne.

Là encore la mairie a depuis peu ajouté le prénom au patronyme. Bonne initiative car bien des passants qui se rendaient rue de la tour d'Auvergne ou rue La Rochefoucauld ignoraient qu'elles portaient le nom de femmes qui faisaient partie de l'histoire et avaient marqué durablement notre quartier. 

Les rues, places, squares avec des noms de femmes à Montmartre.

     Après le boulevard Marguerite de Rochechouart, sur le boulevard de Clichy, la promenade est sous le patronage de Coccinelle (1931-2006) qui ne fut pas une abbesse mais une artiste qui, étant née dans la peau d'un mâle eut le courage d'assumer sa vérité profonde, sa nature réelle. Jacques Charles Dufresnoy après une vaginoplastie devint Jacqueline Charlotte Dufresnoy avec pour nom de scène Coccinelle. 

Les rues, places, squares avec des noms de femmes à Montmartre.

     Elle connut un grand succès chez Michou et dans quelques uns des plus célèbres cabarets. Elle enregistra des disques, joua au théâtre ou au cinéma, bref elle eut une vie d'artiste reconnue et aimée.

Cette plaque est la première en Europe qui rende hommage à une artiste trans.

Avenue Rachel

Avenue Rachel

    En poursuivant notre balade sur le boulevard de Clichy, nous arrivons, peu avant la place, sur l'avenue Rachel

Avenue Rachel

Avenue Rachel

     Cette avenue conduit au cimetière Montmartre, villégiature "éternelle" de bien des gloires montmartroises.

                                             Rachel (Jean auguste Barre)

Rachel Félix (1821-1858) fut une tragédienne et une véritable star qui, en pleine époque romantique, triomphait en interprétant les pièces classiques. Ironie du sort, elle n'est pas enterrée dans le cimetière Montmartre où mène son avenue mais au Père Lachaise.

 

Les rues, places, squares avec des noms de femmes à Montmartre.

   En remontant vers les Abbesses, donnant dans la rue Joseph de Maistre, une charmante demoiselle nous attend. Elle a pour prénom Constance et pour titre de gloire d'avoir été la fille de Monsieur Doré, propriétaire des terrains sur lesquels la rue a été construite.

                                                              Rue Constance

Les rues, places, squares avec des noms de femmes à Montmartre.

    Une impasse qui s'ouvre sur cette rue porte un nom qu'on pourrait croire féminin "Marie Blanche". Cette impasse qui avant 1873 s'appelait Sainte-Marie n'a rien à faire dans notre liste puisque en réalité Marie Blanche est un homme, un gros propriétaire! De même la place Blanche et la rue Blanche voisines n'évoquent-elles pas une demoiselle mais font référence à la barrière de la croix blanche (blancheur due aux charrois qui venaient des carrières de gypse) qui s'élevait à cet endroit.

Les rues, places, squares avec des noms de femmes à Montmartre.

     Pas d'ambigüité sur la placette qui est plutôt un terre-plein entre les rues Joseph de Maistre et Lepic. Anne-Marie Carrière (1925-2006) serait étonnée sans doute de se trouver là, assise entre deux chaises.

     Elle est, pendant les années fastes des chansonniers, celle qui apporte sa verve, sa bonne humeur son humour dans un milieu presque exclusivement masculin. Elle s'est produite dans divers cabarets dont le Théâtre des deux ânes un peu plus bas.

Les rues, places, squares avec des noms de femmes à Montmartre.

     Encore quelques mètres et nous arrivons dans une des rues les plus "bohême chic" de Montmartre, la rue des Abbesses qui se prolonge par la place du même nom et la station de métro idem.

 

Les rues, places, squares avec des noms de femmes à Montmartre.
Les rues, places, squares avec des noms de femmes à Montmartre.

    Voilà donc réunies sur la même plaque toutes les abbesses, de la première, la reine Adélaïde de Savoie à la 46ème et dernière, Marie Louise de Montmorency Laval qui paralysée, sourde et aveugle, fut guillotinée le 8 thermidor de l'an II (26 juillet 1794).

Est-ce pour effacer ce souvenir peu glorieux que la rue de Laval où Salis ouvrit son 2ème Chat Noir fut rebaptisée en Victor Massé, compositeur illustrement inconnu?

Les rues, places, squares avec des noms de femmes à Montmartre.
Les rues, places, squares avec des noms de femmes à Montmartre.

     Donnant sur la place des Abbesses, la rue Yvonne Le Tac est en partie édifiée sur les terrains de l'ancienne abbaye (l'Abbaye d'en-bas) et elle a envoyé aux oubliettes Antoinette qui était le nom d'origine de la rue.

Elle rappelle le rôle héroïque pendant la guerre de celle qui dirigea l'école située au n° 7 et qui passa par les camps de Ravensbrück et d'Auschwitz.

Les rues, places, squares avec des noms de femmes à Montmartre.
Les rues, places, squares avec des noms de femmes à Montmartre.

    Nous ne sommes qu'à une centaine de mètres du funiculaire dont l'accès est situé sur la place Suzanne Valadon.

Les rues, places, squares avec des noms de femmes à Montmartre.

    La mère d'Utrillo est moins connue que son illustre rejeton et pourtant elle est un grand peintre (devrais-je dire une grande peintresse?) dont l'importance commence à être reconnue. 

                                 L'acrobate ou la roue (musée de Montmartre)

De la place Suzanne Valadon au square Louise Michel il n'y a qu'un pas.

