La cathédrale Saint-Pierre de Saintes, malmenée par les guerres de religion, risquerait de subir ajourd'hui d'autres outrages, ceux du temps qui ronge les grandes toiles du XIXème siècle qui y sont accrochées...
La peinture religieuse de cette époque fait pourtant partie de notre patrimoine. C'est ce qu'ont compris les services chargés de leur protection et qui ont entrepris la restauration de quelques oeuvres.
Ce qui leur évitera de connaître le sort des fresques anciennes dont il ne reste qu"un vague souvenir sur un mur de la cathédrale!
Dans la belle chapelle des Fonts Baptismaux, une toile représente, évidemment, le baptême du Christ...
Elle est l'oeuvre de Mlle Delusse qui était, comme l'indique le carton explicatif, professeur de dessin dans la bonne ville de Saintes au XIXème siècle.
Le christ un tantinet maniéré croise les bras sur la poitrine comme s'il trouvait un peu froide l'eau baptismale. La courbure des corps forme une pyramide bancale qui n'évite pas au tableau d'être déséquilibré, comme s'il était peint en deux parties distinctes...
Côté nord, la chapelle des âmes du Purgatoire conserve une toile intéressante due à Louis Sotta, lui aussi professeur de dessin de 1835 à 1855.
La vierge se penche avec compassion sur les malheureux qui brûlent sans se consumer dans les flammes du Purgatoire. Elle intercède pour eux, afin que leur supplice prenne fin...
Le tableau ne manque pas de poésie. Il nous entraîne dans un mouvement circulaire ascendant, de la gauche vers la droite, marqué par les bras parallèles de l'ange et de Marie qui rompent le cercle et l'emportent vers les hauteurs, vers Dieu qui seul peut remettre les peines...
Les visages des malheureux ne sont pas tragiques. Ils sont bien réels et représentent peut-être quelques membres de la bonne société de la ville! Ils gardent douceur et confiance...
Ils se dégagent de la fournaise, distincts et proches à la fois, comme les grains d'un chapelet...
Dans la chapelle Saint-Michel, un beau tableau représente l'archange terrassant le démon. Saint Michel est à la fois vigoureux et aérien. Une grande oblique barre le tableau depuis la main qui tient l'épée jusqu'au pied qui maintient au sol la tête de l'ennemi. Le démon est représenté sous les traits d'une brute puissante qui, en s'appuyant sur ses bras musculeux, tente en vain de se redresser. Ses ailes impuissantes vont se refermer, tandis que les ailes triomphantes de l'archange le maintiennent dans l'air au-dessus des rochers et des brasiers.
Etonnant mélange de virilité et de féminité dans la figure du vainqueur guerrier et funambule.
L'auteur de cette belle toile n'est pas cité!
Il est seulement précisé que l'oeuvre a été offerte à la Cathédrale par un certain Jacques de Saint-Léger de la Saussaye (mort en 1859)!
Dans le transept Sud, la chapelle Saint-Joseph est ornée d'un tableau du XIXème : " La Naissance de la Vierge".
C'est une belle composition dans le goût classique.
Le tableau est divisé par la diagonale des personnages sous une voûte formée par les anges qui portent la couronne et le bouquet de lys.. C'est un monde de femmes autour du nouveau-né... Les servantes tendent vers Sainte-Anne l'enfant vers qui tous les regards convergent et qui, lui seul, regarde devant, vers les spectateurs.
Le monde masculin est relégué à l'arrière, sur la droite, dans la pénombre. Sans doute y devine-t-on le père de Marie, Joachim.
C'est un beau tableau de tendresse et de complicité féminine....
Dans le déambulatoire sont accrochées quelques toiles "de facture locale" comme dit le guide de visite qui ne se foule pas trop!
Une oeuvre peu inspirée et maniérée représente la rencontre de Jésus et de Jean-Baptiste, sorte de prolongement de la Visitation... Elisabeth tourne son fils vers Jésus qui semble se prendre au sérieux alors qu'il n'est qu'un gros bébé dont le visage rappelle celui de Napoléon Bonaparte...
