La Dordogne est si belle qu'il faut s'y promener sans carte ni boussole. c'est le hasard qui nous fit prendre la route de Saint Vincent de C. comme l'indiquait un panneau malicieux. Nous nous rendions à Saint Vincent de Cosse près de Beynac. Sur le chemin qui nous y menait, nous devions traverser Segonzac, et comme nous pensions que notre destination était proche, nous avons pris le temps de nous y arrêter.
Nous avons découvert, au coeur du village, une église claire, à la fois massive et élégante dont les pierres se chauffaient au soleil comme des lézards!
Il n'y avait pas un touriste, pas même un chat. Nous avons tourné autour de cette église à taille humaine, église de village, simple et harmonieuse.
Un clocher trapu, de forme carrée, coiffé d'un toit en pavillon, surmonte l'avant-choeur. Il est à l'image de l'édifice. Il ne se hausse pas du col et reste à sa place de clocher campagnard, sans flèche ni ornements inutiles.
La porte était ouverte. Nous sommes entrés et avons aussitôt été séduits par l'atmosphère à la fois recueillie et joyeuse.
L'église dans sa partie la plus ancienne (la nef et le choeur) date du XIème siècle. Elle a été restaurée avec l'aide des habitants du village, artisans ou non, qui y ont travaillé avec bonheur, retrouvant les gestes de leurs aïeux.
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La partie la plus remarquable est ce choeur et son abside semi circulaire coiffée d'un cul de four. Un rayon de soleil passait comme l'Esprit Saint dans l'édifice.
les chapiteaux du XIème, portent sur leur décor géométrique les traces d'un lointain incendie.
Un bas côté jouxte la nef, au nord. Il est constitué de deux travées voûtées d'ogives.
Une statue mutilée y a été installée. Elle représente sans doute un évêque assis sur sa cathèdre. Peut-être s'agit-il de Saint Antonin, archevêque de Florence au XVème siècle. L'église en effet lui était vouée à son origine, alors qu'elle dépendait du Chapitre de Saint Astier.
On peut admirer un antependium (devant d'autel) en cuir de Cordoue du XVIIème...
Et un ostensoir du XVIII ème ....
La tribune de bois donne envie d'y grimper pour y chanter...
Enfin, un tableau accroché sur le mur sud de la nef, représente la Visitation. Il date du XVIIIème. La rencontre de Marie et de sa cousine Elisabeth a lieu sur un pont. Marie habillée de rouge porte un chapeau de paille comme si elle allait à une partie de campagne! Elle se tient au centre de la toile. La main droite d'Elisabeth s'approche du ventre de Marie tandis que sa main gauche montre son propre ventre :
"Lorsque j'ai entendu tes paroles de salutation, l'enfant a tressailli d'allégresse au-dedans de moi".
La toile est belle, élégante. Les hommes sont à l'arrière-plan : Saint Joseph est accueilli par Zacharie sur le parvis d'un temple. Un temple de pierres, alors que le ventre de Marie est le temple nouveau, le temple de chair...
La toile me fait penser au tableau de Puget, à Aix en provence
Après avoir visité "la Visitation", nous sommes sortis dans le soleil et avons aperçu de l'autre coté de la rue, quelques villageois qui nous ont souri. Nous leur avons demandé la direction de Saint vincent de Cosse. Ils nous ont répondu que c'était très loin, dans le Périgord Noir! Le Saint Vincent de C. que nous avions vu sur le panneau était en réalité Saint Vincent de Connezac, village voisin!
C'est ainsi que grâce à un panneau indicateur économe, nous avons visité Segonzac et son église!
C'est ainsi que nous avons décidé, ce jour-là, de ne plus préparer d'itinéraire et de nous laisser guider par le hasard, qui, en Dordogne, fait toujours très bien les choses...
Liens Périgord et lot
Périgord.Brantôme. La grotte du Jugement dernier.
Périgord. Saint-Geniès.Chapelle du Cheylard. Fresques médiévales.
Rocamadour. Fresques Annonciation et Visitation.
Chats de Dordogne. Petits poèmes.
Saintonge
Saintes. Eglise Saint-Eutrope. La crypte.
Saintes. Manège de Bayol. Art forain.
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