Ce jardin vertical qui a inspiré les peintres, surtout les naïfs, porte le nom de la grande dame de la Commune, humaniste, combattante, artiste....

Les rues, places, squares avec des noms de femmes à Montmartre.

     On sait que c'est là, au sommet de la Butte, que commença la Commune. On sait aussi que Louise Michel fut institutrice à Montmartre. Elle a pris avantageusement la place de Willette qui a été effacé des plaques pour cause d'antisémitisme militant. Si la basilique veille sur notre quartier, c'est bien Louise Michel qui en est l'âme!

Les rues, places, squares avec des noms de femmes à Montmartre.

    Au pied de la Butte deux espaces ont été baptisés "places" ces dernières années pour rendre hommage à des femmes. Entre la rue Ronsard et Nodier, un triangle planté de magnolias porte le  nom de Louise Blanquart (1921-2008), militante ouvrière, féministe, écologiste (bref elle coche toutes les cases pour plaire à notre mairie!)

En réalité elle fut dans la première partie de sa vie une fervente catholique sociale avant de perdre la foi, d'adhérer au Parti communiste qu'elle quitta à son tour pour devenir "verte". 

Les rues, places, squares avec des noms de femmes à Montmartre.
Les rues, places, squares avec des noms de femmes à Montmartre.

        La deuxième placette qui du temps des omnibus s'appelait place des hirondelles est celle de Jeanne Bohec (1919-2010), une des grandes résistantes qui en Bretagne formait des groupes de saboteurs. Elle garda de son engagement son surnom de "plastiqueuse à bicyclette".

 

    Il nous faut escalader de nouveau les escaliers (dont pas un ne porte un nom de femme) pour traverser deux rues parallèles aux noms féminins : Berthe et Gabrielle. 

Les rues, places, squares avec des noms de femmes à Montmartre.

   On pourrait penser, la mythologie montmartroise étant flamboyante, que notre Gabrielle est la fameuse Gabrielle d'Estrées aimé du Vert-Galant à l'ombre de l'abbaye. Il n'en est rien. Il s'agit de la fille aînée du propriétaire des terrains sur lesquels fut construite la rue! 

                                                            Rue Gabrielle

Les rues, places, squares avec des noms de femmes à Montmartre.

     Quant à Berthe, elle n'eut pas de grand pied mais fut elle aussi fille de propriétaire! La vieille rue du village s'appelait auparavant rue du Poirier, du nom de l'arbre légendaire qui s'élevait dans la cour de la guinguette du "Poirier sans pareil" rue Ravignan.

 

     En poursuivant l'ascension, nous passons devant les moulins, faisons un signe amical au passe-muraille et arrivons, rue Girardon, devant le square Suzanne Buisson.

 

    Suzanne Buisson est une femme de combat, féministe qui veut que la femme "soit affranchie des servitudes domestiques et devienne indépendante sentimentalement, économiquement et intellectuellement". Résistante farouche contre Pétain, elle est arrêtée et torturée. Elle ne livra aucun secret et fut déportée par l'un des derniers convois pour Auschwitz où elle fut assassinée comme résistante et comme juive. 

Square Suzanne Buisson

Square Suzanne Buisson

Les rues, places, squares avec des noms de femmes à Montmartre.
Les rues, places, squares avec des noms de femmes à Montmartre.

    A quelques pas du square une jolie place tout en courbe porte le nom de Dalida dont la maison rue d'Orchampt, à trois cents mètres de là, reste un lieu de pèlerinage.

 

Les rues, places, squares avec des noms de femmes à Montmartre.

    En descendant l'escalier sur la place Dalida, nous arrivons rue Caulaincourt où, à la hauteur de la rue Lamarck, une dernière placette rend hommage à une dame dont à ma grande confusion de montmartrois j'ignorais le nom : Suzanne Denglos-Fau (1922-2002)

Elle fut pourtant présidente de la République de Montmartre, et comme son mari André Fau, écrivit des poèmes. 

Les rues, places, squares avec des noms de femmes à Montmartre.

Il y a d'autres rues féminines dans l'arrondissement mais je m'en suis tenu à Montmartre où elles sont 6% ce qui est au-dessus de la moyenne parisienne de 4% (en ne prenant pas en compte les saintes et la Vierge). 

Depuis que j'habite Montmartre j'ai vu inaugurer ou rebaptiser le square Louise Michel, La place Louise Blanquart, la promenade Coccinelle, la place Jeanne Bohec, la place Anne-Marie Carrière... le mouvement est lancé... Et je serai au premier rang le jour où Louise Michel entrera escortée des milliers de femmes de la Commune dans le Panthéon où elle retrouvera celui qui l'appelait "ma chère fille", Victor Hugo!  

