rue du Calvaire, un jour de neige. En contrebas le 27 rue Gabrielle.
La rue du Calvaire n'est qu'un escalier entre la propriété de Nagui et la maison Neumont.
les vieilles maisons villageoises qui le bordaient, ont disparu.
Comme celle-ci avec son escalier extérieur, au 26 rue Gabrielle...
Côté impair, après le Bar des Amis, on trouve au 25, la Taverne de Montmartre.
Restaurant très peu taverne et très peu Montmartre qui vous propose une cuisine classique et plutôt savoyarde, ce qui se conçoit étant donnée sa situation perchée sur les hauteurs, à deux pas du Sacré-coeur dont le campanile renferme la plus grosse cloche de France et de Navarre, "la Savoyarde".
Au 27, un petit immeuble de rapport construit en 1840 profite de sa situation au pied de l'escalier du Calvaire pour poser sans pudeur devant les peintres...
Renoux
Michel Guyot
Roger Bertin
Lucien Delarue
au rez de chaussée s'ouvrent une boutique et le restaurant "Chez Marie"où l'on se régale et où on ronronne de plaisir.
... Et comment pourrait-il en être autrement avec sur les murs les affiches de Steinlen et une grande toile à la gloire des matous!
Le 29 est un petit pavillon en retrait, construit à la fin du XVIIIème et caractéristique de l'ancien village.
Au début du XIXème les propriétaires ont voulu ennoblir leur simple demeure en la surmontant d'un fronton de récupération qui a l'air un peu idiot, posé sur un bâtiment trop large pour lui !
On y voit des angelots joueurs qui ne sont pas mécontents de profiter du bon air de la Butte...
En face on peut découvrir en hiver, quand les bouleaux se sont effeuillés, la fameuse maison Neumont (voir: Maison Neumont. Place du Calvaire. )
Rue Gabrielle et maison Neumont. François Le Coadic (1953)
Au 30, un pavillon pittoresque donne à la rue un petit air provincial.
Le 31 est une vieille maison de l'ancien village. Comme beaucoup de ses semblables, elle a tendance à tanguer...
Il n'y aurait pas grand chose à dire du 32 s'il n'avait été le siège de la Revue Anarchiste d'Elisée Reclus en 1890.
Elisée Reclus n'a connu Montmartre que pendant la commune puisque condamné à la déportation, il a vu sa peine transformée en bannissement.
Ce grand géographe était bien en avance sur son temps. Alors que le corsetage et la pruderie étaient de mise, il plaidait pour le naturisme qui selon lui possédait des vertus de santé et d'ouverture à la vie sociale... Dernier point et non des moindres, il refusait de manger de la viande et comme le terme de végétarien n'existait pas, il se disait "légumiste"...
le 33 et le 35 semblent deux immeubles jumeaux bien qu'ayant été construits, le premier en 1879 par un certain Emile Hennequin et le second en 1883 par Jules Oudart...
Jules Oudart qui habitait rue Germain Pilon (12) a fait les plans d'un autre immeuble de la rue, au 45.
Un peu plus bas dans la rue Yvonne Le Tac actuelle, il a construit une vacherie (c'est ainsi qu'on appelait les étables à vaches) et un immeuble aujourd'hui disparus...
Sur l'autre architecte, Emile Hennequin, je n'ai rien trouvé sinon qu'il est homonyme d'un écrivain du XIXème et du sinistre général de la Police de Vichy qui organisa la rafle du Vel d'Hiv...
Le dernier numéro impair, le 36, est un gros immeuble cossu construit en 1934. Il n'est pas laid en lui-même. Il l'est comme tant d'autres dans le décor de la Butte qu'il a contribué à défigurer et banaliser.
Au 37 une petite épicerie garde un aspect villageois...
Sur un immeule récent, au 41, une terre cuite évoque les vendanges... avec ses bambins potelés qui ne pensent qu'à se goinfrer.
Le 47
Le 49 est le dernier immeuble côté impair. Une plaque y a été apposée qui rappelle le séjour qu'y fit en 1900, le jeune Picasso et le peintre Casagemas.
Picasso fut marqué par la mort de son ami qui se tira une balle dans la tête. Il l'a peint sur plusieurs toiles qui sont des chefs d'oeuvre. L'une d'elles le représente dans son cercueil, une flamme brûlant à côté de lui, comme une affirmation de vie.
L'autre s'appelle précisément La Vie... C'est une toile importante de la Période Bleue marquée par le tragique de l'existence. L'ami du peintre y est représenté avec une femme aimante, alors qu'il avait en vain cherché à retenir la belle danseuse du Moulin rouge qu'il tenta de tuer avant de se supprimer lui-même dans un café de Montparnasse.
Il montre du doigt un nouveau-né endormi dans les bras d'une femme sévère au regard dur. Est-elle cette "vie" qui fait naître l'homme et le précipite dans un cycle tragique dont le terme est implacable ?
Les corps des amants sont fragiles et menacés, leur nudité est sans chaleur. A l'arrière de la toile, on voit un couple uni un instant dans la douleur et un homme seul, la tête dans les genoux.
Casagemas nu (Picasso)
La période bleue, géniale et tragique est née ici, au 49 de la rue Gabrielle...
Le peintre n'aura qu'un mètre à franchir pour en sortir et aller vers le rose... par la rue Ravignan qui le conduira au Bateau-lavoir amarré un peu plus bas.
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Lien : 1ère partie de la rue Gabrielle : Rue Gabrielle. (1) (Foyatier Calvaire)
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Lien : tous les articles sur les rues de Montmartre:
Rues de Montmartre. Classement alphabétique.
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