Début de la rue Gabrielle sur l'escalier Foyatier et le square Louise Michel.
La rue Gabrielle ! ...Un nom qui sied à Montmartre !
Un nom qui évoque les amours du Vert-Galant et de la belle Gabrielle d'Estrées...
A tort hélas...
La Gabrielle qui a donné son nom à la rue en 1867 n'est pas la maîtresse et favorite du Bon Roi Henri mais la fille aînée du propriétaire qui fit lotir les terrains !
Le baptême de la voie se fit en plusieurs étapes.
La portion de rue, entre les escaliers de la rue Foyatier et ceux de la rue Drevet s'est appelée, jusqu'en 1843, Bénédict.
J'imagine que c'était là encore le nom d'un fils de propriétaire et non un hommage à Berlioz qui habita la Butte mais où il ne composa pas son opéra Béatrice et Bénédict, une de ses dernières oeuvres conçue alors qu'il avait depuis longtemps quitté Montmartre.
La partie de la rue qui inaugura le nom de la Gabrielle fille de proprio, allait de la rue Chappe à la rue Ravignan (1863) avant d'inclure la courte partie comprise entre Foyatier et et Chappe (1867)
C'est une des rues du versant sud de la Butte qui mènent leur petit bonhomme de chemin, parallèles les unes aux autres : Abbesses, Durantin, Berthe, Gabrielle...
On a l'avantage d'y déambuler sur un terrain presque plat, ce qui est rare dans un quartier d'escaliers si "durs aux miséreux"...
Le premier immeuble fait partie d'un pâté massif construit dans les années 20....
Escalier chappe, vers la rue Berthe.
Immeuble qui donne en partie sur les escaliers de la rue Chappe....
Partie de la rue avant le croisement Chappe, intégré à la rue Gabrielle en 1867
Escaliers chappe vers le Sacré Coeur
La rue Chappe après avoir franchi la rue Gabrielle poursuit son ascension vers le Sacré-coeur et longe les Arènes de Montmartre (à gauche) et l'ancien Repos de Béthanie, restaurant inauguré pour l'exposition universelle de 1900 (à droite). ( Voir Rue Chappe.)
On voit sur cette photo les immeubles côté impair de la rue Gabrielle et le mur des arènes qui occupent le côté pair...
Au 10 de la rue, on rencontre le premier immeuble classé, une ancienne maison du village, fortement remaniée et débitée en appartements dont le prix du m2 frôle les nuages.
C'est dans cette maison, alors le 2 de la rue Gabrielle qu'est né François Gabriel qui aura plus tard son atelier de photo rue Muller (aujourd'hui rue Utrillo).
Pendant des années, de 1914 à 1959, il a photographié, dans l'escalier de sa rue, des amis, des membres de sa familles, des voisins, des passants...
On voit sur ses clichés passer les modes et les années; on voit le temps descendre les marches... et s'arrêter un instant pour permettre aux vivants d'alors d'envoyer un sourire aux vivants de demain.
(voir Rue Utrillo François Gabriel)
Le 11 est un immeuble de rapport de la 1ère moitié du XIXème....
Comme le 13 édifié sur ce qui était encore la rue Bénédict...
Le 17. Max jacob y vécut de 1914 à 1921 après avoir habité rue Ravignan où il reçut son illumination mystique et au Bateau-Lavoir où il occupa le local laissé par Mac Orlan.
Mais c'est ici, rue Gabrielle qu'il vécut le plus longtemps. C'est ici qu'il écrivit de nombreux poèmes avant de se retirer une première fois à l'Abbaye de Saint-Benoît sur Loire.
C'est encore ici qu'il recevait de jeunes poètes qui l'admiraient et étaient impatients de lui soumettre leurs créations... Parmi eux, un jeune homme de 18 ans, un certain André Malraux...
Le 19, maison typique du vieux Montmartre. Elle a été habitée par Hélène et Léon Bertaux, couple de statuaires chez qui se rendait parfois Mathilde Mauté. C'est chez eux qu'elle rencontra Verlaine...
"...Il me sembla laid, mal habillé et l'air pauvre. Ce fut ma première impression qui malheureusement, ne devait pas durer".
("Ex-Madame Paul Verlaine. Mémoires de ma Vie".Mathilde Mauté)
Psyché sous l'emprise du mystère. Petit palais. (Hélène Bertaux. 1867).
"Malheureusement", elle l'épousa, vécut avec lui à quelques rues de là, rue Nicolet, eut un fils et après bien des tempêtes, le vit s'en aller ébloui par un jeune génie débarqué de Charleville, un certain Arthur Rimbaud.
Au 18 l'atelier Gabrielle...
Et l'officine d'un kiné dont la vitrine évoque Dali et Klein!
Sa plaque dorée nous propose des massages asiatiques et une harmonisation articulaire.
Dans la quartier, lorsque vous importunez un Montmartrois et qu'il vous envoie balader, il n'est pas rare de lui entendre dire : "Eh ! Allez vous faire harmoniser les articulations!"
La rue Drevet vient s'achever ici, dans la rue Gabrielle, après une rude ascension et d'inévitables escaliers depuis la rue des Trois frères.
A l'angle, au 23, un café, le Rendez-vous des Amis, devenu depuis peu La Rencontre des Amis, permet aux grimpeurs assoiffés de s'arrêter un instant avant de gravir la rue du Calvaire, dernière étape bien nommée avant la Place du Tertre et son marché aux croûtes...
C'est un des vieux cafés de la Butte, un de ceux où venaient les ouvriers du quartier. Sur cette photo, on peut voir, sur la hauteur la maison Neumont et sur la droite l'emplacement de la maison aujourd'hui cachée par de grands arbres qu'un certain Nagui habite... J'ignore qui il est mais on m'a dit qu'il était né en Egypte comme l'inoubliable Dalida qui habitait un peu plus bas...
Cheminée de la maison Borde (Nagui)
On aperçoit des baies vitrées et la terrasse de la maison Borde depuis la rue Drevet
Il acheta la demeure familiale du propriétaire du Cadet de Gascogne, Henri Borde qui dort en paix dans le petit cimetière Saint-Vincent.
Le bar des amis peint par Marcel Leprin en 1921.
Nous arrivons rue du calvaire et poursuivrons la balade dans la rue Gabrielle dans le prochain article.... après avoir bu un petit remontant au Bar des amis...
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Lien 2ème partie : Rue Gabrielle. (2) Entre rue du Calvaire et Ravignan.
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liste des liens sur les rues de Montmartre classées par ordre alphabétiques :
Rues de Montmartre. Classement alphabétique.
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