Liste des rues, places, jardins au nom de femmes à Montmartre :

 

Boulevard Marguerite de Rochechouart

Rue Marguerite de Rochechouart

Rue Emilie de la tour d'Auvergne

Rue Catherine de la Rochefoucauld

Place des Abbesses

Rue des Abbesses

Avenue Rachel

Rue Constance

Rue Yvonne Le Tac

Place Suzanne Valadon

Square Louise Michel

Place Louise Blanquart

Place Jeanne Bohec

Place Anne Marie Carrière

Square Suzanne Buisson

Rue Berthe

Rue Gabrielle

Place Dalida

Impasse Marie Blanche

Promenade Coccinelle

 

Autres rues "féminines" dans le XVIIIème arrondissement :

Rue Angélique Compoint (de la famille propriétaire des terrains)

Place Cécile Brunschvicg (politique et féministe)

Place Cheikha Remitti (chanteuse de RAI et engagée dans la vie culturelle du quartier)

Rue Cora Vaucaire (chanteuse)

Promenade Dora Bruder (Jeune déportée qui inspira Modiano)

Rue Ernestine (Prénom de la femme du propriétaire des terrains)

Rue Eva Kotchever (Féministe, lesbienne, résistante, morte à Auschwitz)

Place Françoise Dorléac (actrice, soeur de Catherine Deneuve)

Rue Georgette Agutte (peintre, sculptrice)

Rue Joséphine (impasse en réalité. On ignore l'origine de ce nom!)

Place Louise de Marillac (fondatrice avec Saint-Vincent de Paul des Filles de la charité)

Allée Lydia Becker (scientifique anglaise qui lutta pour le vote des femmes)

Square Maria Vérone (libre penseuse, féministe, présidente de la ligue française pour le droit des femmes)

Esplanade Nathalie Sarraute (écrivaine et dramaturge)

Rue Romy Schneider (on ne la présente pas!)

Jardins Rosa Luxemburg (militante internationaliste qui vécut un temps à Montmartre, rue Feutrier.)

 

 

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Rue choron. Paris 9ème arrondissement. Choron, Manzana-Pissaro, Hanriot.

     Rue Choron!

Mais serait-ce la rue du professeur Choron? 

Une rue "essentielle" comme on dit aujourd'hui!

Une rue qui sonne humour, irrévérence, rire énorme, mauvais goût et joie de vivre!

Le professeur  Choron

Le professeur Choron

... Et non!  Ce n'est pas le professeur es-humour noir qui lui a donné son nom mais c'est elle qui le lui a donné. Enfin disons plutôt que c'est lui qui le lui a "emprunté"!

   Il n'était pas né quand cette courte artère fut créée en en 1866 à l'emplacement d'une impasse : la cour Saint-Guillaume.

Une précieuse photo de Marville nous montre cette cour en impasse avec, au fond, les immeubles qui seront démolis en 1896 pour permettre la jonction avec la rue des Martyrs.

La cour Saint Guillaume en 1866.

La cour Saint Guillaume en 1866.

Rue choron. Paris 9ème arrondissement. Choron, Manzana-Pissaro, Hanriot.

   La nouvelle rue mesure 230 mètres. La photo nous permet de voir que rien ne subsiste de la cour Saint-Guillaume sinon l'immeuble d'angle sur la droite (aujourd'hui 5 rue Rodier et 6 rue Choron). Toute la partie gauche de la rue (numéros impairs) a été détruite pour permettre l'élargissement de la voie à 12 mètres.

Rue choron. Paris 9ème arrondissement. Choron, Manzana-Pissaro, Hanriot.

    En 1868 la rue est baptisée du nom d'Alexandre Emile Choron (1771-1834) musicien et pédagogue, auteur de nombreux ouvrages sur la musique. Sous Napoléon 1er il fut nommé Directeur de la Musique des Fêtes Religieuses. Plus tard il devint régisseur de l'Opéra avant de créer en 1817 l'Institution Royale de Musique Classique et Religieuse.

Rue choron. Paris 9ème arrondissement. Choron, Manzana-Pissaro, Hanriot.

    Le premier immeuble "historique" de la rue Choron est le 4, à proximité de la rue de Maubeuge.

Rue choron. Paris 9ème arrondissement. Choron, Manzana-Pissaro, Hanriot.

     Il s'agit de l'immeuble qui abrita Hara-Kiri à ses débuts en 1960. Georget Bernier (1929-2005) qui en fut le créateur avec Cavanna et Fred, choisit de prendre pour patronyme le nom de la rue. Cavanna donne pour titre cette adresse au livre qu'il écrit en 65.

 

Cavanna et Choron

Cavanna et Choron

Quelques uns des meilleurs dessinateurs et caricaturistes de l'époque les rejoignent : Wolinski, Reiser, Cabu...

On sait que le journal fut interdit après la couverture jugée irrévérencieuse "Bal tragique à Colombey, un mort" qui présentait ainsi la mort de De Gaulle, associée à l'incendie de la discothèque qui fit 146 morts à Saint Laurent du Pont.

   

 Mais le journal avait déjà quitté la rue Choron pour la rue Montholon voisine. Le professeur Choron et ses complices créérent alors Charlie...

Cabu

Cabu

Rappelons-nous en passant quelques unes des pensées du professeur Choron qui pourront nous plonger dans un abîme de réflexion intense!

"C'est terrible d'allonger la vie en prolongeant seulement la vieillesse."

"C'est toujours le chauve qui trouve le peigne dans la galette des rois."

"Celui qui écoute aux portes la prend souvent en pleine gueule."

"Comme la tartine, l'ivrogne tombe toujours du côté qui est complètement beurré."

"Qui sème le vent court après son chapeau."

Rue choron. Paris 9ème arrondissement. Choron, Manzana-Pissaro, Hanriot.

     Nous traversons la rue Rodier, ancienne rue Neuve Coquenard. On voit sur la photo de Marville, sur la gauche au milieu du cliché l'immeuble d'angle de la cour Saint Guillaume, seul rescapé de l'ensemble des maisons.

Rue Choron 1910

Rue Choron 1910

Rue choron. Paris 9ème arrondissement. Choron, Manzana-Pissaro, Hanriot.

