La ville de Sancti Spiritus, en dehors des circuits touristiques, mérite largement que vous y passiez quelques heures. Son centre historique est d'ailleurs classé "Monument National".
Extérieurement l'église n'a rien de remarquable : un enduit gris-bleu recouvre les pierres et le clocher massif.
La "Parroquial Mayor del Espiritu Santo" a été construite en 1680 à l'emplacement d'une église de bois incendiée par les pirates anglais au XVIème siècle.
Elle n'est pas sans rappeler les églises d'Andalousie avec son plafond de bois ouvragé.
Mais son principal intérêt réside dans la qualité de quelques unes des toiles qui la décorent et qui se détériorent lentement, faute de soins et de restauration.
C'est une partie du patrimoine cubain qui disparaît peu à peu et qu'il faut se hâter d'admirer...
Dans le choeur sont accrochés plusieurs tableaux sur les murs latéraux.
Une vierge tend la palme des martyrs aux malheureux qui se tordent les mains dans les flammes.
Les suppliciés sont invités à saisir la palme, comme la queue de Mickey sur les manèges, non pour gagner un tour gratuit mais pour être hissés vers les Cieux et la félicité éternelle.
Voilà notre ami Saint-Ignace de Loyola, celui-là même qui prononça à Montmartre, dans la crypte du Martyrium, le fameux voeu à l'origine de la formation de la Compagnie de Jésus.
Il orienta les Jésuites vers la mission, notamment en Inde et en Chine. A Cuba, l'essentiel avait déjà été fait et il n'y restait plus beaucoup d'indiens à convertir!
Sur cette toile, il est engoncé dans une chasuble-crinoline d'où émerge son petit visage barbu. Son index désigne péremptoirement les Ecritures. Devant lui, un angelot aux mollets rebondis exhibe le monogramme jésuite sur une boîte de dragées entourée de tulle rose!
Enfin, une autre toile nous présente le Christ sur son nuage, tendant vers l'humanité ingrate son coeur enflammé. Décidément Montmartre ne veut pas me lâcher! Saint-Ignace! Le Sacré Coeur!
La toile est conventionnelle comme le sont bien des oeuvres de commande du XIXème.
Attachons-nous plutôt à celles qui sont accrochées dans la nef et la chapelle latérale.
Voilà une oeuvre forte, étonnante, romantique, onirique...
Les parois de la grotte comme un ciel remué de branches reptiliennes, la lampe accrochée comme un astre mourant...
Le corps pâle du Christ qui paraît immense et qui forme avec Marie, Jean et les derniers fidèles, un cercle au centre duquel s'ouvre le sarcophage de l'ensevelissement...
La toile se dégrade... La mort gagne peu à peu... ce n'est pas du tombeau qu'elle sort... Elle monte à l'assaut par le bas avec cette lèpre qui écaille les couleurs...
Toutes les toiles du Chemin de Croix sont intéressantes (je les présenterai dans un prochain article). Celle-ci représente la crucifixion.
Ce corps immense, sans résistance, offert comme l'agneau au couteau du boucher... A droite, le bras levé qui s'apprête à frapper sur le clou... En second plan, le juge impassible et satisfait, drapé dans son droit et sa confortable toge...
Dans la chapelle latérale, le baptême du Christ est représenté de manière naïve. Un brave ange tient le linge qui servira de serviette au sortir du bain. Il sourit béatement ainsi que sourient Jésus et Jean. Le Christ bras croisés comme s'il tenait un enfant sur son coeur, s'incline docilement sous l'eau qui tombe de la main du Baptiste après avoir été irradiée par l'Esprit Saint planant au sommet de la toile. Le jour se lève à l'horizon... Les quatre personnages forment un cercle dans le ciel tandis que sur l'eau les cercles autour des jambes du Christ s'étendent et s'élargissent vers l'humanité...
Belle toile paisible qui rayonne comme une icône...
Dans la même chapelle, le Christ sur son rocher porte de vrais cheveux et est habillé selon la tradition espagnole.
Il me fait penser à une momie indienne. C'est peut-être l'âme des Indiens Taïnos massacrés qui est passée par là et qui donne à l'homme supplicié et martyrisé, cette ressemblance avec ceux qu'on a exterminés à l'ombre de la croix.
Pendant la conquête,Jésus, si l'on croit en lui, ne pouvait pas être Espagnol. Il était indien. Il faisait partie des Taïnos.
Au centre de la ville, la bibliothèque a des allures d'opéra...
Et c'est là, à quelques pas de l'église, que je suis allé vénérer d'autres seins!
...Et Eve qui tient la pomme apprécie la caresse!
Quelques vues de la ville:
Liens Cuba :
Cuba. Trinidad. Eglises, palais...
Cuba.Hemingway. Hôtel Ambos Mundos. Chambre 511.
Cuba. Cienfuegos. Théâtre Tomas Terry.
Cuba. Vallée de Vinales. Le Mur de la Préhistoire sur un mogote.
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