Rien... pas une indication... pas un renseignement sur les tableaux accrochés dans l'église Saint-Pierre de Soubise...
Le seul qui soit jugé digne de quelque information est l'Ex-voto de Saint Elme et Sainte Claire.
Et pourtant les autres toiles méritent qu'on les regarde!
Dans le transept, au-dessus de l'autel, un grand tableau représente la Nativité. L'oeuvre peinte au XVIIème siècle n'est pas sans rappeler par son maniérisme l'Ecole de Fontainebleau. Les personnages ont un étonnant relief, ils sont comme découpés sur un fond sombre...
Chaque personnage exprime un sentiment par son attitude théâtrale.
Le berger à gauche, se prosterne pour adorer l'enfant. Il a posé à ses pieds un agneau aux pattes liées, métaphore du nouveau-né qu'on mènera plus tard à l'abattoir et qui ne protestera pas plus que les animaux égorgés...
Joseph, au milieu , vêtu de rouge se penche vers son "fils". Marie, fine et élégante écarte avec précaution le linge qui entoure l'enfant. Elle le "dévoile" pour le présenter au monde...
Le visage de Marie est beau, tendre, sans affectation. Il ne montre aucune mièvrerie. Il échappe aux stéréotypes...
Sous son manteau, la robe est rouge. Les deux parents portent déjà la couleur de la passion, de la souffrance à laquelle ils sont promis.
Remarquez la délicatesse de la main qui écarte le voile du visage de l'enfant. Délicatesse qui répond à celle de l'autre main au premier plan dont le pouce est posé sur le bras du bébé comme pour le protéger, l'empêcher de tomber.
Au-dessus de ce premier groupe, on remarquera surtout la femme debout, les bras écartés.
C'est la cousine de Marie, Elisabeth. Celle dont l'enfant avait tressailli dans le sein quand Marie lui avait rendu visite. A côté d'elle, ce même enfant, futur jean Baptiste, désigne le nouveau-né, prophétisant la venue du Messie...
Elisabeth, dressée vers le ciel est un beau personnage, solaire, la tête tournée vers les anges...
J'ai pensé un instant à cet autre tableau du XVIIIème, dans l'église de Segonzac en Dordogne.
A cause du chapeau de paille!
Mais dans cette "visitation", c'est Marie, vêtue de rouge qui le porte...
Enfin, le ciel de la toile est composé de nuages gris, artificiels, un décor de théâtre. Il est habité par les anges. Chérubins grassouillets au-dessous et beaux adolescents sur les côtés, avec dans la trouée de lumière un ange lecteur souriant qui ressemble aux anges musiciens de Memling.
La toile aux tonalités grises, d'une composition originale, ne manque ni d'élégance ni de poésie et mériterait d'être mise en valeur.
Au-dessus du maître-autel on peut voir une grande crucifixion du XIXème siècle à deux personnages: le Christ et Madeleine. Les autres acteurs traditionnels, Marie et Jean sont sortis du champ.
Madeleine aux cheveux défaits a posé au pied de la croix son vase de parfums. Quelques mois plus tôt, la pêcheresse s'était agenouillée devant celui qu'elle aimait et "ses larmes mouillaient les pieds de Jésus. Elle les essuyait avec ses cheveux, les couvrait de baisers et y versait le parfum."
Les plis nerveux de la robe, le désordre des membres n'altèrent pas un visage dont le profil triste n'est pas tragique.
Le crucifié au-dessus d'elle paraît cool et décontracté.
... Il sourit tendrement en baissant les yeux sur elle.
Tandis qu'une vieille tête de mort jaunie, à côté du vase aux vanités, rappelle à ceux qui l'auraient oublié que la vie n'est que passage, et aux croyants, qu'une autre vie, éternelle celle-là, les attend de l'autre côté de la croix.
Le tableau n'est pas sublime mais il n'est pas sans force avec ce sombre contraste entre le fond nocturne qui rougeoie à l'horizon et le couple réuni par le regard dans un adieu qui n'est qu'un au-revoir...
C'est le plus vilain tableau de l'église. Un Saint François d'Assise à la grosse tête dont la partie supérieure du crâne, tonsurée semble avoir été rabotée. Il est représenté conventionnellement devant la croix, dans sa robe de bure, prêt à recevoir les stigmates dans le creux de ses paumes, et chantant son fameux Cantique des Créatures qui se termine par les louanges à la mort: "Loué sois-tu mon Seigneur, pour notre soeur la mort corporelle à qui nul vivant ne peut échapper..."
La tête de mort qui montre les dents n'en perd pas une parole même si elle trouve un peu humiliant d'être utilisée comme un simple support....
A gauche de l'entrée, un petit tableau sur bois, dégradé et maladroit représente le Christ, raide comme un automate, remettant la fameuse clé à Saint Pierre agenouillé bizarrement.
Un angelot rigolo assiste à la scène tandis que l'Esprit Saint volète poussivement au milieu d'une croûte de nuages ...
...et rêve de s'envoler sous la l'extraordinaire coupole octogonale à la croisé des transepts!
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Liens:
Soubise :
Soubise. Eglise Saint-Pierre. Saint Elme et Sainte Claire.
Saint Sornin:
Saint Sornin. Eglise. Fresques XVIIème siècle(1)
Saint-Sornin. Eglise. Fresques. (2)
Charente Maritime :
Charente Maritime. Classement alphabétique. Liens.
Oléron :
Oléron. Le Château. Assomption de la Vierge. Etienne Garot Dubuisson.
etc
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