Peu d'immeubles remarquables dans cette rue qui commençait en fanfare!

5 rue Choron

5 rue Choron

     Au 5 nous trouvons le bureau de poste typique des années 30 qui privilégient les baies vitrées et le rythme simplifié des façades.

Le 7

Le 7

     Le 7 est un bel immeuble post haussmannien, un des rares dans la rue à porter l'année de construction, 1879, et la signature de son architecte: H. Descaves. 

Henry Arsène Descaves (1840-1896), fils d'architecte, était installé à Paris où il réalisa plusieurs immeubles de rapport dont le 8 rue Hippolyte Lebas dans la rue parallèle à la rue Choron.

Les 8 et 8bis
Les 8 et 8bis

Les 8 et 8bis

     Le 8 bis abrite le secrétariat de l'église Notre-Dame de Lorette ainsi qu'une grande chapelle et des salles de réunion.

Le 9

Le 9

Le 10

Le 10

Les 9 et 10 presque jumeaux...

Le 14

Le 14

     Avec le 14 nous arrivons au carrefour avec la rue Milton. Les immeubles sont à pan coupé, donnant l'impression qu'ils entourent une placette. 

Le 16

Le 16

Autre immeuble à pan coupé le 16....

Rue choron. Paris 9ème arrondissement. Choron, Manzana-Pissaro, Hanriot.

    Il abrite une galerie aux trésors "l'estampe moderne" où sont proposées de rares affiches guettées par les amateurs.

 

     C'est à cette adresse que vécut quelques années et mourut le peintre Jules Armand Hanriot (1853-1930).

                                            Nymphe endormie (Hanriot)

Cet artiste connu pour ses tableaux de nus féminins et ses illustrations de livres érotiques, fait partie à son corps défendant de l'histoire de la peinture.

Madame Manet (Suzanne Leenhoff) par Manet

Madame Manet (Suzanne Leenhoff) par Manet

     En effet, jeune et sans le sou il est accueilli et hébergé par Manet et il a une aventure comme on dit avec Suzanne Leenhoff la femme de son hôte.

Nu dans la clairière (Hanriot)

Nu dans la clairière (Hanriot)

     Il est plus jeune qu'elle de 24 ans, ce qui a endormi la méfiance du mari lui même volage mais qui entra dans une rage folle quand il apprit cette liaison. Il menaça de mort l'ingrat qui prit ses jambes à son cou et disparut.

Il se réfugia à Arcachon où il continua à peindre des femmes nues et à illustrer des ouvrages divers et variés, parfois érotiques.

Angle Milton-Choron, l'école publique.

Angle Milton-Choron, l'école publique.

    De l'autre côté on trouve des bâtiments de l'école publique du 5 rue Milton. En 1870, c'est un temple protestant, une école mixte et un pensionnat qui furent édifiés à cette adresse, entre les rues Lebas, Milton et Choron.

                                Façade du temple protestant rue Hippolyte Lebas

    Les bâtiments conservés ont été transformés en école primaire en 1962.

Le 15

Le 15

    Côté impair il ne reste qu'un long immeuble un peu pesant qui se termine avec son pan coupé sur la rue des Martyrs et qui porte gravée son année de construction : 1895.

 

Le 18

Le 18

Rue choron. Paris 9ème arrondissement. Choron, Manzana-Pissaro, Hanriot.

Côté pair le 18, harmonieux avec une belle entrée ornée d'un  macaron....

Le 20

Le 20

     Le 20 porte la signature en partie effacée de son architecte et sa date de construction : E. Guigardet 1881. Cet architecte est très actif à Paris dans le dernier quart du XIXème siècle. On lui doit entre autres le 2 rue Belgrand, Place Gambetta, 227 boulevard voltaire...

Georges Manzana Pissarro

Georges Manzana Pissarro

    Dans cet immeuble le fils de Camille Pissarro, Georges Manzana-Pissarro (1871-1961) eut pendant quelques années son atelier.

Louveciennes (Manzana-Pissarro)

Louveciennes (Manzana-Pissarro)

    Evidemment influencé par son père et les nombreux artistes qu'il fréquentait il commença à peindre comme néo impressionniste.

Son engagement politique le rapprochait des libertaires.

Rue choron. Paris 9ème arrondissement. Choron, Manzana-Pissaro, Hanriot.

     Par une ironie du sort, il commence à avoir du succès avec ses toiles néo impressionnistes alors qu'au début du vingtième il s'en détachait et changeait de style.

Influencé par Gauguin et par l'art japonais, il crée un univers particulier, orientalisant. Il s'intéresse aux objets, meubles, tapis, tapisseries, verreries. Cette partie de son oeuvre reste à redécouvrir.

Rue choron. Paris 9ème arrondissement. Choron, Manzana-Pissaro, Hanriot.

    Je ne résiste pas au plaisir de partager quelques unes de ses toiles où l'on peut rencontrer Matisse, Gauguin, les estampes japonaises dans un univers qui est pourtant bien à lui! 

Rue choron. Paris 9ème arrondissement. Choron, Manzana-Pissaro, Hanriot.
Rue choron. Paris 9ème arrondissement. Choron, Manzana-Pissaro, Hanriot.
Rue choron. Paris 9ème arrondissement. Choron, Manzana-Pissaro, Hanriot.

     Après de telles merveilles, nous passons vite devant l'immeuble de briques du 22 avant d'arriver devant le 24, dernier numéro pair de la rue dont l'adresse principale est rue des Martyrs.