Un ange efféminé, à droite, tend son museau vers l'enfant et lui présente une petite croix maigrelette, histoire de lui annoncer, sans trop de tragique, que tout ne sera pas rose pour lui...
Jésus en agonie au Jardin des Oliviers...
Il repousse la coupe du sacrifice que tend vers lui un ange à la mine désolée qui ressemble à une élégante faisant tapisserie dans une salle de bal. Oeuvre théâtrale et peu inspirée...
Plus proche des peintures naïves et robustes, Saint Roch est soigné par un ange. Le Saint qui s'occupait des malades atteints par la peste noire qui fit des ravages au XIVème siècle, se cacha dans la forêt lorsqu'il fut atteint lui-même, afin de ne pas contaminer son entourage.
C'est un chien qui vint le nourrir en dérobant chaque jour un pain à la table de son maître. Ici le chien n'est pas représenté, ce qui est dommage, car Saint Roch est aussi le patron des animaux qui ont bien besoin dans notre monde égocentriste d'une aide céleste!
On voit sur la toile, le brave ange qui comme les petites fées de Cendrillon vient soigner les plaies du pestiféré.
La toile est d'un coloris vivant et d'une simple sensualité.
Jésus ressuscite la fille de Jaïre. La jeune-fille de 12 ans, fille du chef de la synagogue vient de mourir. Jésus lui ordonne de se lever : "Talitha koum", "Jeune-fille lève-toi". Et l'enfant émerge du drap mortuaire qui l'enveloppait déjà...
L'oeuvre est simple et belle. Elle nous fait entrer dans le miracle comme dans une scène familière. Pas d'ostentation, pas de gesticulation. Le bonheur simple de la vie. L'enfant couchée se redresse. Délicatesse du geste du Christ qui prend sans la serrer la main de l'enfant comme pour l'inviter sans la forcer, à se lever et à le suivre...
Une autre toile à côté de celle-ci montre un miracle de Saint-Pierre qui à l'instar de son maître, ressuscite lui aussi une jeune fille. c'est une grande toile conventionnelle et sans génie.
D'autres toiles s'étiolent doucement dans leur chapelle comme Sainte- Eustelle aux pieds de Saint-Eutrope, évêque évangélisateur de Saintes...
La toile est de Sotta que nous avons déjà rencontré. L'évêque engoncé dans ses habits sacerdotaux, bénit la jeune-fille modeste.
Eustelle ou Estelle est une sainte problématique dont on ne commence à parler qu'au Moyen-Âge alors qu'elle serait contemporaine de Saint-Eutrope (1er siècle). Elle est vierge et martyre. Elle aurait refusé les partis que lui proposait son père, par fidélité à sa foi chrétienne et par souci de préserver sa virginité. Elle aurait été tuée par ce père qui ne tolérait pas qu'on remette en cause son autorité!
L'oeuvre n'est pas vraiment inspirée mais son harmonie de gris et de rose ne manque pas de douceur.
Enfin Saint-Pierre avec son coq et ses clés. Il est tourné vers le ciel et se tord les mains de douleur. Il a, malgré lui, réalisé la prophétie de son maître : "Avant que le coq n'ait chanté, tu m'auras renié trois fois". C'est ce repentir et la foi dans le pardon qui le remettront debout, contrairement à Judas qui ira se pendre, incapable de concevoir que le pardon, malgré la pire trahison, était là, disponible et offert...
Le tableau est un peu triste et Pierre prend la pose...
à suivre...
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Liens : Saintes:
Saintes. Cathédrale Saint Pierre. Extérieur. Porche. Anges. 17
Musée archéologique.Saintes. Antiquités romaines....
Saintes. Manège de Bayol. Art forain.
Saintes. Eglise Saint-Eutrope. La crypte.
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