Quand il illustre La Maternelle de Léon Frapié, en 1904, Poulbot a une parfaite maîtrise de son art. Il est dans sa phase créatrice et chacun de ses croquis est nouveau. Il ne se copie pas encore et n'est pas soucieux de répondre à une réputation de "Père des gosses". Il est encore proche du peuple auquel il consacre ses dessins.
II Suite des illustrations de La Maternelle.... (1ère partie: Poulbot. Dessins. La Maternelle (1))
"Maman boit avec des gens et moi je liche les verres"
"Un jour elle s'est permis d'ouvrir une boîte qui appartenait à un collectionneur d'insectes; dans cette boîte il avait enfermé un énorme bourdon à corps velu..."
"Tu vas rester là tout seul, personne ne s'occupe plus de toi."
"...Le petit garçon était sur le trottoir, derrière la porte, qui égouttait, en attendant de recevoir sa volée."
"-Mes enfants, je suis été petit comme vous."
"Il tombait de la neige; la gamine ne portait pas de coiffure."
"-Ma mère était cardeuse de matelas et, à cette époque-là on défaisait la laine à la main; c'était mon ouvrage, dès six ans..."
"Lorsque je viens chercher ma portion le soir à la gargote, le sarcasme boueux des consommateurs s'attaque surtout à mes yeux. Et j'ai peur... J'ai peur bientôt de tout comprendre!"
"Depuis qu'Irma Guépin est ma préférée, elle a toujours eu ce jeu, le soir, dans l'intimité des quelques enfants restants, de m'embrasser à l'improviste..."
"La voilà qui arrive pour la première fois, un matin à huit heures et demie, n'avait-elle pas raccroché, en chemin, une bande d'enfants, sans les connaître! elle en tenait deux par la main, elle en avait après sa jupe! Une fille sans poitrine, plutôt laide, ayant au moins dix ans d'enseignement, robe noire propre, mais terriblement fatiguée."
"Mademoiselle Doucet, directrice d'école maternelle, emploie sa mère comme femme de service et la convenance professionnelle veut que l'on ignore cette parenté."
"Deux élèves ont cané l'école (traduction: ils ont fait l'école buissonnière), le frère et la soeur, six ans et quatre ans, se tenant par la main, avec leur panier du déjeuner, sont allés aux Buttes-Chaumont..."
"Et c'est samedi de paie ce soir! En quittant l'école, j'ai perçu, deviné, flairé un brouhaha, un éclairage, une odeur de grande liesse commençante..."
"Il y a un chapitre spécial sue le devoir d'aimer ses parents. Un enfant pourrait ne pas aimer ses proches croyant que c'est facultatif, on lui signifie que c'est obligatoire et crac! il se dépêche."
"Pierre tomba par terre et resta gémissant..."
"Un matin glacial, Marie Fadette cinq ans, apparaît, tablier pas boutonné, souliers pas noués, très pâle."
"Eh bien gens ordinaires, gens d'un autre quartier, quand vous aurez vu arriver à l'école une enfant de cinq ans dont la mère a été assassinée pendant la nuit..."
"Mais reluquez-moi c'te mijaurée, c'te momie qui ne peut seulement pas se baisser!"
"Chargé de son panier, il a pris à son bras le seau de sa mère et il est parti devant, comme un homme."
"Julia Kasen sautait : brune, mince, tablier noir serré, chaussettes noires, les bras collés au corps, elle dansait sans autre mouvement que le rebondissement rythmé d'un objet élastique."
" A quatre heures, le rang conduit au coin de la rue..."
"Celui-là, madame, n'ayez pas peur de lui taper dessus, c'est un sale enfant, il a tous les défauts !"
"Sitôt qu'un avait dix ans, il partait, cédé à des maîtres pour sa nourriture; on ne le revoyait plus jamais."
"maman pleure parce que papa l'a battue... (avec fierté) tu sais, il est fort papa, quand il cogne, ça rebondit !"
"J'ai vu la Souris arriver en royal appareil : un brin de plumeau à son béret, drapée jusqu'à terre d'un capuchon-éteignoir... Et quand vous auriez vu Dieu le Père tenir en sa main l'univers, j'ai vu la Souris apporter une orange !"
"Les enfants arrivent, ils décrivent un salut spécial, un salut "qui ne sert qu'à l'école", ils composent leur voix, leur regard."
"Mes petits enfants, je vous évoque tous, là, dans ma chambre : ne me laissez pas partir, accrochez-vous à moi, comme vous avez fait tant de fois par jeu."
"Mes enfants, je ne vous quitterai pas... Vous étiez criards, indociles, turbulents !..."
Berthe Hochard...
Gabrielle Fumet
"Tu n'auras pas ma gosse pour ton école de crève la faim.."
"Comment? Vous ne savez pas? La mère Cloutet vient de se fiche dans le canal avec ses deux gosses; on l'a retirée encore vivante et c'est une grande chance car elle est enceinte, mais les deux pauv'gosses sont noyés.
-Hein?... La Souris, le poussin?... ma pauvre petite mère Souris?"
La Souris et le poussin.
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... Et voilà comment se rencontrent un romancier et un dessinateur au grand coeur. Des hommes qui n'ont pas changé le monde mais que le monde a changés et dont l'oeuvre reste hélas d'actualité dans certains quartiers de nos villes et de nos banlieues, dans d'autres villes et d'autres banlieues de bien des pays...
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Liens : Poulbot. Dessins. La Maternelle de Léon Frapié. (1)
Poulbot. Poil de carotte. Illustrations. (1)
Poulbot. Poil de Carotte. Illustrations. (2).
Poulbot. Dessins. Esquisses. Début. Avant 1910.
Poulbot. Maturité. Succès. Les Gosses. (2)
Poulbot. Engagement social. Petits Poulbots. (3)
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