 

C'est l'Ariel, bar tabac au décor d'ancienne brasserie avec comptoir de zinc, rendu célèbre par les Garçons bouchers, groupe rock alternatif :

"Dans la salle du bar tabac de la rue des Martyrs

Y a des vieux gars tatoués qui racontent leurs souvenirs..."

Rue choron. Paris 9ème arrondissement. Choron, Manzana-Pissaro, Hanriot.

     La rue Choron s'arrête là, rue des Martyrs, un peu penaude de n'avoir pas retenu tous les oiseaux flamboyants de Manzana-Pissarro pour mettre de la couleur dans le gris parisien!

Rue choron. Paris 9ème arrondissement. Choron, Manzana-Pissaro, Hanriot.

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Place Jean Baptiste Clément Montmartre.
Place Jean Baptiste Clément Montmartre.

     Elle a du mal à se donner l'allure d'une place malgré son nom. Large espace sans unité architecturale, elle est pourtant, au cœur de Montmartre un lieu riche en histoires et en histoire!  

Place Jean Baptiste Clément Montmartre.

    En son centre, un maigre square triangulaire  a été transformé en "espace de bio diversité" laissé savamment à l'abandon. Il se veut outil pédagogique avec panneaux explicatifs, photos et invitation à regarder de loin "l'hôtel à insectes" mieux lotis que les artistes bohêmes du Montmartre d'antan!

 

Place Jean Baptiste Clément Montmartre.

     Prenons la place par le sud, là où les rues Ravignan et Gabrielle font leur jonction. Ce qui nous permet de rappeler que les Montmartrois appelaient Place Ravignan celle qui allait se métamorphoser en Jean Baptiste Clément en 1905.

     C'est dans cette maison du 38 rue Gabrielle que Picasso eut en 1901 son premier atelier qu'il partageait avec Casagemas et qu'il ne quitta qu'après le suicide de son ami.

                                              Casagemas (Picasso)

 

 

 

      La place commence par une grosse maison divisée en plusieurs lots.

                                             19 rue Ravignan

La maison dont une partie donne sur la rue Ravignan forme avec ses trois numéros impairs le côté ouest de la place!

                                        1 à 5 place Jean Baptiste Clément

                    l'ensemble a été construit en 1911 sur les plans de L. Defais.

 

                 Il est un peu incongru au sommet de la Butte et fait penser aux grosses maisons en meulières ornées de céramiques qui "fleurissaient" dans les banlieues de bonne bourgeoisie. Il est clair qu'elle nous procure un dépaysement de plus dans ce Montmartre qui n'en manque pourtant pas. 

Place Jean Baptiste Clément Montmartre.

      On le voit représenté par Elysée Maclet qui lui donne des proportions plus modestes! Son interprétation d'artiste remodèle la ville ! 

Rue de la Mire

Rue de la Mire

Rue Lepic

Rue Lepic

     Après cette maison, on trouve la rue de la Mire et la rue Lepic. Les numéros impairs de la place se poursuivent dans la continuation de la rue Lepic.

Le 7

Le 7

Le 9

Le 9

    Le 7 et le 9 sont des pavillons qui évoquent eux aussi la banlieue. Ils ont remplacé les modestes maisons du village derrière leur jardinet. On peut les apercevoir avant la tour du réservoir sur cette carte de 1904. 

 

C'est le jardin du  réservoir qui termine ce côté de la place bien que le réservoir ait pour adresse officielle le 9bis rue Norvins.

Utrillo (on peut voir encore une des petites maisons de la place)

Utrillo (on peut voir encore une des petites maisons de la place)

                      Le réservoir côté place Clément.

Le réservoir côté place Clément.

  Le vieux réservoir qui avait été rehaussé pour répondre aux besoins en eau des Montmartrois a été désaffecté après la construction du grand réservoir près du Sacré- Cœur et son adjonction de briques détruite en 1969. Aujourd'hui l'élégant bâtiment orné d'une fontaine sert de salle d'exposition et de siège de la Compagnie du Clos de Montmartre qui promeut la piquette folklorique vendangée plus bas dans les vignes les plus photographiées au monde!

                     Haut de la place vers la rue Norvins.

Haut de la place vers la rue Norvins.

La folie Sandrin

La folie Sandrin

     Nous arrivons rue Norvins dominée par la Folie Sandrin et devons redescendre de quelques pas pour retrouver la place qui nous intéresse aujourd'hui. Cette partie haute a été peinte maintes fois par Utrillo, par tous les temps.

 

 

Place Jean Baptiste Clément Montmartre.

     Ce côté de la place (numéros pairs) fut jadis la rue Feuchère.

La vieille boulangerie qui restait un des rares commerces utiles aux habitants du quartier a été remplacée par une boutique pour touristes (fermée en ce moment pour cause de corona virus).

 

 

Place Jean Baptiste Clément Montmartre.

    Toujours au numéro 12 une pelle Stark signale qu'à cet emplacement fut érigée la mire du nord.

Place Jean Baptiste Clément Montmartre.

 

 

   En réalité, ce n'est pas à cet endroit que l'on peut voir la fameuse mire dite de Cassini, mais à deux cents mètres dans une propriété privée de la rue Girardon.

 

    Les spécialistes du balisage touristico-historique ne sont pas à une erreur près. Prenons l'exemple du panneau de cette place Jean Baptiste Clément....

