Croisement avec la rue de Steinkerque. Le pauvre homme-sandwich est la risée des lycéens...
La rue d'Orsel est dans sa partie Est, une des rues principales du Marché Saint-Pierre.
Elle commence rue de Clignancourt et se termine rue des Martyrs. Elle naît dans un quartier populaire et à mi-chemin se métamorphose (à partir du théâtre de l'Atelier) en rue branchée et bobo, prolongement naturel de la rue des Abbesses...
Partie branchée de la rue. Au fond le théâtre de l'Atelier.
C'est sur des terrains qui appartenaient à l'Abbaye de Montmartre qu'elle fut tracée par un riche bourgeois, Orsel, qui avait flairé la bonne affaire en achetant à bas prix les lots vendus comme biens nationaux après le Révolution.
Il lotit le quartier à partir de 1802 et pour le distinguer du village de Montmartre, le baptisa "Village d'Orsel".
La rue actuelle s'est d'abord appelée rue des Acacias (à ne pas confondre avec celle qui existe toujours dans le XVIIème arrondissement). Elle apparaît sur le plan cadastral de la commune de Montmartre en 1825. Ce n'est qu'en 1873 qu'elle prend le nom d'Orsel...
Barricade faubourg Montmartre (1848)
Elle est longue de 545 mètres et large de 10. Ses premiers numéros, les 1 et 2, étaient comme presque toute la rue composés de deux petits immeubles modestes.
Début de la rue. Les 1 et 2.
C'est à cet endroit que fut érigée le 24 juin 1848 la barricade de la rue des Acacias. Rappelons que pendant ces journées terribles, le peuple de Paris fut durement réprimé par Cavaignac. Plus de 4000 insurgés furent tués et et 4000 autres déportés en Algérie...
Au 9, une belle fonte avec des amours qui n'ont pu éviter à l'immeuble de bouger... Nous sommes au-dessus des carrières de Montmartre qu'il faut régulièrement consolider...
Le 11 avec sa belle arcade et sa grille à la Fort Knox...
Les boutiques de cette partie de rue ne vendent que du tissu, du linge, des rideaux... Nous sommes au coeur du Marché Saint-Pierre.
La rue d'Orsel est espiègle. Apparemment, elle file vers la Halle Saint-Pierre et le square Louise Michel qu'on aperçoit, fermant la perspective...
Mais il n'en est rien. C'est la courte rue Livingstone (70 mètres), ainsi nommée en 1877, qui prend le relais, tandis que la rue d'Orsel oblique sur la gauche....
On voit ici se séparer les deux artères en un delta dont la pointe est formée par l'immeuble à pan coupé où "Le Bonheur des Dames" de Moline déploie ses étoffes chatoyantes...
La rue est sur cette portion, formée de petits immeubles sans grande originalité.
Le 12 a été le théâtre, le 6 mars 1847 d'un fait divers tragique. Il y avait à son emplacement une maison modeste louée par Augustine de Launey de Villemessant et sa fille Isoline. Après avoir écrit au maire de Montmartre, elles se donnèrent la mort en s'asphyxiant avec un poêle à charbon.
Ne pouvant payer leurs dettes, elles avaient décidé d'en finir :
"Je m'adresse à vous pour faire accomplir notre dernière volonté qui est d'être enterrées ensemble dans l'état où nous serons et sans rien y changer. On trouvera près de nous le linge nécessaire."
Hippolyte de Villemessant
Les deux dames furent jetées dans la fosse commune du cimetière Saint-Vincent.
Si ce suicide a ému les Montmartrois, c'est que le fils et frère des deux suicidées n'était autre qu'Hippolyte de Villemessant, créateur de divers journaux et notamment du Figaro qu'il ressuscita. Le bruit courut qu'il aurait détourné les économies de sa mère et de sa soeur pour payer des dettes de jeux.
Ayant fait fortune, il n'eut pas l'idée de leur donner une sépulture correcte.
"Un personnage qui peu fier d'avoir laissé sa famille dans la misère n'a eu de cesse de s'inventer des alibis".
Le 15 est un petit immeuble branlant. En 1895, une cabane de planches dans sa cour servit de siège au journal "Le Libertaire" créé par Sébastien Faure et auquel collabora Louise Michel.
Il y eut dans la rue un bal créé en 1858 par Gilles Robert. Il avait pour nom "Les Folies Robert", ce qui est moins poétique, avouons-le que les "Folies Bergère" !
Ce bal fut transféré au 54 boulevard de Rochechouart où en 1871 se réunit le comité Central de la Garde Nationale.
Le croisement avec la rue Seveste est dominé par l'opulent immeuble en pierres de taille de la pharmacie (architecte P. Hubert).
Au 31, un des rares immeubles classés au plan de la protection patrimoniale du 18ème arrondissement.
Il s'agit d'un pavillon d'angle (sur la rue Briquet), typique de ce qu'a été la rue à l'origine, quand elle faisait partie du village d'Orsel. C'est le seul survivant du lotissement du début du XIXème siècle.
Un grand magasin de tissus occupait le rez de chaussée de presque tout le pâté de maisons. Une des entrées se situait au 31, là où désormais vous trouverez un supermarché "hard-discount" comme on dit en bon français !
Une carte-photo situe cette fruiterie au 28 rue d'Orsel (ici côté rue de Steinkerque). On voit la rue d'Orsel sur la droite.
Le 28
La fruiterie est aujourd'hui occupée par un bazar semblable aux autres bazars auxquels la rue de Steinkerque semble condamnée...
Traversons donc la rue de Steinkerque, passons ce déballage de fringues et continuons notre balade dans la rue d'Orsel qui prend mètre après mètre du galon (ce qui est amusant quand on songe qu'elle quitte le Marché Saint-Pierre !)
A suivre...
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Liens : rues de Montmartre :
Rue Yvonne Le Tac. (1) L'Abbaye d'en-bas.
Rue Ravignan (1). Montmartre. Des Abbesses à la place Emile Goudeau.
Rue du chevalier de la Barre. (I). De Ramey à Lamarck.
Tous les articles sur les rues de Montmartre : Rues de Montmartre. Classement alphabétique.
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