   Elle contient deux erreurs. La première est ce trait d'union fautif entre Jean et Baptiste. En effet le père de notre "héros de la Commune" s'appelait Jean-Baptiste Clément et pour qu'il n'y ait pas de confusion avec son fils sur les documents écrits, il le déclara Jean Baptiste sans trait d'union. Et de fait notre "auteur du Temps des Cerises" n'écrivit son prénom qu'ainsi! 

Place Jean Baptiste Clément Montmartre.

     La deuxième erreur est d'en faire le maire du XVIIIème arrondissement alors qu'il ne le fut jamais et qu'à la date indiquée c'est Clémenceau qui occupait le poste!

Clément fut élu au Comité de Vigilance du XVIIIème puis à la Commune à la Commission des Services Publics. Maire il ne le fut jamais!

Place Jean Baptiste Clément Montmartre.

      Il n 'empêche qu'il mérite amplement l'honneur de cette place en plein Montmartre, lui qui fut un Montmartrois de coeur, n'ayant pas moins de douze adresses sur la Butte, lui qui fut un Communard généreux et utopiste comme Louise Michel, lui enfin qui réécrivit son  poème "Le Temps des Cerises" après la Commune, pour Louise une ambulancière rencontrée sur la barricade de la rue de la Fontaine au Roi, une des dernières de la Commune, et qui refusa de quitter son poste au mépris de la mort.

Place Jean Baptiste Clément Montmartre.

"Cerises d'amour aux robes pareilles

Tombant sur la feuille en gouttes de sang"

(...)

"C'est de ce temps-là que je garde au cœur

Une plaie ouverte..."

Place Jean Baptiste Clément Montmartre.

    Après le 12, un immeuble sans grâce, le 10 a pour intérêt un stuc au-dessus de sa porte. Il représente la Tour Montmartre, 114 rue de l'Empereur.

Place Jean Baptiste Clément Montmartre.

    La rue de l'empereur (ancien nom de la rue Lepic) aboutissait rue Norvins. Le 114 aurait été situé approximativement au milieu de la place Clément, sur la pelouse du square maigrelet et bio. 

La tour Montmartre

La tour Montmartre

     La tour Montmartre qui permettait aux amateurs de piquette et de billard de jouir d'un point de vue imprenable sur Paris agrémentait une guinguette située comme bien des immeubles de Montmartre sur un  sol qui à cause des carrières de gypse s'apparentait à du gruyère.

La tour s'écroula comme le firent plusieurs maisons et moulins et ne fut pas reconstruite. Il ne reste pour s'en souvenir que le décor de stuc du 10 place Clément.

La tour Solférino

La tour Solférino

    Elle est parfois confondue avec la tour Solférino située plus à l'est à l'emplacement de la rue Lamarck et de la rue de la Fontenelle (aujourd'hui Chevalier de la Barre)

Place Jean Baptiste Clément Montmartre.

       Les 8 bis et 8 font partie des petites maisons rescapées de l'ancien village. Elles nous permettent d'imaginer ce que fut la Butte avant l'invasion des promoteurs.

 

Place Jean Baptiste Clément Montmartre.
Le 6

Le 6

     Le 6 est un petit immeuble de rapport avec sur sa façade un "témoin" placé sur une fissure, spécialité des maisons de la Butte contraintes pour ne pas être avalées par un fontis de consolider leur sous-sol.

Place Jean Baptiste Clément Montmartre.

    Le 4 ne brille pas par son originalité architecturale. Pas étonnant c'est une école.  elle a été construite dans les années 90-91.

Place Clément (Gen Paul) les 4-6-8-10 et 12 actuels.

Place Clément (Gen Paul) les 4-6-8-10 et 12 actuels.

     Sur un terrain qui s'étendait vers l'est jusqu'à la rue Poulbot actuelle. Il y avait là quelques maisons de un ou deux étages, des entrepôts... qui furent rasés sans état d'âme.

Place Jean Baptiste Clément Montmartre.

     Il ne reste plus que le 2, immeuble qui fait l'angle avec la rue Gabrielle et construit en 1932. Sur sa façade des noms badigeonnés sans égards révèlent à qui réussit à les déchiffrer le nom des architectes : Boucher et Bouriquet. On penserait presque à Bouvard et Pécuchet!

Schifrine

Schifrine

     Et voilà! Nous avons fait le tour de cette place atypique! Il ne reste plus qu'à la retrouver sous le pinceau des peintres, essentiellement Utrillo qui venu en voisin de la rue Cortot a su la voir avec ses yeux d'artiste.

Utrillo

Utrillo

Place Jean Baptiste Clément Montmartre.
Place Jean Baptiste Clément Montmartre.
Place Jean Baptiste Clément Montmartre.

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Publié le par chriswac
Publié dans : #MONTMARTRE Peintres.Artistes.Clébrités, #MONTMARTRE. Rues et places.
Max Jacob à Montmartre. rue Ravignan, rue Gabrielle...

     Ce grand poète, cet homme d'exception a sa place, une des premières, dans l'épopée montmartroise. Loin de nous la prétention de le "saisir" dans sa complexité, ses ombres et ses chatoiements, nous nous proposons de l'approcher dans ses années Montmartroises, dans les liens qu'il y tissa avec les peintres et les poètes.

33 boulevard Barbès

33 boulevard Barbès

     Son arrivée dans notre quartier date de 1903, année où Apollinaire qui sera son ami écrit "la Chanson de mal-aimé".

"Et je chantais cette romance

En 1903 sans savoir

Que mon amour à la semblance

Du beau phénix s'il meurt un soir

Le matin voit sa renaissance."

Si l'on parle beaucoup de sa présence 7 rue Ravignan, le 33 boulevard Barbès est moins souvent cité. Nous sommes aux limites de Montmartre, sur un boulevard en pleine mutation où les immeubles de pierres post haussmanniens bousculent les petites maisons crayeuses.

33 boulevard Barbès (à droite rue Poulet).

33 boulevard Barbès (à droite rue Poulet).

    Certes Max Jacob a connu plusieurs adresses parisiennes auparavant mais c'est là sa base quand il fréquente le milieu artistique Montmartrois, là qu'il rencontre au Chat Noir du boulevard de Clichy Braque, Matisse , Modigliani...

                                                Max Jacob (Modigliani)

    Il n'a pas le sou et pour survivre accepte de petits métiers qui l'épuisent et le découragent. Pendant ces années noires, son amitié avec Picasso, le jeune peintre catalan rencontré en 1901 est pour lui un bien précieux...

L'amitié indéfectible de ces deux-là a prêté parfois à des interprétations superficielles. Certes Max jacob était homosexuel mais le sentiment qu'il éprouvait pour Picasso, homme à femmes, était un amour-admiration qui jamais ne se démentit et qui influença son art. On a pu dire que certains textes du poète relevaient du cubisme que Picasso (avec Braque) avait inventé!

                                                       Max Jacob (Picasso)

     Picasso vit une période difficile après le suicide de son ami Casagémas et l'attention prévenante de Max jacob lui est d'un grand secours. Dès la première rencontre, Max Jacob qui était la générosité même avait donné au jeune peintre tout ce qu'il avait de plus précieux, dont des gravures sur bois de Dürer. Quand en 1902 Picasso était revenu à Paris, c'est chez Max Jacob qu'il trouva refuge dans la chambre du boulevard Voltaire. Max Jacob évoque cette cohabitation :  "Picasso vint habiter dans ma chambre. Il dessinait toute la nuit et quand je me levais pour aller au magasin, il se couchait pour se reposer."

                                                 Max Jacob Picasso

On dit que pour la célèbre sculpture du "Fou" Picasso aurait pris pour modèle son ami qu'il aurait coiffé d'un bonnet de bouffon, un soir qu'ils revenaient tous deux du cirque Médrano sur le Rochechouart (détruit sauvagement pendant les années pompidoliennes).

 

    De la période du Barbès il nous reste également une carte adressée à Max Jacob par Apollinaire, un autre de ses amis essentiels, un autre de ses coups de foudre. Apollinaire a rencontré Marie Laurencin avec qui il vit rue Léonie (aujourd'hui Henner) près de la place Blanche. Max jacob est jaloux en amitié et il a pris ses distances avec celui qui allait devenir le plus grand poète français de ce début du XXème siècle.

Max Jacob à Montmartre. rue Ravignan, rue Gabrielle...

    Apollinaire rédige une carte qu'il envoie au 33 boulevard Barbès... une carte venue jusqu'à nous.

                                  7 rue Ravignan

7 rue Ravignan

     En 1907 Max jacob quitte le Barbès pour une petite chambre 7 rue Ravignan. "Ma chambre est au fond d'une cour et derrière des boutiques. Le n° 7 de la rue Ravignan! tu resteras la chapelle de mon souvenir éternel!" 

Il se rapproche ainsi de Picasso qui depuis 1904 a trouvé un logement-atelier dans l'immeuble hétéroclite qui sera connu sous le nom que Jacob lui donna "le Bateau Lavoir". L'adresse en est alors 14 rue Ravignan. La place sur laquelle il donne ne recevant le nom d'Emile Goudeau qu'en 1911.

Le bateau lavoir en 1904

Le bateau lavoir en janvier 2021

Le bateau lavoir en janvier 2021

On oublie parfois que Max Jacob aimait dessiner et peindre malgré le manque de lumière de son réduit.

                                  Dans un théâtre de Montmartre (Max jacob)

 

     C'est Picasso qui le dissuada de tenter une carrière de peintre. Il lui fit comprendre que là n'était pas sa vocation mais dans l'écriture. Il ne se trompait pas même si quelques uns de ses dessins ne manquent pas d'originalité...

 

     Fernande Olivier qui commençait une liaison amoureuse avec Picasso fut témoin de la présence affectueuse de Max Jacob : "Il l'a soutenu, encouragé, aidé quand tout jeune il connaissait une immense tristesse". Max Jacob qui fut pauvre et le resta, donna toujours le peu qu'il avait. On peut dire que son affection généreuse pour le "génie" catalan ne fut pas vraiment payée en retour!

Max Jacob à Montmartre. rue Ravignan, rue Gabrielle...

     C'est dans la chambre du 7 rue Ravignan qu'eut lieu l'événement qui allait bouleverser la vie du poète. C'est le 22 septembre 1909 : "Je suis revenu de la Bibliothèque Nationale, j'ai déposé ma serviette; j'ai cherché mes pantoufles et quand j'ai relevé la tête, il y avait quelqu'un sur le mur! Il y avait quelqu'un! Il y avait quelqu'un sur la tapisserie rouge. Ma chair est tombée par terre! J'ai été déshabillé par la foudre! Oh impérissable seconde! Oh vérité! Inoubliable vérité! Le Corps Céleste est sur le mur de la pauvre chambre!"

                          Crucifixion (Max jacob)

Crucifixion (Max jacob)

    Cette "conversion" qui n'est pas sans rappeler celle de Claudel, non pas dans la splendeur d'une cathédrale mais dans la vétusté d'un logis de pauvre va conduire le poète juif vers le baptême cinq ans plus tard, avec Picasso pour parrain à Notre-Dame!

                                                            Max jacob

    Après sa conversion, Max Jacob se sentira un peu plus écartelé entre ses aspirations et sa sexualité, il culpabilisera mais restera soumis à ses pulsions! Il continuera de draguer les garçons mais après consommation il ira se confesser, comme l'écrit Julien Green, quand il le connaît  plus tard à Montparnasse:

"Il passait toutes les soirées dans les cafés à courir après un garçon qu'il ramenait chez lui. Le lendemain il allait se confesser à l'église..."

Max Jacob (Elysée Maclet)

Max Jacob (Elysée Maclet)

    Son "mysticisme" lui même se fait sensuel (comme tout mysticisme authentique). Imaginant qu'il saisit le Christ déposé de la croix : "J'aime sentir ton corps dans mes bras. Ton ventre est dur lui aussi. Dieu jeune homme plus que charmant, plus que séduisant, plus que génial (...) Corps de mon coeur, coeur de mon corps, reviens que je t'aime encore."

   

 Notons que cette rue Ravignan où Max jacob reçut la vision qui marqua sa vie a pour nom un jésuite, Xavier de la Croix de Ravignan (1795-1858) qui fut notamment prédicateur à Notre-Dame.

 

 

17 rue Gabrielle.

17 rue Gabrielle.

     Chaque lundi, les soirées de la rue Ravignan rassemblent peintres et poètes dans la pauvre chambre... Ces réunions vont se poursuivre le mardi quand Max jacob quitte le 7 rue Ravignan en janvier 1913 pour le 17 rue Gabrielle, cette rue où Picasso avait vécu avec son ami Casagémas au 49.

17 rue Gabrielle

17 rue Gabrielle

     Le logis n'est pas reluisant pour autant. Hubert Fabureau qui connaissait la Bohême de la Butte et s'intéressait aux poètes le décrit ainsi : "Une pièce dans un sombre rez-de-chaussée au fond d'une cour pleine d'enfants sordides qui exploitent sa bonté".

 

La Savoyarde

La Savoyarde

    Les réunions ne peuvent y avoir lieu et Max jacob convoque ses amis dans les salons d'un café aujourd'hui disparu, à l'angle des rues Utrillo (alors Muller) et Lamarck. Il s'agit de "La Savoyarde" où se rendent volontiers Artaud, Radiguet, Malraux...

Emplacement de la Savoyarde aujourd'hui

Emplacement de la Savoyarde aujourd'hui

    La rue Gabrielle sera la dernière adresse de Max Jacob à Montmartre. En 1921 il part pour Saint-Benoit sur Loire. C'est une autre histoire qui commence...

Il reviendra à Paris en 1928 mais ce ne sera plus sur la Butte. "Montmartre n'est plus pour moi que les environs de la Basilique où je vais chaque matin m'entraîner à une vie qui paraît plus noble et l'est peut-être moins."

                                              Max Jacob (Pierre de Belay)

Il y a chez lui une nostalgie mêlée de rejet de ses années de bohême, dominée par des amitiés décevantes et des amours sans clarté. 

Il pourra écrire   "Je te regrette ô ma rue Ravignan!

La rue Ravignan est celle que j'adore

Pour les coeurs enlacés de mes porte-drapeaux.

Là, taillant des dessins dans les perles que j'aime,

Mes défauts les plus grands furent ceux de mes poèmes."

                              Rue Ravignan vers la rue des Abbesses

Comme il pourra exprimer un sentiment contraire :

"Ah non je n'aime pas à me souvenir de Montmartre! C'était le séjour de la crasse et de la honte. Ah! Que l'on construise des immeubles neufs! Qu'on arrache jusqu'au dernier arbre! Qu'on supprime tout ce qui perpétue les souvenirs soi-disant attendrissants de ce que vous appelez la Bohême et que j'appelle la misère, qu'on invite tous les sous-Mürger à se taire..."

Peut-être avait-il pressenti ce que risquait de devenir un quartier qui commençait à se parer pour mieux se vendre des noms des artistes misérables qui y avaient vécu. Peut-être refusait-il la vision romantique telle que plus tard Aznavour la chanterait, d'une bohême idéalisée. Peut-être avait-il mal à son passé qui l'avait blessé et que les baumes de la religion ne parvenaient pas à cicatriser?

A t-il pensé à la rue Ravignan, à Picasso, Apollinaire... aux amis qu'il avait aimés, à ceux qui tentaient de le sauver après qu'il avait été arrêté à Saint-Benoit et interné à Drancy en attente d'un convoi pour Auschwitz?

Max Jacob à Montmartre. rue Ravignan, rue Gabrielle...

Toujours est-il qu'un ange noir lui permit de mourir à l'infirmerie lui évitant de vivre la nuit et le brouillard, les chiens allemands, la nudité, la chambre à gaz.

Max Jacob à Montmartre. rue Ravignan, rue Gabrielle...

Il est aujourd'hui une des étoiles qui brillent sur le pavé mouillé de Montmartre.

 

"Seigneur tout est fini

Voilà que tout commence"

 

"La mort est donc céleste pour la première fois"

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